Une heure de colle tendue (PV Jamie)

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[ Je ne pense pas répondre n'ayant pas grand chose à ajouter. On peut clôturer ce rp alors ! Je l'ai aussi trouvé sympa, j'aime quand nos perso se chicanent. xP
« J'adore RP avec toi. » C'est réciproque ! ;D ]

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Une heure de colle tendue

J’étais bien surpris de sa question, de son calme et non d’une remarque désobligeante. Je devais bien avouer que j’avais été pris de court, et au lieu d’avoir pu réfléchir à une pique supplémentaire, j’avais tout bêtement retourné la question, interloqué, sur le même ton posé que lui. D’habitude je lui aurais rétorqué : « depuis quand t’en as quelque chose à foutre de ce que je fais ? » mais il m’avait carrément coupé le sifflet, au point que je m’étais juste entendu parler, comme si je n’avais aucune prise sur mes pensées, mes paroles, mes actes. Je me voyais agir, sans pouvoir intervenir, tellement la surprise m’avait prit de court.

Réaction exagérée, dîtes-vous ? En vue de notre relation, il était normal d’éprouver une telle confusion. Nous qui étions les meilleurs amis du monde –je rigole-, on ne pouvait pas s’attendre à de telles conversations. Néanmoins, cela m’avait évité de me triturer la cervelle pour l’agacer davantage, et j’osais espérer qu’il soit autant décontenancé que je l’étais, parce que je ne l’avais pas rabroué.
Il m’avoua alors en être à peu près au même stade, ce qui me fit sourire sur le coup, puis je me retournais à nouveau pour essayer de m’avancer tant bien que mal, pour éviter de rendre un torchon aussi peu complet. Mais plus j’essayais d’écrire, moins la motivation était là, et moins j’y mettais du mien. Les mots peinaient à être écrits, et je continuais à bâiller continuellement, la punition m’ayant sacrément bien épuisé.

L’heure qui s’affichait m’effraya, au point que je me mis à cligner les yeux bêtement, ayant cru à une rêverie, mais la réalité me ramena sur terre, il était déjà tard, on avait bien dépassé les heures prévues, et finir me garantirait une place chaude ici jusqu’au dîner, c’était sur.

« Ca te dérange, si je demande à ce qu’on en finisse ici ? » Demandais-je à Jamie, sans vraiment savoir pourquoi je lui demandais son avis à lui, mais je n’étais plus à ça près.

J’imaginais cependant, qu’il devaient en avoir aussi marre que moi, ce pourquoi je ne pris pas la peine d’attendre sa réponse pour m’exécuter. En même temps qui voudrait rester ici davantage ? On était déjà depuis bien trop longtemps pour avoir envie de se tordre les fesses encore plus. Les chaises auraient pu au moins être confortables.

Prenant mes initiatives, je me levais, mettant mon sac sur l’épaule, et saisissant mes quelques feuilles griffonnées que j’apportais au surveillant. Je les posais sur sa table, dans un désordre horrible, ne prenant pas spécialement la peine de lui mettre en tas droit.

« On peut sortir ? Je pense que vous aussi vous en avez marre de garder un œil sur nous, non ? »
« Ouais, c’est bon, filez. » Dit-il.

Je ne me fis pas prier, et ne préféra pas en ajouter davantage de peur qu’il me force à la continuer dans ma chambre tout seul en voyant que j’étais loin d’avoir fini cette connerie. Refermant mon sac, qui était béant sur mon dos, je me dirigeais vers la porte, en sachant que Jamie n’allait pas tarder à sortir à son tour, ce pourquoi je pris la porte, sans demander mon reste, près à retrouver ma liberté, et me dégourdir les jambes.

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HRP:

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Bah, pas bien avancé non plus.

Une heure de colle tendue (PV Jamie) Tumblr_ms3sibWJZD1sgsp1mo2_250

L'heure tournait, le temps se faisait long et moi je me faisais ch*er. Je parvins quand même à récupérer cette partie de boulot foutue en l'air par Sasha. Je perdis un peu de temps à recopier les paragraphes perdus dans l'encre mais je réussis tout de même. En regardant l'horloge, je constatai finalement que je n'y avais pas passé trop de temps. Je fus un peu étonné de voir ça d'ailleurs. Bon bah tant mieux, je n'allais pas me plaindre. Je pouvais passer au second recopiage maintenant. Je pris une copie vierge et commençai par me retaper une deuxième fois le préambule qui faisait dix pieds de long. Je fis plus attention au sens de ce paragraphe lors de son second passage sous ma plume. Franchement, c'était un ramasse m*rde ce truc. Il ne faisait que citer des trucs et des machins selon la loi etc... Mais bon, passons.

Malgré son fou rire qui lui explosa la cage thoracique, Sasha prit quand même la peine de se retourner pour me répondre. Vu le regard qu'il me lança, de grands yeux écarquillés, je devinai facilement que ma question le surprit. Je le compris tout à fait ne vous inquiétez pas. Sa tronche me fit plus marrer qu'autre chose mais je me retins de rire, attendant juste qu'il dise quelque chose. Il me répondit donc, aussi calmement que moi précédemment, qu'il était loin d'avoir terminé cette punition à la c*n. J'esquissai un petit sourire en coin et pouffai légèrement, comprenant que nous étions tous les deux autant dans la m*rde. Je baissai rapidement mon regard vers ma feuille puis le redressai ensuite vers Sasha pour lui répondre.
- Bah, pas bien avancé non plus, ricanai-je un peu.
Un soupire s'évapora de ma bouche en voyant notre niveau à tous les deux. Je parlais de notre niveau d'avancement (je ne sais pas si ça se dit). Si ça continuait ainsi, j'allais demander à ce que l'on se retire en ne laissant que le peu de chose que l'on avait fait. Tant pis, on n'allait pas coucher là. J'attendis tout de même une éventuelle réaction de le part de Sasha avant de m'adresser au surveillant qui lisait toujours son bouquin à son bureau.

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Une heure de colle tendue

Ma petite farce terminée, il m’était dur de contenir le fou rire, au point d’en avoir mal aux côtes. Le surveillant me regardait d’un air interloqué, et mit bien cinq minutes avant de reprendre sa lecture. Apparemment, il avait compris qu’il s’était passé quelque chose, mais son intelligence ne lui permettrait pas de comprendre quoi, ni comment, ni pourquoi. L’avantage d’être surveillé par un demeuré.

Enfin quoi, les surveillants, c’est pas des lumières, sinon ils feraient pas de surveillant leur métier. Sérieux, à part boire du café, punir les élèves, boire du café, mettre à jour les absences, boire du café, surveiller les élèves et boire du café, ils faisaient pas grand chose. Qui aurait besoin d’un diplôme pour faire ce genre de travail simplet. Fallait pas me dire que c’était des Einstein, parce qu’ils seraient pas là sinon. Ils feraient de grandes études, auraient des métiers potables, mais ne traineraient pas dans les couloirs d’un lycée, avec un QI plus bas que terre.

Enfin. Il lisait tranquillement son bouquin, il n’avait pas vu l’effroyable tache d’encre, tout allait pour le mieux. Malgré l’évidence de ma connerie, il n’avait pas eu les yeux pour le voir, et me sermonner comme il se devait. En même temps, vu la taille de ses yeux, il était normal qu’il voie quedalle.

Quant à moi, qui avait achevé un seul et unique formulaire, il m’en restait deux, et à part écrire pour faire passer le temps un tout petit peu plus vite, je ne trouvais rien d’autre pour m’occuper pour le moment. Peut-être qu’une idée pour agacer Jamie me viendrait plus tard. Mais pour le moment, je reprenais l’écriture longue et pénible du deuxième règlement, le sourire aux lèvres.

