Il faut savoir tester ses limites. (Lila)

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Li était une des première rencontre de l'année. Si la jeune Khi m'attirait tant malgré nos évidentes divergences d'opinions, c'est parce que je m'étais faite une promesse. Quoi qu'il arrive, ne pas retourner dans mes travers du passé, ne pas recommencer sans changer complètement. J'ai promis sur le cercueil de Mike que je ferais les choses différemment, que je m'ouvrirais plus aux autres, à mes amis comme aux inconnus. J'apprendrais à laisser entrer les gens dans ma tête sans me laisser violer dans mon intimité. Li était le résultat de cette expérience. Li avait des réactions bien étrange, comme me félicité sans que je saisisse le mérite. Un sourire berce mes traits.

« C’est pas si mal de s’amuser. Je sais que cela peut paraître bizarre venant d’une fille qui passe bien plus de temps à étudier qu’à sortir, mais si je n’étais pas tant dévouée à ma réussite scolaire, je sortirais bien plus. Il faut savoir profiter de la vie, je pense. »

Je fronce un instant mes sourcils, je ne peux pas laisser dire ça, on dirait Zack à ses débuts. Je fronce le nez. « Je suis pas d'accord ! S'amuser n'est pas une question de raté sa vie. Je comprends la pression que tu te mets sur les épaules, Zack était pareille fut un temps. J'étais obligé de feindre une tentative de suicide pour lui faire sécher ne serait-ce qu'un quart d'heure de court ». A ce souvenir, un sourire nostalgique me prends. Sur ce même toit, je me souviens de son regard effrayé, de sa mine renfrogné, ce baiser que je lui ai volé et qu'il a eu du mal à refusé. C'était marrant à l'époque de lui courir après. Le déstabilisé était un jeu très divertissant. Je remercie l'asiatique pour tout ces souvenirs qu'elle me remémore mal. Sentant le temps me manquait, je lui propose de se revoir avec entrain. Mon bar est accueillant mais mon boss va encore me tuer de ramener des mineurs dans son établissement. Faudra relooker et maquillé Li pour la vieillir un minimum.

« Et bien, pourquoi pas, j’imagine que ça ne peut pas me faire de mal.» « Pour l’alcool par contre… »

J'affiche un sourire conquis mais qu'à moitié. « Je vais pas te forcé à boire du whisky dès le premier soir, ne t'en fais pas. Je la vois hésité et si c'était ça qui l'effrayait, fallait pas. J'étais pas complétement insouciante, enfin pas toujours. Elle me confit qu'elle ne connait pas sa résistance à l'alcool. Je lève les yeux au ciel, posant ma main sur son bras, complice. « T'inquiète, le but n'étant pas d'avaler des litres, mais s'arrêter avant le malaise ! » Riais-je moqueuse mais gentiment. « Il y a une tenue vestimentaire particulière pour ce genre d’endroit ? »

Je retiens un sourire, je ne voulais pas qu'elle croit que je me moquais, mais c'était mignon en un sens. Je tape dans mes mains « T'en fais pas pour ça, on a pratiquement le même gabarit, j'aurais certainement des trucs à te prêter. » Sachant que j'ai voler toute mes tenues pour sortir aux anciennes Sigma Mu aujourd'hui partis. Mon téléphone se met à sonner, et je lève le doigts pour m'excuser. « Attends deux secondes ». Je décroche mon cellulaire reconnaissant l'appelant. La voix chaude et masculine au bout du fil. Je sens de papillon dans mon estomac à la résonance de son salut. « Salut beau gosse, qu'est-ce qui ya? » Je finis ma conversation rapidement. Et je reviens vers Li mais sautant de mon perchoir, sur le sol du toit.

« Ma cher Li, ce fut un plaisir de te rencontrer. » Je tends ma main. « Passe moi ton téléphone, je vais me faire sonner, pour te rappeler. » Je reste chaleureuse et souriante. Elle me le donne et je compose mon numéro sans gène. La sonnerie de mon téléphone chante et j'arrête celle-ci en rendant l'appareil à Li. « Bon je dois partir, mais maintenant que je sais où te trouver, hésite pas à me contacter si tu veux sortir. J'ai toujours un plan ». Je lui fais un clin d’œil et je rassemble mes affaires, mettant mon sac sur l'épaule. J'atteins la porte de sortis et je me retourne. « A ce week-end Li » Terminais-je en la saluant de la main et disparaissant dans les escaliers.

Fin !

Spoiler:

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... ... ...

Tester ses limites.

∞ Lila & Li

La jeune étudiante parut plutôt joyeuse quand Li lui annonça sa confrérie, ce qui eut pour don d’étonner la chinoise habituée à bien d’autres remontrances vis-à-vis de sa confrérie. Pour certains c’était une honte, et elle ne faisait partie que de ces intellos sans intérêts, et pour d’autres avoir ne serait-ce qu’une amitié avec la confrérie des Khi était un acte à ne surtout pas commettre de peur d’être exclus. Li trouvait cela débile, évidemment, mais voir une telle joie sur le visage de Lila la soulagea, et se rendait compte qu’au fond il restait des gens bien dans ce lycée, ce qui la fit apprécier Lila davantage. De plus, elle avait l’air d’avoir des amis au sein même de la confrérie de Li ce qui la rassura en se disant finalement que toutes les confréries n’étaient pas contre eux. Elle avait entendu de nombreuses rumeurs quant aux Pi Sigma et aux Rho Kappa qui étaient les ennemis jurés des Khi, certainement une vieille querelle qui perdurait, mais Li était plus du genre à vouloir s’entendre avec tout le monde, ce qu’elle trouvait dommage, toute cette animosité qui dégageait des deux confréries.

« Oui, je connais Zack, j’ai eu l’occasion de pouvoir lui parler de tant à autres, il m’a aidé surtout au début, il m’a l’air d’être vraiment génial. » Confirma la chinoise, bien qu’elle déplore ne pas le connaître plus, mais de tout ce qu’elle avait pu entendre, il était quelqu’un de bien, comme à peu près tous ceux de sa confrérie, avec qui elle s’entendait à merveille.

Malgré les apparences, à rester derrière des livres à longueur de journée, ils étaient bien plus soudés que toutes autres confréries, qui donnaient l’image d’une fraternité parfaite, mais pleine de tensions.

« Trop sage ? » S’étonna Li.

