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 Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)

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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyMer 18 Déc 2013 - 20:50

Kyle

De Maupassant, j'aimais d'avantage les nouvelles fantastiques que le reste de ses livres, comme Bel-Ami ou Mont-Oriol. J'aimais d'avantage le Horla. Oh oui, le Horla. Je voyais au travers de ces lignes cette paranoïa naissante dans l'esprit du conteur, comme un poison qui s'infiltrerait dans les veines et refuserait obstinément d'en sortir. Je ne songeais qu'à cela. J'en rêvais presque la nuit. De cette peur, de cette angoisse, que je lisais dans ces pages rayées de noir et qui m'évoquaient les souvenirs douloureux de mon enfance m'empêchant de dormir la nuit. Un regard dans la direction de mon bourreau suffit à me rendre compte que lui et moi étions dans la même galère, et nous comprenions, même si ces maux étaient de nature complètement différente. Il avait vécu un attentat monstrueux que nous ne pouvions, nous, vivre pleinement uniquement dans nos cauchemars. Lors de cette rixe, il avait perdu sa famille, ses repères, tout. Il avait vécu l'horreur sous beaucoup de ses formes, le sang, la mort, les débris humains jonchant le sol. Le manque d'air, la solitude. Ce qui pouvait rendre n'importe qui fou. Mais lui était un enfant, et malgré le traumatisme, il avait pu se relever tant bien que mal et commencer une vie dans laquelle il devrait tout oublier. Etais-ce seulement possible ? Avais-je oublié moi ? Pour lui, mon bras ne constituait pas une explication suffisante. Dommage jeune homme, mais tu devras t'en contenter du moment qu'à ton tour, tu ne m'en dis pas plus. C'était une sorte de fascination morbide que j'avais conservé des histoires qui font peur. J'avais toujours aimé lire quelque chose ou voir un film qui allait me foutre mal à l'aise pour le restant de la journée/nuit. Voilà pourquoi j'adorais les magasines de faits divers.

Mais ici je me rendais compte que c'était totalement différent. Ici je n'étais pas protégé par un écran, je n'étais pas assis dans mon fauteuil pour regarder d'un oeil externe et complètement à coté de mes pompes les horreurs qui se déroulaient. Non, je subissais la douleur de ce jeune homme comme si c'était la mienne que je vivais, comme si c'était moi qui avais pleuré, là, sur ce sol froid, recroquevillé sur moi-même. Comme si c'était moi que la terreur avait pris. D'un seul coup, je me sentis totalement faible et démuni. Presque minable, une loque. Et pire, encore, j'étais épuisé. J'avais peu dormi et je savais qu'une grosse journée m'attendrait le lendemain matin. Il était bien plus sage de demander à Azraël de se calmer et de dormir pour récupérer. Mais je n'en avais ni l'envie ni la force. Le moindre centimètre de chair que composait mon cerveau réclamait des explications, voulait en savoir plus, comme si ma propre vie dépendrait de sa réponse. C'était complètement flippant et absurde. Mais c'était compulsif. Il FALLAIT que je sache.

Ta mère travaillait là-bas, mais ton père ? Il était venu avec toi ? Il t'avait accompagné ? Comment as-tu vécu cela, as-tu vu l'avion s'écraser contre le bâtiment, tuant dans ce simple choc un nombre incalculable de personne, celles qui avaient eu le plus de chance ? Je songeais un instant à une photographie circulant sur internet, un gros plan sur un homme qui s'était jeté du haut des tours pour ne pas mourir sous les décombres ou dans le feu. J'avais regardé cette photo un bon nombre de fois en me disant que l'homme était un vrai monstre. Quel intérêt y avait-il à prendre un photo d'un homme se jetant du haut d'un immeuble détruit par un avion ? C'était à ne rien y comprendre. Mais il s'arrêta là. Il ne parla pas plus. Je sus simplement qu'il était venu ici pour y rejoindre sa mère. Et que ce jour là il ne s'était sans doute pas attendu à l'avalanche de morts qui lui tomberaient sur la tête. Il s'arrêta, prit une pause, me vola mon livre. Et reprit ses question. Il était difficile de répondre à cela. Ce que l'on m'avait fait ? Pour cela il me faudrait tout reprendre depuis le début. Et c'était une longue histoire.

Un petit soupir pour me donner du courage. Il m'en faudrait. Il serait la première personne à qui je raconterai cette histoire, avec June. J'ignorais pourquoi lui. Pourquoi maintenant. Sans doute parce que je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui avait remué en moi une foule aussi monstrueuse d'émotions. C'était à la fois incroyable et terrifiant. Quant au tutoiement, je l'avais accepté sans broncher. Comme si tout ce qui venait de se passer était d'un naturel parfait.

"Ma mère était une personne influente à Londres. Elle avait beaucoup d'amis qu'elle invitait chez nous. Il y en avait un que je n'aimais pas. Je ne me souviens même plus de son nom."


Je lui repris le livre des mains avec douceur et le reposais sur la table. Je voulais que toute son attention soit concentrée sur ma personne, et uniquement.

"C'était un type d'une cinquantaine d'années, un de ses collègues j'crois. Il venait depuis que j'étais petit. Et il me regardait comme... Comme..."

Ma voix se bloqua, comme pour m'interdire le moindre mot. J'étais une sorte d'Alex, je sentais la gerbe monter à chaque fois que je songeais à lui. Comme lui en écoutant Ludwig Van, ou en frappant un clochard dans la rue. Un gros rot bien dégueulasse en somme. Mon rot à moi, c'était ma gorge qui s'asséchait de plus en plus alors que je songeais à raconter mon effroyable mésaventure. Je me sentais dans la peau de ce garnement ultra-violent et monstrueux, impuissant face au lavage de cerveau qu'il avait subi, malgré sa volonté de faire du mal, de violer, de tuer. Mes mots étaient mon ultra-violence.

"Comme une putain de patisserie."

Je n'avais presque rien raconté, mais j'estimais que son tour était venu. Pour autant, je lui offris un bonus.

"A dix-sept ans je suis parti vivre dans une cité universitaire pour faire mes études de médecine. Un soir il est venu me chercher, en disant que ma mère l'avait appelé pour me ramener à mon appart. Parce qu'il était vingt heures, qu'elle avait peur parce qu'il faisait nuit."

Je me levais, allait me servir un gobelet de café dans lequel je plongeais allègrement trois sucres. Voilà qui me ferait du bien. Un second gobelet fut déposé sur la table de chevet à l'intention du gamin qui torturait mon esprit en me forçant à me remémorer cette soirée alors que mon esprit avait choisi de l'oublier.

"Raconte moi comment on t'a retrouvé, et comment tu as vécu ce qu'il s'est passé."


Non, je n'avais pas été voir de psy. Je n'étais pas un faible. J'avais dépassé ce stade depuis longtemps.
Du moins, le croyais-je.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyLun 16 Déc 2013 - 23:40

AZRAËL

Je sens vaguement son regard sur moi alors que je m'endors contre lui. C'est n'importe quoi. Moi m'endormir contre un mec ? Celui-là plus particulièrement ? C'est du délire. Mais j'ai cinq ans, et je sompbre comme une pierre. Il bouge un peu et ma main aggripe par reflexe sa chemise. Je le sens se tendre. Et se détendre. Comme un ressort. J'entends un bruit de tissu, sans savoir ou comprendre ce qu'il fout. J'en suis a cet état ou tout tourne autour de vous et ou vous avez l'impression bienheureuse de vous enfoncer dans votre matelas. Les quelques secondes qui précèdent le sommeil. Si vous ne bougez pas, vous y êtes. Je le vois replier son bras, et je me redresse un peu. En fait, je me suis incrusté contre son torse par reflexe, parce que ce qu'il montre sent la violence. Ca sent la torture. Mentale et physique. Des brulures de cigarettes. Jusqu'ou on est allé avec lui ?

"Voilà pourquoi. Est-ce que cette explication te suffit pour que j'en sache un peu plus ?"

"C'est pas une explication ca..."

Cette explication ? Bordel. C'est pas une explication ca. J'ai envie de poser les doigts sur ses brulures comme un acte de magie, et de les voir s'effacer. mais je sens que ce n'est pa une bonne idée du tout. Je l'aurais surement fait, et tant pis pour les conséquences, mais je suis paralysé par la fatigue tant mentale que physique qui vient de s'abattre sur moi sans prévenir. Pas que ca prévienne d'ailleurs... Morphée me saute à pieds joints dessus, et j'ai bien envie de me laisser fracasser. Mais d'un autre côté, y'a Porter, sa grande carcasse juste derrière moi, sa peau blanche sous mon nez et ca sent le grand déballage. Je peux pas dormir. Surtout pas maintenant. Je me sens un peu coupable. J'arrive pas a me sentir mal de forcer le contact pourtant. Non. Parce que j'en avais foutrement envie, sans pouvoir l'expliquer. ce type agit sur moi comme un aimant.

Je ne suis pas gay, mais là, aux portes du sommeil, je suis bien obligé d'admettre qu'il a un je ne sais quoi qui m'attire comme un putain d'insecte serait attiré par une lampe. Je me débat pas comme un insecte en train de cramer, parce qu'il m'a déjà tué. Sans chercher à le faire non plus. J'ai pas le temps d'analyser ce qu'il vient de me dire. A part "en savoir plus". On est tout les deux dans le même cas. Dis-m'en plus. Dis moi tout. Je ne supporte pas de ne pas te connaitre. Et je veux rien savoir sur toi. J'aurais voulu ne jamais avoir croisé ta route. Tu comprends ca ? J'ai plus assez de force pour m'énerver. Je sent qu'il m'empoigne, et je flotte dans les airs pendant une poignée de secondes avant de me poser sur le matelas de l'infirmerie. Mes sens engourdis, je ne réagis pas, transformé en poupée de chiffon. C'est de nouveau le vide autour de moi. Je panique en dedans, mais je ne bouge pas d'un cil, mon genou replié restant dans l'exact position ou il c'est retrouvé quand Porter m'a posé là. J'ai les paupières lourdes, et je me suis apaisé. Pas loin de dormir. Les secondes semblent s'étirer à l'infini. Je le vois s'installer, on dirait une veille a l'hosto, je trouve ca bizzare. Et rassurant.

"Pourquoi tu étais là-bas ? Et que s'est-il passé pour toi ensuite ?"

Pourquoi t'avais ces putains de marques ? Jusqu'ou on estallé avec toi ? Si on t'avais simplement choppé et brulé a la cigarette, t'aurais pas ses réactions extrèmes. Non, les brulures, je le sens bien, c'est que la partie visible de l'iceberg. Je veux voir tout le reste. J'ai vu en flashs. La conséquence. Je veux comprendre. Comment tu peux vivre en étant aussi morne, comment tu peux t'enfiler les jours sans en jouir une seul seconde, comment tu peux avancer comme un putain de cadavre tout en crevant au dedans. Je suis perturbé, pas besoin qu'on me l'explique, je l'ai compris tout seul comme un grand. Et au cas ou, on me l'a déjà mis dans les dents. Chloé. Mon père. Mais toi aussi. Alors je peux pas accepter de lecons de morale de ta part. Et tu m'insupportes quand même, malgré tout. Malgré tout, même si tu m'attires. Ou peut être parce que tu m'attires et que ca m'horripile.

"Ma mère travaillait la bas. Je devais la rejoindre. On mangeait tout les deux dans son bureau tout les midi. J'étais un peu en retard... Et..."

Ca suffit. Ma mère a un visage qui sourit, qui gronde, elle a son visage qui sent le parfum bon marché que papa lui achète, parce qu'elle l'aime beaucoup, ses mains qui sentent la vaisselle. C'est mon quotidien qui s'est cassé la gueule. Tout s'est effondré. J'ai moins sommeil d'un coup. Et une brique vient de me tomber sur l'estomac. C'est mon tour. J'y vais pas en attaquant, mais j'y vais quand même. Parce que.

"On a pas fait que te bruler sur le bras pas vrai ? Ca a été jusqu'ou ? T'as vu un psy ?"

Oui, ca me regarde pas. Oui, cette question craind par essence. Tant pis. Tant mieux. Je veux savoir. Je.veux.savoir. J'en ai besoin. Tu peux pas m'être indifférent. J'emmerde le peuple, je t'emmerde, j'emmerde ma conscience. Je veux savoir. Je veux tout savoir. Aller aux confins de tes horreurs, pour voir si il a survécu un peu de toi dans tout ce merdier. Non, j'ai pas vu de psy. Toi non plus apparemment. Cependant, si tu espères un tant soit peut que je te répondes, c'est du donnant donnant. J'étend le bras et attrape son bouquin. Maupassant, qu'il lit. Tu veux savoir hein ? Ben moi aussi. Nous sommes de sales fouineurs, avec chacun des cadavres un peu trop grands pour nos placards respectifs. Le mien dégueule de morceaux humains carbonisés. J'veux voir ce qu'il y a dans le tien. Et le mettre à sac. Une pensée totalement stupide me traverse : vas-t-on survivre a cette nuit ? J'emet un doute.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyLun 9 Déc 2013 - 22:59

KYLE

C'étaient des choses qui me dépassaient complètement. Qui allaient bien à l'encontre de tout ce que j'avais pu ressentir ces dernières heures. J'étais passé par tous les stades. La haine, la rancune, le dégoût, la fascination morbide, le triomphe, et pour finir, le regret. Je songeais que cela avait duré des heures et des heures. A ne pas comprendre ce qu'il m'arrivait. Pourquoi j'avais réagi de cette manière, pourquoi étais-je aussi obsédé par ce gamin ? C'était incompréhensible. J'avais laissé passer de longues minutes, minutes durant lesquelles je sentis malgré moi les tremblements d'Azraël luttant contre son cauchemar d'enfant. J'avais bien sûr entendu parler de la tragédie du 11 Septembre, mais confortablement installé dans mon fauteuil, à Londres, avec une bière et un paquet de chips. C'est assez curieux, la réaction des êtres humains dans ce genre de moments. On se tourne vers sa femme et on prononce les mots suivants "C'est quand même horrible. Tu veux des chips ?" puis on retourne vaquer à nos occupations quotidiennes, égoïstes et sans fondement, parce qu'on se dit que de toute façon ce n'est pas nous qui allons changer le monde. Et voilà. Point final. Lors des "anniversaires" des catastrophes, on poste un petit mot sur Facebook histoire de faire bien et de montrer qu'on se soucie d'autrui. C'était à gerber, et c'était ce que nous étions tous. Des lâches. Si Eva avait été là, elle aurait pris un air complètement blasé et m'aurait répondu, son sourcil droit levé "Et alors ? Tu crois que tu vas y changer quoi que ce soit ? Arrête de faire la victime. On est comme ça. Faut seulement assumer, et ça passe crème." Dans un sens elle avait raison. Beaucoup avaient essayé de changer l'être humain, sans succès. Et je n'avais rien d'un émissaire pour la paix. Mais ce que je venais d'accomplir n'avait strictement rien d'humain.

Il se redressa finalement et attrapa l'attirail en prenant soin de ne pas me toucher. Je n'en tins pas rigueur. Je l'avais mérité. Comme j'aurais mérité une bonne baffe, ou quelque chose dans ce goût là. Ceci dit, mon oeil me faisant encore très mal, j'avais eu une part de ma punition. La seconde serait d'être rongé par les remords pendant des jours, voire des semaines. A "Accident" il murmura "Attentat". Sans répondre à ma question. Ce que je compris. J'avais sans doute essayé de rétablir un semblant de conversation qu'il avait tout simplement ignoré, c'était son droit. Et puis, l'étonnant retournement de situation.

Sans prévenir, sans demander l'autorisation, sans même esquisser le moindre geste prévenant ses intentions, son corps se coula entre mes bras avant même que je puisse réagir. Ma réaction fut la même qu'à l'habituée ; je me figeais, essayant tant bien que mal de garder mon sang froid. Il me punissait, voilà, ça y était. Sa voix se dessina en un murmure, son souffle caressant mon cou dans une torture terrifiante. Pourquoi je ne supportais pas qu'on me touche ? Tu as utilisé le tutoiement, de façon tout à fait naturelle. Ce qui était entièrement concevable. Après tout ce qu'il venait de se passer, le contraire aurait été véritablement étonnant. Et je le méritais amplement. Alors, chose étonnante, je refermais mes bras autour de lui de façon tout à fait naturelle, luttant contre le stress, l'angoisse. Les images revinrent, celles que j'avais oubliées. Elles demeuraient atrocement floues, même si chaque jour mon corps me rappelait ce que j'avais vécu pendant deux semaines. La froideur du mur poussiéreux, l'odeur de renfermé d'une cave dans un quartier pauvre de Londres. Une voix grave murmurant des mots que je n'arrivais pas à entendre. La douleur. C'était tout ce dont je me souvenais. Il m'avait laissé un souvenir, et c'était tout. Il m'avait laissé partir. Sans un mot, sans rien. Il m'avait ramené chez moi. Et je l'avais oublié, pour ne plus chercher à comprendre quoi que ce soit. Ma mère m'avait appelé, au comble de l'inquiétude. J'étais un grand garçon m'avait-elle dit, oui, mais quand même, ne pas donner de nouvelles pendant deux semaines ! A quoi pensais-je ? Je ne sais pas maman, excuse moi. J'avais beaucoup de travail tu comprends ? Je n'ai pas pu te joindre mais tout va bien. Ne t'inquiète pas pour moi.

Voilà ce que j'avais répondu. En ignorant totalement si j'avais dormi pendant quinze jours, vivant un cauchemar que j'avais cru sans fin, ou si cela avait été vrai. Mon cerveau avait décidé de jeter ces souvenirs aux orties, pour ne pas détruire ma vie. Il avait réussi en partie. Si les stigmates gravés sur ma peau n'avaient pas marqué mon corps, et donc mon esprit.

Je le vis sombrer dans le sommeil. Mais je voulais savoir, à mon tour, ce qu'il s'était passé. Alors, me décalant légèrement, j'ôtais le bouton de manchette de ma chemise et retroussais ma manche gauche jusqu'à mon épaule. Il voulait savoir ? Très bien. Ma punition finirait donc ainsi. Je ramenais l'intérieur de mon bras vers son visage, de manière à ce que ses yeux mi-clos puissent voir les cinq brûlures de cigarettes déposées sur ma peau sous forme de taches brunes ineffaçables. Cinq à l'avant-bras, cinq sur le haut. Une vingtaine dans mon dos, trois sur mon torse. Celles de mon avant-bras suffiraient pour le moment. Inutile de me dévêtir, pour tout dévoiler. Voilà pourquoi me toucher était presque impossible. C'était moi qui devait choisir, après cela. Pas les autres. Il avait déjà choisi pour moi.

"Voilà pourquoi. Est-ce que cette explication te suffit pour que j'en sache un peu plus ?"


Sans le prévenir à mon tour, je l'attrapais à bout de bras et le soulevais de toutes mes forces. L'adrénaline fournie par le choc de son contact me permit d'avoir l'énergie nécessaire pour le prendre dans mes bras maladroitement et l'allonger sur le lit de l'infirmerie, avant de m'éloigner rapidement pour attraper une chaise et m'asseoir à son chevêt, mon livre près de moi. S'il s'endormait, je partirai pour une fin de nuit plus calme, auprès de Maupassant. Sinon, nous allions échanger jusqu'à l'aube des secrets que nous avions toujours voulu enfouir dans notre passé. Au choix.

"Pourquoi tu étais là-bas ? Et que s'est-il passé pour toi ensuite ?"

Je ne m'improvisais pas psy, non. C'était de la curiosité mal placée qui m'avait contraint, presque, à poser les questions imposables. Peu importait pour moi. Au moins j'allais être fixé, ou pas. De toute façon, si je ne posais pas la question, je ne saurais jamais, non ? Alors autant tenter. Chose curieuse, cependant.

