Bal de printemps des Eta Iota ❥ A vos masques !

La cavalière d’Ethan avait dû partir plus tôt que prévue, avant même l’heure fatidique de la tombée de tous les masques des participants à cette soirée. Le départ de la jeune fille avait ainsi écourté très nettement la soirée, mais le jeune homme n’avait pas voulu quitter les lieux sans son ami ou, au moins, sans être sûre que la soirée se terminerait correctement pour lui. Il avait donc passé le reste de sa soirée à se balader dans le parc, le château et ses nombreux couloirs puis avait fini par se poser dans un coin de la grande salle de balle à observer tranquillement les couples évoluer sur la piste de danse ou autour du buffet, attendant la fin de la soirée ou un signe de Zack qui lui ferait comprendre qu’il pouvait rentrer l’esprit tranquille.

Finalement, à minuit, toutes les lumières s’étaient éteintes et une projection avait été lancée. Il avait vu le visage de son meilleur ami s’afficher, ainsi que ceux d’autres personnes sans vraiment savoir pourquoi eux et pas d’autres. Puis à la fin du petit film, une voix semblant venir de nulle part avait donné quelques explications, laissant ainsi éclater au grand jour certaines vérités qui n’auraient jamais dû être dévoilées et notamment un secret que lui avait confié Zack sur cette fameuse soirée d’anniversaire qu’il avait passé sur la plage en charmante compagnie. Alors que les lumières se rallumaient et que la plupart des gens ôtaient leurs masques, certains laissaient déjà éclater les scandales comme c’était le cas pour un jeune homme un peu plus loin, qui portait un morceau de tissus rouge à son bras et qui semblait s’énerver contre sa cavalière avant de quitter la salle rapidement.

Alors qu’Ethan cherchait le visage de son ami qui devait à présent être découvert, dans toute cette foule relativement agitée, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. D’une main il récupéra son portable et jeta un œil au sms tout juste reçu : Zack venait de quitter les lieux précipitamment pour éviter de se retrouver confronté à l’homme qu’il avait fait cocu. C’était mieux ainsi et maintenant, plus rien ne retenait l’anglais dans ces lieux. Il se hâta donc de rejoindre la sortie de la demeure et l’entrée du parc du château. Devant l’immense portail de la propriété étaient déjà garés quelques taxis, prêt à ramener tout ce beau monde au lycée en toute sécurité. Les voitures s’en allaient déjà, bien remplies de jeunes plus ou moins éméchés. Le garçon réussit à trouver un dernier taxi vide de cette première tournée dans lequel il s’apprêta à grimper, son masque toujours placé sur son visage, mais une jeune demoiselle, vêtue d’une longue robe beige avec une jolie rose rouge placée dans ses cheveux l’interpella gentiment avant qu’il ne monte dans le véhicule.

« Excuse-moi, si tu rentres à Wynwood, ça t’embêterais qu’on partage ce taxi ? La nuit s’est nettement rafraichie et je n’ai pas vraiment envie de retourner dans le château pour attendre les prochains taxis… » demanda-t-elle timidement.

« Non, pas de soucis. » se contenta-t-il de répondre avant de s’écarter de la voiture pour laisser la jeune fille monter en premier dans le véhicule, puis il s’installa à ses côtés. Il se souvint alors qu’il s’agissait de la lycéenne qui se trouvait quelques instants plus tôt en compagnie du garçon au tissu rouge qui s’était fait remarquer dans la salle de bal avant de quitter les lieux, énervé. Visiblement la soirée ne semblait pas se terminer aussi bien que la jeune fille l’aurait espéré.

« Bizarre comme soirée. » finit-il par lâcher à l’intention de la jolie châtain qui confirma d’un hochement de tête.

Puis, la jeune fille resta silencieuse, tout comme lui, jusqu’à leur retour au lycée. Pendant le trajet il ôta son masque et le garda dans ses mains, posées sur ses genoux, son regard posé sur l’objet précieux, absorbé par ses pensées.

Arrivés au lycée, Ethan paya la course au chauffeur. La demoiselle le remercia pour ce geste et voulu le rembourser, mais il refusa avant de lui souhaiter poliment une bonne nuit et de la regarder regagner le bâtiment des lambda tandis qu’il regagnait celui des Khi Omikron, ayant une pensé pour son ami qu’il espérait déjà rentré sans encombre.

S’étant éloignée de quelques mètres du garçon, Elycia se retrouva près de sa robe qui flottait encore à la surface de l’eau sombre, là où elle avait pieds. Le jeune homme dans son dos, qui n’avait pas encore bougé de sa place, s’exclama à son attention, suffisamment fort pour qu’elle l’entende, mais d’un ton étonnement calme et posé :

« Je sais que tu en as envie. Tu n'es pas ce genre de filles, okay... Mais quel genre de fille es-tu alors pour ne pas faire ce que tu veux? Qu'est-ce qui te retient d'être toi-même? »

Ce qui la retenait ? Bonne question. Premièrement une certaine pudeur, qu’on pouvait aussi qualifier de retenue, mais qu’elle, identifiait plus comme de la timidité, qui l’empêchait souvent de faire ce genre de choses. Et puis, il y avait lui aussi, Soma. D’accord il n’était pas ensemble, il ne s’était rien passé entre eux. Du moins rien qui ne laissait sous-entendre qu’ils étaient ensemble, en couple. Mais le jeune homme avait su attirer l’attention de la demoiselle dès leur première rencontre et depuis, la petite française avait tout bonnement du mal à le sortir de ses pensées.

Avant même que ces pensées n’aient eut le temps de faire le tour de l’esprit de la jeune fille, le bel inconnu l’avait déjà rattrapée et lui faisait à présent face. Il lui adressa une nouvelle fois la parole, mais en chuchotant presque cette fois, son regard mystérieux plongé dans les yeux bruns de la lycéenne.

« Tu n'as pas à avoir peur de moi tu sais... Et... Tu n'es pas obligée de retirer ton masque à minuit, si c'est ce qui t'inquiète. »

Pas obligée ? C’est vrai que personne n’allait le lui enlever de force. Mais n’était-ce pas un peu le jeu de cette soirée ? Anonyme jusqu’à minuit et après les douze coups il faudrait assumer le début de la soirée ?!

D’un geste délicat il vint à son tour effleurer du bout de ses doigts mouillés le masque de métal froid de la jeune fille, lui adressant à présent un regard quelque peu interrogateur. Que cherchait-il à savoir ? Cette situation donnait l’impression à la jeune fille que si elle avait été un livre, il aurait pu lire en elle aussi facilement que dans un journal public. Heureusement que son masque lui permettait de faire barrage et de transformer le journal public en un journal intime cadenassé et dont on aurait perdu la clé.

« T'en fais pas, personne ne nous voit ici, il n'y a que toi et moi... » ajouta-t-il à nouveau, comme pour encourager de plus belle la jeune fille à se laisser aller et à répondre aux désirs du garçon. Finalement, sans laisser le temps à Elycia de répliquer, il finit par s’exclamer, son regard quittant les yeux noisette de la demoiselle, pour se poser un peu plus bas, sur son visage. La jeune française, de nouveau intimidé par la présence imposante du garçon sentait le regard du jeune homme posé sur ses lèvres, traduisant ses paroles.

« Dis-moi que là tu n'attends pas que je t'embrasse, et je te laisserai tranquille avec ça... »

Bien qu’intimidée, elle prit encore quelques secondes pour lui répondre, le temps de mesurer ses paroles, de « peser ses mots » et de lui dire d’une voix étonnement calme et posée :

« Peut-être… Peut-être bien que… que ça serait tentant… Terriblement tentant… Mais est-ce que toi tu saurais te contenter juste d’un baiser ? » le questionna-t-elle.

Se doutant déjà de la réponse du jeune homme, elle ne préféra pas lui laisser d’autre possibilité d’action et attrapa sa robe avant de contourner le jeune homme pour sortir de l’eau.

