Wynwood University
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 Une bouteille à la mer [PV Gautier]

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MessageSujet: Re: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyMer 18 Déc 2013 - 23:53




Une bouteille à la mer.



Le temps passait lentement, et bien trop lentement à mon goût. D’habitude, celui-ci s’écoulait à une vitesse telle, qu’il me filait entre les doigts, je n’avais aucun moyen de le retenir, celui courait, m’empêchant de gérer, ni de me rendre compte de quoique ce soit, c’en était troublant. Alors là, je peinais à le faire avancer, alors que je ne souhaitais qu’une chose, être au lendemain, puis au surlendemain, au jour où la réponse serait là, enroulée dans sa bouteille de verre, attendant sagement d’être lue.

Le temps est un grand vicieux, qui se joue de nous, nous mène en bateau. Et tout ce petit jeu me rend irascible, et je le trouve détestable. Les secondes paraissent être des heures, tout comme des heures peuvent être des minutes. Mais là dans le cas présent, j’avais l’impression d’être terré depuis des semaines dans mon bureau dans l’attente, l’expectative, et rien d’autre. J’étais bien plus captivé par cet échange que tout autre chose, que tout ce qui m’entourait. Moi qui prenais plaisir à composer mes propres leçons, avec une telle motivation, et un tel dévolu, j’avais l’impression que cela était un fardeau, une contrainte, quelque chose de terriblement gênant.

Tout ça, parce que cela ne m’intéressait guère, bien que je finisse par le faire, puisque je n’avais en aucun cas le choix. Le choix de tout abandonner, non. Mon métier, bien que je ne l’apprécie pas particulièrement était ma vie, mon gagne pain, et j’avais pris goût à certains aspects de cette profession, aux abords barbante, avec des délurés comme enseignants. Ce qui au final, était la seule chose qui me raccrochait à ce travail, peu épuisant physiquement soit, mais psychologiquement, c’était dur. J’étais éreinté en rentrant le soir, m’enfilant deux aspirines qui fondaient dans le verre d’eau comme un vulgaire sucre dans du café, sauf qu’au contraire de ce breuvage, le médicament était dégueulasse, une mixture de je ne sais trop quoi, qui vous apaisait, certes, mais qui vous donnait une envie de régurgiter sans plus attendre.

Allez savoir, pourquoi avec la technologie actuelle, ils n’ont pas trouvé un moyen de donner un goût bien plus agréable, que celui du ciment, ou je ne sais quelles autres choses déplaisantes.

Enfin, là n’était pas le sujet. Le débat actuel, en mon for intérieur, résidait sur ma capacité, non sans limite à attendre. La patience, quel mot intéressant, vous ne trouvez pas, mais qui la possède vraiment cette patience ? A vrai dire, peu d’entre nous, êtres humains, sont enclins à patienter, à laisser le temps passer, sans éprouver un minimum d’impatience, de curiosité, de volonté d’être déjà au lendemain. Les autres, les résistants, n’existent pas, ou sont masos. Ou encore se persuadent, et disent à qui veulent l’entendre qu’ils sont capables d’attendre autant que faire se peut. Mensonges, foutaises.

Personnellement, je n’ai jamais été capable de tenir plus de deux secondes, sans gigoter comme un asticot, bouger dans tous les sens, pour qu’au final j’en vienne à soudoyer les autres pour venir à mes fins. On pourrait presque dire que mon impatience n’a aucune limite, et jamais personne ne le saura, même le Saint-Esprit, où je ne sais quelle connerie qui sert de divinité. Après tout le temps joue, vit, et avance, ou pas, à sa guise, à sa convenance. Si ça se trouve, y a un crétin qui fait exprès, il avance les aiguilles comme sur une roulette russe, quand il convient qu’il faut exercer une pression, ou alors les retiens comme une mère déchirée au départ de son enfant, quand il est d’humeur plus sadique. Le sourire sardonique aux lèvres, je me l’imagine bien, cet homme, ce pernicieux. Et moi, tout ce que je fais, c’est disserter, seul, dans mon coin, coin de la pièce, salle des professeurs, vide.