Le sourire aux lèvres, parce j’entendais Jamie pester, soupirer derrière moi. Au moins ça avait eu l’effet escompté. Il lui devait tout recopier, même si je n’avais pas suffisamment étalé l’encre pour atteindre tout ce qu’il avait fait jusqu’à présent. A croire que je l’avais épargné exprès, pour rendre la sentence moins pénible, seulement je devais m’y prendre de façon rapide, et il aurait eu le temps de défendre ses autres copies si j’avais pris le temps de faire le travail correctement.

C’est donc, tout en envoyant des SMS de mon téléphone, caché derrière ma cuisse, que je continuais à écrire, sans faire attention à ce que je faisais.

« Tu en es ou ? » Cette question résonna dans ma tête, et me parut tellement étrange venant de sa part, que j’avais l’impression d’avoir rêvé, de me l’imaginer gentil. Voilà qui était nouveau. Alors que je venais de lui prouver mon amour pour lui –enfin façon de parler-, il me demandait où j’en étais d’une voix calme et posée, comme s’il ne ressentait aucune haine vis-à-vis de moi.

Sur le coup, je me retournais les yeux comme des billes, pour voir si ce n’était que le fruit de mon imagination, mais il était bel et bien sérieux, et son regard montrait qu’il attendait bel et bien une réponse de ma part.

« Loin d’en avoir fini. » Répondis-je simplement, sans une once de méchanceté, j’étais tellement surpris, que cette réponse sortit purement et simplement. « Et toi ? »

Je me surprenais à demander à mon tour, comme si je me souciais vraiment de son avancement dans sa punition. Comme quoi.

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Tu en es où ?

Quelle haine mais quelle haine... Ça me sidérait de le voir aussi à cran. Ce qu'il était hargneux le Sasha, un sale gosse. Ouais ça résumait bien l'image que j'avais de ce garçon : un mioche impatient, arrogant, ridicule et prétentieux. Beau résumé n'est-ce pas ? Je ne me voilais pas la face, je savais qu'il avait dressé un magnifique portrait de moi, ressassant toutes mes merveilleuses qualités. Non plus sérieusement, j'étais certain qu'il me vouait une haine qui faisait parfaitement écho avec celle que je lui portais. J'étais peut être un petit peu moins violent dans le sens de mes phrases. Je ne l'avais pas menacé en disant que j'allais lui en coller une, contrairement à ses propres dires. Je ne mâchais pas mes mots certes mais ces derniers étaient restés quand même assez soft pour l'instant. J'étais encore sage on va dire.

Puis, alors que je m'apprêtais à commencer mon second règlement, cet enflure s'amusa à transformer ma feuille en véritable torchon. En effet, il déversa une quantité conséquente d'encre sur une des copies posées sur ma table. Son geste très puérile et complètement débile rendit cette partie de ma feuille illisible et sale. Pu*ain de m*rde ! Mais quel enfoiré ce type ! J'hallucinais devant sa connerie. Comment pouvait-on être aussi stupide et gamin à la fois ?! Non mais sérieusement... Regardez-moi ça, c'était dégueulasse maintenant et complètement foutu. Quel c*nnard. Il était content en plus, j'en étais sûr. Il était ravi d'avoir gâché une partie de mon recopiage, une toute petite partie ok, mais une partie quand même. Sur le moment, je croyais que j'allais lui foutre une beigne mais finalement, je préférais user d'une méthode plus intelligente. Je ne dis rien et tentai de voir quelle partie Sasha avait sali. Il y avait les absences/retards et les sanctions. Ok. Je repris donc le règlement original, une feuille propre et recopiai le passage illisible. Je n'allais pas perdre mon temps à tout effacer. Donc vous l'avez compris, je ne fis pas payer son geste à Sasha et jouai plutôt la carte de l'indifférence. Ça ne me faisait pas rire de m'abaisser à ce genre de gamineries. Tout en recopiant les articles manquants, j'adressai quelques mots à mon voisin de devant.
- Tu en es où ? interrogeai-je calmement.
Ça pouvait paraître bizarre comme réaction, surtout venant de ma part. Sasha était habitué à recevoir des réponses violentes ou bien vulgaires donc ceci changeait légèrement de d'habitudes. Ça me faisait tellement pitié ce genre d'attitude que je ne voulais pas m'emm*rder à lui tenir tête. Pour l'instant du moins. Le " tu en es où ? " n'était pas forcément là pour en rajouter une couche mais juste parce que j'étais curieux de savoir s'il avait bien avancé ou non depuis tout à l'heure.

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Une heure de colle tendue

« Faut être maso pour finir cette punition. » Dis-je simplement avant d’ajouter : « Mais si je pouvais je t’en collerais bien une dans la tronche. »

Mes bras étaient opérationnels, pas mon humeur. J’étais remonté, encore une fois, en même temps je l’étais toujours en présence de Jamie, cette tête de con irritante qui me donnait envie de vomir. Mais évidemment, si j’osais quoique ce soit, je finissais devant le bureau du dirlo. Et qui dit dirlo, dit appel aux parents, et qui dit appel aux parents, la merde pour moi.

Et quand je dis la merde, c’est une grosse merde. Du genre, plus de chambre à l’internat, plus de voiture, plus rien. Liberté coupée, et je retourne à mes débuts, enfermé dans ma chambre à n’avoir le droit de faire que mes devoirs, leur obéir, les accompagner partout, être emmenés par le soin d’un chauffeur privé au lycée, bref une vie de merde.

Alors que là je baignais dans le bonheur, avec mon permis, ma chambre, mes règles, mes envies et plus de parents. Toutes les sorties que je voulais, bref la belle vie. Je refusais de retourner à ma vie d’avant à cause d’une simple bagarre parce que sa tronche ne me revient pas. Je refuse d’user de mes vieilles méthodes pour sortir de ma prison qu’est la chambre.

Du genre, ouvrir la fenêtre, située à plus de trois mètres du sol, prier pour s’en sortir indemne, et grâce à la gouttière, descendre prudemment pour sortir sans qu’ils s’en aperçoivent. Je refusais de retourner à ça. De plus j’avais failli me ratatiner des millions de fois parce qu’ils préféraient que je fasse du management que je puisse m’adonner à des activités de jeunes de mon âge. Vive les parents qui sont PDG et qui ont dans la tête l’idée que leur fils reprennent le flambeau. Mais quelle poisse.

A la rigueur, leur domaine, la télévision, l’High Tech et tout, ça peut me concerner, me toucher, mais je n’ai jamais été très intéressé dans l’idée de finir à un bureau, derrière des ordis, habillé d’un costar toute la journée. En plus de ça, il faut être présentable, poli, sourire avec hypocrisie, étaler son fric, bref. Tout ce que je déteste le plus au monde. Je pense que si j’étais à leur place, je ne peux pourrais certainement pas tenir plus d’une semaine. Je n’aurais pas assez de motivation pour.

En fait, je ne sais même pas ce que je veux faire de mon avenir, quel métier, ce qui me plait, me passionne. Je pense juste être trop jeune pour déjà m’imaginer travailler. Déjà qu’en cours j’ai du mal, alors dans le monde du travail. Quelle horreur.

C’est sur quoi je disserte alors que ma feuille ne se remplit toujours pas, et que ma flemme et surtout ma rébellion m’empêche d’écrire quoique ce soit, et certainement pas un stupide règlement. Quand j’imagine que Jamie en a presque fini, et que moi je n’ai pas un règlement écrit à mon actif, je désespère. Je me rends compte que mon entêtement est parfois complètement dénué de sens, mais je pouvais garantir que je ne rendrais pas mon travail complet, cela me coûtera moins que de finir avec motif de baston sur le dos. Une heure de colle supplémentaire par exemple, mais pas un avertissement joliment adressé à mes parents. Ce serait le pompon.