De retour sur les bords du lac, elle essora comme elle pouvait ses vêtements, tachant de ne pas trop froisser ni abimer le tissu et enfila tant bien que mal la robe complètement détrempée : ce n’était pas chose aisée, car la robe déjà suffisamment encombrante pour être enfilée toute seule, lui collait en plus à la peau à cause du tissu mouillé. Et puis le laçage de son corsage, elle ne pourrait pas le refaire toute seule. Elle attendit que le jeune homme sorte de l’eau à son tour avant de lui présenter une nouvelle fois son dos pour qu’il l’aide à se rhabiller.

Elle retourna ensuite chercher ses chaussures à talon laissées plus loin, dans une des allées du parc avant de rentrer dans le château avec le garçon. Elle avait replacé sur ses épaules son étole de soie, restée, heureusement, avec ses chaussures et sa pochette, à l’abri de l’eau. La demoiselle et son cavalier, avait ensuite passé le reste de la soirée dans la salle, assis près d’une table. La robe mouillée de la jeune fille qui séchait progressivement l’empêchait de danser : elle n’aurait pas été très à l’aise dans cette tenue, à la vue de tous et préférait passer inaperçue dans un coin de la salle à profiter de la fin de la soirée, tranquillement. Elle avait mangé quelques macarons, ne pouvant résister à son pécher mignon et avait fini sa soirée aux jus de fruits. Elle était un peu déçue que la soirée se termine ainsi, mais le garçon à ses côtés ne semblait pas avoir tellement envie de danser et en repoussant ses avances une deuxième fois, elle avait mis à contrecœur une sorte de barrière invisible entre eux. Ils avaient ainsi attendu minuit, tranquillement posé à leur table.

A minuit, toutes les lumières de salle s’étaient éteints et une projection avait été lancée, montrant des visages plus ou moins connus pour la jeune fille. Elle en avait croisé certains dans les couloirs de Wynwood. Quand la lumière se ralluma et qu’une voix mystérieuse donna quelques explications, Elycia fut étonnée de ce que la voix était capable de faire : jusqu’à quel point elle était capable d’aller pour détruire les gens. Heureusement pour elle, même si elle avait déjà subie quelques ragots, ce n’était jamais bien méchant. Alors que les premiers courageux ôtaient leurs masques tandis qu’un silence gêné s’était installé dans la pièce immense après ces révélations, la jeune fille fit de même avant de se tourner vers son compagnon de soirée, curieuse de découvrir son visage.

C’est là qu’Elycia fut encore plus étonnée de découvrir que le garçon avec qui elle avait passé la soirée n’était autre qu’un de ceux affiché à l’écran quelques secondes plus tôt. Et vu la tête qu’il faisait, c’était sans nul doute l’un des cocus énoncés par la voix. Mais lequel ? Cette question elle la garda pour elle, inutile de remuer le couteau dans la plaie. Elle se leva, sa robe à présent quasiment sèche et s’approcha du garçon.

« Ecoute… Si tu veux que la soirée se termine… je comprendrais. Donc on peut se quitter maintenant si tu veux. Je suis contente d’avoir passé cette soirée avec toi, c’était sympa. Vraiment ! » lui dit-elle sur un ton un peu gênée.

Ce poste se passe avant minuit...


Alors que je dansais au rythme de la musique et surtout guider par mon cavalier, je n'avais de cesse de penser que je n'avais rien à faire ici, cette robe, ce masque, ces talons... Cela ne me ressemblait pas, j'étais tombée bien bas. Que pouvais-je faire d'autre à part fuir, en compagnie ou non de mon cavalier, mais le planter là n'était pas une affaire simple. Je serai rongé par la culpabilité pendant longtemps. J'inspirai profondément et ancra mes yeux qui eux n'étaient pas caché par le masque dans ceux de mon cavalier masquer. Il était grand c'était un fait indéniable et je le regardais. Quand sa voix parvint à mes oreilles je souris et quelque part je lui en étais reconnaissant. J’acquiesçais et me dirigeais rapidement vers le bar et prit une bouteille d'alcool qui traînait sur le buffet avant de rejoindre mon cavalier et je pris sa main dans la mienne l'emmenant à ma suite. Je connaissais ce château pour y être déjà venu avec ma mère qui présentait sa nouvelle collection et je connaissais l'extérieur de celui-ci pour y avoir jouer étant petite. Le sourire aux lèvres je fis tomber le masque et avança rapidement jusqu'au petit jardin secret où personne ne venait jamais. La soirée battait son plein à l'intérieur et dieu seul sait à quel point je préférai l'air frais de la nuit. J'inspirai profondément et regardais mon partenaire en attendant que monsieur daigne retirer également son masque.

"Merci de m'accompagner dans ma fuite..."

Après avoir contemplé ainsi le ciel, une brise froide s'était levée et la nuit se faisait plus profonde. Nous nous levâmes et je remis les chaussures de ma cavalière à ses pieds.
Les douze coup de minuit allaient bientôt sonner, les masques allaient tomber nous dévêtissent de notre confortable anonymat. Nous reprîmes le chemin emprunté plus tôt en sens inverse. Nous marchions sous cette lune éclairant nos pas, j'étais excité de savoir que sous peu les masques tomberont dévoilant nos identités. J'ouvris la lourde porte et laissai ma cavalière passer le seuil de l'immense demeure en premier puis sans un mot, je pénétrai moi aussi à l'intérieur refermant la lourde porte dans un sinistre grincement. Si je faisais le compte la soirée n'avait pas été aussi effrayante que ce que j'avais pu imaginer, ça c'était même très bien passé. Comme quoi les apriori ne sont pas toujours véridiques.

Je me tournais vers ma cavalière toujours accroché à mon bras et lui dit d'une voix douce:
-Je te proposes de DONG... Le premier coup de minuit avait sonné et le décompte était lancé... Je disais donc je te propose de danser ensemble après avoir retirer nos masques, je danserais avec toi en tant que moi DONG et pas en tant qu'homme masqué. DONG

Nous nous installèrent dans un coin et lorsque le dernier coup retentit, la tension était élevé entre les êtres, presque palpable. Qui était notre cavalier, cavalière ce soir, qui se cachait derrière ce masque de paillettes, de plumes? D'un geste lent et décidé, je pris fermement mon masque rouge sang entre mes longs doigts fins et le fit lentement descendre le long de mon nez dévoilant mon visage de poupée de cire. Je la fixais anxieux de voir sa réaction, sera t-elle déçue de ce qu'elle voyait. J'eux à peine le temps de découvrir le magnifique visage de ma cavalière que toutes les lumières s’éteignirent; je me retournais en même temps que la foule nous ne formions plus qu'une entité opaque, vers la seule source de lumière qui diffusa un mini film.
Celui-ci nous questionnait sur le lien entre toutes les personnes qui allaient apparaître, j'avais un peu peur d'y voir mon visage mais je doutais qu'un étranger paumé de Corée et nouveau venu puisse apparaître sur cette vidéo. Comme tous les gens présents , mes yeux étaient rivés vers cette écran, où apparu différentes personnes que je ne connaissais strictement pas ni de vue ni de quoique ce soit. Je commençai un peu à m'ennuyer jusqu'a ce qu'un visage qu'il me semblait familier apparu: celui d'Arwen, on la voyait rire, marchait... Quel était donc le but de cette vidéo? Si but il y avait... J'étais persuadé ne pas être le seul à ne pas comprendre les tenants et les aboutissants de tout ceci, ensuite l'écran fit apparaître une discussion de couple qui me semblait privée sur le fait qu'elle était enceinte d'un autre homme. J'arquais un sourcil, qu'est ce qu'on pouvait bien en avoir à faire de leurs vies, sérieux? Nous étions toujours dans l'obscurité la plus épaisse quand une silhouette se tenait là rieuse, sans aucune raison car je ne la connaissais pas mais j'avais envie de la claquer. Elle s’exclama:

- Alors mes agneaux ? Auriez vous encore des doutes ? Mademoiselle Waldorf, toi qui a réponse à tout, je suis sûre que tu sais ce qui rapproche ces personnes ! Oui, elles sont toutes cocues ! Quel bonheur n'est ce pas ? Voyons voyons..

