Qu'est-ce que tu fous là ? [ PV : Karen ]

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Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

Comme elle l’a demandé si gentiment, Jamie vient lui apporter un verre d’eau. Elle le remercie d’un simple signe de tête et se concentre sur son le copain de son cousin, qu’elle n’a pas eu l’occasion de rencontrer. Elle en a entendu parler plus d’une fois, aussi parce qu’il travaille à l’école, et elle a pu l’apercevoir près du buffet le soir du bal. Mais franchement, à ce moment-là, c’était loin d’être ce qui occupait le plus son esprit. Tout son être était plutôt tourné vers Kevin. A se demander d’ailleurs comment elle avait pu ignorer tous les détails qui lui hurlaient que cette soirée allait se terminer en catastrophe. Mais bon, c’est exactement ce qu’elle veut oublier en engageant la conversation avec le brun. Elle s’excuse pour cette rencontre un peu minable, elle n’a pas du tout pensé que ça se passe comme ça. Elle a appris que la vie ne se déroulait pas toujours selon ses vœux et ça lui fait mal.

- Ah oui ? En bien j'espère. Je suis ravi de te connaître aussi, il m'a parlée de toi également.

En bien elle espère. Mais elle sait que son cousin, lui, ne crachera pas de venin dans son dos. Ce qui n’est pas forcément le cas de tous ces jaloux qu’elle côtoie tous les jours, tous ces ratés, tous ces pseudo provocateurs du dimanche fils à papa et toutes ces putes qui l’insultent parce qu’elle garde sa dignité et qu’elle arrive très bien à vivre comme ça. Elle le questionne alors sur son métier, elle ne se souvient plus de ce que c’est. Loin d’elle l’idée de le dénigrer, au contraire, elle essaie de s’intéresser à lui, sans doute pour s’oublier un peu elle.

- Disons que j'ai pris le premier job venu, je suis surveillant. Je fais rarement les permes et les heures de colle par contre. On me laisse souvent " enfermé " dans la vie scolaire.

Heureusement, elle pense. La vie scolaire, ça a plutôt l’air d’être du travail administratif, avec des papiers et tout. Pas ce qu’il y a de plus intéressant au monde, oui. Mais les permes et les heures de colle, c’est un contact direct avec les élèves. Le pire, les colles, parce que c’est avec les têtes brûlées. Ce qui s’y croient parce qu’ils ont réussi à se retrouver là. Ceux qui font leur dur en sortant alors qu’en réalité, ils ont juste été dans la salle parce qu’ils ont mal parlé à une prof et ils se sont fait chier pendant deux heures à se dire que finalement, être libre de jouer au con les emmène à être enfermé dans une pauvre salle avec un pion qui n’a rien demandé.

- Je te souhaite bien du courage, je pourrais pas moi, j’aurais envie de tous les frapper.

Elle la première. Elle est consciente qu’avec son fort caractère et le fait qu’elle ne supporte pas l’autorité, ça ne doit pas arranger les surveillants ou les profs. Et là, ça ne va pas aller mieux. Au fond d’elle, elle sait qu’elle va devenir encore plus intolérante et qu’elle va donner du fil à retordre aux gentils enseignants à cause de ses absences futures.
Karen baille et met sa main devant sa bouche. Elle se sent fatiguée, ce qui est normal après la nuit qu’elle a passé. Elle a pleuré, elle s’est retrouvée au pied du mur de ses sentiments, elle a dû accepter d’être amoureuse. Maintenant, il faut qu’elle repose son esprit, qu’elle lui donne un peu de répit. Et demain … demain est un autre jour, elle n’y pense pas pour ne moment, parce que sinon, elle verrait le lendemain simplement gris et froid. Elle boit son verre d’eau tranquillement et le pose sur la table basse. Elle se tourne légèrement vers son cousin, en train de manger.

- Bon, je vous ai assez embêtés. Je suis fatiguée, je vais rentrer me reposer.

Elle se lève et hésite avant de déposer un léger baiser sur la joue de Luke, qu’elle connait très peu. Mais elle l’apprécie déjà, et là, elle n’a pas la force de jouer sa garce insensible. Elle se dirige alors vers Jamie et cette fois-ci, l’embrasse franchement sur la joue.

- Merci, je te revaudrai ça.

Elle lui sourit timidement et adresse le même sourire à Luka avant de partir. Elle se faufile par la porte et compte prendre un autre taxi pour retourner à la confrérie. Ses yeux sont légèrement rougis à cause de ses larmes, son visage est comme marqué par les derniers événements. Si on la croisait, on ne la reconnaitrait pas ! Mais elle s’en fiche.
En faisant le point, elle soupire. Grâce à son cousin, elle a pu mettre un mot sur ses sentiments, elle a pu se rendre compte qu’elle était raide dingue de Kevin. Mais malheureusement, elle n’a aucune idée sur comment vivre avec ça.

(c) Arwy

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Je suis ravi de te connaître aussi.

Qu'est-ce que tu fous là ? [ PV : Karen ] Tumblr_myfectrRBe1sdn19to2_250

Toutes ces histoires de cœur m'avaient sérieusement donné faim. Je sentais mon estomac remuer et gronder au fond de mon bide. Mon pauvre bide, il s'était transformé en salle de concert couverte. J'en perdais mon jean tellement il était vide. Je le remontai furtivement avec ma main libre sans pour autant cesser de scruter l'intérieur du frigo. Alors, alors... Jambon, fromage, yaourts, confiote, œufs... Hmm... En levant les yeux, je vis du pain posé sur le plan de travail. Bon aller, pain et frometon et puis basta. Je sortis un verre du placard pour servir à boire à Karen qui était désormais installée à côté de Luke. Ce dernier voulait certainement faire connaissance avec elle. Bref.

Je remplis le verre d'eau de ma cousine et alla lui donner avant de poser tout mon bazar sur la grande table qui se trouvait derrière le canapé. J'y dépliai une serviette, posai le pain, le fromage et m'assis devant mon encas. Je préparai mon petit truc et mangeai tranquillement, en fumant ma clope, derrière les deux installés sur la banquette. Karen prit la parole la première pour entamer la conversation. Lorsque ma cousine eut terminé sa phrase, Luke sourit en haussant légèrement les sourcils.

- Ah oui ? En bien j'espère. Je suis ravi de te connaître aussi, il m'a parlée de toi également.
Oui, je lui avais parlé de Karen. Au départ, je lui avais exprimé ma surprise d'avoir une cousine. Il est vrai que je ne m'y attendais pas du tout. Ensuite, on avait parlé mais très peu de la fusillade. Nous ne voulions pas remuer le couteau dans la plaie et puis, je voulais conserver un minimum l'intimité de Karen. Ils ne s'étaient pas encore rencontrés officiellement donc je refusais de déballer comme ça tout ce qu'elle m'avait dit. Et puis bah, la bal. J'étais inquiet pour elle et Luke l'avait remarqué donc on en avait discuté un peu mais pas tant que ça. Enfin bon... Elle questionna ensuite mon copain sur son boulot dans le lycée, ce qu'il faisait etc... Sans quitter son sourire habituel, Luke répondit gentiment.

- Disons que j'ai pris le premier job venu, je suis surveillant. Je fais rarement les permes et les heures de colle par contre. On me laisse souvent " enfermé " dans la vie scolaire.
Fait ch*er d'ailleurs qu'il reste tout le temps coincé dans ce bureau. J'irais plus souvent en perme sinon... Bref, ça faisait ch*er car on pourrait plus se voir s'il faisait les permes et les colles. Mais bon, on faisait avec.

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Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

- L'ignorer, c'est pas la bonne solution selon moi. Tu sais, ça fait mal d'ignorer la personne qu'on aime, je te conseille de bien réfléchir.

