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 L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. [Emeric & Maeko]

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MessageSujet: Re: L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. [Emeric & Maeko]   L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. [Emeric & Maeko] EmptyMer 4 Juin 2014 - 18:32



l'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui.



A peine s’était-il décidé à conclure que le timbre protestataire de la manifestante s’éleva dans une réprobation perdue entre irritation et fatalisme. Désabusée, elle lui avait demandé sans réel espoir s’il venait réellement de soigneusement lui imposer quelques règles par définition immatures ou s’il était en train de la faire marcher de manière non moins puérile – dans un cas comme dans l’autre, son cas était considéré comme définitivement perdu à ses yeux trop bridés. Bien sûr, à l’image de tout être dénué de couilles, elle n’avait pas employé ces mots précis. Néanmoins, il avait perçu sans difficulté l’essentiel de ce qu’avait signifié son ton méprisant. Avec l’expérience, il était devenu professionnel dans l’art de déchiffrer les non-dits de la langue féminine (ou du moins était-ce ce qu’il aimait croire). Emeric esquissa un sourire triomphal. Et il s’avérait que, dans ce ton, tout trahissait surtout une dernière certitude ; en réalité, la prisonnière connaissait déjà pertinemment la réponse à sa question. Et cette réponse, il le savait, démangeait son orgueil étouffant.

- J’ai l’air de rigoler ? Je n’ai jamais été aussi sérieux !

Son pouce effleura d’une légère caresse l’écran de son clavier tactile, déclenchant d’un même mouvement le haut-parleur. Aussitôt, son attention se reporta sur la cafetière qu’il avait un temps abandonnée, après avoir mis l’eau à chauffer, écoutant d’une oreille distraite les braillements agaçants qui lui faisaient office de musique de fond. Il l’entendait, la petite garce. Elle s’appliquait à l’insulter auprès de son auditoire de fortune. Un rictus amusé au coin des lèvres, il sortit de l’un des cylindres métalliques qui bordaient le plan de travail une double dosette Sevilla. Il n’avait jamais pu résister à la douceur du caramel mêlée à la saveur amère du café. D’un geste, il plaça la rondelle à l’endroit approprié. Son sourire s’effaça presqu’aussitôt. Dans sa tirade, la Chinoise s’attaquait désormais à ses origines, armée de l’arme favorite des étrangers : Hitler. Froissé, l’Allemand claqua sèchement la machine et appuya sur le levier en plastique qui la verrouilla. C’était particulièrement irritant, cet incessant besoin qu’avait l’humanité de réduire sa nation à la figure la plus honteuse de son histoire, comme s’il avait s’agit d’une rengaine entrante. Chaque accusation était une chaîne de plus refermée sur la poitrine de la petite Allemagne, méticuleusement destinée à étouffer toute profonde inspiration qui aurait pu y faire couler un air nouveau. Sans cesse ramenée à son passé, elle était aussi privée d’évoluer vraiment. Alors si, fort d’une compréhension qu’il estimait supérieure, il avait le droit de blaguer sur ce sujet délicat, ce n’était certainement pas le cas de l’asiatique acculturée à l’américaine. Son index écrasa le bouton gris surplombé par le dessin de deux icônes. Instantanément, le liquide salvateur se mit à couler dans les tasses qu’il avait préparées.

- Si tu as besoin de quelqu'un pour t'aider, je pourrais te donner le numéro d'un très bon psy, une fois que tu seras venu me chercher, mon chou à la crème.
- Eh, Bardot, si t’as pas la journée, finis-en vite plutôt que de t’essayer dans un show entre la provocation et l’accumulation des points Godwin. Tu connais la chanson. Arbeit macht frei ! Pas de place pour les lents et autres Loriot en herbe dans le IVe Reich. articula-t-il finalement, sans être véritablement certain que ses références aient été abordables pour son petit esprit américano-centriste.

Ses doigts s’arrêtèrent alors sur la clenche du tiroir qu’il dominait et en sortirent une barre de Toblerone en partie entamée par lui-même. Machinalement, il craqua un morceau pour le fourrer entre ses dents avant de poursuivre le fil de sa pensée.

- Mais si ta psy est bonne, je veux bien son numéro quand même, hein.

Il se tut, laissant patiemment fondre le chocolat dans sa bouche tandis que Matthews reprenait son droit de parole, envahissant la pièce de ses piaillements inquisiteurs trop aigus pour demeurer dans le domaine du supportable. Et de son droit de parole, elle ne tarda à abuser, fidèle au résidu qu’elle était. Las, le garçon leva les yeux au ciel. Il aurait pourtant du s’en douter. Jamais Mademoiselle n’aurait laissé quiconque piétiner son trop gros égo sans protester au moins un peu. Il grimaça, mine écœurée, appuyant son dos contre le pan de travail. De cette scène qu’elle venait de traitreusement réveiller dans sa mémoire, il n’avait rien oublié. Et il pouvait revoir avec dégoût le dessin délicat des lèvres ourlées d’Evangeline pollué par le grossier tracé de celles de Maeko. Pis encore, il pouvait deviner la caresse maladroite d’un souffle et d’une langue qu’il ne souhait surtout pas rencontrer. Rebuté, il frissonna et secoua brutalement la tête. C’était dégueulasse. Même pour lui qui avait toujours trouvé les échanges lesbiens particulièrement excitants. Mettre en jeu sa copine et une espèce de répugnante créature, c’était plutôt de l’ordre de la zoophilie. Quant aux rumeurs…

- Bah tiens… gamine.

Eh bien il ne s’était pas un instant gêné pour en faire de même. Il soupira, faussement pensif. L’invective de la peste s’était achevée sur un « je t’aime » à l’allemande qu’il aurait facilement pu traduire par « je t’emmerde ». D’une main, il se saisit calmement de sa tasse. De l’autre, il attrapa son chocolat. Il s’assit à la table ronde qui ornait la pièce, sur la chaise qui lui était réservée.

- Tes « je t’aime » de trois octobre me vont droit au cœur. Puis je suis flatté. Tu as fait tellement de progrès en allemand, meine Schönheit. T’as repris les cours de langues avec ton Japonais ?

