39. Sea, sex and sun ♪

Sea, sex and sun ♪



Wynwood voice & Harmony

J'étais spécialement revenue à Wynwood pour récupérer quelques unes de mes affaires et surtout pour finaliser mon inscription en première année de fac l'année prochaine. J'étais relativement enchantée, non, pas d'aller sur les bancs de la fac mais bien de mettre de bonnes distances entre moi et Emeric. J'avais été un peu trop en contact avec lui ces derniers mois au point que sa présence était presque devenue naturelle. J'ai l'impression qu'il me hante même quand il est pas là, je me surprend à sursauter de peur de le croiser au détour d'un couloir... je pense Emeric, je vis Emeric et je chie même Emeric...Tout ça parce que j'ai dû le loger chez moi mais en plus me le coltiner chez les Nu Zeta sans compter que je l'ai revu pour la fête RK mais oublions ça. Je secouai la tête chassant ces vilains nuages gris gorgés de pluie.

J'étais passée à la bibliothèque un peu plus tôt pour rendre tous mes livres empruntés, j'étais ensuite retournée dans ma colocation vide depuis le départ de mon colocataire. Je déposai mon sac à dos sur mon épaule et me retournai une dernière fois avant d'éteindre la lumière du logement. D'un côté ça me faisait bizarre de me dire que pour moi le lycée, c'était terminé, je jouais maintenant dans la cour des grands. J'avais choisi la psycho car c'est ce qui m'intéressait le plus et j'étais certaine de ne pas recroiser, ni même entrapercevoir une mèche des cheveux châtains clairs de ce diable de Kürschner. Alors que je déambulai dans les couloirs, le haut parleur prit vie et une voix déformée mais bien connue des wynwoodien prit la parole. The voice, la garce raconteuse de ragot de Wynwood. Généralement, je ne craignais pas vraiment ses interventions elle se concentrait bien plus sur les gens "in" et pas sur les fantômes sans intérêt comme moi.

"Bonjour Wynwood !Je sais que le son de ma voix vous avait manqué, mais ne tardons pas en explications perfides, je viens au rapport, vous alarmer sur ce qui vous avait peut-être échappé. Pas la peine de vous parler têtard et couche culotte, on sait tous que Wynwood est votre baisodrome préféré. Et même si Mahina Taymour a provoqué son accouchement intentionnellement dans le but de tuer son bébé, on ne lui en voudra pas quand on regarde la gueule du père...D'ailleurs, pour ceux qui se demanderont de qui Maeko Matthews tiens son morpion, il s'agirait du résultat de ses anciens castings. Je parle bien de sa carrière foireuse dans la pornographie. Avant d'arriver sur la terre promise, il semblerait que sa poitrine aussi plate que celle d'un homme et son incapacité orale aurait enterré ses rêves de célébrité.


Nous n'étions pas nombreuses chez les Nu Zeta mais là on prenait cher. J'écoutai distraitement marchant d'un pas tranquille, mes pas rythmant le venin de la garce la plus célèbre de Wynwood. J'avais fait quelques apparitions dans la voice et ce depuis que j'avais eu un différent avec Emeric, c'est d'ailleurs uniquement de sa faute si j'apparaissais dans les potins de cette garce. Voilà ce qu'il en coûte de traîner même de loin avec ce genre de mec.

Dites les filles vous avez vu la nouvelle équipe de l'académie. Entre les Young dont on a toujours douté de leurs orientations sexuelles, j'ai appris que Jack Kent s'était donné à cœur joie sous le bureau du coach Lane afin d'avoir un post en titulaire. D'ailleurs, c'est pas le seul nouveau à intégrer l'équipe avec un poste bien placé... N'est-ce pas Meven. C'est douteux tout ça. J'irais bien demander des détails à mon ami Emeric Kürschner mais il est occupé à entretenir la ferme des Nu Zêta et traire sa vache à lait préférée, Harmony."

Au nom d'Emeric, je me stoppai au milieu du couloir et la fin de sa phrase me foudroya littéralement sur place. " sa vache à lait préférée, Harmony", elle parlait bien de moi?! Je ne rêvais pas... j'étais à nouveau mise sur les feux des projecteurs en compagnie de mon cher ami Kürschner. Si seulement je pouvais l'oublier celui-là qu'est-ce que ça me ferait des vacances pourtant à l'entente de cette rumeur complètement stupide une scène du bal RK refit surface à mon grand désarroi. Il était tard, beaucoup des étudiants étaient défoncés et je discutais avec Jack lorsqu'une main puissante m'avait agrippée par la taille.

Jack semblait choqué et j'étais tellement surprise par ce geste que je n'osais pas bouger au début. Je m'imaginais tout et son contraire: un mec un peu trop bourré, Kevin qui s'amuse à faire chier ...mais surtout je ne pensais pas une seule seconde à ce que j'allais découvrir en me retournant. Il avait gueulé dans mes oreilles "Winfrey" alors que je fixai son visage beaucoup trop près du mien horrifiée. J'étais trop abasourdie pour répliquer et il puait l'alcool sur plusieurs dizaines de kilomètres. J'avais tenté de le faire lâcher mais il s’était mis de nouveau à gueuler comme un putois en rûte:"J'aurais voulu que ton équipe, elle perde. Comme ça j'aurais pu te demander de m'embrasser. Et t'aurais pas pu refuser."