C’est tout réfléchit. De toute façon, il n’y a rien d’autre à faire. Pas de solution à part celle-là. Déjà, c’est clair, il n’y a plus rien de possible entre eux. Plus de parole gentille, plus de petit défi, plus de baiser volé entre deux cours. Il pourrait encore y avoir de la haine, mais ça ne convient pas à Karen. Déjà, elle n’a pas la force de détester Kevin. Et ça la détruirait encore plus que lui montre tout ce qu’elle lui inspire en cours. Elle préfère encore l’indifférence, pour le moment, qu’un poignard planté en plein cœur à chaque fois qu’il la regarde haineusement ou qu’il lui fait une remarque pour lui faire sentir qu’elle a merdé profondément.

Elle ne répond rien, mais elle n’en pense pas moins. De toute façon, elle va souffrir, elle va avoir mal, c’est loin d’être terminé. Mais elle est décidée à s’en sortir plus forte avant que ça ne l’achève totalement. Ce n’est plus la tristesse qui l’abat, mais la colère qui l’anime. Elle déploiera toute l’énergie qu’elle possède pour continuer à marcher la tête haute dans les couloirs … et se laisser aller à verser quelques larmes le soir en constatant qu’elle n’a pas pu lui parler ou le toucher. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de larmes du tout. Voilà son programme. Qu’elle va suivre à la lettre, encore plus que toutes ces grosses qui veulent perdre quelques minables grammes avant l’été pour ne pas paraitre boudiner dans leur maillot et qui suivent un régime draconien à la virgule près [je n’insulte pas les personnes enveloppées, mais Karen si]. La demoiselle remercie alors son cousin pour ses conseils, même si elle ne les suivra pas forcément. Grâce à lui, elle a fait le point sur ses sentiments. Même si elle aurait préféré rester ignorante, heureux sont les ignorants après tout, elle sait pourquoi ça lui a fait si mal et pourquoi elle mettra plus que quelques jours pour s’en remettre. Il finit d’essuyer les larmes qui sont sur son visage et lui sourit. Ça la réconforte, elle n’a jamais vraiment eu d’attention comme ça, sa mère étant trop occupée à profiter de sa nouvelle richesse, ou à vouloir bien l’éduquer. Comme si un enfant ne pouvait pas être élevé avec des sentiments ! Pourtant, elle sait que Nadja l’aime, elle ne le montre juste pas bien. C’est peut-être un peu pour ça qu’elle est si dure et froide avec les autres, parce qu’elle n’a jamais eu l’affection que tout enfant veut.
Jamie se lève alors pour aller lui aussi fumer une cigarette, à la suite de Luke. La Norvégienne fait une grimace. Qu’est-ce qu’ils ont besoin de cette merde ? Mais elle ne dit rien pour une fois, elle se tait, parce qu’elle aime son cousin et, par extension, son copain.

- J'ai la dalle, tu veux manger un truc Karen ?

Bonne question. Non, elle a l’appétit coupé. Sans doute qu’elle ne mangera pas beaucoup dans les jours à venir. Déjà qu’elle n’est pas bien épaisse de nature, il faudra faire attention à ce qu’elle en devienne pas totalement transparente …

- Non merci, mais je veux bien de l’eau s’il te plait.

Oui oui, elle a bien des notions de politesse aussi, vous ne rêvez pas. luke vient s’installer à côté d’elle et elle tourne son regard encore un peu humide vers lui. Pourquoi ne pas engager la conversation, tant qu’elle est là ? Elle lui fait un sourire presque timide, inconnu de son répertoire.

- Désolée, je pensais pas que notre rencontre se ferais comme ça … Mais je suis enchantée, Jamie parle souvent de toi !

C’est vrai. En même temps, elle le comprend. Elle-même aurait envie de parler de Kevin, à défaut de pouvoir être avec lui. mais ce n’est pas la meilleure idée pour le moment. Contrastant avec ses habitudes, elle ne juge même pas le jeune homme qui travaille pourtant pour le compte de l’école.

- Tu travailles à l’école, c’est ça ? Et tu fais quoi ?

Non, elle ne pensera pas que c’est un raté parce qu’il n’est pas élevé dans l’échelle sociale. Comme quoi, la tige d’une rose n’est pas entièrement recouverte d’épines !

(c) Arwy

Spoiler:

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Tu veux manger un truc Karen ?

Pas peur de lui, c'est facile d'affirmer ça ! Ça ne voulait pas dire qu'il n'allait pas essayer de lui faire du mal. " Je sais me défendre " mais oui, mais oui... Entre la force d'un mec énervé et celle d'une fille aussi épaisse qu'une brindille, il n'y avait pas photo. Elle était rigolote elle. Mais bon, c'était Karen, pas étonnant d'entendre ce genre de phrases sortir de sa bouche. Elle n'allait pas jouer les victimes, ce n'était pas elle, même si elle semblait plus fragile ces derniers temps. Enfin bon, elle aura beau tenter de me rassurer comme elle le pouvait, je ne pourrai pas m'empêcher de me faire du soucis pour elle. Ce type ne m'inspirait pas confiance, pas confiance du tout. Après, peut être qu'il pouvait changer, pour Karen. Il n'y a que l'avenir qui pourra nous le dire.

Il avait quand même été dur dans ses paroles. Que Karen sorte de sa vie ? Euh... Ça allait être un chouilla compliqué étant donné qu'ils étudiaient dans le même lycée et qu'ils pouvaient se croiser tous les jours. A côté de ça, ils pouvaient toujours s'ignorer, comme le proposait Karen mais je ne pensais pas que c'était une très bonne idée. Ignorer la personne qu'on aimait faisait mal, très mal. Ne pas pouvoir entendre sa voix nous parler, ni sentir sa peau effleurer la nôtre. Ça foutait un sérieux coup au moral, qu'elle fasse gaffe. Je voulais l'avertir tout de suite.
- L'ignorer, c'est pas la bonne solution selon moi. Tu sais, ça fait mal d'ignorer la personne qu'on aime, je te conseille de bien réfléchir.
Ok, elle risquait de se faire envoyer balader mais au moins, elle serait fixée. Et puis, elle s'en relèvera, c'est Karen après tout. Ça la blessera mais la plaie finira par cicatriser. Par contre, si elle attendait sans prendre la peine d'aller s'assurer de quoi que ce soit, la plaie ne cicatrisera pas, elle s'infectera. C'était ce que je pensais mais après, ça pouvait se passer autrement, je n'en sais rien. Le visage encore un peu humide de Karen semblait pourtant s'être un peu déchargé de tout ce qui pesait sur elle. Elle me remercia et me fit un bisou sur la joue. Je lui souris, très gêné, puis essuyai les dernières larmes qui brillaient sur sa figure. Luke, sa cigarette terminée, la jeta dans la poubelle et commença à fermer la fenêtre. Ma voix l'arrêta alors.
- Ferme pas, je vais en fumer une aussi. Je me levai du canapé, m'allumai une cigarette et m'approchai du frigo en tenant ma clope éloignée de ce dernier. J'ai la dalle, tu veux manger un truc Karen ?
Sans quitter le réfrigérateur des yeux, j'attendais la réponse de ma cousine. Pendant ce temps, Luke alla se poser dans le canapé et esquissa un sourire adressé à Karen.