Ou « je t’emmerde en retour ». Distraitement, il souffla sur son café avant de porter la tasse à ses lèvres, toujours à l’écoute de son haineux éloge. Et enfin, elle conclut, lui arrachant un sourire sarcastique :

- Bon, je suis désolée, mon amour, mais je n'ai pas la nuit pour te dire combien tu me manques. Tu seras là dans combien de temps ?
- Oui mon amour, tu vas m’abandonner pour ta pute dans combien de temps ?

Susurrés, ces quelques mots avaient été articulés par les bons soins de Kiara sur un ton qui suintait le sarcasme et l’imitation ratée de l’accent mièvre emprunté par Matthews. Saisis, les iris azurés de l’Européens s’étaient brusquement élevés vers la silhouette de l’Eta Iota. Les bras croisés, elle le fixait, impétueuse, immobile dans son coin d’ombre. Les lèvres pincées, il reposa lentement sa tasse sur la table, le visage ravagé par un suprême agacement. Il déglutit et ferma à moitié les paupières avec la violente envie d’envoyer l’Américaine se faire voir. Les filles s’étaient toutes liguées contre lui cette nuit, ou quoi ? Pourtant, il ne pensait pas avoir fait quelque chose de préjudiciable. Il soupira bruyamment.

- Kiara… Tu crois sérieusement que je me suis un jour tapé cette conne ? Allo ! On parle de Maeko Matthews ! Dans un mouvement nonchalant du menton, il désigna la machine Senseo. Ton café est là, si tu veux.
- J’en veux plus de ton café, tu peux te l’garder. Où sont mes clefs ?

Son ton était sec, déterminé. Il soupira une fois de plus, étouffa une insulte. Son index coupa précautionneusement le haut-parleur. Avec le venin à l’autre bout du fil, on n’était jamais trop certain.

- Quoi ? T’es vraiment en train de me piquer une scène de jalousie, là ? Tu veux qu’on se dispute, maintenant, tout de suite ? A minuit passé ?
- Parce qu’après ce que je viens d’entendre, t’estimes qu’il n’y a pas de raisons pour que je m’énerve ?
- Bordel… Mais non, il n’y en a pas ! C’est juste cette débile qui veut que j’ail…
- Tu ‘me prendrais pas un peu pour une idiote, des fois, Emeric ?!!

Elle avait hurlé. Les dents serrées, l’étudiant planta calmement ses ongles dans la jointure des paumes de ses mains.

- Kiara… Evite de faire des pronostics quand tu débarques au beau milieu d’une conversation, s’il-te-plait. Et je te rappelle que, techniquement, dans l’histoire, t’es celle avec qui je trompe ma copine. Mais tu n’es pas ma copine. Elle a le droit d’être jalouse. Pas toi. conclut-il sur un air presqu’abrutissant.
- Et toi tu n’auras personne à sauter ce soir.

Elle s’était servie de la même expression chantonnante et insupportable qu’il avait employée, agressant les oreilles d’Emeric d’une frustration qu’il n’était pas prêt à accueillir. Il détestait le chantage.

- Put… !

Il prit une profonde inspiration, attrapa sèchement le téléphone et le porta contre ses tympans.

- Bardot ? Joli discours, bien essayé mais… vas gentiment te faire mettre. J’suis pas comme toi. Je vais pas porter secours à toutes les chiennes dans le besoin. Mais tu peux toujours essayer de proposer tes services au geôlier. Tu sais comment ça marche. Une bonne pipe et… Poutou poutou ! Passe une bonne nuit de plaisirs !

Il échangea un regard entendu avec sa compagne de fortune et appuya sur le téléphone rouge. Il venait de raccrocher au nez de Maeko.

- Vraiment. C’était juste une conne.

***
- Mais puisque je vous dis que j’ai reçu un appel il y a à peine une heure me demandant de venir la chercher !

Correctement vêtu et de larges cernes sous les yeux, Emeric Kürschner était désormais accoudé au guichet du commissariat. Irrité, il faisait face à un homme d’une quarantaine d’années que la fée compassion semblait avoir oublié sur son berceau. Sur un ton lent et monocorde, il articula :

- Monsieur, il n’y a personne ici répondant au nom de Maeko Matthews. Elle…
- Oh, qu’importe son nom ! Vous savez ? Une petite naine, Chinoise, cheveux mi-longs, un accent dégueulasse et un timbre suraigu qui provoquerait des pulsions meurtrières dans le corps d’un saint, des expressions méprisantes de teigne et aucune poitrine sur laquelle lorgner quand ce qu’elle vous balance vous emmerde. Elle se baladait dans la rue avec un lapin phosphorescent, vous ne pouvez pas l’avoir oubliée !
- Vraiment, si vous pouviez éviter de me faire perdre mon temps, ce serait aimable de votre part. Vous n’êtes pas seul. Il y a des gens qui attendent derrière vous.
- Vous essayez de me faire croire que vous avez réussi à paumer deux gamines dans un espace de dix mètres carrés ?!
- Non, monsieur Kürschner. Ce que j’essaye de vous faire comprendre depuis une dizaine de minutes, c’est que mesdemoiselles Matthews et Angeles ont déjà été raccompagnées. Un proche de la grande brune est passé les prendre cinq minutes à peine avant votre arrivée.

Silence.

- La sa... lo… pe… !

Sans même prendre la peine d’articuler un merci ou un au revoir, l’Allemand se faufila à l’extérieur du bureau, glissant instantanément sa main gauche dans sa poche. Il en sortit son I-Phone. D’un geste presqu’automatique, il pianota le numéro de la Chinoise, effleura le téléphone faire. A l’autre bout du fil, son téléphone sonnait. Une fois, deux fois. Trois fois. Elle avait rejeté son appel. Il jura. A son oreille s’élevait la voix rauque du répondeur. Elle semblait le narguer tant elle contrastait avec le timbre nasillard de son ancienne acolyte. Enfin, elle la ferma.

- Salut, Bardot ! T’es vraiment une petite rigolote quand tu veux, toi, hein ? Tu crois que j’ai que ça à foutre de mes nuits ? Faire des allées et venues vers une prison vide ? Et quoi ? T’as pas les couilles de décrocher maintenant ? Pauv’ conne. J’te jure que c’est la dernière fois que tu m’as comme ça ! La prochaine fois, je te laisserai bien suffoquer dans ta sale merde. Et je prendrais même du plaisir à te regarder. Crève en Enfer.