Alors que je m’efforçais de faire semblant d’écrire quelque chose parce que je sentais le regard pesant du surveillant sur moi, je me mettais à bâiller, encore et encore, sentant la fatigue arriver, et ne voyant pas le bout. J’avais réussi à accomplir un règlement entier, par un miracle que je ne saurais expliquer. Seulement, je me sentais incapable de continuer, et j’avais besoin de me réveiller. Devais-je user de mes nombreuses ressources pour faire chier Jamie sans avoir recours à la violence ? Histoire qu’on rigole un peu.

« Dis, y a un mot que j’arrive pas à lire là. »

Ce que j’avais dis à Jamie, en me retournant vers lui, m’appuyant sur sa table de mes deux coudes en pointant un mot au hasard sur le règlement qui le suivait de modèle.

Puis sans crier garde, tel un enfant de cinq ans. Parce que oui mes idées de résumaient à celles de farces de gamins, je renversais un peu d’encre sur l’une de ses copies, histoire qu’une partie soit illisible. Ouais, j’étais un parfait crétin, un con sans imagination, un parfait scélérat, mais cela m’amusait, et ce qui emmerdait les autres ne pouvait me faire que du bien, même si je devais passer pour un petit enfant. Oh, il pouvait le penser, ça ne changerait rien au fait qu’il avait une feuille qui trempait gentiment dans une belle encre. Soit il se tapait tout à l’effaceur, soit il recommençait.

« Oops. » Lâchais-je juste avant de me remettre à écrire, faisant mine d’être un parfait petit ange.

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T'as baissé les bras ?

Je me magnais de remplir mes feuilles de mots, rêvant des pâtes que j'allais m'enfiler en rentrant et surtout de la clope que j'allais fumer. Je peux vous garantir que j'allais la savourer celle-là. Une bonne petite blonde... Cette phrase était très connotée, je m'excuse. Quoique non, pas besoin de m'excuser. Rien qu'imaginer mes lèvres sur celles d'une fille me dégoûtait alors non, je n'avais pas à être désolé. Je préférais les bruns de toute façon. Bref, on s'en fout ! Recopions, recopions... Je m'étonnai de pouvoir carburer à ce point, si rapidement. Ma main défilait comme une flèche sur le papier sur lequel j'inscrivais les mots du réglo à la vitesse de l'éclair. J'en avais un peu mal aux doigts mais bientôt, le premier exemplaire du règlement fut terminé. Il me manquait juste un article qui était assez court. Aller, motivation pour le dernier paragraphe !

Plus que trois lignes, deux, une, fini ! Je posai mon stylo et me laissai tomber contre le dossier de ma chaise. Je lâchai un soupire, à moitié libéré, tout en regardant vers le plafond. Oh, une cartouche était collée au-dessus de nos têtes. Je ne m'attardai pas dessus, trop content d'avoir achevé le premier recopiage. Je souris en voyant les cinq feuilles recouvertes d'encre, au recto comme au verso. Oui cinq, j'avais écrit un petit peu trop gros. Bon d'accord, il me restait encore un exemplaire à écrire. De la rigolade ! Je l'avais bien fait une fois, je pouvais facilement le refaire. Je m'accordai pourtant quelques minutes de répit avant de me remettre à la tâche. Toujours le visage souriant, je regardai devant moi et vis Sasha me fusiller du regard. Ah oui c'est vrai, il était encore là lui. Il n'avait pas l'air très avancé d'ailleurs. Je pus conclure ça en glissant rapidement un regard sur sa table. Quelle feignasse. Avec un peu de motivation, c'était faisable cette punition.
- T'as baissé les bras ? Tes petits doigts t'ont lâché ? demandai-je sans ôter ce sourire de mon visage.
Lorsque je regardais les yeux qu'il me faisait, j'avais l'impression qu'il allait me sauter à la gorge. Si je le faisais ch*er comme lui me faisait ch*er, je le comprenais alors très bien. Pourtant, il se contrôlait. C'était sûrement à cause de la présence du surveillant qu'il ne faisait que me mitrailler avec son regard de péteux. On dirait un gamin auquel on aurait piqué son joujou. Définitivement, quel nabot !

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Une heure de colle tendue

Sauvé de justesse. Mon imprudence me coûtera un œil un jour. Pas la vie, je ne risquais pas la mort non plus, mais me faire casser un bras, avoir un cocard, oui. Et le pire, c’est que si Jamie venait à être au courant de nos manigances, j’étais sur qu’il épargnerait Nathan pour s’en prendre à moi en premier et m’envoyer aux urgences une fois supplémentaire. J’étais sur de finir un bras en moins.

Néanmoins, j’avais réussi à ne pas trop m’enfoncer dans la merde, et à limiter les dégâts avec une révélation minime. La réponse tout prête, toute finie, m’avait permis de m’en tirer relativement aisément, et face au tableau, je soupirais, ayant évité le pire.

Le nez plongé sur mes feuilles, j’écrivais, j’écrivais, sans comprendre, ni faire attention à ce que j’écrivais. La plume se laissait glisser sur le papier, quoique je force un peu sur le manche, laissant sortir des petits bruits de grincements sur le papier, forts désagréables pour l’oreille. Mon écriture avait tendance à pencher vers le bas, bien que les lignes des carreaux me rappellent à l’ordre, m’évitant de rendre un torchon, bien que mon écriture ne soit pas des plus lisibles. Je m’efforçais de lier mes lettres, les rendant plus grosses que mes pattes de mouche habituelles, et en me relisant vaguement, je remarquais que même en recopiant, je laissais glisser des fautes d’orthographes aberrantes.

La tête tournait, le temps ne passait pas, et j’étais loin d’en avoir fini, si bien que je posais ma tête sur la table, abandonnant toutes perspectives de finir cette punition. Mon arcade me lançait, je revoyais la crosse me frapper, une fois, puis une deuxième fois, et enfin d’une troisième. Je ressentais en même temps les coups, j’étais assommé. Psychologiquement et physiquement. Je ne m’en remettrais pas avant un bout, et mon énergie était bien vidée par tous les efforts que me demandait cette blessure.

Cependant, je ne comptais pas vraiment m’affaiblir au point de me laisser ridiculiser ou même mener en bateau par Jamie, il pouvait se mettre les doigts là où je pense.

« Le toutou ? » Lançais-je sur un ton légèrement remonté. « Et ne t’en fais pas, il sera au courant, tu peux compter sur moi. »

Sidéré, j’étais sidéré. Il venait clairement de me traiter de pauvre chien, qui ne fait que coller aux basques de Nathan. Lui, il méritait une autre paire de baffes, avec sa tête à claques, mais je ne m’en sentais pas capable, du moins pas autant que la semaine passée à la cafétéria, où j’aurais été capable de lui arracher sa tête. Là, la faiblesse de mon corps, mon côté endormi du aux antidouleurs qui m’assommaient comme une enclume, je n’aurais ni la force, ni le réflexe d’esquiver le moindre de ses coups, et si son poing atterrissait sur ma douleur, j’étais sur de repartir direction l’hosto en trois millième de seconde, le sang giclant de partout, les points de sutures ayant lâchés.

Cependant, même si je m’y prenais avec des mots, des piques que je lui lancerais, j’aurais trop peur de faire une gourde supplémentaire sous l’effet de la colère et de mon étourdissement.

Ce pourquoi, je ne fis que le regarder, un brin de colère dans les yeux, essayant de lui faire comprendre qu’il avait de la chance qu’on soit sous la surveillance d’un pion et que mon état actuel me désavantagerait trop.

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Mouais... C'est vrai.

Bon Dieu comme j'avais envie de l'étrangler à ce moment-là. L'idée qu'il puisse avoir fait ça, après l'altercation que l'on avait eue l'autre jour, me mettait sérieusement en rogne. Je faisais de mon mieux pour me contenir car si ça se trouve, j'avais tout faux et me plantais complètement. C'était possible mais bizarrement, ça ne m'étonnerait qu'il ait pu faire ça. C'était un enfoiré après tout. On ne pouvait jamais vraiment savoir avec ces gars-là. Ils pouvaient être pires que les pseudo rebelles de ce lycée. Je dis bien " pseudo " car je n'ai pas encore eu vraiment l'occasion de vérifier si c'était vrai ou non. Bref, on s'en fout de ça. Ce n'était pas à l'ordre du jour pour l'instant. J'avais un autre gros soucis sur les bras.

