Camping Paradise. Mahina.

« Je t'ai déjà vu tout nu je te rappelle, regarder tes fesses pour voir un tatouage ne va pas me gêner, je te rassure » me répondit Mahina, ce qui me fit rire de bon cœur.

Elle comme moi n’étions pas vraiment gênés de parler de notre unique plan sexe, et ce dernier ne nous avait pas empêchés de devenir amis. Si ça se trouve, il nous avait peut-être même aidés à nous rapprocher amicalement parlant. Comme une façon de briser la glace, en quelques sortes. Efficace.
Bref, nous arrivâmes finalement à destination et le campement fut monté en deux temps, trois mouvements. Ou peut-être un peu plus, vu que la belle Mahina ne daigna pas m’aider et préféra me regarder faire – ce qui ne me dérangeait pas le moins du monde. Elle s’amusa même à me charrier, installée sur son trône tandis que je me débattais avec les piquets et la toile de la tente.

« Eh bien tant mieux si tu ne sais pas, comme ça tu vas apprendre.
- C’est une façon de voir les choses ! »

Je finis par y arriver, et la belle brune vint inspecter mon travail en faisant le tour de la tente. Un vrai petit contremaitre ! Elle approuva le montage, puis suggéra de laisser la bouffe dans la voiture, ce qui ne me posait pas de problème. Ensuite, nous déplaçâmes nos affaires et je finis par montrer mon nouveau tatouage à mon amie, en abaissant mon pantalon et mon boxer sous mes fesses. Il s’agissait d’un petit bonhomme dessiné avec quelques barres, qui poussait une tondeuse vers mes poils de cul. Charmant, je sais. Quand elle le vit, la jolie Nu Zeta éclata de rire. Je restai le cul à l’air, le visage tourné vers elle.

« Il est génial ! » me dit-elle en riant toujours, ce qui me fit sourire.

« Merci, l’alcool ! »

La jeune femme s’avança ensuite vers moi et me donna une claque sur la fesse, en me disant ensuite de me rhabiller parce qu’on avait du pain sur la planche. Je remontai mon boxer et mon pantalon, bouclai ma ceinture et la suivis pour mettre notre bordel dans la tente.

« On va chercher du bois ? » proposa-t-elle ensuite.

« Ouais, comme ça on pourra faire griller des marshmallows ! »

Et c’est ce que nous fîmes, tous les deux. Une fois les bois récupérés, le feu allumé, le camp monté… on mangea à la lueur des flammes et nous discutâmes jusque tard dans la nuit, de tout et de rien. Je lui racontai ce que j’avais compris à propos de Maddox et lui fis promettre de ne rien lui répéter. Ce sujet alimenta une bonne partie de notre week-end, d’ailleurs. Et quand arriva le temps de rentrer, je la remerciai d’avoir partagé ce moment avec moi et d’être une si bonne oreille, ainsi qu’une excellente amie. L’intégration au sein de la Confrérie, je ne sais pas… mais une chose était sûre : ce week-end avec Mahina m’avait fait le plus grand bien.

• Terminé •

« Vous étiez tous les trois responsables » conclut Mahina pour mettre fin à la discussion Mike, ce qui me fit rire.

Non pas parce qu’elle avait pris un air faussement sévère, mais surtout parce que je venais de l’imaginer avec un fouet en main, pour nous punir tous les trois. Ou plutôt, tous les deux, puisqu’Henri était malheureusement retourné à Londres avec Solal, mon colocataire et son cousin. Tant pis, ça ferait plus de fessées pour Mike et moi… ou pas. Ce bon bougre d’Henri me manquait, parfois. Il m’était arrivé de me sentir un peu seul après le départ des cousins, mais heureusement Jamie était arrivé pour me tenir – une excellente – compagnie. On avait les mêmes délires tous les deux, et avec Damian – un Sigma Mu – on formait une belle petite bande. C’était sympa. Bref.
Je parlai ensuite de mon nouveau tatouage à Mahina… qui ne l’avait forcément encore jamais vu, puisque je me l’était fait à la fin du mois d’octobre à un endroit vraiment particulier qu’elle n’avait pas l’occasion de voir tous les jours.

« Alors là oui je veux absolument voir ça. La petite aiguille ne t'a pas fait trop mal ? » me demanda-t-elle en me taquinant.

