Wynwood University
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 Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]

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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyLun 30 Déc 2013 - 15:25

After Midnight
Sienna & Aaron



L'odyssée touchait à sa fin. Et après avoir traversé tous ces écueils, bravé Charybde et Scylla, combattu leurs propres démons, retrouver Ithaque serait un réel soulagement pour Aaron et Sienna. Mais Aaron avait seulement oublié un détail : lorsqu'Ulysse retrouve sa mère-patrie, c'est pour se trouver confronté à une nouvelle épreuve, et non la moindre.
Pour l'heure, l'ambiance était paisible et détendue. Les deux étudiants, au seuil de l'immeuble d'Aaron, échangeaient des plaisanteries, des sourires, et marchaient bras dessus, bras dessous, comme si rien ne pouvait les atteindre.
Comme s'ils étaient seuls au monde.
Le monde se chargerait de leur montrer leur erreur.


- Je vous suis, Monseigneur !


Amusé de voir que la jeune fille entrait dans son jeu, Aaron esquissa un sourire et guida l'Alpha vers son appartement. Nouvel échange de boutades, nouveau jeu.


- De toute façon, je vois mal qui aurait envie d'entrer chez toi par effraction, il est plutôt clair qu'il n'y a rien à voler.


Un éclat de rire franchit les lèvres du Sigma, et il rétorqua :


- Je te remettrais bien à ta place, mais tu as malheureusement raison... Au moins, ça m'évite d'avoir à payer une alarme à deux-mille dollars.


Il était alors à mille lieues d'imaginer ce qui se tramait chez lui. C'est alors qu'un filet de lumière dessina les contours des meubles. Avait-il aussi oublié d'éteindre en sortant ? Cela commençait à faire beaucoup d'omissions. Aaron fronça les sourcils, et, soudain, vit la source de ses interrogations : la silhouette désinvolte de Dree, qui sortait de la salle de bain, vêtue d'un de ses T-shirts. Bon sang, qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Dree était l'une des premières personnes qu'Aaron avait rencontrées en arrivant à Miami. Ils avaient passé un peu de bon temps ensemble, à l'époque, quand il avait encore l'insouciance du nomade qui ignore les conséquences de ses actes. Puis il s'en était séparé, continuant à obéir à son mode de vie si particulier, alors même qu'il vivait à présent de manière sédentaire dans une grande ville, et qu'il allait au lycée ; il s'était alors aperçu que se débarrasser de quelqu'un dans ces circonstances était nettement plus compliqué. Dree avait commencé à revenir sporadiquement dans sa vie, malgré ses efforts pour la faire fuir, et Aaron avait fini par laisser tomber l'idée de la tenir à distance. Il la traitait comme une connaissance, une amie tout au plus, et la laissait imaginer ce qu'elle voulait. Sa présence n'était pas si désagréable, d'ailleurs : c'était une belle femme, et elle apportait toujours une bouteille quand elle venait lui rendre visite. Un jour, elle lui avait dérobé le double de ses clefs, et, le temps qu'il s'en aperçoive, en avait sans doute fait une copie, aussi Aaron lui avait-il laissé le précieux objet, gardant dans un coin de son esprit l'idée qu'il ferait changer sa serrure dès qu'il en aurait les moyens. Il supportait Dree, donc, mais ce soir-là, c'était la dernière personne au monde qu'Aaron souhaitait voir.
Sienna eut un mouvement de recul, tandis que le Sigma commençait tout juste à percevoir les conséquences de sa présence ici. Dree faisait partie des pans de sa vie dont il n'avait pas honte, mais dont il avait conscience qu'ils pouvaient lui attirer des ennuis. Acte III, scène finale : catabase.


- Aaron ?! C'est pas trop tôt, je commençais à en avoir marre de t'attendre. Encore un peu et je m'endo...


Dree s'interrompit, réalisant enfin qu'Aaron n'était pas seul. C'était la première fois qu'il prenait conscience de la familiarité avec laquelle ils s'adressaient l'un à l'autre. Elle faisait tellement partie de son paysage quotidien qu'il ne prêtait plus attention à sa présence, et lui parlait comme on parlerait à un colocataire un peu collant, mais dans le fond pas méchant.
Aaron n'eut pas le temps d'ordonner ses pensées que l'intruise poursuivit, ses paroles bourdonnant dans l'esprit ahuri du jeune homme :


- Tu aurais pu me prévenir, mon chou, si tu voulais un plan à trois.


Son humour l'aurait peut-être fait rire en d'autres circonstances, mais là, la situation était plus grave. Car Sienna était concernée. Dree avait déjà compromis plusieurs relations d'Aaron, pour se moquer de lui, et comme il n'y était pas particulièrement attaché, il avait passé l'éponge avec un haussement d'épaules. Il lui était même arrivé une fois de faire exprès d'amener une fille un peu trop collante chez lui, pour que Dree l'en débarrasse. Mais Sienna n'était pas n'importe quelle fille, et jamais il ne l'aurait fait venir ici s'il avait su que la succube serait présente. Le jeune homme ne prit même pas la  peine de foudroyer le parasite du regard ; la seule chose qu'il avait à l'esprit, c'était de rassurer Sienna. Il tourna la tête vers elle, et eut à peine le temps de murmurer le prénom de l'Alpha, d'un air presque suppliant, que celle-ci le gifla. C'était sans le moindre doute la première fois qu'elle se livrait à une telle violence avec lui. Si ce n'avait pas été elle, il aurait sans doute explosé de rage. Mais il avait beau se sentir trahi et humilié, pris en faute alors qu'il était innocent, Aaron ne pouvait décemment en vouloir à Sienna pour sa colère. En revanche, il pouvait lui en vouloir de ne pas le laisser clarifier la situation. Vaguement sonné, Aaron entrouvrit la bouche pour parler, alors que le sang affluait à sa joue endolorie, mais Sienna ne comptait pas lui laisser le temps de s'expliquer.


- T'es vraiment le pire des enfoirés.


Ces mots transpercèrent l'armure d'Aaron pour lui lacérer le cœur. C'était la première fois que Sienna l'insultait de la sorte, mais surtout, c'était la première fois qu'il voyait une telle haine dans ses yeux. Comment pouvait-elle penser cela de lui ? Comment pouvait-elle se fier aux paroles d'une inconnue, et oublier tout à fait les instants qu'ils venaient de passer ensemble ? Il était allé la chercher au commissariat, au beau milieu de la nuit, lui avait proposé de dormir chez lui. Ils avaient ri, elle s'était ouverte à lui, lui avait dévoilé une part de ses sentiments. Mince, ils avaient failli s'embrasser ! Comment pouvait-elle jeter tout cela au feu, et se laisser ainsi berner par une piètre actrice ?

Mais Sienna avait déjà tourné les talons, et sortit en courant du studio.


- Attends, Sienna...


La jeune fille ne s'arrêta pas, et quand Aaron se précipita vers la porte, elle était déjà en train de dévaler les escaliers. Plus par principe que dans une réelle tentative de la faire revenir, Aaron hurla :


- SIENNA !


Mais elle était déjà trop loin, il avait perdu trop de temps, et, surtout, il n'était pas sûr de vouloir la rattraper. Ou plutôt, il ne savait pas s'il aurait le courage de la confronter. C'était sans doute stupide, et le Sigma réalisait déjà l'ampleur de son erreur, alors qu'un sentiment d'impuissance le terrassait. Il avait laissé partir Sienna avec une idée fausse en tête. Il l'avait laissée partir sans même essayer de la rattraper, sans essayer de lui expliquer qui était Dree, et ce qu'elle faisait là. Mais quel idiot !


Une main vint alors effleurer la nuque du Sigma, qui sursauta. Merde, Dree, il l'avait complètement oubliée !

Furieux, contenant avec peine sa colère, le jeune homme se retourna brutalement et vociféra :


- Qu'est-ce que tu fous encore là toi ?


Dree haussa un sourcil interrogateur et, d'un air amusé, croisant les bras, elle répliqua :


- Mais Aaron, tu vas pas t'inquiéter pour cette petite...
- Mais dégage putain ! l'interrompit-il, perdant ses moyens. Sors de chez moi, t'as rien à faire là !

Le visage de son interlocutrice se décomposa, puis laissa paraître son indignation.

- Attends, j'ai traversé toute la ville pour te voir, tu vas pas me mettre à la porte à cette heure-là !