Puis, Sasha m'avoua que c'était en réalité Nathan qui l'avait mis au courant de la relation que j’entretenais avec un garçon. Il est vrai que je n'avais pas envisagé cette éventualité. Pu*ain mais quel trou de bal ce Nathan... S'occuper de ses miches il ne savait pas faire ou quoi ? Question de respect enfin je ne sais pas quoi ! On ne déballe pas la vie privée des gens à tout le monde. Il aimait peut être s'exhiber avec sa copine devant tout le lycée mais ce n'était pas le cas de tous sur la planète. Encore une fois, je n'avais honte de rien mais de mon point de vue, c'était irrespectueux de faire une chose pareille. Même si c'était à son meilleur ami, je savais que ça pouvait risquer de s'ébruiter et ça me faisait ch*er d'avance... Je soupirai alors, posant de nouveau mon regard sur ma feuille.
- Mouais... C'est vrai, dis-je en me posant toujours des questions. J'avais oublié que tu étais le toutou de Nathan. Tu pourras lui dire de s'occuper de son c*l la prochaine fois.
Je repris ensuite mon recopiage pour finir la punition au plus vite. J'avais très envie de revoir Luke et de fumer une clope. J'avais faim en plus. Vivement que ça se termine cette colle de m*rde. J'en avais en effet plein le dos de copier ce règlement et de supporter ce nabot. Malgré sa réponse, je n'arrivais pas à me sortir cette supposition de la tête. Je devais être trop buté...

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Une heure de colle tendue

L’heure passait à une vitesse telle, que je soupirais, bâillais et regardais ma montre toutes les secondes. Et plus je regardais le cadran de ma montre, plus j’avais l’impression que les aiguilles s’étaient désespérément arrêtées. Bien que j’aie été responsable du rallongement de la colle, ça me faisait bien chier. Mais au fond, tant que cela posait problème à l’autre tafiole derrière moi, ça m’allait encore, tant que je n’étais pas tout seul dans ce bateau.

Et alors que je me réjouissais de mon coup bas, je commençais à penser et même à disserter. Ce qui évidemment n’était que résultat d’un ennui profond et mortel, sans quoi je ne serais certainement pas en train de me poser des questions existentielles auxquelles j’aimerais avoir quelques réponses. Mon stylo n’avait plus écrit un traitre mot depuis cinq bonnes minutes, et pourtant il m’en restait, des mots à écrire. Cependant, je n’avais pas la motivation, et elle ne risquait pas d’arriver celle-là.

J’aimais la motivation tout autant qu’elle m’aimait. C’est-à-dire pas du tout. C’est pourquoi je commençais à lire en détails les règles qui composaient notre très cher règlement et venais à me demander comment certaines de ces lois aient pu être mises en place, vu leur côté farfelu et improbable. A croire que des imbéciles avaient vraiment fais de telles expériences au point de pousser le directeur à écrire de tels propos. Enfin, faut dire que ça me rappelle les notices d’utilisations de tels ou tels appareils qu’on a chez soi. Généralement, je ne les lis jamais, ou plutôt on ne les lit jamais. En même temps, ce sont des pavés écrits en tout tout petit, si bien qu’une loupe ne serait pas encore suffisante pour déchiffrer leur charabia.

Mais pourtant, une fois, j’avais décelé, en m’amusant, petit, à lire sur tout ce que je tombais (je venais d’apprendre à lire). Et j’étais tombé sur la notice du four à micro-ondes. Si vous imaginiez la tête que j’ai tiré quand j’ai lu qu’il était interdit d’y mettre un chat à l’intérieur. Sur le coup, je m’étais vraiment demandé si des couillons étaient capables de foutre leur chat dans l’appareil. Mais faut croire qu’on est vraiment entourés de cons sur cette planète. Ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’une dame, pour faire sécher son chat l’avait mis dedans, et qu’elle avait porté plainte, et pour cause ce n’était pas indiqué sur la notice. Folle histoire. Depuis, je commence à douter de l’existence d’un cerveau chez certaines personnes.

Et bien dans ce règlement c’était pareil, il y avait des règles qui sortaient de l’ordinaire, et de suite je refermais le fascicule sur ma table. C’est à ce moment là que Jamie me posa une question, qui sur le coup me raidit. Et quand je dis raide, c’est raide. Comme un bâton.

Si Nathan avait été là, il m’aurait donné un coup dans les côtes, ou je ne sais où, pour me faire comprendre que j’avais fais une bien belle gourde. En fait, j’y cru pendant deux trois secondes, puis me ravisais et me mis à sourire, tout en ressentant un soulagement énorme en moi.

Evidemment, savoir qu’il avait un copain n’était pas donné à tout le monde, et en vue de notre customisation de Jamie en rose il y a quelques jours, il n’y avait que les auteurs d’un tel crime pour le savoir. Bam. C’aurait pu être une erreur, mais par chance, parce qu’il faut avouer que j’en ai beaucoup, j’avais l’excuse parfaite pour lui répondre, et lui clouer son bec à celui-là. Par contre, la prochaine fois, je n’aurais plus qu’à me taire, et tout ira bien.

« - Au cas où tu n’étais pas au courant, Nathan est mon meilleur ami. Je suis au courant de votre « amitié » et du fait qu’il t’a vu sur le parking embrasser ton copain, ou ton flirt du soir, du moins, voilà. »

Vlan dans les dents Jamie. Même si Nathan n’était pas là, je le remerciais de connaître ce bouffon et m’avoir tout raconté, homophobe comme il est.

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Comment tu sais ça, que je suis avec un gars ?

Je l'avais répugné avec cette phrase. Tant mieux, il allait me laisser tranquille comme ça. Avant même qu'il n'ait répondu, un sourire discret élargit mes lèvres en voyant la tronche qu'il tirait. Mission accomplie j'ai envie de dire. Je tiens quand même à préciser que je n'avais nullement envie de mettre sa b*te dans ma bouche hein ! Déjà que sa face me refroidissait alors sa queue, n'imaginons même pas. J'en ai déjà bien assez d'une en plus. En pensant à ça, je me rendis compte à quel point j'avais envie d'être ailleurs en ce moment. J'aurais pu être au cinéma à l'heure qu'il est, tranquillement installé dans un fauteuil à regarder le film de la séance. Mais non... Il avait fallu que je joue au c*n et que je me retrouve dans cette salle de m*rde, devant cette feuille de m*rde à recopier ce réglo de m*rde en supportant ce c*nnard de m*rde ! Quelle... m*rde. Oui, c'était le bon mot.

Soudain, Sasha dit quelque chose qui m'interpela. Mon copain ? Pourquoi parlait-il de mon copain ? Qu'est-ce que... On ne s'est jamais embrassé en sa présence pourtant. Je n'ai même pas le souvenir qu'on ait été tous les deux devant lui. Je ne lui avais jamais dit que j'étais avec un gars. Comment pouvait-il savoir ça ? Sur le coup, je le regardai sans comprendre, étonné par sa réponse. On aurait pu croire que j'avais un bug de système. De ce fait, je ne lui répondis pas et me contentai de le fixer. Je ne pensai pas à le questionner et me remis au boulot, malgré la crampe naissante dans mon poignet. Pu*ain sa réponse continuait de me travailler si bien que je fis des fautes de m*rde en recopiant. Je dus barrer, blancoter à plusieurs reprises ma feuille. Bien qu'il ne fallait pas être extrêmement concentré pour recopier un texte, je ne faisais plus vraiment attention à ce que j'écrivais.