[ HRP : J'ai éditéééééé. ]

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Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

Se rendre à l’évidence n’est pas la chose la plus simple qu’elle ait fait dans sa vie. Bien sûr, elle a toujours su passer les obstacles la tête haute et c’est ce qui fait sa force aujourd’hui. Mais ça, c’est le type d’épreuve à laquelle elle n’est pas du tout préparée. Le type d’épreuve où la plupart du temps, tu t’emmêles les pieds et tu te casses la tronche sur le sol dur et froid, heureux d’accueillir une nouvelle victime de l’amour. Ainsi, on laisse Cupidon faire ce qu’il veut ? Depuis quand Karen fait-elle partie de ses cibles ? Elle n’en a aucune idée, tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a été touchée et qu’elle est maintenant dans la merde à cause de ça. Aujourd’hui, elle ne met pas trop de temps à accepter, parce qu’inconsciemment, elle l’a déjà fait, elle y a déjà pensé, sans vraiment se l’avouer. Elle hésite quand même un peu, mais elle ne se braque pas totalement, et elle finit par totalement intégrer ce fait, en se demandant ce qu’elle doit faire. Elle n’en a aucune idée et elle sait bien qu’elle n’a pas le droit de le demander à son cousin, qu’il ne saura pas plus qu’elle. Pourtant, elle le fait quand même.

- Personnellement, j'aurais un peu les chiasses de te voir avec ce mec. Vu comment il est impulsif, il pourrait te faire du mal...

Ça, Karen le sait, même si elle peine à y croire. Elle l’a déjà vu un peu en colère, elle s’imagine sans problème qu’il peut aller plus loin, elle sait qu’il est impulsif, un peu comme elle. Il l’a déjà mise en garde. Mais elle n’arrive pas à se dire qu’il pourrait lui faire du mal à elle, qu’il oserait lever la main sur elle, qu’il la blesserait avec des coups plutôt qu’avec des mots. Les mots, c’est bon, elle a déjà tenté l’expérience, elle sait à quel point ça fait mal. Peut-être même qu’un coup physique la ferait moins souffrir, elle ne sait pas.

- Je sais me défendre, déclare-t-elle froidement. Je n’ai pas peur de lui.

C’est un peu un problème chez elle. Elle n’a pas peur. De rien. Et elle peut très bien s’attirer des ennuis avec ça. De gros ennuis même, mais elle ne voit pas les choses comme ça. Peut-être qu’un jour, elle tombera sur quelqu’un qui lui donnera une leçon … si elle est encore en état de l’apprendre. non, elle n’a pas peur de Kevin, elle n’a pas peur de ce qu’il pourrait lui faire, bien qu’elle ait été légèrement terrifiée quand elle s’est retrouvée avec lui dans le théâtre. En fait, elle a plutôt peur des sentiments qu’elle a pour lui et de ce qu’elle pourrait faire à cause de ça. mais l’histoire est réglée, elle ne fera plus rien, il ne veut plus la voir, lui adresser la parole, ou même poser ses yeux sur elle.

- Après, si tu l'aimes et que tu as envie de tester, va le voir.

Oh, il en a de bonnes lui, vraiment. Il l’aide du mieux qu’il peut, c’est clair, mais il ne peut sans doute pas saisir toute la complexité de l’affaire. Tester ? Elle se voyait déjà mal aller voir Kevin avant et lui dire « ouais salut, tu veux pas tester le couple avec moi ? » alors depuis le bal, c’est une idée à proscrire, vraiment.

- Je peux pas aller le voir. T’as bien entendu ce qu’il m’a dit ? Il veut que je sorte de sa vie. Et je suis trop fière pour aller ramper devant lui. Elle marque une pause, se demandant si elle doit vraiment prononcer les mots qu’elle a en tête, parce que ça ne les rendrait que plus vrais. Mais oui, je l’aime.

Et lui ? Est-ce qu’il l’aime ? Est-ce que c’est pour ça qu’il a réagi aussi violemment ou est-ce juste une histoire de fierté ou de dignité ? Elle n’arrive pas à être sûre, elle qui l’est naturellement dans la vie. Elle n’arrive pas à analyser les choses, elle a juste l’impression que ses sentiments lui font croire des choses qui ne sont pas vraies. Après tout, quand on espère, on voit toujours des signes là où il n’y en a pas. Là, Karen préfère fermer les yeux pour ne rien voir du tout, un peu à la manière d’une autruche.

- Ya rien de possible. A l’heure qu’il est, il a dû me rayer de sa vie. Ce constat lui fait quand même mal, parce qu’elle est incapable de faire de même. S’il disparait demain, elle sera incapable de l’oublier à nouveau, comme elle l’a fait après la séance photo, même si au final, il n’a été dans sa vie que quelques mois. J’aurais même pas ouvert la bouche qu’il m’aura refoulée.

Elle essaie de se convaincre que c’est vrai, pour ne pas regretter. Si au final, elle ne fait rien, mais qu’elle aurait pu ? Elle regrettera sans aucun doute. Tant pis. Comment est-ce qu’elle peut faire autrement ? Elle y réfléchit, encore et encore, profitant de l’air qui entre dans la pièce grâce à la fenêtre ouverte par Luke. Elle n’a pas d’autre solution que d’essayer de l’oublier, ce qui ne sera pas facile, puisqu’elle le verra tous les jours. En histoire, elle sera même juste à seulement quelques centimètres de lui. Elle devra se faire violence, mais elle pourra y arriver. De toute façon, elle ne peut pas faire autrement. Aller le voir et lui parler n’est pas envisageable.

- Je crois que … que je vais l’éviter un peu, et faire comme si … comme s’il était pas là. De toute façon, il fera sans doute pareil, c’est ce qu’il y a de mieux je crois. Et aussi … je vais reprendre ma carrière je crois.

Elle a dit ça sans trop y avoir réfléchi, mais oui, c’est ce qu’elle veut. S’occuper l’esprit. Surtout que les rendez-vous professionnels se feront sur les heures de cours, bonne raison pour les rater. Et enfin, dernier argument, si elle arrive à se faire repérer, elle pourra quitter cette école, s’envoler sans doute pour une autre ville, vivre son rêve et oublier totalement qu’un jour, elle a été à Wynwood et qu’elle est tombée amoureuse. Oui, elle va faire comme ça, et tout se passera selon ses plans, cette fois-ci. Pas autrement. Elle s’approche de Jamie et lui embrasse la joue.

- Merci d’être là pour moi. T’es un cousin en or.

Là, elle a juste envie de passer à autre chose, de sécher totalement son visage où ses dernières larmes scintillent encore. Mais elle ne sait pas quoi dire ou quoi faire. Elle sent un poids s’en aller de ses épaules, mais au final, il vient s’immiscer dans son cœur, ce qu’elle ne remarque pas encore. Elle est bien dans la chaleur réconfortante du foyer de Jamie et Luke et elle n’a pas envie de retourner tout de suite dans la froideur de sa chambre.

(c) Arwy

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Il pourrait te faire du mal...

Tant pis si ça lui restait en travers de la gorge, je devais, selon moi, lui dire clairement ce que je pensais. Ce que je pensais à propos de ce sentiment ; s'il s'agissait d'un sentiment amoureux ou bien d'un autre truc. Pour moi, ils étaient tous les deux amoureux l'un de l'autre. J'en étais sûr et absolument certain. De ce qu'elle m'avait dit après la fusillade et de ce que j'avais vu au bal de Noël, j'en avais déduit qu'ils avaient envie de se... voilà l'un l'autre. Pour convaincre Karen, je lui énumérai plusieurs faits grâce auxquels j'ai pu comprendre que j'étais amoureux. Je ne les avais pas inventés de toute pièce ces signes. Je ne prenais pas mon cas pour une généralité mais je ne connaissais rien d'autre qui pouvait nous faire prendre conscience de nos sentiments. Et encore, je ne lui avais pas parlée du mal de bide, des mains moites, des montées de chaleur, du cœur qui partait en sucette... Mais bon, j'ignorais si elle avait déjà éprouvé tout ça ou pas donc, autant ne pas m'avancer.

