∞ Just a dream. Scarlett.

Just a dream

just because we can't be together doesn't mean i wont love you

Scarlett ne me répondit pas tout de suite, les yeux rivés sur ses fiches à la con. Finalement, elle releva la tête vers moi et me fit une réponse qui m’énerva.

« Enrick était un ami très important pour moi... Je préférerais ne pas en parler ».

J’avais envie d’attraper son bureau et de le balancer sur le côté, lui, elle et ses foutues fiches. J’étais peut-être con, mais même un imbécile comme moi pouvait se rendre compte que sa réaction était égoïste.

« Bien sûr, c’est comme tu veux, je vois » sifflai-je d’une voix glaciale, en insistant bien sur le tu.

Je ne savais pas si elle se rendrait compte du sens caché de mes paroles… elle n’avait même pas pensé à se demander comment il se faisait que j’avais pu apprécier un Khi un jour. Elle ne s’était même pas demandé quel lien j’avais pu avoir avec Enrick, tout ce qui comptait c’était leur amitié à eux. Et en prime, elle n’avait même pas relevé ma provocation. Elle préférait rester dans son rôle de prof froide et distante. Très bien, qu’il en soit ainsi. Je ne savais pas ce que je foutais là. Quel con.

« Je t'aurais bien pris comme élève, mais j'ai déjà Maddox en élève ».

C’est comme ça qu’elle l’appelait ? Un élève ? Et elle lui apprenait quoi, au juste ? A lui faire grimper aux rideaux ! Je serrai les poings, la mâchoire, tous mes muscles se contractèrent de rage. Et Scarlett, elle, ne voyait rien, trop occupée à parcourir ses fiches. A décider à qui elle allait imposer ma présence.

« Tu seras avec Elena. Elle t'aidera en Histoire, en science et en mathématiques » m’informa-t-elle. « Ça devrait t'aller puisque ce n'est pas moi qui m'occupe de toi ».

Qu’est-ce qu’elle en savait ! Qu’est-ce qu’elle en savait, bordel ! Elle ne prenait même pas la peine de me regarder pour voir ce que ça me faisait, de ne pas être avec elle à son Club de merde.

« S'il te plait, ne sois pas trop méchant avec elle » finit-elle par me dire, en posant enfin les yeux sur moi.

C’était la goutte d’eau. Elle me demandait une faveur, en plus du reste. Je sentis toute ma rage, accumulée depuis notre rupture, exploser en moi et je compris que j’allais devoir la déverser. Maintenant. J’abattis mes poings sur son bureau, face à elle. BANG, je sentis le meuble tanguer et se plier sous la force du coup.

« VAS TE FAIRE FOUTRE » hurlai-je en rapprochant mon visage du sien. « VAS TE FAIRE FOUTRE, T’ENTENDS ! QU’EST-CE QUE TU PEUX BIEN SAVOIR DE CE QUI ME CONVIENDRA OU PAS ?! TU M’CONNAIS PAS, SCARLETT ! TU COMPRENDS RIEN ! »

Je donnai un nouveau coup sur le bureau, je sentais les veines de mon front contractées au point d’être apparentes. Les muscles bandés, j’avais envie de tout casser, et elle avec.

« TU CROIS QUE JE SUIS LÀ POUR QUOI, HEIN ! TU CROIS QUE JE SUIS LÀ POUR QUI ! »

Excédé, j’attrapai le bureau et le soulevai, jusqu’à le balancer sur le côté. Le meuble se renversa sur le côté, rependant son contenu sur le sol. Scarlett était toujours assise sur sa chaise. J’attrapai ses épaules et l’obligeai à se relever, pour ensuite la pousser sur le mur derrière elle. Tant pis si elle avait mal, cela ne serait que justice.

« Maddox devrait pas s’approcher de toi, il le regretterait » lui dis-je, sans crier mais on pouvait deviner aisément à quel point je me retenais de le faire. « Tu es insensible, ou quoi ? Il y en a que pour toi, c’est ça ? Hein ! »

Je la secouai un peu, deux fois, puis re-plaquai son dos contre le mur.