Aaron avait l'impression que son cerveau allait exploser, tant il était assailli par des pensées contradictoires. Il voulait aller chercher Sienna, mais il ne pouvait pas le faire si Dree restait chez lui. Et il voulait mettre Dree dehors, mais il voyait bien que sa façon de faire était inefficace. Or, dans la situation actuelle, la dernière chose dont il avait besoin, c'était d'une nymphomane. Tout s'entrechoquait dans sa tête, dans un gigantesque maelström qui lui donnait le vertige. Que ça cesse !

Le Sigma expira lentement, tentant de reprendre le contrôle de ses émotions. Il était rare qu'il se mette dans un tel état, tout simplement parce qu'il était rare qu'il s'attache à quoi que ce soit au point d'éprouver de la colère. Lorsqu'enfin, son cœur battit un peu moins vite, Aaron regarda Dree avec dans les yeux une lueur implacable, et dit d'un ton glacial :


- Si dans trente secondes, t'es toujours là...


Il ne termina pas sa phrase. Vu l'état dans lequel il était, il était évident que la suite ne serait pas très sympathique. Dree le dévisageait silencieusement. Pour la première fois depuis des années, il parut s'apercevoir qu'elle écoutait ce qu'il lui disait, et qu'elle n'était pas qu'un vampire qui s'invitait chez lui à la nuit tombée. Après une seconde passée à le contempler, elle dit, d'une voix qui exprimait tout le dégoût qu'elle ressentait à présent à son égard :


- Tu sais quoi, elle avait raison : t'es vraiment un beau salaud. J'espère que tu crèveras seul, pauvre type.


A ces mots, elle ôta le T-shirt qu'elle avait dérobé à Aaron, le contraignant à détourner le regard, puis attrapa son jean et son pull, qu'elle enfila en sortant de chez lui, sans un mot de plus. La porte claqua, et, enfin, Aaron se retrouva seul et éreinté. Seul avec, à tort, une seule certitude : Sienna et Aaron, c'était terminé pour de bon.

Son regard fut alors capté par le verre de brandy toujours rempli qui semblait le narguer depuis son piédestal. Aaron s'en empara, traversa la pièce et le vida dans l'évier. Il était temps d'aller dormir.


C'est court, c'est moche, mais c'est terminé \o/
Code by AMIANTE



- A VERROUILLER -
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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyMer 27 Nov 2013 - 23:56

[Tout d'abord, faudra que tu me dise si je te force pas trop la main, j'ai fais au plus simple en fait. Aussi "Allume, qu'on puisse voir ce qu'on dit" et ses dérivés est peut-être une expression belge voir carrément inventée par mon frère mais je l'adore alors voilà, je l'utilise =P ]


*Nothing good ever happens after midnight*

Without you there's no reason for my story


Alors que Sienna lui annonçait qu'elle avait donné son surnom à son chien, Aaron s'arrêta. L'Alpha Psi eut du mal à continuer de lui parler, à garder un ton égal pendant qu'il la dévisageait. A chaque seconde elle craignait de l'éloigner encore plus d'elle. Seulement, elle ne pouvait plus s'accorder le luxe de reculer. A partir de maintenant, c'était tout ou rien. Et puis, peut-être qu'après ça, elle pourrait se dire qu'elle avait tout essayé. Si elle devait un jour arrêter de se battre pour lui, ça lui ferait plus de mal que tous les mots qu'il pourrait jamais lui dire mais peut-être qu'ainsi, la page finirait par se tourner. Quoi qu'il en soit, au moment de lui avouer qu'elle n'avait pas réellement eut envie d'arrêter le policier, elle s'aperçut qu'une partie du poids comprimant son coeur s'envolait. Nouvelle preuve que ce genre de choses devait être dit. Nouvelle preuve aussi que tout ce qui touchait à Aaron sortait du cadre de ce qui était « normal ». Car normalement, elle n'aurait pas attendu autant de temps pour le lui dire. C'était, après tout, une de ses philosophies de vie de toujours dire ce qu'elle pensait. Mais « normalement », elle ne se formalisait pas de ce que les autres pensaient d'elle. Il est certain qu'il est plus facile de dire ce qu'on pense quand on se moque des conséquences.

Les conséquences de ce qui était entrain de se jouer maintenant étaient loin d'être sans importance pour elle. Malgré cela, elle était paisible et soutenait son regard pendant qu'il la fixait. Appelez ça de l'impuissance apprise si vous voulez. En effet, à la façon de l'animal qui se sait enfermé et qui attend, résigné, la décharge électrique, elle attendait calmement qu'il réalise ce qu'elle venait de lui dire et qu'il réagisse. Elle avait posé son coeur dans ses mains, ne tenait maintenant qu'à lui de le froisser comme une boule de papier avant de l'envoyer au loin ou de le garder. Qu'elle développe par la suite une phobie des cages ne semblait pas intéresser le scientifique fou qui l'avait mise dans cette situation. Ainsi pendant cet instant de flottement ou rien n'était encore fait et tout était encore possible, elle n'avait plus peur de rien.

Quand il finit enfin par réagir, ce fut pour s'approcher. Pendant une demi-seconde, Sienna crut qu'elle allait faire un pas en arrière. Mais non. Qui plus est, si elle aimait croire qu'elle aurait pu, c'était faux. Elle avait envie d'être proche de lui et ce d'une force dont elle ne saisit toute l'ampleur que quand il toucha son visage du bout des doigts. Et ce n'était pas parce qu'elle avait l'alcool tactile. Son coeur battait la chamade. Elle était captivée par leur proximité, elle observait ses traits avec attention, comme si elle les voyait pour la première fois ou les étudiait pour s'en souvenir plus tard. Elle en oublia même ce dont ils venaient de parler. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Il n'était plus 4 heure du matin passé parce que le temps n'existait plus. Comment avait-elle pu passer autant de temps loin de lui ? Il lui remis une mèche de cheveux en place et elle lui sourit dans un mélange de tendresse et d'amusement. Parce que dans l'état où elle était, elle n'était plus à une mèche prés.

Aaron parla, la voix basse, et c'était comme s'il s'adressait enfin à elle et pas à cette fille gênante qu'il avait presque réussit à lui faire croire qu'elle était. Il était étrange de l'entendre utiliser son nom de famille. Elle faillit lui demander comment il le connaissait mais elle se rappela bien vite que c'était le flic de tout à l'heure qui avait dû le lui donner. Il lui disait qu'elle ne cesserait jamais de le surprendre et elle osa croire que c'était une bonne chose. De plus, inutile de le nier, l'embrasser devait être la chose qu'elle avait le plus envie de faire au monde à cet instant. Certes, elle était du genre à très bien comprendre les 3OH!3 quand ils chantaient « Baby, you're the one thing on my mind but that can change any time » mais il semblait qu'Aaron faisait à nouveau exception puisqu'il était tout le temps présent en filigrane de ses pensées. Dés lors, elle ne pouvait prendre à la légère ce qu'elle ressentait.

Comme s'il jouait à faire semblant de ne pas voir ce qu'elle voulait, il tourna la tête. Il avait pourtant raison. Tout ça se passait trop vite, ça leur tombait dessus sans qu'ils n'y soient réellement préparés. Et puis, que se passerait-il quand ils ne bénéficieraient plus de cette douce irréalité offerte par la nuit ? Ils se retrouveraient confrontés à des choses trop compliquées pour eux et il n'était pas dit qu'ils réussiraient à en faire ressortir du positif. Alors oui, autant en rester là. Ce qui était déjà une avancée énorme, beaucoup plus grande que ce qu'elle aurait pu espérer. Elle savait maintenant qu'il lui était beaucoup moins hostile que ce qu'il disait.

Il lui désigna ensuite un bâtiment qui avait peut-être eu de l'allure, à une époque lointaine, comme étant son « palais ». Elle sourit à son tour. Ce n'était pas sans lui rappeler l'immeuble dans lequel elle-même résidait quand ils étaient à Gulfport. L'ambiance un peu « bricolée » de ce genre d'endroit pouvait être agréable avec ce petit gout de liberté et de débrouille. Elle lui prit donc le bras et lui répondit, entrant dans son jeu :

- Je vous suis, Monseigneur !

