TERMINE - Le français, la plus belle langue au monde (PV Alexandra)

Li vint alors parler du voyage en ski qui les attendait avec les Alpha Psi. Récompense gagnée grâce à la vente aux enchères organisées à la veillée de Noël. Soirée durant laquelle, la jeune chinoise avait du montrer ses talents au gratin de Wynwood, non sans difficulté, car il avait fallu qu'elle se maitrise et qu'elle ne tremble pas au milieu de sa représentation. Evidemment, comparée aux AP, les Khi n'avaient pas énormément de choses à présenter, si ce n'est leur capacité à connaitre les cours, et à aider les autres, mais Li avait voulu changer tout ça. Les AP au moins avaient chacun un art qui leur était propre, et donc des spectacles qui impressionneraient forcément les gens. Mais elle, mise à part le fait qu'elle savait parler trois langues, et qu'elle avait une capacité de mémoire impressionnante, rien de très folichon, ce pourquoi elle avait travaillé nuit et jour sur un morceau de piano, histoire de se démarquer de tous les autres. Preuve, elle avait eu quatre votes sur elle, plus qu'elle n'aurait pu imaginer. Certes, se vendre humainement parlant, peu parait totalement démodé, à croire qu'ils étaient tous des esclaves aux marchés du Caire, mais non, c'était pour la bonne cause, et qui dit bonne cause, dit Li dans les parages.

_ Oui, un voyage entre Khis et Alpha Psi. En fait, juste avant Noël, les deux confréries ont été amenées à se présenter à une vente aux enchères, chacun quelques heures avant le bal annuel, devaient présenter quelque chose, et des gens ont misés sur nous. L'argent récolté a permis de financer intégralement le voyage, dit-elle. Si tu adores skier, je serais ravie que tu m'apprennes, parce que j'en ai jamais fais, dit-elle. Si jamais tu es partante pour le voyage, j'imagine qu'il y a toujours un moyen de t'inclure.

Bien sur qu'elle pourrait, suffisait de demander aux grands chefs, et Alexandra décollerait avec eux sans soucis, et puis c'était si rare qu'une telle occasion arrive, alors personne ne devait être mis sur la sellette et encore moins une petite nouvelle qui rejoint les rangs.

Elles continuaient à manger calmement, tout en parlant de leurs vies respectives, d'où elles venaient, une discussion normal quand deux personnes cherchent à en savoir plus l'une sur l'autre.

_ Et bien, on attendra le verdict, mais je pense que tu peux avoir ta place dans la confrérie, du moins je l'espère sincèrement.

Parce que malgré tout, Li se disait que si Alexandra faisait partie de la confrérie, elles pourraient se voir, alors que dans le cas contraire ça pouvait s'avérer amplement plus compliqué. Mais advienne que pourra, Li cherchait encore, et parla options.

_ Ah dommage, dit-elle en faisait une petite moue déçue. J'ai pris maths, français et esthétique, on ne sera pas non plus ensemble pendant ces tranches horaires. Bah au moins on aura essayé toutes les solutions.

Les deux jeunes filles finirent chacune de leur côté leur plateau repas, non sans difficulté pour Li qui tendait à tuer quelqu'un en s'y prenant comme un manche à balais avec son orange, et qui apparemment était tombé sur celle à la peau la plus dure de toutes. Puis, comme attendu, la fin du repas arriva trop vite, et chacune avait leur emplois du temps respectifs, la jeune Alexandra s'excusa auprès de Li, et se leva.

_ Pas de soucis, demain au même endroit, lui dit-elle en souriant. Dès que j'ai un temps je t'envoie un SMS. Salut, lui dit-elle en lui faisant un dernier signe de main, avant d'elle-même se lever un peu après et ranger son plateau, quittant la cantine.

La jeune fille semblait peinée par l’annonce de Li. Elles n’étaient pas dans la même classe, c’était déjà plus dur pour elles de se retrouver un jour face à face, mais Li ne désespérait pas. Elle savait que si elle le voulait, elle aurait toujours un moyen de converser à nouveau avec Alexandra. Rien qu’à la cafétéria, elles pouvaient se retrouver régulièrement les midis.

_ Oui, et puis voyons le côté positif des choses, on mange ici tous les midis, donc on pourrait se retrouver ici tous les jours, si on n’arrive pas à trouver une solution, lui dit-elle calmement.

Puis, Li, ayant une petite idée, attrapa un bout de papier, et y apposa son numéro avant de le tendre vers la jeune fille. Son numéro y était inscrit à l’encre. Alexandra la remercie alors et lui tend également un petit bout de papier.

_ Merci, répondit poliment la petite chinoise qui rangea ce bien précautionneusement dans la poche avant de son sac, là où étaient rangées toutes les choses importantes.

