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 Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK)

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MessageSujet: Re: Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK)   Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK) EmptyJeu 19 Juin 2014 - 4:39



Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose

Eden & RK ♥




*Italique=japonais
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MessageSujet: Re: Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK)   Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK) EmptyMer 18 Juin 2014 - 3:23



mes chers rho kappa, une mise au point s’impose



- Non. Non, non, non, non. Bébé, non ! Je ne t’ai p… …Bordel !

Une profonde inspiration gonfla d’air les poumons déjà rongés par le goudron de l’étudiant. Sa tête bascula en arrière. Il expira bruyamment, laissant s’échapper un nuage de fumée épaisse au-dessus de son visage crispé. Entre son index et son majeur gauche fermement serrés, il maintenait en équilibre une cigarette à peine entamée. Nerveusement, son pouce grattait l’extrémité du filtre comme s’il battait la mesure d’une mélodie muette. Sept jours. Les larmes aux yeux, sa mère l’avait supplié d’arrêter sa consommation excessive et il n’avait pas été foutu de tenir sa promesse plus de sept misérables petites journées. Néanmoins, il avait cette fois encore de bonnes explications ; vraiment, il n’était pas responsable. C’était comme si l’univers s’était ligué contre lui, soucieux de faire échouer ses nobles projets. Il y avait Evangeline, d’abord. Evangeline qu’il découvrait chaque matin, lorsqu’il ouvrait les yeux, un peu plus distante. Il y avait toutes ces soirées prometteuses auxquelles il n’avait pas pu assister, sous les ordres insistants de son entraineur, et toutes ces filles divines avec lesquelles il n’avait pas pu partager son lit. Il y avait ces imbéciles d’Européens, sourds à un marché qu’ils devraient aduler, et trop de Français qui vantaient les mérites de la dévaluation de l’euro. Il y avait cet insupportable directeur qui l’avait démis de ses fonctions, Maeko et Harmony qui par malheur existaient, et ce goût amer dans le fond de sa gorge qui lui rappelait cruellement combien ses lèvres brûlaient d’envie de caresser la texture fibreuse de son concentré de poison. Et maintenant, il y avait ça. Un rire sardonique s’échappa de sa mâchoire tendue.

- Euh, Kiara, sois gentille. Arrête-moi si je me trompe mais il me semble que tu es particulièrement mal placée pour me rabâcher les leçons débiles que tu tires les télés-réalités abrutissantes que tu mattes à longueur de journée. Ne me… Laisse-moi parler !... Ne me reproche pas… Eh ! Laisse-moi parler, j’ai dit ! …N’aie pas le culot de me dire que je profite de toi parce qu’en l’occurrence, tu m’as déjà fait claquer une belle petite fortune – plus que le… « parasite qui me sert de pseudo-copine ». T’as beaucoup de talent pour voir l’écharde dans l’œil de l’autre, hein, mais putain, regarde un peu la poutre qu’il y a dans le tien, ça te changerait ! D’autant plus que quand il s’agit de baiser, il me semble que t’es jamais la dernière à dire oui, que du contraire.

Le téléphone plaqué contre son oreille droite, Emeric Kürschner faisait les cent pas dans sa chambre, tel un lion en cage, martelant de ses semelles sales le plancher vernis. A chaque pulsion de haine, il écrasait un peu plus fort son talon contre le sol, y abandonnant des résidus de terre. Il soupira bruyamment, serra la mâchoire. Kiara Cooper avait une fois encore merveilleusement choisit son jour pour lui pourrir l’existence. Cela faisait maintenant près de dix minutes que son timbre hystérique de crécerelle lui bourdonnait dans les tympans. Il n’écoutait plus ce qu’elle déblatérait. Il ne pouvait plus. Il saturait. Mine agacé, il jeta un bref coup d’œil à sa fenêtre ouverte. S’il avait été davantage impulsif, son i-Phone aurait déjà découvert les vertus du vol plané. Quand elle s’y mettait, cette fille était tout bonnement insupportable.
Toc toc toc. Le martèlement timide d’os métacarpiens heurtant le bois dominèrent le temps d’une seconde le bruit de ses pas. Les yeux plissés, il tourna la tête vers la porte d’entrée.

- Trente seconde. Ferme-là trente seconde !

Quelqu’un avait toqué. Le téléphone descendit contre sa joue et, d’une voix plus forte, presque détendue, il reprit :

- Ouais ?
- Avec qui tu causes ?!!

La clenche s’abaissa et le visage poupin d’Ashlyn Spencer se dessina aussitôt dans le chambranle de la porte. Un temps, leurs regards se croisèrent, l’un soucieux, l’autre interrogateur. Oui, c’était le mot. Elle était soucieuse, mais sous son expression médiatrice, il pouvait également deviner une lueur accusatrice étinceler dans le coin de ses iris colorés. Adoptant une attitude faussement désabusée, l’étudiant haussa les épaules avant de porter sa cigarette à ses lèvres.

- Emeric ?
- Tu veux quoi ? articula-t-il en recrachant la fumée.

A l’autre bout du fil, Kiara lui hurlait de répondre à ses interrogations. Il l’ignora. La porte s’ouvrit davantage, libérant le passage au corps de la jeune femme. Elle n’avança néanmoins que d’un pas.

- Désolée de te déranger mais il faut qu’on parle.

Synchronisés, leurs deux regards toujours fixes se durcirent. Il la connaissait. Il savait qu’elle n’avait pas apprécié sa petite mise en scène de l’après-midi. Il savait qu’elle lui en voulait. Et quelque part, il savait son jugement fondé. Néanmoins, il n’était pas d’humeur à se faire sermonner par deux femmes en même temps. En fait, il n’était jamais d’humeur à se faire sermonner ; encore moins par d’autres femmes que sa mère.

- C’est pas le moment, Ash’. rétorqua-t-il sur le ton de l’avertissement.

Sourde à sa menace muette, elle enchaîna.

- A cause de notre fantastique spectacle de ce midi, on va recevoir de la visite. Il faut croire que vos agressions verbales à Matt’ et à toi n'ont pas fait rire tout le monde.
- C’est certain que tu as été tellement plus agréable avec March… ! rétorqua-t-il, accusateur. Il défiait toujours la jeune chef du regard. Cassante, elle reprit :
- C'est sûr que Maeko a essayé de te tuer, elle aussi. J'avais oublié ce détail.

Sans que ses pupilles ne se détournent de celles de la fille, il coinça une fois de plus sa cigarette entre ses dents. Immobile, le front plissé, il s’appliquait à décrypter chacune des expressions qui auraient pu animer le visage de son amie. La voix de Kiara s’élevait toujours des baffles de son téléphone portable. Agacé, il rompit le contact visuel pour le jeter peut-être un peu brutalement sur son lit. Il rebondit et s’écrasa lourdement sur le plancher.