En même temps, elle se doutait bien qu’elle n’était pas une adolescente normale qui sortait à tout bout de champs, et forcément elle ne pouvait qu’attirer ce genre de remarques à son égard.

« A vrai dire, je ne les ai vraiment pas vus, mais tant que ça peut les remettre en place, je dois dire que je ferais bien attention la prochaine fois pour admirer ça. » Admit-elle.

Son aversion pour ces filles capricieuses, filles à papa, superficielles, pestes, nombrilistes, et tant d’autres adjectifs pouvant les qualifier était telle, que malgré son caractère adorable et irréprochable, elle ne pouvait s’empêcher de les maudire, et osait même jouer la mauvaise langue, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Mais elle les détestait réellement, et surtout la pire d’entre elles, la reine des reines, Nina. Et si elle était ainsi, Li pensait que toutes les autres étaient du même moule. Toutes aussi détestables les unes que les autres.

« Oh ne t’en fais pas, je ne pense pas du tout que ce soit un monstre. » Assura Li, suivi d’un léger rire. « Tout comme les autres de ta confrérie. »

Malgré les nombreuses rumeurs sur les consommations trop excessives d’alcool et de drogues en tout genre, Li n’était pas plus apeuré que ça, malgré son côté sérieux comparé à leur goût prononcé pour les fêtes, elle les admirait même en quelque sorte, parce que si Li n’avait pas été éduqué de manière aussi stricte, elle aurait certainement plus profité de la vie, et aurait davantage été vers les Sigma Mu, mais il en avait été autrement.

« Félicitations. »

C’est tout ce que Li trouva à dire quand au fait que Lila était en couple, et à vrai dire, elle n’était pas trop douée pour savoir quoi dire vraiment dans ce genre de situation, puisque ça ne lui était jamais arrivé avant. Cependant, elle agrémenta son mot d’un sourire sincère.

« C’est pas si mal de s’amuser. Je sais que cela peut paraître bizarre venant d’une fille qui passe bien plus de temps à étudier qu’à sortir, mais si je n’étais pas tant dévouée à ma réussite scolaire, je sortirais bien plus. Il faut savoir profiter de la vie, je pense. »

Oui, il fallait profiter de sa vie, mais Li pensait avant tout à son avenir avec de s’amuser et vraiment se laisser aller. Elle ne pourrait pas se le permettre, du moins cette année, surtout si elle voulait s’assurer une place à l’université l’an prochain. D’autant plus que médecine était loin d’être des études faciles, et donc il lui fallait réussir avec brio les examens de fin d’année. Ce pourquoi, elle laissait tomber les sorties pour les livres. Un choix personnel, qu’elle était loin de regretter.

« Ah oui, en effet, ça fait longtemps que tu es ici, tu dois vraiment bien connaître Miami, depuis le temps. »

Cela faisait partie en quelque sorte des souhaits de Li, arriver à s’en sortir dans cette toute nouvelle ville, et se faire à ce tout nouveau lycée. Ce qui n’était pas chose aisée, surtout pour une tête en l’air et étourdie comme elle pouvait l’être. Malgré sa mémoire, et sa capacité à retenir un paquet de choses, elle était incapable d’arriver à se souvenir de telles ou telles directions, et il lui arrivait souvent, par faute d’inattention, à se perdre dans des endroits tous bêtes.

« Euuuh. » Hésita-t-elle.

Bar, alcool, fête, tout résonnait dans sa tête, n’arrivant plus à réfléchir convenablement. C’était loin d’être dans ses habitudes, mais cela l’avait déstabilisé, et elle avait bien du mal à s’imaginer à ce genre de soirée, et pourtant cela ne lui ferait pas de mal, et elle savait qu’au moins elle aurait Lila pour intervenir en cas de problèmes. Malgré son côté sociable, Li était peu à l’aise dans des milieux inconnus au sien, cependant malgré un longue hésitation, une appréhension certaine, elle se disait que cela pouvait être une plutôt expérience, et elle apprendrait davantage de choses aux sujets de Lila, et elle verrait le milieu dans lequel elle travaille.

« Et bien, pourquoi pas, j’imagine que ça ne peut pas me faire de mal. » Finit-elle par dire. « Pour l’alcool par contre… »

Li n’arrivait pas à terminer sa phrase. A vrai dire, elle connaissait que trop bien les méfaits de l’alcool, et ses effets sur l’organisme, et n’ayant pas l’habitude de boire, voire même pas du tout, elle ne savait pas si elle tenait ou pas ce liquide. C’est ce qui l’effrayait, entre autre, autant que raconter un malotru qui lui viderait un sachet de GHB dans le verre sans qu’elle s’en rende compte, une de ses pires craintes, va-t-on dire.

« Je ne sais pas vraiment si je tiens l’alcool, en fait. » Finit-elle par admettre. « Il y a une tenue vestimentaire particulière pour ce genre d’endroit ? »

Oui, elle avait osé poser une telle question. C’était bête, inutile, mais Li était naïve, et innocente, elle ne voulait en rien paraître ridicule, et faire honte à Lila, d’autant plus qu’elle avait un style vestimentaire un peu enfantin, et pas du tout adapté à ce genre d’endroit, où son âge pourrait être remis en question en deux trois mouvements. La majorité était à vingt-et-un an ici, et elle n’en avait que dix-huit, avec ses tenues, elle ne passerait jamais l’entrée sans se faire contrôler. C’était tout vu.

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Je n'étais pas une mauvaise élève. Je n'aimais pas spécialement l'école d'ailleurs. Enfermée dans une classe, assise sur une chaise, pendant des heures, m'ennuyais énormément. Les travaux de chimie avait son intérêt, j'y voyais un résultat concret, je faisais quelque chose de ses mains, et chaque formule que j'apprenais en cours théorique, je les comprenais à l'instant même où je les appliquais en travaux pratique. Je trouvais nettement plus enrichissant de parler avec cette petite asiatique, de d'aller suivre mes cours. Je m'occuperais de me préoccuper de mon avenir plus tard. Je déteste y penser, après tout. J'apprends alors que c'est une parisienne et je secoue la tête comme si tout s'illuminait alors dans ma caboche. C'était donc là, d'où venait son accent. Au souvenir de Ki, celui-ci avait un ton plus aigus, plus maladroit sur les prononciations anglaise. La voix fluette de Li avait un ton plus assuré et acre sur certaine syllabe. Est-ce que tout les français parlais ainsi ?