En tout cas, après toutes ces émotions, elle aurait pu s'endormir n'importe où. Elle n'aurait même certainement aucun scrupule à lui voler son lit, tellement elle avait hâte de sombrer dans les limbes. Il était plus que temps que cette journée se termine. Son voeu ne serait pas exhaussé mais, alors qu'elle le suivait jusqu'à son appartement, elle n'en avait encore aucune idée. En effet, là, devant la porte, elle avait surtout l'occasion de le regarder avec amusement chercher la bonne clef et ne pas réussir à la tourner dans la serrure. Elle était sur le point de lui demander, pour le taquiner, s'il était sûr de ne pas s'être trompé de porte quand il déclara qu'il avait dû oublier de fermer à clef. Il trouva même une façon de rejeter la faute sur elle. Elle prit un air faussement offusqué puis lui répliqua :

- De toute façon, je vois mal qui aurait envie d'entrer chez toi par effraction, il est plutôt clair qu'il n'y a rien à voler.

Il ouvrit enfin la porte et la fit entrer, non sans glisser une petite réplique ironique au passage, alors qu'il s'inclinait devant elle. Elle leva les yeux au ciel. Puis, elle tâtonna le mur pour trouver l'interrupteur. Autant voir ce qu'ils disaient, même s'ils ne tarderaient certainement pas à s'endormir. Un rai de lumière illumina la pièce. Pourtant, elle n'avait pas trouvé l’interrupteur, non. La lumière provenait de la chambre dont la porte venait de s'ouvrir. Toujours un peu alcoolisée, Sienna crut d'abord à un fantôme car une silhouette fine ne tarda pas à apparaître « en contre jour », ce qui lui donna une allure surnaturelle. Elle recula instinctivement vers Aaron. Moins d'une seconde plus tard, la silhouette parlait :

- Aaron ?! C'est pas trop tôt, je commençais à en avoir marre de t'attendre. Encore un peu et je m'endo...

Les yeux de la silhouette étaient braqués sur Sienna. Cette dernière ne bougeait plus, elle essayait péniblement de traiter les informations. A présent qu'elle était habituée à la luminosité étrange de la pièce, elle pouvait bien discerner la jeune femme -qui en était bel et bien une de chaire et de sang et non une apparition de l'autre monde- et elle n'aimait pas ce qu'elle voyait. Car elle avait en face d'elle une femme séduisante aux courbes enivrantes. Elle n'était habillé que d'un T-shirt trop grand pour elle -peut-être un appartenant à Aaron- et, à la voir comme ça, on aurait juré qu'elle habitait là. Qui était-elle donc ? Sa colocataire ? Sa petite-amie ? Qui qu'elle soit, elle ne se laissa pas désarçonner longtemps et reprit vite la parole, se permettant même un ton léger, singeant à la perfection une fille aux moeurs légères :

- Tu aurais pu me prévenir, mon chou, si tu voulais un plan à trois.

A voir l'air ahurit et complètement perdu de Sienna, il était pourtant évident qu'elle n'était pas là pour ça. C'était sûrement ça qui amusait l'apparition, d'ailleurs. Il y avait même fort à parier qu'elle ne se sentait pas menacée par la pauvre Alpha Psi complètement à côté de ses pompes qui se tenait en face d'elle. Alpha Psi qui n'avait pas fait attention à ce qu'elle venait de dire à l'instant, ne l'avait même pas entendue en fait, trop occupée qu'elle était à essayer de comprendre ce qui lui arrivait. Elle n'aimait pas la conclusion qui se formait peu à peu dans son esprit : il l'avait piégée.

Plus elle y pensait et plus elle était sûre d'avoir raison. Il l'avait piégée. Il lui avait fait croire que les choses allaient mieux entre eux seulement pour mieux pouvoir la blesser. Elle était certaine qu'il n'avait fait que ça pour la marquer au fer rouge, lui faire retenir la leçon une bonne fois pour toutes : il ne voulait plus d'elle, il avait tourné la page. Ainsi, il savait pertinemment qu'il y aurait cette jolie fille dans son appartement. Ils avaient même dû fomenter cet horrible plan à deux, juste avant qu'il ne parte la chercher. Combien de temps l'avait-elle attendu tout à l'heure ? Assez pour que ce soit plausible ? Oui, certainement. Il n'y avait pas d'autre explication. Et si elle pouvait détester cette fille pour ça, elle ne pouvait même pas lui reprocher d'être vulgaire ou ridicule. Ça n'en était que plus difficile à encaisser.

Pourquoi tirer si rapidement une conclusion si noire ? Hé bien, il ne faut pas oublier qu'elle avait perdu la confiance qu'elle avait en lui, le jour où il était partit. Cette confiance même qui lui permettait de ne pas s'en faire si elle le soupçonnait d'aller « voir ailleurs » quand ils étaient ensembles, parce qu'elle savait ce qu'elle représentait pour lui. Ce n'était plus pareil, aujourd'hui. Il lui avait pourtant dit qu'il n'avait plus rien à lui offrir. Elle aurait dû le croire. Pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas cru ? Pourquoi est-ce qu'elle l'avait appelé ? Qu'est-ce qu'elle faisait ici, bordel ? La question « Tu m'expliques ? » lui brulait les lèvres. Mais à quoi bon la poser ? Elle savait ce qu'il allait lui dire, oui, elle avait tout compris à ce qu'il avait voulu faire.

Sans tout à fait prendre conscience de ce qu'elle faisait, elle se tourna vers lui et le gifla. Un geste qui l'avait démangée plus d'une fois sans jamais qu'elle se laisse y céder. Elle ne se rendit d'ailleurs pas tout de suite compte qu'elle l'avait fait. De la même façon qu'elle s'entendit lui dire :

 - T'es vraiment le pire des enfoirés.

Etait-ce la première insulte qu'elle lui proférait à voix haute ? Fort possible. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, elle ne le regarda même plus. Pour rien au monde elle ne voulait voir cet air victorieux qu'il était très certainement entrain d'arborer. Ni ne voulait elle l'entendre rire cruellement de sa naïveté. Refoulant des larmes, elle se mit à courir à tout allure dans les couloirs. On aurait dit que depuis qu'elle l'avait retrouvé, elle était condamnée à le quitter de cette façon. On ne l'y reprendrait plus. Elle ne se laisserait plus avoir par ses airs charmeurs qui cachaient tout le machiavélisme dont il était capable.

Ce qui se passa ensuite, elle n'en eut aucune connaissance. Elle n'était plus là pour voir et déjà trop loin pour entendre. Car en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle était dans la rue. Pour elle, il n'y avait pourtant pas de mystère à la suite de la scène : Aaron et la fille étaient entrain de rire et puis ils... elle préférait ne pas imaginer, tout compte fait. Elle ne chercha pas vraiment à rentrer chez elle mais, comme par magie, c'est pourtant ce qu'elle fit. Comme si elle avait su depuis le début par où elle devait aller.



©BlackSun
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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyJeu 14 Nov 2013 - 22:03

After Midnight
Sienna & Aaron





Varium et mutabile semper femina...
Comment expliquer que le cœur change si vite ? Se pouvait-il que les passions humaines fussent si fragiles qu'en l'espace de quelques secondes, elles s'estompent ou s'exaltent ? Belle leçon d'humilité pour les hommes, qui se découvraient soumis à un relativisme inscrit dans leur chair, alors même qu'ils se croyaient si solides et intangibles. Irritation, colère, cynisme, surprise, affection, nostalgie, tous ces sentiments s'étaient entrechoqués dans un succédané d'ordre logique, alors que rien n'était plus chaotique et tumultueux. Les vicissitudes de l'existence s'étaient exacerbées dans cette enclave de temps qu'ils s'étaient appropriée, qu'ils avaient enclose sur elle-même, comme une bulle qui finirait par s'envoler vers la lune. Ils avaient oublié que la bulle pouvait éclater à tout moment.
La nuit semblait fiévreuse tandis que Séléné recouvrait les deux jeunes gens d'un halo opalescent, et tout se confondait sous d'éparses floches de brume. Un observateur extérieur aurait cru à une mascarade : les choses s'enchaînaient trop vite, vulgaires non sequitur sans transition, comme si de mauvais acteurs avaient débité leurs répliques sans prendre garde à la ponctuation et aux didascalies. Mais avant que le rideau ne tombe, il restait un dernier acte à jouer.


SIENNA, d'un ton rieur :  Je pensais l'avoir compris, merci.