Enfoui dans mon palais mental, mon regard est fixé sur le mur, et il était tellement insistant, que j’aurais pu y percer un trou. L’impatience me rend tout autre, je ne peux guère agir convenablement et naturellement quand je sais que quelque chose m’attends, mais que pour cela je dois tenir trois longs jours. Trois longs jours ? Vous savez ce que cela représente ? Trois fois vingt quatre heures ! Ce qui donne soixante douze heures, c’est énorme. C’est trop, bien trop. Et je n’ai pas tant de choses à faire pour combler mes heures de libre, et la nuit je ne dors pas suffisamment pour que cela me fasse perdre du temps.

Malgré tous les efforts que je faisais, tout ce que je gagnais, c’est siéger dans cette pièce vide et froide, allant et venant de salles en salles, faisant des cours, toujours les mêmes. Routine lassante, barbante, qui m’usait comme un petit vieux, dont la santé s’étiole de jour en jour. Sérieusement, on me prendrait pour un fou, si l’on savait, si jamais on venait à savoir. Mais quand une chose, à laquelle vous semblez croire pour de bon, vous arrive, vous vous y accrochez, comme à une bouée de sauvetage, perdue en pleine mer, votre seul moyen de ne pas couler, ni tomber plus profondément dans votre dépit, votre tristesse, votre solitude. Cette lettre, cette toute petite lettre, c’est ce qui a su raviver la flamme, celle de l’envie de continuer à croire que la vie, n’ayant pas été si clémente avec moi, m’offre un cadeau, un présent pour me rappeler que toutes les bonnes choses dans ce monde n’ont pas disparu, il suffit de gratter, et ne pas se préoccuper de la surface, fade, négligée, et certainement plus à sauver.

Finalement, au troisième jour, je me levais, déjà plus serein, et moins enclin à exploser telle une bombe à retardement, parce que je savais qu’aujourd’hui, tout prendrait fin, pour recommencer aussitôt. C’est un cycle infernal, où l’attente est le passage obligé, sans quoi l’intérêt principal disparaitrait. Après tout, le côté épistolaire exigeait du temps, et de la patience. Traitre mot. J’avais convenu que je le ferais, je ne pouvais céder juste à cause d’un caractère et d’un tempérament instable, ce n’était pas une solution, d’autant plus que je pourrais perdre très certainement la seule personne dans ce bas monde à m’accorder la confiance que j’ai toujours cherchée.

Fin prêt, ajustant mon écharpe, je me mis au volant de ma voiture, et partis en direction de Wynwood, sifflotant, par ce beau jour ensoleillé. Le temps était parfait, et correspondait à merveille avec mon état d’esprit du jour. Calme, quiétude, bonheur ? Qu’est-ce que vraiment le bonheur ? Si ce n’est un principe moral vous qualifiant de joyeux, à qui il arrive de belles choses, sans nuages à l’horizon. Qu’est-ce vraiment le bonheur au fond ? Et qui a un jour obtenu cette perfection ? A ma connaissance, personne, mais qui sait, quelqu’un dans ce bas monde prétend-il l’avoir en sa possession.

Que cela doit être chiant le bonheur, au fond. Réfléchissez ! Si la vie était toujours rose, sans obstacles, où tout le monde s’aimait, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, on s’emmerderait bien profondément. Même si je cherche une part de ce fameux bonheur, cette chose immatérielle, qui n’apparaît qu’en rêve, il fallait dire que sans toute cette merde, je me ferais sacrément chier dans un monde mielleux, où on pète des paillettes. Il faut juste prendre la vie comme elle vient, même si celle-ci est buchée d’obstacles à ne plus en pouvoir. La seule satisfaction qu’il faut en tirer, c’est la réussite, le mérite d’avoir tenu malgré les douleurs, la souffrance, puisqu’un beau jour on finit par être récompensé.

Du moins c’est ce que je m’étais répété tel un mantra pour me persuader que le divorce avec ma femme n’était qu’un tournant dans ma vie, un chapitre que je devais achever, et que bien mieux subviendrait par la suite. Etait-ce vrai ? Cette lettre était-elle un début ? A savoir.