L'heure tournait et la fin de la colle arrivait rapidement. J'étais bien loin d'avoir fini. J'étais déjà mal parti à la base alors cette " déconcentration " ne fit qu'envenimer les choses. Je continuais de me demander comment Sasha pouvait bien être au courant de ce détail de ma vie. Une idée vint tilter dans ma tête. J'espérais pour lui qu'elle soit fausse. Je me rappelai alors de la crasse qu'on m'avait fait juste avant Halloween. La ou les personnes(s) responsable(s) de ça connaissai(en)t très bien ma situation. On avait accusé les Lambdas mais ce n'était peut être pas eux. Soit j'avais un esprit tordu ou soit j'avais raison. Je levai les yeux lorsque Sasha s'adressa au surveillant. Ce dernier répondit que nous devions rester ici jusqu'à ce que nous ayons recopié au moins deux fois le règlement. A cet instant, je m'en fichais pas mal et ne faisais que penser au fait que Sasha était peut être responsable du bain rose de l'autre jour et du mot déposé dans la boîte aux lettres. Lorsqu'il s'adressa de nouveau à moi, je ne pus m'empêcher de le questionner.
- Comment tu sais ça, que je suis avec un gars ? Je me rappelle pas avoir été avec mon copain devant toi alors comment peux-tu être au courant ?
Ce n'était pas mon genre d'être parano mais Luke et moi étions rarement en contact dans l'enceinte de WHS, si ce n'est jamais. Si j'apprends que Sasha était la cause de cette m*rde, il n'allait pas sortir de cette salle indemne. Peu importe si je suis viré du lycée ou bien puni d'avantage, je n'allais pas laisser passer une chose pareille. Il allait le regretter je vous le garantis.

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Une heure de colle tendue

Dire qu’il y a des années encore, j’adorais étudier, aller à mes cours, dans la pièce située à côté du salon, et écrire des rédactions. Oh des rédactions toutes bêtes, qui consistaient à raconter une histoire inventée de toutes pièces. C’était ce que je préférais, quand j’étudiais encore chez moi à la maison, et j’aimais ça. Je passais des heures à en écrire, et ma prof particulière prenait un malin plaisir à toutes les lire, et les adorait. Il fallait croire que mes histoires de dragons et princesses lui plaisaient.

Parfois, quand il m’arrive de m’emmerder, je fouille un peu partout dans mes anciennes affaires, du moins les rares que mes parents se sont donnés la peine de garder. A part des affaires de Chris et Josh, il n’en reste que très peu m’appartenant, je ne méritais pas autant d’attention qu’eux, en fait. Depuis toujours.

Et quand je retombe sur de vieux cartons, je retrouve de vraies reliques datant d’une époque ancienne. Des photos avec mes frères, photos de vacances –quand nous en prenions, ce qui était rare- et mes cours. Mon écriture était très scolaire, lettres rondes, attachées et lisible à souhait. Ce qui ne ressemblait en rien à l’écriture que j’adoptais en ce jour. Plutôt rapide, saccadée, petites lettres détachées, presque illisible.

Je n’aimais guère m’attarder davantage sur une écriture parfaite, cela me prendrait bien trop de temps. Déjà que nous n’en avions pas.

Les lettres s’accumulaient, les phrases du règlement sont retranscrites noirs sur blancs sur mes feuilles à carreau, et je m’ennuie. J’en ai marre d’écrire, j’ai mal au poignet, mes doigts s’efforcent de serrer le stylo, mais avec mes mains moites, il glisse, et cela devient pénible.

Tête posée sur ma main gauche, affalée comme je ne sais pas trop quoi, je fais des bulles avec mon chewing-gum, tandis que le surveillant lit un livre sans prendre la peine de nous jeter des regards furtifs. A dire vrai, il doit s’en foutre de nous, et tout ce qu’il doit espérer c’est rentrer chez lui plutôt que garder deux crétins qui doivent se taper un travail de scribe. Si seulement nous pouvions faire par ordi, je n’aurais qu’à le recopier une fois et copier coller bêtement. Mais de façon manuscrite, il était bien compliqué de copier coller. Tout ce qu’il fallait c’était se défoncer le poignet.

C’est pourquoi, comme je faisais affreusement chier, que j’avais choisi d’emmerder un peu Jamie pour me distraire d’une façon ou d’une autre. Fallait dire qu’il était le seul que je pouvais titiller pour mon plaisir personnel. Je m’en fichais de ne pas rendre la totalité de ma punition en fait, et si je pouvais également le faire subir à Jamie, cela pouvait être amusant. Sauf si on se tapait davantage d’heures de colle, où je me devrais de voir sa tronche.

Cependant, il n’avait pas l’air d’apprécier mes petites remarques, je l’embêtais, et cela me faisait rire, du moins, jusqu’à ce qu’il me sorte une des phrases les plus dégueulasses que je puisse entendre. Qu’il me taille une pipe ? Mais quel porc, il n’avait qu’à aller sucer son copain, si ça l’enchantait, mais hors de question qu’il me touche de quelques façons que ce soit.

Mon regard était des plus dégoutés, et je le regardais avec dédain.

« T’as pas déjà ton copain pour ça ? » Lui lançais-je avant de me retourner sur ma feuille.

C’était vraiment ignoble. J’étais loin d’être homophobe, j’avais l’esprit relativement ouvert, mais je ne pouvais m’empêcher d’éprouver un certain dégout quand je voyais deux mecs, ou même deux meufs se rouler des patins. Alors penser à ça, me révoltait davantage.

C’est donc sagement que je continuais à écrire, mal à l’aise, les lignes qui clôturaient un des articles, mais j’étais bien loin d’avoir fini, et l’heure tournait, tournait, et il ne restait que quelques minutes sans pour autant que j’ai pu achevé ma punition.

D’un coup d’œil furtif, je vis que Jamie en était au même stade, et apparemment le peu de temps accordé ne nous suffirait pas pour achever cette colle. D’habitude, je ferais mine de me la fermer rendant sagement ma colle, mais là j’avais envie de mettre mon grain de sel.

« Si on a pas fini. » Commençais-je en m’adressant au surveillant qui daigna enfin lever les yeux de son bouquin. « On fait quoi ? »

Sur le coup, j’espérais vraiment qu’il nous demande de rester davantage, histoire de vraiment emmerder Jamie.

« A moins que tu n’aies quelque chose de prévu… » Lançais-je à l’intention de Jamie sans pour autant me retourner.

Il m’arrivait d’être vraiment sournois.

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Tu veux pas que je te taille une pipe non plus ?

J'écrivais, étalais l'encre de mon stylo sur la feuille de papier sur laquelle j'étais penché. Elle fut bientôt remplie, le verso compris. J'écris trop gros ou quoi ? Je haussai un sourcil en constatant que j'étais quasiment arrivé au bout de ma feuille. Je n'avais pas tout à fait fini la première page recto verso du règlement, il ne me restait que quelques mots que j'allais marquer sur une autre feuille. Je tirai une feuille du tas que j'avais sorti de mon sac et continuai mon recopiage sur celle-ci. Après avoir noté les derniers mots de cette première page, je poussai un soupire, voyant que j'étais loin d'avoir fini.

En changeant de page, je décollai les yeux de toutes ces lignes et tombai sur l'horloge accrochée au-dessus du bureau auquel était assis le surveillant. Quinze minutes déjà. Je passai ma main dans ma chevelure blonde, ce qui l'ébouriffa légèrement, et me grattai l'arrière de la tête. Il y avait encore du boulot pu*ain... Ça allait être long et ch*ant. Le ch*eur justement sembla amusé par ma réponse et non irrité. Je m'attendais à ce que ça le fasse plus rire qu'autre chose, même si l'entendre geindre m'emm*rdait. Lui masser les pieds ?! Et puis quoi encore ?! C'était un p'tit rigolo ce bouclé ! Je stoppai mon stylo sans pour autant le lâcher et regardai Sasha droit dans les yeux.
- Tu veux pas que je te taille une pipe non plus ? rétorquai-je gravement.
C'était dégueulasse j'avoue mais elle était sortie. Je ne pouvais pas parier sur sa réaction. J'ignorais s'il allait prendre ça sur le ton de l'humour ou s'il allait être dégoûté. Je voulais simplement qu'il me foute la paix et me laisse faire ma punition tranquille.