Cette remarque arracha un sourire amusé à Aaron, mais elle dissimulait mal l'étrangeté de la situation : s'il avait eu besoin de préciser qu'il « prendrait le canapé », c'était que les choses entre eux ne coulaient plus de source. Que les mots étaient un renfort nécessaire à leurs échanges, un contrefort à leur cathédrale, dont le poids des années avait sapé les fondations.
Le silence qui s'ensuivit vint pourtant contredire ce constat : tout se fit simple à nouveau, lisible, d'une certaine manière. Le silence est comme l'ébauche de mille métamorphoses, écrivait Bonnefoy ; et il semblait en effet que tout pouvait naître de leur mutisme placide.

Et pourtant, Aaron compliqua tout en posant sa question. Il eut beau se raviser juste après, le mal était fait : l'harmonie était rompue, il avait arrêté l'engrenage du temps pour revenir en arrière, lui qui se vantait de n'aller que de l'avant. Peut-être que la compréhension des motivations de Sienna l'aiderait à avancer ; mais il n'avait pas encore le droit de lui demander des explications, et il devait respecter son indépendance, tout comme elle avait respecté la sienne lorsqu'il était parti sans un mot d'au revoir. Après tout, à quoi bon savoir pourquoi elle l'avait fait appeler ? Qu'espérait-il, au juste ?
Le Sigma Mu allait reprendre la parole, pour faire diversion, mais, comme à son habitude, Sienna n'en fit qu'à sa tête et ignora sa remarque.


SIENNA : Je... J'ai un chien. Un très grand chien. Peut-être que si j'avais su qu'il deviendrait si grand, je ne l'aurais pas adopté. En fait, c'est un Rottweiler. Légèrement sur-nourri en plus... tu vois le genre.


Aaron esquissa un sourire : oui, il imaginait très bien Sienna prendre soin de son chien à l'en faire grossir. Il ne voyait pas trop où elle voulait en venir, mais il aimait l'écouter parler si légèrement, et rire comme si rien de mauvais ne s'était jamais passé entre eux. Comme s'ils écrivaient sur une page blanche, et non un palimpseste. Douce illusion...


SIENNA : Tu devrais le voir. Les deux petites taches au-dessus de ses yeux donnent l'impression qu'il fronce les sourcils de façon sarcastique alors qu'en même temps que ça, il remue la queue joyeusement. Bon, peut-être simplement parce que c'est juste un chien, tu vas me dire.  Et puis, j'aime le fait qu'il aie une apparence si terrifiante alors qu'en fait, je n'en connais pas de plus gentil que lui.

Le sourire d'Aaron s'élargit, et il se contraint à le réprimer ; l'air attendri de la jeune fille était un gage de sa passion, de son indéfectible envie de vivre. Sienna possédait cette capacité à s'extasier pour des détails que d'aucuns auraient considérés comme véniels, alors qu'elle en faisait les piliers de sa vie. C'était la même attitude qu'Aaron avait eue lorsqu'il avait voyagé à travers les États-Unis : il avait vu des parangons de levers de soleil, de nuits étoilées, de vignes courbées sous le poids des grappes rougeoyantes, il avait senti la terre sous ses pieds, le vin dans sa gorge, tant de choses si insignifiantes auxquelles il avait alors accordé tant d'importance - sans chercher à intellectualiser cela, mais juste en le vivant. Alors, de voir quelqu'un trouver encore tant d'émerveillement dans la réalité lui faisait éprouver une sorte de nostalgie, et, en tout cas, l'attirait comme un papillon de nuit à une ampoule : il fallait qu'il retrouve cette joie de vivre qui, si elle ne l'avait jamais vraiment quitté, était devenue terne et conformiste.


SIENNA : Bref, ce que je veux dire c'est que le nom de ce chien, tu m'as déjà entendue le prononcer plus d'une fois.


Aaron arqua un sourcil, intrigué. Il avait beau essayer de deviner, il ne voyait pas de quel nom elle pouvait parler


SIENNA : Il s'appelle Macaron. Et c'est parce que je pensais à lui que je pensais à toi.


Attends, quoi ? Aaron s'arrêta et son sourire s'estompa, alors qu'il assimilait l'information. Elle avait donné à son chien le même surnom qu'à lui ? Quand avait-elle eu ce chien ? Une tierce personne n'aurait pas saisi la portée de l'attribution de ce surnom au rottweiler ; quel était le problème, donc ? C'était qu'une question s'immisçait insidieusement dans l'esprit du jeune homme, le taraudait, l'étouffait, parce qu'elle remettait en question toute son existence depuis qu'il était parti de Gulfport, cette nuit d'été : est-ce que cela signifiait que lorsqu'il l'avait quittée sans un mot d'explication, comme ils se l'étaient promis, elle avait voulu garder une trace de lui malgré tout ? En un mot : est-ce qu'il lui avait brisé le cœur en l'abandonnant ?
Aaron dévisageait Sienna, désarçonné. Alors c'était donc ça ? Lorsqu'elle l'avait abordé dans les rues de Miami, au cœur de la foule, où elle aurait pu l'ignorer, c'était parce qu'il ne lui avait pas laissé l'occasion de lui dire au revoir correctement, parce qu'ils n'avaient pas pu se « séparer », comme un couple normal ? Mais ils n'étaient pas un couple normal ! Et puis, souffrait-elle du syndrome de Stockholm, pour revenir ainsi à son bourreau, s'il l'avait vraiment blessée à l'époque ?

Aucune de ces questions n'eut le temps de trouver de réponse, car la jeune fille avait repris :


SIENNA : Ensuite ça s'est passé plutôt vite, il y a eu confusion avec le policier qui m'a demandé qui était Macaron, et au lieu de dire que c'était mon chien j'ai donné ton nom. Puis...


Aaron s'attendait au pire. Puis quoi ? En plus, elle était censée ignorer son patronyme ! Cela commençait à faire beaucoup de coïncidences.


SIENNA : Puis, quand il est parti passer l'appel, je n'ai pas eu envie de l'arrêter.


Pendant quelques instants, Aaron demeura interdit, fixant les prunelles céruléennes de Sienna avec incrédulité, le visage impassible. Comme s'il ne l'avait pas entendue, en fait. Le temps semblait s'être arrêté, alors que le Sigma Mu regardait invariablement la jeune fille, tentant de décrypter ses pensées, saisissant au vol la lueur de défi qui perlait dans les iris de son interlocutrice. Derrière son apparente désinvolture, l'esprit d'Aaron tournait pourtant à plein régime. Mais au fond, la décision était prise depuis la seconde où Sienna avait fini de parler.
Aaron se mit enfin en mouvement. Ils étaient déjà tout près, mais il fit encore un pas vers la jeune fille, mettant un terme à la distance qui les séparait encore, approcha lentement sa main du visage de la jeune fille, frôla sa joue nivéale, redescendit pour effleurer de son pouce ses lèvres ourlées, redécouvrant l'étrange sensation que lui procurait le fait de toucher son visage, d'être si près d'elle, de sentir l'odeur de sa peau, de voir les détails de ses grands yeux qui semblaient avoir été ciselés dans le saphir ; puis sa main remonta pour glisser une mèche de cheveux acajou qui s'était échappée derrière l'oreille de la naïade, comme pour mettre fin à cette exploration bien trop poussée, bien trop intime. On eut dit un vieux film romantique des années 80, un abominable cliché. Mais ce cliché, il commençait doucement à s'y faire.
A mi-voix, comme si ses paroles risquaient de briser ce qu'ils venaient péniblement de construire, il souffla :


AARON : Sienna Cassady, tu ne cesseras jamais de me surprendre...


Si près... Il aurait pu sans peine franchir la distance qui les séparait encore. Et Dieu ce qu'il avait envie de l'embrasser, en cet instant. Quoi de plus ironique ? Elle venait de réduire en cendres le mythe qu'il avait entretenu des années durant ; car il y avait cru, à leur histoire parfaite : il avait réellement cru, du plus profond de son être, que la promesse qu'ils s'étaient faite cet été-là avait permis à leur souvenir de se figer dans toute sa beauté, il avait cru qu'en supprimant le moment douloureux des adieux, ils n'auraient conservé que les moments heureux de leur aventure d'un été. Il avait vécu si longtemps avec cette certitude, et en seulement quelques semaines, Sienna l'avait fait imploser.
Et cela ne le dérangeait pas. La seule chose qu'il avait réellement planifiée, orchestrée, millimétrée dans sa vie se révélait être un échec total, et pourtant, il n'était pas déçu. Pourquoi ? Parce qu'en voyant tous les beaux discours que Sienna et lui avait prononcés annihilés en l'espace de quelques instants, il venait simplement de prendre conscience qu'ils étaient humains.