J'avais le sentiment que son contact était devenu un peu moins pénible.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyDim 8 Déc 2013 - 23:37

AZRAËL

Je sens a peine sa main qui se desserre. Je suis seul. Le corps qui se retire. Le poids qui s'annule. Mes poumons qui se gonflent. Seul. SEUL. Le poids de ce mot pèse avec force sur mon abdomen. C'est la débandade. Je me déshydrate, mes yeux en vannes ouvertes. J'ai 11 ans, je suis coincé quelque part, la dessous, je me casse la voix a appeler a l'aide, ma gorge se remplit de fumée, je tousse, impossible de respirer, je tousse, je n'ai plus de sens commun, mes ongles ont disparus pour ne laisser que des moignons sanglants qui creusent et s'effritent en saignant contre la pierre-muraille, contre mon tombeau de briques et de ciment. J'écrase les insectes, une autre fois, dans le noir. Aveugle. Je suis aveugle. Je me fie aux petits bruits. Je pleure. Les insectes ne m'avaient rien fait. Je vais mourir ici. J’appelle ma mère. Mais ma mère ne vient pas. Elle ne viendra pas, elle ne viendra plus. Elle ne viendra plus jamais. Je l’appelle en vain. Je me fissure. Je pers espoir. Je me calme. Apaisé. Reculant, loin de tout ça, loin en moi même. Je n’appelle plus. Ma bouche desséchée. Le bruit autour de moi alors que je m'enfonce dans le sommeil lourd qui m'emporte, un sommeil en noir. Puis c'est le jour qui craque contre mes paupières closes. Le gémissement de bonheur a sentir l'air vicié qui s'échappe, a sentir mes poumons se gonfler, le violent plaisir de l'oxygène qui me tourne les sens. Des voix, des mains. Innombrables, impossibles. On me tire. On m'extrait. Le monde ou je renaît est en décombres et en brume opaque, en poussière d'os et en cris, en pleurs et en sanglots de sirènes. Les pompiers sont partout, les lumières me tuent, le bruit, la foule. Je m'enferme dans un monde. Un monde ou il n'y a pas de bruit. Un monde ou le vent souffle en piano. Un monde ou je suis figé dans le noir. Mais pas dehors. Non, pas dehors. Échappé, enfuit, je cours dans le dédale, dans les décombres. Je cherche ma mère. Je l’appelle. Des mères, j'en trouve. Éventrées. Par petits bouts. En morceaux de femmes. La mienne, je ne doit pas la revoir. Je ne la retrouve pas. La pierre tombale couve un cercueil vide. Je pleure un cercueil vide. Je pleure un homme vide. Je pleure parce que je n'ai pas versé une larme, les yeux secs, comme mes lèvres, l'âme emmurée. Je pleure, et on croirait que ca ne va pas s’arrêter. J'ai la détresse enfantine, celle qui se croit plus forte qu'aucune autre, celle qui se croit au culminant de la douleur, celle qui se croit inaccessible, orgueilleuse et brûlante, pathétique.

Seul. Son grand corps assis à côté du mien. Ce rien a coté du vide. Je me resserre sur moi même pour prendre moins de place, pour réchauffer cette carcasse vide. Les contraires s'attirent et se repoussent. Fondamentalement trop plein, qui parait tellement vide. Te faire péter un plomb à juste révélé qui de nous deux joue au trou noir.

"Moi non plus."

Insupportable. Ses mots. Insupportable. Cet homme. Je pleure comme s'il n'y avait pas de fin, mes larmes roulent et mouillent mon col, je pleure et je comprend pourquoi on dit que les hommes sont composés d'eau, je suis une éponge qu'on presse jusqu’à ce qu'elle se ratatine. Moi non plus, qu'il dit. J'ai entendu. J'ai entendu. Il n'arrète pas. TAIS TOI PUTAIN. TAIS TOI !

"Je... Putain, je suis désolé. Je sais que ça vaut rien, que le mal est fait, mais je te demande pardon. C'est allé beaucoup trop loin."

Ta gueule. Il s'excuse. C'est ignoble. Il vient de s'excuser. S'excuser de s'empoigner, s'excuser de frapper, de péter les plombs, s'excuser de m'étouffer. Le mal est fait. Tais toi. Mes larmes sèchent, et je suis toujours secoué, je te déteste, et je te tutoie en grand T. Le t, c'est la forme de la croix, c'est Jesus a qui on a fait sauter la tête. J'ai les yeux fermés. Je prie. Je vous en supplie. Je ne veux pas de l'abandon. Je ne veux pas du silence. Je ne veux pas du froid. Je ne veux pas de la solitude. S'il vous plait. Je vous en prie. Ca se tasse doucement comme le ressac de l'amer, j'échoue sur la rive. Je prie. Pour une bougie dans l'église, parce que quelque part dans la cathédrale poussiéreuse des sentiments, ca clignote. C'est fragile comme une flamme d'allumette. Ca passe. Et je ne suis pas tout seul. J'ai envie de me pendre. Tu es le dernier humain au monde avec lequel je voudrais me retrouver. Parce que je te lis comme un putain de bouquin, parce que tu parles la même langue que moi, parce que tu es allé TROP LOIN, nous sommes allés trop loin, parce que tu t'excuses quand tu devrais m'achever. Je ferme les yeux. Ne pense pas. Essaie de ne pas penser. Ni a toi, ni aux autres. Egocentrisme. Moi. J'ai la furieuse envie de foutre le camps. Là, maintenant, tout de suite. Je me redresse, et je me rend compte que la fatigue a anesthésié la douleur.

"Tu peux t'en occuper tout seul, si tu veux."

Trop aimable. Vraiment. Si tu me touches, je t'arrache les yeux avec les ongles. Parce que je les ai en entier aujourd'hui, et qu'un oeil ca doit être moins dur qu'un mur. Je suis sur que tu veux pas essayer. On aurait pas pu commencer par là non ? Non, il fallait en passer par les horreurs, les injures. J'attrape ce qu'il me tend en prenant garde à ne pas le toucher. Ne pas raviver les blessures. Je n'ai pas peur de lui. Malgré tout, je n'ai pas peur. Ou alors peut être que j'aime avoir peur. Mais je me mettrais sans doute à hurler si la lumière venait à s'éteindre maintenant. Je suis au bord de la folie. Sur le fil de l'épuisement. Funambule moral. Tout se barre.

"Est-ce que tu as été suivi après l'accident ?"

"Attentat."

Ca te regarde pas. Ca te regarde pas. Ta gueule. Je repose les compresses. J'ai fait ca a l'arrache, mais c'est couvert, ca ne saignera plus. J'ai l'habitude de me soigner tout seul. Je m'en fous. Je m'en fous totalement. J'ai besoin. Ce besoin me donne envie d'hurler. Mais je n'ai pas de voix. Elle s'est éteinte quelque part. Ca suffit. Rideau. Il.DOIT.ARRETER.DE.POSER.DES.QUESTIONS. Pas la dessus. Pas maintenant. ARRETE. Je suis assis a coté de lui, et je ne le regarde pas. Parce que son regard me ferait sans doute flancher. Je m'en fiche. Je m'approche et je le sent retenir sa respiration, en apnée. Je me coule entre ses bras. Ma voix claque, peut être un peu trop sèche, peut être un peu trop dure.

"Pourquoi tu supportes pas qu'on te touche ?"

Je pose ma tête sur son épaule, appuyé sur son torse. Son haleine ne sent pas l'alcool. Ce type sent le cuir et la cigarette. Je ferme les yeux, épuisé, cassé. Il ne bouge pas, figé en statue de sel. Et je m'endors en me disant qu'avec un peu de chance, j'érode gentiment la suffisance destructrice de monsieur le médecin scolaire. Je marmonne juste un bout de phrase, a l'envolée. Parce que c'est du donnant donnant ou rien et que t'es abonné au rien. Et que je ne veux rien donner. Refermer la cage au cauchemar, se serait bien. Mais le cauchemar est dedans, le cauchemar est dehors, le cauchemar est autre, le cauchemar est en chemise.

"Pas de questions... Que vous voudriez pas entendre"

Ta gueule en somme. Somme. Sommeil. Je m'endors contre la pierre. Sous les décombres. Dans une étreinte imagine. Désirée comme seul celui qui n'y aspire plus la désire. Ca n'a rien d'innocent, cet abandon. Ca n'a rien d'insouciant. J'espère bien que tu vas en crever, j'espère bien que tu seras mal à l'aise. Ce n'est pas parce que j'ai un besoin viscéral de réconfort. Ce n'est pas parce que tu es le seul qui puisse m'accorder ce dont j'ai besoin. Le seul a qui je doive prendre. Violence. Mais j'ai les bras pleins, parce que je te pille et qu'il y a des choses à voler.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyDim 8 Déc 2013 - 16:52

KYLE

Kyle, t'es un putain de connard. Voilà la seule chose que j'avais en tête.

C'est vrai quoi, qu'est-ce qu'il m'avait pris ? Après tout j'avais toujours été un homme avec un minimum de respect et de bon sens. Alors pourquoi ? Pourquoi avoir posé cette question ? Pourquoi avoir provoqué ? Pourquoi avoir voulu aller plus loin, toujours plus loin ? Pour montrer que j'avais raison, que j'étais plus malheureux que les autres. Je venais de me rendre compte que c'était une belle erreur. Une erreur monumentale. Bien sûr que June me manquait, bien sûr que sa mort avait laissé en moi un vide incommensurable. Elle était ma jumelle. Une moitié de moi qui était parti en même temps qu'elle. Je lui avais tenu la main jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce que la dernière miette de sa vie s'échappe en un petit filet d'air rejeté par ses poumons, avant le silence. Et le "bip" continu de la machine. Elle était morte. En un instant, en une petite seconde, ma vie s'était effondrée. Quelques semaines après, j'avais quitté ma petite amie du moment, sans un regret, sans une larme. En l'espace de quelques jours j'étais devenu une sorte de loque, un zombie, qui vaquait à ses occupations sans vraiment les voir, sans comprendre qu'on avait qu'une vie pour se morfondre ainsi, et qu'il était temps que je fasse autre chose. Non, je n'avais pas eu conscience de cela. Jusqu'à ce que Cassandre me tire de ce cauchemar pour me plonger dans un autre. Celui de la rancune. Celui de la souffrance.

En arrivant ici, j'avais cru laisser mes démons à Londres. Mais je m'étais trompé, lourdement. J'avais pris pour compagne une enfant aussi sauvage qu'attirante, au regard indomptable, qui avait tout de ma soeur. Qui avait souffert, elle aussi. J'avais calqué le modèle de June au travers d'elle, et je m'étais alors mis à l'aimer, plus que je l'aurais cru. Etais-ce tout ce qu'il me fallait ? Je l'ignorais. J'étais un homme détestable. Profondément malheureux, parce qu'il le voulait. Et pire encore, qui ne supportait pas de perdre. Alors que le gamin s'étouffait sous mon bras, je me mis à songer à cela. Ma phrase, je la regrettai aussitôt. Quoi qu'ait pu me dire ou me faire Azraël, il ne méritait pas une claque mentale comme celle-ci. Sa réaction confirma ma théorie. Et accentua un peu plus la force de mon regret. Son cri de bête blessée résonna dans toute la salle alors qu'il attrapait de nouveau mes poignets. Malgré le frisson je laissais faire. C'était ma punition. Et voir le regard perdu de ce gamin, c'était mon épée de Damoclès. J'avais brisé ses conviction, foutu par terre toute sa hargne, tout son petit personnage plein de dédain et de connerie, pour déterrer sous les décombres d'une catastrophe un enfant effrayé et choqué par un monceau d'atrocités qu'il avait dû toucher et enjamber. Mon rôle était l'exacte inverse pourtant, non ? Soigner les blessures, et non les réouvrir parce qu'on avait insulté ma soeur, ou qu'on m'avait touché. Pourquoi ? Pourquoi alors avais-je eu autant de mal à assimiler ça ? Toutes ces questions se mélangeaient dans ma tête alors que le petiot, tremblant de fureur, de peur et de chagrin m'assénait quelques mots de plus sur June, que j'entendis à peine. Je venais de comprendre que oui, d'autres pouvaient souffrir bien plus que moi, et que j'étais un putain d'égoïste.

Il leva les mains, cria. Hurla une vérité que je m'échinais à oublier depuis des années. Et pourtant, il fallait croire que ça faisait du bien qu'on me rappelle quel enculé j'étais. Il n'y avait pas d'autres mots. Voir l'amour de ma vie mourir n'avait pour autant pas fait de moi un coeur de pierre, mais un homme aigri et plein de haine. Je ne pus ressentir que des regrets. Des putains de regrets. Surtout au moment où les mains du gamin s'effondrèrent au sol, alors que sa voix éclatait en sanglots déchirants.

C'est beau, un homme qui pleure. On se sent faibles mais une femme ne peut qu'être attendrie par le regard d'un homme qui pleure. C'est tellement rare que c'est précieux. Mais je n'étais pas une femme. J'étais un autre homme, qui commençait à comprendre que faire pleurer un adolescent, cela ne faisait pas partie des compétences requises pour être un bon médecin. Je venais de le détruire, en l'espace de peu de temps. Pire, je l'avais frappé, je risquais gros. Mais me faire virer était bien le cadet de mes soucis. A cet instant, je songeais juste à quel monstre j'étais pour avoir ravivé les souvenirs d'un enfant terrifié. L'âme humaine est vraiment étrange. La mienne était pourrie. Je restais quelques instants pantois, incapable de décider quelle conduite adopter pour qu'il arrête de pleurer. Sa dernière phrase, à peine murmurée, ne me laissa pas indifférent et me causa une décharge identique à celle que je ressentais lorsqu'on me touchait. Je lâchais ma prise, reculais, et m'assis à côté de lui, tentant de remettre mes idées en place. Bon. Et maintenant, je faisais quoi ? Alors que cette pensée me rongeait, ma voix brisée prononça quelques mots, le visage baissé en direction du sol pour ne pas affronter la vue de cet enfant que je venais de casser en miettes.

"Moi non plus."


Je me levais, tentant de retrouver un semblant de contenance, cherchant dans mon esprit un moyen de calmer le jeu, une façon de me faire sinon pardonner, au moins oublier. C'était impossible, mais bon. Je me dirigeais vers mon bureau et tirai d'un petit freeser deux paquets de glace. Je posais l'une sur mon oeil blessé par le coup d'Azraël, et conservais l'autre dans ma main. A l'aide de mes quelques doigts libres, j'attrapais rapidement désinfectant et sparadrap, puis me rassis de nouveau devant le petit, qui n'avait pas bougé d'un pouce. Recroquevillé sur lui même comme un bébé, en position foetale, son corps tremblant sous l'assaut violent des sanglots, il me faisait de la peine, parce que tout cela, eh bien... C'était entièrement de ma faute. Je posais tout mon barda sur le sol, à quelques centimètres de lui. Pris mon visage en étau, entre mes mains. Je ne pourrais jamais rattraper cela. Me faire haïr était entièrement contre ma volonté. Nom de dieu, j'étais vraiment une sale crevure.

"Je... Putain, je suis désolé. Je sais que ça vaut rien, que le mal est fait, mais je te demande pardon. C'est allé beaucoup trop loin."


Je ne le touchais pas. J'aurais pu, mais il était trop recroquevillé sur lui même pour que je viole de nouveau son intimité en le touchant. Un long moment passa, le temps qu'il se calme, et que les tressautements de son corps ne soient plus qu'un souvenir. Que sa respiration redevienne calme. Cela mit du temps, beaucoup de temps. Tout ce temps que je passai, en silence, assis près de lui, prêt à intervenir au moindre problème. En silence. Un silence très embarrassant, mais je n'avais rien à dire qui puisse réparer tout le mal que je venais de faire. Finalement, lorsqu'il redressa sa tête, je pus constater que ses plaies s'étaient réouvertes. D'un geste calme, presque apeuré, je lui tendis désinfectant, pansement et glace.

"Tu peux t'en occuper tout seul, si tu veux."


Dans une situation pareille, que faire ? Fallait-il que je brise le silence au prix d'en prendre plein la gueule ? Mais je le méritais après tout. Je tentais une approche. A pas d'éléphant.

"Est-ce que tu as été suivi après l'accident ?"
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyDim 8 Déc 2013 - 14:39

AZRAËL

Petit récapitulatif de ma journée, pour le fun. Levé a 7h49, shoot dans le réveil qui n'a encore servit à rien, puisque sa sonnerie réveille toute la chambrée, mais pas moi. Saut dans la salle de bain, brosse a dents dans une main, fringues dans l'autre. Ressortir trempé a la recherche de chaussettes ou d'un slip ou parce que j'ai pris deux pulls au lieu d'un ensemble. Enfiler tout ca, et sautiller dans l'escalier pour finir de lasser mes grolles, mon sac à dos tressautant en rythme sur les épaules. Arriver en cours avec une minute de retard, aller a la vie scolaire en courant, mot de retard, cours, la faim jusqu'à midi bien installée qui se fait les griffes, bouffer à en crever au self, repartir en cours, appliquer la technique du boa. Gribouiller. Inventer un nouveau tag, revenir à l'ancien, ce besoin impérieux de sortir. La rue, enfin, la course, escalader, la façade, la chute. Le retour somnambule, la lumière trop vive de la lampe de poche en pleine face, la pièce blanche aseptisée, odeur citron, plongée dans le noir, mon sang couleur encre qui s'étale sur le mur. Sortir, choc encore, un corps contre un autre. Et cette partie de ping pong qui a démarré et qui semble devoir finir dans le rouge, chair et hémoglobine, steack tartare, peau retournée, tripes à l'air. 2 partout.

Un gout acre de sang sur la langue. Le sien. Envie de cracher par terre. J'ai envie de vomir. Il se tient contre le mur, qu'il a heurté en reculant. Grotesque. Pathétique. Touchant. Le le HAIS. Son image brule sur ma rétine, et il glisse comme un pantin jusqu'à terre. Il tremble. Moi non. Détaché. Je réalise. Les extrèmes. Je suis le mouvement de sa main sur son cou, mes yeux comme attachés a son geste, je vois le sang. Je n'arrive pas vraiment à m'en vouloir, mais cette vue fait retomber ma hargne. Je ne le hais pas. Je ne l'aime pas. D'ou ca vient, cette violence ? Je ne l'aime pas. Je ne le hais pas. C'est quelque part sur la corde raide, en balance entre les deux. Je n'ai pas pitié de la forme recroquevillée contre le mur. J'ai mal de l'avoir mordu. Mes bras s'enroulent autour de son corps pour le réconforter, autour de sa gorge pour l'étrangler. Je me vois l'étrangler. Cette idée termine de me rendre muet. Figé par l'acte, maintenant figé par la vue du liquide vermeil. Très loin de lui. Il relève la tête, je vois de la folie dans son regard, mais je suis tétanisé, vidé, avec la sale impression d'avoir failli quelque part : j'ai fait couler du sang.

Je le voit bondir au ralentit, et le choc me coupe le souffle et m'envoie valser. Il suit le mouvement, et je l'empoigne pour l'écarter de moi. On m'a mit la tête sous l'eau, et je n'arrive plus a respirer. Ou c'est son genou dans mon ventre. Du noir passe devant mes yeux. Ma main part comme si elle n'était pas a moi et je le gifle. Sa siffle. Ça heurte. Ça rentre. Ça claque. Le bruit sourd me ramène à la réalité aussi abruptement que ma chute de tout à l'heure. J'ai le gout de vivre au creux d'un moi qui ne m'appartient plus. J'ai le gout de vivre dans tout le corps, et je lui rend coup pour coup, puisqu'il est une menace à mon intégrité. ON M'ATTAQUE BORDEL ! Mes neurones en ébullition, la tête à l'envers, je pince sans tendresse la peau à portée, son genou se soulève, je me débat pour qu'il dégage, je crie parce que c'est la guerre, et que la guerre du silence consiste à en envoyer d'autres au front, alors que là, c'est moi contre lui, c'est de l'officiel. Je frappe comme je peux, les images en flash, trop rapide, ca s'empoigne, se bouscule, il couine, l''air entre dans mes poumons, ma main qui se ferme, mon bras qui se détend avec force, mon poing en contact avec sa figure. Deuxième gifle pour contenter l'autre côté de mon visage sur lequel on ne pouvait pas encore faire cuire d'oeuf, le compte est bon, je reste figé sous le choc. Ca papillonne en noir encore une fois. Sonné pour la deuxième fois, je rend les armes. Mon corps tendu par l'effort se ramollit un peu, une fraction de seconde. Je sent le poids de son corps sur mon estomac, et son bras en travers de ma gorge. Sur qu'il sentirait même si je déglutissait. Pour le moment c'est en blanc et noir. J'amorce un geste pour retirer son bras, il l'appuie d'avantage. Ma tête suit le mouvement, et mon regard rencontre le sien. C'est tout ce qu'il lui fallait pour me postillonner au visage, et il y va a long traits bien baveux. Du fiel qui me dégouline sur la figure.

