Je ne me sens pas si bien que ça [Neil] Terminé

D

ans le fond, qu’est-ce qui me motivait le plus à passer cet appel ? Est-ce que j’étais vraiment inquiet pour mon cousin ou est-ce que je voulais juste me donner bonne conscience ? Je n’étais pas du genre à faire les choses simplement pour me donner bonne conscience. Mais depuis les derniers jours, certaines choses me trottaient dans la tête, et j’avais peur que la raison de mon geste ne soit pas la plus sincère. Enfin, si, s’il ne m’avait pas appelé, je l’aurais fait pour prendre des nouvelles de lui. Ce n’est d’être au téléphone qui me gêne, mais le fait de vouloir l’aider. Est-ce que c’est comme d’habitude, juste pour aider ? Ou est-ce que j’ai cette satanée idée dans la tête ? Je soupirai intérieurement. Non, je n’étais pas cet égoïste. Je ne l’avais jamais été et je ne le serai jamais.
J’étais prêt à aller le voir pour m’assurer qu’il allait bien. Après tout, il avait eu un accident de voiture. Et même s’il semblait s’en être quasiment remis, c’était le genre de choses qui restait à vie. Son corps ne serait jamais aussi fort qu’avant. Mais au moins, il avait retrouvé sa mémoire. C’était ce qu’il y avait de plus important. Le reste n’était qu’une affaire de temps. Je lui proposai finalement d’aller le voir, mais il déclina ma proposition en me disant que ce n’était pas nécessaire. Lui trouvait que ce n’était pas nécessaire, mais moi je trouvais que ça l’était. Après tout, son corps n’était pas complètement remis. Et puis, quand on est malade, ça fait toujours plaisir de recevoir quelqu’un pour prendre soin de nous. J’insistai tout de même en lui proposant même de lui faire quelque chose à manger, mais il refusa encore, me disant qu’il n’avait pas faim à ce point. Pourquoi ne voulait-il pas que je vienne ? Voulait-il me cacher quelque chose ou voulait-il ne pas me déranger ? De toute façon, Je n’avais rien d’autre à faire. Je n’avais pas envie de faire un peu de sport tout seul, puisque c’était avec lui que j’avais prévu de me dépenser un peu.

J’enchaînai ensuite pour savoir s’il avait pris quelque chose pour se sentir mieux. Je savais qu’il avait encore des médicaments à ingérer à chaque repas. Ce n’était pas facile non plus. Tout le monde n’appréciait pas de devoir se bourrer de cachets à longueur de journées. Sachant que pour lui, ça l’assommait pas mal, c’était quand même chiant. Sans compter sur les effets secondaires plus qu’indésirables qui pouvaient être gênants. Et puis, je le comprenais. Il en avait marre tout cours.

- Je vais prendre mes ...

J’entendis un bruit puis plus rien. Pas même la fin de sa phrase. Mon cœur rata un battement puis repris sa route, beaucoup plus vite qu’avant. Mince. Merde. Que lui était-il arrivé ? Je pensais déjà qu’il s’était évanoui ou qu’il était tombé. Je l’appelai une ou deux fois sans qu’il me répondre. Je commençai à paniquer. Je raccrochai et ramassai mes affaires en vitesse. Je hélai un taxi et m’engouffrai dedans quand l’un d’eux s’arrêta. Je lui donnai l’adresse et lui demandai de faire le plus vite possible, que j’étais prêt à payer plus pour qu’il se dépêche.
Une fois arrivé, je payai mon chauffeur et rejoignis la chambre de Neil en vitesse. La porte était ouverte, et je n’eus pas de mal à pénétrer à l’intérieur. Neil était au sol, à côté de son téléphone. Il était conscient, il n’avait pas l’air de s’être évanoui ni quoi, mais il n’avait pas l’air bien non plus. je m’accroupis près de lui, passant une main dans son dos pour le réconforter et l’encourager, sans dire un mot.

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J

’avais déjà les pieds dans le sable chaud quand mon téléphone se mit à sonner. Je me demandais bien pourquoi il pouvait m’appeler ? Nous devions nous retrouver d’ici quelques minutes, qu’avait-il d’urgent au point de me passer un coup de fil ? Peut-être était-il dans les embouteillages ? Il y avait de nombreuses raisons à ça. Mais quand je l’entendis répondre à mon « Oui ? », je compris que ce n’était pas quelque chose que j’allais aimer.

- Salut, c'est Neil.