Qui était mademoiselle Waldorf? Etais-je le seul paumé de l'histoire car j'y captais vraiment que dalle. Cocue... à ce mot, je repensais à Arwen, je ne pouvais pas l'affirmer et pourtant elle lui ressemblait curieusement.

Elle recommença de plus belle, ses paroles étaient de suaves poisons emplit d'une haine répugnante:

- Vous voulez les détails je suppose ? Oui, vous n'attendez que ça ! Mon cher, cher Aiden, tu es au courant n'est ce pas ? Tout le monde l'est bien sûr. Ce que personne ne sait, c'est que tu t'es fait prendre la place par un petit intello minable ? Marissa a préféré couché avec Zack qu'avec toi, dûr non ? Toi, Dexter, tu sais bien que Neil te trompe avec.. à peut près tout le monde. Dont son ex, Norim. Et ma petite Arwen, douce et gentille, ton copain Carter à visiblement trouvé plus douce encore, il paraît qu'il trouve que Nina est un sacré bon coup. Blu, ton départ en detox était visiblement un excellent pretexe pour Nathan d'aller voir ailleurs. Et enfin, chère Frieda, j'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir été interroger ton copain sur ses impressions concernant ta grossesse de Norim. Dis donc Norim, tu es une vrai petite coquine ! 

Elle cita un certain Aiden, Zack, Dexter et je ne sais qui d'autres, aucun nom n'éveillait quoique ce soit en moi jusqu'à ce qu'elle prononce le nom Arwen. Plus de doute possible, c'était bien elle. La silhouette révéla que carter ( probablement son copain) avait couché avec une certaine Nina? Je cherchais Arwen du regard mais avec autant de monde et cette obscurité, impossible de l'apercevoir. Nina? Était-ce la fille à la guitare que j'avais rencontré dans le parc? Peu probable, Nina est un nom commun. Mais plus que tout, la question qui me revenait. La question qui me brûlait les lèvres, celle que j'avais envie de crier dans cette purée de pois était: qu'est ce qu'on en avait à foutre de ces histoires de collégiens boutonneux? Les gens mènent leurs vies comme ils l'entendent, non?

Cette façon de ratisser le fumier pour ne pas dire la merde me rappelait une certaine voice... c'était exactement la même façon de procéder, la même façon de s'exprimer méprisante, moqueuse et mauvaise. Les lumières se rallumèrent, la musique vint percer le silence ambiant laissé par tant méchanceté, déjà la silhouette avait disparue. Quelle lâcheté!

Je me tournais vers ma cavalière qui avait le visage exposé, libre. Je pouvais enfin voir à quoi elle ressemblait dans son ensemble. Je lui souris et pris sa main blanche. Je n'avais aucune envie de reparler de cette intervention que je jugeais sans grand intérêt.

-Je m’appelle Ki Beom mais appelle moi Ki et toi, quel est ton joli prénom?

...Nawel. A ce nom je souris de plus belle. -Eh bien Nawel, m'accorderas-tu cette dernière danse avant que nous nous séparions?

Je dansais depuis tout jeune, mais pas ce genre de danse malgré tout, j'étais assez confient. J'avais un corps souple et élancé grâce à des années de pratique. Je pouvais danser gracieusement même sans connaître les pas.

Je lui tendis ma main qu'elle accepta déposant délicatement ses doigts fins dans ma paume. Je refermai mes doigts sur les siens et entraînai la belle blonde au milieu de la piste de danse. Je me rapprochais doucement d'elle, posai sa main droite sur mon épaule et je déposai ma main gauche dans le creux de ses hanches rapprochant un peu plus nos corps.
-Amusons-nous. Les débuts furent un peu maladroit, l'un entraînait l'autre trop violemment ou ne suivait pas le rythme comme il fallait mais petit à petit, les tensions et l’appréhension du départ s’estompèrent, pour faire place à une forme d'euphorie, de béatitude. C'était agréable de tournoyer de la sorte. Nos corps étaient proches, je pouvais respirer son odeur, nous formions plus qu'une seule personne, dansants ainsi sur la piste, volant au rythme de la musique, nos souffles se mélangeant dans l'air. Il n'y avait pas besoin de mot pour communiquer, la musique, nos pas, nos corps le faisaient pour nous. J’entraînais ma cavalière à travers la piste de danse, esquivant au passage les danseurs autour de nous, nous étions dans notre bulle, l'extérieur ne m'atteignait plus. Je ne sais pas pendant combien de temps nous avions dansés mais finalement, je me séparais de ma cavalière et jetai un coup d'oeil à l'horloge. Il commençait à se faire tard et si je ne voulais pas rater le dernier métro, je devais partir rapidement. Je plongeai dans les yeux azur de Nawel et lui annonça:

-Je vais devoir te laisser, je dois rentrer... Suis-moi. Je l’entraînais vers l'entrée de l'immense manoir et lâchai finalement sa main me plantant devant elle.
-J'ai gagné le jeu du ni oui ni non on dirait mais je serais curieux de découvrir mon gage et, si tu es sage, pourquoi pas même le faire. Par contre, tu me dois un gage et tu ne pourras pas y échapper. Je lui souris et pris son bras afin d'écrire dans la paume de sa main au crayon noir mon numéro de téléphone.
-J'ai été ravi de te rencontrer, tu me dois un gage princesse, n'oublis pas.

J'allais peut-être devoir courir pour attraper le métro, le temps m'était compté.
D'un geste timide de la main, je lui dit au revoir et sans me retourner, je passai par la grande porte et me fit happer par les ténèbres de la nuit.


HRP: Ne sachant pas si tu allais répondre, j'ai essayé de poster un truc plus ou moins neutre ^^ mais je ne pouvais pas, ne pas clôturer le bal. Merci pour cette événement!!

J'entendais le son de la musique, à la fois douce et entrainante, dans mes bras je tenais ma cavalière avec qui je dansais au fil de la musique. La soirée était plaisante, du moins tout était fait pour que ce le soit, mais je ne sais pas pourquoi je sentais l'atmosphère peser peu à peu. Personnellement je me sentais bien, je n'étais ni triste ni joyeux, j'appréciais simplement ce moment en compagnie de la jeune femme qui était face à moi. Je ne savais toujours pas qui elle était et bien que je sois frustré par cela, ce sentiment s'apaisait peu à peu. J'avais demandé à la jeune femme si elle était du genre à être tenté. Ce n'était pas une question qui cachait des sous entendus houleux ou autre choses de ce genre loin de la.

C'était simplement pour sonder un peu plus la jeune femme, avoir son avis sur la question. Pour moi ces masque c'était comme un nouveau visage, mais cela n'est qu'une question de point de vue. Me concernant je ne suis pas le genre de personne qui change de visage en fonction des gens ou des circonstances. Non je préfère de loin rester moi même quoiqu'il arrive, c'est ma façon de rester authentique et de ne pas perdre mon identité. La réponse de la jeune femme était assez originale je dois l'avouer, mais elle m'arracha un sourire.

"La tentation ne me fait pas peur, c'est un mal pour un bien, cela permet de penser à autre chose, d'être ailleurs et de pouvoir vivre. Se priver ne sert à rien, à part réduire notre vie toujours un peu plus." "

Cela prouvait une certaine maturité d'esprit et surtout une certaine intelligence. Rare sont les filles de son âge capable de tenir ce genre de discours. En général elles sont du genre à détourner la question en une autre et à la sortir de son contexte. Ce qui est clair c'est que cette demoiselle n'est pas une Eta ... Ce tas de pouffes auraient déjà pensé à quelque chose de déplacé. Enfin suite à cela j'allais prendre la parole mais j'entendis la voix de la jeune femme. Alors apparemment elle veut quitter ce bal ? Je ne prends pas cette remarque pour moi, j'avais bien saisi que la jeune femme n'était pas à son aise depuis le début puisqu'elle ne s'était pas totalement prêtée au jeu. Je ne peux pas lui en vouloir je comprends et je conçois tout à fait que ce genre d'évènement n'est pas du gout de tous. Puis elle doit avoir ses raisons aussi de vouloir partir. Stoppant alors doucement mes pas je gardais la main droite de la jeune femme dans la mienne puis ma voix s'éleva, calme, douce, sereine.

