ANNONCES IMPORTANTES (Rp ouvert à tous)

Si j'avais décidé de rester jusqu'à la fin c'est uniquement par respect pour les chefs et en particulier Maeko et Mahina qui faisaient ça pour protéger mon secret. Si j'avais su ce qui m'attendait et que j'allais revoir le visage de mon ex-coach sportif chef des rho kappa et surtout ce qu'il allait dire, je me serais barrée dans la seconde. Plusieurs chefs s'étaient relayés sur le podium, il ne restait plus que Maeko que je connaissais de vue, je m'étais donc mise à l'écart regardant distraitement la scène. Au fond, c'était pas si mal cet événement, c'est rare de pouvoir dire à certaines personnes qu'on les apprécie et je suis sûre que cela allait renouer certains liens. Une petite voix m'extirpa de mes pensées. Ayase m'avait parlée en japonais, heureusement c'était une phrase basique parce que j'étais à des kilomètres de penser en japonais.

« Bonjour Harmony-chan. Comment vas-tu ? »

-Bonjour Ayase-sensei. Bien. Mon japonais était très médiocre principalement parce que je ne le pratiquais pas du tout à la maison raison pour laquelle je ne risquais pas de voir mon niveau décoller et puis je me concentrais surtout sur la langue française. Je repassai en anglais, langue que je maîtrisais bien mieux.
-Quoi de neuf ça fait un moment.

En effet avec les examens, je ne l'avais pas vu depuis plusieurs semaines voir même mois. Maeko monta sur le podium et débuta son discours, discours que j'écoutais d'une oreille distraite plus intéressée par ma discussion avec Aya jusqu'à ce qu'elle révèle la personne à qui elle comptait faire un compliment.

« Allez Emeric, viens me rejoindre sur la scène, connard. »

Je retins mon rire, oui ce mec est un connard, un pur-sang de la connerie. A partir de ce moment, mon attention se concentra bien malgré moi sur le podium et ce tyran en puissance aussi fascinant que repoussant. J'ai eu plusieurs absences en cours de sport et on m'a demandé de les rattraper en m'affiliant à cet énergumène. Pourtant au départ, bien que son caractère particulier et son orgueil étaient déjà visible, je n'avais pas la moindre once d'animosité en vers lui au contraire, quelque chose chez cet enfant -oui un enfant à mes yeux- m'attirait et même, je le trouvais attachant si on regardait derrière les ornements dont il se pare en société.

« J'ai toujours aimé tes surnoms affectueux » Ah cette voix, elle m'avait pas manquée. Je sais ô combien ces charmantes lèvres peuvent déverser de suaves poisons.

Maeko semble irritée, mais moi cet Emeric-là, fanfaron et pédant je l'avais déjà vu à cette époque et je l'aimais bien. Bien plus que l'autre Emeric auquel j'ai dû faire face dans la cafet, ce gars froid, insensible et moqueur. Certes lors des entraînements c'était une tête à claque trop tactile à mon gout mais ne possédait-il pas une sorte de candeur caractéristique des enfants? NON? Je suis peut-être folle que ça me surprendrait pas. Il arracha le micro des mains de Maeko, si je n'avais pas cette amertume de mon ancienne humiliation j'aurais probablement sourit en me disant... ça c'est Emeric, toujours se donner en spectacle mais là je ne souriais pas. Je fixai simplement la scène froidement.

« Tu avais le choix de complimenter n'importe qui parmi tous tes vrais-faux petits copains, c'est moi que tu choisis entre tous, et tu essayes de me faire avaler que je ne devrais pas me sentir flatté ?! Bardot... si tu savais comme je suis satisfait d'occuper une place si importante dans ta vie quand la tienne est si minime dans la mienne. »

Méprisable et détestable voilà les mots qui effleurèrent mon esprit. J'écoutai à moitié la suite de leurs conversations, perdue dans mes pensées, revivant l'humiliation de la cafet''. Je n'avais rien demandée à personne, Trey m'avait emporté par la force à sa suite jusqu'à la table d'Emeric et si vous voyiez sa carrure de gros fumier vous comprendrez ce que j'entends par "par la force", mes poignets ont eu des marques pendant 1 semaine. Cependant, je ne pense pas que ce soit sur ordre de ce diable et la suite vous vous en doutez. Emeric et sa clic-j'ai-12-de-QI me renversèrent un verre d'eau, me rabaissèrent en s'en prenant à mon physique. J'avais juste fixé Emeric sans montrer la moindre émotion, hors de question de donner ce plaisir à ces gorilles sans cervelle mais, ce n'est pas pour autant qu'ils arrêtèrent. Bien sûr, je m'attendais pas à ce que Emeric me protègent ni que les mecs bien vu du lycée deviennent mes potes et pensent que je suis une fille cool et belle mais malgré tout je ne m'attendais pas à cette trahison car oui je l'ai vécu comme telle. Quand nous étions seuls, Emeric n'était pas si détestable que ça et j'avais même fini par apprécier certains aspects de sa personnalité. Je me concentrai sur le présent tout en ruminant le passé. Je suis très rancunière et si je peux je me vengerais Emeric!