"Je t'avais prévenu, connard !"

Deuxième. Manque de vocabulaire. Lui refiler mon dictionnaire d'argot. Côté tranche de préférence, et de suffisamment loin ou de suffisamment haut pour fendre en deux son nez à angle droit. Je rigole, son bras se ressere, je bouge de nouveau pour qu'il me lâche, son poids pèse un peu plus, il appuie encore. Ma poitrine se soulève furieusement pour chercher de l'oxygène, et je reste tranquille parce que respirer passe avant faire la guerre.

"En quoi ça t'intéresse mon bonheur, hm ?! Qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Je suis ton toubib, je suis pas là pour te dire si je suis heureux ou pas ! Et d'ailleurs je n'ai jamais rien dit de tel, pigé ? Seulement que j'avais tout ce que je voulais. Et il y a une nuance, petit merdeux ! Et June, elle t'aurait avoiné depuis une bonne heure, tu vois ?"

"Vous... êtes en train de m'étouffer"

Ma voix me semble parvenir de très loin, et je heurte mon coude contre le sol. La douleur est salutaire, ma vision s'éclaircit. Il relâche un peu la pression. Pas suffisamment pour que je puisse faire quoi que ce soit. Juste attraper son bras et lutter pour le tenir aussi moins que possible de ma gorge. J'ai l'impression de lutter contre un rocher, et se sont mes doigts qui appuient contre la peau rougie, je sens les battements affolés de mon coeur contre mes phalanges. Je lutte. Hargneux.

"Pourquoi t'as dessiné les deux tours, gamin ? Pour faire le malin ? Ou peut-être bien que tu y étais ? Ben alors, on la ramène moins ? T'as trop pris de béton sur la tête, ça doit être ça qui t'a rendu névrosé."

TOURS. BETON. Le noir sans les paupières, l'air qui se raréfie, l'espace qui rapetisse pour se concentrer juste sur lui, sur moi, sur son poids, sur l'univers qui se barre et qui tourne, se distend et se déforme. Il est en train de m'étrangler. Il est en train de m'étrangler. Le jour se fait quelque part sous ma caboche. CE TYPE M'ETRANGLE. Mourir. Son bras écrase les doigts contre ma gorge avec une telle force que je ne respire plus. Mon corps qui était devenu mou regimbe, mes yeux ou se couchaient un voile noir s'ouvrent en grand et je crie. L'air qui me restait dans les poumons s'expulse, la violence de l'acte le secoue, j'aggripe ses poignets avec toute la force dont je suis capable. Levés entre nous, je n'ai pas la force de faire plus, et je lui assène ce que je mon cerveau gueule, alors qu'il m'asphyxie pour me faire la lecon.

"Votre soeur est morte, j'en ai rien à foutre. Elle est morte."

J'assène. Je voit la douleur comme un coup qui s'abat, et je me cogne en même temps. Je parle de ma mère, je parle de mon père, je parle des soeurs que je n'aurais pas, je parle de la petite fille dont il ne restait que la tête, je parle de cette jambe anonyme, sans sexe et sans visage, je parle de ses femmes que j'ai enjambé, je parle de l'inconnue qui crève quelque part. Et j'ai mal parce que c'est douloureux. Ceux qui restent ont mal de la mort des autres.

"Oui j'y étais. Vous vous êtes vivant et vous êtes pire que mort. Mais vous cognez suffisamment pour elle. Vous voulez pas être heureux, ce que vous voulez c'est vous morfondre ET VOUS OSEZ ME PARLER DE RESPECT DEs MORTS ?"

Ma voix se précipite, heurtée, parce que les mots font mal, et que j'en ai assez, ce type est hermétique, ce type ne veux pas entendre, ce type me réponds des choses qui font mal, cesse donc de t'acharner, abandonne PUTAIN ! Abandonne. La chute de l'immeuble. Cette furieuse envie de dessiner. Je.ne.peux.pas. Incapable. Ma voix a enflé sur le dernier acte. Mes doigts relâchent leur prise. Glissent par terre. Parce que je n'en peux plus. Mon dos meurtri, mes mains écorchées, mes coudes en sang, les côtes meurtries, et l'âme en miettes. Oui j'y étais. Vous avez pu subir ce que vous voulez, vous n'avez pas vu. Vous n'avez par ramassé de jambe, vous n'avez pas touché l'os à nu, vous n'avez pas enjambé les cadavres, vous n'avez pas vécu ca. ALORS ARRETEZ ET SORTEZ DE MA TETE !

"Je peux pas en avoir rien a foutre de vous"

Un filet de voix. Je ne sent pas les larmes crasses. Je sais qu'elles sont là parce que j'y vois flou. Je pleure à cause de ce type. Je pleure pour se type. Constatation douloureuse, parce que tu tisse un lien qui vient chercher quelque part dans mes tripes, la ou personne ne va, parce que mes tripes, a part ma mère à l'heure de ma conception, personne ne les a tripotées. Couché sur le dallage, écrasé par un médecin qui se plaît à se piller lui même pour pouvoir éroder son entourage. Poudre de verre.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyJeu 7 Nov 2013 - 23:34

KYLE

Putain putain putain putain.

Non. Non ! Je ne comprends pas. Je ne comprendrais sans doute jamais. Pourquoi lui, et pourquoi moi ? Pourquoi avais-je osé, moi, le petit médecin sans histoires, le bonhomme bourru qui ne sort jamais de ses gonds, comment avais-je pu me laisser dominer par un... Môme ? Un môme au regard sauvage. Un petit bonhomme qui osa pourtant poser ses mains sur moi. Qui commit l'erreur fatale, puis qui insulta mon recueillement à l'égard de ma soeur. Je n'aurais pas pu garder mon sang-froid. Peut-être parce que la fatigue avait eu raison de moi, peut-être parce son contact, à la fois électrisant et immonde, agréable et terrible, attirant et répulsif, avait fait de moi un être prisonnier d'un regard. Mon cerveau tournait à l'envers. Perdu dans une action qui allait trop vite pour moi, je ne parvins même pas à avoir le recul nécessaire pour reprendre les choses calmement. Il m'énervait. Il m'énervait bien trop. Je ne pouvais plus réfléchir à cause de lui. C'était étrange. Même Cassandre, même Eva, jamais ne m'avaient fait un effet pareil. Malgré tous ses efforts, jamais Cassandre ne parvint à provoquer chez moi un flot de fureur tel que celui que je ressentais vis à vis du gamin. Et je lui en voulais pour cela. Toutes ces années j'étais resté le même. Je n'avais jamais cherché à changer.De mon esprit, était née une discipline de fer, un calme presque ascétique, presque inquiétant. Et, en l'espace d'une heure à peine, cet immonde petit cancrelat venait de jeter à bas toutes ces années de discipline. Cette idée m'était tout bonnement insupportable.

Et je n'étais pas au bout de mes peines.

Brusquement, deux mains chaudes vinrent se refermer sur mes joues. J'eus un mouvement de recul, tenant presque de la décharge électrique, mais rien n'y fit. Ses mains, fermes, ne me lachèrent pas. Il ne me lâchait pas. Il ne me libéra pas. Alors, après ce mouvement instinctif, mon corps devint aussi dur que de la pierre. Il n'y avait pas un muscle relâché dans tout mon être, j'étais tendu comme un arc. Je pus sortir un rapprochement sensible de son corps tout entier contre le mien.
Non. Non, non, non, NON !!! PAS CA !!
Mais si.
Un ange passa, le temps que cet affreux connard referme un peu plus les étaux lui servant de mains sur mon visage, approchant sa propre tête de mon cou. La moindre respiration de sa part alla se déposer près de mon oreille, et au premier je fus pris de tremblement violent. Du dégoût. Oui, c'était forcément du dégoût. Rien d'autre. Ces frissons n'étaient que du dégoût. Il ne recula pas. Il ne bougea pas. Ne trahit pas la moindre émotion, si ce n'était la jouissance du bourreau prenant plaisir à faire son travail. Il fallait que cela cesse. Mais je n'avais pas la force de faire le moindre mouvement. Il me sembla presque qu'en inspirant l'odeur de mon cou, il aspirait mon âme, ma chair, mon énergie. Je fermais aussitôt les yeux, tentant d'oublier qu'accroché à ma gorge, les lèvres chaudes à quelques millimètres de ma peau, me touchant de part en part, se trouvait un élève. Un élève qui riait à mon oreille, un rire outrageux de triomphe. Un tutoiement et une provocation. J'accrochai mes mains à ses poignets et tirai. Mais j'étais impuissant. Il savait ce qui me faisait mal. Il savait. Et c'était insoutenable.

A dix-sept ans, je m'étais mis à refuser brusquement tout contact physique avec tous mes proches, à l'exception de June. Pete pensa d'abord que mon comportement était celui d'un ado basique, en pleine crise. Mais cela alla beaucoup plus loin que tout ce qu'il aurait pu songer. Les années passèrent, et mon adolescence s'évapora comme neige au soleil. Pour autant, je ne parvins toujours pas à laisser ma mère me prendre dans ses bras. Le moindre contact provoquait chez moi une terrible décharge électrique. Dans le cas d'Azraël, ces décharges étaient accompagnées d'étranges frissons. Ma mère pleura longtemps, la perte de notre lien physique. Jusqu'à sa mort, en fait. Elle crut longtemps que je ne l'aimais plus. Et malgré tous mes efforts, jamais elle ne comprit que le problème ne venait pas d'elle, ni de moi, mais d'autre chose. Quelque chose qui me terrifiait encore. Quelque chose qui remuait dans mon esprit, au travers du brouillard. Au travers de ma peur. Parce que je ne m'en rappelais pas, mais mon corps lui, se souvenait très bien.

Quelques mots, un cri. Une insulte. C'était de bonne guerre. Je ne m'offusquais même pas du ton qu'il prit. C'était comme de l'eau glissant sur les plumes d'un oiseau. J'étais bien trop sous le choc pour comprendre. Mes mains se refermèrent un peu plus fort sur se poignets. A m'en faire mal aux phalanges.

Et soudain, le geste.

Tout alla si vite que je n'eus même pas le loisir de crier. Ses dents se plantèrent dans ma gorge avec violence. L'action dura une fraction de secondes, mais sa frappe fut tellement violente, tellement imprévisible, vive et douloureuse que ma première réaction fut de réprimer un hurlement étouffé, puis de serrer les poings pour frapper son plexus solaire. Il ne m'en laissa pas le temps. D'un geste aussi vif que sa morsure, il me poussa et se jeta lui-même en arrière, surpris lui même par la violence et la surprenante idiotie de son geste enfantin. Il venait de mordre quelqu'un. Cela aurait été très risible à raconter, mais pour moi ce n'était pas drôle du tout. La choc me plaqua contre le mur, et je me rétamais par terre, tremblant de tous mes membres. Une douleur forte s'accompagna de mon rétamage serré sur le cul, et je passai ma main sur mon cou. Du... DU SANG. Ce con m'avait mordu jusqu'au sang. Et il parlait encore de June ! Je relevais vivement la tête, tentant de maîtriser les tremblements violents qui avaient pris possession, une nouvelle fois, de mon corps. Comme si un pikachu venait de me balancer un Fatal-Foudre. Un truc de barré quoi. Mais pour l'heure, je n'avais qu'une idée en tête. Il fallait que je lui réponde.

Et que je lui arrache la tête.

Je me levais d'un bond, et me jetais sur l'élève. Je n'avais plus besoin de la moindre réflexion. J'allais lui péter la gueule, un point c'est tout. J'allais lui apprendre à tenir sa langue, j'allais lui montrer qu'on ne me faisait pas saigner impunément. Et qu'on n'avait pas le droit de me toucher. Je le percutais de tout mon poids, nous faisant tomber tous les deux sur le sol. Une lutta acharnée commença, durant laquelle j'eus du mal à distinguer où se trouvaient les différentes parties du corps de l'élève. Je frappais au hasard, essayant de le maîtriser pour lui faire comprendre que je n'étais pas un petit rigolo. Finalement, au bout d'un long moment de lutte durant lequel je pris un coup de poing dans l'oeil qui allait probablement me coller un sacré cocard le lendemain, je parvins à immobiliser le bonhomme, tant bien que mal. Je n'avais plus de forces. Lui, allongé sur le dos, par terre, et moi à califourchon sur son ventre, un bras sous sa gorge pour le dissiper de faire le moindre geste compromettant. J'allais lui apprendre.

"Je t'avais prévenu, connard !"
crachais-je à son visage, ivre de rage.

Je l'avais prévenu de ne pas me toucher. Ni de parler de ma soeur. Il venait d'enfreindre deux règles en deux minutes, et maintenant il allait en payer le prix.

"En quoi ça t'intéresse mon bonheur, hm ?! Qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Je suis ton toubib, je suis pas là pour te dire si je suis heureux ou pas ! Et d'ailleurs je n'ai jamais rien dit de tel, pigé ? Seulement que j'avais tout ce que je voulais. Et il y a une nuance, petit merdeux !"


Je pris une respiration, histoire de calmer ma rage. Ah, loupé.

"Et June, elle t'aurait avoiné depuis une bonne heure, tu vois ?"


Et c'était vrai. Ma soeur n'avais aucune patience. Elle était parfaitement du genre à taper d'abord, et poser des questions ensuite. C'était pour cela que j'aimais Eva. J'avais cru retrouver le miroir de June au travers d'elle. Finalement, un sourire narquois se dessina sur mon visage.

"Pourquoi t'as dessiné les deux tours, gamin ? Pour faire le malin ? Ou peut-être bien que tu y étais ? Ben alors, on la ramène moins ? T'as trop pris de béton sur la tête, ça doit être ça qui t'a rendu névrosé."

Mon bras raffermit son emprise sur sa gorge. Il ne me toucherait pas, pas cette fois.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyLun 4 Nov 2013 - 23:26

AZRAËL

Il pose le café devant moi sans rien dire, et je l'observe sucrer le sien. Ce type boit du caramel. Je grimace légèrement, avant de sourire. Bon, je trouve ça drôle. Un type aussi guindé qui bouffe son café à la cuillère, parce qu'il y a tellement de sucre dedans que ca doit se solidifier tout seul, ça a un côté attrayant. Il a l'air d'un iceberg et il boit des cafés qui ressemblent vaguement à de petits oursons : beaucoup trop doux, bref, écœurants. J'avale une gorgée du café et repose la tasse avant de l'assassiner du regard parce qu'il n’arrête pas de me zieuter et que j'aime pas ca.

Ce type est dérangé. Profondément, parfaitement dérangé. Il fait le tour du bureau et me fixe comme s'il avait vu la vierge. Je suis bien tenté de me foutre à poil et de dandiner du cul, mais la de suite, j'ai un manque de motivation certaine. Je viens de lui mettre dans les dents qu'il joue au zombie depuis le décès de sa soeur, et lui il reste stoïque. Ce type me tue. Il n'est. PAS. humain. Voilà, c'était simple ! On nage en plein délire depuis que je suis entré dans cette infirmerie après tout. Et puis quand toutes les hypothèses plausibles ont été éliminées, reste l'improbable, du moment que cela reste logique. En fait, il doit se limer les oreilles tout les matins. Tout est clair à présent. Ce type, c'est Spock déguisé. Ou un autre de ses copains vulcains. Pas de sentiment. Une putain de machine. Mais ce n'est pas vrai. Parce que s'il n'ouvre pas la bouche, son visage est très expressif. La grimace pour dire que ca le blesse, et la colère. Je met une seconde pour comprendre pourquoi. Ouais bon, personne n'aime qu'on vous mette le nez dans votre merde, moi en premier. La colère ne passe pas. Il fait le tour du bureau pour revenir vers moi, et bien qu'il avance très lentement, son regard a pris une lueur dangereuse que je connais bien. Et qui me hérisse les poils. Mon coude se rappelle soudainement à moi. L'instinct de conservation, qu'on appelle ça. Dommage qu'il se réveille TOUJOURS après que j'ai ouvert ma grande gueule. Un jour, je me ferais dessouder, c'est tout.
J'aurais la bonne idée de me dire que j'aurais du me taire en agonisant sur le sol. Pathétique.

Mon père ne ma pas battu, mais il buvait beaucoup, et quelquefois, ses yeux prenaient cet aspect métallique qui annonçait les coups. Oh, rarement. Et souvent, c'était moi qui provoquait cette réaction. Mon père se foutait royalement de savoir si je vivais ou non, oubliant de me faire à manger ou de s’inquiéter de moi, tout simplement. J'étais un enfant abandonné, un jeune adolescent orphelin. Je m’accommodais comme je pouvais de cette situation. Quand il avait trop bu, il se rappelait soudain de mon existence, et se rependait comme une serpillière. Il m'attrapait et me forçait au contact, avec son haleine fétide chargée d'une odeur de mauvais vin et sa bouche un peu baveuse, pâteuse de ce trop d'alcool. Câlins, bisous, et puis "je t'aime" et "tu ressembles tellement à ta mère". Ça ca me défrise toujours quand j'y pense. Ma mère était BELLE. Bordel. Bref, comme les enfants sont méchants, et que même si je n'étais plus vraiment un enfant, j'étais déjà méchant quand même, je l'envoyais se faire voir, profondément horrifié par ces soudaines crises d'attention, que j’espérais désespérément le reste du temps. C'est a dire quand il était sobre et occupé à se saouler pour oublier. Mon père ivre ne m'inspirais que du dégoût. Je passais toujours après la bouteille. Bref, le refus passe toujours mal, se prendre un râteau par son fils ca fait grincer des dents, et quand on est bourré, VRAIMENT BOURRÉ, on a plus de limites. Généralement, je le sentais toujours venir, et je prenais la poudre d'escampette, flânant dehors pendant quelques heures histoire d'être sûr qu'il dormirait lorsque je rentrerais. Au bout du compte, mon père ne m'étais tombé dessus que deux fois. C'était bien suffisant pour que je m'en rappelle et pour que mon squelette en porte les marques. Je n'en ressort pas traumatisé en tout cas. Je n'ai jamais pris de dérouillée par mes petits camarades à la sortie de l'école, comme une grande majorité de mioches. Voilà qui devrait compenser la balance cosmique. Certaines choses transparaissent aux radios. On m'a fait la remarque la première fois que j'ai fini a l'hosto. Psy et compagnie. Sauf qu'après, j'ai continué d'y aller. J'ai trop de fractures causées par mes "exploits" pour que celles-là se remarquent dans la masse. Je recule d'une façon tout à fait sensible, et ma chaise recule en même temps que moi, raclant légèrement le sol.

Frappe-moi pas.

En fait si. Il ferme le poing, lève le bras, et cogne. Je lève les bras devant mon visage pour me protéger du coup, mais trop tard. Je bute sur son bras tendu, et une douleur cuisante assaille mon visage, du côté droit. PUTAIN. Ma tète part en arrière sous le choc.  Lui se recule aussitôt, et moi je me lève dans la foulée. La chaise s'échoue sur le sol avec un certain fracas, et je recule suffisamment pour me mettre hors de portée. PUTAIN. Mais qu'est ce qui ne va pas avec ce type ? Soit il se la joue hyper sensible et un PEU TROP VIOLENT soit il se prend pour balais-man. CHOISIS BORDEL. Ma main va a ma joue par réflexe. C'est kitsch, mais si vous voulez, on peut faire le test. Je vous tire une gifle et on va voir si vous allez pas vous tâter pour vérifier que j'vous ai pas enlevé un morceau. Mon regard est celui d'un gosse scandalisé. Bon, je savais très bien ce qui allait se passer. Mais il m'a frappé PUTAIN.

« Je… Tu… »

"Nous, vous, ils. Vous êtes MALADE !"

Il oscille et moi je recule encore parce que franchement, une baffe, ça suffit.

« Sale petit con. »

Sale vieux con. J'ouvre la bouche et je la referme. J'ai rien à répondre à ça. A part Sale pédale coincé du cul, bâtard et j'en passe. Mais la surenchère n'emmène à rien, a part à une autre mandale, et je suis pas maso. Il retourne s’asseoir et moi, je reste loin. Pas fou. Il me jette un regard de roquet mal... Bref, un regard PAS CONTENT, que je lui rend bien.