"Et si on le quittait ensemble ? A part vous, rien ne me retiens ici, puis on peut très bien aller ailleurs. Sans masque, sans rien, juste vous et moi."

Je plongeais mes ébènes dans le regard de la jeune femme, j'étais sérieux, je ne ferais rien de mal à son égard, mais si elle n'est pas bien, inutile de prolonger la torture, je préfère de loin partir et passer le reste de la soirée avec elle, sans masque et sans rien d'autre que mon véritable moi. C'est déjà le cas, mais ce serait tout de même un contact différent. Naturellement il fallait qu'elle accepte, fait à réponses multiples.

Lentement, le garçon dénoua le corsage de la demoiselle qui lui présentait son dos mouillé et glacé par la fraîcheur de l’eau. Les grandes mains du jeune homme s’afféraient avec le plus de délicatesse qui lui semblait possible, à défaire les lacets qui emprisonnaient la poitrine de la petite française. Après quelques secondes qui parurent une éternité à Elycia, son corsage se desserra enfin, laissant apparaitre son dos quasiment nu au jeune homme. Ce dernier retira ses mains de la robe de la demoiselle, laissant un dernier contact avec la peau mouillée de la lycéenne. Un frisson lui parcourut le corps. Etait-ce à cause du froid ? Pas sûr…

La jeune fille put enfin retirer sa robe et la laisser flotter à la surface de l’eau dont les ondulations trahissaient la présence des deux jeunes lycéens. Elle se retrouva ainsi en sous-vêtements. Une culotte et un soutien-gorge en bandeau, sans bretelle, dans les tons chair, pour simples vêtements : les derniers obstacles à la nudité.

A présent libre de se mouvoir plus aisément, Elycia n’en était pas pour autant plus à l’aise. Au contraire. Surtout que le regard du jeune homme posé sur son corps dénudé, presque fragile et sans défense, ne l’aidait pas vraiment. Avait-elle bien fait ? Là, elle avait vraiment un gros doute. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû… Mais c’était trop tard pour remettre la robe, à moins de sortir de l’eau… dans cette tenue… hors de question ! Du moins pas pour le moment. L’eau lui donnait l’impression qu’elle pouvait se cacher et cacher son corps, comme si le garçon ne pouvait pas voir à travers le liquide transparent.

Histoire de se réchauffer un peu et de penser à autre chose pour faire fuir son malaise, elle décida de nager un peu. Deux pas en avant lui suffirent pour ne plus avoir pieds.

Elycia nagea donc tranquillement, sur quelques mètres, le garçon inconnu dans son dos, la suivant de près. Ils étaient seuls, tous les deux, dans ce lac aux reflets d’argent, bercé par un clair de lune en cette soirée de printemps. Ce coup de folie et cette pseudo solitude donnait une impression incroyable de liberté à la jeune fille. Libre comme jamais elle ne l’avait été auparavant, libre de faire ce qu’elle voulait, libre d’être elle-même.

Elle était toute excitée et à la fois d’un calme olympien. L’unique coupe de champagne qu’elle avait bu était loin d’être suffisante pour lui monter à la tête et lui faire perdre ses esprits. Par contre, pour le jeune homme, bien qu’il semblait sobre, la jeune fille n’était pas sûre que l’alcool qu’il avait bu, avant qu’ils ne trinquent ensemble, n’avait pas déjà quelques effets sur ses pensées.

C’était bizarre quand même comme situation. En sous-vêtements, à la merci de cet inconnu au visage masqué, en pleine nuit. Elycia pouvait sentir son regard dans son dos, posé sur sa nuque parfaitement dégagée grâce à ses cheveux attachés en chignon haut. La demoiselle se sentait presque traquée, comme une proie suivie par son prédateur tapit dans l’ombre, attendant le bon moment pour surgir et porter le coup fatal… Vraiment étrange comme sensation, presque effrayante.

Pour rompre le lourd silence qui s’était installé depuis qu’elle avait ôté sa robe et mettre un terme à cette situation pesante, elle s’arrêta de nager et se retourna vers son compagnon d’une nuit, qui ne cessait de la dévisageait, elle et son masque de métal ciselé, une lueur particulière dans le regard. Elle le questionna sur ce qu’il avait à présent envie de faire à son tour, tout en lui adressant un sourire plus timide que les premiers. Cette sensation de nudité face au jeune homme avait fait ressurgir une certaine timidité qu’elle avait réussi à refouler depuis de début de la soirée, jusqu’à maintenant.

Se forçant à mettre sa pudeur de côté, un reste de timidité, contre lequel elle lutta aussi, lui fit se mordiller la lèvre inférieure inconsciemment.

Après quelques secondes de réflexion, le garçon finit par s’exclamer doucement, leur proximité leur permettant presque de parler à voix basse, histoire de ne pas attirer l’attention sur eux :

« Maintenant qu’on est dans l’eau, ça réduit un peu le champs d’action… »

Il prit encore quelques secondes pour réfléchir.

« Je ne sais pas moi… »

Elycia pouvait sentir une certaine gêne dans la voix du garçon, comme s’il semblait penser à quelque chose, mais qu’il n’osait en parler. Pourtant n’était-ce pas lui qui parlait de ne pas juger les autres, moins d’une heure plus tôt ? Et à présent il semblait avoir peur d’être jugé par la jeune fille, sur ses envies.

Finalement, il finit par se délaisser de cette gêne et choisit la franchise :

« Enfin… Si, y’a bien une idée qui me vient en tête, mais je ne suis pas sûr qu’elle te plaise… » lâcha-t-il tout en se rapprochant doucement de la jeune fille qui se maintenait à la surface de l’eau en battant des jambes.

Loin d’être bête, Elycia comprit très bien où il voulait en venir. De son regard gris, qui reflétait les rayons de la lune, il cherche dans celui plus sombre de la jeune fille une approbation, un geste, une parole lui laissant entendre qu’il avait le feu vert.

Le corps musclé et quasiment nu du garçon se trouvait à présent à quelques centimètres de la demoiselle qui n’avait pas bougé. Elle aurait pu reculer, le repousser gentiment, parce qu’il ne faisait que proposait, il ne lui imposait rien, il lui laissait clairement le choix. Alors un simple non aurait surement suffit à stopper le garçon. Mais avec leur masque qui leur donnait cet anonymat, ce jeune homme au corps attirant, c’était trop tentant de se laisser aller, de ne pas penser aux conséquences et de le laisser prendre les choses en mains. Surtout que jusqu’ici il avait su trouver les mots justes et la bonne attitude pour la mettre en confiance et la pousser à faire des choses dont elle ne se serait jamais crue capable.

Alors oui, se laisser aller, profiter et tout oublier une fois cette soirée terminée, ça serait parfait ! Mais rien n’est jamais parfait, la vie est cruelle, égoïste et n’oublie jamais rien. Et ses actes de ce soir, elle pourrait les regretter amèrement par la suite. Alors un petit coup de folie de temps en temps, pourquoi pas, mais seulement si ça n’a de conséquences que sur elle et uniquement sur elle. Que ça se répercute sur les autres ? Hors de question ! Et ce soir, qu’elle le veuille ou non, il y a Soma. Quelque part, dans son costume derrière son masque, au bras d’une autre demoiselle… Il est là, mais lui, il ne fera rien, ça elle le sait, elle en est certaine, malgré tout ce que les rumeurs ont dit à son sujet. Elle le sait parce qu’il le lui a dit, il le lui a promis et elle le croit. A tort peut-être…

Alors elle ne peut pas lui faire ça, même si elle en a envie. Et puis de toute façon, où est-ce que ça la mènerait ? Aussi tôt la soirée finit, lui passerait surement à autre chose parce qu’il semble être comme ça. Il ne se soucie pas de ce qu’on pense de lui, des conséquences de ses actes, alors lui faire l’amour – parce que c’est clairement de ça qu’il s’agit – ce soir dans ce lac, ne serait pour lui qu’une façon de passer une bonne soirée et ne restera surement qu’un souvenir parmi tant d’autres aux premiers rayons du soleil. Mais pour elle, c’est différent. Parce qu’elle est romantique, parce qu’elle a besoin de sentiments pour passer à l’acte, pas juste d’une envie de repousser ses limites toujours plus loin. Et que si ce soir, elle le laisse faire, il la briserait sans aucun doute parce qu’elle s’attacherait à lui, mais ne serait sans doute plus rien pour lui après qu’il est obtenu ce qu’il veut.