- Scheiße !
En face de lui, l’Américaine s’était pincée l’arrête du nez. Elle reprit plus calmement :
- Enfin, je ne suis pas venue pour qu'on se batte, Emeric, mais je voulais juste te prévenir, pour que tu ne sois pas pris au dépourvu. J'ai merdé, moi aussi. Je le reconnais. Sauf que cette fois, on a tous suffisamment dépassé les bornes pour que Cobb se déplace en personne.

Elle n’ajouta pas un mot de plus. La porte claqua derrière elle, laissant Emeric seul avec l’insupportable conclusion qu’elle venait de lui balancer en pleine figure. Ce petit enculé allait venir leur chercher des poux et il savait pertinemment qu’il n’aurait pas besoin de gratter longtemps leurs poils pour y dénicher un nid. Il tira une nouvelle fois sur sa clope, se pencha en avant pour ramasser son i-Phone. Kiara avait raccroché. Deux appels en absence, deux nouveaux messages. Son index glissa sur l’écran. Sur celui-ci s’afficha dans une police dactylographiée : « Tu peux m’oublier pour ton anniversaire. Et pour tous les jours suivants aussi. ». Sa mâchoire se crispa. Il passa au sms suivant. « Rappelle-moi immédiatement. Problème NYSE à cause de l’autre fiotte de Baker. ». Derechef, l’engin téléphonique percuta son matelas.

- HEILIGE SCHEISSE !! FICK DICH, HURE !!!

Il avait hurlé.
Ouais. Définitivement, l’univers s’était ligué contre ses nobles projets.

***
- ‘Fais chier.

Sa montre affichait 17h58 lorsque l’on vint à nouveau toquer à sa porte. Un instant, ses yeux rougis par la luminosité de l’écran de son ordinateur s’arrêtèrent sur le bois laqué resté immobile. Etouffée par l’isolation de la pièce, la voix de l’un de ses confrères – il pensait reconnaître celle de Kevin – s’éleva. Le directeur était arrivé et il attendait l’ensemble de la Confrérie dans la salle commune. L’attention de l’étudiant se reporta instantanément sur l’écran. Il s’humecta les lèvres, hésitant. Son cœur lui hurlait de ne pas se déplacer pour l’emmerdeur de première catégorie qui allait certainement le mettre de plus mauvaise humeur qu’il ne l’était déjà mais, désagréable, sa raison lui rappelait que cette idée irréfléchie risquait de lui coûter gros. Contrarié, il soupira.

- Jungs ? Ich komme später wieder.

Nerveux, il écrasa avec insistance sa cigarette dans le cendrier qui reposait devant lui et vida d’une traite son verre de martini. Dans une succession de gestes machinaux, il retira ensuite son casque, referma son ordinateur portable, racla sa chaise contre le parquet et s’étira sans empressement. Soulignées par de longs cernes, ses pupilles bifurquèrent sur la droite. Derrière lui, Evangeline était toujours plongée dans sa partie d’Assassin’s Creed et ne semblait pas avoir entendu l’appel. Le garçon se redressa, attrapant au passage son paquet de Marlboro Beyond. Il le glissa dans la poche de son pantalon et s’avança vers l’adolescente. D’une pression délicates, ses doigts effleurèrent la peau de ses épaules dénudées, remontèrent jusqu’à sa nuque. Elle ne réagit pas. Elle n’avait pas l’air de meilleure humeur.

- Ma puce ?
- Hm ?
- ‘Faut qu’on y aille.
- Hmhm.

Concentrés, ses iris vermeils n’avaient pas une seconde quitté l’écran de la télévision. Encapuchonné dans sa tenue immaculée, Ezio sauta d’un bâtiment vénitien, poignarda sauvagement un garde et grimpa sur la façade d’une nouvelle maison. Le sportif baissa la tête. Sagement posées contre ses genoux, ses petites mains s’activaient frénétiquement à coordonner chacun des mouvements du personnage virtuel. Au bout de quelques secondes, une minute tout au plus, elle mit le jeu sur pause, repoussa sa manette et se leva à son tour, accordant à peine un regard à l’homme avec lequel elle partageait son lit. Alors qu’elle s’apprêtait à franchir la porte d’entrée, les bras de celui-ci se refermèrent autour de sa taille. Taquin, il plongea son visage dans le creux de sa nuque, entre ses boucles colorées. Il inspira profondément.

- Tu sens tellement bon… lui fit-il remarquer.

Conquérantes, ses mains glissèrent sous son débardeur. La première encercla sa taille, inquisitrice ; téméraire, la seconde remonta doucement sa course jusqu’à deviner le tracé élégant de sa poitrine. Armée d’une cruelle froideur, elle déclara seulement d’un ton impassible :

- Je croyais qu’on devait y aller ?

Etouffant la gifle qu’il venait de recevoir, l’Allemand resserra son étreinte. Couvrant sur leur passage sa peau de baisers, ses lèvres s’arrêtèrent sur le lobe de son oreille.

- Ca fait longtemps qu’on n’a pas prit un peu de temps, tous les deux, hein… ? Aucune réponse. Ma puce ?
- Hm. On va les faire attendre.

Elle aurait pu lui shooter dans les couilles que ça ne lui aurait pas fait plus d’effet. Vexé, il la laissa se dégager de son étau sans plus de cérémonie. Elle attrapa le pull qu’elle avait laissé sur le dos de sa chaise et l’enfila. Ennuyé, le Rho Kappa passa sa main dans ses cheveux, bâillonnant un soupir. Au moins, le message avait le mérite d’être clair. Il haussa les épaules, fit quelques pas. Ses doigts se refermèrent sur la clenche. Il ouvrit la porte et laissa passer Evangeline devant lui. Ensemble, ils s’engouffrèrent dans le corridor. Machinalement, Emeric jeta un coup d’œil panoramique autour de lui. Ils étaient assez nombreux à quitter leurs chambres pour rejoindre la salle commune, attentifs aux ordres de leur bien aimé directeur. Kevin Ikeda l’avait attendu sur le palier. Il claqua la paume de sa main contre la sienne dans un geste amical.

- Ca va, vieux ?
- Salut, Kevin.

Alors que la petite brune lui faisait poliment la bise, la silhouette de Matthews River se détacha de la foule en mouvement.

- Matt’ ! l’accosta son ancien mentor. Il fit signe à la Russe et au Japonais de le suivre et accéléra le pas pour qu’ils se retrouvent à sa hauteur. Après l’avoir accueilli par une tape familière sur l’épaule, il lui adressa un sourire jaune. Parés pour écouter son petit speech à la con, là ? Putain. Comme si on avait que ça à foutre, hein. Enfin. Il se tourna une seconde vers l’Américain. Merci pour ta petite intervention sur Olivia. C’était carrément fendart. J’ai… Hey, Conchita !