Tout en la gardant sous mon étreinte, je lui dis calmement cette tirade qui fut sans doute l'une des plus profondes de ma vie. Je n'aimais pas trop parler de cette façon mais il fallait, de temps à autre, savoir mettre ses principes de côté pour réconforter les autres. Enfin principes, on se comprend. Non ? M*rde ! Bref. Une fois ma réponse achevée, les pleurs et les reniflements de ma cousine se stoppèrent. Je vis Luke rejoindre la fenêtre de la cuisine avant d'allumer une cigarette. J'en fumerais bien une aussi tiens. Alors qu'il crachait son premier nuage de fumée à l'extérieur, un petit vent pénétra dans l'appartement. Karen me fit alors face, le visage déconcerté. Ce " quoi " me fit comprendre qu'elle pensait que je n'étais pas sérieux. Elle reprit, constatant que je ne plaisantais pas. Elle se questionna ensuite, ayant beaucoup de mal à admettre l'évidence. Je haussai les épaules et mon visage semblait dire un truc du genre : - Bah si, désolé. J'avais raison d'être désolé vu le désarroi de Karen qui ne savait pas quoi faire à présent. Voyant la panique envahir ma cousine, Luke ouvrit d'avantage la fenêtre, histoire d'aérer un peu la pièce. Pas c*n, j'avais l'impression qu'elle allait clamser la pauvre. Bref. Qu'est-ce que j'en savais de ce qu'elle devait faire ? Je ne pouvais que lui dire ce que je pensais de leur relation si relation il y aura.
- Personnellement, j'aurais un peu les chiasses de te voir avec ce mec. Vu comment il est impulsif, il pourrait te faire du mal...
C'est vrai que Kevin me foutait les miquettes. Pas pour moi bien sûr mais pour Karen plutôt. L'humiliation dont elle avait été victime la dernière fois ne pouvait que faire enfler ma crainte. J'avais peur pour elle, il pouvait lui faire tout et n'importe quoi si jamais la colère le gagnait. Mais, je ne voulais pas l'influencer, si elle l'aimait, elle n'avait qu'à y aller et tester. Simplement, j'espérai que ça ne se passe pas trop mal.
- Après, si tu l'aimes et que tu as envie de tester, va le voir.

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Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

Alors qu’elle est là, à pleurer sur l’épaule de son cousin, elle se demande : à quoi ça sert ? Est-ce qu’elle se sentira vraiment mieux après ? Est-ce que quelques larmes peuvent vraiment laver son esprit de toute cette tristesse ? Et pourquoi cette impression qu’elle n’en finira jamais de laisser couler ses larmes ? Elle ne doit pas être très belle ainsi, elle le sait bien. Surtout qu’une migraine pointera le bout de son nez avant même qu’elle ait eu le temps de se calmer. Mais ça lui fait quand même du bien. Ça n’effacera rien de sa tête, les mots de Kevin y resteront gravés. Ca la calmera, quelques temps en tous les cas. Autant que Karen puisse être calmée.
Elle essaie de se justifier à demi-mot, mais se justifier de quoi au juste ? On se justifie quand on a quelque chose à se reprocher, ou que quelqu’un le croit tout du moins. Bien sûr qu’elle a un millier de choses à se reprocher dans cette histoire, au moins. Mais ce n’est clairement pas ce qu’elle est en train de dire à son cousin. Elle n’a pas besoin de lui dire qu’elle a mal, ses larmes parlent d’elles-mêmes. Alors quoi ? Elle se justifie de ne pas haïr Kevin, de ne pas lui en vouloir après tout ça. Elle attend quoi au juste ? Que Jamie la pousse à se braquer contre le Rho Kappa ? Qu’il la convainc de le détester parce qu’elle n’est pas capable de le faire toute seule ? Sans doute, mais ça ne fonctionnera pas. Jamais. Au lieu de ça, son cousin a des paroles bien plus sages que ce qu’elle aimerait entendre, quelque chose qu’elle refuse et qu’il ne lui plaira pas de se faire dire.

- Ce que je vais te dire va peut être pas te faire plaisir mais je le vois comme ça. La façon dont tu réagis par rapport à Kevin, quelques soient les circonstances, me pousse à croire que tu ressens un vrai truc pour lui. Quand tu commences à te préoccuper de ce que pense l'autre, à être touché(e) par ce qu'il dit, que ce soit positif ou pas, c'est qu'il y a une étincelle qui naît. Quand son regard a un impact sur toi, sur tes émotions, c'est qu'il est " différent " à tes yeux. C'est comme ça que je perçois votre histoire en tout cas.

Il lui faut bien un petit temps avant de pouvoir analyser ce qu’il vient de lui dire. Non, ça ne lui fait pas plaisir. Ressentir un vrai truc pour Kevin. Il en a de bonnes le cousin. Il se rend compte de ce qu’il dit ? Sauf que oui, elle se préoccupe de ce que le sportif pense. Oui, elle est accrochée à la moindre parole qu’il prononce, elle n’attend qu’une attention de sa part, un regard, un murmure, un geste. Elle n’en a rien à faire des autres, elle n’en a jamais rien eu à faire. Mais lui … Elle a toujours réagi à ce qu’il faisait ou disait, même du temps où ils se déchiraient pendant les séances photo. Elle pensait simplement que ça venait du fait qu’il lui réponde, qu’il ne se laisse pas faire. Que ça aurait été la même chose avec n’importe qui qui aurait fait comme lui. Sauf qu’au fond, c’était parce que c’était lui. Parce qu’il a cette aura, parce qu’il y a cette électricité entre eux deux, qui peut faire autant de bien que de mal. Ils se ressemblent sur beaucoup de points et dans des cas comme ça, ça passe ou ça casse. Oh, ça a cassé plus d’une fois entre eux, mais cette fois-ci, la jeune fille à l’impression de faire partie des dégâts collatéraux.
En prenant conscience de tout ça, elle s’arrête immédiatement de pleurer. La meilleure solution qu’on ait trouvée pour calmer une demoiselle en moins d’un millième de seconde. Elle fixe le Nu Zeta pendant quelques secondes, cherchant à voir si c’est une blague ou non. Sauf que ça n’en est pas une, il est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Hésitant entre la surprise et l’agression, elle ne dit au départ qu’un seul mot.

- Quoi ?!

Elle a très bien entendu, elle ne souhaite pas qu’il répète. Non, ça risquerait de lui faire encore plus mal. Pourtant, cette idée comment à faire un chemin dans sa tête. Et si, réellement, elle ressent un vrai truc pour Kevin ? Elle n’arrive pas à se l’imaginer, elle n’a jamais eu de sentiment pour les autres. C’est à peine si elle supporte sa mère d’ailleurs, alors même les liens de la famille, ce n’est pas ça. Alors voilà qu’elle éprouverait quelque chose pour le premier mec qui passe et qui lui tient tête ! Ça n’a pas de sens, aucun. Ça n’est pas logique. Mais c’est la vérité. Elle tranche nette, retrouvant une voix presque froide, qu’elle n’a pas l’habitude d’employer avec son cousin.

- C’est impossible. Je peux pas être … amoureuse. Pas de lui. Je … Elle scrute son visage, incertaine. Si ?