« Et pourtant, tu es l'une des rares personnes à qui j'ai réussi à faire confiance... Du moins, dans certaines situations. Pour vraiment dire la vérité, je ne te confierais certes pas mes secrets les plus sombres… Bien que tu les connaissent effectivement, puisque toi pour qui je n'ai aucun intérêt, tu es tout de même rentré par effraction dans ma chambre afin de fouiller dans mes affaires. Cependant Jun, ce n'est plus la peine de tenter la même chose, j'ai évidemment pris mes précautions pour que ça n'arrive plus ! Bref, pour en revenir à toi, je ne t'aurais pas confié mes secrets, mais il y a une période où je te faisais assez confiance pour presque te confier ma vie. Hum... En fait, je crois que c'est toujours un peu le cas, parce que finalement, tu as été la première personne à qui j'ai pensé pour m'aider quand je me suis retrouvée en prison. »

Lui faire confiance, je peux y croire, je suis sûr qu'il est assez fiable avec les personnes qu'il juge de son rang mais je n'en fais pas partie. Je ne pense pas qu'il soit foncièrement mauvais, personne n'est tout noir ou tout blanc mais malheureusement dans son cas, il faut le prendre seul à seul, en groupe il ne vaut plus rien, du toc, de la merde fumante, un rat galeux surtout s'il doit se faire bien voir et ça n'empêche pas qu'il possède des racines pourries. Moi qui suis fière de combattre cette pression sociale qui veut que les gens soient habillés ainsi, parlent ainsi, se coiffent ainsi, ce mec se comportait comme un véritable pantin de bois en société ou mieux un caméléon effaçant ses jolies couleurs d'origines pour montrer d'affreuses couleurs ternes. Il parla mais je n'entendis rien, ça valait mieux de toute façon. J'avais presque mal au coeur pour Maeko par ma faute, elle devait gonfler l'orgueil de cet être infâme.

« Résumons : ses parents font si mal leur boulot que je me retrouve à jouer le rôle de papa pour une gamine qui confond laboratoires scientifiques et salle de jeu ! Vous parlez d’un cadeau, putain. Hey, sans déc'! Je taille une pipe au premier trou du cul qui en veut ! » dit-il en reprenant le micro avec sa finesse légendaire. Ce mec était payé au nombre de gros mots qu'il plaçait par phrase.

Maeko et lui semblaient se connaître depuis un bout de temps et bien qu'elle essayait de faire un effort vers lui, il réagissait comme un véritable connard, la dénigrant, tentant de la blesser. Quand je voyais ça, je me disais qu'au final moi ce n'était rien en comparaison et quand on voit comme il traite ses anciens amis pas étonnant qu'il m'ait traité avec autant de dédain. Elle le gifla, je l'enviai en cet instant, j'aurais rêvé être à sa place et sentir mes doigts claquer sur sa joue mais jamais je n'oserais faire ça même au pire des cons. Elle recula aussitôt et même si on entendait pas leur discussion, il était clair qu'Emeric ne lui disait pas des mots doux.

Alors ? Qui aime le sadomasochisme ?! » dit-il d'un ton théâtral. Toi mon cher Emeric, toi clairement tu adores ça!

Maeko reprit le micro.

« Si tu pouvais éviter d'essayer de me prendre comme prétexte pour faire ton coming out, ça m'arrangerait. Tu peux bien tailler des pipes à qui tu veux, mais ne viens pas encore dire que c'est de ma faute ! Parce que oui, en plus de tout le reste, Emeric est généreux, peut importe de quoi il est coupable, il partagera volontiers ses fautes avec vous, il pourrait même être capable de vous les mettre en entier sur le dos ! Mais bref, puisque je ne veux pas que Harmony ait des problèmes, je vais continuer. »

A l'entente du mot "Harmony", je ramenai immédiatement mon attention sur le podium. Emeric sembla aussi secoué que moi par la formulation de mon prénom sauf que moi c'était simplement parce que je n'aimais pas être pointée du doigt bien que je doute que beaucoup de monde sachent qui je suis. Il tenta de prendre le mirco mais elle ne lui laissa pas cette chance. S'en suivit une dispute qui faisait penser à un épisode de Tom et Jerry maintenant savoir qui faisait qui...
« Putain mais c’est le secret de cette pute que tu protèges, là ?!! » crus-je entendre en arrière son du micro mais je n'étais pas sûre. De toute façon, ça me surprenait pas, bien que quelque part j'étais blessée par ses propos, je n'ai rien fait à part subir son humiliation et je n'ai jamais été une pute, il me confond avec ses meufs! A trop fréquenter des putes, on en voit à tous les coins de rue.

« Emeric est quelqu'un de fidèle envers ses amis -et uniquement eux, parce que dans ses relations amoureuses, ce n'est qu'un gougandin de mes deux- même si Ginger ne serait sûrement pas d'accord avec la partie "fidélité amicale". Tu ressembles à un gamin, arrête ça. » Emeric n'avait pas abandonné l'idée de reprendre le micro et sans surprise on n'apprit qu'en plus, c'était pas le mec le plus fidèle au monde. Moi la question qui trottait dans ma tête c'est comment.. une fille avec un minimum de capacité cérébrale pouvait vouloir sortir avec ce mec outre son physique aguicheur.

“ Je pense qu'il était un bon dirigeant, que ce soit pour sa confrérie ou pour notre groupe à l'époque, c'est juste bête qu'il soit trop con pour garder son poste à chaque fois. Il est doté d'une patience assez remarquable dans certaines situations et à un bon instinct. Par ailleurs, pour avoir participé à beaucoup de fêtes avec lui, je sais qu'il est à l'image de sa confrérie concernant les soirées, il sait s'amuser, peut-être même un peu trop. Il a aussi une facilité déconcertante pour trouver des arguments en sa faveur, même s'ils sont faux... Mais comme toutes ses autres qualités, ça camoufle juste un défaut : celui d'être mauvais perdant. »

Un mauvais perdant tiens donc... je m'en doutais mais merci de me le confirmer. Cette information n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Je devrais demander quelques détails sur ce cher Emeric à Maeko, elle a l'air d'en savoir un rayon.