Alors non… C’est tentant, très tentant, mais non. La raison et plus forte que l’envie et la folie réunies.

Elycia posa doucement une de ses mains sur le torse mouillé du garçon, afin de l’empêcher de se rapprocher encore plus près et de combler ces derniers centimètres de vides qu’ils restaient entre leur deux corps presque nus. Elle plongea ses yeux dans ceux du garçon, un léger sourire presque énigmatique aux lèvres et doucement bascula sa tête de gauche à droite pour lui faire connaitre sa réponse. Puis elle approcha sa tête de l’oreille du garçon et vint lui murmurer quelques mots à l’oreille, d’une petite voix étonnement posée, sans le moindre ton de reproche :

« Désolée, mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas ce genre de filles… »

Elle déposa un petit baiser sur la joue du garçon, effleurant de son autre main le masque de garçon, avant de se reculer, rompant le contact physique avec le jeune homme et elle nagea tranquillement en direction du bord du lac. Il était inutile de risque d’éprouver plus les envies du garçon en restant dans cette tenue dans l’eau. Il avait été correct et n’avait pas cherché à la forcer, à elle maintenant de ne pas lui infliger plus désir à refouler, après tout, même s’il avait su se tenir, ça restait quand même un homme avant tout…

.

« Tu n'as pas à avoir peur que je te juge tu sais... Même après minuit je veux dire. Je suis pas comme ça. »

Cette phrase… Si seulement elle pouvait être vraie. Mais comment savoir ? Cet inconnu, c’était la première fois qu’Elycia le rencontrait. Il était grand, d’une carrure imposante à mettre mal à l’aise la petite française qui mesurait bien plus d’une tête de moins que lui. Il semblait peu sociable : oh pas associable, non. Juste… solitaire ! Dans sa voix, dans sa façon de lui parler et dans toute sa manière d’être, la jeune fille avait l’impression de ressentir les quelques jeunes années d’une vie pénible. Etait-ce le cas ? Avait-elle face à elle un des boursiers de l’école ? Ceux qui n’avaient pas eu la… chance ?... de naître dans une famille de riche. Etait-ce au moins une chance ? On dit que l’argent ne fait pas le bonheur, mais qu’il y contribue. Soit ! Mais peut-il seulement guérir d’une maladie incurable ou ramener les morts ? Où est le bonheur lorsqu’on est seul, que la maladie nous affaiblie, que la vie nous prend nos proches ou que la mort vient trop tôt ?

Unique héritière de la fortune de ses parents, dont la gestion revenait à son oncle jusqu’à sa majorité, Elycia faisait sans nul doute parti de cette catégorie de gens qui se croient heureux parce que leurs comptes en banque sont bien remplis. Mais la jeune fille était loin d’être comme toutes ces petites filles à papa pourries gâtées et prétentieuses. D’abord, parce que son papa, elle ne l’avait plus depuis bien longtemps et que son oncle qu’elle aimait plus que tout ne pourrait jamais le remplacer. Ensuite, parce qu’elle avait appris à aimer les petites choses de la vie qui font les joies simples : elle s’extasiait toujours devant un arc-en-ciel après une averse, elle appréciait par-dessus tout les promenades en forêt avec son oncle, loin des quartiers riches des grandes villes qu’elle avait habitées durant toutes ces années, le chant des oiseaux dans les arbres annonçant le retour du printemps après un hiver bien froid et les rayons du soleil venant réchauffer sa peau. Toutes ces petites choses qui rendent la vie agréable et belle à vivre, toutes ces petites choses qui ne nécessitent pas d’être née avec une petite cuillère en or dans la bouche. Toutes ces petites choses dont on peut profiter à condition de s’avoir prendre du temps pour les remarquer, mettre ses prétentions, ses préjugés et son orgueil de côté le temps de se rendre compte que la vie n’est pas belle que pour les riches. Au contraire.

La voix du jeune homme se voulait rassurante et sincère. C’était la première fois que la jeune fille avait l’impression qu’elle pouvait réellement faire ce qui lui plaisait sans crainte d’être jugée, comme c’était toujours le cas jusqu’à présent, dans le monde qu’elle fréquentait plus par obligation que par réelle envie. Sa fortune lui donnait parfois beaucoup d’avantages, elle ne pouvait le nier, mais aussi certains devoirs comme celui de représenter sa famille dans toutes ces soirées ne servant la plupart du temps qu’à un étalage des richesses et du luxe que pouvaient s’offrir toutes les familles conviées à ces banquets. Une des choses que la jeune fille détestait : une exhibition de richesse et un gaspillage astronomique alors qu’ailleurs dans le monde des gens meurt chaque minute de faim ou de maladie parce qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire ne serait-ce qu’à leur survie.

Alors oui, ce soir, avec lui, son cavalier masqué, elle avait l’impression de pouvoir se révéler vraiment. Il fallait croire que le jeune homme avait su trouvé les mots pour la mettre un peu en confiance. Et la seule chose qu’Elycia comprit à propos de ce garçon qu’elle connaissait à peine depuis une heure, c’est qu’il n’était pas comme tous les autres : ce n’était pas un de ces gosses de riches prétentieux et narcissique devant lesquels il valait mieux savoir être irréprochable sous crainte de se faire montrer du doigt et de subir un bon nombre de moqueries.
Et c’est sans doute cette phrase, accompagnée du regard profond et sincère du jeune homme, qui avait poussé la jeune fille à se laisser aller à son coup de folie. Juste après la proposition du garçon, elle avait posé leur deux coupes de champagnes, avait retiré ses chaussures et avait tout bonnement courut pieds nus jusque dans le lac qui entourait le château, tenant sa robe à deux mains pour courir sans risquer de marcher dessus.

L’eau était froide et la jeune fille avait hésité encore quelques secondes avant de rentrer dans l’eau noire aux reflets d’argent : elle n’avait jamais fait ce genre de choses. Bien trop sage pour ça, les règles étaient pour elle avant tout un point de repère plutôt qu’une contrainte. Et ce soir, elle portait une robe qui avait coûté une petite fortune à son oncle. Pour certains, ça n’aurait été qu’une somme modique comparée aux vêtements de grands couturiers qu’ils portaient tous les jours, mais pour la jeune fille qui s’habillait volontairement dans les magasins de prêt-à-porter, une robe de couturier était quelque chose qu’elle n’avait pas l’habitude de porter et encore moins de réclamer : d’ailleurs, encore une fois, son oncle avait pris les devants et la lui avait achetée sans qu’elle n’en fasse la demande. La trouvant toujours trop raisonnable, il lui arrivait souvent de lui offrir des choses dont elle n’avait pas besoin, pour lui faire plaisir, ayant encore parfois du mal à comprendre que la jeune fille n’avait pas besoin de toutes ces choses coûteuses pour être heureuse, mais qu’un simple moment passé avec son oncle la rendait bien plus heureuse que dix paires de chaussures à 1 000$.

Mais finalement, cette robe, c’était quoi si ce n’est que du tissu et le nom d’un couturier connu accroché au vêtement et qui justifiait ainsi son prix ? Cette réflexion permit à la jeune fille de se libérer de ses remords et d’entrer dans l’eau jusqu’à la taille. Elle se tourna et appela le jeune homme pour qu’il la rejoigne. De là, à quelques mètres de l’eau, dans la nuit claire, il paraissait moins impressionnant. Mais son masque et son costume lui donnait un air mystérieux. Dans ce jardin princier, le clair de lune qui l’éclairait donnait l’impression qu’il sortait droit d’un conte de fée.