« Tu sais quoi ? Fais ce qu’tu veux. Sors avec Maddox si ça t’amuse. Sois sa prof, j’en ai rien à faire ! Il peut bien te BAISER, J’EN AI RIEN A FOUTRE ! »

Je lâchai ses épaules et me reculai de plusieurs pas, en butant au passage sur la chaise de Scarlett.

« Je jouais pas, Scarlett… contrairement à ce que tu as l’air de penser, je jouais pas avec toi » finis-je par dire, à voix basse.

Je fis encore un pas en arrière, la laissant au milieu du bordel que je venais de mettre au CSS. Un dernier regard, et je lui tournai le dos. Je franchis les quelques pas qui me séparaient de la sortie, poings serrés… mais je ne me retournai pas pour entendre une quelconque réponse de sa part. Je n’en voulais pas. Je partis, mais je ne rentrai pas à la Confrérie. Je me rendis dans une salle de boxe et je passai la fin de la journée à me défouler sur un sac de sable, en imaginant Scarlett, Maddox, tous ces gens qui m’avaient blessé… même Marissa. Je ne sais pas si ça me soulagea, mais en tout cas cela me permit de dormir comme une souche lorsque je rentrai chez les Rho Kappa.  

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Quand je lui demandai si elle sortait avec Maddox, Scarlett me rigola au nez. J’avais l’impression qu’elle me narguait, l’air de dire « Évidemment que je sors avec lui, tu ne croyais tout de même pas que j’allais rester là à t’attendre ? Surtout que ça a l’air de te faire rager, hahaha ». Oui. Hahaha. Ha. Ha. J’étais mort de rire. Très ironiquement parlant. En réalité, je voyais rouge.

« Quoi ? Je ne sors pas avec... » me dit-elle une fois son rire passé, mais je ne la croyais pas. « Puis, qu'est-ce que ça pourrait te faire que je sorte avec lui ? Tu m'as laissée je te rappelle ».

C’était précisément pour cela que je ne la croyais pas : elle m’en voulait de l’avoir quittée, et elle faisait tout son possible pour se venger ! Elle devait être une des seules – avec ma sœur – à savoir que je n’avais pas joué avec elle comme la plupart des gens le pensaient. Enfin, je l’espérais… je n’avais pas envie qu’elle pense que je n’avais pas été sincère avec elle. C’était idiot, parce qu’effectivement, je l’avais quittée. Entre nous, il n’y aurait plus rien. Ce n’était pas faute de le vouloir. J’avais fait un premier pas vers elle, après tout. Mais Scarlett venait de tout gâcher en me balançant son crétin de Maddox au nez. Sa petite vengeance… bien sûr, c’est un plat qui se mange froid. Moi aussi, je pouvais jouer à ça ! … enfin, je suppose. Avec l’aide d’Emeric, quoi. Je ne répondis rien à sa provocation, et la belle allemande enchaina en me demandant ce que je venais faire ici. Je lui dis donc que je venais m’inscrire à son club débile – ce qui m’arracha la gueule au passage, mais pas question de lui dire la vérité après ce qu’elle venait de me dire –.

Pour toute réponse, Scarlett se pencha sur son bureau. Je pus ainsi admirer son décolleté, mais je détournai les yeux, énervé. Je n’avais pas envie de voir ça, parce qu’en le regardant je pouvais presque imaginer les grosses mains du Sigma Mu se balader sur sa poitrine et ça me rendait vraiment malade. La jeune femme attrapa un papier, qu’elle me tendit avec un air détaché. C’est tout l’effet que ça lui faisait ? Je venais m’inscrire à son Club, et elle me donnait bêtement le papier ? J’attrapai ce dernier d’un geste sec, manquant au passage de le déchirer.

« Peux-tu me remplir ceci s'il te plait ? » me demanda-t-elle d’un ton professionnel, exaspérant.