Devant eux, il reconnut la tignasse châtain clair de Soraya Muños. Celle-ci, peut-être presque méfiante, se retourna un instant. Sincère, il esquissa un large sourire d’encouragement et tendit son pouce devant lui, comme s’il avait voulu la féliciter d’une belle victoire.

- C’était super cool, c’que t’as fait au parking. Vraiment.

Le couloir traversé, ils débouchèrent sur l’escalier qui dominait de toute sa hauteur la plus vaste des salles du bâtiment. Penché par-dessus la rambarde, l’Allemand repéra à la hâte la silhouette noble du directeur qui patientait près de l’entrée, impassible, quelque chose qui ressemblait à un dossier dans la main. Devant lui, un bel attroupement s’était déjà rassemblé. A l’avant, il discernait notamment la chevelure dorée d’Ashlyn. Le front plissé, il se stoppa. Ils avaient à peine franchi la moitié des marches mais il jugea qu’il était inutile de se perdre dans le groupe. Dans un mouvement de nonchalance presqu’exagérée, il s’accouda sur la rampe. Ils domineraient mieux la scène à cette hauteur. Lorsque la petite brune l’imita, il se redressa et grimpa d’une marche pour faire face à son dos. Il l’enlaça de ses deux bras, sa tête en appui dans le creux de son épaule. Ainsi, il assurait une place, l’une à sa gauche et l’autre à sa droite, pour chacun de ses confrères.

- ‘Rien à faire. Je peux pas saquer sa sale gueule de bourge condescendant. On dirait qu’il a un balai taillé dans le diamant coincé dans le cul. lâcha-t-il lorsqu’ils furent installés. Allez… ! Regardez-moi ça. Déplaçant son menton en un mouvement arrogant, il désigna l’homme de pouvoir. Il haussa un sourcil sarcastique. Même pas foutu de faire un vrai discours. Il a des feuilles dans la main ; sûrement un copion. Bonjour le crédit.

Il bâilla, et c’est à ce moment précis que leurs regards se croisèrent. Le sportif s’immobilisa. Malgré la distance, il pouvait sentir les pupilles perçantes d’Eden Cobb sonder les siennes, comme si elles y avaient cherché la solution à des questions auxquelles il ne devait parvenir à trouver de réponse. Il ne semblait émaner de sa personne que le calme et la distinction. Pourtant, ce n’était pas le regard sévère d’un adulte sur un élève un peu turbulent qu’il déchargeait sur lui. L’étudiant était envahi par la sensation que, s’il grattait suffisamment, derrière son masque de bienséance se consumerait la lueur noire d’un jugement incriminateur. Ce n’était pas tout à fait de la réprobation, que Cobb éprouvait à son égard ; c’était du mépris. Arrogante, la commissure de ses lèvres s’étira en une grimace orgueilleuse. Tout son être respirait l’irrévérence de celui qui ne pouvait s’imaginer perdant, et il défiait de front la suffisance de celui qui se savait gagnant. Oh, il en était conscient. Son adversaire tenait entre ses mains une quinte flush royale quand lui n’avait pas davantage qu’une vulgaire carte haute. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas de jouer la partie. Il était ici sur son territoire et, cartes sur table s’il le fallait, il était hors de question qu’il lui accorde le plaisir de le piétiner. Ashlyn avait sous-entendu qu’il avait plutôt intérêt à descendre prêt. Après six clopes et six verres de martini, il l’était. Le responsable détourna le regard en premier. La voix posée qui le caractérisait s’éleva aussitôt.

- Vous vous doutez bien que ma venue n’est pas une visite de courtoisie. commença-t-il. Un rictus amusé illumina l’expression de l’Allemand. À voix basse, il fit remarquer :
- Dommage. On aurait pu sortir le champagne et les putes.

Instantanément, le talon d’Evangeline s’écrasa lourdement sur ses orteils. Surpris, il laissa s’échapper une exclamation voilée.

- Eh ! C’est bon, je rigole.
- Ouais. C’est ça.

Elle, par contre, ne rigolait pas, et il savait pertinemment pourquoi. Il l’embrassa furtivement sur la joue et releva la tête en direction du directeur.

- …Vous êtes la seule confrérie qu’on entend parler, à cause de quoi ? Vos débilités envers les Khi Omikron.

La réflexion souleva des rires étouffés dans toute l’assemblée et la plupart des Rho Kappa échangèrent un regard à la fois fier et complice. C’est en tous cas ce que fit Emeric avec chacun de ses deux voisins, après avoir adressé un coup de coude à Kevin.

- Et ils n’ont pas tout vu. Le Rubicon va être une vraie tuerie. Je suis certain que ton ami Raphaël en gardera d’excellents souvenirs. souligna-t-il en se penchant vers lui avant de reprendre l’écoute du discours.
- … Par contre, ce qu’il s’est passé cette après-midi était totalement puéril.
- C’était plutôt marrant, quand même. La remarque était cette fois destinée à Matthew. Un nouveau bâillement lui décrocha la mâchoire.
- ... De votre confrérie est inacceptable, d’ailleurs, ça n’a rien d’une confrérie mais bien d’une caserne militaire, et encore. D’accord, vous devez mettre en place l’esprit d’équipe ou encore apporter à tous vos membres une force de caractère, mais au lieu de le prendre pour le dernier des larbins à peine intégré dans la confrérie...

Il leva les yeux au ciel, insensible au poison de l’homme qui, sans doute, n’avait jamais fait d’initiation de sa vie et qui, par ailleurs, ne connaissait absolument rien de leurs rites et du lien qui les unissait. Son dard ne pourrait percer leur peau et son venin était condamné à couler dessus comme la pluie battante sur une vitre, aussitôt balayée par le vent.

- Quel con. Il sait même pas de quoi il parle.
- … Je vais aller droit au but. Soit vous calmez vos ardeurs…
- C’est ça, et moi je suis la Princesse Paola.
- … Soit je la dissous ou pire encore, on la fusionne avec les Khi Omikron, peut-être que ça vous fera mûrir et ça vous rendra moins cons.
- Wie bitte ?!

À peine ses paroles trouvèrent-elles leur destinataire qu’un tumulte de protestations sourdes envahit l’auditoire. Entre le silence de l’objection et les remarques scandalisées, sa révélation n’avait laissé personne dans l’indifférence. Indigné, révolté, Emeric adressa un regard qui n’avait nul besoin de mots pour être traduit à son adjoint.

- Putain, s’il croit qu’on va plier sous ses menaces, il se fourre le doigt dans le cul ! Et si profond qu’il doit savoir ce que ressent une pucelle quand elle se fait enculer par la queue d’un black pour la première fois !

Frondeur, il abandonna une fois encore ses pupilles véhémentes dans la confusion générale qu’il dominait avec ses trois acolytes. Elles s’arrêtèrent sur l’expression imperturbable de Cobb. Celui-ci fixa successivement Ashlyn, Matthew et lui.