Si près...
Après un bref moment, qui lui sembla pourtant une éternité, Aaron détacha son regard de celui de Sienna et tourna la tête avec un sourire. Pour une fois, sa raison avait pris le dessus sur ses instincts. Sienna allait dormir chez lui très bientôt : s'il l'avait embrassée maintenant, les choses auraient risqué de prendre une tournure... inattendue. Il ne voulait pas brusquement barrer la route qu'ils avaient mis tant de temps à parcourir ensemble. Et puis, la jeune fille était bien trop ivre pour qu'un contact veuille dire quoi que ce soit.
Le Sigma Mu, ayant enfin détourné les yeux de la sylphide, promena son regard autour de lui : ils étaient arrivés dans sa rue. Aaron montra du doigt l'immeuble vétuste qui se trouvait à quelques mètres de là.


AARON, d'un ton lyrique : Voilà mon palais !


Le jeune homme adressa un sourire à Sienna, un sourire sincère, sans intention particulière, et il était frappant de voir avec quelle rapidité il pouvait changer d'attitude, passant de la séduction à un comportement quasi-amical en seulement quelques secondes. Aaron tendit alors le bras à son interlocutrice, pour qu'elle puisse à nouveau s'en saisir – enfin, avec son autorisation cette fois.
Lorsqu'ils furent arrivés au pied de l'immeuble, le Sigma Mu enfouit ses mains dans ses poches, à la recherche de ses clefs, puis ouvrit la porte du hall d'entrée, guida Sienna à travers les couloirs tortueux, grimpa les marches de quelques étages, et ils parvinrent enfin devant la porte de son appartement.
Aaron passa en revue toutes les clefs de son trousseau, ayant oublié, comme à chaque fois, laquelle était la bonne, et lorsqu'il l'eut reconnue, il l'inséra dans la serrure. Impossible de tourner la clef. Le jeune homme haussa un sourcil, seulement à moitié surpris.


AARON, d'un ton désinvolte : J'ai dû oublier de fermer à clef.


Avec un sourire en coin, il ajouta en regardant Sienna d'un air moqueur :


AARON : Quelqu'un m'a appelé au milieu de la nuit, alors j'ai accouru au mépris de ma propre sécurité...


Il abaissa la poignée dans le même temps, et poussa la porte, qui produisit un grincement douloureux, avant de s'incliner ironiquement devant la jeune fille.


AARON : Les dames d'abord.


Pourtant, s'il avait su ce qui se trouvait à l'intérieur de son appartement, il n'aurait ouvert pour rien au monde. Un compte à rebours létal venait de s'enclencher : le dénouement de la pièce approchait, et, cette fois, aucun Deus ex machina ne viendrait le sauver.

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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyMar 29 Oct 2013 - 16:01


*Nothing good ever happens after midnight*

Without you there's no reason for my story


Le rire d'Aaron s'éleva, nouvelle preuve que les choses étaient temporairement apaisées. Depuis combien de temps ne l'avait-elle plus entendu rire ? Sans que ce soit sarcastique ? Ce rire là n'était pas encore tout à fait comme ceux qu'elle avait un jour été habituée à entendre mais c'était déjà beaucoup plus que ce qu'il lui avait donné jusqu'à présent. Elle avait tout d'un coup l'impression réconfortante que toutes leurs prises de têtes étaient sans importances, que c'était derrière eux, qu'ils pouvaient maintenant aller de l'avant et passer à quelque chose d'autre. Quoi que ce soit. Elle ne put cependant pas joindre son rire au sien, il y avait quelque chose qui la retenait. Quelque chose comme un sentiment bien trop fort que c'était trop beau pour être vrai, que ce n'était pas ce qu'elle croyait. Rendue presque paranoïaque à cause de la façon dont il l'avait blessée, elle ne pouvait empêcher une petite partie d'elle de penser qu'il n'agissait comme ça que pour pouvoir par la suite lui faire encore plus mal. Malgré la brume de l'alcool, elle savait qu'elle ne pouvait pas le laisser faire ça. La pensée qui la traversa fut contraire à ce que l'instant suggérait : en effet, elle se dit qu'il fallait peut-être qu'elle arrête de s'ouvrir à lui, de lui donner de l'emprise sur elle. A peine cette pensée apparut-elle dans son esprit qu'elle la chassa, se reprochant sa propre paranoïa naissante. L'homme qu'elle avait en face d'elle ne pouvait pas être si diabolique, pas quand il riait avec cette légèreté. Et puis, il était déjà bien assez distant pour deux. Rien à craindre de ce côté là.

Cette distance n'était pourtant plus si évidente que ça. Car quelques instants plus tard, elle était accrochée à son bras, prétextant d'avoir froid et le poussant à se mettre en mouvement le plus vite possible sans même penser à lui donner son adresse. Peut-être parce qu'elle avait oublié que ce n'était pas une évidence pour lui, qu'il ne savait plus grand chose sur son mode de vie aujourd'hui. Ou alors parce qu'elle n'avait pas envie de se séparer de lui après qu'il l'aie déposée devant la porte. Encore une fois, c'était trop confus et elle décida qu'elle en avait marre d'essayer de démêler ses sentiments. Au moins pour ce soir, elle avait droit à sa trêve.

Aaron reprit la parole et commença par souligner qu'il était vraiment tard. L'espace d'une seconde, elle crut qu'il lui faisait un reproche, à nouveau. Voir qu'il cherchait une façon de lui annoncer qu'il allait la planter là. Il était beaucoup trop tard pour qu'il la ramène chez elle. Comme si c'était déjà un très gros effort de sa part de laisser cette trêve s'installer entre eux et qu'il ne pouvait rien faire de plus pour elle ce soir. Mais non, évidemment, non, ce n'était pas ça. Quelle puise le penser, même un bref instant, prouvait malheureusement qu'elle était doucement mais sûrement entrain de perdre sa précieuse connaissance de lui. Il était entrain de réussir à lui faire changer l'image qu'elle avait de lui, arrivant presque à lui faire croire qu'elle n'avait jamais eu la bonne. Après tout, c'était ce qu'il voulait. Quand Sienna se rendit compte de son erreur elle fut donc à la fois soulagée et perturbée. Peu désireuse de s'aventurer sur ce chemin, elle décida de mettre ça sur le compte de l'alcool. Oui, c'était lui qui l'empêchait de penser droit. N'est-ce pas ?

Ajoutez à ça le fait qu'elle ne savait pas quoi répondre à sa proposition d'aller passer la nuit chez lui. Quoi qu'en fait, ce n'était pas vraiment une proposition, plutôt une constatation. Il n'y avait rien à redire alors ? Si. Il fallait qu'elle refuse, il fallait qu'elle lui dise que c'était gentil à lui mais qu'elle se débrouillerait toute seule. Ils venaient à peine d'arrêter de se lancer des piques, c'était trop soudain. Il fallait vraiment qu'elle refuse. Seulement, elle n'en avait pas envie. Elle n'avait pas envie de s'éloigner de cette quiétude étrange mais presque douce qui s'était installée entre eux. Elle avait aussi le sentiment que si elle partait maintenant, elle ne pourrait plus jamais revenir. Au propre comme au figuré.

Il lui sembla nécessaire ensuite d'ajouter qu'il dormirait sur le canapé. Dans un premier temps la réflexion la fit sourire avec amusement, sans vraiment qu'elle ne sache pourquoi. C'est presque d'un ton rieur qu'elle répondit :

- Je pensais l'avoir comprit, merci.

Ensuite, une angoisse sourde tenta de se frayer un chemin en elle. L'agitation qui l'avait animée quelques minutes plus tôt menaçait de refaire son apparition. Tout ça n'avait pas de sens, c'était tellement irréel. Qui plus est, Sienna pouvait à nouveau voir bien clairement la distance qui s'était installée entre eux. Ce n'était pas parce que leurs mots avaient cessés d'être durs qu'elle avait disparut. Au dessus de ça, le fait qu'elle en soit presque arrivée à en rire était atroce. Même si ça n'avait été qu'un effort supplémentaire pour garder l'atmosphère détendue.