Je grognai en la contournant, attrapant un feutre sur le bureau. Je fis bien attention de ne pas la frôler, histoire de ne pas tenter le diable malgré ce que je venais d’apprendre. Elle m’avait bien tendu un stylo, mais j’avais fait exprès de ne pas le prendre. Je pouvais me débrouiller tout seul pour remplir sa connerie. Je m’éloignai de Scarlett et allai m’asseoir à une table un peu plus loin, en lui tournant le dos. J’entendis les pieds de sa chaise racler, et je supposai qu’elle venait elle aussi de s’asseoir. J’avais l’impression de sentir son regard me brûler la nuque. Je soupirai très discrètement et posai les yeux sur la feuille qu’elle m’avait donnée. Un instant plus tard, je me rendis compte que je ne lisais même pas ce qu’il était inscrit dessus. J’avais le regard perdu dans le vague, mes pensées accaparaient toute ma concentration. Je fis un effort pour me concentrer un peu, et débouchai le feutre. Mon nom : j’inscrivis SEYTON en lettres capitales, puis je fis pareil avec mon prénom. Suivaient quelques formalités comme mon âge, ma Confrérie, ma moyenne actuelle, les cours dans lesquels j’étais mauvais et avais besoin de soutien,… j’étais en train d’écrire lorsque Scarlett reprit la parole.

« Je suppose que tu as gagné en popularité dans ta confrérie après m'avoir quittée ».

Je serrai le poing et les mâchoires, ce qui eut pour effet de faire une rature sur la feuille. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’elle me dise ça. J’avais presque l’impression que c’était ce qu’elle pensait : je veux dire, que j’avais joué avec elle pour me faire bien voir. Un peu comme quand je poussais les Khi dans les couloirs, par exemple. Sauf que, même sans témoins, je les poussais ces petites merdes.

« J’avais pas besoin de ça pour être populaire » sifflai-je entre mes dents.

Je me retournai ensuite, je ne sais pas pourquoi. Elle avait les yeux baissés sur son bureau, mais elle releva la tête. Nos regards se croisèrent, et je m’appliquai à la regarder sévèrement.

« Oublie ce que je viens de dire ! »

Je soutins son regard un moment, puis lui tournai à nouveau le dos en marmonnant un « Comme si c’était facile » de circonstance.

Une fois le papier rempli, je me relevai et je vins me planter en face de son bureau. J’attendis qu’elle relève la tête vers moi pour lui tendre la feuille, puis je posai le feutre sur le bureau, où je l’avais pris. J’aurais pu partir. J’aurais du, en fait. Mais je restai planté là à l’observer, tandis qu’elle parcourait rapidement mon formulaire des yeux. En silence, elle la posa et attrapa un paquet de fiches, sans doute celles des membres inscrits. Je commençais à m’impatienter.

« Tu vas me mettre avec qui ? » ne pus-je finalement m’empêcher de lui demander. « Je te préviens, je lui mènerai la vie dure. Le seul Khi que j’appréciais n’est plus de ce monde ».

Je parlais bien entendu d’Enrick… même si elle ne devait même pas savoir que nous nous connaissions, lui et moi. C’était une façon détournée de lui dire que je ne l’aimais pas. Juste pour me venger de son indifférence. C’était peut-être stupide, mais j’avais besoin de ça pour me sentir un peu mieux.

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Je m’arrêtai sur le pas de la porte et observai la jeune femme de longues secondes, jusqu’à ce qu’elle lève les yeux vers moi et que nos regards se croisent. Scarlett portait une robe blanche, ou crème, enfin un truc dans le genre. Ça, ce n’était pas mon truc, les couleurs, les tissus, tout ça… en revanche, je ne manquai pas de remarquer qu’elle ne portait pas de soutien-gorge dessous. Bizarrement, ça me mit en rogne, au lieu de me faire bander. Jamais elle n’aurait enfilé un truc pareil, avant. Pas vrai ? Maintenant qu’on était plus ensemble, elle se baladait les seins presque à l’air, les tétons bien pointés vers le ciel et vas-y que j’aguiche tout ce qui passe ! Je fronçai les sourcils et serrai les poings, sentant la colère pointer le bout de son nez. La belle allemande, indécente, sembla se demander si elle ne rêvait pas, et nous restâmes à nous observer sans rien dire un bref instant.

« Désolée Maddox... je te rappelle » dit-elle alors, puis elle posa son portable et se leva pour me faire face.