Nerveusement, il raccrocha.
Et puisse-t-il ne plus jamais en entendre parler.

{Désolée, c'est un peu nul. XD}


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MessageSujet: Re: L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. [Emeric & Maeko]   L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui. [Emeric & Maeko] EmptyLun 20 Jan 2014 - 2:49




L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui.

« Lorsque les haines ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses. »[Denis Diderot]


La première phrase que Maeko entendit à travers le téléphone fut celle d'une fille qu'elle ne reconnut pas. Pas Evangeline, donc. Mais elle n'eut pas le loisir de réfléchir à ce que la fille en question pouvait bien faire avec le chef des Rhô Kappa, puisque la voix de celui-ci se fit entendre une seconde plus tard. Ainsi, elle commença à parler, feignant un enthousiasme exagéré à l'idée de l'avoir au téléphone alors que rien que le son de sa voix lui donnait envie de raccrocher. Et pourtant, il n'avait même pas encore commencé à être désagréable. Cependant, il n'attendit pas très longtemps avant de corriger cela. À peine commençait-elle à lui laisser le temps de parler, qu'il prouvait déjà à quel point il n'avait pas changé, en fait.

« Maeko, mais quel plaisir ! Toujours à venir faire chier quand il ne faut pas à ce que je vois. »

Si elle continua son discours comme si de rien était, elle n'en pensa pas moins que c'était vraiment l'un des pires connards qu'elle ait jamais rencontré. Le second était Sojiro, avant son changement. Par chance, elle était tombée amoureuse de celui qui avait réussi à changer et à devenir quelqu'un d'adorable. Un instant, alors qu'Emeric se plaignait d'aller très bien avant qu'elle ne l'appelle tout en critiquant le ton qu'elle employait -ce type n'était d'ailleurs jamais content, si elle avait été infecte, il l'aurait aussi mal pris-, elle imagina ce qu'aurait pu être sa vie, si elle avait aimé l'allemand à la place du nippon et que ça avait été plus ou moins réciproque -dans la limite des possibilités de l'adolescent. Un frisson de dégoût la parcourut et elle plaignit vraiment Evangeline. Elle pensa qu'un jour il faudrait absolument qu'elle ait une discussion sérieuse avec cette dernière, pendant qu'à l'autre bout du téléphone, l'allemand faisait son cinéma parce qu'elle l'avait qualifié d'ami. Il fallait qu'elle se reprenne et qu'elle arrête de laisser son esprit divaguer. Si elle faisait une gaffe au téléphone avec cet handicapé mental, alors qu'elle était surveillée, elle risquait de passer bien plus d'une nuit à l'ombre.

«  Oui voilà, mon seul ami majeur dans ce pays. » Insista-t-elle donc, tout en sachant qu'il n'était pas réellement majeur.

Effectivement, le service qu'elle lui demandait résidait bien plus dans cette phrase que dans l'explication bateau qu'elle lui donna par la suite. Car si Emeric n'était ni son ami, ni vraiment assez âgé pour venir la chercher, elle savait qu'il était le seul qu'elle connaissait, en dehors de Nobu, qui avait la possibilité de faire croire qu'il était plus vieux que ce qu'il était en réalité. Et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, s'il vous plaît ! Ainsi, Maeko pria intérieurement tous les dieux qu'elle connaissait, pour que le chef des Rhô Kappa comprenne son insinuation sans qu'elle ait besoin de la lui expliquer. Et espérer que le roi des sportifs sans cervelle en personne utilise l'éponge à bières qu'il avait dans la boite crânienne, pour comprendre ce qu'elle avait voulu dire, ce n'était pas rien. Dans la tête de la chinoise, c'était même un exploit -et peut-être même la preuve de l'existence de l'un des êtres soit-disant supérieurs qu'elle avait dû prier- s'il la laissait continuer sans l'interrompre.

Mais, contre toute attente, le miracle se produisit. Emeric ne fit pas de remarque sur son âge, préférant faire semblant d'être surprit qu'elle ne l'appelle « que » pour lui demander un service. Et il la laissa même parler par la suite, sans faire aucun commentaire. Jusqu'à ce qu'elle ait enfin fini son discours, du moins.

«  En fait on s’apprêtait justement à faire ma piqûre de rappel, tu vois ? Je compte sur toi pour dire à Evy que c’est très amusant, d’ailleurs. » Répondit-il, avec vivacité, à la dernière phrase qu'elle lui avait lancé.

Sa main se crispa sur le téléphone jusqu'à en faire blanchir les jointures de ses doigts. Lentement, elle éloigna le combiné de son oreille pour le fixer d'un air mauvais. Il avait osé. Elle était partagée entre l'envie d'exploser l'appareil contre le mur et celle de hurler le millier d'insultes qui lui venaient en tête. Cet espèce d'enfoiré avait osé utiliser Evangeline. Qu'il vienne la chercher ou pas, une chose était certaine : elle trouverait un moyen pour l’étriper de ses propres mains. Peut importe si c'était la dernière chose qu'elle faisait. Elle se moquait même de le faire dans ce poste de police devant les agents qui y travaillaient. Mais il fallait que cette raclure crève dans d'atroces souffrances.

« Qu'est-ce que tu fous, putain ? »

Elle sursauta. Trop occupée à s'imaginer en train de tuer Emeric, elle avait presque oublié où elle était. Son regard furieux passa du téléphone au policier. Les bras croisés, il la toisait avec l'assurance de celui qui se sait supérieur.

« Un badminton, ça se voit pas ?! » Cracha-t-elle, en se forçant à ne pas ajouter le « connard » qui lui brûlait les lèvres.

« C'est ça, fais ta maligne, tu vas finir par rester au trou jusqu'à demain, toi ! » Contra-t-il, sur le même ton.