« Tu as eu ce que tu voulais ? c’est bon ? Dis  moi  gamin, on t’a appris à honorer la mémoire des morts ? Pas seulement des tiens, mais aussi ceux des autres ? Tu peux bien me prendre pour tout ce que tu veux. Un vieux con givré, si tu veux, même me faire passer pour le pire enfoiré de tous les Etats Unis, c’est pas un problème pour moi. »

Là, je m'approche, parce que mon instinct de survie c'est de nouveau barré, et que je veux lui en foutre une moi aussi, vu qu'on en vient aux mains. Qui me parle d'honorer la mémoire des morts ? Surement pas lui, dites moi que je rêve ! Mais je ne peux pas rêver parce que je serais sans doute en train de me branler : Y'a encore qu'avec l'orgasme qu'on atteint le septième ciel. Là, il va tout de même quasiment aussi haut dans le domaine de la connerie. Tu crois que tu l'honores, ta soeur, en jouant les pingouins et en revisitant le mythe de Dracula ? Taré. Je m'approche, parce que je veux faire sauter les dents de cette bouche venimeuse et sale. La mémoire des morts, c'est le job à plein temps que je me suis fixé. Alors forcément, ces paroles ne me font pas vibrer, excusez moi du peu. Sauf qu'il à la bonne idée de planter les mains sur le bureau et de venir coller son nez de rapace a quelques centimètres du mien.

« Mais ne t’avise plus ni de me toucher, ni de parler de June sur ce ton. »

Comme il a pas l'air d'en avoir fini, je prend mon mal  en patience. Il se lève, et fait le tour du bureau. Encore. Il va encore me frapper ou bien ? Mes mains se posent sur son col, parce que je vais vraiment le défoncer. Il a l'air de ne pas trop aimer ça, mais je m'en tamponne le coquillard avec un patte d'alligator femelle. Vas-y, cogne, parce que j'ai bien envie de te rendre ce coup-ci. Il regarde mon dessin. Et c'est la phrase de trop.

« A propos de drame, j’aimerais bien savoir pourquoi ton œuvre d’art semble s’y méprendre au World Trade Center. »

PUTE. Il a reconnu les deux tours dans mon gribouillage. Il ose me parler de drame avec cet air désinvolte juste après m'avoir tourné son poing dans la figure. S'il se sent insulté parce que je lui ai mit dans la tronche qu'il se laissait crever parce que sa soeur a passé l'arme à gauche, le simple fait qu'il m’interroge là dessus dans cette situation, ou le simple fait qu'il m'interroge tout court suffit. J'attrape son visage à deux mains, je lui laisse le temps de se rendre bien compte que je le tient, parce que mon corps c'est significativement rapproché du sien. Pas que ça me ravisse, mais en réalité, il me semble que le cogner, ce serait moins fort et moins douloureux que ça.

DONC CRÈVE. J'ai une vision fugace d'Harry Potter avec ses mains pleines de cambouis  plaquées sur la tronche de Quirell. Sauf que je suis pas bigleux donc j'évite de lui foutre les doigts dans l'oeil ou dans la bouche. Il pourrait me mordre. Hors, ca, c'est tout à fait mon idée et j'voudrais clairement pas qu'il me la pique. Je sens sa respiration se bloquer, parce que j'ai collé ma bouche affreusement près de son oreille, a ce sale con. Petit ricanement. Mon souffle se heurte contre sa peau, et même pour moi c'est vraiment trop près, mais là j'ai de l'adrénaline liquide dans les veines. Ce type, c'est l'Everest.

"Et tu vas faire quoi, te plaindre au dirlo ? Nan dis le moi quand tu iras, je viendrais avec toi, promis."


Le vouvoiement est allé se faire foutre, et la politesse avec. Ils se tiennent à la queue leu-leu, et ils adorent ça, c'est sur. Ses mains se referment sur mes poignets pour les écarter et mes doigts se resserrent. Sans le blesser. Sans le lâcher non plus. Si tu crois que j'en ai fini, tu te trompes. Tu m'as violenté physiquement par deux fois. Je t'en dois une. Je colle mon corps de jeune prépubère à celui du grand père et il tressaille de dégoût. Ma bouche effleure son oreille, parce que s'il faut être sadique je le serais sans aucun problème. Même si cette forme de sadisme ouvre tout un horizon de questions. Heureusement qu'action rime souvent avec "cerveau vide".

"Ne.T'avise.plus.de.me.cogner.CONNARD."

Là, plusieurs options s'offrent à moi. Reculer et lui octroyer un véritable coup de boule. Lui tourner une droite théâtrale. Mais non. Je ne vais pas m'abaisser à le cogner. Ses mains crispées ne m'éloignent plus, elles me serrent simplement, suffisamment pour imprimer de jolies marques, j'en suis sûr. Ca termine de me mettre les couilles à l'envers. MARRE QUE TU ME FASSES MAL. Je croise son regard en biais, et ce qu'il lit dans le mien a l'air de lui faire peur. Tant mieux. Je plante les dents dans son cou. Je suis pas un putain de vampire à la Twiligth, mais j'espère bien que ta femme va se faire la vie pour ça. Je ne fais pas semblant, je plante véritablement les dents, et rien à foutre si la peau cède, je te jure qu'avec ça tu vas pas m'oublier demain. Tu penseras à moi en sortant de la douche et en enfilant tes putains de foulards, promis. Tes mains se décrispent et je suppose que tu vas encore me frapper, mais voilà, je te repousse de toute la force de mes petites mains musclées et tu recules de quelques pas sous l'impact. Moi, j'ai fait un bond en arrière.

MAIS QU'EST CE QUI M'A PRIS ?! Je passe une main sur mon visage. J'hallucine. SÉRIEUSEMENT. Je viens de le mordre. Je viens sérieusement de le mordre.
Il tremble et moi aussi. On va ouvrir une classe de spasmophiliques, filmer, mettre ca sur You Tube et se faire du fric. Je lui péterais les dents pour ramasser toute la thune. Ta June, je ne la connais pas, mais c'est sur qu'elle devait être plus sympathique que toi.

"Ne parlez pas de mes gribouillages alors que vous ne supportez pas qu'on vous réponde ! Je parle de June sur le ton que je veux, puisque je ne parle pas d'elle mais de vous. Elle, elle doit avoir honte. Et franchement j'aurais honte à votre place. C'est quoi le problème, j'ai appuyé ou ca fait mal ? Et puis me parlez pas d'honorer les morts alors que vous crachez qu'avoir des rêves ne sert à rien et que vous êtes parfaitement HEUREUX BORDEL"

J'ai un peu crié sur la fin parce que ce type me met hors de moi. Et je me suis rapproché aussi, parce que la colère, ben ca crée du rapprochement, que voulez-vous ? Sur les deux tours, pas un mot. La phrase à atteint son but, alors maintenant, occupes toi de toi et de tes nerfs en pelote, rage et pleure mais ne viens pas jouer dans ma cour, merci mais non merci.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyLun 4 Nov 2013 - 21:02

KYLE

Il y avait quelque chose chez ce jeune homme, quelque chose qui m’énervait et me fascinait à la fois. Je savais parfaitement que mon regard en disait long sur ce que je pensais et ressentais. J’avais plutôt tendance à le fixer, dans le cas présent, et je savais qu’au moindre faux pas, j’allais prendre cher.
Certes, je n’étais pas le genre d’homme à prendre en compte mon ressenti personnel lorsque je m’adressais à un patient. En vérité, j’avais tendance à subir, moi aussi, de mon silence et de mon calme. Je voguais dans un univers un peu trop grand pour moi, depuis la mort de June. Je n’avais plus d’idéal, plus de volonté, plus d’envie. Et c’était pour cette raison précise que Cassandre m’avait quitté. Parce qu’avec les femmes, je n’étais qu’un légume, un légume sans âme et sans volonté. Sans envie de faire le moindre effort pour les autres, cela me paraissait bien trop superflu. Alors je l’avais délaissée. Un petit peu, d’abord, au profit de mon fils, puis énormément, au point de passer mes soirées en compagnie d’un livre qu’avec elle. Au début, elle n’avait rien dit. Elle s’était contentée de demander avec les yeux, anxieuse et confuse, pourquoi son mari la rejetait comme un déchet qu’on abandonne aux ordures, sans le moindre regard en arrière. Puis elle ne demanda plus, et ses yeux ne furent plus que le reflet triste et frustré de son exaspération. Le soir, elle lisait elle aussi, dos à moi, allongée sur le côté, lumière allumée parfois jusqu’à une heure du matin. Se demandant sans doute pourquoi elle n’avait pas écouté sa mère, pourquoi elle avait épousé ce traine savate qui passait ses journées et ses nuits à vaquer à des affaires dont elle n’avait plus l’exclusivité. Elle aménagea ensuite son étagère personnelle dans laquelle elle prit un plaisir malsain à ranger des livres psycologiques tels que « Pourquoi mon mari ne me touche plus » « Mon homme est impuissant » « mes erreurs de jeunesse » et j’en passe. Et si la plupart des choses avaient un rapport concret avec le sexe, il y en avait aussi qui attaquaient un peu plus, sur ma condition de médecin, sur mes lectures, mon travail. Elle fut d’autant plus énervée de constater que sa méchanceté eut un impact sur moi aussi fort que si on m’avait jeté une petit brindille sur le nez. Alors elle le devint encore plus. Sa méchanceté s’aiguisa, devint plus froide et plus agressive, et j’eus droit à des scènes de ménage à répétition, chaque soir, chaque week end. J’avais interdiction de mettre le moindre pied chez ses parents. Ni chez ses amis. D’amants, nous étions passés à colocataires, en l’espace de deux ans. Tout cela à cause de June. Je finis par demander le divorce, pour le bien de mon fils. Je ne voulais pas que ma bêtise soit responsable de sa mauvaise éducation.
Elle pleura, le jour où je la quittais. Mais même ses larmes n’eurent pas le moindre effet sur moi.


Je ne savais pas pourquoi je pensais à Cassandre à ce moment là. Peut-être que parce qu’au travers du regard de défi mêlé de colère que me lançait, en biais, le gamin, je reconnaissais là le jeu de mesquinerie auquel elle s’était livré pendant des mois. Le jeu du non-dit, ou du tout-dit-avec-le-regard. Je ressentais beaucoup de colère, de haine viscérale vis-à-vis de moi de la part d’Azraël. Et je pouvais comprendre pourquoi. Après tout, j’avais vidé une fiole d’alcool concentré sur son bras. Le genre de truc qui ne donne pas vraiment envie de m’adresser une petite accolade, m’voyez. Je ne parvins pas trop à percevoir le grommellement dans sa voix, à la suite de mes paroles. Mais j’étais persuadé que cela n’avait rien de gentil.

Finalement, il me réclama un café noir, que je lui servis en même temps que le mien. J’y mettais toujours deux sucres. Parce que caféine + sucre ça réveille doublement. Enfin, c’était ce que je me confortais à m’imaginer pour justifier le fait que je buvais de la merde à longueur de journée. De la merde qui faisait grossir. Vachement grossir, même. Accoudé au mur, face à lui, je me surpris à le regarder un peu plus longuement. En fait, j’avais besoin de ce caf, d’abord, parce que je n’avais pas eu le temps d’en boire un avant de partir, et aussi parce qu’il m’avait touché. J’étais allergique au contact, totalement allergique. Il l’avait certainement compris. Un frissonnement de dégoût me parcourut, alors que je repensais à cette main, cette main sale, cette main dégoutante, se poser sur le tissus de mon veston, puis sur mon visage. Sur mon putain de visage. Voilà pourquoi je regarde. Pour ne jamais oublier le visage d’ange de celui qui a commis ce sacrilège. Mes mains en trembleraient encore. Mais est-ce seulement pour cela ?

Je n’ai pas le temps de songer à un autre cas de figure. Déjà le silence se brise. Violemment. Les mots tombent de la bouche du gamin comme un couperet, des mots amers et pleins de ressentiment. Des mots qui semblent cacher autre chose, bien au-dessus de ce que je crois être de la provocation. Non, c’est pire. D’un geste brusque, je détache mon regard et pars m’asseoir derrière mon bureau, pris d’un vertige. Il a dit morte, il l’a accentué. Ignore-t-il donc tout de la politesse, de la compassion ? Non, sans doute, mais il n’a pas envie de m’en faire profiter. Cet ignoble gamin est le démon personnifié. Ma jumelle était ma vie. Elle était mon sang, et je savais parfaitement que depuis sa mort, j’avais perdu tout goût, toute envie. Je vivais comme un fantôme. Comme un exilé qui rêverait à sa ville natale. Moi, je rêvais à ma tendre sœur. Elle était morte dans mes bras, exténuée par la faim, la fatigue, la maladie, et les coups de Carter, qui n’avait jamais cessé de la martyriser, même quelques jours avant sa mort. Comment avais-je pu laisser faire une chose pareille ? Est-ce que je méritais la mort pour ne pas l’avoir sauvée ? Je jetais au garçon un regard noir. Puis reposais mes yeux sur mon bureau. Je n’avais jamais parlé de ma sœur. Même pas à Cassandre, même pas à Eva. Cassandre sut que j’avais une jumelle le jour où ma mère échappa son prénom lors d’un repas de famille. Lorsqu’elle s’étonna de mon impasse totale sur elle, je lui dit que June était sortie de ma vie à cause de son mec. Mais c’était faux. June errait encore dans ma mémoire. Et j’entendais encore sa voix chaleureuse me chanter « Hey Jude », qu’elle avait changé en « Hey June » pour faire « son prénom ». C’était ma perle de beauté. Le soleil de ma vie. Et le jour de sa mort, je sus que sans elle, je ne pourrais avoir une belle vie. Aimer une femme, l’épouser et vivre heureux. J’honorais sa mémoire avant d’honorer les vivants, Olie, mon fils, faisant seule exception. Pourquoi, alors que je n’avais jamais parlé de ma sœur, avais-je décidé de l’évoquer en face d’un gamin stupide et vantard qui m’agaçait au plus haut point ? Pourquoi m’étais-je senti touché par le dessin qu’il avait fait, par son regard de chat sauvage, et sa voix moqueuse et hostile ? C’était un mystère. Je n’avais pas de réponse. En revanche, pour ce qui était de ce qu’il venait de dire, j’en avais une toute prête.

Je me levais, lentement. Fis quelques pas vers lui. Il eut un mouvement de recul. Oui, normal. Je rassemblais alors mes maigres forces dans mon petit poing et, sans prévenir, sans avertir, sans esquisser le moindre haussement de sourcil l’avertissant de mon geste, je levais mon bras gauche et le frappai alors de toutes mes forces.

Le choc de l’impact le fit basculer en arrière, mais il ne tomba pas de sa chaise. Mon poing l’atteignit à à la joue droite. Et puis, aussi vite que je l’avais frappé, je me jetais alors en arrière, pétrifié d’horreur. Je venais de mettre une droite à un gamin. A un élève. Je risquais la radiation, mon travail, et même la prison, s’il s’avisait d’ouvrir sa gueule. Pourtant, la fureur, une nouvelle fois, avait pris le dessus sur la raison. Il m’avait insulté, et ma sœur avec, alors qu’il ne savait rien. C’était aussi grave que me toucher.

« Je… Tu… »


Les mots s’entravaient dans ma bouche. J’étais partagé entre l’horreur de mon acte et la colère, suite à ses paroles. Je fus incapable de prononcer le moindre mot pendant quelques secondes, avant que finalement, je puisse articuler trois mots.

« Sale petit con. »


Bas les masques. L’alcool, ce n’était rien. Ça, c’était plus grave. Et même si le coup n’avait pas dû lui faire bien mal, je venais de commettre l’irréparable. Et le pire… C’était que malgré la peur de perdre mon job, malgré la cruauté et la violence de mon acte… Je me foutais pas mal des conséquences. Mes fesses allèrent se poser sur la fauteuil. J’étais vidé de toute énergie. Malgré le café. Malgré tout ce que j’avais fait pour tenir tête à ce gamin. Il était infiniment plus fort que moi. Je le savais. Par deux fois, j’avais eu recours à la violence pour me protéger. Deux échecs. Je levais la tête vers lui et lui jetais un regard furibond. Et honteux.

« Tu as eu ce que tu voulais ? c’est bon ? Dis moi gamin, on t’a appris à honorer la mémoire des morts ? Pas seulement des tiens, mais aussi ceux des autres ? Tu peux bien me prendre pour tout ce que tu veux. Un vieux con givré, si tu veux, même me faire passer pour le pire enfoiré de tous les Etats Unis, c’est pas un problème pour moi. »


Mon visage alla alors se planter à quelques centimètres du sien. Sans le toucher. Non, hors de question de le toucher.

« Mais ne t’avise plus ni de me toucher, ni de parler de June sur ce ton. »


Je levais la tête, et regardais un moment son dessin. Une nouvelle fois. Puis m’écartais, et lui fis face, debout devant lui.

« A propos de drame, j’aimerais bien savoir pourquoi ton œuvre d’art semble s’y méprendre au World Trade Center. »
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyDim 27 Oct 2013 - 20:36

AZRAËL

Surtout, ne pas le regarder. Ses mains se posent de nouveau sur moi et mon estomac se tord d'une étrange manière. Je sers les dents, pas à cause de la douleur, mais parce que ca m'horripile de me faire tripoter comme ça. Les bonnes vieilles infirmières ne m'ont jamais gêné. Mais là, je voudrais juste foutre le camps le plus vite possible. Il est doux, et j'ai encore plus envie de lui éclater la tronche qu'avant. C'est quoi ton délire là, tu veux pas envoyer des pétales de roses pendant qu'on y est ? J'entends les violons, et j'ai vaguement envie de dégueuler maintenant du coup tu vois ? SURTOUT, NE PAS LE REGARDER. Je suis mortifié. J'ai honte. Putain. Me retrouver dans le noir, même une infime seconde, face à ce type. Il a vu a quel point j'ai flippé. Je déteste ça.

C'est long, ces minutes qui s'égrènent avec ses mains sur moi. Lui, toucher les autres, ça a pas l'air de lui déplaire plus que ça. Je dirais même qu'il a l'air d'en avoir rien à foutre, comme s'il manipulait un beaf-steack. Moi ca m'donne envie de mordre. Mais par contre, qu'on pose la main sur lui... J'ai croisé son regard juste avant que la lumière ne s'éteigne. Il était outrageusement près. J'ai eu l'envie fugace de lui donner un coup de boule. Mon coude brûle. Je déteste avoir mal. Je suis quelqu'un de douillet. Je déteste encore plus qu'on me fasse mal. Malgré mon physique de girafe, je n'ai jamais reculé pendant un affrontement. Seulement, je ne sais pas bien par ou riposter.  La lumière qui disparaît. Un frisson d'horreur remonta le long de mon échine. Et lui ne bouge pas, comme frappé par la foudre. Deux contacts, deux blessures. Ce type est corrosif. Sa main qui tremble entre mes doigts, qui serrent à se couper. Je suis incapable de m'en détacher, et je serre encore plus fort quand lui tremble, parce que j'ai besoin d'un point solide dans l'espace, parce que j'ai besoin d'un contact, parce que j'ai PEUR.

Accoudé à la fenêtre, je regarde dehors pour ne pas avoir à regarder dedans. Parce que je ne veux pas le voir. L'entaille est encore fraîche, quand ma paume est chaude de sa main qu'elle étreignait un moment auparavant. Et je suis obligé de constater que si la panique à été le déclencheur de ce geste, la sensation ne m'a pas laissé indifférent. Mais j'ai déjà choppé quelqu'un jusqu'à l’étouffer BORDELOS. J'ai pas eu cette sensation hautement déplaisante en serrant le petit corps de Rose contre moi jusqu'à lui en faire péter les côtes. Nan, on était deux chiots crevant de trouille, on était deux gosses lâchés dans le noir. Elle avait son corps de plante verte plaqué contre mon corps de girafe, on s’escaladait pour mieux s'enfuir, et on serait sans doute bien rentrés l'un dans l'autre pour fusionner, mais mes paumes n'étaient pas moites, ma bouche ne s'était pas asséchée, ma respiration ne jouait pas au yoyo, mon ventre ne s'était pas tordu. Pas de cette façon en tout cas. J'ai bien une idée qui me vient à l'esprit, mais ça ne colle pas. Généralement on est tout gaite d'être dans cet état là. Généralement, on le conçoit sans mal, d'avoir des réactions telles que celles là. Je me traite de gros con. Ca ressemble... Ça ressemble aux prémices. A la tension d'un flirt. On dirait une putain d'attirance. TA GUEULE AZA. Franchement, ta gueule. Je sers le poing contre ma bouche, et mes pupilles se dilatent un peu, parce que j'ai décidé que j'allais arriver à voir dehors. Je n'ai pas peur de regarder le noir. Pas en étant dans une pièce éclairée j'veux dire. C'est quand il est tout autour de moi que ça craint. Mon regard se durcit et je regarde dehors avec un peu plus d'assiduité. N'IMPORTE QUOI.