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Une heure de colle tendue

J’avais envie de me cogner la tête sur la table, attenter à ma vie, mais ce n’était pas la meilleure des solutions. Rien qu’à imaginer ma tête plaquée contre le faux-bois froid et gelé de la table, me donnait des frissons, et surtout me rappelait la douleur que je pourrais ressentir. Parfois, je l’oubliais, ou parfois, je ne pensais qu’à elle. Cette blessure. Fruit de mes efforts pour défendre mes proches, ou résultat d’un comportement trop effronté et insolent envers les autres. A vous de voir. Tout ce que je sais, c’est que cet événement des plus insolites m’aura appris une chose : qu’il ne faut pas réveiller l’eau qui dort.

C’est vrai, personne ne sait vraiment ce qui est caché au plus profond de chacun de nous. Il suffit juste de repenser à Trent pour tout de suite s’imaginer les conséquences d’actes, en apparences minimes, sur un mec psychologiquement instable n’est pas une bonne idée. Mais qui aurait pu savoir ? Qui ? Pas même les profs ne se douteraient de sa férocité et son esprit de vengeance. Pour moi, et beaucoup d’autres, ce n’était qu’un élève comme un autre. Et entre nous, il n’était pas le seul à être la tête de turque des Pi Sigma, il y en a tellement qui subissent nos moqueries, et nos acharnements. Voyez Jamie déjà. Et pourtant ils ne se lancent pas dans la conquête du monde en prenant en otage un lycée, puisque la réalité de la vie fait qu’il y aura toujours des gens pour vous pourrir la vie.

En tous les cas, il devait être sacrément dérangé pour vouloir en venir à bout. Fort heureusement, il a péri dans son propre massacre, et réside désormais au milieu des morts, dans un cimetière, non loin de là. Au fond, j’avais beau le traiter de sale mioche, de troubles faits, et autres insultes de ce type, je n’aurais en aucun cas souhaité sa mort. Parce que cela reste une chose qui ne se fait absolument pas. Qu’on n’aime pas quelqu’un je le conçois, mais en venir jusqu’à vouloir sa mort relève d’un sadisme pur. Qu’on soit d’accord, je suis peut-être un connard, mais pas un assassin.

Et puis, rappelons que j’ai contribué en quelque sorte à la liberté de mes compagnons de « prison ». Alors que nous étions tous enfermé dans ce hall d’entrée et que chacun de nous se lançait des piques. Ce qui remarquez n’était pas vraiment le moment pour, en vue de notre mort imminente. J’ai réussi à tous les sortir de là. Je ne joue pas le mec fier, loin de là, mais sur le coup j’ai ressenti cette joie d’être utile. Soyez quand même surpris, alors que d’habitude je n’en glande pas une. Il faut croire que dans l’adversité on se sert les coudes. Si Jamie était avec nous, je l’aurais défendu. Si si. Parfois, il faut oublier les querelles, parce que dans de telles situations ça peut vraiment tourner au drame.

En tout cas, ma blessure sera une cicatrice de cette bataille sans merci livrée contre le diable en personne, et cela restera d’ailleurs gravé au plus profond de ma mémoire. Je ne suis pas si insensible qu’on le pense, et j’ai été tout autant marqué que les autres, au point que je n’en dors plus. J’en fais des cauchemars au point de l’imaginer ressusciter et achever son œuvre. Complètement barjo, je sais, mais son arme était braquée sur moi, et l’espace d’un instant j’ai cru que j’allais y passer.

Enfin, j’essaie de ne plus y songer, sinon je vais plus passer ma colle à réfléchir et à ressasser le passé que d’écrire ce putain de règlement. Huit pages, FOIS trois. Le suicide à l’état pur. En plus, j’avais horreur d’écrire, fin surtout autant. En cours c’est à peine si je prends des notes, alors réécrire ce règlement, c’était bien le pire.

Cependant, j’allais me taire et m’exécuter, je n’avais pas envie que d’autres merdes me tombent sur le coin de la gueule pour refus d’une punition. Ce serait quand même le comble.

Une page plus tard, j’avais déjà fais coulé de l’encre sur une feuille recto-verso. Mon écriture rapide, et mes lettres légèrement trop grosses m’aidaient généralement pour compléter les feuilles et faire croire que j’écrivais beaucoup dans des rédactions, mais là, ça ne me servait strictement à rien, si ce n’est gâcher du papier. Bravo Sasha.

Ma remarque ne plut pas à Jamie apparemment, en vu de sa réponse, quelque peu amusante.

« - Ah, c’est pas une mauvaise idée, ça me donnerait plus envie de bosser tiens. Tu ne veux pas m’en faire un, de massages ? »

Comme si sa remarque m’avait blessé ou atteint d’une quelconque manière. Jamais. Je trouvais ça plutôt drôle, et en vu de mon caractère de mec j’m’enfoutiste, je ne pouvais que continuer à lui répondre, l’air de rien, sur un ton un peu moqueur et un sourire niais.

Le surveillant n’avait pas trop l’air heureux d’être là, en tout cas il était limite les jambes sur le bureau, tel un pacha. Il ne faisait rien, si ce n’est siroter toutes les minutes son café et faire un boucan d’enfer. Ceci nous tenait peut-être en éveil. Mais c’était légèrement affreux comme bruit, et cela me rappelait le bruit terrible de l’horloge.

Mes parents en ont partout à la maison, et c’est un véritable supplice pour s’endormir quand il n’y a plus un bruit en pleine nuit. Ce tic-tac incessant vous coupait toute l’envie de pioncer et vous rendait limite dingue. Un peu à l’image du supplice de la goutte d’eau, qui vous rendait totalement fou. Bah là c’était pareil.

Eux, ça ne leur posait aucun problème, mais moi j’en venais à péter une durite tout seul dans mon pieu. Ce pourquoi, tous les soirs, j’entreprenais la dure tâche de toute les arrêter. A tâtons dans les couloirs, en pleine nuit, j’essayais au mieux de ne pas me manger murs et portes pour accomplir cette mission. Une véritable catastrophe, mais ma nuit en était plus paisible à la fin.

Tous les matins, mes parents les remettaient en marche, commençant à se demander s’il n’y avait pas un lutin qui leur jouait un tour. J’en riais, d’ailleurs, mais avec le temps et l’âge, ils ont fini par ne plus faire de bruit. Ou peut-être était-ce parce que je m’y étais habitué. A voir.

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Tu t'attendais à quoi ?

J'ouvris tranquillement ma trousse sans relever la dernière phrase de Sasha. Ce dernier découvrit à son tour ce qui allait nous occuper pendant ces deux heures trente. Il pensa tout de suite que le surveillant se foutait de nous en nous donnant toutes ces feuilles à recopier. Je me doutais bien qu'il ne rigolait pas et le regard qu'il lança à mon voisin confirma ce que je pensais. Il aurait vraiment un humour de m*rde sinon. Il fallait bien que nous recopions le règlement dans son intégralité, aucun échappatoire n'était possible. Je sortis un stylo de ma trousse, croisai mes jambes sous ma table et commençai à écrire le préambule, c'est-à-dire le début du texte.