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille qui contemplait cette scène : oui ! Ça y’est, elle l’avait son conte de fée ! Et dans son histoire à elle, elle pouvait faire ce qu’elle voulait et être qui elle voulait, quoi qu’il arrive ça se finissait toujours bien…

Le garçon finit par accourir jusqu’au bord de l’eau, mais jugea plus intelligent de se déshabiller avant de la rejoindre dans l’eau. Cette même idée traversa l’esprit de la jeune. Trop tardivement hélas ! Cela fit rire la petite Sophomore Year : ce qu’elle pouvait être stupide parfois, au moins, lui, il avait eu l’intelligence de garder ses vêtements secs pour après leur baignade. Tant pis pour elle !

Le garçon, à présent en caleçon, s’exprima à son tour sur un ton espiègle :

« Tu vas le regretter ! »

Elycia put contempler le corps musclé du garçon et quatre tatouages dessinés sur sa peau. Deux sur chacun de ses bras, dont l’un en forme de soleil et l’autre un tribal lui entourant le bras. Décidément, il n’avait vraiment rien à avoir avec tous ces lycéens riches qui peuplaient les couloirs du lycée. Et cela plaisait à demoiselle. Peut-être ne l’aurait-elle jamais rencontré sans cette soirée : parce qu’ils ne semblaient pas du même monde, parce qu’elle était trop timide et lui très imposant, parce qu’elle n’aurait tout simplement jamais pensée qu’ils puissent avoir quelque chose en commun. Mais finalement, ils allaient partager cette soirée tous les deux, leur laissant un lien, une chose unique, qu’ils seraient les seuls à partager.

Le garçon plongea directement et complètement dans le lac, à croire que la fraicheur de l’eau, en cette soirée de début de printemps ne lui faisait pas peur. Il ressortit la tête de l’eau et s’approcha doucement d’Elycia, confirmant ses propos un peu plus tôt :

« C’est vrai qu’elle est bonne ! »

« Peut-être un peu fraîche quand même ! » renchérie la lambda, des éclats de rire dans la voix, encore stupéfaite par ce qu’elle venait elle-même d’accomplir. Mais allait-elle s’arrêter là ? Elle l’ignorait encore. Jusqu’où serait-elle capable d’aller, pousser par ce garçon si différent des autres ?

Doucement il s’avança vers elle et lui prit la main comme s’il avait l’intention d’y déposer un baiser, la gratifiant d’un ‘madame’ respectueux. Mais finalement il l’attira jusqu’à lui, le mettant davantage dans l’eau, accordant un grand sourire à la demoiselle. Surprise, Elycia poussa un petit cri avant de placer sa main devant sa bouche et de rigoler. Leur baignade nocturne ne devait surement pas être autorisée, et même si la musique à l’intérieur du château empêchait les gens qui s’y trouvaient de les entendre, la jeune fille avait aperçu d’autres personnes dans le parc. Ils n’étaient pas les seuls à préférer l’air frais de la nuit à la chaleur étouffante de la salle de bal. Et même si ce soir elle était prête à assumer ses envies, sa timidité toujours présente lui intimait d’éviter de se faire trop remarquer. Mais sans doute était-ce déjà trop tard…

La main du garçon qui tenait toujours celle beaucoup plus petite de la jeune française reflétait une fois encore toute la force et la puissance du jeune homme, mais aussi une partie de sa vie. Ce n’étaient pas des mains parfaitement manucurés et entretenues, comme les siennes, aussi douce que de la soie. C’étaient des mains rugueuses, déjà marquées par la vie pourtant courte du jeune homme. Et somme toute, des mains viriles dans lesquelles ont se sentait en sécurité.

Ayant à présent de l’eau jusqu’à la poitrine, la robe complètement imbibée d’Elycia commençait à peser son poids et à l’empêcher de se mouvoir comme elle le voulait.

D’un ton très naturel, le garçon masqué qui semblait s’être aperçu de la gêne de la jeune fille, lui proposa une solution des plus évidentes :

« Tu devrais retirer ta robe… Elle est magnifique, mais tu ne vas pas pouvoir aller bien loin comme ça… »

Le visage de la demoiselle se figea quelques instants. Retirer sa robe ? Ça signifiait se retrouver en sous-vêtements… dehors… devant un inconnu… Elle hésita, quelques instants. Sa pudeur naturelle, simple reflet de sa timidité était un obstacle à surmonter, tel qu’elle venait de le faire face à sa retenue habituelle. Finalement elle lâcha la main du jeune homme et se tourna tout doucement, lui présentant son dos et le corsage à délacer de sa robe.

Avec un petit sourire beaucoup plus timide elle acquiesça son idée : de toute manière il avait raison. Si elle voulait nager, elle devait se débarrasser de sa robe.

« D’accord… Tu m’aides ? » demanda-elle d’une petite voix.

Que faisait-elle ? Elle se libérait de toutes ses réserves et de toutes ses contraintes qu’elle s’infligeait elle-même en permanence pour être celle que les autres pensaient qu’elle était, et non celle qu’elle était réellement.

Alors que les mains du lycéen s’afféraient dans son dos à défaire son corsage elle eut une pensée pour Soma. Pourquoi maintenant ? A ce moment précis ? Peut-être parce que dans moins de deux minutes elle allait se retrouver en sous-vêtements, au beau milieu d’un lac, en pleine nuit, avec un jeune homme inconnu. Mais après tout, elle ne faisait rien de mal. C’est comme si elle avait été en maillot de bain… Du moins c’est ce qu’elle se dit pour se convaincre, juste à temps, de ne pas arrêter le garçon qui l’aidait à enlever sa robe. Son corsage défait, elle ôta d’elle-même sa tenue qu’elle laissa flotter à la surface de l’eau, légèrement ridée par les mouvements respectifs des deux jeunes gens.

Dans cette tenue, elle se sentait démunie, sans défense. Si le jeune homme avait voulu lui faire du mal, il aurait pu le faire sans aucun problème. Peut-être aurait-elle eut la force de crier et encore. Mais étrangement, elle lui faisait confiance, sans même le connaitre. La phrase qu’il avait prononcé de longues minutes plus tôt, raisonnait encore dans sa tête : Tu n'as pas à avoir peur que je te juge tu sais.

Elle avança de quelques pas dans l’eau et se retrouva à nager car, avec sa petite taille, elle n’avait déjà plus pieds et elle souhaitait, autant que possible, éviter de se mouiller les cheveux : simple question de séchage. Avec la fraicheur de la nuit, ses cheveux longs et épais, risqueraient de mettre une éternité à sécher et elle pourrait attraper froid. Déjà que ses vêtements seraient trempés quand ils sortiraient de l’eau.

Elle regarda le jeune homme à travers son masque de métal fin et lui adressa un sourire.

« Pour moi c’est fait ! A ton tour maintenant ! Qu’est-ce que tu voudrais faire qui sorte réellement de l’ordinaire ? Parce que je doute qu’un bain de minuit te change vraiment du quotidien… » dit-elle doucement, un brin de malice dans la voix. Instinctivement elle se mordilla la lèvre inférieure et jeta un coup d’œil aux alentours. Le parc semblait désert, mais l’était-il réellement ?

La jeune fille avait l'air d'avoir de l'humour. Elle rit à ma remarque, me disant même mystérieusement que ce serait dommage de se perdre... Je la regardai un instant, essayant de voir exactement où elle voulait en venir. Mais incapable de lire dans ses yeux, je ne la connaissais pas assez pour ca... Voulait-elle se perdre avec moi? Je ne sais pas. Mais en tout cas, je sentais que j'allais passer une bonne soirée en sa compagnie. Elle était calme, radieuse, gentille et n'avait pas l'air compliquée. C'était le genre de cavalière qu'il me fallait. Au moins, elle ne m'obligerait pas à danser toute la soirée...