Elle cherche confirmation mais ce n’est pas à lui de lui dire ce qu’il en est. C’est à elle de comprendre, une fois pour toute. Ce n’est pas tant le fait d’aimer Kevin qui peut la déranger, mais tout ce que ça engendre. Surtout, elle l’a compris trop tard. Il aurait suffi de quelques jours … Et là, tout aurait été différent. Parce qu’elle n’aurait pas cherché à le rendre jaloux, parce qu’elle n’aurait pas cherché à garder le mystère sur Antonio, parce qu’elle lui aurait dit qu’elle s’en fichait de ce type et de tous les autres, parce qu’elle aurait tout fait pour ne pas avoir à subir cette colère qui émanait de lui le jour du bal. Parce que oui, elle aurait été différente. Elle aurait tranquillement passé sa soirée avec lui, à essayer de savoir s’il y avait la moindre chance pour qu’ils forment un « couple » un jour, bien qu’elle en ait une image particulière. Oui, elle n’aurait pas tenté le diable. Tout ça défile dans sa tête et elle a la réponse à sa question. D’ailleurs, Jamie n’a pas parlé d’amour, juste de ressentir « un vrai truc ». Evidemment, ce n’est pas compliqué de savoir de quoi il parle, mais ça aurait tout autant pu être de l’amitié. C’est elle-même qui a mis un mot précis sur ses sentiments, parce qu’au fond d’elle, elle le sait depuis déjà longtemps. Depuis quand est-ce que c’est comme ça ? Depuis combien de temps est-ce qu’il a défoncé les barrières de son cœur ? Elle ne saurait le dire, mais tout ce qu’elle sait, c’est qu’après les barrières, il s’est attaqué à l’organe qui est derrière, jusqu’à le détruire le soir du bal. Morale de l’histoire ? Mieux vaut tard que jamais est une phrase inventée pour réconforter ceux qui font mal, mais qui ne s’applique pas pour elle. Parce qu’il est TROP tard et maintenant qu’il ne veut plus d’elle dans sa vie, elle aurait aimé ne jamais se rendre compte qu’elle l’aime, ou tout simplement ne jamais être tombée amoureuse. Plus pour elle-même, elle fait une remarque.

- Et je fais quoi maintenant ?

Parce qu’elle ne peut pas rester comme ça. À attendre que les choses passent, à attendre d’oublier Kevin. Elle sait que personne ne le remplacera jamais. Elle ne peut pas l’effacer de son esprit. Une lueur de panique, bien étrangère de sa personne, passe dans son regard. Maintenant qu’elle est devant le fait accompli, elle ne sait vraiment pas comment réagir. Elle n’a pas l’habitude, elle ne sait pas gérer ça.

- Putain Jamie, mais qu’est-ce que je fais ?!

Elle se redresse dans le canapé un peu terrorisée. Elle ne pleure plus. Mais la première chose qu’elle devrait faire, la maintenant, c’est chercher de l’air avant de devenir cramoisie.

(c) Arwy

Invité

Ce que je vais te dire va peut être pas te faire plaisir mais je le vois comme ça.

Elle pleurait, reniflait, se vidait comme elle n'avait pas l'habitude de le faire, j'imagine. Elle se livrait complètement et se laissait aller, comme je le lui avais conseillé. Au point où elle en était, autant se lâcher. On n'allait pas la bouffer et puis si elle ne le faisait pas maintenant, elle exploserait à un moment donné et, à mon avis, les choses ne tourneraient pas très bien. Pour tout vous avouer, j'aurais un peu peur pour elle si jamais elle craquait dans de mauvaises conditions, devant ce Kevin par exemple. A mon avis, elle devait faire le point et tout évacuer avant de lui reparler de tout ça, histoire qu'elle sache bien ce qu'elle ressentait vis-à-vis de ce type.

Ce qu'elle ressentait, je commençais à me faire une idée, une idée qui ne me plaisait pas trop. Je n'allais pas l'empêcher de faire ce qu'elle voulait mais vu comment Kevin était impulsif, je craignais le pire pour Karen. Pour moi, si elle était si touchée par ce que pouvait penser ce garçon c'est qu'elle avait des sentiments pour lui. Des sentiments amoureux j'entends bien. Je me trompais peut être, c'était possible mais leur histoire était trop louche pour qu'ils soient juste amis ou quelque chose du même style. Les bafouillis de ma cousine me firent sourire car j'étais de plus en plus sûr qu'elle aimait ce garçon. Un petit sourire en coin, peut être nerveux, étira ma bouche. Luke, qui se trouvait assis sur le sol derrière Karen, le remarqua et eut quelques doutes lui aussi. Pas la peine d'avoir suivi l'histoire pour comprendre ce que la jeune fille essayait d'insinuer. Malgré tout, il resta silencieux et se gratta derrière la tête. Quant à moi, je me lançai pour lui exprimer le fond de ma pensée.
- Ce que je vais te dire va peut être pas te faire plaisir mais je le vois comme ça. La façon dont tu réagis par rapport à Kevin, quelques soient les circonstances, me pousse à croire que tu ressens un vrai truc pour lui. Quand tu commences à te préoccuper de ce que pense l'autre, à être touché(e) par ce qu'il dit, que ce soit positif ou pas, c'est qu'il y a une étincelle qui naît. Quand son regard a un impact sur toi, sur tes émotions, c'est qu'il est " différent " à tes yeux, déclarai-je en regardant Luke qui se trouvait en face de moi. C'est comme ça que je perçois votre histoire en tout cas.
J'espérais que notre entrevue allait l'aider à tirer les choses au clair. Qu'elle le prenne bien ou mal peu importe, du moment qu'elle comprend, c'est le plus important. Après ça, libre à elle d'aller voir Kevin pour lui déclarer sa flamme ou non. J'espère t'avoir aidée un minimum cousine.

Invité

Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

La présence de Luke aurait pu la gêner, mais non, elle n’y fait même pas attention. Ce n’est pas qu’elle veut l’ignorer, ou qu’elle a quelque chose contre lui, mais voilà, elle est trop malheureuse pour que sa première rencontre avec lui se passe dans les meilleures conditions. Il s’installe en silence près du canapé, par terre, et elle, elle se focalise sur son cousin. Elle tente d’articuler quelques mots mais ça lui fait bien plus mal que ce qu’elle aurait pensé au départ. C’est plus fort qu’elle, plus fort que tout. Il lui dit qu’il sait. A-t-il vraiment tout vu ? Qu’a-t-il compris de l’horrible scène du bal ? Sans doute plein de choses, mais il n’a peut-être pas capté l’essentiel. A savoir qu’elle a des sentiments pour Kevin, qu’il lui a broyé le cœur en agissant comme il l’a fait mais qu’elle se trouve incapable de le détester. Pourquoi ? Elle y arrive bien avec les autres ! Il n’est qu’un homme de plus dans la masse de gens qu’elle ne peut pas supporter. Sauf que non, il ne sera jamais comme les autres, pas pour elle.
Et pour lui, elle pleure.
Oui, elle ne retient pas les larmes qui font leur chemin sur ses joues. C’est libérateur, mais en même temps, s’en est presque douloureux. Ce n’est pas physique, mais c’est à cause de la raison qui la force à pleurer. Elle n’a jamais ressenti ça et pour une fois, elle ne tente même pas de se battre. Non, elle a cessé la lutte, puisque de toute façon, elle n’a plus rien à gagner. Elle a perdu Kevin. Comme si ça vie désormais ne se résume qu’à lui, ce qui est presque le cas d’ailleurs. Doucement, Jamie la prend dans ses bras et elle se cale contre lui. Elle a besoin d’une présence rassurante et il est le mieux placé pour jouer ce rôle.

- Vas-y, laisse-toi aller.

Et c’est ce qu’elle fait, sans pudeur et oubliant toute fierté. Elle pleure et renifle de temps à autre. Une vraie loque, bien différente de la forte Karen qu’elle est en permanence. Il faut toujours un moment où l’on craque, et pour elle, il est venu. Elle ne s’est jamais sentie aussi mal que lors du bal et maintenant. Serait-elle devenue plus … humaine ? Ça y ressemblerait en tout cas. Au bout de quelques minutes, le flot de larmes diminue et elle essaie à nouveau de prononcer quelques mots, avec plus de succès qu’auparavant.