Je rigolai, le souvenir de la soirée en compagnie de Shayna était tellement flou que je ne me souvenais même pas d’avoir fait ce tatouage, à vrai dire.

« Alors là, aucune idée ! J’étais tellement bourré que je m’en souviens pas, je ne te raconte pas ma tête quand j’ai vu qu’une Sigma Mu m’avait tatoué un smiley sur la fesse » lui répondis-je en riant franchement de bon cœur. « Tu veux toujours le voir ? »

La fin du trajet se déroula sans encombre et Mahi et moi finîmes par nous poser dans la forêt, pas trop loin du chemin de terre par lequel on y était entré. J’étais content de sortir de la voiture, rester assis aussi longtemps, ce n’était pas trop mon truc, surtout si la position était statique.

« On va être bien ici » me dit Mahi en me souriant, après s’être étirée.

Je regardai autour de nous, puis levai le nez pour observer les nuages.

« Je crois aussi, et s’il pleut on aura toujours les arbres pour s’abriter ».

La belle Nu Zeta ouvrit le coffre et sortit la tente, avant de se diriger vers en emplacement tandis que je sortais les autres trucs du coffre.

« Ça te va là ? » m’apostropha-t-elle, je me tournai vers elle et constatai qu’elle avait choisi un terrain plat et un peu protégé par les arbres.

« Ouais, parfait » approuvai-je donc, en fermant le coffre.

Quant à elle, elle sortait la tente de sa housse. Il n’y avait plus qu’à la monter. Je m’approchai d’elle dans l’idée de l’aider. Sauf qu’elle n’envisageait pas les choses de la même façon. Elle me tendit le marteau et la pochette avec les machins qu’on plantait dans la terre – et dont j’ignorais tout à fait le nom – avec un grand sourire.

« Je te laisse t'occuper de la tente ».

Je pris les trucs et lui rendit son sourire.

« Parfait, je vais pouvoir mettre mon diplôme d’ingénieur de tentes à profit » répondis-je pour rire. « J’espère que t’es pas pressée, j’ai jamais fait ça de ma vie. D’habitude je prends une tente qui se déplie en quelques secondes ».

Je lui tirai ensuite la langue et commençai à regarder le plan. La jeune femme s’éloigna et alla s’asseoir dans la voiture, elle commença ensuite à m’observer, tandis que je montais les barres entre elles, pour pouvoir ensuite les passer dans les bons trous.

« Tu veux pas du champagne ? » lui lançai-je en riant, en relevant les yeux vers elle.

La tente finit par se dresser tant bien que mal, j’étais assez fier de moi. En plantant la dernière petite pique, je lançai un « tadaaaam » victorieux puis me relevai et ouvris la fermeture éclair.

« On a plus qu’à ranger le brol, et après je te propose qu’on aille chercher de quoi faire un feu de bois » lui suggérai-je, en me dirigeant vers les affaires qui attendaient qu’on s’occupe d’elles.

« Au fait… mate ça ! » dis-je alors à la jeune femme, tout à fait hors contexte – parce que je venais juste d’y repenser –.

Je baissai ensuite mon baggy et mon boxer sous mon cul, pour lui montrer juste mes fesses, et le magnifique smiley qui trônait sur mon postérieur depuis peu.

Imaginer Mahina avec un tazer me fit rire, c’était sans doute le but recherché parce que je savais très bien qu’elle n’aurait pas vraiment fait ça. Pas avec moi, en tout cas. Elle me connaissait assez bien pour savoir que je savais faire preuve de respect envers les femmes, et ce n’était certainement pas moi qui irais courir après une nana en couple, même si celle-ci me plaisait. Surtout que, dans le fond, Mahi et moi étions amis à présent… ça aurait été vraiment bête de gâcher ça. Le sujet Mike était lancé.

« Il se sentait mal à l'aise au milieu de notre groupe, c'est pour ça qu'il a rien dit et je tiens à dire qu'il n'est pas parti avec moi. Il est parti et c'est moi qui suis partie le rejoindre parce que la fumée de vos joints me faisait pleurer ».