Je m'interrompis un instant et lâchai une courte toux, tuant le silence qui avait commencé à régner dans la salle. La main devant la bouche, j'attendis que ma gorge ne me gratte plus avant de me remettre au boulot. Le préambule faisait quasiment une demie page. Oui, il était long c'est le cas de le dire. Tout en appuyant ma tête sur ma main droite, je continuais d'écrire en gardant une expression froide sur le visage. En même temps, quelque tronche auriez-vous si jamais on vous donnait huit pages à recopier en deux heures et demi ? Je ne pense pas que vous seriez vraiment ravis. Comme si ça ne suffisait pas, il fallait que ce Sasha m'adresse la parole. S'il me déteste autant, pourquoi me parle-t-il ? C'est vrai quoi, il n'a qu'à m'ignorer et ne pas perdre son temps à me causer. Sans quitter ma feuille du regard, je lui répondis sans changer de ton.
- Tu t'attendais à quoi ? A ce qu'on te masse les pieds ? dis-je calmement et froidement.
Oui, il aurait fallu réfléchir avant de se cogner dessus mais c'était trop tard maintenant. C'était facile de se lamenter alors qu'on était devant sa feuille avec la punition sous le nez. De plus, il était c*n de se plaindre car c'était évident qu'on allait se taper une punition ch*ante et longue. On s'était battu quand même, ce n'était pas rien. En tout cas, il perdait du temps à chougner. Personnellement, je continuais de copier le règlement, maintenant que le préambule était fait.

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Une heure de colle tendue

Savoir que je pouvais énerver Jamie, cela me faisait kiffer grave. Ouais, bon pour le français on repassera, mais sur le coup, je trouvais ça franchement amusant. Et puis pour les heures de colle qu’on allait se taper, j’avais pas franchement envie de rester là à ne rien faire, et à bosser, sans même me procurer un peu de distraction, et autant profiter du fait qu’il soit là.

On a rarement un compagnon de colle, et comme j’aimais pas du tout sa tête, c’était parfait, parce que quoiqu’on me dise, j’étais bien le genre de mec à carrément me foutre de la gueule des autres, en profiter, et en rajouter. M’attirer les foudres des moins que rien ? Quand tu veux, je prends.

C’était un certain sentiment de puissance qui émanait de moi, en fait. Savoir que je puisse agacer les autres et les faire entrer dans une colère noire, ça me plaisait plutôt bien. J’y prenais goût. En même temps, je m’ennuierais comme un arbre mort dans ce lycée, si je n’ajoutais pas ma marque de fabrique. Alors quitte à faire enrager les autres, si ça pouvait m’occuper.

Ce dernier, personnage douteux dont j’ignorais le nom, ou pas du tout en fait. Je savais exactement qui il était, et bien sur lui ignorait tout de moi. Jamie. Jamie Albarns. C’était une des victimes d’Halloween que nous avions désigné avec Nathan. Je n’avais pas envie d’éveiller les soupçons, mais j’avais une fâcheuse envie de lui demander comment il avait trouvé les gonzesses qu’on avait engagées exprès pour qu’il passe un peu de bon temps avec. Mais cela éveillerait trop vite les soupçons, et je ne voulais pas me faire démasquer, surtout que j’avais réussi à mettre mon dernier plan à la perfection. Une victimisation indirecte, on va dire le clou de notre spectacle.

A dire vrai, la voix écoute tout, les murs ont des oreilles, mais certains racontent, inventent, créent leurs propres rumeurs. On est tous un jour victime d’une rumeur à notre compte, et bien j’ai voulu me prêter au jeu. Au fond, il y avait cette idée depuis le début de tout remettre sur le dos d’une seule confrérie. Aucun lambda n’avait été touché durant nos treize jours d’activité, et ne vous attendez surtout pas à un coup du hasard, mais plus à un coup réfléchi. En effet, on l’a fais exprès, et on a balancé comme rumeur à la Voix, que ceux-ci étaient suspects. Pour preuve, cela avait marché, puisque c’était la confrérie fantôme qui était accusé, et non nous deux. Plutôt bien imaginé, non ? Et après on ose nous traiter de cons. Ouais, bah voyez plutôt.

Il me sortit une injure, me disant que je le faisais chier et que je devais fermer ma gueule. Non. Je ne voulais pas, je ne voudrais pas, et je ne le ferais pas.

« - Désolé, mais le bouton OFF n’existe pas chez moi, tu vas devoir me supporter toute la durée de la colle. »

Autant qu’il sache à quoi s’en tenir pour le moment. Le pion nous distribua la colle, en l’occurrence la recopie manuscrite du règlement en trois exemplaires. Mais il était frapadingue celui-là ? Recopier trois fois ce bouquin ?
Oui, parce que je tiens à préciser, que quand un fascicule dépasse cinq pages, ça devient un bouquin. A celui qui n’aime pas lire, santé. Du coup, je regardais la feuille, mal à l’aise, pas du tout apte à faire le scribe pendant deux heures et demie, et encore, pas sur qu’on réussisse à tenir le délai en un temps si court.

« - Vous êtes sérieux là ? » Rétorquais-je au surveillant. « La blague était très drôle, maintenant donnez-nous le VRAI travail. »

Ouais, j’espérais encore que ce ne soit qu’une entourloupe, mais en vue de son regard noir, et de son indifférence certaine face à mes propos, il était sérieux. Mais merde, recopier ça, il était fou, il voulait nous briser le poignet, ce n’était pas possible autrement. J’étais sur le cul, quoique je sois déjà assis. Puis, instinctivement, pour en rajouter une couche, mais ne voulant cependant pas déclencher une deuxième baston –je n’étais pas en état pour en mener une autre à bien-, je me retournais vers mon très cher compagnon de colle.

« - La prochaine fois, je crois qu’on réfléchira à deux fois avant de se taper sur la gueule. »

Puis sortit un paquet de feuille de mon sac. Pour une fois que j’avais pensé à prendre le lot de cinquante.

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Ferme ta g*eule pu*ain...

Ces derniers jours avaient été très éprouvants. Il eut bien sûr la fusillade causée par ce Trent Walker qui avait pris de nombreux élèves en otages. Cet épisode fut tragique et très dur à supporter pour chacun d'entre nous. Certains otages sont ressortis du lycée avec des blessures, aussi bien physiques que psychologiques. Ce genre d'épreuve peut vous traumatiser à jamais. Heureusement, les personnes auxquelles je tenais le plus s'en sont sorties. Ce ne fut pas le cas de tout le monde et j'espère de tout cœur que tous vont se rétablir et pourront reprendre une vie normale, même si ça s'annonçait compliqué. Avant tout ça, de nombreuses crasses avaient frappé la population de WHS. J'en fus d'ailleurs victime... Apparemment, les Lambdas seraient à l'origine de tout ce bordel. C'est ce que ce serait dit. Oui peut être, je n'en sais rien. Ce ne sont peut être que des rumeurs.

Enfin bref, cette histoire fut très ch*ante et causa un beau m*rdier dans tout le lycée et dans ma vie privée en prime ! Je n'eus pas de mal à convaincre Luke que tout ceci n'était qu'une belle connerie et qu'il ne devait pas s'inquiéter. Il me fit confiance et crut mes explications. Ouf ! Manquerait plus que des c*nnards parviennent à nous séparer. Luke est tellement naïf aussi, même s'il sait pertinemment que je ne le tromperai jamais, surtout pas avec une fille. Cette blague de m*rde avait eu le don de me foutre en rogne, si bien que je m'énervais pour un rien ces derniers jours. Mon degré d'irritation monta d'un cran ce matin quand je me rappelai que c'était aujourd'hui le jour de la colle. Super, un vrai rêve... Je me levai en tirant la tronche et réalisai mon petit rituel du matin sans rien dire. Ça s'annonçait très gai cette journée. Je faillis envoyer bouler les profs plusieurs fois ce matin mais je me contins pour ne pas avoir d'avantage d'ennuis. Manquerait plus que ça tiens. Je ne mangeai presque rien à la cafétéria ce midi, l'appétit n'étant pas au rendez-vous. Un début de journée merveilleux quoi !