C'est une Khi Omicron, ce qui élargit mon sourire. Me redressant de mon dos voûte, je m'exclame presque joyeuse. « J'en étais sur ! Tu connais Zack peut-être ? C'est l'un de mes bons amis ! » Quand j'entends parler de ses passions, je lui souris, mais je les trouvais bien trop calme. Une idée me vient alors en tête. « Fais-moi pensé à t'emmener en vadrouille avec moi toi ! C'est bien trop sage tout ça ! »

Je vois son visage inquiet, et je rigole, narquoise. Aussi rapide que fut-ce, je l'appréciais déjà beaucoup, par son innocence. Un peu comme Liloo, mais en plus sage encore. « Tu n'as pas vu les tags ? Je parie que si mais tu as fais exprès de l'ignorer, je le sens. Quelques frasques pour remettre les connasses roses à leurs places surtout. »

Li tapait dans le mille pour ce qui est de ma confrérie. Je lui fais un clin d'oeil et ne pouvait m'empêcher de rajouter une petite précision. « Je suis le chef des Sigma Mu plus précisément. Mais promis, je ne suis pas un monstre ! ». Entre Aaron qui était un véritable enfoiré et certain de mes « frères » je savais de source sur, que nous n'étions pas les plus sage. Même Matt avait ses travers et j'avais aussi les miens. Je m'en prenais facilement à ceux qui ne me revenait pas. Jamais la première à attaquer, mais jamais la dernière à subir. Nathan est un formidable allié pour ce genre de chose. Nous étions amis depuis peu, et même si je n'adhérais pas toujours à sa philosophie (et surtout sa nouvelle petite amie), on s'amusait beaucoup à faire souffrir ceux qui nous ont offensé. PSM, un sigle qui passait bien. « Je suis en couple depuis cet été, si tu croise un vieux con encore en senior, c'est mon homme ! Pas le blond, mais le brun aux yeux clair. Je sors presque tout les soirs, j'admets aimer un peu trop m'amuser. De préférence dans des endroits ou je peux m'exprimer, j'ai une grande gueule, enfin, c'est mes amis qui le disent ! » Je rigole. Mes amis, ne s'entendent pas tous entre eux, mais s'il y avait une chose pour laquelle, ils étaient d'accord, c'était bien là-dessus. « J'entame ma quatrième année à Wynwood, je suis arrivée ici en Sophomore. J'ai eu le temps de découvrir le lycée et ses environs. ». Je pense avoir répondu à tout les questions et hors de question que je pose celle sur l'avenir, de peur qu'elles me reviennent en pleine figure. J'aurai aimé avoir un talent particulier pour la musique, j'aurai pu caresser l'idée de devenir célèbre, chanteuse ou musicienne, peut importe, tant que la passion me faisait vibrer. Mes passions, étaient loin d'être rentable d'un point de vue professionnels songeais-je.

« Tiens, ce week-end, il y a une soirée au bar où je travaille. C'est open-bar à partir de 22 heures, si ça te branche, je peux t'y emmener. La patron m'autorise à participer parce qu'il sait que je mets toujours de l'ambiance, donc il me laisse boire pendant mon service. Je ne te ferais pas boire, enfin pas beaucoup » je souris, espiègle. « Allez dit oui ! Je te présenterai à mes amis et je ferais attention à ce qu'on ne t'embête pas, promis. »

Par contre, si la belle s'amuse et se trouve un prince pour la soirée, je ne serais pas celle qui jouera sa rabat-joie.

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-Li et Lila sont sur le toit, Lila tombe à l’eau…

Li ne put s’empêcher d’étouffer un petit rire à l’entente de cette phrase, qui en l’occurrence lui rappelait toutes ces blagues qu’on s’amusait à lui raconter. Pince mi et pince moi sont sur un bateau, entre autres. Les blagues, Li riait toujours énormément, surtout quand elle était vraiment réussie. Histoire drôle, en tout genre, Li ne pouvait s’empêcher de rire, même si c’était la pire. Etrangement, elle avait eu l’humour facile, et pouvait rire de tout et rien.
Etrangement Li s’attendait à cette réponse de la part de Lila, qu’elle sèche ne l’étonnait pas vraiment non, beaucoup le faisaient ici, mais cela la choquait toujours. Elle qui ne pouvait pas passer une seule minute sans angoisser et s’assurer qu’elle était toujours à l’heure, en pleine possession de tous ses cours, elle avait parfois du mal à comprendre les autres. Mais au final, elle ne disait trop rien, n’étant pas en position de leur reprocher quoique ce soit. Pourtant, ça n’avait pas l’air de déranger l’étudiante, qui semblait confiante quand à sa deuxième année, ayant pris connaissance de tous les cours de l’an passé.

Chacun avait sa façon de voir les choses, et bien que Li soit irréprochable sur le plan scolaire, elle ne pouvait pas nier comprendre toutes ces personnes. L’école n’était pas fait pour tout le monde, et les études n’étaient pas si faciles, c’était vrai, alors quand on n’aimait pas ça, cela devait vraiment être éprouvant de se forcer à aller en cours.

Pour preuve, sa mère n’a jamais été bonne élève, et avait fait un CAP, enfin, l’ancêtre de ce cursus, dont Li ignorait le nom, et s’en était plutôt bien sorti. Comme quoi, études longues ou non, on ne pourra jamais vraiment déterminer lequel est le mieux. Puisqu’au final, on réussit aussi bien dans les domaines, parfois plus facilement après des études courtes.

Enfin, Li elle était prête à enchainer des années de FAC pour parvenir à son rêve, et c’était sur que ce n’était pas deux ans d’études supérieures qu’elle allait devoir faire, mais six, voire sept. La médecine… C’était long, très long.
Lila lui demanda alors son origine, pensant certainement que Li était née ici en Amérique, mais avait des parents asiatiques, ce qui n’était absolument pas le cas. Et l’étudiante lui expliqua venir du Canada, Li aimerait un jour aller là-haut. Et au final, ce n’était plus si loin que ça, il n’y avait plus océans et continents à parcourir pour visiter ce beau pays que la neige recouvre de son épais manteau blanc en hiver. La neige, Li n’en avait jamais vu, en même temps il était bien trop rare qu’il y en ait dans le quartier parisien. Enfin, si, mais de fines couches à peine perceptibles.