- Vous trois, venez avec moi dans la pièce à côté. lâcha-t-il finalement.
- Parce que c’est sûr que tu nous as pas encore assez broyé les couilles.

Le sportif avait levé les yeux au ciel, visiblement irrité, et c’est non sans faire preuve de mollesse qu’il se détacha d’Evangeline. Maintenant qu’elle lui faisait face, ses mains compressèrent tendrement ses épaules. Toujours aveugles à ses marques affectives, ses prunelles fixaient délibérément, il n’était pas dupe, le vide. Il soupira puis l’embrassa, préférant ne pas noter.

- A plus tard, bébé. Salut Kev’ !

Il lui adressa un signe de la main avant de descendre les dernières marches qu’ils avaient laissées devant eux. Résignés, les trois accusés s’apprêtaient à retrouver leur bourreau. Seuls. Lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, Cobb leur tenait déjà grande ouverte la porte du bureau du chef. Il leur fit signe d’entrer. Le temps d’une seconde, Emeric le jaugea de la tête aux pieds. Du haut des escaliers, il l’avait imaginé de plus petite taille, mais il constatait désormais, non sans pointe d’agacement, qu’il avait en réalité un ou deux centimètres de plus que lui. Il glissa par automatisme ses mains dans les poches de sa veste en cuir et, suivi par Matthew franchit le seuil de l’entrée, le visage souligné par un sourire stoïque. La porte claqua derrière eux. Par-dessus son épaule, il échangea une mimique sarcastique avec le footballer, accorda ensuite à la cavalière une mine compatissante. Il se planta enfin au milieu de la pièce, entre ses deux amis. Les trois hoplites ainsi en formation formaient un groupe soudé face à leur responsable mais le calme de celui-ci semblait inébranlable. Les doigts de l’Allemand glissèrent dans sa coiffure défaite. Il secoua la tête. Tout à tour, le berger fixa chacun des agneaux dont il avait la responsabilité, toujours emprunt de cette insupportable pondération. Il s’arrêta sur lui, qu’il toisa plus longtemps. Il haussa un sourcil.

- Premièrement, Emeric je pense, si ma mémoire est bonne, que tu n’as plus rien d’un chef.

Le garçon renifla avec mépris, à peine son supérieur eut-il commencé à parler. Piquée au vif, sa susceptibilité venait d’en prendre d’un coup. Il sentit ses muscles se crisper sous l’irritabilité. Il toussa. Doué d’un tact légendaire, Cobb venait de lui vomir en pleine face la réalité qu’il refusait d’assumer. Mieux encore, il lui semblait que chacun des mots qu’il employait avait au préalable été mesuré pour le provoquer. Ses yeux s’échappèrent sur la gauche et il ne put réprimer une moue de toute évidence vexée.

- Que ce soit officiellement, ou officieusement, tu n’es plus qu’un Roh Kappa.

Il tiqua sur le « qu’un » et laissa s’échapper un petit rire dédaigneux. Insolent, il se pencha vers son ancien Puceau.

- Il dit ça comme si c’était une insulte mais Chef ou Adjoint, on est Rho Kappa avant tout. Et il ajouta, en réponse au directeur qui ne l’avait pas attendu pour continuer : Et on porte tous le même but.

Ce qui était vrai ; la place d’un Rho Kappa, c’était de donner le meilleur de soi-même pour l’intérêt général de la Confrérie, en toutes circonstances. L’ennui étant qu’Emeric et Matthew – et bien d’autres encore – avaient une conception parfois singulière des objectifs de la Confrérie. L’étudiant croisa les bras et pencha la tête sur le côté, dévisageant avec une expression particulière son interlocuteur. Il aurait pu la commenter ouvertement par « aller vous faire mettre, monsieur », que ça n’aurait rien changé. Cela faisait près de deux ans qu’il se battait pour l’honneur des siens. Ce n’était certainement pas une démission forcée qui allait changer son degré d’investissement.

- Peut-être que tu devrais en profiter pour mûrir un peu, tiens.

Imperturbable, l’homme n’avait pas cessé de le fixer, et il avait articulé son insulte avec un tel flegme naturel que sa victime lui aurait volontairement arraché les yeux dans un espoir désespéré de le voir réagir. Au lieu de cela, elle se contenta d’esquisser un sourire forcé qui respirait le cynisme et la susceptibilité à plein nez, agrémenté d’un regard foudroyant. Mais son bourreau ne la regardait déjà plus. Il venait de jeter son dévolu sur le footballer qu’il descendit en une réflexion cinglante. Emeric étouffa un rire à la fois consterné et amusé. L’association des mots « Matthew » et « soumis » dans une même phrase avait une sonorité assez absurde. Il se pencha à nouveau vers ce dernier.

- Bah merde alors ! Qui va nettoyer ma piaule, maintenant ?
- Ash, tu fais comme bon te semble et t’écoutes pas ce qu’on te dit non plus, mais par pitié, change moi ces histoires d’humiliation, sinon vous irez tous vous humilier en tant que Lambdas, je vous laisse jusque septembre pour régler ça.

Instantanément, l’Allemand se raidit. À l’intention de son amie, il articula à voix basse ce qu’hurlaient à voix forte ses pensées.

- Jamais de la vie.
- Vous pouvez y aller…

Enfin ! L’appel salvateur de la libération. Sans attendre son reste, et sans non plus accorder un regard de plus au gestionnaire, le cycliste se rua vers la sortie. Sa main s’écrasa sur la poignée métallique. Lorsque…

- Sauf Emeric. Le concerné s’immobilisa immédiatement. Contre sa cage thoracique, il sentait son cœur battre la chamade. Qu’est-ce qu’il avait encore fait ? Ils avaient reçu assez de sermons pour la journée, non ? Tu restes là j’en ai pas fini avec toi.

Un torrent d’injures déferla dans son esprit agacé. Il soupira bruyamment et s’éloigna de la porte. Un instant, ses iris azurés croisèrent celles, plus sombres, de son bourreau. Teintés de leur calme olympien, ils lui signalaient modestement que s’il sombrait dans la rétivité, il s’engagerait dans un bras de fer qu’il n’avait aucune chance de remporter. Il ignora l’avertissement.

- Super… Déjà, il commençait à se plaindre. Vous voyez, il y a ma copine qui m’attend, là. Alors vos discours sont très nobles, c’est une belle démonstration d’autorité, vraiment, mais… vous comprenez ? Elle n’est pas très patiente. Donc ça m’arrangerait si vous pouviez abréger un petit peu vos tirades.

Il acheva sa requête en imitant l’indice d’une faible quantité entre son pouce et son index gauche. D’un regard insistant, Cobb le convia à prendre place sur la chaise en cuir noir qui bordait le bureau. La tête blonde du sportif bascula sur le côté. Il ne quittait pas les pupilles despotiques des yeux. Faisant mine de ne pas comprendre, il haussa simplement un sourcil.