Je sortis fumer une cigarette devant le lycée avant l'heure tant attendue. Il valait mieux que je prenne cette cigarette, je serais encore plus sur les nerfs sinon. Pu*ain, rien que l'idée de revoir sa sale g*eule me faisait bouillonner. Passer deux heures et demi en sa compagnie n'allait pas être triste. Il était préférable pour lui qu'il ne me cherche pas trop car j'étais de moins bonne humeur que l'autre jour. Comparé à aujourd'hui, j'étais joyeux à souhait lors de notre rencontre à la cafétéria. Ça se voyait sur mon visage d'ailleurs que je n'étais pas du tout de bon poil. Je n'avais pas souri depuis le début de la journée et à ma tête, on pourrait croire que j'avais envie de commettre un meurtre. J'exagère à peine. Ça y est, c'était l'heure d'y aller. Je soufflai un dernier nuage de fumée, jetai mon mégot dans la poubelle la plus proche et me rendis dans la salle qu'on nous avait indiqués quelques jours auparavant. Le surveillant, celui qui avait arrêté notre bagarre, me fit entrer et s'installa au bureau qui prônait devant toutes les tables. Je m'assis d'ailleurs à l'une d'entre elle, rapidement suivi par ce Sasha qui ne tarda pas à entrer à son tour. Je le regardai passer la porte et détournai ensuite le regard. Il prit place devant moi et commença les hostilités. Pu*ain... Il fait vraiment ch*er cet abruti. Machinalement, je répliquai en passant ma main sur mon front.
- Ferme ta g*eule pu*ain... soufflai-je d'un ton plus que glacial.
Qu'il me foute la paix m*rde ! Soudain, le surveillant nous distribua à tous les deux des feuilles, quatre plus précisément. Sur l'une d'entre elles, on pouvait lire : " Règlement Intérieur De L’Établissement Wynwood High School ". Magnifique... Ce fut encore mieux quand le surveillant nous donna l'ordre de recopier trois fois le contenu de ces quatre pages A4, recto verso... Je soupirai avant de sortir des feuilles et de quoi écrire, déjà lassé par cette colle qui allait être très longue.

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Les heures de colle, mais quelle poisse. Et deux heures trente en plus, collé avec cet imbécile heureux de la cafète. Heureux, oui, parce qu’il avait l’air de tout prendre avec le sourire, un sourire niais même. Comme si cela lui faisait plaisir de se faire frapper, insulter, mettre en colle…

En plus, le mercredi était un jour parfait, où les cours n’avaient lieu que le matin, et là je devais me taper plus de deux heures le cul sur une chaise à faire je ne sais quel devoir stupide en guise de punition. Si c’était des lignes à recopier, je peux vous jurer que je ferais bouffer ma feuille au pion qui sera en charge de nous surveiller.

C’était tout en me levant ce matin, que je grognais déjà alors que le réveil venait à peine de sonner. Décidément, il n’y avait pas mieux pour me mettre de mauvaise humeur que de m’imaginer accompagné d’un crétin de première pendant une après-midi entière.

Sur le lit, les jambes croisées tel un indien, en boxer, je m’étirais, me frottais les yeux et bâillais sans gêne, en omettant de placer une main devant ma bouche. Trop habitué à être seul depuis le début de l’année, j’avais pourtant un colocataire, et il allait falloir que je me réhabitue tout doucement à adopter un comportement plus respectable. Quoique. C’était Ty, et il fallait dire qu’au final, c’était bien plus qu’un rival, mais une tête de turque à mes yeux. J’aimais à le rabrouer, et à le rabaisser. Il fallait dire en même temps, qu’il ne faisait rien pour que je me taise.

Ma tête me faisait encore affreusement mal depuis cette fameuse soirée, la pire de mon existence. Halloween était la surprise de taille, qu’on aimerait ne plus à revivre. Je me souviens très bien des paroles de Trent avant que celui-ci ne m’assomme à l’aide de trois coups de crosse bien placés à l’arcade sourcilière. La blessure n’était pas tout à fait guérie, et elle me lançait de temps à autre, provoquant quelques problèmes. Par exemple la concentration, ou parfois ma vue qui en était légèrement affectée, mais je savais que cela finirait par passer, alors je ne me faisais pas plus de soucis que ça.

Essayant au mieux de me tirer du lit, je voyais que Ty n’était pas encore là, il avait du encore s’absenter cette nuit pour s’adonner à ses pratiques idiotes au sein de son soit disant clan minable. Cela aurait pu un minimum provoquer de l’admiration, mais il fallait dire qu’après avoir eu vent de ses exploits aux infos, j’avais de suite su que c’était lui qui était l’auteur d’un braquage en centre ville de Miami dans une petite confiserie.

Il faut dire que déjà braquer une confiserie, c’est un peu la honte, mais réclamer des smarties c’était bien le pire. En même temps c’était sa marque de fabrique, et tout le monde, surtout dans la confrérie, était au courant de son exploit face à Alma, une Sigma Mu, qu’il aurait dragué à l’aide de ces confiseries. Plus pathétique, on ne pouvait pas faire, alors quand j’avais entendu parler de ce petit acte de « vandalisme » à la télé, j’avais ris à ne plus en pouvoir. Même cagoulé, il se fait démasquer de suite.
En fait, il aurait du être muet. Parce que quand il ouvre la bouche, ça casse tout.

M’étant habillé, je devais me rendre à la cafétéria pour prendre le petit-déjeuner.
L’ambiance était légèrement morne depuis l’incident d’Halloween, et tout avait changé. On était encore tous traumatisés, et la joie constante avait laissé place à un lycée en deuil. Avec toutes les victimes, la plupart étaient encore à l’hosto, et une peur se lisait encore sur pas mal de visages. Il fallait dire qu’avec mon pansement et mes points de suture fait à la va-vite une fois que j’avais pu sortir du hall d’entrée, je ne faisais pas tellement le fier. Et ça pouvait m’handicaper grandement, surtout qu’il ne m’avait pas fait que saigner, mais il avait réussi à faire craquer mes os, ce qui aurait pu me causer une commotion cérébrale ou une autre merde du genre.

De plus, ils m’avaient dis de ne pas trop faire d’effort, et que je pouvais souffrir de quelques troubles du au choc physique, et psychologique.
Enfin, pour conclure, ce n’était pas la joie, et nous étions tous muets comme des tombes, essayant d’oublier, en vain.
Plateau en main, je partis rejoindre Nathan, et nous mangions comme à notre habitude, mais dans le silence. C’est sur nous étions tous les deux sur le choc, et je dois avouer que j’ai eu une peur bleue pour mon meilleur ami, on a bien failli se perdre mutuellement dans cette prise d’otage, et au final j’étais bien content de nous voir là tous les deux, sains et saufs.
Cet événement nous avait tous changés au fond, et nous avions pris du recul sur bien des choses.

Sept heures quarante cinq, je partais en cours, l’esprit ailleurs, sans motivation, mais il le fallait. Je comptais me rattraper un peu, et j’allais commencer par éviter de sécher à tout va les cours.
La matinée se passa extrêmement vite, et malheureusement cela annonçait également l’arrivée de la colle tant attendue… Enfin, ironie quoi.

Après le passage à la cafète et n’y avoir grignoté que des bouts de pain, je me rendais dans la salle de colle où un surveillant veillerait à notre bon comportement. Y a qu’à croire. D’ailleurs en entrant dans la salle, je le voyais déjà là, assis à une table tout aussi heureux que moi d’être là.
Me mettant à proximité, sans me mettre à ses côtés, fallait pas rêver, je me tournais vers lui, et commençais d’emblée à le provoquer : « Oh salut, quelle joie de te revoir. » Suivi petit sourire hypocrite, comme je savais si bien le faire.