Heureusement, elle avait à côté d'elle un Aaron détendu qui laissa s'installer un silence étrangement paisible et virtuellement familier. Un silence confortable, en outre. L'angoisse menaçante se dissipa. Car elle avait maintenant une preuve qu'ils étaient plus proches qu'elle ne l'avait cru. Si elle était capable de se sentir à l'aise dans ce silence c'était parce que, comme autrefois, ils n'avaient pas besoin de parler pour ressentir la présence de l'autre. Il était bel et bien là. Avec elle. L'instant était l'un de ceux qui incitaient à se concentrer sur le présent, à laisser ses pensées divaguer sur les choses et les gens qui les entouraient, à se laisser vivre, en sommes. Sienna ne faisait pourtant pas attention, pour sa part, à grande chose d'autre qu'à Aaron et le silence presque complice qu'elle partageait avec lui. Il lui semblait à nouveau qu'elle n'avait pas à s'en faire, que tout ça s'arrangerait un jour ou l'autre, qu'elle pourrait retrouver une simplicité de vie et une paisibilité permanente, même lorsqu'elle penserait à lui. Alors qu'une voiture passait à côté d'eux, elle se rendit compte que ni l'un ni l'autre ne semblait avoir envisagé qu'il serait beaucoup plus simple de la flanquer dans un taxi et de clore l'affaire. Devait-elle y voir une preuve qu'aucun des deux n'avaient envie de « clore l'affaire » de cette façon ? Ou devait-elle simplement conclure qu'ils étaient tous les deux fauchés comme les blés et ne savait pas se le permettre ? Ces questions restèrent en suspens alors qu'elle suivit la voiture des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse.

Elle aurait voulu continuer à marcher de cette façon pendant longtemps. Mais la voix d'Aaron se fit entendre. Elle leva les yeux vers lui. Il se demandait pourquoi elle l'avait fait appeler. C'était légitime. Après tout, elle l'avait forcé à venir la retrouver à un commissariat de police à 4 heure du matin, il méritait au moins de savoir pourquoi. Aurait-elle le courage de lui dire qu'une partie d'elle avait réellement voulu le voir ? Une autre question est peut-être plus pertinente : aurait-elle le courage de s'avouer à elle-même qu'une partie d'elle avait réellement voulu le voir ? Tout ça était bel et bien partit d'un malentendu avec le policier mais elle n'avait rien fait pour le corriger. Elle aurait pu l'empêcher de l'appeler. Et puis, c'était une manifestation du fait qu'elle avait toujours son prénom sur le bord des lèvres. L'avouer ne ferait-il pas qu'empirer les choses ? S'il l'apprenait, lui qui voulait qu'elle disparaisse de sa vie, ne serait-il pas énervé ?

Comme s'il venait de prendre conscience qu'il s'intéressait plus à ce que Sienna ressentait qu'il ne l'aurait du, Aaron se reprit presque immédiatement. Il lui demandait à présent de ne pas répondre. Elle fit comme si elle ne l'avait pas entendu et continua à choisir ses mots, pour lui fournir cette explication. Se faisant, elle pensait aussi à ses mots à lui. Pourquoi ajouter « honnêtement » ? Pensait-il qu'elle était capable de lui mentir ? Elle se rendit compte qu'il avait peut-être raison. Au jour d'aujourd'hui (pléonaaasme), elle serait peut-être capable de lui mentir parce qu'il représentait presque une menace. Pourtant, mentir était quelque chose qu'elle avait toujours évité de faire. Quant à se mentir à elle-même, c'était une autre histoire. Bref, elle cherchait ce qu'elle pouvait lui dire pour rester « honnête » sans en dévoiler trop.

- Je...

Première tentative : ratée. Sans s'en rendre compte, elle raffermit sa prise sur son bras, se rapprocha plus de lui. En revanche, elle détacha son regard du sien. Ainsi elle se rapprochait d'une façon et le fuyait d'une autre. Comme si leurs échanges avaient besoin d'encore plus de paradoxe qu'ils n'en contenaient déjà. Peut-être que si elle n'arrivait pas à lui parler c'était parce qu'elle essayait de retenir des informations. Elle tenta une autre approche, une grâce à laquelle elle arriverait à lui répondre sans qu'elle-même se rende compte qu'elle allait le faire. Elle ne le regardait toujours pas mais sa voix était plus posée, comme si elle racontait une histoire à un vieil ami alors qu'un demi-sourire flottait sur ses lèvres :

- J'ai un chien. Un très grand chien. Peut-être que si j'avais su qu'il deviendrait si grand, je ne l'aurais pas adopté. En fait, c'est un Rottweiler. Légèrement sur-nourrit en plus... tu vois le genre.

Imaginant la « tête » de son chien, elle rit doucement.

- Tu devrais le voir. Les deux petites tâches au dessus de ses yeux donnent l'impression qu'il fronce les sourcils de façon sarcastique alors qu'en même temps que ça, il remue la queue joyeusement. Bon, peut-être simplement parce que c'est juste un chien, tu vas me dire.  Et puis, j'aime le fait qu'il aie une apparence si terrifiante alors qu'en fait, je n'en connais pas de plus gentil que lui.

Elle se tut alors. Aaron ne devait absolument pas voir où elle voulait en venir. Elle hésitait à continuer. Mais c'était trop tard, elle ne pouvait plus s'arrêter de parler maintenant. Son ton se fit plus froid, son sourire s'atténua pour n'être presque plus qu'un fantôme.

- Bref, ce que je veux dire c'est que le nom de ce chien, tu m'a déjà entendu le prononcer plus d'une fois.

Mais Stop ! Sienna, stop, arrête, tu ne veux pas lui dire ça ! Sa conscience avait beau la prévenir, elle ne put s'arrêter.

- Il s'appelle Macaron. Et c'est parce que je pensais à lui que je pensais à toi.

Ouille. Elle venait de lui avouer qu'elle pensait à lui assez souvent. Sûrement beaucoup plus souvent qu'il n'avait du le croire jusqu'à présent. Pire que ça, elle venait de lui avouer qu'elle ne l'avait pas oublié tout de suite quand il était partit, qu'elle avait eut du mal à tourner la page. Ou carrément qu'elle ne l'avait jamais fait ? Comme si continuer à parler noierait le poisson, elle ajouta rapidement :

- Ensuite ça s'est passé plutôt vite, il y a eu confusion avec le policier qui m'a demandé qui était Macaron, et au lieu de dire que c'était mon chien j'ai donné ton nom. Puis...

« ... c'était trop tard pour l'arrêter » ? Terminer la phrase de cette façon serait mentir. Seulement elle venait, par mégarde, de lui avouer beaucoup plus qu'il n'était prêt à l'entendre. Il ne serait peut-être pas avisé d'en rajouter une couche en lui disant qu'elle n'avait pas réellement voulu rectifier le tir. On pouvait aussi faire le raisonnement inverse et se dire que maintenant, il était trop tard pour reculer et qu'elle n'avait plus grand chose à perdre. Son coeur (alimenté par le stress?) se mit à battre plus vite et elle le regarda dans les yeux. Avec une légère lueur de défis. Parce qu'elle venait de décider qu'elle n'allait pas fuir.

- Puis, quand il est partit passer l'appel, je n'ai pas eu envie de l'arrêter.

Il avait fallut toute cette histoire pour qu'elle en arrive là, la véritable raison de sa présence. Si à peine une seconde plus tôt elle avait choisit de ne pas fuir c'était à présent tout ce qu'elle voulait. Il était plus facile de s'imaginer courageux que de l'être réellement. Elle lui en avait beaucoup, beaucoup trop dit. Elle lui avait montré trop de choses, lui avait encore une fois donné trop d'emprise sur elle. Mais c'était parce qu'elle n'était pas sensée devoir se méfier d'Aaron. Ce n'était pas l'ordre habituel des choses. Après cet épisode, elle apprendrait peut-être à le faire.  



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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyDim 6 Oct 2013 - 15:59

After Midnight
Sienna & Aaron



Étrange chose que la vie. Un instant, vous éprouvez la haine la plus farouche, la plus fiévreuse détestation pour un individu, et l'instant d'après, vous êtes là, sonné, à vous demander si tout cela a de l'importance, écrasé sous la voûte constellée d'étoiles aussi minuscules que vous êtes insignifiant. Curieux, de constater à quel point les passions mortelles peuvent enfler, enfler jusqu'à devenir insoutenables, exiger leur libération ; et, suite à de simples mots, retomber brutalement, telles des ballons percés, vous laissant comme vidé et ahuri. C'était dans cet état que se trouvait Aaron lorsqu'il demanda à Sienna d' « arrêter ». Il ne savait même pas ce qu'il attendait d'elle en cet instant précis. Il voulait simplement qu'elle arrête, qu'elle arrête de le déstabiliser, qu'elle arrête de parler, pour lui donner juste assez de temps pour réfléchir, pour le laisser reprendre ses esprits.