« Vous l'aurez donc compris, Emeric est l'une des personnes les plus odieuses que l'on puisse rencontrer et si vous avez l'occasion de pouvoir les éviter, lui et ses MST, je vous conseille de le faire. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée... Sauf à toi, évidemment, toi tu peux crever dans un caniveau, je m'en tape. »

J'éclatai de rire sur les MST.

« Tiens, comme ça t'auras encore un peu l'impression d'être chef, même si tu n'es plus personne. » dit-elle en lui tendant le micro.

Il se fixait en chien de faïence à cette distance je ne distinguais pas bien leurs visages mais connaissant l'orgueil du jeune homme, j'étais certaine que Maeko venait de faire un strike.

Maeko disparut de l'estrade et de ma vue, ne restait plus que le diable en personne. Je le ressentais en moi mais une aura néfaste émanait de sa personne et me faisait me sentir mal à l'aise presque en insécurité. Comme si on me disait "fuis" mais fuir quoi?

« Décidément, on ne sait garder aucun secret, ici ! C’est vrai, on m’a forcé à démissionner. Sa façon de parler éclairait totalement sur la rancune qu'il ressentait. Je ne comprenais pas pourquoi il avait été démis de ses fonctions … quoique suffit de le regarder. Il avait encore dû jouer au con. A trop jouer avec le feu on se brûle.

Il faut croire que ça emmerde les gros noms de la direction, quand les choses marchent un peu trop bien. Mais au-delà de ça, la vérité, c’est que j’ai été si longtemps obnubilé par la peste que j’en ai oublié de me méfier du choléra. Et autant vous le dire... On aurait presque dit qu'il nous faisait une représentation théâtrale tant c'était surjoué. Cette chienne m’a royalement lat-té-la-gueule ! Cela-dit… » Il sembla chercher quelqu'un mais se résigna et brandit simplement son poing en l'air. Il avait vraiment l'air furax, en vrai je ne l'avais jamais vu comme ça.« Mes poings sont encore assez solides pour riposter. Il reprit son inspection de l'assemblé. Une petite voix me disait que c'était peut-être moi qu'il cherchait mais pourquoi m'accorderait-il un quelconque intérêt? Je me fais des films toute seule. Et maintenant que tu m’as gentiment dégagé de mes fonctions et que tu n’as plus rien à me voler, tu ne trouveras plus aucunes jupes dans lesquelles geindre et pleurer, petite traînée… »  Où est-ce que tu te ca… ? AH ! » s'écria-t-il victorieux.

Son regard était braqué vers moi ce qui me fit me redresser et même me retourner mais il n'y avait personne derrière moi puisque je m'étais volontairement mise à l'écart.« Winfrey, tu es là ! J’écarquillai de grands yeux, ne comprenant plus rien à la situation un arrière gout de déjà-vu amer dans la bouche. Qu'est-ce qu'il me veut? Quel est le rapport entre moi et sa place de chef? Allez, sois pas timide, te planque pas comme ça. Je suis certain que tous les Rho Kappa meurent d’envie de découvrir la tête de la gueuse qui m’a baisé comme on baiserait une catin dans le Bronx ! Poète en plus. Harmony Winfrey, camarades ! Retenez bien son nom et son visage, parce que derrière son masque ridicule de petite sainte-nitouche, c’est une pu-tain de vraie salope ! » Moi une salope? Ce serait mentir de dire que ses propos ne me blessèrent pas parce c'est bien la seule chose que je suis sûre ne pas être et même la seule estime que j'ai de moi. Des étudiants se retournèrent me cherchant du regard, d'autres me trouvant. « Et j’en ai sauté tellement des chiennes dans ton genre que tu ne peux pas me tromper, crois-moi. » Il fit une pause comme pour laisser bien ses mots abjectes pénétrer en moi, peut-être qu'il n'a pas coucher avec moi mais je ressentis son intervention comme un viol. Depuis sa dernière intervention, je n'avais trouvée le repos que dans l'indifférence de cet être cruel malheureusement une autre part de moi souhaitait me venger, lui montrer qu'il a tort, que je ne suis pas l'image qu'il donne de moi.« Avis à tous les collectionneurs d’hymens : Winfrey doit être sa-cré-ment bonne au pieu, nom de dieu ! Pourtant…Pourtant, ce n’est pas seulement à cause du bonnet B qu’elle a le malheur de partager avec Bardot, que pour toutes les gâteries du monde, j’préférerais ne pas l’initier aux plaisirs de la vie. Et je dis ça, or on sait tous combien c’est jouissif de faire bouffer cris et sueurs à ces petites suceuses prétentieuses… ! Non… »

Ses propos sont horribles, indescriptibles tellement affreux que j'aurais souhaité être sourde en cet instant. Dans mon esprit c'était le chaos, tous les regards-tout du moins je le ressentais ainsi- étaient braqués sur moi... j'avais l'impression que mes jambes allaient me lâcher. J'avais envie de disparaître de fondre en larme, de l'insulter. Pourquoi il a autant de haine envers moi qui ne demande qu'à être son strict opposé: passer inaperçu une ombre. J'étais si on y regardait bien complètement aux antipodes d'Emeric.

