Ses yeux s'agrandir de 2 bons centimètre. On aurait dit un gosse devant ses cadeaux de Noël. Ce n'était pas grand chose, juste une petite guitare à 4 cordes, mais il avait l'air de le prendre énormément à cœur. Peut-être était-ce mon rapport à l'argent très simple qui me fait dire ça, mais il avait l'air assez « pauvre » si je puis dire. Enfin « pauvre » n'était pas le bon mot, « reconnaissant face à tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec l'argent et qu'on lui offrait », ça c'était le bon mot.
-Merci beaucoup Louis, vraiment, je... C'est vraiment un super cadeau. Merci
Un vrai gosse, émerveillé. C'était mignon. Adorable même. On allait prendre mes articles à la caisse, je payai et il me dit :
-Baah... Maintenant va falloir que tu m'apprenne le ukulélé, pas le choix
Cela me fit rire. Le ukulélé, en somme, ce n'est qu'une guitare à 4 cordes. T'as pas besoin de solfège ou d'une oreille particulièrement fine pour y jouer. Mais ça, c'est ce que tu sais quand tu joues d'un instrument.... Et mon pauvre Eric n'avais jamais été initié à la musique malgré sa passion pour.
-De toutes façons je compte te revoir !
Mais qu'est-ce qui t'a prit, Louis ? Pourquoi dire ça comme ça ? « Je compte te revoir » et puis quoi encore ? Propose lui de boire un verre au bord de l'eau aussi tant que tu y es ! C'est pas possible à quel point je peux être conne... Tuez moi. Je devais me rattrapper...
-Enfin, on se reverra sûrement. Puis c'est pas si grand Wynwood.
C'est bon ? T'as fini de te ridiculiser ? Allez, casse toi maintenant. J'étais pleine de honte, et charmée par Eric. C'était quelqu'un de génial que je comptais revoir. Même si le dire comme ça n'était qu'une bourde au compteur. Je devais être toute rouge alors je me suis empressée de partir.
-Bon, je dois y aller, à plus.
C'était court. Trop court. Mais je n'avais pas envie de m'éterniser et voir naître ds sentiments qui je ne voulais en aucun cas avoir. Que ce soit pour Eric comme pour n'importe qui d'autre. Merde Louis, ton esprit Rock s'affaiblit avec ce type. Ne redeviens pas guimauve, je t'en supplie.
« Hep ! Lui dis-je dans l'oreille, j'ai un p'ti cadeau pour toi, je lui montre le ukulélé sur le comptoir, il te plait ? »
… Il s'est levé et m'a donné ma guitare. Il avait le sourire jusqu'aux oreilles et m'a dit :
"Bien sûr que je viens, je rêve de pousser la porte d'un magasin de musique ! Et pour Julia, bah c'est une très belle chanson, et puis euuh moi je trouve çà plutôt mignon de donner un nom à sa guitare..."
Puis il s'est mit à rougir. C'était adorable.
"Et euh c'est par où le magasin de musique ?" me dit-il.
D'un coup la confusion embruma mon esprit... l'ambiance qu'il y avait dans ce magasin n'allait sans doute pas lui plaire...C'était très « dark », très « punk ». Impossible qu'il aime. Mais pourquoi lui avais-je proposé de venir ? Il allait me prendre pour une folle ! Mais trop tard pour reculer, on allait aller dans ce magasin, un point c'est tout. Et après tout, s'il n'aimait pas, c'était pas bien grave.
« C'est pas très loin, à 500m max' »
Je pris mon sac, mis ma guitare sur mon dos grâce à la sangle et saisis son bras avant de l'entraîner hors du parc. Ouais, c'était peut-être trop amical pour un gars que je venais de rencontrer...mais pourquoi pas ? C'était un « bouc émissaire », non ? Quand nous arrivâmes à la boutique, je retins mon souffle. Depuis quand l'avis de quelqu'un m'importait autant ? La porte déclencha une petite clochette et un vendeur vint à notre rencontre. Il était tatoué, percé, bref, le total look.
« Louis ! Ca fait un moment ! Des cordes, comme d'hab' ? » Je lui souris, c'était la seule boutique que je fréquentais, normal' que j'ai mes habitudes. « Ouais, tu m'connais trop bien c'est effrayant ! » Lui répondis-je.