Je ne lui répondis rien. Ça ne servait à rien de lui dire que je le savais déjà, puisque son nom s’était inscrit sur mon écran. Dans sa voix, je sentis tout de suite que quelque chose n’allait pas. Il ne parlait pas très fort.

- Je suis vraiment désolé Raph, je crois qu'on va devoir reporter pour la plage. Mes nausées viennent de recommencer et c'est horrible …

Je me pris une douche froide. Je m’étais attendu à presque tout, sauf à ça. Neil allait de mieux en mieux depuis un certain temps. C’était la raison de notre rendez-vous de la journée. Nous devions juste nous bouger un peu, sans qu’il ne force de trop non plus. Je devais être l’un des seuls à  l’encourager à se remettre en forme –mais de manière raisonnable. Tout notre entourage le poussait à se reposer, toujours se reposer. Mais moins il en faisait, plus il allait mettre de temps à récupérer. Il avait eu de la rééducation, mais il fallait qu’il fasse quelques efforts de son côté. Et puis, l’eau, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus physique. Certes, la mer, mais bon, ce n’était pas non plus trop dur.
Je m’assis sur le sable, un peu inquiet pour mon cousin. Non. Beaucoup inquiet pour mon cousin. Je le connaissais assez peu, mais j’avais une chance de le connaître et d’avoir une famille. Il fallait dire que depuis de nombreuses années, tout ce que j’avais, c’était mon oncle et ma tante ainsi que Gabriel. Nous étions tous les trois dans la même confrérie, et c’était l’occasion de devenir un trio soudé. Je déglutis.

- Tu veux que je passe te voir ?

Je fis une pause. Non, ce n’était peut-être pas une bonne idée. Peut-être qu’il avait besoin d’être seul pour se reposer. Mais en même temps … Je voulais vérifier par moi-même qu’il allait « bien » malgré ses nausées.

- Enfin … Si tu as besoin de quelque chose. Que je te fasse à manger ou …

Je ne savais pas trop comment m’exprimer, en fait. C’était bizarre que des nausées reviennent comme ça. Peut-être avait-il poussé un peu trop ces derniers temps ? Peut-être était-ce de ma faute, moi qui l’encourageais ? J’espérais que non.

- Tu as pris quelque chose pour ça ?

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N

eil et moi avions convenu de nous retrouver à la plage. Les cours avaient repris, l’automne arrivait à grand pas. Et nous voulions profiter de son rétablissement en bonne voie pour profiter encore un peu de la chaleur resplendissante. Nous allions donc nous prélasser un peu à la plage et faire quelques petites longueurs.

Je finis de me sécher, laissant mes cheveux libres. De toute façon, ils n’allaient pas rester secs très longtemps. Je m’habillai d’un t-shirt blanc en lin et d’un pantalon en toile léger. Je n’étais pas encore complètement à l’aise dans des vêtements aussi décontractés, mais bon. Mon frère me tannait depuis des semaines pour que je change ma garde-robe. Selon lui, j’étais le cliché type du Khi Omikron, l’intello qui visait à devenir présenter. Celui qui passait son temps en costard-cravate, le nez dans les bouquins de politique et d’économie. Enfin, il avait un peu tort quand même. Je ne portais pas de costumes, ou très rarement. Et je ne visais absolument pas une carrière professionnelle dans la politique ou l’économie.

J’arrivai sur le sable chaud avec le sourire, mes lunettes de soleil vissées sur mon nez. J’étais sur le point de m’installer dans un coin en attendant Neil quand mon téléphone sonna. Justement, c’était lui.

- Oui ?

Quand il commença à me parler, je fronçai les sourcils. Je ne connaissais pas la raison de son appel, mais quelque chose dans sa voix me disait que je n’allais pas aimer.
Neil était encore un peu fragile, physiquement et mentalement. Il n’avait pas retrouvé tous ses souvenirs, et je doutais qu’il puisse tous les retrouver avant plusieurs mois voire plusieurs années. Quant à sa forme physique … Il avait été obligé de changer de confrérie. Il ne pouvait pas rester chez les Rho Kappa si même marcher était un effort suprême. J’espérais pour lui qu’il allait pouvoir retrouver rapidement une vie normale.
Neil et moi étions cousins. Enfin, par alliance. Il faisait partie de la famille de mon oncle. C’était une des raisons pour lesquelles nous avions choisi cet établissement à Miami. Au fond, je le connaissais très peu.

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