Trop d'émotions le même soir, c'est tout. D'abord, je manque passer l'arme à gauche en faisant une chute qui aurait pu s'avérer mortelle, et je m'épluche comme un légume, je transforme mon menton en fontaine, se faisant, contre le mur de crépis qui fait office de rape à gruyère, et la rambarde de marteau piqueur. Je nique mon haut de vadrouille préféré, et ça, ça me les fout à l'envers. Je suis pas accroc à mes fringues, mais ce haut là, j'y tenais. C'est avec lui sur le dos que j'ai fait mes coups les plus osés à N-Y, et que j'ai dormi trois soirs de suite dans le métro en compagnie de mes amis clodos. Ça et puis franchement, ça pique. Je me tape presque trente minutes de marches, pour finalement manquer la crise cardiaque en me faisant surprendre par un putain de surveillant, qui essaie de me rendre aveugle avec sa lampe torche et gueule comme un goret en voyant que j'ai décidé de faire trempette dans la peinture rouge. Je me retrouve bloqué sur un pieu d'infirmerie, façon hosto avec une odeur de citron-à-vous-déboucher-les-sinus. A ce moment là, je suis fatigué tant mentalement que physiquement par ce qui vient de m'arriver, je suis blessé aussi, et donc, à cran. Un petit dessin pour le réconfort. Ca marche pas. Les nerfs en pelote. Je tente de m'en aller, ce qui est encore le plus sensé. Je rentre dans un mur, qui s'avère être un type, qui agrippe par le bras, pile là ou il ne faut PAS, me redirige vers l'infirmerie, puis m'apprends que je vais me faire DÉGOMMER par Emeric. Quand je me défend -un peu comme je peux, la façon est peut être étrange mais JE SUIS PERTURBE au cas ou ça semble pas bien clair !- l'autre décide de SE TRANSFORMER EN HOMME DES CAVERNES ET ME VERSE LA BOUTEILLE D'ALCOOL SUR le BRAS ! Je ne suis PAS DU TOUT ÉNERVÉ. Après il me fait le coup de la panne d’électricité. Je suis SUR qu'il a éteint la lumière exprès. CE CON. IL L'A FAIT EXPRÈS. Alors c'est pas du désir, c'est du DÉGOÛT, de la peur, et je suis très content d'être en vie en même temps, hein, et je suis énervé parce qu'il est horripilant et parce que la soirée est de plus en plus pourrie, et la tension qu'il y a ici, entre ses PUTAINS D'YEUX QUI NE ME LÂCHENT PAS et moi qu'il regarde (LOGIQUE), cette tension c'est une tension qui dit que je veux l'étriper pour me venger, VOILA.  C'crédible quand même, je trouve. Si on fait le compte, y'a de quoi être dévarié. Si si, j'vous jure. En plus, ce type n'a pas de seins, son poignet est deux fois épais comme le mien, il est con, a peu près aussi sensible qu'un caillou, certes plutôt bien foutu, mais pour un GRAND-PÈRE, et je suis pas gérontophile.

Mon monologue ne me rassure pas. Peut être parce que les tout petits poils sur ma nuque sont dressés, parce que je sent très bien qu'il me détaille depuis tout à l'heure.

Finalement, j'envoie se faire foutre mon stoïcisme -Un comble ! Moi stoïque, et lui qui s’excite ! Non mais franchement c'est le monde à l'envers. Je savais que le coup du balais, c'était contagieux. Ouais, contagieux !- et je me retourne vers lui. Mon regard est clairement hostile. C'est bon, je te regarde. Qu'est-ce-que-tu-veux ? Je me sens toujours pas près à lâcher un mot. Ca se bloque dans ma gorge. Une grosse boule de contrariété. J'ai l'impression d'avoir 5 ans. Vraiment. Et que je vais me mettre à chialer. Ça me fait bizarre, parce que mes yeux me piquent, et que j'avais oublié ce que ça faisait. Ces lèvres bougent. J'entends sa voix, et ça m'apaise d'un coup, comme si j'attendais qu'il veuille bien ouvrir sa grande gueule d'emmerdeur depuis tout à l'heure. C'est surement le cas en plus. Misère.

"Ma soeur t'aurait dit son voeu. Jouer dans un groupe de Rock et devenir une star."

Je bug sur l'emploi de l'imparfait. Elle aurait ? Ma bouche se plisse en un pli amer. C'est n'importe quoi Aza. Elle m'aurait dit, parce qu'elle me le dira pas, vu que je la connais pas. Arrète de penser que dès qu'on parle au passé de quelqu'un, c'est parce qu'il est mort. Ok, je décline toujours au passé quand je parle de ma famille, manque de choix oblige. En la matière, la vie m'a pas fait de cadeaux. Mais c'est pas pour ça que certains n'emploient pas le passé pour mettre un peu de fantaisie dans le dialogue. Ou par étourderie. J'imagine pas Porter fantasque ou étourdi. Ce type, c'est un glaçon doublé d'une machine. Un frigidaire, un vrai. Je ne sais pas ce qu'il faut répondre. Les macchabées, ça n'a pas de rêves. VU QUE C'EST MORT. Calme. Respire par le nez. On peut porter les leur peut être, mais eux en tout cas n'en ont plus. C'est pour ca que t'as pas de rêves et que t'es aussi moche alors ? Hé ben. Ca ne me fait pas rire, et j'ai pas envie de me moquer. Même si dans ma tête, la petite voix supure l'ironie. Dans un coin, y'a un Warning qui clignote. Y'a écrit "SUJET SENSIBLE" en gros et en rouge. Ma bouche prends un pli amer et je me rends compte que ça me fait souffrir qu'un gars comme ça utilise l'imparfait. Un type qui ne se mouille pas, c'est un type qui a peur de perdre quelque chose, parce qu'il a déjà tout dans les pognes, non ? N'est-ce pas ? Alors il peut pas avoir de morts dans le placard. Ça me fait mal. comme une rage de dent. Désagréable, horripilant. J'ai l'impression qu'en plus du reste il vient de me baffer. Le grand insensible qui lâche sa bombe.

"Mais je ne suis pas un rêveur. Et j'ai déjà tout ce que je veux. Pas besoin de faire le moindre voeu, je n'ai rien à demander."

Bâtard. T'es vraiment un bâtard. Doublé d'un abruti. Ca existe pas de pas avoir de rêve. C'est pt'être cul de dire qu'on a des rêves. Comme c'est cul de prendre quelqu'un dans ses bras juste pour le plaisir et de gueuler "je t'aime" a sa mère en pleine rue. Ben les gens devraient être un tout petit peu plus cul et beaucoup moins cons, on y gagnerait tous. Les bisounours sniffent pasd de la coke et se suicident pas à tour de bras, eux. Si t'as pas de rêve alors t'es mort. Et si t'es mort, t'atomise pas tes élèves à tour de bras. Juste, t'es tout vide et tu fais pas chier.

"T'as l'air de nager dans le bonheur comme un marsouin, c'est clair..."
J'ai grommelé, à voix basse certes, mais pas assez peut être. Je presse la main contre ma bouche et je me détourne très vite. 1, je l'ai tutoyé et ca ca craind. Et puis 2, parce que j'ai une putain de larme qui a roulé sur ma joue. Une larme pour une parfaite inconnue et pour un type qui me charcute depuis que je suis entré dans son infirmerie.

"Tu devrais t'installer un peu plus confortablement. J'ai des bouquins dans mon bureau, et j'avais l'intention de me faire un caf. Tu n'as qu'à me demander ce que tu veux, excepté sortir d'ici avant demain matin. Crois-moi, pour ta santé je dois vérifier si tout va bien."

Voilà qu'il se la joue grand seigneur maintenant. Mais j'ai pas non plus envie de me priver pour le plaisir de lui tenir tête. Lui tenir tête, oui. Etre con pour dire d'être con, non. Je ne me retourne pas vers lui, et j'en ai rien a foutre si c'est impoli. Manquerait plus qu'il me voit chialer ou m'essuyer les yeux.

"Je veux bien un café. Noir."

Pas de merci. Soyons cons jusqu'au bout. Je ne compte pas dormir. Il y a encore quelques heures avant le jour, et pour une fois, la première peut être depuis un long moment, je redoute le présent. J'ai envie d'être n'importe ou ailleurs. Il est occupé ailleurs, et je m'essuie vite fait les yeux parce que FRANCHEMENT ca craind. Je tire un siège de l'autre coté du bureau, le coté patient, et je l'éloigne suffisament pour que nos pieds ne respirent pas le même air.  Il pose le café, et il me regarde sans rien dire. Je dis merci, et il me regarde toujours. Exédé, je relève la tête pour croiser son regard. VRAIMENT CHIANT. Je romps le silence, parce qu'il a toujours pas bougé, debout à côté de moi. Il doit surement vérifier son travail. Je décide de répondre parce qu'il a pas l'air décidé et que je sens sans avoir à regarder que mes mains tremblent.

"C'est impossible d'avoir tout ce qu'on veut. Sinon, votre soeur ne serait pas morte et vous n'auriez effectivement rien à demander. Faites pas semblant d'être parfaitement heureux, ca existe pas. Si tout était au mieux, vous vous prendriez pas pour un ours polaire aussi."

C'est sorti avant que j'ai pu la fermer. Ca passe dans mon regard. Pas fait exprès. J'ai jamais su tenir ma langue. Ça va encore me poser des problèmes. Ah, là, ça lui a moyennement plu. Il est allé s’asseoir fissa derrière son bureau. Tu crois que parce que t'es plus vieux tu vas m'apprendre la vie peut être ? Hein ? Tu crois que c'est une question d'âge, le fait d'en avoir pris plein la tronche ? N'importe quoi. Et tu vois, y'a pas d'âge pour faire l'émo. Toi, t'es une espèce assez exotique de poisson rouge. T'as pas la mèche sur l'oeil et t'essaie pas de t'ouvrir les veines à la p'tite cuillère. Nan, toi, t'as carrément baissé les bras. C'est pire. Et tu prends ta voix de gentil médecin pour dire que les rêves, on s'en fout, qu'on a pas besoin de ca, comme si t'était arrivé. Mais ARRIVÉ OU ? La petite tasse de café noir fume devant moi. La nuit s'annonce palpitante. C'est son tour d'ouvrir la bouche. Je ne me rend pas compte que je tire nerveusement sur le pansement de mon coude. Parler des morts, ça m'amuse pas vraiment. J'ai l'impression d'être dans la quatrième dimension. Peut être que je suis vraiment tombé de cet immeuble et que j'ai une GROSSE hallu' depuis tout à l'heure.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyVen 25 Oct 2013 - 23:41

KYLE

Mon acte, à défaut d'être moral, eut l'effet escompté.

Je n'avais pas eu le choix. Il m'avait touché. Or, c'était la limite à ne pas franchir. M'insulter, m'humilier, ou me rendre ridicule, n'avait strictement aucun poids sur moi. J'avais la chance de faire partie des rares personnes qui connaissaient leur valeur propre, sans pour autant s'en vanter. Je connaissais la mienne. J'étais un petit médecin scolaire sans prétention, qui vivait dans une grande maison avec sa copine et trois gamins. J'avais un boulot fixe, je payais mes impôts, et mes distractions quotidiennes se limitaient à lire quelques livres de mon terroir natal et d'écouter un peu de musique. Je ne sortais pas, ou peu. La dernière fois que j'avais décidé de suivre mes amis, j'avais découvert qu'une élève du lycée accomplissait chaque soir le travail sordide de strip teaseuse dans une boite mal famée pour payer ses études. Cela avait un peu tendance à donner le dégout des sorties, non ? Et puis ce n'était décidément pas mon truc, il ne fallait pas chercher plus rien. Je savais que j'avais une vie de retraité, peu d'amis, et j'assumais le tout avec un calme olympien. Après tout, je n'étais pas trop le genre de type à aller courir la gueuse sans but aucun que celui de faire frétiller sa quéquette et donner un sens à sa vie. Mais me toucher... ça c'était une autre paire de manches.

Je ne le supportais pas, tout bonnement et tout simplement. J'y songeais, en soignant le gamin, qui semblait décomposé et dépassé par les évènements. Il ne pouvait pas le savoir. Oui, mais son affront avait eu l'effet qu'il voulait. Il m'avait eu, il m'avait mis en colère. Simplement en me touchant. Avait-il cru que la peinture était responsable de ma disgrâce ? Peut-être, comment aurait-il pu deviner que c'était le simple contact de sa main chaude d'enfant qui avait provoqué chez moi un véritable choc électrique ? Moi même, j'ignorais totalement pourquoi un contact physique avec un inconnu me faisait un tel effet. On me prit souvent pour un ignoble mufle malpoli lorsque j'avais refusé une main tendue. Je ne parlais pas de ce problème, parce que je n'en connaissais pas l'origine. Je n'avais pas été abusé dans mon enfance, ni durant tout le reste de ma vie, alors je ne voyais pas vraiment ce qui avait pu provoquer chez moi un tel traumatisme, une telle phobie du contact physique. Pire encore, c'était que ce contact, j'y étais confronté à chaque fois que j'auscultais mes jeunes patients. La différence, c'était que je ne ressentais pas la moindre gêne. Le contact était nécessaire et professionnel, et je m'arrangeais pour qu'il dure le moins de temps possible, et chose non négligeable, c'était moi qui le provoquais. Je touchais le premier. Voilà la différence première et profonde. Azraël avait déclenché le contact. Et la bombe du même coup.

Et merde. La lumière.

J'étais presque nez à nez avec le garçon lorsque survint une coupure de courant, qui ne dura que quelques secondes. Secondes qui lui suffirent à s'accrocher à ma main presque sporadiquement, violemment. Elle tremblait. C'était une main qui avait peur. Une main chaude et douce, encore maculée de peinture. Second contact. L'avait-il fait exprès ? Non. C'était le noir qui avait provoqué cette réaction. Pas de chance, ma main tenait l'instrument de sa douleur à ce moment-là, à savoir une paire de ciseaux. Le gamin avait dû s'entailler. Je ne trouvais même pas la force de retirer ma main, trop choqué par ce qu'il m'arrivait une fois de plus. En l'espace d'une heure, Azraël avait commis deux erreurs majeures ; il m'avait touché deux fois sans mon autorisation. Personne n'avait encore jamais fait cela. Personne n'avait encore jamais réussi à me faire autant sortir de mes gonds. Cette fois ci pas question d'alcool, de vengeance ou de quoi que ce soit, dans la mesure où le geste était involontaire ; pourtant, je pouvais sentir ma propre main trembler, elle aussi, avec une violence presque inouïe. Le souffle court, je me mis à prier avec ferveur pour que la lumière revienne, pour que je puisse enfin trouver la force de détacher ma peau de la sienne, et reprendre mon travail comme si rien ne s'était passé. Comme si je n'étais pas profondément choqué, troublé et furieux de ce contact si étrange et fascinant. Il fallait que je me calme. Il fallait que la lumière.

Enfin, lorsque la lumière réapparut, je pus apercevoir le visage de mon bourreau involontaire. Il avait les yeux grands ouverts, la main légèrement entaillée par les lames des ciseaux. Et terrorisé avec ça. Aussi terrorisé que moi. Mais je supposais que ce n'était pas mon contact qui l'avait fait frémir, mais bien la noirceur d'encre de l'infirmerie qui s'était retrouvée plongée dans la pénombre pendant quelques secondes. Ni lui ni moi n'étions capable de dire le moindre mot, cherchant sans doute une respiration réspective à reprendre, un mot à prononcer pour briser la tension malsaine qui m'unissait à lui. Mais je ne trouvais rien. Trop éberlué et choqué pour dire le moindre mot. Pas assez bien dans mes baskets. Voire même fou de peur. De peur du contact de ce petit con.

Enfin la pression sur ma main se relâcha. Il avait fait ça violemment, prestement, comme s'il venait de recevoir une décharge. Les yeux fixés sur son dessin sur le mur (un motif tellement étrange que j'avais du mal à comprendre ce que c'était, à part deux tours dessinées grossièrement) il porta son doigt blessé à ses lèvres, sans me jeter le moindre regard. Je profitais de ce petit instant de répit pour recouvrer une respiration à peu près normale. Finalement, il se tourne, et mon travail reprend, méticuleux, dans le silence le plus total et le plus angoissant. Mes mains se posent délicatement sur ses bras et son visage, appliquent doucement et précisément les compresses et pansements. Il n'y a pas la moindre once de violence dans mes gestes. Cela contraste violemment avec l'épisode précédent de l'alcool sur son coude. Est-ce que je tente de me racheter par ces gestes doux ? Je l'ignore moi-même. Je veux seulement en finir, qu'il aille se coucher et vite.

A peine terminais-je qu'il se leva. Je savait qu'il n'irait pas se coucher tout de suite. Pour le plaisir de faire chier, peut-être. Il s'appuya contre le mur et regarda à l'extérieur, calmement. Et silencieusement, voilà qui faisait du bien. Toujours assis sur ma chaise, je me surpris à l'observer un peu plus amplement. Il y avait dans le regard d'Azraël Trophime quelque chose que je n'arrivais pas à discerner, quelque chose de troublant. Quelque chose qui ne cadrait pas du tout avec ses "fonctions" de RK. Il y avait quelque chose qui me laissait sous-entendre que derrière le visage poupin et les muscles de l'adolescent, il y avait un mal caché, et du rêve, beaucoup de rêve. Je n'y avais pas fait attention, mais sa remarque sur les étoiles filantes m'auraient sans doute fait tiquer si je n'avais pas été aussi grincheux d'avoir foutu une bonne nuit de sommeil en l'air. Mais j'étais plus calme. Et plus perturbé par la situation présente. Alors sa phrase me revint. Quel voeu pourrais-je bien faire ? Je brisais le silence, après de longues minutes interminables d'échange de regards. Il fallait que le jour vienne, et vite.

"Ma soeur t'aurait dit son voeu. Jouer dans un groupe de Rock et devenir une star."

June, ma June. J'avais décidé de devenir médecin en ta mémoire. Pour soigner toutes ces jeunes filles qui avaient souffert, comme toi. Pour aider ces enfants qui n'avaient rien connu d'autre que la douleur. Je voulais les empêcher de mourir. Les empêcher de finir comme toi, amaigrie à faire peur, étendue dans un lit d'hôpital, la respiration tellement fine qu'on ne l'entendait et la voyait à peine. L'anorexie t'avait prise, la maladie, la souffrance. Je ne commettrais pas une seconde fois la même erreur. Un voile passa devant mon regard, un quart de millième de seconde. Pourquoi avais-je lâché cette phrase ? Il ne faisait aucun doute que ce petit con s'en servirait contre moi.

"Mais je ne suis pas un rêveur. Et j'ai déjà tout ce que je veux. Pas besoin de faire le moindre voeu, je n'ai rien à demander."


La richesse, la beauté, le luxe, le faste, tout était trop fort, trop idiot, et trop désuet pour éveiller un tantinet mon intérêt. Mon voeu à moi était de finir ma vie dans la même situation que maintenant. Taciturne, mais heureux. Je tentais de recouvrer un minimum de contenance. Mais c'était loin d'être simple, avec un tel énergumène à mes côté. Un garçon tellement complexe.

"Tu devrais t'installer un peu plus confortablement. J'ai des bouquins dans mon bureau, et j'avais l'intention de me faire un caf. Tu n'as qu'à me demander ce que tu veux, excepté sortir d'ici avant demain matin. Crois-moi, pour ta santé je dois vérifier si tout va bien."