Il passa derrière son comptoir pour sélectionner les cordes, pendant qu'Eric regardait les guitares plus loin. Derrière le vendeur, tout un mur était rempli de ukulélé. Je m'appuyai sur le comptoir, en m'assurant qu'Eric ne regardait pas dans notre direction.
« Hey ! Jimmy ! J'en aimerais un, dis-je en désignant les ukulélés derrière lui, le dernier en partant de la gauche. Et tu me mettras des cordes avec ».
Il acquiesça et prépara mes articles, pendant ce temps, j'allai près d'Eric qui était toujours près des guitares. Il n'avait pas l'air surpris par la déco très post-punk. Les murs noirs, les dorures rouges, le look du vendeur ou encore l'Iguane à l'entrée. Rien de tout cela semblait le déranger.
« Hep ! Lui dis-je dans l'oreille, j'ai un p'ti cadeau pour toi, je lui montre le ukulélé sur le comptoir, il te plait ? »
Finalement il ne m'a pas prit plus pour une débile que ça...ou du moins, il ne l'a pas montré. En fait, il était du même avis et après une divagation sur le jogging et le sport en général il a agité sa main devant mes yeux. Ca m'a sorti de mes pensées et j'ai sursauté avant de le voire tout sourire qui me disait :
"Dis tu me montre un troisième accord ? C'est que je veux devenir le prochain Eliott Smith moi"
Bon, il n' avait pas encore le talent, mais la référence m'a plu. Rihanna et Lady Gaga occupent beaucoup de trop de place dans ce monde, si tu savais... J'ai placé ses doigts une nouvelle fois avant de faire vibrer les six cordes de mon autre main. Il ne se débrouillait pas si mal !
Il commençait à y avoir beaucoup de monde dans le parc. Un couple s'était installé tout près de nous et forcément, une guitare, ça attire l'attention. Ils nous regardaient l'air de nous dire « Bah allez, jouez nous un truc, faites quelque choses, allez-y »... insupportable. Je crois que dans le terrible monde des ados, c'est de ce que je déteste le plus. Etre jugée, dévisagée quoi que l'on fasse. Du coup je me suis tournée vers Eric, qui était toujours concentré sur la guitare...
« Bon, je vais me balader en ville si tu veux venir... » dis-je en me levant.
Je n'avais plus envie de rester dans ce parc, à être dévisagée ainsi, je voulais marcher, me dégourdir les jambes... et puis je connais Miami comme ma poche. Comme j'ai vu que Eric avait l'air de vouloir me suivre, je me suis souvenue de ce magasin de musique trois rues plus loin. Il n'était pas exceptionnel, mais l'ambiance me plaisait. Les vendeurs, tatoués et percés dans un décor underground sont absolument kiffant.
« Il y a un magasin de musique un peu plus loin, si tu veux m’accompagner. Il me faut des nouvelles cordes pour Julia...euh...pardon, ma guitare. »
Ok. J'ai gardé mon calme. Il le fallait. J'étais juste fichée comme la fille qui donne un nom à sa guitare, c'est rien. Un nom féminin de surcroît. Bah oui c'est pas comme si tu t’appelais Louis et que tu entretenais un style vestimentaire à la limite de l'ado en crise, du skateur et de Kurt Cobain. C'est rien Louis, reprends toi, c'est pas un de ses sales types qui se ferait des idées.... Mais non, il juge pas les gens comme ça lui...mais qu'est-ce t'en sais, tu le connais que depuis 30minutes ! Oui mais il est sympa... MAIS TU LE CONNAIS PAS !
Voilà ce qu'il se passait dans ma tête... c'était pas jolie...
Mon malaise devait être visible sur ma tronche alors j'ai argumenté...
« Ouais...en fait... c'est, tu sais, la chanson des Beatles...je l'ai appelé comme ça... »
Je me suis passée une main derrière la nuque. Cruche ? Oui, totalement. J'avais l'air cruche.
… Il a sourit devant ma présentation. Puis Tout hésitant il a baragouiné dans un français approximatif :
"Tout mes hommages mademoiselle Martin, it would... er... Ce serait un honneur de vous faire visiter le lycée".