« Vous savez… je vous parlais, il y a une minute, de secrets qui ne se gardent pas. Et il y a ces bruits qui courent… Ces bruits qui courent à propos de ta santé, Winfrey. Bien sûr, je sais… C’est pas toujours facile de savoir quel crédit accorder aux rumeurs mais… Une part de moi s’obstine et me martèle constamment le crane en me répétant encore et encore qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Tu comprendras que je ne peux pas rester sourd, et qu’il est dés lors de mon devoir d’en informer les autres. C’est une question de principes. Donc… selon certaines sources, mes amis, ce que j’ai entendu, c’est que la Gueuse serait en fait une putain de séropositive. Alors je vous conseille vivement de faire attention où vous rangez vos queues !Love you ! »

Il embrassa provocateur 2 fois le bout de son index et son majeur joints comme s'il envoyait un baiser peut-être bien dans ma direction, à dire vrai j'étais plus vraiment capable d'analyser. Le rouge monta à mes joues, mes yeux s'embuèrent mais je refusai de pleurer pas devant lui, jamais! Ses propos ne sont qu'un tissu de mensonge! Il avait donc fait des recherches sur moi, il descendit du podium tel un prince. Une demoiselle monta sur le podium à sa suite mais moi, je me sentais trop mal pour écouter et faire quoique ce soit, j'avais l'impression que tous le monde parlait de moi. En même temps, comment le contraire aurait pu être possible après l'intervention coup de poing haineux d'Emeric. Pour la deuxième fois cette année Emeric venait de m'humilier publiquement d'après lui c'est de ma faute la perte de sa place de chef mais j'étais au courant de rien! Je ne savais pas quoi faire me défendre en montant sur le podium mes jambes refusaient de me mener jusque là, partir en lâche? Le plus simple ou bien je relevais le regard voyant Emeric discutant, ricanant avec ses potes... je dois au moins mettre au clair une chose!

La foule commençait à se disperser l’événement touchant à sa fin c'est en serrant les poings et en disant simplement à Aya: - Désolé, je dois régler un petit détail que je me dirigeai d'un pas déterminé vers mon tyran, vers le diable en personne! Plus la distance me séparant de lui s’amenuisait plus mon coeur frappait fort contre ma poitrine, moins j'avais de la détermination.

Lorsqu'ils me virent approcher, ils se turent alors qu'avant ils discutaient en me fixant mais je pouvais lire sur leurs visages à quel point cela les amusait. Je fixai Emeric le visage neutre, il était bien plus grand que moi ce qui m'agaçait car ça renforçait ce sentiment de supériorité qu'il exerçait sur moi.
Il bascula la tête en arrière en soupirant puis leva les yeux au ciel afin de me faire comprendre que je lui faisais chier, ça tombe bien c'est réciproque... comme quoi Emeric on peut trouver un terrain d'entente toi et moi!
- Super… Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là maintenant ? dit-il alors que j'étais même pas encore à 1 mètre de lui.

- J'peux te parler 5 minutes? Il me fixa avec son mépris dont j'étais familière puis il croisa ses bras sur son torse, on dirait un gosse.
- Mais on t’écoute, Winfrey.  dit-il en insistant sur le "on".
Les gorilles qui lui servaient d'amis ricanèrent en gueulant quelque chose dans ce genre- fais gaffe de pas choper le SIDA. ce qui provoqua un rire particulièrement théâtral de mon tyran. En privé... ajoutai-je.

Je ne suis pas sûre qu'il accepterait mais je refusais de discuter devant ses potes, si Emeric était chiant seul à seul, il était tout simplement imbuvable en groupe. Il haussa les sourcils avec un sourire plein de sous-entendus. 

- Tu viens me déclarer ta flamme ? Je fais cet effet-là à tout le monde. 
Bien malgré moi je rougis légèrement et fus incapable de répondre quoique ce soit pourtant dans mon esprit j'avais des phrases toute faite pour le rembarrer du genre "tout le monde sauf moi".
- Méfie-toi mon vieux, tu sais pas ce qui t’attend si tu la suis. 
Il prit une pause faisant penser à l'armée, ça aurait pu être drôle si ce n'était pas lui!
- Je serais fort, l’ami. 

Ça donnait déjà le ton de cette conversation: il ne me prenait pas du tout au sérieux.

Je m'éloignai de ses potes sentant son regard transpercer mon dos alors qu'il me suivait, je détestai ça surtout depuis que je savais ce qu'il pense de moi: une pute plate, moche et sans aucun style. Je ne m'écartai pas non plus trop de la foule j'ai aucune confiance en lui mais je me plaçai de sorte à être pas non plus à portée de toutes les oreilles. Il était là me narguant du regard, je le dévisageai une grimace sur mes lèvres, impossible à retirer. Cependant, je me forçai à ne pas détourner le regard tout du moins le moins possible, tâche très ardu surtout que ça me fait mal de le dire mais il est loin d'être laid et il le sait. Il est bien proportionné et même si son visage est assez carré, il est loin d'être désagréable à regarder alors que moi... ma tenue, mon visage, tout était à jeter. Il avait clairement l'avantage et de toute façon si on comparait notre relation à un jeu de carte ce n'était pas avec mon misérable jeu que j'allais l'effrayer, je n'étais pas là pour ça quoiqu'il en soit.

Je soupirai regrettant déjà d'avoir décidée de passer 1 minute de plus à discuter avec ce type. Il croisa à nouveau les bras me déshabillant presque du regard. Il faisait exprès, je ne devais pas me laisser démonter. Il pencha la tête sur le côté, haussa un sourcil avec dédain. 

- Et quoi ? T’as pris des cours pour mieux vivre en société ?

Je levai les yeux au ciel: - Non, ça m'intéresse pas. ...surtout si c'est pour devenir comme toi ou tes putes puis je repris un air sérieux.
-Je sais même pas comment réagir te haïr, être flattée, énervée, blessée ou te maudire toi et ta famille sur plusieurs générations? C'est un peu de tout comme tu t'en doutes!