« - Je suis vraiment originaire d’Asie. Je suis née à Taipei. Mais je suis partie vivre avec ma mère à Paris à l’âge de trois ans, et depuis quelques semaines, je suis ici. » Cela paraissait toujours étonnant aux yeux des autres. Li avait la chance d’avoir voyagé, lui avait-on déjà dis. Mais elle ne se souvenait même pas de son pays natal, et son pays était la France. Et hormis Paris et Miami, le voyage n’avait jamais fais parti des occupations de la famille, leurs moyens financiers pas assez élevés pour se le permettre.

Li se sentait désormais, déjà bien plus à l’aise qu’au départ, et avait chassé toute idée de déranger ou autre. Maintenant, elle allait pouvoir redevenir la Li souriante, et débordante d’énergie, parlant parfois trop quand on lui posait une question. Tout en écoutant Lila, Li eut du mal à tout suivre, et à se remémorer toutes les questions que lui avaient subitement posés Lila.

Tout ce qu’elle savait, c’est que cela traitait d’un sujet un peu inconnu aux yeux de la chinoise : les garçons. Comment elle trouvait le prof de chimie ? Dur à dire, c’était son prof, elle ne reluquerait jamais un prof, et ne penserait jamais à le séduire, ce n’était tout bonnement pas possible pour elle. Mais en écoutant Lila, elle se sentit soudain anormale, parce que bien des filles devaient penser cela et en parler avec une telle aisance. Li pouvait paraître bien coincée, et encore trop naïve et ignorante du monde extérieur. Néanmoins, elle s’essaya à la conversation.

« - C’est vrai qu’il est plutôt pas mal… » Répondit-elle, tout en se traitant d’incapable. Phrase prononcée de façon si peu naturelle, voire un peu forcée, on pourrait vite devenir son malaise lorsque le sujet garçon était évoqué.

Un prof ayant une relation avec un élève ? Qui donc ? Le prof d’art. Pédophilie, un mot qui sonnait trop faux dans les oreilles de Li, et résonnait dans sa tête comme un virus. C’était pour elle un acte assez impardonnable, et incroyablement révoltant pour la chinoise. Mais elle n’en dit rien, et se passa de l’envie de faire un monologue sur cet acte abject. Puis soudain, les questions se firent personnelles et destinées à connaître qui était soudainement dans l’incapacité de piper mot, essayant de se concentrer sur les informations encaissées.

« - Je suis chez les Khi Omikron. » Commença-t-elle. « Passion ? Hm, je dirais la médecine, et aussi la musique, il m’arrive de m’essayer au piano à mes heures perdues. »

Le piano, quel instrument fantastique. Li n’aimait que trop le son de cet instrument à cordes particulièrement complexe. Elle n’était qu’une débutante, mais elle connaissait quelques morceaux dont elle était fière. Cela paraissait toujours étrange de penser qu’une amatrice puisse jouer de tels morceaux, mais Internet et ses tutoriels vous en apprenne tellement plus que les bouquins avec des notes. Li ne savait pas lire ce charabia.

« - Je me suis inscrite dans deux club, celui de cuisine et celui de soutien scolaire. Je trouve ça plutôt sympa, ça permet de faire des rencontres en pratiquant des activités dont on n’a pas l’habitude. Et pour le soutien scolaire, j’essaie de faire au mieux pour aider ceux qui ont du mal. » Le but des clubs pour Li était surtout de faire connaissance et s’amuser. Quand le mot copain, et craque sortit de la bouche de Lila, Li eut comme un moment d’absence, encore une fois elle passait pour l’inculte de service. « Non, personne pour le moment. » Répondit-elle simplement, mais timidement. « Quel tag ? Non, je ne l’ai pas vu. » S’étonna-t-elle. Cela l’amuserait de voir un tag destiné à cette confrérie qu’elle n’aimait pas vraiment, surtout si cela consistait à les dénigrer d’une manière ou d’une autre.

Les Eta Iota étaient pile le type de filles que Li ne pouvaient voir en tableau. Arrogantes, insolentes, miss… Un comportement qui exaspérait tout simplement Li.

« - Maintenant à toi, quelle confrérie ? » Li tenta de sonder la personnalité de Lila, et ne l’imaginait pas Eta Iota, pas Khi Omikron, du coup. « Sigma Mu…? » Tenta-t-elle alors. « Un petit ami ? » Demanda-t-elle à son tour. Mais cette question était sorti avec difficulté de sa bouche, comme si cela lui faisait mal de poser la question, or elle avait juste peur d’en parler, n’en ayant tout bonnement pas l’habitude. « Tu aimes sortir ? T’amuser ? » Finit-elle par demander, en sachant très bien que si le « Et toi ? » lui était posé, elle répondrait qu’elle ne sortait pas. Honteux pour une adolescente de dix-huit ans. Dur à croire même. « - Tu es depuis combien de temps à Wynwood ? » Demanda-t-elle aussi.

C’est sur, ce serait un début de relation basée sur des questions-réponses, mais comment apprendre à se connaître autrement, si on ne prenait pas la peine de vouloir en savoir plus sur l’autre. Alors soit on l’épiait, soit on lui posait des questions. Et Li était bien déterminée à mieux connaître Lila, qu’elle trouvait fort sympathique, et elle était même admirative.

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Etre seule ou pas, pour une fois, je n’étais pas venue pour m’isoler ou ruminer mes remords. Certes, je le faisais tout à l’heure, mais seulement parce que je m’étais mise à réfléchir et qu’Isaac m’avait appelé soudainement. Si le rejeter sans arrêt était devenu un sport ces trois dernières années, depuis cet été, tout avait changé. Beaucoup de chose s’était mélangé dans ma tête, mais ce que j’avais appris, c’est que chaque amour était différent, et pourtant si réel. J’aimais mon frère plus que tout, pourtant Kae’ et moi, c’était sérieux et fort. Comment pourrais-je tourner le dos à Isaac après ce qu’il a fait pour moi, après les sentiments que j’ai eu pour lui dans le passé et dans le présent…

Je souris à l’asiatique qui se justifie. Je souris, ma manière de réagir, n’était là que pour taquiner, plus que reprocher quoi que soit. Elle me rejoint sur le rebord, c’était rare que les gens m’imitent, je me souvenais de Zack qui s’était placé devant moi, prêt à me rattraper si je tombais. Le souvenir de notre baiser me revient en mémoire et ma conscience ricane, alors que ma raison peine à s’en souvenir tant c’était improbable aujourd’hui. Je lui demande la raison de sa présence ici, ou du moins, pourquoi elle venait tuer le temps ici. Sa réponse ne se fait pas prier et je souris à sa manière de la formuler, dans ma tête, je cri au Khi Omicron tant elle semble déçue de ne pas avoir cours. Je me présente et elle en fit de même. Mes yeux pétillent à l’entente de son prénom. Un grand sourire fend mon visage.