Bon...d'accord, j'avoue, c'était classe. Vraiment classe. Alors j'ai répondu en français pour la première fois :
« Ce serait super cool, ouaip' ». Mais devant son air tout perdu j'ai répété en anglais.
Après une petite grimace de douleur et une fois que j'ai placé ses doigts sur la guitare, on a pu admirer son magnifique accord. Il avait l'air tellement fier de lui...
"Non en effet ! Ouah je suis genre super fier de moi, j'ai appris un accord à la guitare. Fêtons çà, Champomy pour tout le monde !Excuse moi, je délire totalement... Et au fait merci de m'apprendre la guitare, j'espère être un élève cool !"
J'ai éclaté de rire en même temps que lui quand il m'a dit ça. Bien sûr que c'était un élève cool. Le meilleur que j'ai jamais eu. Bon, le seul aussi ça aide. J'ai placé ses doigts une seconde fois sur la guitare. J'ai pu voir une petite grimace de douleur...et oui, faut souffrir pour... jouer de la guitare. Mais quand j'ai vu son sourire satisfait et ses yeux brillant, c'était la plus belle des récompense. Sérieux, être prof ça me tenterait bien.
Puis j'ai entendu des bruits de pas au loin... c'était une de ces poupées barbie qui courait. C'est vrai ça, je suis toujours à Wynwood. Pendant un petit instant je l'avais oublié. Je m'étais échappé de ce monde hyper hiérarchisé. Les Etat Iota qui sortent avec les Pi Sigma qui eux mêmes maltraitent les Nu Zeta...pendant un instant il me semblait que j'étais très loin de tout ça. D'ailleurs, il était dans quelle confrérie Eric ? Impossible que ce soit un Pi Sigma, trop timide, trop gentil...du moins je l'espérais. Je bus une gorgée de bière en voyant cette fille passer en courant...
« C'est dingue ça, comment on peut aimer faire du jogging ? Tu m'expliques ? Encore s'il y avait une récompense au bout, mais là ils courent après rien ! »
Oups... j'ai pensé tout haut. Ca c'est à force de trop t'envoyer d'email, j'ai tendance à m'exprimer de la même manière face aux gens... Et parler du jogging, sérieusement, c'est nul comme sujet de conversation ! Alors j'ai essayé de réctifier :
« Enfin...j'veux dire... c'est..enfin...y'a mieux comme sport... »
Ok, pas de soucis, j'ai juste du ressembler à une grosse tomate à ce moment là, mais je t'assures, je gérais. Bon, d'accord, je gérais pas, j'étais juste super mal à l'aise et c'est la première fois que ça m'arrivait à ce point. Enfin non, la dernière fois, je venais de me ramasser dans le métro... Qu'est-ce qu'il devait me trouver nulle de parler de course à pieds et de bafouiller comme ça... Les rôles étaient inversés, j'étais devenue toute timide et...il avait une guitare.
… Après un petit moment d'hésitation il s'est enfin assis à côté de moi en allumant sa clope. Mais impossible de me regarder dans les yeux. C'est dingue quand même ! Je lui arrive même à l'épaule et il est terrifiée par ma simple présence. Je te jure, Mangeur-de-Grenouilles, je suis pas si intimidante normalement. Mais ce qui me plait chez lui c'est qu'il n'est pas comme tous ces abrutis de lycéens d'ici. Il a l'air beaucoup plus naturel que la plupart des gens que j'ai pu voir en Floride. J'te jure, ici, c'est Saint Tropez...en beaucoup plus grand.
Eric, oui parce qu'il s'appelle Eric, a accepté une bière et m'a même avoué qu'il ne savait pas du tout jouer de la guitare. Ca m'a un peu amusé parce qu'il s'est mit à rougir et à se gratter la nuque, comme si de n'avoir jamais toucher une guitare, c'était la honte absolue. La peste en somme. J'ai vraiment pas pu m'empêcher de sourire. Pourtant j'ai essayé hein...mais il était vraiment trop drôle.
Ah oui, si tu te demandes comment j'ai su pour son prénom, c'est parce que juste après m'avoir avoué son « lourd secret », il m'a dit, je cite, ça :
"Eric Lawner, bouc émissaire du lycée, trouble fête à temps complet, poète au poches vides, enchanté mademoiselle. A qui ais-je l'honneur ?"