- Tu peux aussi très simplement me remercier. C’était gratuit.

Ce mec est insupportable, on dirait un gosse plus j'apprend à le connaître plus je vois un gamin le soucis c'est qu'il a beau agir comme tel, il peut faire preuve d'une grande maturité et il est surtout loin très loin d'être abruti... autrement dit il est pas comme Trey et donc à mes yeux bien plus dangereux.

Je vais pas te faire la morale t'es loin d'être con, tu sais quand ce que tu fais est bien ou non.

Il haussa les épaules et les mains avec un air interloqué. 
- Parfait ! Tu sais tout ce qu’il faut savoir. Pourquoi tu viens pomper mon temps, alors ?

J'avais très envie de lui dire et toi tu peux pas la mettre en veilleuse 5 secondes mais m'en fis rien, sinon le dialogue risquait de s'éterniser... essayons d'être plus intelligente que lui et ne répondons pas à ses provocations.

Venons en au faite, il ya 2 raisons qui me poussent à venir parler dans le vent avec ton adorable personne. Je le fixai attendant une pointe, une réflexion une moquerie ou que sais-je. Je savais que j'allais parler à un mur mais qui sait peut-être que rien qu'un peu une ou 2 infos ne seront pas filtrées par son petit cerveau!

-La première c'est que je savais même pas pour ton histoire de chef, j'aurai bien envie de m'excuser pas pour toi mais pour les membres de ta confrérie qui t'apprécient ... doit bien en avoir murmurai-je plus pour moi que pour lui mais je sais même pas ce que j'ai fait à part subir tes caprices et ma lapidation à la cafet.. bref.

Je reculai mettant encore un peu plus de distance entre lui et moi. Son sourire provocateur fit place à un nouveau masque bien plus effrayant. Ses traits se durcirent et son regard se noircit dés que j'abordai le sujet de sa démission. Il se mit à m'imiter bien sûr en exagérant pour mieux m'humilier... j'avais envie de lui tirer une claque.

- Tu ne sais pas ce que tu as fait… ? il se mit alors à me parler comme si j'étais une gamine, au moins on sera du même niveau! Et le jour où tu m’as laissé en plan, ça t’dit rien ? Tu sais, quand t‘as été te plaindre chez ce connard d’Eden comme la grosse petite lâche que t’es, tout ça parce que j’ai été te rappeler à l’ordre dans ta Confrérie débile ? Son ton se fit sec pour la suite de sa phrase: Me prends pas pour un con, Winfrey. Je pourrais mal le prendre. 

Je soupirai en le dévisageant l'air de dire pauvre petit orphelin, il manquait que les violons mais malgré tout il me faisait peur même si je refusais de l'avouer... oui il me faisait peur quand il était aussi ... instable. Je finis simplement par lui dire: - Oui, tu as dû tellement être blessé de pas me voir venir puis je tendis mes mains devant moi ok ok c'est bon j'ai compris. C'est de ma faute, je suis une grosse vilaine lâche qui ose m'en prendre à plus fort que moi... c'est vrai c'est tellement plus courageux de s'en prendre à une fille isolée avec ses potes et l'humilier devant tout le lycée.

Je continuai rapidement avant qu'il ne réplique.

La véritable raison de ma venue c'est pas ça, je m'en tape royalement au fond... non ce qui me dérange vraiment c'est ta recherche infructueuse sur mon soi disant secret et ma soi-disant séropositivité. Même ça t'es pas foutu de le faire correctement … je me stoppai, je refusai de prononcer son prénom.. jamais je ne le dirais à haute voix ça serait comme créer un lien plus fort nous reliant, à mes yeux les prénoms ont une place très important dans les relations et une fois que l'on prononce le prénom d'une personne, on obtient un petit bout de lui. Je suis folle et alors? Lui, il me fixai avec un immense sourire.

Vu que c'est pour protéger mon secret que j'ai dû entendre une éloge de ta personne, à choisir j'aurais préféré qu'on le révèle et surtout j’articulai bien distinctement les syllabes en le fixant avec un visage fermé pendant que monsieur se foutait royalement de ma gueule. Il accentuait chacune de ses réactions selon mes propos prenant un air faussement outré. pour te faire comprendre à quel point j'en ai rien à foutre de tes interventions et que j'ai pas peur de toi tiens je te donne même des armes pour me détruire ... Mon secret c'est XXXX (secret donné en MP à Emeric mais comme je ne peux mettre un hide que pour lui je censure) Je relevai le regard vers ce géant perdant presque pied dans ses prunelles froides. Je me tenais à une bonne distance d'au moins 1 mètre.

-ça fait mal de le dire mais oui je suis pas spécialement belle, pas spécialement intelligente, plus plate qu'une planche à pain je suis même sur que t'as plus de poitrine que moi, terne et qui passe complètement inaperçu, aucune notoriété et en plus peu d'amis et refermée sur moi tout ça je le sais déjà tu m'apprends que dalle.. Par contre Il prit un air faussement compatissant qui m'agaçait au plus au point. Ce que je ne supporte pas chez lui c'est bien sa façon de ne jamais me prendre au sérieux! Je le dévisageai mauvaise bien qu'à ses yeux, je devais plus ressembler à un chaton qui râle qu'à un tigre prêt à sortir les griffes. "pute, putain, salope" ça ce sont pas des termes pour parler de moi, il y a bien un truc que t'auras beau essayer toute ta vie durant de dénigrer jamais tu changeras c'est la fierté que j'éprouve pour ma personnalité et le mépris pour ta personnalité non entière. Alors écoute, ouais je suis vierge oui je coucherais probablement jamais avec un mec comme toi mais alors un rire sarcastique s'échappa d'entre mes lèvres alors que lui changeait encore une fois d'expression pour me tourner en ridicule, on dirait un putain de môme qui imite sa mère! si tu savais comme pour moi, c'est la plus belle qualité au monde alors garde ta salive pour ceux qui pensent comme toi... chez moi ça n'a aucun effet. On vient pas du même monde!