-Li et Lila sont sur le toit, Lila tombe à l’eau… Pensais-je à voix haute.

Son visage était adorable, elle avait l’air innocente et naïve. Elle souriait constamment, tellement plus plaisant que ces connasses d’Eta, du moins, j’espérais qu’elle n’en fasse pas partie, ça serait un tel gâchis ! Elle refuse mes cigarettes ce dont je m’étais douter rien qu’en la voyant. Je l’écoute parler tout en allumant ma cigarette. Un sourire en coin apparait, tordant ma bouche, dans la gymnastique de garder ma clope entre mes lèvres, me donnant des airs de tolarde. Je décide de la taquiner encore un peu, pour voir jusqu’où allait sa politesse et son respect des règles. Rien qu’aux traits de son visage, j’explose de rire en tapant dans mes mains, fière de mon coup. Ensuite on passe à la question fatidique, ma raison de ma présence ici. Je pousse un long soupire avant de répondre puis je secoue la tête négatvement.

-Nope mademoiselle ! Je sèche purement et simplement. J’observe du coin de l’œil sa réaction, tirant machinalement sur ma clope, droguée au tabac que je suis. Mais t’en fais pas trop pour moi, ils ont l’habitude, puis je connais déjà la moitié du programme, j’ai repiqué à cause des examens.

Je n’étais pas la plus mauvaise des Sigma Mu pour les cours, avant de totalement partir en couille, abuser d’analgésiques et d’autre substance, pour enfin finir en à l’hôpital. Non j’avais complétement déconné et me remémorer ce passage-là de ma vie, me donnait incroyablement honte. Je perds un instant mon sourire, puis le récupère en chassant ces souvenirs stupides de ma caboche, pensant à Kaegan ce matin, à son air las et fatigué alors que j’essayer de le réveiller. Il était la seule bonne chose, qui en était sorti de tout ce merdier.

-Maiiiis ça fait un bout de temps que je suis là ! D’ailleurs t’es américaine d’origine asiatique, ou tu viens vraiment d’orient ? Moi je suis canadienne à la base… Enfin j’ai grandi à côté de Vancouver mais mon acte de naissance précise que je suis née en Amérique, un vrai bordel.

Je pouvais me révéler être un vrai moulin à parole parfois. Les discussions futiles étaient ma spécialité. Je n’aimais pas parler de sentiments, de regrets, de choses profondes, car j’avais l’impression de m’exposer complétement nue aux yeux des gens. J’étais la folle de service, la fille assez populaire pour être apparu dans les articles de la voice plusieurs fois. Plus on ventait mes mérites, plus ça m’amusait. J’aimais qu’on me trouve marginale, pas conventionnelle, ou même folle. Ils n’avaient pas besoin de savoir, que moi aussi j’avais des sentiments.

-Hmmm tu as vu le prof de chimie ? Sexy hein ! Dommage qu’il soit aussi sévère, honnêtement j’en aurais bien fait mon quatre heures. Ya des rumeurs comme quoi le prof d’art se serait tapé une élève, mais lui m’intéresse déjà moi… Enfin je dis ça, mais je suis casé maintenant. Bon sinon, je fais mon monologue, mais parle-moi un peu de toi. Une confrérie ? Des passions ? Un copain ? Quelqu’un sur qui tu craques ? Je connais pas mal de monde hormis les nouveaux, donc je le connais peut-être. T’as rejoint un club ? C’est la mode en ce moment. T’en pense quoi des tags faits sur le bâtiments des Eta Iota ?

J’étais motivée aujourd’hui. Tout était bon pour arrêter de me faire réfléchir. Réfléchir m’amener toujours à faire des conneries et à penser au pire.

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Prête à s’en aller, ne voulant surtout pas être source de dérangement, n’aimant surtout pas être prise pour un parasite, elle nota tout de même que la jeune fille, un peu plus âgée qu’elle visiblement, avait les bras croisés, puis celle-ci s’adressa à Li. « Je ne vais pas te manger ». Surprise, Li ne pensait pas que s’être excusée l’amènerait à ce genre de réponse. Peut-être l’étudiante croyait maintenant qu’elle était effrayante et que Li la fuyait par simple crainte, mais ce n’était pas du tout le cas. Li n’avait peur de personne, sauf de Nina, qu’elle essayait d’éviter à tout prix, même pendant leur cours commun. Se faisant rabrouer sans arrêt, elle craignait chaque minute de la croiser au détour d’un couloir.

« - Je sais, je sais, j’avais juste peur de te déranger, peut-être que tu étais venue là chercher de la tranquillité et que tu voulais être seule, c’est tout. » Li sourit à la jeune étudiante, qui lui avoua désormais avoir elle aussi beaucoup apprécié ce paysage la première fois qu’elle avait mis les pieds sur le toit.

En même temps, qui ne serait pas subjugué par un tel paysage. Li adorait la hauteur, cette possibilité de voir le monde d’un autre œil et en voir ses différentes facettes, c’était toujours amusant pour elle de constater à quel point ils étaient si petits face à un monde si démesuré.

Miami, de plus était une très belle ville, mise à part les buildings, et les blocs de béton créés par l’homme, on voyait au loin la mer qui s’étendait avec la plage de sable de fin. Les vagues faisaient le bonheur de nombreux surfeurs profitant du beau temps pour s’exercer, et celui des enfants sautant dedans, se lançant comme seul défi : les éviter.

Li n’avait jamais vu la mer. Ayant toujours habités au centre des pays, elle ne connaissait que terre, villes et campagnes. La mer, elle ne l’observait qu’à travers un écran, des cartes postales. L’espoir d’un jour la contempler la gagnait depuis toute petite, et là elle se trouvait face à elle, imposante, reposante, mais aussi destructrice.