C’est donc tout pimpant que je me rendais, sans réfléchir, vers la laverie, lieu totalement inoccupé par les élèves le matin, et elle était presque toujours inoccupée de toute façon. Et là, derrière une machine, cachée l’objet de convoitise, pour laquelle je me tourne et retourne dans mon lit, essayant de trouver en vain le sommeil. Bien que l’excitation soit au plus haut, il me fallait encore attendre, mais l’avoir en ma possession était comme un soulagement et me rendait tout hystérique.

La journée passa tout à fait normalement, et je ne tenais guère en place, bien que je ne change en rien mon comportement vis-à-vis des élèves en ce jour. Puis quand ce fut fini, je me précipitais sans plus attendre vers ma voiture, vers ma maison, seul lieu sur, de calme et d’intimité où je pourrais profiter amplement d’une lecture sans être dérangé, interrompu.

Le cul sur le fauteuil, je ne pris pas la peine d’enlever mon manteau, je passais directement à la lecture après avoir extirpé délicatement le papier de son étui. Les feuilles entre mes mains, me procuraient une certaine sensation que je n’avais su éprouver depuis bien longtemps, et sans plus attendre, je me mis à lire, dévorant presque chaque mot, chaque ligne, chaque information de plus que je pourrais avoir sur elle, parce qu’il était évident, malgré l’anonymat, que ce devait être une fille. Même si je les fuyais, les repoussais, celle-ci m’attirait comme un aimant, son écriture, ce qu’elle racontait au travers de ces lettres, et me faisais oublier l’espace d’un instant tout ce que j’avais pu éprouver comme dégout et rejet auprès de la gente féminine.

Je souris, c’est simple, il se forme sur mon visage, et je ne peux guère le contrôler. Elle me comprends, me donne son avis, répond tout simplement, et me donne davantage envie de la connaître. Si bien que la lecture achevée, je sens comme une déception, le meilleur moment de la journée avait duré trop peu de temps. Cependant, cela avait réussi à l’égayer, rien qu’au moment même où j’avais vu la bouteille planquée derrière la machine. Si j’avais su qu’un jour un échange épistolaire me rendrait si euphorique, je n’y aurais pas cru.


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MessageSujet: Une bouteille à la mer [PV Gautier]   Une bouteille à la mer [PV Gautier] EmptyLun 16 Déc 2013 - 1:06

« Les idées saugrenues peuvent paraître attrayantes à certains, et a d'autres, purs égarements psychologiques. Je sais que j'aime ce genre de choses, l'innatendu, la surprise, l'envie de courir a l'endroit indiqué pour trouver la lettre, l'attente, la surprise et la joie à la lecture. Si tu veux bien t'ouvrir a moi, alors je pourrais m'ouvrir a toi aussi. Si j'écris, c'est par besoin de briser cette gangue épaisse qui me retient. J'en ai assez de ma solitude forcée.

Je suis enchanté que tu partages ma vision du levé de soleil. J'ai toujours pensé que c'était purement romantique de ma part, et un peu trop fleur bleue. Tu mets un peu du piment dont tu parles dans ma vie, même si nous ne nous connaissons pas. Je dois t'avouer que même si nos échanges commencent a peine, je meurres d'envie d'en savoir plus. Je lis et relis ce que tu écris, et j'attends avec une impatience terrible. J'essaie de rendre ma vie palpitante parce qu'autrement j'ai l'impression tenace de ne pas exister. Que les jours filent sans but. Que rien n'a de sens. Il me faut bousculer mon quotidien pour avoir l'impression que je grandit, qu'il se passe quelque chose. J'aime me mettre en danger, repousser mes limites. C'est pour ca que je dessine, pour ca que je fais du sport, pour ca que j'écris. Je veux tout faire a fond et ne pas avoir de regrets. Ou au moins ne pas en avoir plus que ce que j'en ai déjà. C'est quoi, ton moment préféré dans la journée ? Qu'est-ce qui t'enchante le plus, dans l'anodin, dans le journalier ?

J'ai choisi cette solitude; C'est vrai. Mais je me sens parfois comme Crusoé. J'ai l'impression de désapprendre a parler. De désapprendre a rire ou a pleurer. C'est totalement faux, parce que je ris et que je pleure très facilement. Il en faut peut pour m'attendrir ou pour m'enchanter. Je ne pleure pas de peine par contre. Ces larmes là ont séché il y a longtemps. Enfin, je déblatère, ca doit te fatiguer.