Ses seins se pointaient vers moi, j’avais l’impression qu’ils m’accusaient. Sainte-Poitrine levait deux doigts vers moi et me condamnait à ne plus jamais toucher ses enfants. Haha, je suis con. Elle me faisait divaguer, mais je n’en perdais pas de vue – ou d’oreille, j’avais du mal à détacher les yeux de ses aimants à mecs qui me fixaient – ce qu’elle venait de dire, avant de raccrocher. Maddox ? C’était donc sur lui qu’elle avait jeté son dévolu ? Celui qui l’avait réellement sauvée, en prenant la situation en main alors que je ne faisais que m’énerver dans ma bulle, quand Trent lui avait tiré dessus. Elle aurait pu prendre un poignard et me l’enfoncer dans le dos que ça m’aurait fait le même effet. Je n’avais pas touché un cheveu d’une femme, depuis que je l’avais quittée. Rien du tout, pas même un petit coup de bite… et je découvrais – enfin, je pensais découvrir – qu’elle se lâchait avec ce connard de Sigma Mu dégueulasse, même pas capable de se déguiser pour Halloween !

« Trevor... qu'est-ce que tu fais ici ? » me demanda-t-elle ensuite, de sa voix de sirène.

C’est ça, fais l’innocente ! Je fronçai encore un peu les sourcils et croisai les bras sur ma poitrine. J’avais presque l’impression de sentir les veines se gonfler sur mon front, tellement je me sentais sous pression.

« Tu sors avec Maddox ? » lui demandai-je d’une voix agressive, pour toute réponse.

Puis, me rendant compte que j’avais l’air d’un pauvre type jaloux, je fermai les yeux une seconde, repris ma respiration un grand coup et les rouvris.

« A ton avis, qu’est-ce que je fous ici ?! Je viens m’inscrire à ton club débile » lâchai-je donc, en totale improvisation… c’était la seule raison valable qui m’était venue, autre que la vérité. « Le Dirlo dit que si je le fais pas, je redoublerai encore ma Senior. Tu piges ? »

Je rageais intérieurement, et pour plusieurs raisons. D’une : la savoir avec Maddox. De deux : l’imaginer avec ce sale puant – encore pire ! –. De trois : être obligé de m’inscrire au CSS pour faire bonne figure. De quatre : ses petits seins braqués sur moi, et sur tous les mecs qui croisaient sa route depuis ce matin. De cinq : ne pas avoir fait comme elle, ne pas avoir dragué d’autres filles pour la rendre malade de jalousie, et pas l’inverse. De six : me retrouver encore plus seul qu’en arrivant dans cette pièce. De sept : lui parler de la sorte… malgré tout, j’avais horreur qu’elle me voit comme ça, comme un connard agressif, jaloux, bête à bouffer du foin. De huit, enfin : le cumul de tout ça. J’avais l’impression d’être une cocotte sur le point d’exploser.

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Décembre. Plus les fêtes se rapprochaient, et plus mon humeur chutait en flèche, vitesse grand « V ». Evangeline allait passer du temps avec sa famille – je veux dire, l’autre… ses parents, ceux qui l’avaient élevée sans savoir que son père n’était pas le bon –. Elle avait fini par leur pardonner. Dans un sens, tant mieux pour elle, ainsi elle ne se retrouvait pas dans une situation semblable à la mienne. Quant à Emer’, je ne sais pas ce qu’il avait prévu mais nous n’en avions pas vraiment parlé. Noël étant une fête familiale, je supposais qu’il retournait passer du temps en Allemagne. Non, en fait, je n’en avais pas la moindre idée. Mais songer à l’Allemagne où peut-être il allait se rendre, c’était aussi penser à elle. Scarlett Engel, mon ex-copine. Une Khi Omikron. C’était bien ça, le problème. Ça aussi qui m’avait poussé à la quitter, bien malgré moi. J’avais au moins fait un heureux ; mon meilleur ami était persuadé que j’avais joué avec le cœur d’une Khi pour ensuite le broyer, ce qui le faisait beaucoup rire. Je le laissais croire. Je laissais croire tellement de choses aux gens. S’ils savaient…

J’étais bien moins solide qu’il n’y paraissait.