Voyant le plat fumant devant ses yeux, Li soufflait frénétiquement pour que la nourriture refroidisse et prit quelques bouchées, avant de poser d’autres questions à la jeune fille face à elle. Jeune demoiselle qu’elle semblait déjà apprécier, de part son petit sourire timide, son visage enfantin. A l’évocation de Boston, Li perçoit une petite flamme dans les yeux de son interlocutrice, dans sa voix un sentiment de nostalgie. Li l’écoute avec un grand intérêt, la comprenant en tout point. On a beau se plaire à l’endroit où on vit, notre lieu d’origine nous manque toujours.

_ Je comprends très bien, ça fait toujours un sacré choc un changement de vie comme ça. Parce que même si Boston et Miami sont deux villes des USA, le mode de vie, le climat et tant d’autres choses font qu’on dirait deux lieux totalement différent. Mais tu t’y habitueras, tu verras, mais il ne faut surtout pas oublier tous les souvenirs que tu as de cette ville, lui dit-elle, avant de répondre à la question qui venait de lui être posée : Haha, ne t’en fais pas, souvent les gens me posent la question, et si j’étais à leur place, je serais également curieuse. Elle marqua une pause. Mais en effet, j’ai des origines asiatiques, je viens de Taiwan. Mais je parle français, parce que quand j’avais trois ans, ma mère et moi avons déménagé à Paris, avant que j’arrive cette année à Miami. Long parcours, je sais, mais c’est grâce à tous ces déplacements que je peux dire que je parle couramment trois langues.

Trois langues, mais une lui sert plus que les autres. Bien sur, elle aime pouvoir conserver cet avantage, mais c’est toujours en pratiquant qu’on arrive à ne pas perdre ses connaissances, et malheureusement à part avec sa mère, elle n’a encore trouvé personne qui sait parler mandarin. Le français, elle arrive à l’entretenir, avec Scarlett, et maintenant avec Alexandra.

_ Et bien nous sommes deux alors, je suis d’une nature curieuse également, alors nous risquons de continuer longtemps à nous poser des questions, mais ça ne me dérange pas du tout. On ne peut que se connaître de cette façon, après tout.

Li sentait que son plat se refroidissait, et continua à manger avant de devoir tirer une grimace en avalant un morceau de viande complètement froid et immangeable. Avalant quelques gorgées, elle profita du léger silence qui s’était installé pour finir son assiette, jusqu’à ce qu’elle lui demande si Li connaissait Molly.

_ Je ne peux pas dire que je la connaisse véritablement. Je la croise fréquemment au sein de la confrérie, on se dit bonjour et je sais qu’elle a une place importante puisqu’elle est recruteuse. Mais j’avoue ne pas avoir eu l’occasion de passer autant de temps que je voulais en sa compagnie. Quand on ira au voyage en ski, j’espère avoir cette chance, dit-elle. Il était vrai qu’à part Scarlett et Gabriel, Li ne connaissait pas grand monde de sa propre confrérie, ce qu’elle trouvait honteux. En tout cas, j’espère que tu rejoindras bientôt notre confrérie, on est peut être les plus sérieux de Wynwood, mais on est les plus accueillants. Ca ressemblait à une devise de pub.

Li observa l’orange sur son plateau, et saisit le couteau avant de comment à l’éplucher faisant gicler quelques gouttes dans ses yeux, ce qui la fit grimacer. Alexandra la prendrait certainement pour une idiote, qui ne savait même pas éplucher une orange.

_ D’ailleurs, quelles sont les options que tu as choisies, si ça se trouve, on peut se retrouver ensemble à ces cours de l’après-midi ? Demanda Li une lueur d’espoir dans la voix.

_ Oh, ne t’excuses pas, en même temps je parlais si fort, qu’on n’a pas trop du oublier ma présence. Et puis, je peux te comprendre, c’est comme si c’était toi que j’avais entendu parler français, je serais venue tout de suite te voir, ou encore mieux si quelqu’un s’était mis à parler mandarin. Je pense que c’est une réaction normale, en tout cas, je ne t’en veux pas. Lui répondit-elle en souriant.

Au début Li pensait avoir face à elle une vraie française, mais la jeune fille s’avérait être une américaine pure souche, avec une mère française. Au moins, elles avaient déjà la langue en commun, et puis ça faisait tellement du bien de pouvoir la parler.

_ Ah d’accord. En tout cas, si un jour tu en as l’occasion, tu devrais aller visiter la France, c’est un pays magnifique.

Même si Li ne connaissait de la France que Paris ou encore la Normandie, ou l’île de Ré, elle trouvait les paysages merveilleux et imaginait que partout ailleurs, ça devait être la même chose.

_ Et bien enchantée… Li hésita, étant bien trop polie pour user d’un surnom à une nouvelle rencontre. Alex.