- Assieds-toi. précisa l’adulte au bout de plusieurs secondes.
- Quoi ? Vous voulez prendre le thé ? Désolé mais je préfère rester debout, si vous permettez. Les centimètres qu’il perdait debout marquaient déjà de manière amplement suffisante le rapport de force. Il ajouta, sur le ton de la confidence : Un peu trop de va-et-vient or j’ai le dos fragile, si vous voyez ce que je veux dire.

L’homme ne cilla pas, bien trop patient pour se perdre dans les enfantillages de son interlocuteur. Au lieu de cela, il se contentait de continuer à jauger ses prunelles avec une désagréable insistance. Dans un geste machinal, le Rho Kappa croisa les bras, durcissant le regard à son tour. Il ne bougerait pas. Quitte à supporter pour l’éternité l’atmosphère insoutenable dans laquelle ils étaient plongés, il ne bougerait pas. Et l’éternité, c’est le temps qui lui semblait s’être écoulé alors que ça ne devait pas faire plus de deux minutes qu’ils se lorgnaient ainsi en chiens de faïence. À chaque nouvelle seconde, il avait l’impression de découvrir un nouvel aspect dans les yeux de son tortionnaire. Il soupira. Et, enfin, l’inespéré se produisit.

- On peut passer la nuit là si tu veux, j'ai tout mon temps. Par contre, je ne suis pas sûr que ta… « copine »… Il ponctua sa pensée de guillemets savamment imités. Apprécierait. Tu sais, les femmes, de nos jours, elles ne sont pas très patientes. La tienne, elle a péché le gros lot donc épargne-lui au moins ça.

Après trois ou cinq interminables minutes, Cobb venait d’abdiquer. Ou, du moins, c’est comme une abdication qu’il préférait le comprendre. D’un coup endurant, son bras avait pris l’avantage sur celui de son adversaire.

- Oh, ne vous en faites pas pour elle, monsieur. rétorqua-t-il, toutes dents dehors. Je ne suis pas jaloux. Je peux la partager à mes confrères, en attendant. Contrairement à ce que vous semblez penser, on est très solidaires.
- Quand tu sauras ce que je t'ai concocté, tu n'oseras même plus prononcer ce mot, parce que tes petits copains vont sûrement bien se marrer.
- Je pensais que vous aviez compris que c'était quelque chose dont je raffolais, amuser mon public. Vous êtes moins perspicace que ce que j'imaginais... !
- Super, tu vas donc faire ça avec le sourire, c'est parfait. J'admire ta bonne foi, Kürschner, vraiment.

Un court instant interloqué, le concerné esquissa finalement un large sourire exagéré.

- Quoi ? M'asseoir ? Mais je ne vais simplement pas le faire.
- Très bien. A l’écoute de ces deux mots, Emeric fut envahi par le fugace espoir d’avoir définitivement gagné. Malheureusement, Cobb était coriace, et il tenait à récupérer la couronne que son valet avait vulgairement fait tomber. Mieux encore, il comptait sur lui pour la lustrer. Je te donne quatre situations. On y était. La première : tu t'assieds comme un grand et tu m'écoutes attentivement et après, je te laisse tranquille. La deuxième : tu ne t'assieds pas, et dans ce cas, ta confrérie fusionne avec les Khi Omikron, histoire de vous apprendre à être solidaires. Mais vous avez cette faculté, vous, les Roh Kappa, n'est-ce pas ? La troisième option : tu ne t'assieds toujours pas et cette confrérie, dès demain, n'existera plus. Dès lors, ce bâtiment servira très certainement de classes, ou de dortoirs pour les irréfléchis de ton genre. Enfin, dernière option : t'es tellement solidaire que si tu ne t'actives pas, au lieu que ce soit la confrérie qui paie, c'est toi qui vire. Alors champion, tu préfères quoi ?

BAM !
En un violent volte-face, le bras de cette espèce de petit enculé avait littéralement écrasé le sien contre la table. Et le tout avec une écœurante douceur, s’il-vous-plait ! Sonné, Emeric le fixa avec de grands yeux ébahis, la mâchoire serrée à l’extrême. Que pouvait-il répondre à ça ? Rien. Comment réagir face à ça ? Son orgueil lui soufflait la réponse à l’oreille : ne fais rien non plus.

- Tu as jusqu’à trois. Il écrasa sa lèvre supérieure sous le poids de ses dents. Un… Il déglutit. Deux… Et soupira.
- Putain…

Contrarié, il rompit leur contact visuel et s’installa de travers sur le siège. D’une voix dédaigneuse qui trahissait son égo piqué à vif, il ajouta :

- Content ?
- Ben tu vois, quand tu veux. Avec un peu de chance, dans deux heures on aura fini.

Bras croisés, le directeur s’était appuyé sur un recoin du bureau, son regard toujours calmement posé sur Emeric. Emeric qui venait de renouer avec son insolence d’origine. Il ignora sa remarque et, d’une traction, fit tourner sa chaise sur elle-même.

- Vendredi dernier, j’étais ici avec Kiara. commença-t-il à expliquer. Kiara, c’est une maîtresse - un bon 9 ! -. Elle m’a taillé une pipe… Sa chaussure se calla entre les pieds de son siège, bloquant sèchement sa course. Du bout de l’index, il désigna nonchalamment l’endroit où Cobb était posé. Juste là, c'était jouissif. Vous devriez essayer. Peut-être que ça vous rendrait plus aimable.
- Ca c'est de l'info, mais je m'en tape complet’. L’adolescent esquissa un sourire satisfait. Bon, t'es prêt à ouvrir tes oreilles où tu continues à décharger ta frustration de gamin de sept ans ?
- Je n’attends que vous, Monsieur !
Le gestionnaire acquiesça brièvement avant de reprendre.

- Je ne vais pas m’amuser à te faire la morale, parce qu’à mon sens, tu devrais connaître un minimum de chose dans la vie. Par contre, t’as pas l’air de te rendre compte de ce que t’infliges aux personnes autour de toi, alors on va changer les règles du jeu. La semaine prochaine, tu la passes chez les Nu Zeta….

Instantanément, son sourire s’était volatilisé, comme toute once d’arrogance.

- Pardon ?! Eh ! J’ai des engagements, moi, Monsieur, vous pouvez pas disposer des gens comme ça !
- Sous les ordres d’Harmony Winfrey.
- Jamais !
- Elle est prévenue ainsi que leur chef.
- Alors là vous m’aurez pas, c’est… !
- Qu’elle te demande de curer les toilettes…
- Quoi ?!
- Cuisiner, jardiner, nettoyer, sortir les poubelles…
- Hey ! C’est pas marqué ROUMANIE en lettres capitales sur mon front !
- Qu’elle te prenne pour la bonniche ou même un esclave, je m’en tape complètement, au moins tu verras ce que ça fait d’être humilié et peut-être qu’à l’avenir, t’arrêteras de prendre les autres pour tes larbins.
- Mais allez vous faire foutre, putain !