Elle baissa les yeux et recolla son oreille à l'appareil. Elle n'était pas calmée, mais l'envie de partir était plus forte que celle de répondre pour le moment. Surtout, ne pas oublier une chose : si elle ne sortait pas de là, elle n'aurait pas l'occasion de casser les noix d'Emeric. Au sens propre, j'entends. Comme elle avait passé un moment à le maudire sans écouter ce qu'il disait, elle n'entendit pas le début de son monologue. Cependant, lorsqu'elle reprit le cours, elle reconnut sans trop de mal les intonations qu'elle pouvait mettre dans ses propres phrases : il était en train de l'imiter.

« ...que je n’ai pas pourri la vie d’Emeric et de toute évidence il me faut un pigeon pour ne pas passer la nuit entre deux pédophiles à qui pourrait venir l’idée de peloter les seins que je n’ai pas. »

Elle serra la mâchoire, de plus en plus énervée et baissa les yeux sur sa poitrine. C'était quoi le problème avec ses seins maintenant ? Il n'était pas au courant qu'on avait rarement la taille de bonnet de Pamela Andersson, sans se faire refaire, cet abruti ?

«  Hm… Et si je faisais ça maintenant, tout de suite, à onze heures du soir ? Mais quelle idée ravissante ! Ouuuh, je vais finir l’année en beauté, moi ! Hihihihi, c’est la fête ! » Maeko haussa un sourcil, ébahie de voir un niveau si haut de connerie et se demanda si elle avait vraiment l'air aussi cruche quand elle parlait. Elle espérait vraiment que non, le ton de grognasse, ça allait encore mieux à Emeric qu'à elle, c'était dire ! Celui-là continua d'ailleurs, mais en reprenant son timbre naturel pour la plus grande joie de la chinoise qui n'avait jamais été aussi ravie d'entendre la vraie voix de ce débile. « Allez, sérieusement ? Tu viens vraiment de me forcer à sortir de mon… lit pour ça ? Mais raconte moi, raconte moi ! Je suis curieux de savoir comment tu t’es retrouvée en tôle. »

Enfin, il marqua une pause pour la laisser répondre à sa question. Chose que la Nu Zêta eut un mal de chien à faire, tant elle était énervée. Il ne fallait surtout pas qu'elle l'insulte. Mais garder son sang-froid dans une situation pareille relevait quasiment de l'impossible. Pourtant, elle eut une pensée pour Nobu qu'elle avait dit qu'elle rejoindrait la veille au soir, pour son fils, qu'elle devait aller rechercher le lendemain et pour Anaeli, qui comptait sur elle pour qu'elles puissent sortir de là. Elle se força à intégrer l'idée que ces trois personnes étaient bien plus importantes que l'insignifiant petit allemand au bout du téléphone et elle ouvrit enfin la bouche, faisant tous les efforts dont elle était capable pour retrouver une voix calme.

« On m'a arrêtée avec un lapin phosphorescent dans la rue. Ils ne veulent pas croire que c'est le mien. Pourtant, tu me connais, je suis tout ce qu'il y a de plus innocent. » Fit-elle donc, en lançant un grand sourire qui aurait valu un doigt levé, au policier qui l'accompagnait.

Arrivée là, elle pensait qu'il allait simplement lui donner une réponse, qu'elle soit positive ou négative et qu'elle pourrait enfin raccrocher. Et oublier sa sale face de rat le temps de se ressaisir complètement. Grossière erreur. Comme si l'emmerdeur de première catégorie qu'était Emeric Kürschner allait lui laisser ce plaisir, comme elle pouvait être bête parfois !

«  Ma puce ? » Susurra-t-il. « Je vais me faire un café. T’en veux aussi ? »

Le sang de Maeko ne fit qu'un tour et c'est avec toutes les peines du monde qu'elle se retint de balancer son poing, à présent serré au point de lui lacérer l'intérieur de la main, dans la partie fixe du téléphone. L'évidence s'était imposée à elle a une vitesse déconcertante : « la puce » d'Emeric ne pouvait pas être Evangeline. La raison en était simple, dans le cas contraire, il aurait était émasculé au tout début de leur conversation, lorsqu'il l'avait insultée. Elle était persuadée que cet espèce de raté l'avait fait exprès pour l'énerver, si bien qu'elle se força à ne prononcer aucun mot et à ne pas balancer tout ce qu'il y avait dans le poste de police contre le téléphone, mais il était clair qu'elle n'en resterait pas là. Déjà, quand elle serait enfin libre, il faudrait vraiment qu'elle parle à son amie, hors de question qu'elle la laisse se faire traîner dans la boue par un type dont l’imbécillité n'avait pour égale que sa bêtise. Puis, si Evy ne s'en était pas chargée avant elle, elle payerait des gens pour l'enlever et le ligoter et elle le torturerait le maximum de temps, jusqu'à ce que mort s'en suive. Ensuite, il suffirait de découper le corps en morceaux et de demander à quelqu'un de confiance de s'en occuper. La personne en question serait difficile à trouver, surtout pour elle qui n'avait confiance en personne, mais pour l'allemand, elle ferait un petit effort. Elle chercherait la façon la plus efficace de se débarrasser de ses restes sur internet ou dans des bouquins. Pour le coup, elle était même prête à avouer son crime à Nobu pour qu'il l'aide à dissimuler le corps, lui qui était presque devenu un expert pour se faire passer pour mort, il saurait sûrement comment faire l'inverse.

« Donc tu es dans un poste de police. » Fit le mort en sursit, à l'autre bout du téléphone, commençant par la même occasion tout un raisonnement machiavélique. « Donc ça veut dire que tu as un agent de police derrière toi. Donc ça veut dire que tu ne peux pas dire ce que tu veux. »

C'est qu'il parvenait presque à l'épater. Finalement, même si c'était un blaireau, il semblait lui rester deux ou trois neurones potables. Sûrement les avait-il pris à son meilleur ami qui, à l'inverse, n'en possédait plus aucun. Elle secoua brièvement la tête, dire que le second était le frère d'Evangeline, cette fille avait décidément eu très peu de chance lors de la distributions des liens affectifs. Bref, la n'était pas la question du jour. L'attardé avait finalement compris la situation dans laquelle elle était et ça lui donnait presque envie d'être clémente avec lui et de lui laisser la vie sauve.

Sauf qu'apparemment, il ne voulait pas vivre.