Je savais que ce genre de gentillesses étaient peine perdue. Mais j'avais fait un effort. Voilà quelque chose que Lucifer ne me reprocherait pas, lorsque je viendrai pointer en Enfer.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyVen 25 Oct 2013 - 5:02

AZRAËL

Je le regarde retirer son pull sans rien dire. Il a posé ses mains aux doigts longs, aux doigts fins, ces mains de medecin sur le bas du pull et il le retire d'un geste ample. Un geste de danseur. J'assiste. Mon regard n'en perdant cependant pas une miette. Il était incroyablement doux, ce pull. Intriguant. Cet homme. Désagréable, Mauvais, Pas aimable, Désobligeant, Discourtois, Brutal, mais intrigant. Et Intéressant. Cet homme là porte des majuscules et en change comme certains changeraient de chemise. Ou oteraient leur pull.
Ce n'est pas noir dessous, mais c'est encore dans la gamme du gris. Du blanc au gris. On ne dirait pas un médecin. Des vêtements de "jeune", un foulard. Il les supporte, ses rides, au moins ? Ses peines et ses amours, il les supporte, ou il les oublie ? Mon regard ne le lâche pas, et j'ouvre les doigts, soupoudrant le sol de gaze blanche. Je ne la regarde pas tout d'abord. Intriguant, intéressant. Une curiosité, cet homme. Déplaisant.

C'est vaporeux, et ca volète jusqu'au sol bien gentimment. Un ballet de plumes, qui attire mon regard une seconde. J'ai le regard-papillon. Un rien m'attire, un rien m'amuse. Il faut vivre. Il faut vivre pleinement, entièrement, à chaque seconde, il faut être extrême, ridicule, absurde, il faut crier, se déhancher, vibrer, exploser. Cet homme est une anti thèse de moi même, et de la conception toute jeune encore que je me fais de l'existence. Toi, le glaçon. Toi, je frigidaire. Toi, l'incompréhensible bloc au regard éteint. Magnifique. Il va s'énerver, crier, me renvoyer me coucher, que sais-je. Je suis tout impatient de voir. Et c'est la vérité. Ce type me sort par les yeux et m'impatiente tout à la fois. Intolérable. J'en prends mon parti. Fascinant. Il est fascinant.

Je l'approche, je le touche, c'est dur et etonnament chaud sous ma paume alors que j'appuie, et que j'étale de la couleur sur ce trou noir, et cane bronche pas, ca ne repousse pas, ca ne réagit pas même. Même pas. Il reste de marbre. Froid comme un glaçon. Je le regarde sans comprendre. Sur le coup, je pourrais m'indigner, et s'il restait de marbre, me mettre à pleurer. Rien ne me fais chialer, mais peut être, peut être que quelq'un de mort, peut être qu'un mort-vivant y arriverais. Après tout, Celui-là m'a déjà énervé. J'ai pas de passé, j'ai pas d'avenir. J'ai l'instant présent. Très fort. Violemment. J'ai le désir de son regard comme on attend la punition, comme on attend la harangue. Comme un masochiste. Déjà. Quelques minutes, une grosse poignée. Déjà.

Mon petit médecin. L'emploi du "mon". Déjà. Ne te pose pas de questions. Ennemi ? Quoi donc. Ce n'est rien. Rien du tout. Un cafouillage de passage, un bruissement, et rien de plus.

Première entrevue forcée, et je l'espère dernière. Je suis désapointé. J'étais sur de taper juste en posant mes mains sur sa petite personne. En souillant sa nobre altesse avec de la couleur, pire, de la peinture, et mieux, mon propre sang. Et le voilà qui reste figé comme une statue. Il n'y a que ses yeux qui bougent, par delà la chaire dure. Ses yeux s'agitent dans leur orbites et le trahissent : ca respire là dessous. Même si sa respiration s'est bloquée. Oh. C'est cela alors. Il ne respire plus. C'est la seconde avant, la seconde qui précède l'acte. La seconde avant l'orage. Déjà, on sent l'electricité. C'est a cette seconde là que j'ai la conviction d'être allé trop loin. Et ca me fait tout de même sourire. Il a réagit. Mon coeur a bondit en réponse. Mon corps entier réponds au sien, ils ont leur propre dialogue semble-t-il, le malaise qui s'exprime sur nos visages, la colère ou le reste ne les concerne pas. S'il avance, je me tend, si c'est moi, c'est son corps qui recule. Ils dansent et nous, nous regardons de loin. Adulte sans enfance, homme-enfant en recherche de naïveté contre homme désabusé. Homme endormi.

"Bon. ça y est, tu as fini ?"

"Cesse donc tes caprices d'enfants". Mais je suis un enfant, ne vous en déplaise. Je suis et ne serait jamais enfant. Je ne suis pas et ne serais jamais homme. Le ton dénie l'affirmation. L'affirmation qui dit "tu me fatigues, je suis las". Sa voix est blanche comme un couperet. C'est de la colère froide. Je m'abstient de répondre. Même si ca me brûle la langue. Je n'ai pas peur. Trop de colère. Trop de tension. Trop de ce qui se passe ici, ce qui n'a pas de nom. Je ne peux pas avoir peur. Pas vraiment. J'attends. J'observe. Fascinante créature qui me surplombe. Dégoutante, mais fascinante. Comment peut on être aussi mort ? Je vois son grand corps se raidir, c'est l'iceberg qui hemerge. Je vois sa main renverser la fiole sur la compresse, du coin de l'oeil, parce que mon regard est plutôt dirigé vers son visage. L'odeur frappe mes narines d'un coup. Il a déjà bougé.

Je ne comprends vraiment que lorsque celle-ci s'écrase sur mon coude eventré. Ma bouche s'ouvre mais je ne crie pas. Je n'expulse pas un son. Je sursaute comme si la foudre avait frappé, mon corps entier bondit. Et mon visage perd encore un peu de couleur. Sur le coup je ne sens rien, pourtant mon corps réagit par reflexe. Je me suis levé par reflexe, comme actionné par un fil, et mon corps heurte le sien. Je trébuche en tentant de m'éloigner de lui. Ses longs doigts enserrent mon coude et pressent la brûlure contre mon coude. J'ai l'impression qu'on m'arrache la peau une seconde fois.

"Il va falloir que tu comprennes qu'ici ce n'est pas toi qui décide. Et que si je te dis de dormir ici pour te rétablir, alors tu te rétablira ici, et sans discuter, compris ?"

Je ne réponds rien à ce qu'il me crache à la figure, comme abattu par la foudre. Ses doigts se desserent et je lui arrache mon bras avec une force que je n'aurais pas soupconnée. L'instinct de conservation, encore. Mon souffle est court, et je suis furieux. La douleur grille mes neurones une à une. Une.A.Une. Ca se calcine dans un coin de mon cerveau. Ce type m'a fait mal. Je met du temps à réaliser, et j'entends bien qu'il me parle, mais je n'écoute pas.

"...C'est ça que tu veux ?"

... Je ne réponds rien. De toute façon, je ne sais même pas de quoi il me parle. Ce que je sais, c'est que le bas de mon visage pique et me démange, que là ca ne saigne plus. Ce n'est pas désinfecté mais tant pis. Et ca ne fait quasiment plus mal, parce que tout mon corps est concentré à un seul endroit. Ca.Brule. Ce n'est pas la première fois que je me fais mal, et certainement pas la dernière. Ce n'est pas la blessure la plus grave que je me soit faite. Ca ne m'empêchera pas de retourner grapher demain. Et après demain. J'en ai besoin, soudainement, c'est maladif. Il a l'air d'attendre une réponse. Je tourne les yeux vers lui, parce que je regardais les deux tours.

"Oh, pardon, vous me parliez ?"

Ca pique vraiment. PUTAIN. J'ai envie de planter mes dents dans ma main pour m'empêcher de crier, et les larmes me viennent aux yeux sans couler. Le défaut avec l'alcool, c'est que ca ronge la plaie à trop forte dose, et comme c'est à vif, autant dire que le steack commence à cuire. C'est radical pour l'écoulement du sang, mais cotériser la plaie, on ne fait plus ça depuis le moyen-âge. Mes mains se mettent a trembler. Je serre les poings. Mon regard brille de larmes retenues, et ce ne sont ni des larmes de peur, ni des larmes de douleur. C'est la rage que ce type m'inspire. Moins de 5 minutes en sa précence. Je suis un être pacifique. Et je veux, JE VEUX lui faire la peau. Je ne le toucherais pas. Se serait trop simple, en vérité. Je vais en faire le tour. Je vais faire le tour, mon grand. Et je taperais là ou ca fait mal. Je n'ai jamais frappé quelqu'un. Pas que l'occasion m'ai manqué. Ni le larron. Seulement, moi, je sais ce que le mot "violence" veut dire. Je sais ce que "douleur" signifie. Et je ne suis pas dispensaire de cette mane là. Le terrorisme, je le laisse aux autres.

"Maintenant tu vas être sage. Tu vas poser tes fesses sur cette chaise, tu va me laisser soigner ces plaies correctement, et tu ira dormir.Si tu ne respecte pas ça, tu le regretteras, tu peux en être sûr."

Je m'assois. Lentement.et je le regarde. Pas de regard arrogant ou insolent, je le regarde vraiment. Ca ne m'empêche pas de l'insulter mentalement. J'ai l'air d'avoir abandonné. Mais ca suffit. Je l'ai fait sortir de ses gonds, et je sais que j'ai remporté une petite victoire. Il me semlble avoir perdu quelque chose dans la partie. Un peu de mon intégrité peut être. Ce type m'a fait du mal. Je n'ai pas trouvé mon maître, loin de là, mais il semblerait que j'ai tout
de même trouvé a qui parler.

Il se poste de nouveau à mon niveau et avance la main pour poursuivre. J'ai un mouvement de recul tout à fait naturel vu ce que ce sagouin vient de faire. Lui ne reculle pas. Ma main saisit son poignet. Et je serre. Impossible d'avancer ou de reculer. Tu m'as fait voir ta poigne, je te prête la mienne. J'imprime dans ta chair. Une douleur pour une autre. Même si toi, ce que tu as l'air de craindre, c'est le contact en lui-même. Ca t'as apparement rendu fou. J'ai mal.

"Si c'est pour refaire ce que vous venez de faire, je me passe de soins."

Ce n'est pas une question. Aucun cri, aucune voix ni aucune loi ne me retiennent et ne me retiendront jamais. Pas a 19 ans, pas en embrassant l'âge adulte. Les études n'ont pas d'importance. Seul, l'art est important. Vivre et retranscrire, et dire encore et encore, toujours la même chose, le même message, la mpême mission du souvenir. Il.n'y.a.que.ca. Impossible de m'empêcher, de me clouer. Il faudrait une surveillance de chaque instant, une colle qui durerait nuit et jour. Et encore, je prendrais la poudre d'excampette à l'heure des repas. Ce qui me retient, c'est la promesse a papy-vicious. Il ne voulait pas la prison, alors j'en ai choisi une d'un autre genre. Aucune sorte d'importance. A l'arrivée, une prison reste une prison. A trop me pousser, il me faudra chercher a me transformer en Oudini.

Je le relâche. Cobaye, jamais. Caliméro non plus. Martyr, je n'y tient pas. Et puis de toute façon, il m'a déjà puni. Mais cela ne suffit pas. Il faudrait que je courbe l'échine. Que je ploie. Tout souple que je suis, je ne suis pas sur de l'être assez pour lui. Il avance de nouveau la main et attrape mon bras d'aurorité. Je ne me dérobe pas, je le laisse faire, et sa poigne se raffermit pourtant, comme si j'allais fuir. Je ne veux pas aller très loin, je le surveille, mon regard sur lui, près et chargé. Je refuse qu'on me fasse mal.Surtout pas lui. Je le déteste. DETESTE. Tendu comme la corde d'un arc, je subit les coups d'archers. Il administre du bout des doigts. Je le laisse faire, ma main libre enserrant l'accoudoir. C'est lui qui prend pour le reste. Je ne décroche pas un seul mot. Il y a comme une boule au niveau de ma gorge. J'ai de nouveau 11 ans et ma mère vient de m'engeuler. J'ai envie de pleurer. Une envie incontrolable. Et je ne pleure pas. Je ne sais plus pleurer depuis longtemps.

Il est a un pas, et la lumière tremble, un bruit de grésillement, tremblote, s'éteind. NOIR. IL FAIT NOIR. BORDEL ! Court-circuit d'une seconde, COURT-CIRCUIT, et un sursaut encore ! Ce soir, je suis le marsupilami, et je serais bien capable de fuir dans le noir. Le noir nous tombe dessus sans prévenir, et je panique. Je serre ce qui me tombe sous la main, c'est la sienne qui tient le ciseau. Il retire les peaux mortes et vivantes, les peaux en lambeaux sur mes coudes, quand le noir tombe. Je sers les doigts sur cette main, se poignet, ca coupe, ca brule, mais c'est vivant, et la lumière evient. J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche. La dame brune à décidé de venir se frotter à nous. J'ai peur de son profil d'oiseau de proie. C'est le frisson de la douleur sur le lit de mes cauchemards, qui entrent par la fenêtre.
Terrorisé.

Par le noir. Pas Obama, non, le noir NOIR, le noir vraiment noir, noir comme un trou, noir comme sous la porte du placard dans la chambre d'enfant. J'ai peur de ce noir là. Quant à Porter, il est une sorte de terroriste. Qui ne me terrorise pas. Non, qui me chamboulle. Mon monde tremble sur ses fondations, et je n'ai pas assez d'yeux pour tout voir, et un coeur assez grand pour accepter. Mieux vaut détester.

Mon visage figé ne dit rien, il n'y a que mes yeux. Qui fixent le gribouilli. Les deux tours. La trace semble retranscrire le passage d'un avion. Inexact. Je connais le point d'impact exact. Que voulez vous, on ne se refait pas. J'ai lâché brusquement, et porté les doigts à mes lèvres. Je ne le regarde plus. L'entaille sur les ciseaux n'est pas profonde, à peine une petite coupure. La lumière chiche de l'infirmerie me semble belle, soudain. Mon regard cours et s'enchante d'un rien. Même le blanc sale des murs de l'infirmerie me semble superbe. Cette lumière morte de néons, cette lumière d'hopital, dedans d'ambulance. Mon visage ne dit rien, moi non plus. Rien, plus rien. Dans ma tête, c'est clair. C'est "tu" pour toi. Et je ne peux pas t'appeler Kyle, ca me semble beaucoup trop familier. Je ne pourrais jamais. Je ne peut pas t'apper "monsieur" pour autant. J'ai toujours pris un infini plaisir à découper ce mot pour m'imprégner de son sens, et je ne désire rien d'autre que de l'employer souvent. Cependant cela démontre de ma part une certaine reconnaissance. Or, Portman n'est a mes yeux pas reconnaissable.

Tu n'as pas gagné, j'ai perdu. Ca suffit. Si ta main s'attarde de trop je la chasse. Et je pense. Je m'en irais si tu éteinds la lumière. Moi, le noir, j'ai jamais pu. C'est peut être pour ca que je peux pas t'encadrer.
Tu termines de poser les pansements après ce qui m'a semblé une eternité. Enfin, tes mains me quittent. Mon corps se relâche un peu -a peine- et j'ai conscience d'avoir été changé en planche. Je me lève et m'étire, te tourne le dos. La fenêtre. Il fait un noir d'encre. Je m'accoude au mur en silence. Ne compte pas sur moi pour m'allonger, fermer les yeux et savoir que tu m'épie. Tu as gagné, je me tais, et c'est le silence qui bouffe tout l'espace. Oppressant et horripilant silence. Mais gagné un round ne veut pas dire gagner la guerre. La guerre, nous venons tout juste de la déclarer.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyVen 25 Oct 2013 - 1:02

KYLE



Et voilà, ma sentence a l'effet prévu.

Aussitôt que je lui dis qu'Emeric sera la victime principale de son méfait, le visage du gamin se décompose. Il passe par toutes les teintes de l'arc-en-ciel avant de virer au pâle fantôme, comme si je venais de lui annoncer un mort dans sa famille. Loin de me déplaire, ce spectacle était un vrai régal pour moi. J'étais heureux de constater que j'avais tapé dans le mille en le punissant de cette manière. C'était, après tout, bien trop simple de lui coller la punition habituelle, nettoyage, colle, toussa. Je ne punissais quasiment jamais les élèves, ou seulement lorsqu'il y avait un manque de respect flagrant. En général, je me débrouillais pour que cela leur passe toute envie de recommencer. Or, avec Azraël, j'avais tapé dans le mille ; il ne ferait donc pas exception à la règle. Je pris une sorte de malin plaisir à observer son jeune et joli visage devenir un masque de peur et de laideur. Il me faisait moins flipper ainsi. De cette manière, il redevenait le sale gosse lambda, le petit chieur qui était venu m'emmerder à deux heures du matin. Et qu'il le reste, cela serait parfait pour tout le monde. Je savais que je n'étais pas prêt d'oublier cette nuit. Certainement pas. Pas après l'humiliation que j'avais l'intention de lui faire subir. Mieux encore, je faisais d'une pierre deux coups. Depuis l'épisode Trevor Seyton, j'avais une certaine morgue envers toute la communauté des Kappa en général. Alors si je pouvais foutre un peu les boules au chef même de la Confrérie, je n'allais certainement pas me gêner.

Finalement, le gamin eut une réaction assez inattendue. Il éclata tout bonnement et tout simplement de rire.

Je passais quelques instants à me creuser la tête pour comprendre l'origine exacte de cette marrade si soudaine, mais rien ne me vint. Je ne comprenait définitivement pas pourquoi ce rire si soudain, pourquoi cette hilarité si... Flippante. Je préférais l'élève apeuré à l'élève névrosé. Mais au moins, une chose était certaine ; si je m'en doutais un petit peu, maintenant j'étais certain qu'il avait un pet au casque. Et un gros. Il faudrait peut-être que je l'oriente vers un psychiatre, nan ? Non, je n'allais peut-etre pas pousser la vilénie jusque là. Après tout, qu'avait fait ce gosse à part taguer mon mur et me faire chier en pleine nuit ? Oui, après tout, c'était déjà bien trop. Bien trop pour un petit médecin que moi, qui n'aspirait qu'à la tranquilité et à la sérenité. Or, là, dans le cas présent, il m'était difficile de me sentir serein face à cet hurluberlu. Bien au contraire. Il me foutait les boules, putain. Il fallait que j'invente autre chose. Au pire, je pouvais le ramener dans sa piaule ? Non. Il avait perdu trop de sang pour que je prenne ce risque. Peut-être que son délire était dû à un manque d'irrigation du cerveau. Du moins, l'espérais-je pour lui.

Puis il ouvrit sa bouche.

Sa putain de sale petite bouche. Apparemment, il n'était que moyennement d'accord que je le garde en observation. Pour autant, je ne lui laissais pas le choix, et il devait bien se mettre à l'idée que cela ne m'enchantait pas des masses non plus. Je n'avais pas le choix, c'était d'ordre médical. Hors de question de lui faire risquer des troubles alors que je pouvais le surveiller durant la nuit pour être tranquillisé. Même si pour cela je devrais supporter les crises d'un adolescent de base qui se prenait pour le roi du monde. Il me sembla rapidement que c'était un signe distinctif de ces cons de sportifs. La puissance sans neurones. C'était joli ça. Il faudrait que je le retienne. Alors que je réfléchissais le gamin se dirigea vers son oeuvre, et remit une bonne couche sur ses mains.

Oh.
Pu.
Tain.
Il avait osé.

Cet espèce de petit salopard avait osé. Je l'avais vue au ralenti. Sa main. Sa putain de main. S'écraser avec conviction et ardeur sur mon torse, et donc mon nouveau pull en cachemire tout neuf. Le putain d'enfoiré. Comment avait-il osé ?! Ma respiration s'accéléra, sous le coup de la colère. En plus il m'avait touché. Je n'aimais pas qu'on me touche. Je supportais le contact de mes enfants, de ma copine, mais celui des autres était difficile, lorsque ce n'était pas dans le domaine professionnel. Serrer une pogne ou faire la bise était pour moi une épreuve, alors me faire toucher comme ça ? Mais où se croyait-il ? Un frisson de dégout s'empara de moi alors qu'il passait sa main sur mon visage. La surprise me laissa un long moment interdit, incapable de faire le moindre geste. Ou si. Un tout petit. Celui de vider la fiole d'alcool à 70 degrés sur la compresse que je tenais dans ma main. L'odeur écoeurante se répendit un peu plus qu'elle ne l'était déjà. J'ignorais si le gamin avait vu mon geste ou non, et pour l'heure je m'en foutais pas mal. Je faisais une fixation sur tout le reste. Il m'avait touché. Il. M'avait. Tou. Ché.

Il allait me le payer.