Mon moral en avait encore pris un coup, début du mois. Je ne sais pas ce qu’il m’avait pris. L’esprit de Noël, les lumières, les chansons, les cadeaux,… que sais-je. Ou tout simplement, la peur de me retrouver seul chez les Rho Kappa, mon unique famille, alors que tous seraient entourés des leurs, loin de moi ? Toujours est-il que j’avais appelé les Seyton. Grave erreur. Attendez, je vous rejoue la scène.

∞ Flash-back.

3 décembre, en soirée. Le portable collé à l’oreille, je tournais en rond dans la chambre que je partageais avec Sebastian. Soudain, j’entendis que quelqu’un décrochait. Je m’attendais à entendre la voix de ma mère adoptive – c’était toujours elle qui décrochait le téléphone, à l’époque – mais à ma grande surprise, ce fut un homme qui décrocha. Mon père adoptif ? Non. Un jeune homme.

« Allô ?
- Euh… je… je suis bien chez les Seyton ?
- Oui, c’est ici. C’est qui ? »

C’était plutôt à moi de lui poser cette question !

« Trevor. Est-ce que… est-ce qu’ils sont là ? Blake et Harold, ils sont là ?
- Ouais, ouais. Vous voulez que je vous les passe ?
- J’aimerais bien, oui.
- Attendez, raccrochez pas hein m’sieur ! »

Je l’entendis poser le combiné du téléphone, puis, au loin…

« M’man ? Y a un type qui veut te parler ».

Je n’entendis pas la suite. J’avais raccroché. Mon cerveau avait assimilé une information si rapidement que j’en étais moi-même surpris : les Seyton m’avaient remplacé. Ils avaient adopté un autre enfant. Un autre fils. Et moi, je n’existais plus pour eux, ils m’avaient définitivement rayé de leur vie, après tout ce temps qu’ils avaient passé à m’élever. Moi, le fils de la putain, le gamin posé sur les marches d’un orphelinat… Moi, le pauvre gosse que personne n’avait cru, lorsqu’il avait assuré que ce n’était pas lui qui avait mis le feu à l’école. « Moi », mais qui étais-je, au juste ? Avais-je finalement le droit de porter ce nom, puisque les gens qui me l’avaient donné ne désiraient plus me compter parmi les leurs ?

∞ Fin du Flash-back.

Et je me retrouvais là, tout seul, à moins de deux semaines de Noël… Allongé sur mon lit, je pensais à elle. J’avais envie de la voir, elle me manquait. Pas juste… sa présence, qui aurait pu être en fait celle de n’importe qui. Non, elle. Ce qu’elle était, depuis son accent adorable jusqu’à la façon qu’elle avait de poser sa main sur ma joue en plongeant ses grands yeux bleus dans les miens, en passant par l’ondulation légère de ses cheveux et son sourire tendre. J’avais envie de l’entendre, de la voir, et peut-être… peut-être de lui présenter mes excuses. De lui dire ce que j’avais sur le cœur. D’avouer que le Colosse avait son talon d’Achille, lui aussi. Et puis, de toute façon, réfléchir, cela n’avait jamais été mon truc. L’action avant la réflexion : cela aurait pu être mon hymne personnel. Alors, qu’est-ce que je faisais couché là, à… penser ? Putain, belle connerie !

En me rendant compte de cela, je me redressai d’un bond – si vite que je faillis en faire une chute de tension – et sortis de ma chambre à la hâte. J’étais habillé n’importe comment : un jeans et un tee-shirt Help Haïti que j’avais chopé gratos à la sortie d’un centre commercial, des tennis. Rien de plus, rien de moins. Et je me rendis au CSS. L’inspiration. Ou plutôt : Seb’ m’avait dit qu’ils étaient ouverts pour les inscriptions. Une chance que je m’en souvienne. J’arrivai là-bas même pas cinq minutes plus tard. J’avais cavalé, mais je n’étais pas essoufflé. Courir, j’avais l’habitude. En revanche, mon cœur battait la chamade à l’idée de voir Scarlett. Il me fallut une bonne minute pour me décider à pousser la porte… ce que je fis, pour tomber nez à nez avec Scarlett.