« Et donc ça veut dire que j’ai le droit de t’insulter comme je veux, tu pourras même pas réagir ! Ouh mais si c’est pas juste jouissif, ça ! »

Elle leva les yeux au ciel et soupira d'agacement. Quel âge avait-il déjà, ce boulet ? Et encore, si la première phrase était affligeante, la suite était encore pire. Des insultes en anglais, des insultes en allemand. À présent, en plus de sa poitrine qu'elle n'avait pas oubliée, elle était devenue naine et insignifiante, sa vie était pathétique, elle semait la merde partout -voilà qui était vrai, au moins, ça elle ne pourrait pas le contester- et elle devrait éviter de se reproduire. D'ailleurs, il parla de son fils en le qualifiant de « ta mioche », il avait tout compris au film, comme toujours. Il termina sur une phrase bien vulgaire qui la mena au paroxysme de la douleur mentale, puisqu'elle ne pouvait pas répondre. Et elle ne fit vraiment pas, d'ailleurs, préférant essayer de faire passer sa colère en se donnant des coups discrets dans la jambe, de son poing libre. Elle savait qu'il allait reprendre la parole, puisqu'il n'avait toujours pas donné de réponse. Mais à ce moment-là, la seule chose dont elle avait envie était de raccrocher ce foutu téléphone et de retourner moisir dans sa cellule. Tant pis pour Nobu, elle ne pouvait pas tout faire pas amour, finalement. Elle éloigna même le combiné de son oreille dans le but de mettre à la conversation, mais c'est à ce moment là qu'il recommença à parler. L'hésitation de Maeko ne dura qu'un centième de seconde, elle était bien trop curieuse de savoir s'il viendrait quand même la chercher ou pas.

« Enfin. Tu sais que la sale chienne que tu es va juste devoir obéir gentiment à mes ordres si elle espère que je vienne un jour la chercher, hm ? Alors… ! Vas-y, laisse-moi profiter de tout le talent de poète maudite dont une pseudo-végétarianno-écolo peut faire preuve ! Laisse parler ton cœur et fais-moi un éloge. Et je compte sur toi pour qu’on y croie, bien sûr ! Fetzt urst ein ! Sinon je te promets que je te laisse dans ton merdier. »

Et vlan. Un éloge, rien que ça. Elle lui en écrirait un funèbre qu'elle enterrerait avec lui, si il voulait, mais avant qu'il soit refroidi, elle aimait autant éviter.

« Tu n'es pas sérieux !? » S'insurgea-t-elle quand même d'une voix blasée, pour la forme. Puis, elle remarqua que cette phrase avait interloqué le policier qui l'accompagnait, puisqu'il la fixait à présent, un sourcil haussé. « Mon ami est un peu lent à la détente, déficience mentale, voyez-vous, alors on ne comprends pas toujours bien quand il essaye de faire de l'humour. » Lui expliqua-t-elle, en prenant soin de ne surtout pas bouger le téléphone pour qu'Emeric profite de l'insulte. Elle ne valait pas ce qu'il lui avait balancé, mais tout été bon à prendre.

Quant à ce qu'il lui avait demandé, elle hésita un peu. Autant, elle mentait très souvent pour cacher des choses sans avoir trop de problèmes de conscience, autant... trouver une qualité, même inventée, au Rhô Kappa lui semblait être une tâche beaucoup trop ardue. Et surtout, elle n'était pas bien certaine que son état d'énervement lui permette d'aller jusqu'au bout d'un quelconque compliment alors un éloge complet...

« Écoute, Adolf junior, déjà fezte outch ailleune, je ne sais pas ce que ça veut dire. » Commença-t-elle, en prenant bien soin de détruire le plus possible par un accent abominable les paroles que son camarade avaient dites en allemand. Si la colère était toujours bien là, elle faisait des efforts inconsidérés pour ne pas la montrer et garder une voix avenante qu'elle tenta même de rendre maternelle pour la suite. « Et ensuite, je n'ai pas de temps à perdre avec tes bêtises, on sait tout les deux que ton handicap est difficile à vivre, surtout depuis que tu as attrapé ta MST par dessus... mais vraiment, ce n'est pas une raison pour s'en prendre aux autres comme ça. Si tu as besoin de quelqu'un pour t'aider, je pourrais te donner le numéro d'un très bon psy, une fois que tu sera venu me chercher, mon chou à la crème. »

Elle marqua une petite pause, le temps de faire passer l'envie de vomir que lui donnait la voix mielleuse qu'elle employait. Elle se demanda durant une seconde ce qui énerverait le plus l'allemand et une idée lui traversa la tête. Un sourire, le premier vrai, vient se ficher sur ses lèvres et elle toussota pour rendre sa voix encore un peu plus aiguë.

« Je sais que tout n'a pas toujours était très facile entre nous, mon bichon. Je sais que je n'aurais peut-être pas dû embrasser ta petite amie devant toi et que c'était également une mauvaise idée d'envoyer des rumeurs sur ta confrérie et toi en particulier. Je sais que je ne suis pas forcément facile à vivre et que notre amour n'est pas non plus à toutes épreuves. Mais il faut que tu me crois, mon hamster rose des prés, Ich liebe dich, vraiment. »

Elle insista sur chacun des mots allemands en se faisant une mission d'y mettre le plus d'accent possible. Si là il ne comprenait pas que le message était « je t'emmerde », il ne comprendrait jamais plus. Enfin, rassurée d'avoir quand même pu lui faire passer le message tout en lui rappelant de mauvais souvenirs, elle termina avec l'air le plus innocent du monde.

« Bon, je suis désolée, mon amour, mais je n'ai pas la nuit pour te dire combien tu me manques. Tu seras là dans combien de temps ? »
 



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l'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui.



- Ouais ?