C’était un spectacle naturel de toute beauté, et Li ne pouvait s’empêcher de l’admirer, l’analyser, vouloir la toucher. Etait-ce froid ? Etait-ce agréable ? Même depuis son arrivée, elle n’avait jamais encore passé une seule journée sur la plage. Pourquoi ? Li avait néanmoins peur de l’eau, et n’avait jamais appris à nager.

Voyant la jeune fille s’installer de façon un peu risquée, Li l’imita néanmoins, ayant l’impression de surplomber la ville placée ainsi.
C’est là que vint la question tant attendue, si Li avait cours.

« - Et bien, je suppose que mon professeur fait partie de ceux qui jugent plus important de profiter de la vie, plutôt que d’enseigner. D’où ma présence ici, je ne savais pas quoi faire. Je ne connais pas grand monde ici. » Expliqua Li.

La jeune fille se présenta, elle se nommait Lila, et la chinoise se sentit soudainement honteuse de ne pas s’être présentée plutôt aussi.

« - Enchantée Lila, moi c’est Li. » Nouveau sourire de la part de Li, qui faisait cela en permanence, c’était sa façon à elle la plus simple de communiquer. Quand elle souriait, elle se sentait bien et passait du bon temps. Les seules personnes capables de lui retirer ce sourire étaient Nina et le père de Kim. Ah Kim, ce qu’il manquait à Li.

Beaucoup de temps ces deux-là étaient ensemble, se retrouvant pour n’importe quelles occasions, se faisant des sorties au cinéma, ou jouaient à des jeux de société, ils ne se lâchaient plus et Li eut une pensée triste en repensant à son meilleur ami resté en France. Son désir de l’arracher aux bras de son père était fort, mais elle en était incapable, devant respecter la décision d’un adulte, mais il lui manquait tellement.

Tout à coup Lila sortit une cigarette de son sac et en proposa même une à Li avant d’allumer la sienne.

« - Non merci, je ne fume pas. » Refusa poliment la chinoise. « Ca a beau causer des cancers » continua Li. « Je connais très peu de cas de gens qui sont décédés à cause du tabac. Enfin à ma connaissance, même si je ne suis pas trop calée sur le sujet. »

Ca y est, Li refaisait sa petite Khi, répondant avec tact et surtout comme si elle répondait à une question posée dans un devoir, avec un besoin d’argumenter avec des connaissances. Li était si douée, qu’elle pouvait très souvent ressortir des définitions instinctivement. Son comportement était parfois mal vu, mais Li était comme ça, et dans son passé elle avait rencontré pas mal de gens ne supportant pas ceux qui étalaient leur savoir.

« Tu sais que le toit est interdit normalement ? Pas que je sois là pour te faire la morale, mais que tu saches à quoi tu t’exposes ! »

Pardon ?! Le regard serein de Li changea pour devenir celui d’une élève stressée, qui se rendait compte qu’elle ne devait pas être là. Cela fit sourire Lila, qui rajouta comme pour rassurer Li que jamais personne n’y venait. Déjà plus calme, elle qui s’était raidit instantanément, se détendit à nouveau.
De toute façon, si elle était là, c’était pour être sur de ne pas être dérangé ailleurs. Et si personne ne venait ici, c’était encore mieux.

« - Ah bah j’imagine que c’est bon alors, si personne ne vient. » Se dit Li comme pour se rassurer.
« - Toi aussi, ton prof est abonné absent ? » Demanda Li comme pour ne pas que la conversation s’arrête là.

Li ne connaissait vraiment pas grand monde ici, et était plutôt perdue, elle qui d’habitude aimait être entouré, parler, rire, passer du bon temps avec les autres, elle errait comme une âme en peine à Wynwood cataloguée comme la chinoise de service –souffre douleur qui plus est- toujours en retard, et complètement à l’ouest. Dur dur d’être ainsi vite jugée dès son arrivée. C’est pourquoi, elle espérait changer la donne en rencontrant des gens.

Invité

Assise sur le lit, je me frotte le visage des deux mains, espérant désespérément me réveiller. Presque à poil dans la chambre, l’absence d’Edward me pèse. Je regarde ce lit vide sans savoir quoi dire. Parler le soir jusqu’à n’en plus finir me plaisait, savoir ses aventures sentimentale ou même humaine. Le coup de la douche des femmes à la piscine m’avait fait tellement rire. Cette pauvre gamine avait dû avoir la peur de sa vie si elle avait vu Eddy tout nu. Je suis inquiète maintenant pour lui, comment va-t-il ? Dans sa tête surtout. Un mouvement dans mon dos me fait bouger et m’extirpe de mes pensées sombres. Derrière moi, se mout un être cher, endormie et bougonnant contre la lumière du jour qui traversait mes fenêtres. Je me retourne en me penchant sur Kaegan, mielleuse, câline, féline, embrassant mon bel endormi qui grognait. « Je vais prendre ma douche, je te rapporte un café au passage ? » L’homme me sourit et me confirme que c’était une bonne idée. Un baiser de plus et je ne suis pas sure de réussir à sortir de ce lit s’il continue. Je prends serviette, vêtements de rechange et nécessaire de toilette pour rejoindre les douches communes. J’en ressors 15 minutes plus tard, les cheveux encore humide, la serviette autour du coup, pieds nues, trainant mes fesses dans la cuisine pour faire deux cafés noirs et bien serrer. Je croise Matt et Aiden qui déjeunait dans la cuisine avec Alma et Arizona. Je saluai les garçons d’un sourire et d’un hochement de tête polis envers les filles. Alma, je ne la connaissais presque pas, Ari et moi c’était plus tendu mains il y avait du mieux par rapport à quelques mois en arrière. De plus, son idylle avec Aiden et la mienne avec Kaegan, avait largement adouci nos rapports.

Je reviens dans la chambre avec mes deux tasses, posant l’une d’elle sur la table de chevet à l’attention de mon bel apollon. J’hydratais mes jambes largement dénudés grâce à ce short. L’heure approchant, je terminais mon café en vitesse et j’embrassais longuement mon beau brun, lui rappelant que lui aussi avait court et qu’il devrait se bouger. Je vis sur un petit nuage de bonheur, un seul nuage sombre autour de ma tête, c’est le souvenir de Mike, qui me hante quand je me laisse aller à y penser. Il me manque et l’envie de l’appeler me démange toujours, alors qu’il est mort depuis plus de trois mois.