J'étais tombée des nues même si je savais qu'il disait ça pour me faire chier, il n'empêche que je ne m'y attendais pas le moins du monde et sa déclaration colora mes joues d'un magnifique rose. Je déteste être prise au dépourvu et encore plus par lui. Son affirmation trouva écho en moi, je m'étais imaginée en train de l'embrasser ce qui accentua ma gêne. Désespérée et prise au piège, je l'avais repoussée en criant "arrête de te foutre de ma gueule!" avant de m'enfuir du bal sans un mot d'explication même pour Jack. Rien qu'en y repensant je sentis le feu monter jusqu'à mes joues, j'aurais dû lui tirer une claque aussi bien il croit que j'ai des sentiments pour lui maintenant. Mon dieu, tout mais pas ça... de toute façon on parle d'Emeric dans sa petite tête toutes les femmes son amoureuses de lui. Je posai mes paumes froides sur mes joues brûlantes et regardai autour de moi, je n'avais pas écouté la suite des rumeurs mais j'en avais suffisamment entendu. Plusieurs étudiants me dévisageaient, j'avais l'impression qu'ils m'imaginaient tous en vache en train de me faire traire par Emeric. Quelle horreur!

Je baissai la tête et me mis à courir sans me retourner jusqu'à ce que je sois sortie de ce lycée maudit. Une fois à l'extérieur, je m'écriai à plein poumons dans la cour: - qu'est-ce que je hais ce mec! Je me remis à courir jusqu'à l'arrêt de mon bus qui m’emmènera loin de cet endroit infâme. En chemin, je continuai à maudir Emeric, ses ancêtres et ses futurs descendants. Même sans le croiser, ce mec arrivait à me taper sur le système, on devrait lui décerner une médaille!

CRÉDIT - CSS

39. Sea, Sex and Sun.
La Voice.

Plein été. Il fait chaud. Trop chaud même. Je n'irai pas jusqu'à parler de canicule mais pas loin. Je n'irai pas non plus jusqu'à dire que c'est semblable à Sydney, à l'Australie mais pas loin non plus. En fait, à y regarder vite fait, on pourrait s'y croire, mais de plus près on y voit toute les différences. Enfin ... Moi je les vois. Même dans l'état dans lequel je suis, même avec la gueule de bois, et la déprime qui me suit depuis des mois. Oui, même avec ça, je sais que je ne suis plus la-bas. Faudrait être cruche pour confondre ... Et je ne le suis pas. Je suis conne mais pas cruche. Je suis tout sauf ça. Et en ce moment, je suis surtout fatiguée. Fatiguée de tout. Fatiguée de la chaleur, fatiguée d'entendre ma mère retenir ses pleurs au téléphone, fatiguée de résister. De résister à ce qui, depuis près de deux mois, si ce n'est plus, traine dans le tiroir de mon bureau. Le petit sachet de poudre que m'a donné Shane le soir du bal de promotion .. Je n'y ai pas touché, pas encore et c'est pas l'envie qui me manque. Je vois pas le problème ... Ça aide ces trucs la. Ça fait de nous des gens qui se sentent bien, même si ce n'est qu'un temps, ça fonctionne. Et dans mon souvenir, ça fonctionnait même très bien. Et j'aimais ça. Ouais. Il y a eu un temps où j'aimais ça au point de ne plus pouvoir m'en passer, au point de presque en mourir. Alors j'hésite. J'hésite à recommencer parce que je sais. Je sais que je vais reprendre comme avant. Je sais qu'au début ça me suffira mais qu'après un moment, j'en voudrais plus, encore et toujours plus. Je le sais. Je m'en doute. Je suis quasi certaine que c'est ce qui se passerait si j'y touchais, mais c'est là, à portée de mes mains, alors c'est dur.

Pour éviter de craquer, je me retrouve obligée, forcée, poussée à passer mes journées presque entières dehors. Hors des quatre murs qui constitue ma chambre. C'est horrible. Je déteste avoir à faire ça parce que dehors, encore plus qu'à l'intérieur, il fait chaud. Tellement que si je prends une glace, elle fond dans les cinq minutes qui suivent sa mise en pot. Et pourtant, en sortant, j'évite la catastrophe, j'évite le crash, la fin.
Aujourd'hui, j'ai pas envie, comme la veille et l'avant veille d'ailleurs. J'ai pas envie de sortir, d'aller dehors, mais je dois fuir. Alors je choisi d'aller à la bibliothèque. La bibliothèque ... Ouais, même moi ça m'arrive d'y aller. La bas, il y fait plus frais, et puis, c'est rempli de bouquin . Et contre toute attente, j'aime lire. Ça me distrait. Un temps. Avant que je ne recommence à m'ennuyer. Alors je vais sur les ordinateurs ... Le truc qui sert à rien parce que j'ai le miens dans ma chambre, qui m'attends, avec tous mes logiciels, mes documents, mes recherches, mais non, il faut que j'aille sur des Pc scolaires. Connasse.