- J’comprends pas Jamie ! J’comprends pas pourquoi j’suis … comme ça … je … j’ai jamais eu mal et là …

Et là, c’est quoi ? Le cœur ou la fierté qui a le plus souffert ? Le cœur, sans hésiter. Comment est-ce que c’est possible ? Comment après leur après-midi passé ensemble, ils ont pu se déchirer à cause d’un peu de jalousie ? De la jalousie oui, et de la peur pour Karen. Peur de ce qui la lie au Rho Kappa, parce qu’elle n’arrive pas à identifier ce que sait. Peur de le voir partir au bras d’une autre fille sans avoir eu le temps de comprendre qu’elle crèverait pour qu’il reste près d’elle. Peur d’être amoureuse à vrai dire, car ce n’est pas aussi simple que de manger une crêpe le matin. Et cette peur la rongeait, comme la tristesse la ronge à présent. Elle ne veut pas souffrir à cause de lui, mais il faut bien un juste retour des choses. Elle a été heureuse en sa compagnie, elle l’a fait souffrir ensuite, elle en paye le prix. Et mon dieu ce qu’elle le trouve élevé, ce prix ! Toujours contre son cousin, cachant son visage, elle rajoute :

- Il m’a humiliée et je …

Et je ne parviens pas à le détester. Il y a de cela quelques mois, elle aurait dit « et je ne me suis même pas défendue ». Quoi que, il y a quelques mois, elle ne se serait pas laissé faire et ça aurait changé toutes les choses. Elle n’arrive toujours pas à saisir ce qui a bien pu se passer. Au fond d’elle, elle espère que Jamie aura des réponses, qu’il saura l’aider à comprendre, ou à aller mieux. Parce que là, elle compte bien ne pas rester à pleurer pendant des semaines. Non, il faut qu’elle se reprenne en main, mais elle n’en a pas la force pour le moment. Elle a juste la force d’essayer d’étouffer quelques sanglots, même si franchement, elle n’est pas douée pour ça. Elle repense à cette humiliation, certes très blessante, elle a carrément flinguée toute sa dignité, mais elle repense surtout à cette phrase. Sors de ma vie. Et comment il compte qu’elle fasse ? Ils sont dans la même classe, une vraie torture. Bien, dans ces cas-là, elle n’ira plus en cours. Il ne veut plus la voir, il ne la verra plus. Elle ne sait pas encore comment elle va se débrouiller, mais elle le fera. Parce qu’elle ne supporte pas d’avoir mal comme ça, elle ne supporte pas d’être si faible, elle ne supporte pas d’être à la portée de la moindre méchanceté, de pouvoir se briser pour un oui ou un non parce qu’il occupe sans cesse ses pensées. C’est elle qui détruit les autres, pas le contraire. Et pourtant, là, maintenant, c’est bien elle qui est brisée, à cause de lui.

(c) Arwy

Invité

Je sais...

Cette histoire avec Kevin qui avait, décidément, gâchée le bal avait rendu ma cousine plus malheureuse que je ne l'aurais pensé. Habituellement, Karen ne se laissait pas toucher par les autres, il s'agissait de l'une de ses principales forces. On partageait tous les deux ce trait de caractère. Passer au-dessus des autres et croire en soi étaient les deux choses qui nous rapprochaient, même si, contrairement à ma cousine, je ne prétendais pas être au-dessus de tout le monde. Je valais peut être mieux que certaines personnes mais rien de plus. De ce fait, je pensais tout au fond de moi que Karen ne faisait que payer les frais de son attitude. Malgré tout, j'étais touché et peiné par ce qui lui était arrivé. Ce Kevin était allé trop loin. Ce mec devra se tenir à carreau pendant un bon moment.

Enfin bon. Karen remercia Luke, bien qu'elle refusa le café. Ouh la, la suite s'annonçait difficile. Elle s'installa, réticente, sur le bord du canapé. Elle n'avait pas l'air à l'aise à ce que je voyais. J'aurais réagi comme elle si jamais j'avais débarqué chez des gens comme elle l'avait fait. Bon là, elle était chez moi enfin, chez nous donc elle n'avait pas à se sentir de trop. Surtout que je lui avais dit que je serai toujours présent pour elle en cas de besoin. Je lui fis un sourire et lui posai la main sur l'épaule pour essayer de la détendre un peu. Luke m'apporta ma tasse et je vis bien qu'il hésitait à rester avec nous ou pas. J'indiquai le sol du regard et il s'assit timidement en tailleur à côté du canapé. Alors qu'il sirotait son café, Karen commença à bafouiller quelque chose. Elle ne parvint pas à terminer sa phrase mais je savais qu'elle souhaitait aborder le sujet du bal et donc de Kevin. Je pinçai les lèvres et dis doucement.
- Je sais.
Elle en avait tellement gros la pauvre Karen. Elle morflait en ce moment et ça concernait toujours Kevin. Il foutait la m*rde ce gars. Dommage car je sentais que ma cousine éprouvait quelque chose pour lui. De l'amour peut être ? Je n'en savais rien. Oh m*rde ! Une larme. Deux, trois, m*rde ! D'un côté, il fallait bien que ça sorte d'une manière ou d'une autre. En voyant ses larmes couler, mon visage se fit plus triste. Je déposai ma tasse sur la table basse et prit Karen dans mes bras.
- Vas-y, laisse-toi aller, lui soufflai-je dans l'oreille tout en frottant son dos avec mes mains.

Invité

Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

Elle est là, sans trop savoir pourquoi, s’étant laissé guider par ses pas. D’un côté, elle avait envie de parler, de vider son sac, chose qu’elle ne faisait jamais, et de l’autre, elle avait envie de rester terrée sous ses draps, dans le noir, à ruminer les derniers événements, mais ça non plus, elle ne le faisait pas. Elle avait aussi envie de prendre son portable, d’envoyer un message à Kevin, de le supplier, de lui dire qu’elle se fiche des autres mecs, qu’il n’y a que lui qu’elle veut voir, qu’elle n’a pas l’intention de sortir de sa vie. Mais elle n’en est pas capable. Dans un sens, ça serait admettre quelque chose qui lui fait peur, admettre qu’elle tient beaucoup trop à lui pour le perdre. Et puis, elle est persuadée qu’il va la repousser. Elle se souvient encore de toute cette colère qu’il a déversée sur elle, elle a l’impression que s’il la recroise, il va lui sauter dessus pour l’égorger. Elle se rend bien compte qu’elle a tout gâché, qu’elle a elle-même creusé la tombe de ce qui commençait à naître entre eux deux. Alors à chaque fois, elle a sagement reposé son téléphone, sentant son cœur se déchirer un peu plus. À tel point qu’en venant chez son cousin, elle ne l’a pas emmené, pour ne pas être tentée.

Elle se retrouve donc dans cet appartement qu’elle ne connait pas, à déranger un couple tranquillement pénards dans leur chez eux. Elle se sent tellement stupide, presque sur le point de pleurer, elle ne ressemble tellement pas à la Karen que tout le monde connait. Pas maquillée, avec des vêtements quelconques, sans brushing, et surtout de grosses cernes à la place de son air hautain quotidien. Le tigre aurait-il emporté un bout de la princesse en l’attaquant ? Jamie passe sa main dans son dos et ferme la porte derrière elle.

- Non, bien sûr que non. Tu peux t'asseoir si tu veux.