Puis, quand je lui parlai de l'étrangeté de la situation, elle me répondit qu'elle trouvait ca assez angoissant, mais que ce mystère mettait du piment à la soirée. J'acquiescai, étant d'accord avec son avis. Je me demandai alors si elle avait peur de moi. Après tout, j'étais très imposant, surtout pour une fille de sa carrure... J'aurais pu faire n'importe quoi avec elle. Nous étions seuls dans ce jardin ou presque, je pouvais d'un moment à l'autre lui faire du mal. Mais je n'étais pas comme ca. Pas moi. J'avais fréquenté ce genre de types dans les rues, et je n'avais aucune estime pour eux.

Le jeune femme me parla aussi du fait que nous pouvions faire ce que nous voulions, dans l'anonymat. Certes, mais les masques tomberaient à minuit de toute façon... A moins que l'un de nous ne prenne la fuite avant, n'assumant pas ou ayant peur. Je ne comprenais pas vraiment où elle voulait en venir, car moi, je faisais toujours ce que je voulais quand je voulais. Je ne m'occupais pas du regard des autres, ou de ma réputation, je m'en foutais. Ca n'avait pas l'air d'être son cas. Que craignait-elle des autres? Pourquoi se privait-elle ainsi d'être qui elle était véritablement? Pourquoi cette peur et cette retenue? Mon regard fixait le sien, essayant de la comprendre.

« Tu n'as pas a avoir peur que je te juge tu sais... Même après minuit je veux dire. Je suis pas comme ca. »

Je voulais la rassurer sur ce point, qu'elle puisse me faire confiance la dessus car c'était vrai, je n'étais pas comme ca. Aujourd'hui, les gens accordaient beaucoup trop d'importance aux apparences, et je n'aimais pas ca. Moi, j'avais vu tellement de cas différents... Des droguées, des prostituées, des malades mentaux, des alcooliques... Cette fille ne me choquerait pas. Les autres non plus d'ailleurs... Pour moi, chacun avait sa vie et pouvait en faire ce que bon lui semble. On ne pouvait juger que les gens que l'on connaissait, et comme on ne connaissait jamais vraiment quelqu'un... Je ne condamnais personne, excepté ceux qui transgressaient les valeurs qui étaient miennes. La trahison, la tromperie, le viol, la manipulation... Ca, c'était des fautes graves. Je ne la jugerait pas pour ce qu'elle ferait et pour qui elle était. Ni ce soir, ni aucun autre soir. Elle ne devait pas avoir peur d'être elle-même. Car c'était suffisant. Et c'était elle-même que je voulais connaître, avec qui je voulais passer cette soirée comme cela avait été convenu, pas quelqu'un d'autre. Elle était ma cavalière.

Je lui avais ensuite proposé de faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire, car comme elle l'avait fait remarquer, tout ce mystère par rapport aux masques était assez excitant, et moi, ca me donnait envie de faire un truc de dingue. Et puis l'alcool que j'avais bu n'arrangeait rien évidemment. La demoiselle termina son verre, puis le posa avec le mien sur un muret. Elle m'avoua tout bas et légèrement excitée qu'elle était partante. Cool, je savais qu'on allait bien s'amuser. Restait à trouver quoi faire de dingue, mais me connaissant, ce n'était pas les idées qui me manquaient pour ca.

Cependant, avant que je ne trouve quoi que ce soit, la demoiselle me devança. Je l'observer retirer ses chaussures, puis tenir sa robe en courant vers le lac. Non, elle n'allait tout de même pas... Et bien si ! Elle comptait aller se baigner. Cela m'étonna un peu de la part d'une fille comme elle, qui était tout en retenue. Moi, j'étais un grand habitué des baignades à la fraiche de ce genre. Mais pour une fille si charmante et si bien préparée... Elle allait être trempée, ses cheveux aussi, son maquillage allait couler... Mais elle s'en fichait, et cela me plu. Je trouvais que les filles qui n'étaient pas sans arrêt après leur physique étaient bien plus charmantes que les autres, bien plus naturelles.

Elle me proposa de la rejoindre. J'observai un instant cette silhouette noire au clair de lune entrer dans l'eau brillante comme s'il s'agissait d'un mirage, une apparition divine. Puis, j'accouru à sa suite, comptant bien la rejoindre. Sauf que moi, je jugeai bon de retirer mes fringues. Je n'avais que ceux là et je comptais bien retourner à l'intérieur un peu plus tard. Je me mis donc rapidement en caleçon, laissant entrevoir mes tatouages sur ma peau musclée de toute part.

« Tu vas le regretter ! »

Lui dis-je l'air espiègle, en m'élançant pour plonger directement complétement dans le lac. J'avais toujours été un fonceur. La baignade ne devait surement pas être autorisée, ce n'était pas le genre de choses qui se pratiquaient dans un lieu pareil... Les gens y habitant devaient bien se faire chier quand même, avec leurs tas de manières... J'avais toujours vu les riches comme des coincés qui ne savaient pas s'amuser. Nous allions sans doute choquer ceux qui nous verraient, et peut-être que cette histoire allait mal finir... Mais c'était tout cela qui faisait partie du charme de la soirée.

Je sortis la tête de l'eau et m'approchai lentement vers la jeune fille:

« C'est vrai qu'elle est bonne ! »

J'arrivai dangereusement à sa hauteur, et lui dis-je un 'madame' en lui prenant la main comme pour lui faire un baise main. Sauf qu'au lieu de ca, je l'attirai vers moi, la mettant davantage dans l'eau, un grand sourire aux lèvres. Je voyais bien que la demoiselle ne devait pas faire une telle chose tous les jours, et le fait que je puisse lui repousser ses limites me satisfaisait. Je trouvais ca génial de lui faire profiter de la vie ainsi. J'avais l'impression qu'elle vivait un moment unique, dont elle se souviendrait pendant longtemps, et j'avoue que cela me changea mes idées à moi aussi, et en ce moment, j'en avais bien besoin. Comme je voyais que la jeune femme n'était pas à l'aise avec sa robe, je lui proposai le plus naturellement du monde, ne me rendant même pas compte que je pouvais passer pour un pervers car je n'étais pas comme ca:

« Tu devrais retirer ta robe... Elle est magnifique, mais tu ne vas pas pouvoir aller bien loin comme ca... »

La jeune femme allait-elle oser retirer cette robe qui devait peser 2 tonnes maintenant qu'elle était mouillée? Je ne tenais pas à la voir couler sous le poids de sa tenue de bal.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ma soirée était pleines de rebondissements en tout genre. Oui je pense que ma partenaire et moi même sommes partis du mauvais pieds. Nous ne nous connaissions pas et déjà le ton avait haussé. C'est fort dommage. Bien sur nous n'avions pas hurlé, nous sommes des personnes civilisées et le caractère de la fête nous octroyait une certaine dirons-nous, façon de parler. Bien entendu les caractères restaient présents, pour rien au monde je ne changerais la personne que je suis et je pense qu'il en va de même pour ma partenaire. D'ailleurs il semblerait qu'elle soit disposée à changer d'avis.

J'en étais fort ravi et son merci me toucha. Oui vraiment il me touchait car j'avais au moins en face de moi une personne réfléchie qui était capable de se remettre en question et éventuellement ravaler sa fierté. Ce n'est pas donné à tout le monde et voir ainsi son regard sur moi attisait encore plus mon envie de savoir qui était cette jeune femme. Je ne pouvais pas m'empêcher de la fixer et il est vrai que sa silhouette était tout ce qu'il y avait de plus désirable. Je sentais dans son regard de la puissance et de la conviction dans ses mots. C'était une femme de caractère et je ne peux pas cacher que je n'étais pas insensible à cet attrait. La jeune femme me fit donc part de son envie de danser, qu'elle ne fut pas mon ravissement à l'entente de ses mots. Ni une ni deux je m'empressais de lui dire d'une voix chaleureuse.

"Avec plaisir ma chère."