Alors qu'il se rasseyait, tout heureux de son forfait, je me mis à réfléchir. Ici, l'adulte, c'était moi. J'avais la quarantaine, et des petits cons de ce type, j'en avais déjà vu une sacré pelletée. Alors quoi, allais-je avoir peur ? Peur de ce sale môme ? Ou allais-je me comporter en adulte ? Je pris quelques secondes, nécessaires à Azraël pour déchiqueter minutieusement une compresse de gaze qu'il éparpilla sur le sol. Une nouvelle oeuvre d'art. Je me fichais de mon pull, du pressing, de ce que cela impliquerait. Il m'avait touché. C'était la limite que je m'étais fixé. Aucun élève ne me toucherait, absolument aucun. Et certainement pas un garçon. Quelle horreur, putain ! Je le laissais terminer son petit discours, ainsi que sa phrase enfantine. Je profitais de cet instant de répit pour retrouver un semblant de calme, puis retirai mon pull pour cacher un peu la misère. Un T shirt rayé gris, tout ce qu'il y avait de plus classique. Et pas taché, par miracle.

"Bon. ça y est, tu as fini ?"

Je m'approchais de la chaise du garçon. Debout face à lui, je semblais le dominer, même si je savais que je n'avais pas autant de muscle que lui. Mais j'avais des gestes souples, presque félins. Et méticuleux. Je ne ratais jamais mon coup. Ce fut sans doute ce qu'Azraël comprit lorsque ma main fonça sur son coude droit et y plaqua la compresse pleine à essorer d'alcool brulant. Je sentis une réaction, et je gardais pourtant l'objet trempé fermement plaqué contre son bras. Cela relevait presque de la torture, mais je n'avais pas le choix. Tout en gardant ma main pressée sur lui, je lui fis face, le regard luisant de fureur.

"Il va falloir que tu comprennes qu'ici ce n'est pas toi qui décide. Et que si je te dis de dormir ici pour te rétablir, alors tu te rétablira ici, et sans discuter, compris ?"

Je relâchais enfin la pression, furieux contre moi-même. J'avais perdu mon calme. Et c'était un défaite. Mais c'était la seule solution que j'avais vu pour lui faire comprendre que je n'étais pas une tapette. Je me reculais, lui laissant le temps de récupérer. La douleur devait être absolument atroce.

"Si tu continues sur cette lancée, j'appelle un pion, et il te tiendra pendant que je te ferai une injection de sédatif. Tu dormira comme une pierre pendant 24heures et je pourrais te soigner tranquille. C'est ça que tu veux ?"

J'avais bien d'autre menace dans ma besace, mais celle-ci était convaincante et véridique. J'utiliserai l'autre dans un cas extrême. Si par exemple il me collait une beigne. Pas question de me battre avec un étudiant. Pour finir radié ? Je n'étais pas fou. Mais cela me démangeait sérieusement de lui coller une bonne baffe entre les deux yeux pour lui faire comprendre de quel bois je me chauffais. J'avais été un bagarreur moi aussi, je savais ce que ça faisait. Cela pourrait peut-être vite revenir, si on ne prenait pas son jeune âge et ses muscles en compte.

"Maintenant tu vas être sage. Tu vas poser tes fesses sur cette chaise, tu va me laisser soigner ces plaies correctement, et tu ira dormir.Si tu ne respecte pas ça, tu le regretteras, tu peux en être sûr."

Il n'était plus question de nécessité médicale mais de fierté. Il m'avait touché. Et c'était intolérable.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyJeu 24 Oct 2013 - 23:29

AZRAËL

La tête que tire le médecin en rentrant est épique. Même si j'ai envie de lui arracher les yeux. Un graffiti ne veut rien dire. C'est ce que je me répète. Personne ne fera le lien, et ça ira très bien comme ça. Personne est grand, et personne est un peu con. Il voit la dégradation et s’arrête là, ça fume par les oreilles de personne. Tant mieux. Je ne l'ai pas fait pour lui, ce gribouillis immonde. C'est sur que ça doit le faire tortiller du cul. Et vu ce qui y est planté, il doit prendre son pied. J'admire mon oeuvre avec un désintérêt total. Je ne vois pas bien ce qu'on peut me faire subir pour ça d'effrayant. Je suis un homme stupide, et ce n'est pas le cas du médecin. Il me jauge et ses yeux prennent un aspect métallique qui devrait me mettre en garde. Je plane à vingt milles.

"Aie au moins la décence de ne pas me déranger pendant que je t'examine. Tu m'as fait lever en pleine nuit parce que tu as voulu faire le mariole sur la façade du lycée, je te rappelle. "

"Vous parlez de décence en me manipulant, ca prête à confusion. Je vous ai jamais demandé de vous lever. Je vous signale."

Oui, oui, on peut dire que je cherche. Mais ses mains sur ma peau font se serrer les miennes autour des accoudoirs, et une puissante envie de le frapper me démange. Je repense à l'immeuble, à la chute. Mon corps s'en rappelle très bien. Un frisson me prend. Cette fois, j'ai vraiment failli y passer. Je sens encore la douleur cuisante, le crépis qui mord la chaire malgré le tissu, qui déchire. J'ai quelques lambeaux de peau en décorum.

"Kyle Porter. Et je ne suis pas vraiment d'humeur à faire un voeu."

M. Constipé me fait redescendre sur terre. Je n'en était pas loin de toute façon. Je me suis changé en ancre, tombé au fond de l'océan, et on peut dire que je suis sous pression. Rien qu'un peu.

"Dommage. Vous auriez pu souhaiter que ca se termine vite. J'essayais seulement de meubler le silence"

Vas te faire foutre. Ca c'est le sous-titre. J'essaie d'être civile, t'as décidé que non. Tant mieux. Ta tronche me revient pas. Je surveille ses faits et gestes -oui oui, après tout il est en train de me tripoter QUAND MEME- et grimace en voyant la dose d'alcool qu'il verse la dessus. Je suis bien tenté de lui demander pourquoi il ne me verse pas ca directement sur les bras et la figure, mais un instinct de conservation primaire me conseille de la fermer, et pour une fois, j'obéis. Il plaque la compresse, et je serre les dents. Je ne le regarde pas, mes yeux se portant sur un point fixe. Je compte.  

"Courage. C'est qu'un mauvais moment à passer."

Je compte. Gros con. Ca te va bien de dire ça.

"J'avais remarqué."

Bon ok je suis carrément sarcastique, mais MERDE. "Courage". Et puis quoi encore ? Tu vas me border, maman ? La hache de guerre, fallait pas la sortir quand j'ai tenté de l'enterrer. Je le vois désigner quelque chose, et mon regard suit le sien pour se poser sur les deux tours. Je compte toujours.

"Tu vas passer la nuit ici, en observation, et c'est moi qui resterais de garde. Demain matin tu repartiras en cours, avec une autorisation de l'infirmière. Quant à ton chef d'oeuvre..."

J'ouvre la bouche pour répondre dès qu'il commence à parler et la referme aussitôt. Il n'a pas fini de causer, et même si j'ai très envie qu'il se taise, ma mère m'a toujours dit qu'il était extremement impoli de couper la parole à qui que ce soit. Et même si j'ai pas envie d'être poli avec ce type, je suis un peu chez lui, alors je me la ferme beaucoup. Cependant, je ne compte pas passer la nuit avec lui. Et puis quoi encore ? Tu veux pas que je te taille une pipe, pendant qu'on y est ? Toute la nuit ? Il est a peine deux heures du matin. Quelques pansements et je suis d'attaque. Il parle du retour au cours, puis de ma frasque. Là, il marque une pause dramatique. Et comme un con, je retiens mon souffle. Suspendu a ses lèvres, comme on dit. Le pire, c'est que c'est vrai. J'angoissais pas, mais lui, il arrive à faire se dresser les poils de les avants bras (ceux qui restent malgré l'épilation gratuite).

"...Le surveillant de cette nuit ira demain matin remettre un mot de ma main à ton chef de Confrérie, qui viendra nettoyer ça, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Évidemment, il saura que tu es le responsable."

J'ai viré au blanc. Si je me fous devant le tag, hop ! On le voit plus, parole.
Il y a dans le regard de ce vieillard une lueur. Une lueur étrange, à la fois fascinante et terrifiante. Tout à la fois bourreau et médecin, insensible et sadique. Il doit se demander ce que je fous chez les Rk, entre mon gribouilli plein de sang sur son mur tout immaculé, et mon physique de gringalet. Torse nu, on comprends encore : les muscles y sont. J'ai un corps taillé par la vitesse et l'escalade, un corps souple, et vêtu, je ressemble simplement à un gamin. On m'a ainsi fait. Je ne m'en suis jamais plains. Je suis sûr qu'il se pose la question. Moi aussi. Emeric va sans doute vouloir me tuer après avoir nettoyé mes conneries. J'imagine la scène -parce que je ne peux pas m'en empêcher- et je ne peux m'empêcher de sourire en entendant la sentence. Puis je me met carrément à rire. C'est nerveux. Ca sort irrépressiblement, sans que je puisse le retenir. C'est un rire chaud, rond, et ca fait du bien. J'échappe aux mains du médecin. J'imagine Emeric qui frotte mes frasques et cette idée m'emplit autant d'horreur que d'amusement. Je ne connais pas le Pacha du Harem, pas encore, mais j'ai dans l'idée qu'on fait mieux, comme introduction.

Porter m'observe, son coton imbibé d'alcool et de sang -le mien, décidément ce type aime ca-, de petits -tout petits- cailloux, ou plutôt fragments de murs à la main, et je m'apaise. J'ai encore le souffle court.

"... Vous êtes sérieux ? Vous voulez que je vous regarde dans le blanc des yeux jusqu'à l'aube ?"

Je ne nie pas. Le tag est de moi. J'assume la paternité de mes conneries, sauf face aux flics. Et si les RK doivent m’émasculer pour ça, qu'il en soit ainsi. Mais passer encore 5 heures en compagnie de macho-man, qui en plus d'être in regardable, en plus de me mettre mal à l'aise, en plus est une belle ordure... Non. Emeric me semble moins dur à supporter que ça. Et ca transparaît clairement dans mes paroles. Je ne suis pas vraiment soigné, a peine a-t-il eu le temps de désinfecter mon bras. Mais je n'ai aucune envie de retourner sur cette chaise. Je me sens soudain désagréablement vulnérable. Je décide à cette seconde même que je le déteste. Ca me fait sourire, moi qui n'ai jamais haï personne. Je ne crois pas que je le hais. Je le déteste juste. Pour le moment.

Et je pose une main sur le mur, là, sur le tag. Je la laisse descendre et ce qui n'est pas sec s'étale sous le geste. Et me tartine les doigts. Je m'avance, et ma démarche fluide ressemble un peu à celle du chasseur qui fond sur sa proie. Je ne le calcule pas. Je ne calcule pas non plus cette montée en puissance, cette colère, qui ressemblerait presque à du désir. Ma main se pose sur le costume tout en noir de Porter, au niveau de sa poitrine, et je l'essuie avec une grande nonchalance. Oui. Je viens de ruiner ton beau costume. Sang, bleu, rouge, jaune, et que sais-je encore. La mixture du monde sur ta veste de dandy. J'en rêvais, et je l'ai fait. Je ne recule pas. Insolent. Puisque tu as décidé de me pourrir la vie, je ne vais pas te louper.

""L'observation" vous plait ? J'espère que oui, vous en avez après tout pour toute la nuit. Encore que vous pourriez me laisser partir. Je suis un personnage turbulent."

Je retire ma main. Il n'y a pas de raisons à ce geste. J'éclate la petite voix en pensée. Cette pute a suggéré que je voulais le toucher. J'ai senti la poitrine du médecin se lever et s'affaisser plus vite. En colère sans doute ?

"Oh, votre beau costume. Navré."

Je lui tapote affectueusement la joue. Vas-y, frappe moi si tu l'oses. Je me laisse tomber sur le fauteuil, devant lui. Ses longues jambes sont presque contre les miennes et son regard tombe comme un couperet sur moi. Je le soutient, la tête levée vers lui. Insolence. J'ai attrapé une compresse, et m'évertue à la réduire en confettis. Le regard de Porter parle de renvoi, de bureau de direction, et ça me va tout à fait. Si tu ne me renvoie pas, bonhomme, je viendrais taguer ton infirmerie toutes les nuits. Insolence affronte Rigidité.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyJeu 24 Oct 2013 - 16:41

KYLE

Il y a dans le regard de ce gamin une lueur. Une lueur étrange, à la fois fascinante et terrifiante. Ce mélange subtil de mépris et d'intérêt, comme si, en un seul regard, mon cerveau avait été sondé de long en large par les yeux inquisiteurs d'un jeune homme couvert de sang. Il y avait quelque chose qui ne me plaisait pas et que j'adorais à la fois. Je compris rapidement pourquoi. C'était le regard de June. Elle aussi regardait les gens de cette manière, méfiante et fascinée à la fois par certaines personnes, comme si dans ses yeux on avait pu lire une intelligence forte et agressive, quelque chose que je ne pouvais qu'à peine toucher du doigt, moi, le petit médecin qui avait choisi d'aider la gente scolaire pour une question de fierté et d'intérêt général, en dépit d'un certain confort qui m'aurait permis d'offrir à Cassandre une vie de rêve. Pour autant, je n'avais pas beaucoup de soucis à me faire. Je savais qu'une masure me suffirait. Ce n'était pas la question. Il me regarda, et le temps de ce regard sembla durer une éternité. C'était comme si la terre cessait sa rotation le temps qu'il m'inspecte. Je n'étais pas très courageux, dans l'âme. Et il me faisait peur. Ces prunelles me faisaient vraiment peur. J'avais besoin de me rassurer en me disant que cela ne serait jamais pire qu'un homme éventré au bord d'une route, qu'un médecin légiste devrait dépiauter. Une paire d'yeux, que j'allais vite oublier, j'en avais la certitude. Ou du moins, je me persuadais à le croire.

Ma main se mit à trembler.

Sur ordre du gamin, je finis par le lâcher, soulagé que ce soit tombé pile au moment où le tremblement commença. A ma réplique, il émit un soupir d'ennui. Oui, j'étais l'emmerdeur de service, ici. Je rafistolais tout le monde, et personne ne me remerciait. J'en avais vu défiler, des sportifs de cette confrérie, la machoire fracturée ou le nez en sang. Ils repartaient jouer sans dire le moindre mot, seulement soucieux de savoir si ce nez cassé allait altérer leur pouvoir sexuel auprès des filles. A cela, j'avais tendance à les rassurer ; les gonzesses avaient pour habitude de choisir toujours les pires blaireaux en guise de compagnons. Elles semblaient s'y complaire. Lorsqu'on était un homme bien, on avait peu de chance de trouver la femme de sa vie ; il fallait se transformer en gros plein de muscle pour parvenir à séduire. La vie était une sorte de grosse plaisanterie, me dis-je en accompagnant à l'infirmerie. Une plaisanterie dans laquelle je surnageais, et dans laquelle le petit semblait se complaire. Il était d'ailleurs bien maigrichon pour un RK.
Tiens, en parlant de plaisanterie.

En entrant à l'infirmerie, je fus accueilli par un spectacle aussi original que désagréable ; un tag. Sur le mur de MON infirmerie. Un espèce d'embrouillamini insipide de peinture et de sang, que le jeune homme avait sans doute fait juste avant que j'arrive. Une oeuvre dont il pouvait être fier. Il avait fait ça pour me faire chier, non ? Ben c'était réussi. Mon premier réflexe fut de décider de le faire nettoyer une fois que j'aurais soigné ses blessures. Puis finalement, me vint une autre idée. Je jetais un regard désabusé à sa fresque alors que je m'apprêtais à prendre bien soin de son petit corps tout cassé, sans dire le moindre mot. En fait, cette proximité me gênait. Le silence aussi. Un silence pesant, qui régnait dans l'infirmerie. Un silence qui me glaça rapidement. On ne percevait que le bruit régulier de sa respiration et la mienne, paisible et presque imperceptible, tant je me retenais de ne pas haleter tellement je me sentais tendu. Je n'aimais pas travailler de nuit. D'habitude il y avait toujours une infirmière pour me seconder durant mes gardes, mais là j'étais seul, complètement seul avec ce gamin. J'aurais sincèrement aimé qu'il y ait quelqu'un d'autre dans la pièce à cet instant. Pour autant, je n'en bâclais pas mon travail, et m'attelais à l'observation des plaies du garçon, après lui avoir demandé son identité et son âge. Azraël Trophime, donc, un nom pour le moins original. J'avais noté sa présence ainsi que ses blessures, là, sur mon carnet. J'étais tout à fait en mesure de soigner ses plaies. Et je m'y attaquais tranquillement. Après tout, j'avais la nuit devant moi, et si je pouvais lui retirer quelques secondes de sommeil rien que pour l'emmerder un peu, je n'allais pas m'en priver. Après tout, il m'avait fait lever, et il avait saccagé le mur de mon infirmerie ; quelques minutes de moins à pioncer n'allaient certainement pas atteindre ma culpabilité.

L'examen de ses coudes et de son visage me révéla, pas chance, des blessures superficielles. Le visage, ça pisse, mais heureusement ce n'est pas très grave. Pour autant, il avait perdu beaucoup de sang. D'un geste souple, j'attrapais le bas de son visage avec délicatesse, pour en observer les dégats. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas cette proximité. Je n'aimais pas ce garçon, j'en avais décidé ainsi. Il cumulait les erreurs avec moi. Trop proche, trop familier, trop étrange, trop... Fascinant. Horriblement fascinant. La remarque qu'il fit me provoqua l'effet d'une décharge électrique. J'en avait assez. Epiait-il donc le moindre de mes faits et gestes ?!

"Aie au moins la décence de ne pas me déranger pendant que je t'examine. Tu m'as fait lever en pleine nuit parce que tu as voulu faire le mariole sur la façade du lycée, je te rappelle. "


Allez hop, emballé c'est pesé. Je n'allais quand même pas me laisser gaver par un gosse, si ? Finalement, son regard se dirigea vers la fenêtre. La nuit était claire, c'était vrai. Au moins avait-il choisi une belle nue. Heureusement sans doute. Si en plus il avait plu, j'aurais été d'humeur sacrément revêche. Plus que maintenant, je veux dire. Si encore c'était possible. Parce que m'horripiler plus que cela il fallait le faire. Trevor Seyton était au dessus du lot évidemment. Il était dans mon top 5 des personnes que je haïssais, et méprisais. Loin devant. Un ange passa, et puis il reprit la parole. Il avait un timbre étrange. Ou alors, j'avais des halu. Quant à mon voeu... A vrai dire je n'en avais aucun, à part celui de retourner me coucher le plus vite possible, et c'était déjà grillé. Il faudrait que je passe toute la nuit à le veiller. C'était vraiment énervant. En faisant la moue, je me levais, puis me dirigeais vers ma table de travail pour attraper l'attirail. Désinfectant, compresses, pansement, attelle. Je soupçonnais une entorse au poignet. Autant l'empêcher de faire du sport un moment, si seulement ça pouvait le faire rager.

"Kyle Porter. Et je ne suis pas vraiment d'humeur à faire un voeu."


Le ton était donné, au moins. S'il n'avait pas compris, c'était qu'il était bouché. Ou qu'il avait décidé de m'emmerder, au choix. Je repris place face à lui, puis appliquais soigneusement une bonne dose d'alcool sur la compresse, que je plaquais sur son coude gauche. Délicatement. M'énerver n'était pas une raison suffisante pour que j'apprécie de le torturer. Et vu comme le mur avait râpé ses coudes, il devait avoir sacrément mal.

"Courage. C'est qu'un mauvais moment à passer."


Finalement, je désignais son oeuvre d'art du menton, de manière à ce qu'il se retourne pour la voir aussi.

"Tu vas passer la nuit ici, en observation, et c'est moi qui resterais de garde. Demain matin tu repartiras en cours, avec une autorisation de l'infirmière. Quant à ton chef d'oeuvre..."

Tsadam. Suspense.

"...Le surveillant de cette nuit ira demain matin remettre un mot de ma main à ton chef de Confrérie, qui viendra nettoyer ça, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Évidemment, il saura que tu es le responsable."