La jeune fille s'immobilisa. Aaron entrouvrit la bouche ; d'un simple mot, il l'avait stoppée net. Une fois encore, l'emprise qu'il avait sur elle le désarçonnait. Elle n'était qu'un fantoccini entre ses mains, et il avait peur de ce qu'il serait capable de faire de ce pouvoir. C'était là que se situait la fissure dans l'apparent parangon de leur relation.

Lorsqu'ils s'étaient rencontrés, quelques années plus tôt, Aaron et Sienna avaient été égaux. Très différents, certes, mais complémentaires, et aucun n'avait jamais pris l'ascendant sur l'autre. Mais cela, c'était avant que le jeune homme quitte Sienna. Il avait rompu l'équilibre qui les unissait, en prenant à lui seul une décision qui les affectait tous les deux. Jusqu'à ce soir, il n'avait jamais réalisé son erreur, mais à présent, celle-ci le frappait de plein fouet. Ce sceptre qui reposait dans ses mains, bien trop lourd à porter, c'était lui-même qui s'en était emparé lorsqu'il avait abandonné Sienna. C'était lui qui était responsable de la situation présente, parce qu'il avait voulu être Achille alors qu'il n'était que Pâris. L'heure était venue de rendre des comptes.


Il parla, maladroit, et lorsqu'il vit la main de Sienna s'approcher de son visage pour en essuyer une larme, il se sentit mal à l'aise ; sa blague n'avait visiblement pas eu l'effet escompté, et la vue de Sienna en larmes lui serait toujours insupportable. Pourtant, lorsqu'elle se retourna pour lui faire face, ses traits étaient bien plus apaisés, et la lueur de vie qui l'animait toujours embrasait de nouveau ses grands yeux céruléens.


- On devrait peut-être le suivre, un jour. Il a l'air de savoir où il va.


Aaron ne put réprimer un éclat de rire, ce genre de rires discrets, ces rires de soulagement qui surviennent lorsque la tension se relâche. Cette phrase n'avait pas grand sens, mais l'emploi du « on », une nouvelle fois, éclairait la scène d'une lueur particulière. C'était la promesse de se laisser une chance. Le regard qu'Aaron posait sur elle en cet instant aurait presque pu être qualifié d'affectueux. Alors, comme pour briser une atmosphère qui devenait un peu trop sérieuse, la réalité les rattrapa, Sienna frissonna et, la seconde d'après, elle était accrochée à son bras. Plutôt que de l'embarras, c'est l'étonnement qui saisit Aaron ; mais après tout, maintenant qu'ils avaient tacitement admis être liés l'un à l'autre, pourquoi n'auraient-ils pas retrouvé leur proximité physique d'autrefois ?  


- Je ne sais pas où on va mais si on y va pas maintenant, on va mourir de froid.


La fatigue liée à l'alcool n'était sans doute pas pour rien dans cette impression, puisque l'air n'était pas si frais que cela, mais Aaron ne releva pas, pressé lui aussi de retrouver un peu de chaleur. Sienna n'eut pas la présence d'esprit de lui dire où elle habitait, et Aaron ne se voyait pas la ramener à l'autre bout de Miami dans cet état, et à cette heure, aussi répondit-il :


- Il est quatre heures passées, je ne sais pas où tu habites mais il est beaucoup trop tard pour que je te ramène chez toi. Mon studio est à quelques minutes d'ici, tu dormiras là cette nuit.


Puis, pour la forme, il ajouta d'un ton indifférent :


- Je prendrai le canapé.


Il ne voyait pas bien l'utilité de le préciser, mais la situation était assez étrange comme cela pour éviter d'y ajouter une quelconque ambiguïté.


Aaron respirait profondément, serein, l'air de la nuit. De rares voitures passaient parfois dans la rue, composant avec les éclats de voix des citadins qui profitaient des derniers bars ouverts la mélodie de la ville, une aria que le Sigma Mu avait appris à aimer, malgré ses premières réticences. De sentir Sienna si près de lui, dans une ville si grande, le ramenait des années en arrière, lorsqu'ils n'étaient que deux ados impulsifs dans la minuscule ville de Gulfport, Mississippi. C'était comme si la ville avait grandi avec eux, et qu'ils se retrouvaient pour en explorer ensemble les nouvelles possibilités. Jamais il n'aurait cru possible un tel retour en arrière. Mais en était-ce bien un ? N'allaient-ils pas au contraire de l'avant ? Peut-être qu'ils n'étaient toujours que deux enfants un peu trop immatures, un peu trop fous, mais ils avaient assurément plus appris sur l'expérience humaine en présence l'un de l'autre que durant les années qu'ils avaient passées séparés.

Sienna faisait partie de ces personnes avec qui ne pas parler semblait naturel, et qui donnait de la valeur au silence. Chacun pouvait voir ses pensées dériver à son gré, sachant toujours qu'il pourrait retrouver l'autre dès qu'il le souhaiterait, et ce sans la gêne qui accompagne trop souvent un silence en société. Avec eux, le silence n'était pas un échec, mais un accomplissement, celui d'être parvenus à construire quelque chose d'assez réel pour que les mots soient parfois inutiles. Bien sûr, de l'eau avait coulé sous les ponts depuis ce temps-là, et ils ne pouvaient pas encore prétendre avoir retrouvé l'harmonie que revêtait autrefois leur relation ; mais en cet instant, Aaron ne se sentait pas si éloigné du garçon qu'il était avant, et qui avait à son bras la plus jolie fille de Gulfport.

Une question, pourtant, le taraudait. Il craignait de rompre la quiétude du moment, mais il craignait encore plus de ne jamais retrouver de cadre favorable à son interrogation, aussi s'enquit-il d'un ton placide :


- Sienna... pourquoi est-ce que tu m'as fait appeler ? Comme pour préciser sa pensée, il ajouta : Je veux dire, pourquoi moi ? Honnêtement ?


« Honnêtement », car il ne voulait pas qu'elle lui dise qu'elle avait envie de le voir, si la vérité était qu'elle souhaitait simplement le déranger au milieu de la nuit. Le Sigma Mu ne lui demanda même pas comment elle avait obtenu son numéro ; après tout, cela importait peu. Ce qui l'intéressait, c'était ce qui avait motivé son appel, elle qu'il avait rejetée, humiliée. A sa place, il aurait été la dernière personne qu'il aurait appelée. Alors, qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qui avait bien pu la pousser à le faire appeler ?
Mais surtout, quelle réponse espérait-il obtenir ? Serait-il vexé qu'elle ait simplement voulu l'agacer, ayant de toute façon bu bien plus que de raison ? Prendrait-il peur si elle lui disait qu'elle pensait toujours à lui ? A peine les mots franchirent-ils ses lèvres qu'Aaron regrettait déjà de les avoir prononcés. Il se passa une main sur le visage, comme pour clarifier ses pensées, et dit d'un ton qu'il voulut détaché :


- Oublie, c'était stupide de demander.


Il n'était pas en droit de lui demander des comptes ; cela, il l'avait compris lorsqu'elle l'avait abordé sur le boulevard, quelques semaines plus tôt. En fait, il n'était pas en droit de lui demander quoi que ce soit. Et d'une certaine manière, toute la souffrance qu'il lui avait infligée, il lui était même redevable.

Désolé pour le retard, et alors carrément désolé pour la qualité et la longueur de la réponse, je me rattraperai la prochaine fois !