Est-ce qu’elle cherchait à l’excuser ? Parce qu’en fait, je trouvais que ça l’enfonçait. Une attitude plus sociable, tu meurs. Si encore il était parti avec Mahina pour lui éviter la fumée des joints… ok. Mais là, non, il ne se sentait pas à l’aise, n’avait rien fait pour changer ça et avait préféré se tirer. Je songeai en mon for intérieur que c’était vraiment un crétin, et un Pi Sigma à deux balles par-dessus le marché. Enfin, dans le fond, sur ce dernier point : tant mieux pour la belle Nu Zeta. C’est pas avec un mec comme ça qu’elle pouvait craindre l’infidélité. A moins qu’il tombe sur une grosse pute et qu’il soit incapable de dire non, mais j’étais persuadé qu’un idiot même pas foutu de parler dans un petit groupe comme celui du 4 juillet n’arriverait à rien en matière d’approche des femmes. N’était-ce d’ailleurs pas Henri qui m’avait dit qu’il l’avait draguée comme un véritable boulet ? Et elle, le cœur sur la main, avait eu pitié de lui. Typique.

« Et pour les sales regards je ne sais pas je n'ai pas vu, mais d'après lui toi et Henri aussi vous n'étiez pas gentil avec vos regards ».

« Hmmm, qui est le vilain qui a commencé ? » la taquinai-je en prenant une voix de gamin, comme si on était dans une cours de récré.

Bon, je n’étais pas un mauvais bougre, je suggérai donc à Mahina de me présenter officiellement son copain afin qu’on apprenne à se connaître. Hum. Je vous assure que ma proposition partait d’une bonne intention, même si dans le fond j’étais persuadé que lui et moi, ça ne collerait jamais.

« Mike n'a rien à voir dans le fait que je ne vous aies pas présenté, je veux juste éviter de me retrouver prise entre deux eaux parce que vous n'allez pas vous supporter, je le sens. Et comme c'est déjà à moitié le cas, je veux limiter les dégâts ».

« Ouais, je comprends… ».

Sur le principe, en tout cas. Je lui jetai un bref regard, puis me reconcentrai sur la route. Alors comme ça, elle aussi sentait qu’on allait pas se blairer ? Je me demandais bien pourquoi. Il était rare que je ne m’entende vraiment pas avec quelqu’un, pourtant. Cela devait venir de lui, tirai-je comme conclusion. Un italien, un type au sang chaud, complètement infernal… face à la zen-attitude en personne. A moins qu’il n’attaque quelqu’un à qui je tenais beaucoup, je ne voyais pas ce que je pourrais faire pour m’énerver face à lui. Bon, je ne prenais pas en compte l’aspect… disons, taquineries. Là, effectivement, je risquais de lui en lancer deux, trois. Des petites piques bien placées, juste parce que sa tronche ne me revenait pas.

« Je lui ai dit, mais après qu'il t'ai rencontré, quand on était tous les deux à la fête nationale ».

« Tu vois, c’est le genre d’information qui ne va pas l’aider à m’apprécier, je crois. Pour un mec, c’est toujours désagréable de savoir après qui on passe. Enfin, je trouve… je suis sûr qu’il t’a imaginée dans mes bras, en train de… enfin, hm, tu vois ».

Un petit blanc s’installa, durant lequel je restai concentré sur la route, en jetant de temps en temps des coups d’œil dans mon rétroviseur, mais pas vers la jeune femme.

« Enfin, je vous aime tous les deux, c'est le plus important non ? Et je ne vous laisserai pas être seuls tous les deux, je préférerais éviter que vous vous entretuiez » me lâcha-t-elle soudainement.

« Je ne suis pas violent, tu sais ? Je suis même plutôt peace dans mon genre, et à moins qu’il te fasse du mal, je ne vois pas pourquoi je voudrais le tuer… même comme ça, je me contenterais sans doute de lui péter les dents ».

Je ne disais pas que je ne savais pas me battre… plutôt que je n’aimais pas ça. La violence, ce n’était vraiment pas mon truc. Je préférais, et de loin, m’attabler avec quelqu’un et discuter de ce qui n’allait pas. Simplement, quand la personne était hostile en face de moi, je pouvais faire face. Je soupirai et passai une main sur mon crâne rasé. Il faudrait que je le repasse sous la tondeuse, ce n’était plus parfait et ça m’énervait de sentir un fin duvet de cheveux sous mes doigts. Soudain, un sourire étira mes lèvres. Je venais de penser à quelque chose que je n’avais pas encore dit à Mahina.

« Tu sais que je me suis fait tatouer ? » lui dis-je alors, un sourire amusé aux lèvres. « Il faudra absolument que je te montre ça ».