Génial, non ? Ce mec est VRAIMENT drôle. Et puis bon, quand il m'a dit « poches vides » j'ai un peu compris pourquoi il n'avait jamais touché à une guitare. Personnellement, c'est vrai que mon rapport à l'argent est...plutôt simple depuis que je vis avec mon père. Mais mes longues années à habiter dans un bungalow avec une mère alcoolique et une vieille guitare comme seule pote m'ont vraiment apprit à m'en passez. Et puis j'ai passé mes plus belles années dans un collège publique... alors la vie de château autant dire que j'y suis pas habituée.
Bref, fallait bien que je me présente aussi. J'ai pas réussis à gommer mon sourire en disant :
« Louis Martin, comme tu l'auras brillamment deviné, française, et toute nouvelle ici. Mais bientôt bouc émissaire aussi, compte là dessus »
Sur ce, je sortis ma deuxième canette de bière et en bu une gorgée. Bon... pourquoi pas lui apprendre trois accords ? On sait jamais, coincé dans un braquage de banque ça pourrait lui servir. Quoi je regarde trop de films? N'importe quoi ! Alors je lui ai passé ma guitare et j'ai placé ses doigts sur les cases pour pouvoir faire un C. C'est le nom de l'accord petit MDG ( oui, je t'appelle comme ça maintenant).
...Et puis là, je m'attendais à tout sauf à ce qu'il me lâche dans un français presque impec' :
"Ne te fâche pas... I er... Tu joue très bien de la guitare."
Ca c'était la meilleure, c'était à la fois génial qu'il parle français et totalement naze qu'il me dérange. Mais bon, cette langue ralentissait ma nostalgie croissante, alors je me suis dis qu'il devait pas être si crétin que les autres.
« Je peux te poser trois question s'il te plait? Pourrais continuer à jouer c'était joli. Aussi je voulais savoir si tu pouvais m'apprendre à jouer et euhh finalement, tu aurais pas une clope s'il te plait ?"
Finalement il a recommencé à me parler en anglais... c'était drôle. Il ne savait pas où se mettre. Tout timide, tout gêné. Tordant. J'ai pas pu retenir cet éclat de rire quand il m'a demandé une clope. Finalement, il était assez attendrissant. Ca se voyait à 20 miles qu'il l'a voulait cette guitare. Ses yeux ne demandaient qu'à apprendre ! Y'a pas à dire il était vraiment différent des autre nazes du lycée. Déjà, il avait pas l'apparence d'un gosse de riche ou d'un fils à papa. Et puis il avait pas peur de moi. Du moins...pas peur pour sa réputation.
Je le dévisageais encore un moment avec un sourire amusé sur les lèvres. Puis j'ai sorti une clope que je lui ai donné avec mon briquet customisé. Il est trop cool ce briquet, y'a marqué « j'écris sur un briquet », sans doute une de ces blagues qui te font rire sur le moment mais mais qui, à la longue te gonfle. Bizarrement, elle me fait toujours marrer. Pour en revenir au gars debout debout devant moi, l'idée de lui donner un cours de guitare me plaisait, alors je lui ai sourit davantage pour pas qu'il se sente effrayé avant de lui dire :
« Y'a que trois accords tu devrais t'en sortir ! Devant sa mine effrayée j'ai insisté : allez viens t’asseoir, je mords pas »
Une fois assis à côté de moi, je fouillai dans mon sac un petit moment avant de trouver mes trésors.
« Tu veux une bières ? Elles sortent tout droit de mon mini-bar secret, elles sont ultra fraîches, et puis, c'est quoi ton nom ? ».
C'est encore moi. Je sais, t'en as marre.Mais ça me fait vraiment du bien de te parler, je t'assure. Je pensais que c'était qu'une connerie, mais parler avec quelqu'un, comme si j'avais un vrai ami... y'a pas à dire, c'est cool.