J'allais donc en direction de la piste avec la jeune femme à mon bras. Oui je m'étais permis de la prendre sous mon bras afin de l'accompagner jusqu’au centre de la salle. Il n'était pas question que je laisse ma cavalière sans un bras sur lequel s'appuyer. Je ne sais pas si le mien lui suffirait, mais je ferais de mon mieux pour mettre en œuvre mes derniers propos. Je voulais m'occuper pour ce soir et lui offrir une agréable soirée. De ce fait nous entamions notre danse. Je ne cessais de la regarder dans les yeux, mes ébènes, brillantes de leur éclat si particulier, ne cessaient de la dévorer. Dans un sens elle m'intriguait je ne peux le cacher. La chanson qui passait à ce moment la était plutôt douce et sensuelle. De ce fait j'adaptais mon pas afin que ma partenaire et moi même soyons sur le même rythme. Je sentais son regard à travers son masque et suite à cela je laissais échapper une phrase d'un ton toujours très calme, mais dans lequel on sentait mon intérêt.

"Je ne vais pas vous cacher que je trouve ces masques très déstabilisant mais en même temps très excitant, pas vous ? On pourrait être tenté de faire mille et une folie sous cette nouvelle apparence, qu'en pensez-vous ma reine ?"

Je continuais à virevolter avec ma cavalière, j'étais vraiment très heureux qu'elle ait accepté de raviser son jugement. A cela j'ajoutais une dernière phrase, nimbée de mystère afin de laisser à ma partenaire le soin de me faire découvrir un aspect de sa personnalité.

"Êtes-vous du genre à vous laissez tenter ?"

Ensemble les deux lycéens repassèrent l’immense et imposante porte d’entrée du château et se retrouvèrent dehors. Ils marchèrent sur quelques mètres, dans l’allée principale, bordée d’arbustes parfaitement bien taillés, qui partait du portail, à l’entrée de la propriété, et menait jusqu’au grand bâtiment de briques blanches. En silence, côté à côté, ils refaisaient le chemin inverse de celui emprunté à leur arrivée. Le jeune homme à la taille impressionnante avait de grandes foulées qui obligeaient la petite française à faire deux pas plus rapides là où il n’en faisait qu’un seul tranquillement.

Elycia jeta un coup d’œil à son cavalier qui finissait son gâteau. Ses yeux bleus clairs qui ressortaient derrière son masque de disait absolument rien à la jeune fille. Sa voix non plus. Elle ne l’avait jamais rencontré. Peut-être croisé dans les couloirs du lycée. Et encore, elle n’en était pas sûre : avec une taille pareille, elle s’en serait surement souvenue si elle l’avait déjà croisé. A moins qu’il ne soit arrivé entre son départ et son retour, pendant ce mois où elle avait été absente.

C’était tout de même un peu angoissant de ne pas savoir à qui on avait à faire. Angoissant , mais aussi très excitant. Et puis ces masques, avec leurs côtés mystérieux, permettaient surtout aux jeunes gens présents ici ce soir, de se prendre pour quelqu’un d’autre le temps d’une soirée. D’être une autre personne ou de montrer un côté de sa personnalité qu’on cachait d’ordinaire par peur d’être rejeté, mal vu, ou simplement parce qu’on était trop timide. Comme c’était le cas pour Elycia.

Finalement le garçon brisa le silence :

« Ça a l’air immense comme domaine… J’espère que tu as le sens d’orientation, qu’on puisse retrouver le château. »

Ces dernières paroles firent sourire la jeune fille. Elle comprit très bien qu’il faisait de l’humour, car certaines tourelles du château étaient tellement hautes, qu’on pouvait surement les apercevoir de partout dans le domaine et au-delà, alors il serait facile de se repérer et de revenir à la demeure.

« Ça serait vraiment dommage de se perdre… » ajouta-t-elle malicieusement, avec un brin de mystère dans la voix, en guise de réponse à la fausse question du garçon.

L’air frais avait nettement rafraîchit le corps de la jeune fille qui s’était habitué à la chaleur étouffante de la grande salle de balle. Elycia remonta un peu son châle sur ses épaules. Il faisait plus frais ici, à en faire frissonner la jeune fille, mais c’était nettement plus calme, plus propice à la discussion. Et puis, ici, ils avaient plus de liberté qu’à l’intérieur où la jeune fille, et surement le jeune homme, se sentait étouffée et en constante observation. Bien sûr ils auraient pu rester dans la salle et danser sur la grande piste de danse en parquet prévu à cet effet, mais ils pourraient tout aussi bien y retourner plus tard, lorsqu’ils auraient trop froid pour rester dehors.

Ils continuaient d’avancer, s’éloignant tranquillement du château. Plutôt que rester dans la grande allée principale, la jeune fille tourna sur une allée beaucoup plus petite, qui s’enfonçait entre des haies et de grands arbres tout aussi imposants que le château.

Le jeune homme reprit à nouveau la parole :

« Je ne sais pas qui tu es… Je ne peux même pas voir ton visage… C’est assez étrange comme situation, tu ne trouves pas ? »

Elycia réfléchit quelques secondes à ce que venait de dire son compagnon d’un soir puis elle finit par lui répondre :

« Si bien sûr… C’est un peu… angoissant je dirais. Mais ça fait parti du jeu et ça amène un lot de mystère qui va pimenter un peu cette soirée, non ?! Et puis à minuit on fera tous tomber nos masques, alors autant profiter de notre anonymat avant, pour une fois qu’on peut être exactement la personne qu’on veut, sans craindre d’être jugé… » finit-elle par conclure songeuse, son regard noisette croisant celui plus clair du garçon.

Oh oui, cette sensation de liberté grâce à cet anonymat procuré par les masques qu’ils portaient était bien trop bonne pour ne pas en profiter. Et le jeune homme semblait du même avis qu’elle si bien qu’il s’exclama si tôt sa coupe de champagne terminée :

« Tu n’as pas envie de faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire ce soir ? »

Il s’était arrêté de marcher et lui adressait un léger sourire. Elycia se détendit quelque peu. Le garçon semblait de plus en plus à l’aise et elle aussi. Le courant passait plutôt bien entre eux, du moins, jusqu’à maintenant et cela rassura la jeune fille dont la plus grande crainte ce soir était de ne pas s’entendre avec son cavalier avec qui elle devrait passer toute la soirée.

Alors comme ça il voulait faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Pourquoi pas ! L’idée était vraiment tentante. Mais quoi ?

Elycia termina d’une traite sa coupe de champagne et récupéra celle que son compagnon tenait encore à la main. Elle les posa sur le rebord d’une énorme jardinière en granite qui bordait le chemin puis plongea son regard dans celui du jeune homme à la taille imposante, tout en se rapprochant de lui pour venir lui parler tout bas, comme s’ils préparaient une bêtise :

« Un truc qui sorte de l’ordinaire. Tu veux dire, un truc dingue quoi ?! D’accord ! Je suis partante ! » finit-elle par s’exclamer avant de se déchausser sur place, d’attraper sa robe à deux mains pour la soulever un peu et de partir en courant en direction du lac qui bordait le château. Arrivée au bord de l’eau, elle s’arrêta, ses pieds trempaient déjà dans l’eau translucide et fraiche, ses mains tenant toujours sa robe. Elle se retourna et regarda son prince d’une nuit, encore là-bas, à quelques mètres de là.

« Tu viens ?! » lui demanda-t-elle assez fort pour qu’il l’entende.

Puis elle prit son courage à deux mains, laissa de côté sa conscience, ses bonnes manières et sa retenue et entra dans l’eau sans s’arrêter jusqu’à ce que l’eau lui atteigne la taille. Elle était froide, à en faire greloter la jeune fille, mais c’était tellement bon. Un coup de folie comme la jeune fille n’avait jamais osé. Tant pis si elle attrapait froid, tant pis pour sa robe, tant pis pour ce que le garçon allait penser d’elle. Tant pis pour tout, elle se sentait libre, comme si rien ce soir n’allait l’arrêter, comme si la vie n’avait plus de limite. Ce soir, elle goûtait à une saveur encore inconnue : la liberté ! Ou peut-être était-ce de l’inconscience ? Surement un peu des deux : c’est ce qui rendait ce moment incroyable et inoubliable.

Elle se tourna à nouveau vers le jeune homme et lui cria en riant, ne se souciant plus de se faire remarquer :

« Elle est bonne, tu devrais venir essayer ! »