Nu comme un verre, sous le regard excédé d’une petite brune pas d’avantage vêtue, assise les bras croisés sur le sofa en cuir de son bureau, le chef des Rho Kappa venait de décrocher son téléphone.
Un peu plus tôt, transportée par le souffle suave de ses mouvements, l’essence fruitée d’un savant mariage entre fleur d’oranger et fraise des bois taquinait les narines d’Emeric Kürschner. Kiara Cooper se tenait droite devant lui, impérieuse, et si son nez plissé trahissait son agacement, il ne pouvait empêcher son regard curieux de s’enfuir au creux du décolleté qu’elle s’était méticuleusement choisi. Muette, elle se retourna. Elle s’installa sur ses jambes, referma ses doigts autour du livre qu’il s’était empressé d’abandonner avant qu’elle n’investisse malgré ses interdictions son bureau. Il soupira. Son dos percuta nonchalamment le dossier rembourré de sa chaise tandis que les yeux sombres parcouraient sans comprendre les lettres qu’il avait tracées en vitesse sur un amas de feuilles éparpillées. Une main posée à la base de sa cuisse, il entortillait autour de l’un de ses doigts ses boucles brunes soigneusement peignées.

- Tu écris encore plus mal en allemand qu’en anglais. fit-elle remarquer après un long moment de silence. Il ne releva pas. C’était vrai, de toute façon. Ka’l Ma’x, des kapitol. C’est quoi ?
- On dit das kapital, chérie. Il haussa un sourcil, interloqué. Et t’es vraiment en train de me dire que t’as jamais entendu parler de Karl Marx ? Bien entendu, il s’était appliqué à souligner une seconde fois la nullité de son accent.
- Est-ce que je te demande, moi, qui est André Courrèges, hein ? Pour ta gouverne je passe pas mon temps collée devant les info’s sportives.

Il leva les yeux au ciel. Non, il ne savait pas précisément qui il était. Mais oui, il avait bien compris : la jeune étudiante venait de comparer Karl Marx à l’un de ses couturiers à la con. La culture américaine dans toute sa splendeur. C’était tout bonnement effrayant. Enfin…
Ses doigts glissèrent sur les épaules dénudées qu’il s’appliqua à masser distraitement.
Quelque part, il valait sans doute mieux qu’il en soit ainsi.

- C’est un théoricien allemand spécialisé dans le coaching sportif, en cyclisme. reprit-il. Il a dénoncé les torts du milieu professionnel. Das kapital c’est le nom de l’équipe qu’il a démontée. Bref, tout un tas de trucs qui n’a pas trop plu aux Américains. Il est assez mal vu ici, en fait.
- Hm. Passionnant. Et c’est pour ce charmant monsieur que tu m’as encore abandonnée seule dans ta chambre, alors ? Tu crois que j’ai que ça à foutre de mes journées, t’attendre ? Elle avait l’air irritée, irritation qui contamina aussitôt son interlocuteur.
- J’ai un travail à préparer pour les cours. J’avais dit jusque dix heures et-demi. J’…
- Il est onze heures, Emeric.
- Ah…

Silence.
Ses mains s’étaient immobilisées. Il avait encore oublié que l’horloge de son bureau était en panne.

- Désolé. finit-il par conclure après s’être raclé la gorge.
- Tu sais, si tu tiens tellement à ton bureau, il suffisait de me le dire. Ici, c’est très bien aussi. À moins que je ne vaille pas la compagnie de ton cycliste ?

Elle s’était redressée et lui faisait face à nouveau. Il pouvait deviner au coin de ses lèvres le dessin d’un sourire mutin qu’elle ne cherchait même plus à réprimer. Après avoir légèrement tiré sur son t-shirt, les bras tendus vers le plafond, le dos cambré, elle s’étira. Elle mettait ainsi bien en évidence son opulente poitrine sous le regard, elle le savait, particulièrement attentif de son compagnon de débauche. Confiante, elle referma ses doigts autour des pans de son haut coloré. L’instant d’après, celui-ci trônait à ses pieds dénudés. Soucieuse à l’idée qu’il ne se sente seul, elle dégrafa ensuite son soutien-gorge pour qu’il l’y rejoigne. Et c’est ainsi que, de fil en aiguille, ils s’étaient retrouvés en toute digne chasteté dans le sofa, sous le regard bienveillant de Marx. C’est à peu près l’instant où Kiara sortit de sa poche une capote que choisit le téléphone d’Emeric pour sonner. Epaulé par le charme sucré de ses lèvres, il essaya de résister. Vraiment. Et il tint un temps record. Une seconde, deux secondes. Une sonnerie. Deux son... Il repoussa doucement l’Américaine et finit par se redresser.

- Tu fais vraiment chier, Emeric. fit-elle remarquer.
- Laisse tomber. …Ouais ?

Comme toutes les autres fois, non sans frustration, il avait cédé. Mais si celle-ci lui semblait déjà à son paroxysme, lorsque résonna la voix de son interlocutrice à l’autre bout du fil, elle monta pourtant encore d’un cran. Ce timbre d’hypocrite affirmée, ravagé par un engouement auquel il ne croyait pas une seconde, même ravagé par l’alcool, il l’aurait reconnut. Cela faisait bien longtemps que son cerveau l’avait enregistrée dans la catégorie des nuisibles. La petite peste qui avait eu le cran de mettre fin à ses ébats n’était autre que Maeko Matthews. Silencieux, il esquissa une grimace irritée. Il jeta un bref coup d’œil à son écran tactile. Il était sûr d’av… Putain. Cette garce l’avait trompé en l’appelant avec un numéro masqué.

- Alors ? C’est qui ?

Les doigts crispé autour de son téléphone, le garçon ne répondit pas. Pas plus qu’il ne répondait à la Chinoise, d’ailleurs. Surtout pas à la Chinoise. La mâchoire serrée, il prit le soin de laisser s’échapper un profond soupir tandis que la femme – enfin, il n’avait jamais été certain qu’elle en était vraiment une, en dehors de ces moments où explosait sa chiante-attitude et ses records d’incessants piaillements – continua de laisser s’exprimer son pseudo-enthousiasme. Dans son esprit le débat se faisait vif. Il hésitait entre éclater son iPhone contre le mur ou offrir à cette espèce de petite connasse ambulante le privilège d’écouter leurs ébats. Au lieu de cela, il resta là, pantois, au milieu de son bureau, à essayer de comprendre ce qu’il avait fait au bon Dieu auquel il ne croyait pas pour avoir un karma aussi misérable.