C'est complètement stupide et pourtant, je persiste. Je commence un livre puis le repose après un chapitre pour en prendre un autre et faire pareil. Je répète ça quatre ou cinq fois avant de me concentrer sur un seul et unique ouvrage, que je lis à moitié pour pouvoir le finir plus tard, parce que je l'emprunte pour le soir. Dans ma chambre, j'en ai. J'en ai que j'ai lu et relu, en long et en travers, du début à la fin. Et je ne m'en lasse pas, mais je veux du nouveau. Des choses neuves. Des histoires tristes, aux thrilles, je passe par tous les genres temps que ça me permet de penser à autre chose qu'à mon frère, qu'au sachet à la poudre blanche ...
Quand je m'assois près de la fenêtre, c'est pour faire semblant de m'intéresser à ce que j'écris alors que je passe chaque minute qui s'écoule à regarder les adolescents qui prenne l'air à l'ombre sur la pelouse devant l'établissement. Les gens sont si ... Étranges et intéressants. Ils font tellement de choses bizarres et de choses censés qu'on ne sait plus. Ils sont ce qu'ils sont. Comme je suis ce que je suis. Mais ce n'est plus important, ce que je pense ne l'est plus non plus parce que d'un coup, mes oreilles se concentre sur quelque chose de nouveau. Une voix que je connais, une voix que tout le monde connais et que tout le monde espérait disparue. Mais non, mademoiselle était bien la, et visiblement avec de nouvelle rumeur en sa possession.

Elle nous salue avec enthousiasme parce qu'elle est heureuse. Parce qu'elle sait que ce qu'elle s'apprête à faire lui vaut de faire naître chez beaucoup d'énorme envie de meurtre. Parce qu'elle sait qu'elle agace, qu'elle énerve, qu'elle humilie. Mais elle aime. Elle aime ça. Elle adore faire ça parce qu'elle n'a que ça. Elle n'a que ça pour exister. Mais existe t'elle vraiment ? Cette fille personne ne l'a jamais vu, de ce que je sais. On l'entend, beaucoup, beaucoup. Tous les mois ou presque. En juillet, on ne l'avait pas entendu et elle revenait plus forte, plus méchante, plus perverse.
J'y ai eu droit moi aussi. Plusieurs fois. Et pourtant, je ne suis la que depuis février ou mars, je ne sais plus. En fait, cette fille la, m'intéresse tellement peu que je ne me souviens plus de ce qu'elle a dit sur moi ... Peut être était-ce en rapport à mon orientation sexuelle, comme quoi j'étais lesbiennes. N'importe quoi.
Tout le monde devrait s'en foutre mais ce n'est pas le cas. Personne ne devrait lui donner d'importance mais tout le monde le fait. Ils sont bêtes. Je les regarde. Les gens à l'extérieur réagissent à la voix féminine en levant la tête, en fixant ce dont il est sujet et certains ricanent jusqu'à ce que ce soit leur tour, et la ils ne rient plus. Abruti.
Mais moi, j'attends. J'attends que ça vienne, un sourire sur le visage parce qu'elle m'indiffère, et que ce qu'elle dit je m'en fou. Et la, elle parle de Paytah, et de la mort de Ty. Visiblement, les événements tragiques ne l'arrête pas. C'est une garce. Tout le monde le sait.
J'attends toujours. J'attends qu'elle finisse de critiquer le Pi Sigma sans être sur que j'ai ma dose. Sans être sur qu'elle parle de moi parce qu'on a jamais la certitude d'être permis ses cibles du mois. Et la, ça se confirme. Dans la bibliothèque, certains me regarde. Me fixe d'un air dégouté parce que certains y croit. Ils croient que je change de sexe, et que je suis sous anabolisant. Puis mon tour passe et les gens se désintéresse. Ils écoutent la suite en se moquant de ce qu'ils entendent espérant tout de même qu'ils n'y passeront pas. Ils espèrent.

J'entends. J'entends crier. Et je reconnais. Héra. Héra qui vient de se prendre une bonne rumeur en pleine figure, et si moi je ne dis rien, ce n'est pas son genre à elle. Je sais que ça l'agace. Elle hurle, et passe devant la bibliothèque sans doute en direction du bureau de proviseur. Parce qu'on pense tous que ça vient de la.
Je ricane. Elles sont bêtes, elles ne devraient pas faire ça. Elles devraient faire comme si elles n'entendaient rien mais elles ne peuvent pas. Après tout, c'est compréhensible. Héra avec son caractère ... En entendant que sois disant Shane profite de son alcoolisme pour la niquer .. Boh, ça m'étonne pas qu'elle réagisse. Mais c'est des conneries, ou peut être pas. Moi je le pense, mais on est jamais sur.
Ce que je sais, c'est qu'un jour, des gens vraiment pas contents à qui elle aura gâché la réputation, la traqueront, la chercheront et quand ils la trouveront, elle sera dans la merde. Une belle et grosse merde.