Juste sache que clairement je suis pas née dans le but de te plaire, je tirai sur mes vêtements ça se voit non! j'ajoutai ensuite mais c'est le dernier des mes soucis et je dirais même que c'est un miracle je toussotai montrant bien que le terme miracle n'était pas vraiment sincère que nos chemins se soient même un bref instant rapprochés et j'espère bien qu'à l'avenir ils n'auront pas à le faire de nouveau. Je soupirai en le fixant et remis nerveusement mon t-shirt en place. Il continuait son petit cinéma sans se départir de son putain de sourire, bordel que je le hais ce mec!

Je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste,je le déteste, Je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste,je le déteste... et croyez moi c'est rare que je haïsse quelqu'un!

Sur ce et j'espère tout comme toi que cette fois sera la dernière! Tu me fais perdre mon temps et tu perds de ton précieux temps... alors Je déglutis et continuai:
je te remercie de l'intérêt que tu me portes Toi oh Dieu à moi le petit insecte J'hésitai avant d'ajouter: si tu savais comme je suis satisfaite d'occuper une place si importante dans ta vie quand la tienne est si minime dans la mienne. » dis-je avec le plus de mépris dont j'étais possible.

Ne voulant pas le laisser répliquer, n'en pouvant plus de devoir me forcer à lui parler et à le regarder, je pivotai et m'éloignai de ce lieu maudit mais je ne pus rester indifférente à ce qu'il me héla:

-Hey, Winfrey ! je me stoppai, finis par me retourner nos regards se croisèrent. Il avait son petit air satisfait presque suffisant. Je savais. Pour {secret}.

Hébétée par sa révélation, je repris ma fuite loin de ce diable déstabilisée par ce que je venais d'apprendre.

Kevin/ Karen♥

.

Midi, enfin l'heure de la pause loin de ces cours ennuyeux. Je me dirigeai d'un pas rapide vers la cafet affamée lorsque le haut parleur se mit à grésiller et qu'une voix inconnue prit la parole pour nous annoncer:
« Rendez-vous sur le parking du lycée, Un événement très important va s’y produire, rendez-vous sur le parking du lycée, vous serrez peut-être concernés. Allez-y maintenant et tout de suite »

Je soupirai me demandant ce que ça allait bien pouvoir être, hésitant même à m'y rendre mais en voyant les masses d'élèves qui se déplaçaient, je me fis forcing afin d'aller moi aussi jeter un coup œil rapide. Après tout, c'était peut-être une annonce importante du directeur à propos d'un sujet délicat. J'arrivai sur le parking déjà bien rempli d'étudiants. Je pus distinguer un podium et un micro, de plus en plus étrange cette réunion soudaine à l'heure du repas. Cherchant une connaissance du regard, j'aperçus Kevin qui semblait lui aussi chercher quelqu'un et ma main a couper que c'est Karen. Je m'avançai dans son dos et lui dis:

-Tu cherches quelqu'un?

Il sursauta et se retourna puis l'air faussement inoncent me dit: - Non pas du tout, je ne cherche personne. Je me demande juste ce qu'il se passe ici!

J'aimais beaucoup ce jeune homme parce que c'était facile de lire en lui surtout pour moi qui passe ma vie à étudier celle des autres. Il était visiblement mal à l'aise avec le sujet mais maintenant que je commençais à bien le connaître, je ne pus m'empêcher de m'amuser un petit peu avec lui.

-Ah bon? Dommage j'ai vu Karen avec quelqu'un là-bas! Tout en disant cela, je me retournai mais il m'attrapa le bras et me demanda: - Où ça? avec qui? Sa réaction ne me surprit même pas, c'était même pile poils ce que j'avais imaginé.

Je tentai de garder un visage neutre avant de pouffer de rire et de m'excuser: - Désolé, c'était trop tentant.

Il râla en me lâchant et grommela un vexé comme un poux: - Tu prends un peu trop tes aises!

-Et toi, tu mens très mal!

Je continuai ma route, m'enfuyant presque... Je veux pas que Karen pense que je tourne autour de son mec. Elle est effrayante cette meuf, un jour j'ai eu le malheur de rire à une blague de Kevin et de lui faire une remarque, le regard qu'elle m'a lancée, m'a glacée le sang et je suis pas certaine que ça m'était destinée mais plus jamais ça. Au moins, les choses sont claires, ça me rappelle la fois où le prof de chimie nous a attribué les places car des gens discutaient trop. Karen s'est retrouvée assise à côté d'un mec, Kevin s'est levé en plein cours en reversant ses affaires et il a menacé le mec qui soit disant matait Karen. C'est comme un pacte silencieux tout le monde dans la classe sait qu'il y a une chasse gardée.


Je m'installai assez loin de la scène, sur les côtés prête à partir si je jugeais que tout ceci était une perte de mon temps précieux. Kevin et moi nous nous étions rapprochés lors d'un exposé en littérature et même si c'est une brute de décoffrage sans aucune finesse, macho, vulgaire et sans gêne. Il m'a quand même sorti que si j'étais pas aussi plate, je pourrais attirer les mecs et que je cite "sinon, t'sais on a inventé des brosses à cheveux!" Malgré tout ça, c'est quelqu'un qui au au final est très simple et sincère, ce n'est pas péjoratif mais disons qu'il peut se faire facilement avoir. Nous ne sommes pas amis pour autant mais quand on se croise dorénavant on se parle.