Le reste du trajet se passa tranquillement… et nous finîmes par arriver là où nous allions camper. J’engageai la voiture sur une petite route de terre, et Mahina et moi sélectionnâmes un coin tranquille où nous arrêter. Je coupai le contact et me tournai vers la jeune femme.

« Ça y est, le week-end peut commencer ! »

Ainsi, nous partions en forêt ? Enfin, pour du camping c’était plus chouette, mais cela m’étonnait toujours que Mahi accepte de partir tout le week-end avec moi… dans une forêt sombre et silencieuse ! Où tous les crimes seraient permis ! Bon, d’accord, je plaisantais. Mais si j’avais été un dangereux psychopathe, quand même. Elle faisait facilement confiance aux gens. Bref, nous montâmes à bord du véhicule – un des derniers modèles sortis, donc, je la croyais sur parole – et je lui demandai si elle connaissait le chemin.

« Bien-sûr que je connais le chemin. Déjà, il faut sortir par la sortie Nord de Miami » m’expliqua-t-elle, je pris donc cette direction en quittant le parking de notre Confrérie.

« Logique, mon vieux Liam » marmonnai-je, concentré sur la route.

Je ne conduisais pas souvent, je faisais donc doublement attention. En effet, au Texas, même si j’avais passé mon permis de conduire… je passais plus de temps à me déplacer à cheval qu’en voiture ! Je n’avais pas l’habitude. Ici à Miami, c’était moins facile évidemment… mais il y avait le métro, qui me permettait le plus souvent de bouger quand je le voulais. Ou les bus. Bien qu’une voiture aurait été un bon investissement, ce n’était pas pour cela que j’économisais.

« C'est mieux ? » me demanda la jeune femme après avoir changé de CD.

« Ouais, merci… ça fera l’affaire ! » lui dis-je en souriant.

Ce n’était pas du métal ou quoi que ce soit dans le même genre, mais c’était toujours mieux que l’espèce d’électro-house dégueulasse qui nous rabattait les oreilles juste avant cela. Une fois sur la route principale, je demandai à Mahi ce que pensait son copain de notre petite escapade tous les deux.

« Tu connais déjà la réponse. Bien-sûr que ça ne lui a pas plu, mais il sait qu'il ne se passera rien entre nous » me répondit-elle, ce qui me fit sourire.

« Je serais tenté de te faire du rentre-dedans pendant la nuit rien que pour te contredire » lui dis-je en riant doucement.

Bien entendu, je plaisantais. Cela m’amusait juste de la taquiner à propos de son italien de petit ami.

« J'ai une question que je me pose depuis longtemps. Pourquoi tu ne supportes pas Mike ? Qu'est-ce qu'il a fait ? » demanda ensuite la jolie brune.

Je me tournai un quart de seconde vers elle, pour croiser son regard. Bon. Question sérieuse demandant réponse sérieuse, donc. J’y réfléchis quelques instants, pour ne pas lui donner de fausses idées au sujet de son copain et de moi-même.

« Tu sais… la première fois que je l’ai vu, il n’a pas pété un mot et dès qu’il a pu, il s’est éclipsé avec toi. Comme s’il voulait te garder pour lui tout seul, j’sais pas. En plus, il me lançait tout le temps des sales regards. Du coup, j’imagine que son attitude ne m’a pas plu des masses. Et puis… de ce que m’avait dit Henri, ça avait pas l’air d’être le genre de mec avec qui je m’entendrais ».

Je passai une main sur mon crâne et soupirai.

« T’as qu’à me le présenter, je ferai un effort pour tes beaux yeux. A moins que ça soit lui qui ne veuille pas me voir ? Je lui fais peur, si ça se trouve » lui dis-je, en souriant.

Cette idée m’aurait bien plu, c’est dire si j’adorais son copain. Pauvre Mahina ! Je ne voulais pas la mettre dans une situation délicate, mais vraiment… ce mec ne me revenait pas. Pas au point de le critiquer allègrement devant elle, je n’étais pas non plus un connard. Ce n’était pas ce que moi je pensais qui comptait le plus.

« Ou alors… tu lui as dit qu’on avait couché ensemble ? » lui demandai-je, curieux. « Si c’est le cas, je comprends pourquoi il me regardait méchamment à la fête nationale ».

Il devait être dégoûté de passer après… moi. Que dire d’autre ? La fierté masculine, une belle connerie, parfois.