D’un pression sur le bureau, Emeric fit reculer sa chaise en arrière. Il continuait de dévisager Cobb avec ses yeux de merlan frit.

- Que tu me détestes, sincèrement, j’en ai rien à battre, je survivrai…
- Je le ferais pas, votre truc !
- Mais par contre, n’oublie pas que contrairement à toi, j’ai fini mes études et si tu ne veux pas que je fasse de ta vie un véritable enfer, tu rattrapes tes erreurs, avec cette fille.
- Quoi ? Ce sont des menaces ?! Parce qu’en plus vous osez me men… ?
- Estime-toi heureux que ce ne soit que d’elle, parce que si je devais te faire le même coup avec toutes les personnes qui se plaignent de toi, être le larbin de quelqu’un serait probablement ta nouvelle vocation.
- Oh ! Arrêtez votre délire, là ! Qui se plaint ? Qui se plaint, à part cette greluche et ces autistes de Khi ?!

Sur sa lancée, le directeur continua d’ignorer ses protestations.

- Les règles ? Si tu refuses, si tu fous la merde ou si tu recommences ton numéro de cette après-midi, je te vire de ta confrérie.
- Pardon ?!
- J’espère que c’est bien clair. Ah, puis dernière chose, signe-moi ça.

Le garçon écarquilla les yeux. Le copion !

- C’est la preuve que t’acceptes, et avec le sourire s’il te plait, de devenir le larbin d’Harmony pendant une semaine.

Littéralement consterné, il se releva brutalement, rejetant d’un coup de main nerveux les feuilles que brandissait l’adulte devant lui.

- Vous avez pas le droit de faire ça ! C’est pas légal !
- Assis. le rappela doucement Cobb à l’ordre.

Nom de Dieu, qu’est-ce qu’il maudissait cette expression stoïque qu’il n’avait toujours pas abandonnée !

- Non, non je ne bougerais pas ! Vous n’avez aucun droit sur ma Confrérie, c’est…
- Assis.
- Mais allez vous faire foutre ! Putain, allez vous faire foutre !!

Le ton de l’Américain s’était fait légèrement plus sec. De concert, l’Allemand, clairement désarçonné, avait haussé le sien. Le meneur de la situation marqua une courte pause avant de reprendre.

- Ta confrérie a tout sauf la gueule d'une confrérie.
- Arrêtez de d…
- Donc évidem…
- Arrêtez de dire n’import…
- Donc évidemment que j'ai le droit, gros malin. Assieds-toi et signe. Sinon t'expliqueras à tes petits camarades pourquoi ils ne sont plus que de simples lambdas, c'est clair ? trancha-t-il, sévère.

Le garçon secoua nerveusement la tête en signe de désapprobation.

- Qu’on soit bien clairs : vous pouvez interroger chaque personne, ici, chaque Rho Kappa. Personne, je dis bien personne ne confirmera votre… paranoïa sur nos prétendues séances d’humiliation. Personne ! Vous pouvez faire une enquête, interroger tous les élèves du lycée, tous ceux de l’université, vous ne trouverez rien, absolument rien contre nous ! Par contre, tous seront là pour défendre que nous sommes une Confrérie ! Parce que c’est ce que nous sommes, avec ou sans votre consentement ! Les directeurs passent mais les Confréries restent. Jamais vous dissoudrez cette Confrérie, et jamais vous changerez ses traditions ! Et vous pouvez bien aller vous faire foutre avec vos menaces, et vous les enfoncer bien profond dans le cul, parce que je m’en balance !

Imperturbable, toujours. Toujours impassible. Cobb n’avait pas cillé une seconde, ce qui fit grimper d’un cran encore le stress de son interlocuteur.

- C'est déjà fait tout ça, pourquoi je suis là, à ton avis ? L’expression d’Emeric se figea brusquement. Il fronça les sourcils. Tu crois que c'est ta stupidité théâtrale de ce matin qui m'a obligé à venir ? T'es d'un naïf... Mais si t'es pas convaincu, je peux encore te le prouver. Ils risquent quoi, eux ? T'es plus chef et si tu fais un pas de travers, tu vires, je te l'ai déjà dit.

Dix secondes.

- Qu’est-ce que vous voulez dire ? parvint-il à articuler au bout d’un temps. Il secoua sa tête embrumée dans l’incompréhension la plus totale.

Quinze secondes.

- C’est quoi ces conneries ? Vous vous foutez de moi, c’est ça ? Vous essayez de me faire marcher pour que je signe votre contrat débile ? Arrêtez de me prendre pour un con, qu…

Brusquement, il s’immobilisa. Comme un fulgurant éclair, une image s’imposa à son cerveau et termina de foudroyer les derniers neurones effectifs qu’il devait lui rester. Celle de quelqu’un qui avait été mis au courant de la venue du directeur, de quelqu’un qui était apparue en bas avant tout le monde et de quelqu’un qui s’était à peine fait sermonner alors que ses deux collègues avaient eu droit à de belles insultes. Il allait la tuer.

- Ashlyn…

Put-ain ! Spencer les avait balancés. Ça c’en était une, de claque monumentale. Dans un geste désordonné, il entrouvrit la bouche, la referma. Sa main s’appuya sur le bureau. Ses grands yeux, quant à eux, fixaient, toujours sidérés, l’oiseau de mauvais augure. C’était comme si tout ce en quoi il croyait s’était brutalement effondré sous ses pieds. Il plissa le front et les informations commencèrent à se déchaîner dans son crâne trop étroit, à la recherche de l’astuce par laquelle il se sortirait, lui, mais aussi toute la Confrérie, de cette impasse. Soudain, l’illumination. Il attrapa le crayon de Cobb, le planta dans ces yeux qui supportaient un insupportable flegme, se rua vers la porte, trouva Ashlyn, la plaqua contre le sol et l’étrangla.
Les lèvres pincées, il prit une grande inspiration. La vie aurait été tellement plus agréable si les choses étaient parfois aussi simples. Sous sa poitrine, son cœur avait redoublé de cadence et la seule option envisageable qui l’attirait un tant soit peu était la fuite. Sa main gauche glissa dans sa poche. Il en sortit une cigarette qu’il glissa nerveusement entre ses dents. De l’autre, il s’empara de son briquet, renversa le clip du bout de l’index. La flamme réchauffa instantanément l’extrémité de concentré salvateur. Il avait salement perdu le contrôle de la situation et il était peut-être impératif qu’il se reprenne. Sa poitrine se gonfla d’oxygène et de nicotine. Longuement, il recracha la fumée, adressant à son interlocuteur un regard qui lui communiquait toute sa haine. Hésitant, il tapota nerveusement le cône de sa Marlboro Beyond.