Je survolai la foule mais ne pus ni distinguer Jack ni Hayley résignée, je me calais contre le mur au moment où plusieurs étudiants nous firent face sur le podium. C'était les chefs et co chefs de chaque confrérie et vu leurs visages, ils n'avaient pas vraiment envie d'être là. Je reconnus Adam, Ki des AP, Maeko et Mahina mes chefs pour le reste aucun visage ne m'était familier. Je fus d'ailleurs surprise de ne pas apercevoir Emeric le chef des Rk, il avait peut-être rendu son tablier, c'était pas une perte. Comme tous mes camarades, je compris bien vite la raison de notre venue, les chefs afin de sauver nos secrets et le mien en l’occurrence devait sélectionner une personne de leur entourage et en faire son éloge. Je savais que je ne serais pas l'une de ces personnes mais j’espérais que mon secret était entre de bonnes mains, j'avais été tellement surprise par cet étrange texto. Plusieurs chefs défilèrent avant que ce soit au tour d'Adam, mon prof de photo toujours aussi excentrique. C'était la seule personne qui aurait pu éventuellement même si je sais pertinemment que ça n'allait pas être le cas nous ne nous connaissions pas assez pour ça. Il appela sa colocataire et ma prof de japonais : Aya. C'était une déclaration vraiment touchante. Je découvris par la suite que c'était à présent une demoiselle à la tête des RK et qu'un petit con prétentieux était co chef, la relève d’Émeric était assurée. Mahina aussi intervient et elle choisit une jeune fille timide que je ne connaissais pas, puis Ki monta sur scène pour parler de son meilleur ami qui d'ailleurs le rejoint sur scène. C'était des retrouvailles attendrissantes suivit par un mini scandale et accrochage entre une fille en béquille et la chef des RK, une parfaite inconnue intervient même pour rattraper les propos de son co-chef. On dirait un zoo cette confrérie! Je commençais à avoir vraiment faim, je me convins de tenir encore un peu, peut-être qu'il y allait y avoir un truc intéressant à la fin. Et puis, il restait peu de monde à présent.

J’étais sur le point d’aller manger quand les haut-parleurs du bâtiment se mirent à grésiller. En général, ils annonçaient le discours de quelqu’un. Un prof ou un personnel de l’administration, afin de nous faire passer un message ou d’appeler un élève au secrétariat. Avant de sortir du bâtiment, j’attendis donc que l’annonce soit passée, on ne savait jamais, je pouvais être concernée. Une voix robotique s’adressa à nous, nous invitant à nous rendre sur le parking pour un événement important. Je ne pouvais dire qui nous parlait, je n’en avais pas la moindre idée. Cependant, je décidai de ne pas aller manger tout de suite et d’aller voir ce qu’il se passait. Lentement, je me dirigeai vers le parking. Je ne marchais pas très vite et bon nombre des gens étaient déjà sur les lieux quand j’y arrivai. Je restai un peu à l’écart, ne désirant pas me mêler à la foule, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Je cherchai quelqu’un que je connaissais du regard. J’aperçus quelques visages familiers, en particulier celui d’Ayase, non loin de moi. Je l’appelai et elle me rejoignit. Mais ce qui m’étonna le plus, ce fut de voir Ki tout près de la scène, anxieux. Mais il n’était pas seul. A ses côtés, Adam, notre chef, Mahina, la chef des Nu Zêta, Nathan et Sasha, le chef et l’adjoint des Pi Sigma, Ashlyn, adjointe des Rho Kappa, Leahna, chef des Sigma Mu ainsi que d’autres personnes que je ne connaissais pas. Les représentants de chaque confrérie étaient tous réunis, mais pourquoi ? Ki ne m’avait pas dit qu’il avait quelque chose à faire aujourd’hui. En même temps … Il restait assez secret sur ses activités d’adjoint. Je savais que les chefs avaient beaucoup de secrets pour les simples membres, leur position les obligeant. Je me remémorai la nuit d’il y a deux jours, celle pendant laquelle une alarme incendie avait sonné. Ki s’était éclipsé juste après, ne revenant que plus tard dans la nuit. Y avait-il un lien ?

Nous étions déjà un petit nombre amassés devant l’estrade lorsque Leahna monta. Je la connaissais depuis peu, mais je m’entendais bien avec elle. Elle faisait partie des rares personnes à ne pas me juger ni me descendre parce que j’étais enceinte. Elle était gentille et respectait mon choix de garder le bébé. J’écoutai attentivement ce qu’elle dit, ne sachant pas du tout pourquoi elle était là. Il semblait qu’elle faisait un discours élogieux sur quelqu’un. Après elle, Nathan monta et en fit de même à sa mère. Mahina prit la parole elle aussi, s’adressant à Vicky. Et ensuite, ce fut Adam. Depuis mon retour, je m’entendais beaucoup mieux avec lui. M’éloigner de Miami m’avait permis de prendre du recul sur certaines choses que j’avais vécues. Et dorénavant, je n’avais plus aussi peur d’Adam. Il m’intimidait toujours, mais beaucoup moins qu’avant. Je fus très surprise de l’entendre appeler Ayase à le rejoindre. Ces deux-là vivaient dans la même chambre mais ils ne pouvaient pas se voir. C’était triste, dans le fond Adam n’était pas quelqu’un de méchant. Il était juste … particulier. J’étais touchée qu’il fasse l’effort de dire toutes ces belles choses à mon amie. Peut-être qu’à partir de maintenant, ils allaient mieux s’entendre ? Quand elle redescendit, ma meilleure amie revint à mes côtés.