Si ça se voyait qu’elle était nouvelle ? Li avait envie de lui répondre que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Non pas que ce soit péjoratif comme façon de penser, mais surtout que Li arrivait désormais à distinguer les nouveaux des plus anciens. A la cafétéria, les élèves ont tous leurs petites habitudes, et même les plus timides semblent plus en confiance dans ce milieu familier à leurs yeux, tandis que pour la jeune Alexandra, elle semblait encore un peu étrangère dans ce décor. Mais Li aimait bien les petits nouveaux, généralement, ils ne connaissaient encore rien des mœurs entre confrérie, et avait plus de chance d’être traitée comme une jeune fille normale, et pas comme la Khi indésirable qu’il faut à tout prix éviter.

_ Ce n’est pas marqué sur ton front non plus, mais on peut le deviner, tu ne sembles pas encore tout à fait à l’aise, lui avoua-t-elle, mais c’est pas un reproche, ou une remarque déplaisante, j’aime bien voir de nouvelles têtes. Elle marqua une pause, écoutant avec attention ce que lui disait son interlocutrice. Très bon choix, de toute façon, ces deux confréries, sont à mon sens les meilleures. Elles restent simples et ceux qui en font partie savent rester eux-mêmes, comparés aux membres des autres fraternités, qui ne pensent qu’à la concurrence. En tout cas, je serais heureuse de t’accueillir chez les Khi, puisque oui, tu as raison j’en fais parti.

Li se voyait en Alexandra, elle aussi avait hésité entre Alpha Psi et Khi Omikron à son arrivée à Wynwood, parce qu’au fond, elle aimait et pratiquait le piano, mais quand elle y réfléchissait bien, elle ne faisait jamais passer le piano avant les cours, ça ne restait qu’un passe-temps, et jouer d’un instrument, sans savoir lire les notes, était pour elle insuffisant pour se définir comme une artiste.

_ Haha, tu n’as pas à t’inquiéter, j’ai très bien compris ce que tu voulais me dire. Tu as surtout pas besoin d’avoir peur, je ne vais pas te juger tu sais. Et puis surtout si tu as besoin de quoique ce soit, surtout n’hésites pas à venir me voir, je me ferais un plaisir de te venir en aide.

Il en fallait peu pour que Li s’attache aux personnes qu’elle côtoyait, et elle trouvait cette jeune fille très mignonne, encore innocente, n’osant pas trop aller de l’avant.

_ Ne t’en fais pas, ça viendra, avec le temps tu arriveras à t’ouvrir plus aux gens, suffit juste d’avoir un peu plus confiance en soi, et ça s’arrangera.

Confiance en soi ? C’est elle qui en parlait, alors qu’elle-même doutait de ses capacités sans arrêt. Mais comme souvent, Li donnait des conseils qu’elle n’appliquait même pas pour soi.

Alexandra lui parla de Boston, de ses craintes et appréhensions, de cette volonté de vouloir changer.

_ C’est normal, pour le moment, tu sais. Tu viens d’arriver, tu ne peux pas connaître déjà tout le monde, mais tu te feras vite des amis. Déjà, fais connaissance avec les gens de ta classe, puis après dans ta confrérie, ça se fera au fur et à mesure, mais il ne faut surtout pas avoir peur d’aller vers les autres. Bon je te l’accorde, y en a qui valent rien, et qui mériteraient qu’on les oublie, mais vu tes choix de confrérie, tu ne risques que de rencontrer des gens adorables avec qui tu pourras parler de tes passions crois-moi. A l’entente du mot ennemi, Li grimaça. Par contre, je ne peux pas te garantir que tu ne rencontreras pas des terreurs sur ta route, il y en a ici qui n’en ont que pour leur ego, mais tu ne dois surtout pas leur tenir rigueur, et juste rester toi-même.

Entre temps, Li avalait quelques bouchées de son assiette, elle qui avait horreur du gaspillage, et n’aimait pas manger froid.

_ Je suis en Senior C, mais les cours sont communs par niveaux. Tu es en quelle classe toi ? Et puis même si on n’est pas dans la même classe, on peut toujours trouver un moyen de se revoir, on est dans le même lycée c’est déjà ça.

Li sortit de son sac une petite feuille et commença à gribouiller quelque chose dessus rapidement.

_ Tiens, c’est mon numéro, comme ça, il y aura toujours un moyen de se contacter, si on ne peut pas vraiment se voir, tu auras de quoi m’appeler, et au moindre souci je viendrais te voir. Mais c’est sur que si tu es chez les Khi ça sera tout bonus.

Elles seront dans le même dortoir, pas dans la même chambre, vu que Li la partageait avec Scarlett, mais elles pourront profiter des privilèges de leurs bâtiments, et passer du temps dans la salle commune, si les cours ne leur permettent pas de se voir.

_ Sinon, Boston doit te manquer non ? Comment tu trouves Miami ?