Hésitante, elle ne sait pas vraiment quoi faire. Elle ne veut pas s’imposer, surtout qu’un jeune homme est déjà installé. Elle suppose que c’est Luke, elle l’a aperçu au bal et ça ne peut être que lui. D’ailleurs, il se lève pour aller dans la cuisine, ce qui la motive à aller s’asseoir, du bout des fesses, sur le canapé. Elle y est rejointe par son cousin. Son petit-ami, de la cuisine, s’adresse à elle.

- Tu veux du café ?

Il est gentil avec elle alors qu’il ne la connait même pas. Et que, concrètement, elle, elle est une vraie garce avec tout le monde, sauf de rares exceptions. Non, elle n’a pas vraiment envie de café. Elle n’a envie de rien en fait, sauf de voir Kevin, de s’excuser, tout un tas de choses qui ne serviront à rien de toute façon. Pourquoi est-ce qu’elle a si mal à cause de lui ? Juste pour un mec, juste pour lui, ce n’est pas logique, c’est impossible. Et pourtant, elle le hait presque parce qu’elle l’aime trop. Vois donc l’état dans lequel tu la mets Kevin …

- Non merci, je n’ai besoin de rien, mais c’est gentil.

Elle se tourne alors vers Jamie, mal à l’aise. Elle ne se sent vraiment pas à sa place en fait, mais maintenant qu’elle est là, autant qu’elle rentre dans le vif du sujet tout de suite, non ? Enfin, autant qu’elle puisse attaquer directement sans craquer, ce qu’elle a bien envie de faire là, maintenant, tout de suite. Elle passe une main sur son visage, ne trouvant pas ses mots.

- En fait je … je voulais juste parler … de … de …

Trop dur à dire. Que ce soit le mot « bal » ou encore le prénom du Rho Kappa. Elle qui sait si bien se contrôler ni arrive pas, elle qui sait si bien jouer la comédie et garder son masque glacial en toute circonstance, elle sent une larme rouler sur sa joue. Comme le soir du bal, lorsqu’elle était partie. Elle n’avait même pas croisé celui qui l’avait peinée, elle ne savait pas ce qu’il était devenu, s’il avait quitté ou non la salle, s’il s’était consolé avec une autre demoiselle. Si elle apprenait que tel était le cas, elle n’était pas sûre du futur de ladite jeune fille d’ailleurs.
Elle se sent idiote de craquer devant Jamie, mais elle préférait largement ça que devant quelqu’un d’autre. Elle n’arrive pas à s’arrêter, même si ce n’est pas non plus le déluge. Quelque chose de discret, pour une fois, avec elle.

(c) Arwy

Invité

Tu peux t'asseoir si tu veux.

J'avoue, entendre quelqu'un frapper à ce moment-là me surprit. Rares étaient les personnes qui nous rendaient visite. Ma sœur venait de temps en temps ainsi que quelques membres de la famille de Luke. Sa mère venait prendre des nouvelles souvent, le weekend en général, avec son mari la plupart du temps. Elle passait dans le coin pour faire ses courses et venait sonner à la porte avant de s'y rendre. Elle était sympa la mère italienne, drôle et agréable à parler. Elle me faisait marrer en tout cas avec sa grande g*eule. C'était une belle-mère cool. Bref, je parlerai sûrement d'Alma (c'est son prénom) un autre jour ou bien Luke le fera. On verra bien.

On s'en fout. Je suis vraiment désolé de changer de sujet comme ça. Revenons à cette sonnette. Avec les baisers que nous échangeâmes Luke et moi, je sentis cette chaleur m'envahir comme à chaque fois que le désir montait en moi. J'aimais quand ses mains me caressaient, plongeaient dans mes cheveux et réchauffaient d'avantage mon corps grâce à leur passage. C'était bon... Ses lèvres enlaçant les miennes, son corps se frottant contre moi et ses mains finissant par ouvrir mon jean... Oui... Oups ! Désolé, je me laissai aller. Ce n'était pas le moment de s'exciter en plus, la situation ne s'y prêtait pas.

La cousine avait débarqué à la souette, le visage qui se décomposait alors que je la regardais. Ses yeux étaient humides, ils brillaient. Oh m*rde ! Non, non, ne chiale pas Karen. Tiens le coup ! Elle ne trouva pas de réponse à ma question. Je suis débile aussi de poser des questions comme celle-ci. Je voyais bien dans son regard que ça concernait le bal. Soirée de m*rde, surtout pour Karen. Il fallait lui remonter le moral ou au moins être présent pour elle. Je posai ma main dans son dos pour ne pas qu'elle ait l'impression de déranger. Ce n'était pas réellement le cas et puis, je me devais d'être là pour la soutenir.
- Non, bien sûr que non. Tu peux t'asseoir si tu veux, dis-je en indiquant le canapé.
Luke leva ses fesses de ce dernier et se dirigea vers la cafetière qui se trouvait dans la partie cuisine. Je remarquai sur son visage mate que voir Karen comme ça, même s'il ne la connaissait pas, l'attristait. Sensible le grand dadet. Bref, je m'installai en tout cas dans le canapé alors que Luke sortit trois tasses du placard de la cuisine.

- Tu veux du café ? demanda-t-il gentiment à Karen tout en remplissant déjà deux des trois tasses.

Invité

Qu'est-ce que tu fous là ?

Jamie & Karen

Le bal a été un désastre. Même pire que ça. Il n’y a pas de mot assez fort pour écrire l’ampleur de la catastrophe. Tout avait été foutu en l’air en l’espace de quelques minutes. La seule personne à qui elle tenait réellement, en dehors de son cousin, mais ce n’était pas la même chose, lui a dit de sortir de sa vie. Elle a fait du mal à Kevin, elle l’a blessé, et elle se fiche de sa propre douleur. Elle a passé sa nuit à pleurer et somnoler, sans jamais vraiment dormir ou se calmer. Jamais ça ne lui est arrivé, jamais elle n’a eu aussi mal et jamais elle n’a regretté de la sorte. Si c’était à refaire ? Elle ne sait pas. Parce qu’elle a agi exactement comme d’habitude, elle a méprisé, elle a pris de haut et elle a fait du mal. Sauf que cette fois-ci, le boomerang lui est revenu en pleine tronche, chose qu’elle pensait impossible. Elle a beau réfléchir, elle ne comprend pas. Depuis quand le jeune homme a-t-il pris une place aussi importante dans sa vie ? Depuis quand est-ce que ça la fait tant souffrir de le savoir fâché ? Après tout, il l’était déjà quand elle ne s’est pas pointée pour faire leur exposé. Il a aussi cherché à l’éviter un peu après le théâtre. Alors qu’est-ce qui cloche ? Pourquoi est-ce qu’elle a l’impression que quelque chose s’est brisé en elle ? Ce qu’elle ne comprend pas, ou qu’elle ne veut pas admettre plutôt, c’est qu’elle est amoureuse, pour la première fois de sa vie. Malheureusement pour elle, l’amour apporte tout un lot de souffrance, de désillusions, contre lesquelles on ne peut pas lutter aussi facilement. Le pire, c’est quand ce n’est pas à double sens, et là, si elle ouvrait les yeux sur ses sentiments, elle pourrait se dire que c’est le cas et qu’il n’y a aucun espoir.
Pourtant, elle aurait dû se méfier. Bien sûr que de passer un après-midi avec lui, à la patinoire, à s’embrasser comme ils l’avaient fait, ça voulait dire quelque chose ! Bien sûr qu’elle ne pouvait pas juste profiter du moment en pensant qu’il n’y avait aucune attache et qu’il n’y en aurait jamais. Et les papillons dans le ventre, c’était quoi ? Une gastro ? Non. Mais la demoiselle, trop obnubilée par l’idée qu’elle ne pourrait pas tomber amoureuse, a ignoré tous les détails qui auraient pu lui mettre la puce à l’oreille, qui aurait pu éviter le carnage du bal de Noël.
Et puis, si elle s’en était rendu compte, qu’est-ce que ça changerait ? Elle serait en train de roucouler, heureuse, dans les bras de Kevin, c’est ça ? Elle préfère se dire que ce n’est pas ce qu’elle veut pour se donner l’illusion que la blessure n’est pas si grande que ça. Sauf qu’elle se trompe. La blessure saigne en continu, et elle n’est pas prête de s’arrêter. Il n’y a qu’un seul moyen pour ça … malheureusement impossible dans sa tête.

