Fesse droite demande le divorce temporaire. |ft. Dudu.

Assis sur la tombe de mon petit-frère, alors que le soleil commençait doucement sa chute vers l’horizon, j’avais contacté Evangeline par SMS pour voir un peu comment elle allait. Une envie brusque de la voir, de la serrer dans mes bras et de lui présenter mes excuses pour avoir été absent de sa vie si longtemps, alors que la mort d’Edgard avait dû la faire souffrir, elle aussi. Nous avions convenu d’un moment pour nous voir. Et ce moment… c’était aujourd’hui, deux jours plus tard – mercredi 25 septembre. Nous aurions pu nous voir à la Confrérie, mais elle m’avoua préférer que l’on se rencontre en dehors, pour être plus tranquilles. Je n’avais pas trop compris pourquoi, mais bref, je m’étais rendu dans le petit bar non loin de là, souvent fréquenté par les étudiants de Wynwood puisqu’il se trouvait dans la rue de nos Bâtiments de Confrérie. Je la saluai chaleureusement, la serrai dans mes bras et allai chercher deux verres, avant de revenir m’asseoir face à elle pour discuter. Je lui avais fait le récit détaillé de ce qu’il s’était passé pour moi depuis mon départ, n’omettant aucun détail – particulièrement ceux concernant notre paternel – et lui avais ensuite demandé de ses nouvelles.

Et là, le choc. Ma sœur m’avoua s’être mariée à Vegas avec un type rencontré dans un bar. Je n’en croyais pas mes oreilles, mais ce n’était pas le pire. Elle m’expliqua ensuite qu’Emer’ avait mal pris la nouvelle.

« Hein, pourquoi ça ? » lui demandai-je, étonné.

Evy m’avait ensuite dit que comme ils étaient ensemble, il avait considéré ça comme une trahison – ce qui n’était pas faux – et que depuis, il la trompait sans arrêt avec toutes les poufiasses qui passaient à sa portée. Alors, ça… pour ce qui était des poufiasses, je le savais pertinemment bien, puisqu’il m’en avait fait la liste ! En revanche…

« Ne me dis pas que vous êtes toujours ensemble ? »

Ma petite sœur me répondit par l’affirmative, et je vis à quel point l’attitude d’Emeric lui faisait du mal. Ses petits yeux de chien battu valaient mille discours. Je frappai mon poing sur la table, ce qui la fit sursauter.

« Bordel de merde, espèce d’enculé ! » m’exclamai-je, ce qui fit se retourner plusieurs étudiants autour de nous.

Il m’avait menti. Mon meilleur ami sortait toujours avec ma sœur, et il ne me l’avait pas dit. Normal, au vu des saloperies qu’il lui faisait subir… et sachant qu’il n’y avait rien de plus important à mes yeux que la famille. Les Rho Kappa étaient un peu comme une seconde famille, c’est vrai. Il en était le Chef, c’était vrai aussi. Mais cela ne changeait rien au fait que le même sang coulait dans nos veines, à Evangeline et moi. Je regrettai doublement de ne pas avoir eu cette discussion avec elle plus tôt. Nous discutâmes encore un peu, mais cela ne fit qu’assombrir mon humeur. Je me retrouvais le cul entre deux chaises. Coincé entre ma sœur et son copain, qui était mon meilleur ami, presque mon frère. C’était ma fesse gauche, merde ! Mais j’acceptais difficilement le fait qu’il me mente.

« Bon, ma puce… j’aurais du faire ça plus tôt, excuse-moi. Je suis un frère indigne ».

« De quoi tu parles ? » me demanda-t-elle en se levant à son tour, puisque nous partions.

« Je vais aller casser le nez de ce petit enculé ».

Même si ça la foutait mal, il le méritait, et il devait le savoir aussi bien que moi. Je vis dans les yeux d’Evy qu’elle hésitait sur l’attitude à adopter. Une fois dehors, je lui demandai d’aller voir une copine, faire du shopping ou n’importe quoi, mais de ne pas rentrer avec moi. Elle accepta, peut-être à contre cœur, je n’en sais rien. Je rentrai donc seul à la Confrérie.

Une fois dans le Bâtiment, je demandai à la première personne que je croisai – Nolan, en l’occurrence – où se trouvait notre Chef. Il m’indiqua le jardin. Je le remerciai d’une tape sur l’épaule et m’y dirigeai à grands pas. J’étais de mauvaise humeur.

« Kürschner ! » l’apostrophai-je de loin d’un ton furieux, pour attirer son attention et lui donner une chance de se faire la malle.

Je n’avais vraiment pas envie de le frapper. Je continuai à avancer, cependant. L’honneur de ma sœur était en jeu.

« Devine à qui je viens de parler ? » lançai-je, presque à sa hauteur. « Evangeline. Tu n’aurais pas oublié de me dire quelque chose ? »

Deux pas, et il serait à ma merci. Je fis craquer mes poings et posai un regard noir sur sa tête de… RAH PUTAIN, j’aimais trop sa sale gueule d’allemand, fait chier !