- Vous m’avez viré de ma place de chef mais je vous donnerais pas le plaisir de me jarreter de ma Confrérie. remarqua-t-il plus calmement après une longue minute de silence.

Résigné, il retrouva sa chaise avec une expression d’autant plus arrogante qu’il avait la sensation de subir la suprême humiliation – pourtant, ce n’était encore rien face au contrat qu’il allait devoir signer –. Il s’assit et rapprocha le siège du bureau. Légèrement incliné sur la gauche, il ramena un pied sous ses fesses. Inerte, il se contenta d’abord de lorgner Cobb, sans un mot. Sa cigarette coincée entre son index et son majeur, le coude en appui, il appuya son pouce contre ses lèvres serrées. Au bout d’un moment, il reprit la parole.

- On a un deal, je crois. Même si…

Il se laissa tomber en arrière sur son dossier et marqua une pause, le temps de tirer une nouvelle fois sur sa clope. Il la coinça ensuite entre son pouce et son index, le bout incandescent pointé vers le sol et, de sa main libre, se saisit du contrat. Il le parcourut vulgairement.

- Il y a quelques aspects de ce contrat qui me tracassent. lâcha-t-il enfin. Je ne dirais pas que ce n’est pas justifié, parce que dans votre conception étroite et manichéenne du monde, je suis certain que ça l’est. Mais…

Il le posa devant lui, calla sa cigarette entre ses lèvres et se saisit d’un crayon en papier.

- Admettons que je signe ce tru... ce document... Le filtre l’empêchait d’articuler correctement. Il la posa sur le cendrier qu’il avait lui-même abandonné sur le bureau quelques jours auparavant. Cela m’exclurait pour une semaine de tous mes engagements et vous devez comprendre que je ne peux pas me le permettre. Personne ne peut se le permettre. Mon entraineur attend de moi un investissement irréprochable et je ne pense pas que de… brosser des petits poulains ou de jouer au tamagotchi avec des chatons soit compris comme un entrainement constructif.

Il tapota la ligne concernée avec la mine de son crayon.

- Il me faudra des planches horaires réservées à mes devoirs. Ensuite…

Son crayon glissa sur la ligne suivante.

- Figurez-vous que je suis allergique aux squames et autres poils d’animaux. Ce qui bien entendu était une pure invention. Ce serait pas trop possible que je passe mes nuits dans leur nid à bestioles, j’aurais pas envie d’avoir des crises d’asthme, tout ça. C’est pas super bon pour le sport. Puis…

Il tapota sur le titre.

- En ce qui concerne les termes du contrat, j’ai bien peur que nous soyons confrontés à un problème. Je n’ai jamais traité quelqu’un comme mon larbin. Sauf peut-être Maeko, ou Eva, ou Hening, peut-être. Ainsi que quelques Puceaux récalcitrants. Bref, une série de noms qui ne comptaient pas vraiment. Alors j’ai du mal à comprendre : pourquoi ? Pourquoi cette règle ? Je veux dire, nous sommes dans un pays civilisé, n’est-ce pas ? Un pays civilisé dans lequel chaque citoyen a des droits ? Or il me semble que la réduction en esclavage d’un être humain est répréhensible devant un tribunal. Donc…

Il barra grossièrement l’expression « se mettre au service de » pour la remplacer par « rendre service à ».

- Ce point-là est aussi à modifier. Si je signe, j’accepte de partager le quotidien des Nu Zêta, pas celui de leur clebs débile. Donc…

Du bout de l’annulaire, il se frotta un instant le nez avant de porter à nouveau sa cigarette à ses lèvres. Machinalement, il prit plusieurs inspirations successives après avoir d’une pression libéré le menthol qui permettait en toute légalité à l’additif de se propager avec d’autant plus d’efficacité dans son sang.

- J’accepte ces points là, à savoir : Il entoura plusieurs clauses. De m’excuser, de me mêler sans faire de scandale, comme celui de cette après-midi, et sans chercher des noises à aucune créature humaine que ce soit… Cela excluait Bardot. A leur Confrérie durant une semaine et d’éventuellement les aider dans certaines tâches. En contrepartie, j’aurais mes droits d’être humain, je dormirais chez moi, j’aurais des heures de libre et…

Il avait successivement barré les mentions auxquelles il avait fait allusion, les remplaçant éventuellement par d’autres mots. Il ponctua enfin le contrat par une dernière phrase. Ses corrections achevées, il le fit glisser sur le bureau en direction de Cobb. Il releva la tête et le fixa avec détermination. Derechef, il tira sur sa clope, recracha la fumée avant de conclure :

- Vous autorisez la Confrérie Rho Kappa à garder ses traditions.

[Grosse flemme de relire, pardonnez-moi. ._.]

made by pandora.




Dernière édition par Emeric Kürschner le Jeu 19 Juin 2014 - 19:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK)   Mes chers Roh Kappa, une mise au point s'impose (Tous les RK) EmptySam 14 Juin 2014 - 17:53

« Monsieur Cobb, n’oubliez pas votre rendez-vous à 6 :00 pm. »

Effectivement. Il y avait ce rendez-vous, encore des rendez-vous scolaire, encore des rendez-vous où ils seraient plusieurs à devoir écouter un gugus parler tout seul sans pouvoir donner son avis ou réagir. D’habitude, même s’il trouvait ces réunions totalement stupide et inutile, Eden y allait et même avec le sourire. Il était ce genre d’homme, à relativiser, sociable et toujours prêt à apporter une touche de positivisme, mais pas aujourd’hui. Il y avait eu ce rassemblement sur le parking, ce rassemblement qui le rendait perplexe. Il ne savait pas comment c’était possible de déborder à ce point et le pire, c’est qu’il s’était même imaginé que pendant un court instant, ça aurait pu être à cause des Sigma Mu, mais même pas. Trois déclarations de sportifs pour la même confrérie, trois déclarations aussi humiliante les unes que les autres, bien que celle d’Ashlyn ait été un peu plus soft. Fixant son écran d’ordinateur, il avait presque oublié cette histoire et pourtant, il savait très bien qu’il ne pouvait pas attendre plus longtemps. Il releva les yeux vers sa secrétaire et après avoir passé une main sur son visage, comme si ça allait effacer n’importe quel problème, il posa son regard sur elle :

« Annulez la réunion, je n’irai pas, de toute façon pour ce qu’on y fait. Puis je vais passer chez les RK. Kürschner commence vraiment à me taper sur les nerfs, si pas cette confrérie tout court »
« Très bien, je fais ça »

La jeune femme tourna les talons et s’apprêtait pour quitter le bureau. Eden leva les yeux vers l’horloge murale : 5 :30 pm. A quoi ça servait de la garder plus longtemps alors que lui allait quitter l’école d’ici une quinzaine de minute. Logiquement, elle finissait sa journée dans une petite demi heure, mais Eden n’était pas le genre d’homme à chicaner pour 10 minutes.