- Tu te souviens, Mae' des players...
- Maeko, mais quel plaisir ! commença-t-il avec au moins autant de sincère chaleur dans sa voix que dans celle d’un promoteur bourgeois. Toujours à venir faire chier quand il ne faut pas à ce que je vois.
- Je me demandais un peu comment tu allais depuis le temps...

Le regard d’Emeric glissa d’abord sur les vêtements éparpillés qui jonchaient le sol avant d’atterrir sur la mine boudeuse de Kiara. Il leva les yeux au ciel.

- Très bien, avant que tu ne m’appelles, figure-toi ! C’est très gentil de t’en informer. Moi qui pensais que tu préférais garder ce ton mielleux pour sucrer ton café.
- Et surtout, je me suis souvenue que tu étais mon seul...

Ah bah voilà, on y arrivait. Enfin. Ouais, son seul quoi exactement ? Il était curieux de savoir qu’elle connerie faramineuse elle allait encore inventer.

- Ami !
- Ami…

Bingo ! Mais oui, bien sûr ! L’Allemand ne put réprimer un petit rire sarcastique. Amusant. C’était un fait aussi évident que l’équilibre mental de Mitt Romney. Allez, qu’est-ce que cette parasite allait bien pouvoir lui demander ?

- Oui voilà, mon seul ami majeur dans ce pays.

Machinalement, il fronça les sourcils. Majeur ? D’accord. Il n’était pas majeur, et même si l’Asiatique était la dernière des abruties, elle le savait pertinemment. Ils avaient passé bien assez de temps à trafiquer des cartes pour ça. Interdit, il écrasa sous ses dents sa lèvre inférieure. Elle continua. Et presqu’aussitôt, ses sourcils se arquèrent, exprimant toute la vision qu’il portait sur le ridicule de la situation. Il acquiesça, davantage pour lui lui-même puisqu’elle ne pouvait pas le voir. Ça devait quand même sérieusement lui corroder la gorge de régurgiter autant de mensonges malformés.

- J'ai un petit service à te demander.
- Tiens donc ? Alors ça si je m’y étais attendu… !

Le verdict était tombé, sans suspens aucun. Verdict qu’elle ne tarda à détailler, et quand enfin la Fortune eut pitié de lui et lui ferma son caquet de perruche mal léchée sur une dernière pique bien placée, il enchaina à nouveau sur le même ton – ça leur faisait au moins quelque chose en commun –.

- En fait on s’apprêtait justement à faire ma piqure de rappel, tu vois ? Je compte sur toi pour dire à Evy que c’est très amusant, d’ailleurs.
Pétasse.
- Enfin. Attends de voir, que je récapitule ? Une arrestation parce que Mademoiselle est trop conne pour se tenir en ville, aucun ami parce que Mademoiselle est une chieuse de service et… bingo ! Une illumination ! Il reprit la conversation en se lançant dans une mauvaise imitation de l’accent et de la voix de son ancienne acolyte. Tiens, ça fait un bon moment que je n’ai pas pourri la vie d’Emeric et de toute évidence il me faut un pigeon pour ne pas passer la nuit entre deux pédophiles à qui pourrait venir l’idée de peloter les seins que je n’ai pas. Hm… Et si je faisais ça maintenant, tout de suite, à onze heures du soir ? Mais quelle idée ravissante ! Ouuuh, je vais finir l’année en beauté, moi ! Hihihihi, c’est la fête ! Il reprit son timbre désabusé, un sourcil haussé, l’autre froncé. Allez, sérieusement ? Tu viens vraiment de me forcer à sortir de mon… lit pour ça ? Mais raconte moi, raconte moi ! Je suis curieux de savoir comment tu t’es retrouvée en tôle.

Mine agacée, l’Allemand marqua un temps de pause destiné à Maeko. De sa main libre, il en profita pour remettre son caleçon. Il la plaça ensuite à moitié devant le combiné, ses iris azurés affectueusement posés sur Kiara.

- Ma puce ? Le surnom était une évidente provocation à l’adresse de la Chinoise ; il savait pertinemment qu’Evangeline était à ses yeux une amie chère. Je vais me faire un café. T’en veux aussi ?

Elle acquiesça. Il posa subrepticement un baiser sur ses lèvres avant de quitter la pièce pour rejoindre la cuisine de la Confrérie. D’une main toujours, il s’appliqua à mettre en route la cafetière tandis que s’engageait son réquisitoire.

- Donc tu es dans un poste de police. Donc ça veut dire que tu as un agent de police derrière toi. Donc ça veut dire que tu ne peux pas dire ce que tu veux. Et donc ça veut dire que j’ai le droit de t’insulter comme je veux, tu pourras même pas réagir ! Ouh mais si c’est pas juste jouissif, ça ! Alors, petite pute, est-ce que je t’ai déjà fait part de toute… l’affection que je porte à l’anti-charisme dégueulasse que rejette toute la fange de la belle… drückeberger* que tu es ? Non ? Parce que c’est quand même un exploit qu’une naine aussi insignifiante que toi parvienne à provoquer autant de mépris et à semer autant de merde sur son passage. Ça m’a toujours interloqué. En fait je suis submergé par le pathétique de ta vie tu sais, vraiment. Mais j’en veux à ta mère d’avoir copulé si c’était pour mettre au monde une connasse comme toi. Ou peut-être qu’elle vaut pas mieux ? Si c’est héréditaire je plains ta mioche, hein. Ça doit pas être simple de commencer ta vie en sachant qu’elle est déjà foutue. Tu devrais peut-être éviter de te reproduire la prochaine fois. Ça ferait du bien au genre humain, puis sûrement aussi à la bite du mec qui a du te pénétrer je crois.

Certes, Mère maturité n’avait pas été très généreuse sur son berceau. C’était gratuit, vulgaire et débile. Aucune réflexion dans ses propos, pas même pour chercher à la froisser. De l’insulte de bas niveau pour de l’insulte. Mais peu importait. Elle savait déjà à quel numéro elle avait affaire de toute façon.

- Enfin. Tu sais que la sale chienne que tu es va juste devoir obéir gentiment à mes ordres si elle espère que je vienne un jour la chercher, hm ? Alors… ! Vas-y, laisse-moi profiter de tout le talent de poète maudite dont une pseudo-végétarianno-écolo peut faire preuve ! Laisse parler ton cœur et fais-moi un éloge. Et je compte sur toi pour qu’on y croie, bien sûr ! Fetzt urst ein** ! Sinon je te promets que je te laisse dans ton merdier.