Je ne crois pas une seule seconde que tu sois sociopathe. Et en fait, je m'en fiche. Tu es mon ami. Même si j'ignore jusqu'à ton nom. C'est innatendu, de se déclarer face a un bout de papier, mais c'est ainsi. J'espère avec la force de ce que me fait éprouver cet échange. Une future lettre, d'autres mots. Des anecdotes, des confidences, la suite de cette conversation. La solitude empêche l'attachement. Si les autres n'ont pas de prise sur toi, ils peuvent moins t'atteindre, et donc moins te faire du mal.  J'ai l'impression cependant d'en faire plus moi-même que les autres... Je ne sais pas comment expliquer. J'ai des moeurs a moi, et les autres en souffre. Alors je préfère vivre seul, sans personne qui dépende de moi. Je ne dirais pas que je ne m'attache pas vite. Je suis déjà attaché a tes mots.

"Les seins de Nicki Minaj". Bon sang, j'ai ri. Je déteste ses femmes et hommes surfaits, bourrés de plastique. On dirait des barbies. Je ne suis pas effrayé par toi. Je suis intrigué, vraiment. Et puis passionné par ce que tu écris et la justesse de ton analyse. Ne pas rentrer dans les sentiers battus t'a fait prendre une place de paria en quelque sorte. Mais c'est magnifique, d'être un individu a part entière, unique au milieu de la foule, le "petit mouton noir" comme aurait dit ma mère. Oui, je trouve ca beau. Il n'y a pas a avoir peur. Si ma franchise t'inspire du respect, moi, c'est toi qui m'en inspire. Tu as subit nombre d'injures et de brimades, et tu as fait front. J'ai beaucoup d'admiration pour ca.
Je ne me controle plus quand il fait noir. J'ai l'impression qu'on méttouffe. C'est totalement irraisonné. Je n'ai pas peur de la nuit, mais du noir total. L'absence de toute lumière. Tu as la phobie du vide ? Parle m'en ! Si ce n'est pas trop indiscret.

Je n'ai pas envie de savoir ce qu'il y a après la mort. Je n'y pense pas. Je suis vraiment trop curieux, et je pourrais a force de psychologie, me suicider pour le simple fait de découvrir ce que ca fait. Ce qui serait totalement stupide, je crois... Je n'ai peur de mourir qu'après avoir fait une énorme bêtise, quelque chose de bien stupide. Ca passe rapidement. Ensuite, j'ai de nouveau envie de jouer sur le fil du rasoir, pour voir ce que ca fait.
J'arrète ici, parce que je pourrais continuer indéfiniment, et alors, les feuillets ne rentreraient plus dans la bouteille. Voilà donc la fin de ce mot. Dépose la bouteille dans la salle de bal, derrière le grand rideau qui dissimule l'immense baie vitrée.

J'ai conservé la fleur. C'était une réponse très délicate. J'ai hâte d'en apprendre d'avantage sur toi.

Bien a toi, tendresses. A. "


Cette fois, je n'ajoute rien a la missive. Parce qu'il n'y a rien de plus a ajouter. Je suis simplement impatient. Le froid arrive, nous sommes en novembre. L'automne tire sa révèrence lentement, et décembre arrive a pas de géants. J'ai mis les trois jours a répondre, me demandant a chaque question si j'allais trop loin. Je ne veux pas faire fuir cet écrivain tombé du ciel. C'est dramatique de le penser mais oui : ma seule amie. Ce soit être une fille. J'en suis quasi sur. Je ne veux pas prendre de pari, mais cette sensibilité exacerbé m'y fait penser. Alors G. Doit etre un prénom bien doux. je dépose la lettre a l'endroit dévolu, derrière une machine, en essayant de ne pas trop respirer les odeurs de produits, et reste là, puisque j'en profite pour faire mes lessives. Je suis seul a cette heure. Je tape dans quelqu'un en repartant, mon sac de linge fraichement lavé sous le bras. Je grommelle un vague "pardon" et poursuis ma route. Le coeur lourd de n'avoir plus rien a écrire, et plus léger pour ce que j'ai confié.
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