« Vous pouvez également m’imprimer le document que je vous ai demandé de créer en 2 exemplaires, s’il vous plait. Après, vous pourrez y aller »


Elle esquissa à l’aide d’un sourire, presque heureuse de terminer sa journée une demi heure plus tôt, tourna les talons et disparaissait du bureau en fermant la porte derrière elle. Eden, quant à lui, terminait de consulter les résultats scolaires de l’ensemble des élèves, puis pris lui aussi sa journée.

En sortant de son bureau, il attrapait les documents glissés proprement dans une chemise en plastique et prévenait le concierge de son départ pour que celui-ci puisse enfin fermer l’école après son travail. Dans sa décapotable, il déposa la chemise en plastique sur le siège à côté du sien et pris la direction du bâtiment des sportifs. Sans même prévenir qui que ce soit, il entra et arriva directement dans la salle commune où deux trois sportifs étaient présents. L’un d’entre eux paressait sur le divan à regarder la télé. Eden prit un coussin se trouvant sur un des fauteuils voisins et le laissa tomber sur ce roh kappa presque endormi :

« Va me chercher tes chefs et Emeric aussi, et au pas de course. J’ai pas que ça à faire. Merci »

Le directeur attendit que le roh kappa disparaisse pour s’adresser aux autres présents dans la salle :

« Allez chercher les autres RK, tant pis pour les absents, vous leur ferez un résumé »

Croisant les bras sur son torse avec, dans une main les documents, il attendit que tout le monde soit présent. Lorsqu’Ashlyn, Matthew et Emeric firent leur apparition, il les fixa un moment, puis commençait son discours :

« Vous vous doutez bien que ma venue n’est pas une visite de courtoisie. Je me passerais bien de venir jouer le prof de maternelle ici, parce qu’il est clair que c’est ce que vous êtes : de vrais gamins. A chaque conseil, vous êtes la seule confrérie qu’on entend parler, à cause de quoi ? Vos débilités envers les Khi omikron, mais à la limite, on va dire que c’est pas le plus grave, parce que ça ne dégénère pas encore, même si je suis totalement contre ces stupidités. Par contre, ce qu’il s’est passé cette après-midi était totalement puéril. Le fonctionnement de votre confrérie est inacceptable, d’ailleurs, ça n’a rien d’une confrérie mais bien d’une caserne militaire, et encore. D’accord, vous devez mettre en place l’esprit d’équipe ou encore apporter à tous vos membres une force de caractère, mais au lieu de le prendre pour le dernier des larbins à peine intégré dans la confrérie, faites les courir 20 minutes en plus, c’est tout aussi efficace et moins humiliant. Donc je ne vais pas vous faire un roman, je vais aller droit au but. Soit vous calmez vos ardeurs dans votre confrérie, soit je la dissous ou pire encore, on la fusionne avec les Khi omikron, peut-être que ça vous fera mûrir et ça vous rendra moins cons. »

Eden regardait chacun des adolescents qu’il avait en face de lui quand ses yeux se posèrent sur Emeric, Ashlyn et Matthew :

« Vous trois, venez avec moi dans la pièce à côté »


Il se dirigea vers une autre pièce dont il se foutait pas mal de savoir à quoi elle servait et une fois les trois adolescents entrés, il claqua presque la porte derrière eux.

« Premièrement, Emeric je pense, si ma mémoire est bonne, que tu n’as plus rien d’un chef. Que ce soit officiellement, ou officieusement, tu n’es plus qu’un roh kappa. Tu me feras le plaisir de rester à ta place, à celle d’un roh kappa et de laisser Ashlyn et Matthew s’occuper de cette confrérie comme bon leur semble. Peut-être que tu devrais en profiter pour mûrir un peu, tiens »

Il s’adressa ensuite à l’adjoint des Roh Kappa :

« Toi, t’arrêtes d’écouter ce qu’on te dit, hormis Ash. Un quarterback soumis à son ancien chef, aussi mature qu’un gamin de 7 ans, c’est loin d’être crédible »

Il se tournait ensuite vers Ash :

« Ash, tu fais comme bon te semble et t’écoutes pas ce qu’on te dit non plus, mais par pitié, change moi ces histoires d’humiliation, sinon vous irez tous vous humilier en tant que Lambdas, je vous laisse jusque septembre pour régler ça. Vous pouvez y aller… sauf Emeric, tu restes là j’en ai pas fini avec toi »


Eden attendit que Matthew et Ashlyn sortent pour expliquer à Emeric ce qu’il comptait lui infliger :

« Je ne vais pas m’amuser à te faire la moral, parce qu’à mon sens, tu devrais connaître un minimum de chose dans la vie. Par contre, t’as pas l’air de te rendre compte de ce que t’infliges aux personnes autour de toi, alors on va changer les règles du jeu. La semaine prochaine, tu la passes chez les Nu Zeta…. Sous les ordres d’Harmony Winfrey. Elle est prévenue ainsi que leur chef. Qu’elle te demande de curer les toilettes, cuisiner, jardiner, nettoyer, sortir les poubelles, qu’elle te prenne pour la bonniche ou même un esclave, je m’en tape complètement, au moins tu verras ce que ça fait d’être humilié et peut-être qu’à l’avenir, t’arrêteras de prendre les autres pour tes larbins. Que tu me détestes, sincèrement, j’en ai rien à battre, je survivrai, mais par contre, n’oublie pas que contrairement à toi, j’ai fini mes études et si tu ne veux pas que je fasse de ta vie un véritable enfer, tu rattrapes tes erreurs, avec cette fille. Estime toi heureux que ce ne soit que d’elle, parce que si je devais te faire le même coup avec toutes les personnes qui se plaignent de toi, être le larbin de quelqu’un serait probablement ta nouvelle vocation. Les règles ? Si tu refuses, si tu fous la merde ou si tu recommences ton numéro de cette après-midi, je te vire de ta confrérie. J’espère que c’est bien clair. Ah, puis dernière chose, signe-moi ça, c’est la preuve que t’acceptes, et avec le sourire s’il te plait, de devenir le larbin d’Harmony pendant une semaine. »

Une fois terminé, Eden sorti de la pièce et s’adressa une dernière fois aux Roh Kappa :

« Réfléchissez bien à ce que je vous ai dit, parce que je n’aurai aucun scrupule à agir. Bonne soirée »

Sans se retourner, il retournait vers sa voiture et repartait chez lui, sans même se soucier de l’état de nerfs dans lequel pouvait se trouver ce cher baby Kürschner.

HRP: tous les RK peuvent répondre et si l'un d'entre vous veut jouer le rôle du mec qui se prend le coussin, il peut aussi
- Eden est un peu dure concernant le règlement, après ce n'est pas parce qu'il le dit lui IRP qu'IRL vous devez changer, il fait juste son job de dirlo.
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