*Tire-au-flanc, version vulgaire.
**Assure à mort.



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L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui.

« Lorsque les haines ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses. »[Denis Diderot]



Maeko était retenue au poste de police avec Anaeli depuis près de trente heures. Leur cellule était horrible, tout ici était fait pour dégoutter les "détenus", de l'odeur atroce à la froideur de l'endroit. Ajoutez à ça que les agents qui les surveillaient étaient tous aussi avenant que l'auraient été des portes de grange et que, les seules personnes qui avaient été arrêtées cette nuit-là étaient des types dont le taux d'alcoolémie n'avait d'égal que leur connerie. La chinoise était donc d'une humeur exécrable lorsque enfin, on lui accorda le coup de téléphone qu'elle réclamait depuis des heures. C'est alors qu'il avait fallu choisir la personne à appeler et là c'était posé un nouveau problème. La personne qui viendrait les chercher devait être majeure et avoir au moins vingt-et-un ans, donc et personne dans leurs amis ne l'était. Les parents de l'une comme l'autre n'étant pas en Amérique, ils n'étaient pas une option possible et il avait donc fallu trouver une personne -même éloignée- qui aurait pu venir. 

C'est avec une déception intense que Maeko c'était alors rendue à l'évidence : la seule personne capable de se faire passer pour majeure qu'elle connaissait -en dehors de Nobu, pas question de lui faire prendre le moindre risque-, était Emeric, le chef des Rhô Kappa. Elle était loin de penser qu'il accepterait réellement de les aider, mais à situation désespérée, solution désespérée, non ? C'est donc avec une mine des plus renfrognées qu'elle avait suivi le gros policier qui l'avait appelé et qu'elle s'était rendue jusqu'au téléphone. Elle avait appris le numéro de l'Allemand par cœur du temps des players "au cas où..." et elle se rendit compte avec une certaine horreur, qu'elle le connaissait toujours. Elle le composa donc, d'une main fébrile et attendit qu'il daigne décrocher. 

Première sonnerie, puis seconde. Elle soupira.

« Mais il va même pas répondre cet abr... ! » Fit-elle, au moment même où il décrochait. Elle se stoppa net, espérant qu'il n'ait pas entendu et repris d'un ton beaucoup trop enjoué. « Emer' ! Je suis contente d'entendre ta voix ! »

Faire l'hypocrite, surtout avec quelqu'un qu'elle détestait autant, n'était pas vraiment dans ses habitudes, mais si c'était ça ou rester à croupir dans son jus au milieu de la saleté, le choix était vite fait. Elle prit donc la voix la plus mielleuse dont elle était capable pour continuer.

« J'espère que tu ne vas pas me crever dans les pattes en voyant que je t'appelle » Bah oui, ça aurait été dommage, pour une fois qu'il pouvait être utile. « Mais c'est Maeko. »

Elle laissa un léger silence s'installer et, puisqu'elle n'était pas certaine qu'il ait vraiment compris, elle crut bon d'ajouter :

« Tu te souviens, Mae' des players... »

Elle lança un regard anxieux au type qui l'avait amené jusque là, mais il semblait bien plus intéressé par la viennoiserie qu'il essayait de faire entrer en entier dans sa bouche que par ce qu'elle disait. Rassurée, elle se concentra à nouveau sur la conversation, attendant d'avoir la certitude qu'il l'avait reconnue d'une part et qu'il ne raccrochait pas d'autre part, pour reprendre la parole.

« Je me demandais un peu comment tu allais depuis le temps... » Essaya-t-elle de l'amadouer.

Mais c'était sans compter sur l'agent qui était là avec elle. Apparemment, il avait enfin terminé de se battre avec sa pâtisserie et à présent, il était beaucoup plus impatient.

« Bon, tu te grouilles, on a pas la journée ! » La coupa-t-il d'un air mauvais.

La chinoise essaya d'un revers de la main la pluie de postillons qui venait de s’abattre sur elle. Elle se retint à grand peine de balancer le téléphone dans la figure de l'agent face à elle, se contentant de lui lancer un regard noir. Puis elle ignora totalement sa remarque, reprenant sa phrase où elle l'avait arrêtée.

« Et surtout, je me suis souvenue que tu étais mon seul... » Elle laissa sa phrase en suspens, pas très sûre de ce qu'elle allait dire. Son seul quoi, au juste ? Elle l'avait toujours détesté, ça avait toujours été réciproque et si ils s'étaient supporté à une époque, c'était uniquement pour leurs amis communs. Mais bon, ne dit-on pas que les amis de nos amis sont également nos amis ? Elle avala sa salive et fit une grimace, regrettant à l'avance ce qu'elle allait dire. « Ami, oui voilà, mon seul ami majeur dans ce pays. »

Elle s'arrêta là, prête à ignorer les remarques qu'il pourrait lui faire quant à la pseudo amitié qu'elle venait de leur inventer et, comme le type qui l'avait amené au téléphone semblait prêt à l'égorger, elle reprit.

« Et donc, en souvenir de cette belle amitié qui nous liait autrefois... » Commença-t-elle, en ayant du mal à cacher le sarcasme de sa voix. L'idée même de lui demander un service -qu'il ne se priverait pas de lui faire payer- lui donnait déjà presque la nausée, alors prétendre avoir eu une quelconque affection pour lui relevait quasiment de la torture morale. « J'ai un petit service à te demander. Voilà, j'ai été arrêtée avec une amie et j'aurais besoin que quelqu'un de majeur, donc, vienne nous rechercher. Est-ce que, éventuellement, tu pourrais être cette personne ? » Demanda-t-elle, en essayant d'être la plus amicale possible.

Mais puisque la sympathie n'était décidément pas dans ses gênes et qu'en prime, elle ne supportait pas de lécher les bottes d'Emeric Kürschner de la sorte, elle ne put s'empêcher d'ajouter une dernière phrase.

« Enfin, si tu n'es pas trop occupé à prendre ton traitement contre la syphilis, bien sûr. »

 



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