Je savais qui était le chef des RK. Un jeune homme du nom d'Emeric, au caractère bien trempé. Je comptais sur lui pour faire passer à Azraël l'envie de recommencer ses conneries sur le mur de mon infirmerie. Et sans doute n'aurais-je pas pu trouver meilleure punition que celle-ci, dans le cas présent. J'en ressentis presque une petite once de fierté. Sans me rendre compte qu'en le punissant, je me vengeais moi-même de mon propre trouble.
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyMer 23 Oct 2013 - 18:51

AZRAËL

HRP : (Comme promis, je te réponds avant tout les autres. T'es ma priorité absolue maintenant e.e)

Lumière. La pute me grille la cervelle. Déjà que c'était vide là dedans. Le poisson rouge gis au fond du bocal. Ca fume par les oreilles. Douleur, et les étoiles toutes colorées qui m'éclatent devant les yeux. J'ai déjà tourné les talons, je tâche de retrouver mon chemin. On me fauche en pleine fuite, je manque me casser la figure. Et la pression sur mon bras, et la vague odeur de sang, et ma bouche assechée. Ca pique. Je lève la main à mon visage par reflexe, les yeux plissés comme ceux d'un petit chinois, tout éblouis que je suis, et tourne les yeux et le buste vers celui qui vient d’agripper mon bras. Je ne peux pas ignorer la présence de cette poigne là, qui m'a tout à fait stoppé dans mon élan. Ses doigts me brûlent.

Je le regarde sans rien dire une seconde. Cet enfoiré est plus grand que moi, et plus costaud. Mais ca, ce n'est pas vraiment très compliqué. Il a l'air viril. Je décrète à cet instant même qu'il est gay. Pourquoi ? Comment ? Je ne sais pas. Il me tient par là ou ca fait mal, il a le culot d'être plus grand, et en plus il nous la joue beau ténébreux, avec son physique de macho-men. Non, franchement... sa poigne puissante tombant pile, enserrant mon avant bras scalpé. Par un poil a l'endroit ou tu me tient, plus de peau non plus. Je grimace. SALAUD !

"Minute. T'as l'intention d'aller quelque part ?"

"Vous pourriez pas commencer par me lâcher ?"

Ok, c'était pas vraiment gentil-gentil comme ton. Mais je suis pas vraiment gentil-gentil alors osef. Mais en même temps, ce type, je lui ai rien demandé. Et j'ai jamais dit que je faisais don de mon sang. Lui en a plein la main. Ca avait a peu près séché, et maintenant ca pisse de nouveau. Franchement, bravo. Ca applaudit a tout va sous ma caboche.
Je le regarde avec mes yeux noirs de jeune malappris. Si je pouvais mitrailler d'un regard, ton corps serait une passoire, monsieur-le-médecin-scolaire.

Un grand singe en costume, voilà ce qu'il est. 40 ans bien tassé, le visage marqué. Elles sont lourdes tes rides du rire, celles qui encadrent tes yeux de type froid-et-constipé. T'as presque l'air d'avoir mal en posant ton regard sur moi. Mais j'peux comprendre, un balais dans le cul, ca doit faire mal. Ouais, voilà, le premier apercu, c'est ça. Le genre de type qui s'étouffe dans ses propres règles. Le genre de type que je méprise profondément. A dire de faire attention, ou je ne sais quel serait tes conseils. Je te tutoie naturellement, parce que dans ma tête, tu ne mérites pas mon respect. Sous m caboche, tu es chez moi, et chez moi, le respect et les notions courantes n'ont plus court. Je suis obligé de reconnaître qu'il n'est pas si moche que ça, et que s'il ne faisait pas "frigidaire" vu la tronche qu'il tire, je pourrais même admettre que ce type là a de beaux restes.  Un dandy des temps moderne, croque-mort tout en noir. J'ai envie pendant une breve seconde d'éssuyer mes mains constellées de peinture jaune, bleue, orange, rouge, constellées de peinture et de sang sur sa tenue immaculée, et trop sombre. C'est vrai quoi. Se fringuer en noir en pleine nuit, j'trouve ca suspect. Comme les rides au coin de ta bouche. A force de rire ou de tirer la tronche ? Ou peut être parce qu'au cours de ta vie de grand-père, t'es passé un peu trop souvent d'une expression à l'autre.

Il me fixe comme si j'allais me tirer en courant. Je ne suis pas débile, ou en tout cas pas totalement :maintenant que je sais qui tu es et toi aussi, se serait un peu stupide de se barrer. Je tiens pas à me faire étriper par mon parrain, merci bien. Dans ma secte mon groupe, je suis sûr qu'on pratique encore le fouet. Oh, peut être pas tout le monde, mais l'autre barge a l'air de ceux qui n'hésiteraient pas à faire un exemple. Merci mais non merci. On dirait qu'il a compris. Le petit sourire en virgule, là, le petit sourire sur le côté. Putain, je connais même pas ce type et j'imagine des trucs débiles. Ok, il m'a fait mal, sa gueule me revient pas mais j'ai même pas passé 20 secondes en sa présence, alors du calme.

Du calme, petit Jedaï. Son sourire fond comme neige au soleil. Tant mieux, j'aime mieux quand papy-coincé fait la tronche.

"Non parce que, si tu veux, je suis un peu là pour toi, alors tu vas faire demi-tour et m'accompagner pour que je te soigne, d'accord ? Histoire que je ne me sois pas levé pour rien."

Relax. Inutile de se mettre sur la tronche. L'administration a toujours raison après tout, même et surtout quand elle a tort. Et là pour le moment le seul tort c'est que ce type est surement un désaxé. Trop classe pour être honnête. Du genre à abuser des donzelles qui viennent le voir. Je me rend compte que je ne le pense même pas. Ce qui m'horripile, c'est son regard tellement froid, sa démarche à la limite sensuelle alors que je pourrais imaginer le balais qu'il a planté là ou il ne faut pas sans aucun souci. Ce type est une contradiction vivante. Il m'a fallu dix secondes pour m'en rendre compte. Généralement, ca me dérange pas. Là, si.

"Ça vaaaa, personne venait, j'me suis dit que je pouvais rentrer. Je suis venu parce que le surveillant à insisté. Navré que ça vous ai forcé à vous déplacer. Ça m'amuse pas plus que vous."

Je passe devant lui et retourne au pays infirmerie. Je suis vraiment navré, parce que là, je pense que je pourrais être déjà au pieu. Et ça, ca me ferait presque chialer. Ici, les continents sont blancs et chrome. Sur le mur, une grande fresque pleine de sang. J'observe mon oeuvre qui sèche déjà, à la lumière chiche des néons. C'est plus sympa a regarder quand on éteint. Je suppose que je vais écoper d'une punition pour ca. Pour le moment, ca ne m'importe pas vraiment.Bon a vrai dire je m'en balance comme de ma première pantoufle. Tant que c'est pas en sa présence. Une bizarre tension dans les épaules. Se type me revient pas.

Je m'assois là ou il me dit de le faire, j'écoute ce qu'il a a me dire. Quand son regard se porte sur mon dessin, une énième représentation des tours -pour changer-, mon regard le suit. J'aime pas trop qu'il regarde ca, finalement. Tout chez ce type me met mal à l'aise. Je veux pas qu'il regarde ça. Pas lui, ou en tout cas pas lui qui sait que ca vient de moi. Je fais comme si je m'en tapais. De toute façon ma punition va sans doute consister à effacer ça.

Mon mensonge est plutôt vrai quand on y pense. Je suis pas tombé de ma fenêtre, c'est un fait. Mais je suis quand même tombé en peignant. Quel blaireau. Je vais avoir honte pendant quelques jours. Ce qui me réconforte un peu, c'est que si les RK apprennent ca, ils se moqueront de moi, mais pas exactement pour la bonne raison. Se sera sans doute moins dur à supporter. J'ai arrêté de l'écouter et je sursaute violemment quand il m'attrape par le coude pour exposer la plaie à la lumière. Il inspecte tout ça, et je l'inspecte, parce que de 1 j'ai rien d'autre à foutre, et de deux, ça m'évite de penser que mon corps tout entier viens de se changer en planche. Raide comme la mort. On pourrait presque croire qu'il m'a refilé son balais, ce con.  

Il pose ses deux mains autour de mon visage pour me faire regarder en l'air et je me plie à l'exercice de mauvaise grâce. J'ai le temps de capter son regard, une brève seconde, pour voir qu'il est a peu près aussi à l'aise que moi.

"Vous auriez pu me dire de regarder le plafond."

Je dis plus rien, vu q'il a posé ses doigts de médecin là ou ca fait vraiment mal. Je me contente de serrer les dents, et je regarde les deux tours, pour penser à autre chose. Ca peut paraître étrange, de s'apaiser à coup de représentations d'explosion, à coup de représentation d'attentat. Mais tout est là dedans. Ma mère, mon père par voie de fait, et moi, coincé sous de quelconque décombres, dans le noir. Je range mon violon, et je regarde la grande Dame brune s'étirer derrière la fenêtre. Son oeil de cyclope sourit. Elle fait bouger sa chevelure et une des perles dévale la longue crinière de velours.

"Une étoile filante. Vous voulez faire un voeu ? ... C'est quoi votre nom ?"

Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. C'est totalement con, et j'aurais mieux fait de la fermer. Mais la situation est gênante pour rien, ce type me met mal à l'aise et le silence m’oppresse. Je suis obligé de me faire soigner par lui, mais pas obligé de subir le bruit oppressant de son attirail. Après tout, c'est sur moi qu'il travaille, alors j'aime mieux en savoir le moins possible.


Dernière édition par Azraël Trophime le Jeu 24 Oct 2013 - 22:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyMar 22 Oct 2013 - 18:16

KYLE

De garde.

Ils m'avaient collé de garde. Depuis que j'étais entré à Wynwood, j'avais fait ce genre de choses peu de fois. La plupart du temps, cela concernait des lycéens atteints de maladie grave qui faisaient un malaise ou une rechute. Ma présence était alors requise lorsqu'il fallait les amener à l'hôpital pour transmettre le dossier et raconter comment se passait le suivi médical. Dans le cas présent, cela n'avait rien à voir avec une quelconque maladie ; un petit con, Rho Kappa (pléonasme) avait décidé de jouer aux pro de l'escalade sur le mur de l'établissement. On l'avait retrouvé avachi par terre, en sang. C'était un pion qui m'avait appelé. Les infirmières avaient toutes les deux pris leurs congés pour le week end, et malgré les appels répétés, il n'y avait que moi qui avait répondu. Qui plus est, il faudrait apparemment des soins assez délicats pour le gamin, même si le type n'était pas un expert. Je m'étais levé en grommelant, repoussant le bras griffu de ma copine qui me demandait en marmonnant d'une voix ensommeillée (donc grave et éraillée,c'était vraiment flippant) où j'allais. J'avais beau lui dire que le lycée m'appelait et que c'était urgent, elle ne me laissa partir que lorsque je la menaçais de me munir de morphine pour l'empêcher de me retenir. Elle s'était tournée en grognant. Eva n'était pas une facile, mais je l'aimais comme ça, après tout.

J'avais pris la voiture, direction Wynwood, en maugréant dans ma tête qu'il ne fallait quand même pas trop me prendre pour un con. J'étais la bonne poire de ce bahut, celui qui disait toujours oui. Pire encore, le pion m'expliqua que la raison de cette chute lui semblait purement et simplement vaseuse. Si le gamin était tombé pour rattraper un pinceau, il serait tombé tête la première, et on l'aurait sans doute retrouvé mort. Son avis à lui, c'était qu'il avait voulu grimper sur le toit et qu'une mauvaise prise l'avait fait glisser. Et bien sûr, ce petit con avait les mains colorées. De la peinture. ça collait avec le pinceau certes ; mais depuis quand les Rho Kappa étaient -ils sensibles à l'art, ces gros lourdeauds sans cervelle ? J'avais seulement affaire à un abruti qui avait décidé de faire chier le monde à deux heures du matin. J'avais bien l'intention de faire compter ça en heures supplémentaires. En arrivant, j'échangeais quelques mots avec le surveillant de nuit, devant l'infirmerie. Apparemment les blessures n'étaient pas très graves, même si c'était impressionnant. Il avait perdu pas mal de sang mais avait encore de l'énergie. Ce n'était pas très étonnant de la part de ce genre de type. Je me demandais bien ce qu'il foutait sur ce mur. Je ne croyais pas une seule seconde à l'excuse du pinceau. Et quand bien même ce serait vrai. Le pinceau, il était où ?

Je remerciais finalement le jeune homme à la torche, qui retourna tranquillement faire sa ronde, sans doute heureux de voir qu'il s'était passé quelque chose durant la nuit. Je le plaignais, le pauvre. Les heures ne devaient pas passer bien vite. Du reste, moi, j'étais encore sacrément dans le gaz ; j'étais à environ un bâillement toutes les deux minutes. Je savais le gosse allongé, sûrement endormi ; j'avais bien l'intention de me faire un petit café avant de voir de quel mal il était atteint. J'entrais dans l'infirmerie, baignée dans la pénombre. Je n'allumais pas la lumière, mes yeux était habitués au noir. Je n'avais pas envie de ce genre de réveil. D'abord un café, ensuite la lumière. Je passais rapidement devant la salle de repos...

...Pour me retrouver nez à nez avec quelqu'un qui me fonça littéralement dans le bide.

Le choc de l'impact me fit basculer en arrière. Je parvins cahin-caha à garder mon équilibre, encore à moitié endormi ; puis me décidais à allumer la lumière pour connaitre l'identité de ce qui m'était rentré dedans. Un petit coup sur l'interrupteur, et enfin le trublion m'apparut. Il s'était prestement écarté de moi et tentait déjà de se barrer en direction de la sortie. Le gamin qui était tombé du mur du lycée. En quelques pas (de course), je le rejoignis et l'attrapais par le bras. Lorsqu'il se retourna, je pus enfin voir un visage, enfin, derrière quelques croûtes de sang séché. Un petit brun au regard dur, qui me fixait un peu comme si j'étais un déchet accroché à son pantalon. Le genre de truc qu'on enlève d'une pichenette avec une grimace de dégout. Ce regard là ne me plut pas du tout ; et je m'étais levé du pied gauche. Mais ma réputation de grand calme me précédait, et il était hors de question que je me mette, sans raison, à gueuler après un môme, même si c'était le dernier des petits crétins. Une meilleure prise sur son bras, et j'y étais. Il avait une belle gueule. Tout à fait le genre à charmer de la nana. C'était à la fois fascinant et écoeurant. Je fronçais les sourcils, prêt à le trainer dans mon cabinet s'il le fallait.

"Minute. T'as l'intention d'aller quelque part ?"


Je relâchais la prise sur mon bras, en me disant que s'il se barrait, le pion n'aurait qu'à le cueillir dans sa piaule et à me le ramener. Avec punition chez Cannon en prime, et quelque chose me disait qu'il n'en avait pas franchement envie. Un petit sourire en coin apparut sur mon visage. Puis s'envola, aussi vite qu'il était venu. Il m'agaçait trop pour m'être sympathique, c'était un fait. Qui plus est, j'étais loin d'en avoir fini avec lui ; je risquait même d'y passer une nuit entière.

"Non parce que, si tu veux, je suis un peu là pour toi, alors tu vas faire demi-tour et m'accompagner pour que je te soigne, d'accord ? Histoire que je ne me sois pas levé pour rien."

Merci Dieu.
Ah le salaud ! Il n'existe pas !
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MessageSujet: Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver)   Intéressant [Pv my amore] (- de 16 ans et à ne pas archiver) - Page 2 EmptyDim 20 Oct 2013 - 19:58

AZRAËL

Intéressant. La pièce toute blanche aux meubles chromés, la vague odeur de citron. In-té-ré-ssant. La lumière jaune du néon, qui repeint les murs de pisse. L'odeur vague de cours de biologie. In. Dedans. Dedans. Dans la salle, en dedans de moi-même, dans la douleur, les pupilles dilatées par la sensation. Ça fait mal. Je suis vivant. Vivant. En dedans et en dehors. C'est rouge, ça coagule vaguement. Non, ça pisse, je suis en train de repeindre l'endroit, et je trifouille là dedans. Ma main pleine de peinture et maculée de sang qui part sur le mur. Je tague. J'entends vaguement la voix du pion qui dit que ce n'est pas une bonne idée. Shooté à l'adrénaline.

Té. J'attends. On m'a dit "bouge pas". Je ne bouge pas. Il n'y a que mon doigt qui bouge, pour ajouter des détails, pour dire. J'ai quand même eu de la chance. J'ai toujours de la chance. Chaque bouffée d'air est une chance. Taie. La douceur de l'oreiller. Vaguement plastique, le contact contre ma joue. C'est poisseux comme un liquide. Sueur ou rouge parme. Ré. La raie du cul. Ok, ce jeu est con. Allons donc jusqu'au bout. Reste le "ssant". Sans cerveau, pour le surveillant qui m'a récupéré et a qui j'ai raconté que je me suis viandé en me penchant à la fenêtre de ma chambre pour rattraper un pinceau. Ça passe crème pourtant ! Destroy dans la pelouse, pris en flag par la lumière de la lampe de poche que cet enfoiré m'a mis dans la tronche. Un vrai lapin de garène. Le menton ouvert, les  bras rappés jusqu’à en avoir totalement oté la peau. Déraper et se casser la gueule sur 4 étages, ça n'aide pas. Contre le mur, essayant de m'attraper partout, rester en contact surtout, et le mur de crépis. Pourquoi on crépit les murs à une telle hauteur, sérieusement ? J'ai cru que mon bras allait se décrocher quand ma main c'est refermée sur un volet. Il me lance vaguement. Mon corps à claqué contre la balustrade du 5ème étage. Je me suis hissé comme j'ai pu. J'ai attendu là quelques minutes, le cœur en escalade, les sens à l’affût, la douleur s'étendant comme le poison d'un serpent qui à mordu.

Le retour, c'était les doigts dans le nez. L'escalade pour retourner sur le toit, l'escalier de service. J'ai terminé mon tag. C'est le bruit d'une fenêtre qui s'ouvre qui m'a fait trébucher pendant que je contemplait mon oeuvre. Mon menton à claqué contre le parapet, mes doigts se sont fracassés contre le béton, et la dégringolade. La façade d'un immeuble, c'est plein de trucs qui s'élancent en perpendiculaire, et taper dedans, ça pique.

Sans. Le haut tellement écharpé qu'il y a plus de trous que de tissu. Sans manche ! C'est un vêtement sans. Je me mets à rire. C'est comme pour les strings. Vous savez, ces petits morceaux de tissus indécents que portent les jolis morceaux de viandes dont les messieurs raffolent, ceux là qui moulent le sexe et rentrent entre les fesses, ces petites choses inutiles et tue-l'amour. Ceux-là coûtent plus cher qu'un vrai sous vêtement, tout en dentelle et transparence. 'Sur que mon haut à capuche et sans manches ferait sans doute fureur. Et ces traces de sang qui maculent l'ensemble, aucun doute que les émos se l'arracheraient. C'est épais sur mes doigts, comme de la peinture qui est en train de sécher.

La salle prend des aspects de film d'horreur. J'ai éteint la lumière, elle me détruisait les lieux. Il fait bleu sombre partout autour, les murs sont bleus, le sol aux allures de peinture à l'huile et ce qui macule les manches après tout, ce n'est que du noir. Un faux noir, vaguement brillant. Ca brûle et c'est froid tout à la fois. J'ai envie de rentrer chez moi. Même si la vision d'une infirmière sexy ne me rebute pas. Sauf que les infirmières sont rarement sexy. Surtout réveillées en pleine nuit. Et puis j'ai vu mon lot d'infirmières. Les vraies sont rondouillardes, vieillissantes, gentilles comme des foules de mères jalouses. On se fait houspiller, malmener, et couver jusqu'à ce que mort s'en suive. Et généralement, c'est encore ce qui fait le plus mal. Ces vieilles pies me manqueraient presque. Pourtant je ne suis pas le "client" le plus sympathique de tout les temps.

Les infirmières scolaires ça par contre... Ça pue. Je veux pas finir rafistolé par quelqu'un qui c'est fait recaler et qu'on a redirigé vers les écoles en se disant que ça irait très bien comme ça. J'ai évité l'heure de colle, le surveillant, sans être convaincu par ma version, n'ayant pas eu la grande idée de fouiller les buissons. qui m'environnaient. Mon sac à dos est resté bien planqué, lui et toutes ses bombes de peinture. Bon. Le pion s'est barré. Je tente une sortie. Regagner ma chambre, soigner tout ça rapidement, et dormir.  J'heurte un corps dur, du genre solide. Un mur au milieu du couloir. C'plutot bizarre. Mais j'y vois pas grand chose, j'ai du taper un angle sans faire gaffe. Je contourne l'obstacle pour tailler la route.
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