Bref, ça fait quelque jours que je suis à Wynwood maintenant. Et toujours rien de concluant. Je pensais que ça allait se passer comme dans ces séries américaines. Tu sais, quand le grand blond, hyper musclé, en mode beau gosse, s'intéresse à la petite nouvelle du fond de la classe... Mais c'est des conneries, rien de plus. Déjà, les beaux gosses musclés, y'en a pas plus à Miami qu'à Paris. J'te jure, c'est effrayant ! Et puis... tout est tellement inaccessible... Mon père me manque. Je pensais pas qu'il me manquerait un jour à ce point. Je me sens seule. Finalement, l'école à la maison, les potes défoncés, les photos sur les bords de la Seine, les soirées chez Hugo... c'était cool. Trop cool. Ca me manque. Ici, je me lève, je vais en cours, je reviens dans ma chambre, je me couche. C'est monotone, sans saveur. Ca va pas. Je m'ennuie. Ma vie, elle passe, et je la regarde passée. Je me sens tellement seule, si tu savais.
Alors aujourd'hui, vu qu'on était dimanche, et que la plupart des élèves rentrent chez eux ( ou pour les moins chanceux, vont à leur club d'échec ou de faisage-de-cup-cakes-vomi-de-licorne), j'ai décidé de jouer de la guitare. Quoi ? Cliché ? Oui. Je te l'accorde. Mais ma mère m'a toujours dit « la musique, c'est un truc de bonhomme, c'est pas pour les pédales ». Et quand je pense à elle, j'me sens bien. Alors je fais de la musique. Parce que j'suis pas une pédale. Puis j'ai vu que dehors, le soleil brillait, alors pourquoi pas jouer au parc ? Bah ouais, c'est pas à Paris que j'aurais pu voir un ciel aussi dégagé en février. J'ai préparé mon sac en mode « solitude extrême » : deux bières, un paquet de clopes avant d'aller prendre ma douche. T'imagines si on me choppe avec ce parc de bières dans l'internat... j'ai eu la flemme de lire le règlement jusqu'au bout pour savoir ce que je risque mais ça doit pas être top. Un sweet noir à capuche avec le logo de Nirvana, un vieux jean troué, une paire de converses et un eastpack sur le dos et ça y est : je suis un vrai stéréotype d'ado mal dans sa peau, musicien pour faire genre, et fumeur de clope par dépit. J'ai pris ma housse de guitare, mon Nikon qui me suis partout, des Tic-tac à l'orange et me voilà dehors. Prête, pour un dimanche ensoleillé.
C'est vraiment agréable de sentir cette chaleur sur sa peau, cette légère brise et cette odeur de bacon le matin dans le parc du lycée. Arrivée dans le parc, je me suis mise en quête de la place idéale pour que : 1. Personne ne me dise (au choix) : « Waou, tu joues bien/ P*tain shut up, je révise ! ». 2. Personne ne me fasse remarquer : « Hey ! C'est quoi cet accent ? T'es française ? Louuuuuissse ». 3. Que personne ne m'empêche de boire ma canette et de fumer ma clope.
Finalement, j'ai trouvé. C'était assez reculé dans le parc, un petit coin d'herbe, où il n'y avait personne. A quelque mètres je pouvais voir un petit lac artificiel dont j'entendais l'eau...Parfait. Alors j'ai sorti ma guitare et j'ai commencé à jouer deux/trois airs sans trop savoir quoi c'était. Juste histoire de me vider la tête sur mon instrument avant d'enchaîner sur un classique de Radiohead. Fuck les clichés, c'était p*tain de cool !
Puis j'ai entendu des bruits de pas en mode « sortis de nul part » qui m'ont fait arrêter net. Un mec était là, devant moi. Plutôt grand, brun, mais je faisais pas trop attention à lui, juste au fait qu'il me dévisageait. A vrai dire, ça m'a énervé et j'ai anticipé en lui lançant:
" Bah quoi ? T'as jamais vu quelqu'un jouer de la guitare ? Ca t'effraie ? Ouais, je sais que j'ai un accent et je t'emmerde royalement si tu veux savoir."
D'accord... j'ai peut-être un peu trop anticipé. Mais comme ça j'étais certaine qu'il allait me laisser tranquille, ou mieux, me prendre pour une folle et ne plus jamais m'approcher. J'avais pas envie qu'il m'arrose de son bonheur matinal.