Je sors enfin de ma chambre et il est sept heures et demie quand je regarde l’heure sur mon portable. Je suis plutôt matinale, une première pour moi. Je fume ma clope à l’entrée du lycée, regardant la route d’un air absent. La musique qui coulait dans mes écouteurs m’emportait dans mes pensées, nostalgique, rêvassant entre mes souvenirs, ma vie de maintenant, mes projets d’avenir, mes préoccupations du jour. Je balance mon mégo et je file en classe avec ce nuage gris au-dessus de ma tête alors qu’il faisait un soleil éclatant dehors. Je regarde mon portable, huit heures moins dix. Je me mordille la lèvre, hésitante. Au diable les cours, je n’ai plus envie d’y aller, de toute façon je connais déjà la majeur partie d’entre eux, puisque j’ai redoublé mon année. J’ai simplement foiré le dernier trimestre, les premiers n’étaient qu’un vague recommencement agaçant. La musique dans mes oreilles est ambiançant et je file jusque dans cette cage d’escalier que je connais que trop bien.

Sur le toit, la vue était la même, rien n’avait changé, l’univers continuer, comme ma vie. J’éteins ma musique, mon téléphone vibre, Kaegan qui m’explique que son cours est annulé et qu’il était du coup partis avec un pote en ville. Zut ! J’ai loupé une occasion de l’accaparé, mais au final ce n’était peut-être pas plus mal. Accoudé sur la jetée bétonnée, je repassai en mémoire ces derniers mois. J’avais encore ce léger sentiment coupable, celui de revivre si facilement après la mort de mon frère. Parfois je me voile la face en l’imaginant à l’autre bout de la planète avec une jolie thaïlandaise entre les mains. En bon baroudeur, il serait en train de traverser tout l’Asie en stop, son sac de randonnée vissé sur le dos. Mais ce sac, c’est moi qui l’ai, comme cette montre cassée qui trône sur mon poignet comme un souvenir morbide. Je sors mon téléphone, je compose le numéro d’une personne qui me rappelle le plus l’époque Mike. Isaac. Ma culpabilité grandi quand je pense à Kaegan. Mais Isaac et moi, c’était particulier, je n’arrivais pas à le chasser de ma vie si facilement, même avec plus de mille miles entre nous. Il décroche à la deuxième sonnerie. « Salut jolie blonde… » Balança-t-il d’une voix enrailler par le sommeil. Je fais un rapide calcul de l’heure qu’il était à Vancouver. Si il est huit heures ici, huit moins trois. Je grimace, il est cinq heures chez lui, pourquoi il répond cet idiot. « Comment tu vas ? Tu sais que t’es pas obligé de répondre quand tu dors ? » « Nan t’inquiète ! Je venais tout juste de me coucher, tu me connais, je suis un homme de la nuit. Et puis, quand c’est toi qui m’appelle, c’est tellement rare que je ne vais pas te bouder » « ou est passé le chasseur mystérieux que j’ai connu ? » « Hmmm, entre les cuisses d’une morveuse déluré qui m’a fait ceinture tout l’été parce qu’elle était en institut… » Je grimace à cette remarque, ça n’était pas drôle. Il avait le chic pour mettre les pieds dans le plat, manqué de romantisme et surtout dénaturé cette relation en quelque chose de plus physique. Mais au fond, je me disais qu’il le faisait pour ne pas avouer qu’il me veut encore à ses côtés alors que je le fuis. D’ailleurs, je n’ai même pas parlé de Kaegan avec lui. Je n’ose le faire. « Tu sais que Delonte est dans le coin ? J’ai été surprise, il connait un de mes potes de ma confrérie. » « Ah oui ? M’étonne pas ce gars est pire que Mike pour ce qui est du voyage. » Un silence s’installe, je ne m’attendais pas à ce qu’il parle de mon frère aussi facilement. Il enchaine « D’ailleurs il t’a reconnu ? Traites le d’enfoiré de ma part. » Ça ça me fait sourire. Je me souviens maintenant pourquoi il m’a été d’un grand secours cet été, il a cette nature à faire oublier le plus mauvais, à toujours avancé et ne se remémorer que les meilleurs souvenirs. Lui, il avance au moins, il me garde sur la pente et s’accroche à notre lien sans que je sache m’en défaire. Il sait de quoi, de qui, il faut me parler pour que je reste suspendu à ses lèvres. Le bruit métallique de la porte m’interpelle et je me rends compte que pendant notre conversation très banale, je m’étais déplacé sans raisonnement sur le toit. « Isaac, je te laisse, je dois aller en cours. Merci. » « Quand tu veux ma belle, d’ailleurs je compte bien passer des vacances à Miami un de ces quatre, j’espère que tu m’hébergeras. » Mon cœur s’arrête et l’horreur de voir Isaac et Kaegan se faire face me terrifie. Isaac et moi n’étions pas en couple, la sensation de jouer un double jeu avec les garçons me taraudait. « Ahaha… On en reparlera quand ce sera le cas. Bisous ! » Je coupe la conversation avant qu’il réponde, mon cœur battant de remord et de culpabilité.

Quand je range mon téléphone, je m’approche de la personne qui vient d’arriver. Petite comme moi, asiatique ! Un sourire sur le visage me disant que c’est la deuxième que je croise sur ce toit. La jeune fille s’extasie, sur le paysage. Elle est mignonne, se retourne et son visage change d’expression en me voyant. Je croise les bras sur ma poitrine. « - Pardon, si je dérange, je peux m’en aller. »

Ça commençait fort. Faisais-je peur ? Sigma Mu peut-être, mais je me trouvais plutôt gentille pour une présidente des terreurs d’ailleurs. Je secoue la tête en souriant, d’une voix plutôt calme pour la rassurer. « T’en vas pas comme ça, je ne vais pas te manger. » Je m’approche d’elle en souriant. Je viens me pencher à nouveau sur la bute en m’accoudant à celle-ci. Les yeux sur le paysage. « Moi aussi quand je suis arrivée ici la première fois j’ai trouvé ça magnifique." Je me redresse pour lui faire face et m’asseoir sur le rebord comme je le fais souvent. Le souvenir du visage décomposé de Zack en me voyant assise dessus me revient et mon sourire reste gravé sur mes traits. « Tu n’as pas cours jeune fille ? Ou tu fais partie de ceux dont le prof s’est envolé ? » Elle me répond et sa compagnie soudaine ne me déplait pas. Faut dire que c’est rare quand les gens me reviennent pas, on ne peut pas tous ressembler à Aaron ou Ashlyn. « Je m’appelle Lila au passage. » Je tire une clope de mon sac de cours et je l’allume, balançant mes jambes comme une gosse sur une balançoire. Je lui tends le paquet. « Tu en veux une ? C’pas mal pour le stress je trouve… Même si ça donne des cancers comme disait l’autre. » Je range le paquet et balance mon sac qui me meurtrie l’épaule par son poids, par terre. « Tu sais que le toit est interdit normalement ? Pas que je sois là pour te faire la morale, mais que tu saches à quoi tu t’exposes ! » Son regard me fait sourire et je ricane mesquine sur les bords. « Relaxe, de toute manière, personne ne vient jamais vérifier ici… »