Elle a besoin de parler. Elle a besoin de faire sortir toutes ces phrases qui roulent encore et encore dans sa tête, elle a besoin de se défaire de ces images. De la voix de Kevin qui lui dit qu’il ne veut plus la voir, de son corps contre le sien, de tous ces regards sur elle alors qu’elle se retrouve seule et qu’elle peut presque sentir son cœur se déchirer. Brusquement, elle se lève de son lit. Elle attache ses cheveux sommairement en chignon, pas encore tout à fait secs après sa douche, et enfile ses chaussures. Sa tenue ne ressemble pas vraiment à ses robes et talons chics qu’elle porte toujours, mais ça ira bien (sans la veste, le sac et les bijoux). Pour la première fois depuis qu’elle est à Wynwood, elle sort sans se maquiller. Pour aller en ville en plus, à la vue de tous. Mais elle s’en balance, elle n’a vraiment pas envie de prendre soin d’elle aujourd’hui.
Elle prend un taxi et ne montre même pas le dégout que le véhicule et le chauffeur lui inspirent. Elle donne juste l’adresse de son cousin. Elle n’est encore jamais allée chez lui, mais là, elle en a vraiment besoin. Elle sait qu’elle peut compter sur Jamie, elle sait qu’il sera là pour elle, puisque de toute façon, elle n’a plus personne d’autre. Bon, c’est un peu exagéré, elle a toujours une ou deux personnes avec qui ce n’est pas la guerre, mais pour le coup, elle pense d’abord au Nu Zeta. Le voyage lui semble durer une éternité alors que pourtant, il ne faut que quelques minutes. Elle descend du taxi, paye le chauffeur et laisse même un pourboire, c’est pour dire dans quel état elle est ! Par chance, au moment où elle arrive, un jeune homme sort de l’immeuble et lui laisse la porte entre-ouverte, tout souriant. Elle ne remarque même pas qu’il la mate quand elle s’engouffre dans le bâtiment. Si ça avait été le cas, il l’aurait sans doute senti passer. Elle se dirige alors vers le petit appartement, espérant ne pas se tromper de numéro. Enfin, elle toque à la porte, attendant qu’on lui ouvre.
La porte bouge pour dévoiler le visage de Jamie, un peu de réconfort après une épreuve atroce.

- Qu'est-ce que tu fais là Karen ?

Visiblement, il est étonné, et elle le comprend. Elle ne lui a même pas envoyé de sms pour le prévenir. Il la fait entrer et elle hésite quelques secondes avant de faire un pas dans l’appartement. Elle plante ses yeux humides dans le regard bleu de Jamie, voilà qu’elle a envie de se remettre à pleurer !

- Je … euh…

Elle ne trouve pas ses mots, elle qui d’ordinaire sait toujours quoi répondre. Surtout qu’elle remarque que son cousin n’est pas seul. Evidemment, elle n’a pas pensé à ça, alors qu’elle sait très bien qu’il vit avec son copain.

- Je vous dérange pas au moins ? J’ai besoin de … parler. Mais je peux repasser plus tard, c’est pas un problème …

Sa voix a faibli sur la fin de sa phrase, pour s’éteindre dans un murmure. Oui, elle se dégonfle. C’est très étrange pour elle de douter ainsi, de se dire qu’elle n’aurait pas dû faire ça, de vouloir reculer pour retourner se morfondre chez elle. Oui, elle a changé, plus qu’elle ne le pense, plus qu’elle ne le devrait. Ça la rend fragile, vulnérable. Ça la rend sans doute un peu plus humaine, et ce n’est pas plus mal.

(c) Arwy

Invité

Qu'est-ce que tu fais là Karen ?

Le bal était passé et franchement, je l'avais senti. La musique qui m'avait donné mal à la tête au point d'avoir envie de me foutre par la fenêtre, le peu de bouffe que j'avais mangé m'avait limité filé la chiasse... Les soirées où l'on dépassait dix invités, ce n'était clairement pas mon truc. A part ! A part quand je me retrouvais bien bourré. J'avais la g*eule de bois le lendemain mais sinon, ça passait tout seul. Les deux ou trois verres que j'avais bus au bal ne m'avaient pas fait tourner la tête (cf. Edith Piaf) donc j'avais ressenti tous les effets néfastes du bal. Faut que j'arrête d'accepter d'aller à des soirées comme celle-ci. La société et moi, ça ne collaient pas. Même si la société se résumait à une poignée d'étudiants, de profs ou autre. Surtout que cette fête avait été assez m*rdique. Avec l'histoire entre Karen et ce mec asiatique qui m'avait fait ch*er toute la nuit. C'était peut être pour ça que je me sentais si mal...

Bref. Aujourd'hui, il n'y avait pas cours donc, glandage à la maison enfin, à l'appartement qui nous servait de maison à Luke et à moi. Mais bon, je l'aimais bien ce petit logement. Au moins, on ne se perdait pas dedans parce qu'il était trop grand, pas beaucoup d'endroit où l'on pouvait perdre le briquet et puis, au moins, on ne prenait pas deux heures et demi à passer l'aspirateur. On avait mis que trente minutes la veille à faire le ménage et non, ce n'était plus crade ! A deux ça carburait bien. Euh... Il n'y a aucune sous-entendu là-dedans. Oh et puis, allez vous faire foutre.

Laissez-moi au moins finir la vaisselle et je suis à vous. Bon, je n'avais pas qu'à essuyer quelques assiettes et à les ranger et c'était bon. Pendant que je faisais tout ça, Luke regardait les Simpsons, enfoncé dans le canapé et une clope dans la main. J'en avais une dans la bouche mais elle était bientôt finie. Ah tiens, il avait terminé la sienne aussi. Une fois les assiettes propres rangées, j'écrasai mon mégot dans le cendrier posé sur la table basse sur laquelle les pieds de Luke étaient installés puis je m'assis à côté de lui. Son bras m'entoura, il était... brûlant. Oh oh oh ! Les bisous qu'il me déposa dans le cou confirmèrent mes pensées. Pas tout de suite, je n'avais pas vu cet épisode... Bon ok, je regarderai le replay sur internet. Je me tournai donc complètement vers lui et l'embrassai langoureusement tout en passant mes mains sur son corps. Lui, m'ébouriffa légèrement les cheveux avant d'ouvrir mon pantalon.
Toc toc toc !
Je lâchai donc les lèvres de Luke en entendant quelqu'un frapper à la porte. Quoi ? Qui ça pouvait bien être ? Je me demandais surtout si j'allais ouvrir ou pas ? Un long soupir sortit de ma bouche alors que je refermais mon jean. Aller, je vais ouvrir. Luke remit son T-shirt en place et j'ouvris la porte avant de découvrir ma cousine sur le palier. Sur le coup, je fis une mine genre : whouah ! Mais qu'est-ce qu'elle venait bien faire ici ? Je me souviens lui avoir donnée mon adresse un peu avant le bal mais je n'imaginais pas la voir débarquer comme ça du jour au lendemain. Mais bon je n'allais pas la laisser dehors.
- Qu'est-ce que tu fais là Karen ? lui demandai-je en la faisant entrer.