Mahina était du même avis que moi sur mon « intégration » : elle était inutile, mais bonne à prendre quand même, puisqu’elle nous servait d’excellente excuse pour passer du temps seuls tous les deux. Je lui proposai de charger la Jeep qu’un ami m’avait prêtée, histoire que cela soit fait et qu’on déblaye le couloir de nos affaires.

« Bonne idée, et de toute façon on ne va pas tarder à partir, ce n'est pas à côté » approuva la jeune femme.

« Ah bon, c’est où ? » lui demandai-je en me dirigeant dans le couloir, la jeune femme à ma suite.

Quand je vis tout ce qu’elle emportait, j’ouvris de gros yeux ronds. Deux énormes sacs pour… un seul week-end ?! Je me tournai vers elle, lui lançant une mimique étonnée.

« Hé bah bordel, tu fais pas les choses à moitié ! Tu sais qu’on ne part qu’un week-end ? » lui dis-je, pour la taquiner. « Heureusement, d’ailleurs… le coffre de la bagnole aurait été trop petit, sinon ».

Je pris quelques sacs, Mahina d’autres et nous quittâmes le Bâtiment pour aller sur le parking, où attendait bien sagement la voiture de mon pote. Elle était visiblement plutôt neuve, c’était une grosse caisse. D’habitude, lorsque j’avais besoin de me déplacer, j’empruntais plutôt la caisse défoncée d’un autre pote, qui ne s’en servait jamais… mais pour ce week-end justement, cela ne se mettait pas, j’avais donc du me débrouiller autrement. Je posai le sac que j’avais sur l’épaule et déverrouillai la voiture, puis ouvris le coffre.

« Dis donc, ton pote a les moyens pour se payer une des dernières sorties » me fit remarquer Mahina.

Je n’y connaissais absolument que dalle en voitures. Vraiment. Pire qu’une gonzesse, si ça se trouvait. J’observai la voiture d’un œil pas convaincu.

« Tu crois ? Je sais pas du tout quel modèle c’est, ma foi. Tu t’y connais en bagnoles, toi ? » répondis-je en commençant à charger le coffre. « C’est un pote de Wynwood qui me l’a prêtée, il n’est pas boursier donc j’imagine que ça veut dire qu’il a les moyens, ouais ».

Une fois tous les sacs à bord, nos regards se croisèrent et je souris à la jolie brune.

« Eh bien, je pense que l'on est prêts à y aller ! » me dit-elle en se dirigeant vers le côté passager.

« Ouais ! Attends-moi, je vais pisser et puis on y va » approuvai-je.

Je préférais prendre mes précautions, avant de démarrer. Je m’éloignai jusqu’à un arbre, fis ce que j’avais à faire… et revins vers la Jeep. Je grimpai derrière le volant, glissai les clés dans le contact et eus la satisfaction d’entendre le moteur ronronner. La boîte de vitesse était automatique, comme la plupart des voitures aux Etats-Unis. Je posai ma main sur le pommeau, après avoir réglés les rétroviseurs.

« Tu connais le chemin, copilote ? » lui demandai-je, en enclenchant la marche avant.

La voiture se mit à avancer sur le parking, et je me rendis compte qu’elle était beaucoup plus large que celle que j’avais l’habitude de conduire. Il faudrait par conséquent que je fasse attention. Arrivé sur la route, j’attendis que Mahina m’indique la bonne direction… et c’était parti pour l’aventure ! Le CD qui tournait dans le lecteur ne me plaisait pas. J’appuyai donc sur le bouton pour l’éjecter et, une main sur le volant, tendis le disque brillant à mon amie.

« Il y a un porte-CD dans la boîte à gants ! Choisis nous un truc mieux que cette daube, pitié ! » lui indiquai-je.

Je remis ensuite mes deux mains sur le volant et me concentrai sur la route. Nous arrivions sur les routes principales, qui nous mèneraient sur l’autoroute et nous permettraient ensuite de quitter la ville. Quand Mahina eut changé de CD, je lui posai une question qui me trottait dans la tête depuis un moment.

« Au fait… Mike n’a rien dit que tu partais avec moi pour le week-end ? »

Un petit sourire satisfait, que j’essayais de garder sans succès pour moi, étirait un coin de ma bouche. C’est fou ce que ça pouvait me faire plaisir d’embêter ce boloss. Si Henri avait encore été parmi nous, il s’en serait sans doute réjoui autant que moi.