Invité

Encore à moitié endormie, Li daignait bouger de sous sa couverture. Le réveil sonnait depuis cinq minutes, mais elle n’avait absolument pas la force de tendre le bras pour l’éteindre. Sa flemme était bien au-delà de tout, et elle la poussait à supporter l’horrible son que le réveil produisait. Tous les soirs, elle le réglait sur la radio, qui captait très bien, et tous les matins, cela se finissait par un grésillement infect. Insupportable pour les oreilles, mais franchement efficace pour tirer n’importe qui d’un sommeil profond.

Toujours alertée par ce bruit inquiétant, la mère de Li, Tia, déboula dans la chambre de sa fille. Même si tous les matins c’était la même chose, c’était la première fois que Li n’éteignait pas spontanément le réveil. Voyant un légume allongé sur le lit, elle pouffa face à l’image d’une fille complètement léthargique. Tia alla éteindre le réveil et s’asseyais sur le lit aux côtés de Li. Réflexe de maman, elle lui caressa le visage.

« - Allez, Li, tu dois te lever, tu as cours, on est pas dimanche. » Sa voix se faisait douce et agréable. Jamais Tia n’avait haussé le ton le matin.

Li était très souvent de mauvaise humeur le matin, surtout si on y allait pas de main morte avec elle, et cela sa mère le comprenait très bien, étant elle même pareil. Comme on dit : telle mère, telle fille. Et ces deux-là s’entendaient très bien, et se ressemblaient beaucoup. Unis par beaucoup d’épreuves difficiles dans leur vie, elles ont toujours été très complices, et Tia comptait beaucoup pour Li et inversement. On pourrait parfois croire que ce sont des sœurs, vu le visage très jeune de Tia et son sourire constant, qui lui faisaient un visage rayonnant.

« - Hmm » Bougonna Li. « Encore cinq minutes. » supplia-t-elle.
« - Le temps que je me douche, et je reviens te chercher, d’accord ? » Finit par conclure Tia.
« - Ok » Fit Tia en se retournant dans la couette pour entamer une micro-sieste.

Le temps passa incroyablement vite, et elle eut l’impression de ne dormir que deux secondes, et non cinq minutes. C’était quelque chose qu’elle remarquait et trouvait anormal. Le matin, elle ferme les yeux et trente minutes s’écoulent, en dehors de ça, c’est une voire deux minutes seulement qui passent. A croire, que le matin, le temps passe plus vite qu’un autre moment de la journée. Surtout en cours, pensera-t-elle en se remémorant les seules fois où elles avaient eu du mal à rester éveillée, cause de beaucoup trop de films visionnés la veille.

Sa mère revint comme promis et Li dut se résoudre à se lever pour prendre à son tour une douche bien chaude et revigorante. Une douche plus un bon café donnaient la force à la jeune taïwanaise pour toute une journée, et surtout une bonne humeur, car sans ça, elle pouvait devenir très vite irascible, surtout si quelqu’un venait la chercher.

Enfin habillée et coiffée, Li se dirigea vers la cuisine où sa mère lui avait préparé des pancakes au sirop d’érable, petit met canadien que Li appréciait tout particulièrement, et un café. Guettant l’horloge de la cuisine, tout en discutant avec sa mère, Li buvait peu à peu son café. Racontant son rêve de la nuit, elles riaient beaucoup. Puis l’heure était venue pour Li de partir.
Son sac, préparé la veille, trônait au milieu du hall d’entrée. Attrapant ses clés de voiture, Li fit une bise sur la joue de sa mère, et s’engouffra dehors, attaquée par un coup de vent.

Cela faisait peu de temps que Li avait obtenu son permis, et elle en était fière, car cela évitait à sa mère de devoir l’emmener un peu partout. Li avait horreur de déranger sa mère, et maintenant, elle pouvait enfin avoir sa part de liberté.
S’asseyant en face du volant et posant son sac sur le siège à côté d’elle, elle démarra la voiture et partit en direction du lycée.

Arrivée sur place, elle se gara à la première place libre qu’elle vit, et se dirigea vers le hall d’entrée, avec en tête son cours de physique qu’elle avait promptement révisé la veille en cas d’éventuel contrôle surprise.
Seulement, elle appris l’annulation du cours, le matin même et se retrouvait avec deux heures de libre devant elle

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Ne sachant pas quoi faire, et ne connaissant pas encore entièrement le lycée, elle alla jeter un coup d’œil au plan, et vit qu’il y avait un toit, accessible à tous. Curieuse de voir la vue qu’il pouvait y avoir de là-haut, elle entreprit la montée des marches, n’ayant pas le droit d’utiliser l’ascenseur.
Une fois montée tout en haut, elle respira l’air frais et pouvait enfin admirer une vue de Miami inédite. Jamais elle n’aurait pensé que ce soit aussi beau. Admirative face à un tel paysage, elle s’approcha de la grille pour mieux voir.
Pensant être seule, elle exprima à haute voix sa pensée : « Ouah c’est vraiment trop beau. » Bien trop vite impressionnée pour tout et n’importe quoi, elle avait souvent bien du mal à garder pour elle ses impressions.

Se disant que ce serait l’endroit idéal pour réviser au calme, elle se retourna prête à s’asseoir jusqu’à ce qu’elle aperçoive une jeune fille, déjà là depuis un bout de temps, pensa Li. Gênée d’avoir parlé si haut, elle s’excusa, confuse.

« - Pardon, si je dérange, je peux m’en aller. » N’étant pas du genre à être une gêne envers les autres, Li s’imaginait que ce repère était peut-être le sien, et que d’avoir une jeune fille trop enthousiaste s’extasiant pour tout et n’importe quoi serait certainement une gêne.