- Bah dis-donc, c’est bien Adam qui t’a dit ça ?! Ris-je. C’était mignon, même s’il a pas été que gentil …

Nous rîmes toutes les deux et je me reconcentrai de nouveau sur ce qu’il se passait. Un inconnu prit place. Quand il eut fini, Ki se montra à son tour. J’ouvris grand les oreilles et les yeux. Qu’allait-il dire ? Il avait l’air vraiment nerveux, il faisait tout ça à contre cœur. Il révéla d’abord qu’il aurait pu parler de Vicky ou d’Adam, mais qu’il faisait un autre choix. Il s’excusa même auprès de Maira, une nouvelle membre, parce qu’à cause de lui son secret serait révélé. Je ne comprenais plus rien. Cette réunion de chefs me dépassait complètement. Je posai mes mains sur mon ventre et écoutai toujours le père de mon enfant. Qui parla de son ami d’enfance, Jun Kang. Il ne m’avait parlé de lui qu’une seule et unique fois, et encore, je ne connaissais que son nom. Je savais qu’en Corée, ils étaient amis depuis des années. Il avait des photos de lui et d’une jeune fille dans sa chambre. Je n’avais pas osé poser plus de questions à son sujet, donc je n’en savais pas plus. Il révéla qu’ils s’étaient perdus de vue. Peut-être était-ce pour ça que je n’en avais jamais entendu parler autrement. Puis Ki commença son discours. Ses phrases étaient ponctuées de soupirs, il était toujours aussi nerveux, mais je sentais qu’il était sincère. Je ne savais pas qu’il avait quelqu’un à qui il tenait autant. Pourquoi ne se voyaient-ils plu ? J’étais émue par ses paroles. Ki n’était pas quelqu’un d’expressif, pas à ce point, pas comme ça. Mes pensées se perdirent sur cette amitié. Mon petit-ami souffrait-il de l’absence de ce Jun ? Ils semblaient être proches, à quel point ? Et si le retrouver lui faisait du bien ? J’étais surprise par tout ce que j’entendais, agréablement surprise. Mais ce n’était pas fini.
Avant que Ki ne quitte la scène, quelqu’un monta. J’écarquillai les yeux en le reconnaissant. Jun. Il s’appelait Jun. Je l’entendis distinctement parler à Ki en coréen. Puis il embraya avec de l’anglais, s’adressant à la foule. Il étreignit Ki, qui ne réagit absolument pas, paralysé. Alors Jun était l’ami d’enfance de Ki. Ils se connaissaient. Ils se connaissaient et moi je ne m’en étais pas rendu compte ! Ca faisait déjà un moment que Jun étudiait ici, sans savoir que Ki était juste à côté et inversement. Ces retrouvailles étaient touchantes, j’en avais les larmes aux yeux. Après quelques paroles et rires, ils descendirent tous deux de l’estrade. Je me dis que j’aurais pu les rejoindre. Je les perdis dans la foule et je me tournai vers Aya.

- Je vais essayer de les trouver pour leur parler, je ne savais pas qu’ils étaient amis ! Je reviens plus tard.

Puis je tentai de fendre la foule, faisant attention à mon ventre, que je protégeais en vain avec mes petites mains. Je pris la direction de la scène sur laquelle un autre chef était monté. Lorsque je reconnus enfin le visage de l’un des deux, je me mis à sourire et à presser le pas. Mais Jun commença à s’éloigner de Ki, l’air visiblement content. Peut-être ne pouvait-il pas rester avec lui pour le moment ? Je me décalai un peu pour le croiser.

- Jun !

Il s’arrêta un instant, me regardant. Il avait un sourire indéchiffrable sur le visage.

- Je ne savais pas que tu connaissais Ki ! C’est juste … incroyable.

Je tournai la tête vers Ki, il semblait abasourdi. Mais de loin, je ne voyais pas très bien son visage. Je décidai de laisser Jun, peut-être qu’il avait quelque chose d’important à faire.

- Il faudra que tu viennes nous voir tous les deux. Et je te laisse filer moi, je vais rejoindre Ki. A plus tard !

Je me détournai de lui pour avancer de nouveau vers mon copain, avec précautions. Arrivée à son niveau, je me rendis compte qu’il avait les larmes aux yeux et qu’il était vraiment chamboulé. C’était adorable. Je me collai à lui en souriant.

- Je ne savais pas que tu connaissais Jun. C’est formidable que vous vous retrouviez !

Puis je me hissai sur la pointe des pieds en l’embrassant, tandis que le défilé sur la scène continuait. Je ne me rendis pas compte que quelque chose clochait vraiment. J’attribuai son état à ces retrouvailles soudaines. C’était ça, mais je ne vis pas qu’il y avait quelque chose de plus. Je ne vis pas que Ki était désemparé, touché.

- Ton discours était très beau, lui murmurai-je. Tu dois vraiment beaucoup tenir à lui. Je suis contente … que la vie vous ait de nouveau réunis.

Je décidai de rester avec lui jusqu’à la fin de la manifestation, je me sentais bien dans ses bras. Et puis au pied de la scène il n’y avait pas grand monde, juste les autres chefs. Je souris à Adam au passage. Je me perdis dans mes pensées pour le reste de l’animation, imaginant quelques dessins sur lesquels je pouvais représenter les deux amis qu’étaient Ki et Jun. Et je ne vis toujours pas qu’il y avait un problème.

HRP (spécial pour Ki) ::

Jun et Ki

.