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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptySam 21 Sep 2013 - 15:56


*Nothing good ever happens after midnight*

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Toujours incapable de s'extirper du mode sans échec, Sienna s'arrêta quand Aaron le lui demanda et ne fit rien d'autre, attendant passivement la suite comme si seul lui pouvait en décider. Si elle ne bougeait plus de façon volontaire, elle tremblait toujours légèrement. Des larmes lui bordaient les yeux et elle se concentra sur sa respiration pour essayer de les refouler. Elle détestait ne pas avoir le contrôle sur son corps, sur ses réactions. Par extension, elle détestait aussi ne pas avoir le contrôle sur sa vie. Oh, elle ne voulait pas tout contrôler, non, ça aurait privé la vie de son intérêt. Elle voulait simplement être capable d'aborder les choses sous l'angle qui lui plaisait le mieux, d'influencer son environnement, les choses que le hasard posaient sur son chemin de façon à pouvoir s'approcher du bonheur et évoluer au milieux de tout ça avec légèreté. « La chance est un état d'esprit », en sommes. C'était impossible quand il s'agissait d'Aaron. Elle avait beau essayer, elle ne pouvait le voir comme il l'aurait fallu : comme un ex désagréable qui ne lui voulait que du mal. Elle était totalement assujettie à tous ces sentiments paradoxaux et incontrôlables qu'il lui inspirait et qu'elle ne comprenait pas. C'était bel et bien ça qui lui avait fait « péter les plombs ». Il fallait qu'elle retrouve un semblant de contrôle sur sa vie, alors il fallait qu'elle retrouve ce chemin. Pourtant, elle n'y était pas arrivée. Elle était debout au milieux de ce qui lui semblait être nul part, attendant qu'Aaron fasse ou dise quelque chose pour la, les, sortir de là. En cette seconde, c'était tout ce qu'elle avait encore la force de faire : attendre. Elle ne pouvait même pas se retourner pour le regarder, l'affronter, c'était trop difficile.

Au bout d'un court instant, elle l'entendit s'approcher d'elle. Echappant encore une fois à son contrôle, ses muscles se tendirent. Peut-être parce qu'elle s'attendait à ce qu'il la repousse encore, à ce qu'il continue à la chasser de sa vie. Après tout, rien ne lui permettait d’espérer autre chose bien qu'elle ne pusse s'en empêcher. Quand il parla enfin, elle ne comprit pas tout de suite. Elle était déstabilisée par la faiblesse de sa voix, le ton doux qu'elle croyait y déceler. C'était comme si d'un coup, Aaron avait perdu confiance en lui et en ses sentiments pour elle. Elle eut l'impression que c'était la première fois qu'il remettait en question la « haine » qu'elle lui inspirait. C'était plus qu'une impression, même, c'était une certitude. Il lui avait clairement dit qu'il ne savait pas où ils étaient et il était trop intelligent que pour ne pas avoir comprit qu'ils ne parlaient pas de la rue. Ainsi, c'était avant tout à lui qu'il essayait de faire croire qu'il ne voulait plus d'elle ? Oserait-elle interpréter cet aveux de cette façon ? Elle avait peur de se laisser espérer pour rien. Car, combien de temps pourrait-elle encore encaisser les coups avant d'être complètement K.O, de ne plus jamais être capable de se relever ?

Tout dans les paroles de son ex sous-entendait qu'ils avaient encore une réalité « à deux ». Ils étaient dans le même bateau. Ils étaient tous les deux perdus mais ils étaient perdus ensembles. Ce qui voulait dire qu'il pourraient s'en sortir, non ? Elle avait besoin de croire qu'ils pouvaient s'en sortir, tant qu'ils étaient tous les deux. Personne d'autre jusqu'à présent n'avait, comme lui, réussit à lui donner confiance dans le futur. Car, au fond d'elle, si Sienna vivait dans le présent, seulement dans le présent, c'était parce qu'elle était insécurisée. Psychanalytiquement parlant, l’explication se trouvait dans le fait qu'elle n'avait pas de base de sécurité. Vous savez cette personne qui vous apprend que vous pouvez vagabonder à travers le monde sans craintes parce que si vous êtes blessé, vous finirez toujours par guérir ? Cette personne dont le rôle est de vous donner confiance en l'avenir parce que quoi que vous fassiez, où que vous alliez, vous ne serez jamais perdus. Aaron avait été cette personne pour elle. Le temps de leur histoire, elle avait enfin pu voir ce que c'était que de vivre pleinement, sans craintes. En la quittant il lui avait arraché tout ça de force et, depuis, elle cherchait à atteindre à nouveau ce sentiment de plénitude. Elle ne s'en rendait pas tout à fait compte mais là était la raison fondamentale pour laquelle elle le voulait à nouveau dans sa vie : elle était perdue depuis qu'il était partit et elle ne pouvait pas retrouver son chemin sans lui. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant, et se rendre compte de son échec était loin d'être facile à avaler.

L'angoisse provoquée par ces révélations de plus en plus claires l'empêcha de réagir. Elle avait peur. Tout ça c'était tellement plus grand qu'elle, ça la dépassait tellement. Il flottait au dessus de la situation comme un voile d'irréalité. Au final, c'était peut-être plus simple qu'il la déteste. Ce n'était pas ce qu'elle voulait mais elle se sentait mieux dans le rôle de l'offusquée, de la blessée. A présent, elle se retrouvait en compagnie d'un Aaron qui lui rappelait celui qu'elle avait aimé, celui qu'elle pourrait aimer encore, et elle était tétanisée. Parce qu'elle avait déjà recommencé à y croire.

Il eut la bonne idée de lui offrir un échappatoire, une chose sur laquelle elle pourrait réagir avec plus de légèreté : la blague du petit bonhomme vert. Elle sentit une larme couler sur sa joue. Elle se rappelait le bonheur qu'elle avait eu de le retrouver quand elle lui avait elle-même tapoté l'épaule, ce jour là. Elle n'avait pas imaginé un seul instant que leur relation pourrait prendre une tournure si complexe que ça. Même si elle s'était leurrée en pensant qu'elle pourrait se contenter d'une simple amitié avec lui. Aujourd'hui, elle savait qu'ils ne pourraient jamais être simplement amis et elle pensait qu'il le savait aussi. Cette blague était aussi quelque chose qu'ils partageaient, quelque chose de rien qu'à eux, que les autres n'auraient peut-être pas comprit. Ça lui fit chaud au coeur, quelque part, de se dire qu'ils partageaient encore autre chose que du ressentiment. Plus que ça c'était aussi qu'il la laissait enfin apercevoir sa fragilité, ses sentiments, son incertitude. Des choses qui lui étaient accessibles quand ils étaient ensembles et qu'il avait tenu hors de sa portée jusqu'ici, comme un grand frère sadique qui s'amuse à regarder sa petite soeur sauter désespérément pour l'attraper.

Sienna essuya sa joue et se retourna vers lui. Ses lèvres étaient étirées par un faible sourire. Mais ce n'était pas ça qui était important. Ce qui comptait c'était que le sourire était retourné dans ses yeux, là où il était vrai, doux. Là où c'était vraiment elle qui souriait et pas seulement son corps. Son regard était posé sur lui et alors que la distance entre eux était presque virtuelle, elle était calme. Quand elle parla, sa voix fut certes beaucoup plus faible mais aussi beaucoup plus stable, presque comme si elle partageait un secret avec lui :

- On devrait peut-être le suivre, un jour. Il a l'air de savoir où il va.

Est-ce que ses paroles avaient du sens ? Pas vraiment. Cependant, on y entendait l'espoir qu'elle avait de faire du chemin avec Aaron. Ainsi que l'espoir qu'eux aussi finissent par savoir où ils allaient. C'était en tout cas ce qu'elle avait voulu exprimer, plus ou moins consciemment. Quoi qu'il en soit, les tensions entre eux étaient comme temporairement apaisées. Rien n'était résolu, non, ils ne savaient toujours pas où ils en étaient, ni comment ils allaient le découvrir. Mais Sienna sentait qu'elle pouvait baisser la garde, même sans savoir pour combien de temps.

L'adrénaline quitta son corps et laissa la place à un grand sentiment de fatigue. Elle frissonna de froid, aussi, pour la première fois depuis qu'ils étaient dehors. Son corps ne lui laissa pas le temps de réfléchir et elle réduisit la distance entre eux à néant en venant s'accrocher à son bras. Fuyant ensuite son regard, elle ajouta, presque dans un murmure comme si parler trop fort ferait tout partir en éclats :

- Je ne sais pas où on va mais si on y va pas maintenant, on va mourir de froid.

Cette phrase était valable au propre comme au figuré car elle ne savait toujours pas exactement où ils étaient. Elle retrouvait cependant peu à peu l'espoir de le découvrir. Parce qu'il semblait prêt à réellement l'aider et qu'avec lui, elle pouvait tout faire. En prenant son bras, elle avait cessé de se poser des questions. Elle n'en pouvait plus, elle était trop à bout pour ça, elle avait besoin d'avoir le droit d'être faible, ne fusse que pendant quelques minutes. On peut argumenter que sans l'alcool, elle ne se serait pas laissée aller comme ça. Mais ce n'était même pas certain.



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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyLun 16 Sep 2013 - 21:45

After Midnight
Sienna & Aaron


La brise océanique balayait les rues de Miami, apportant avec elle l'odeur de la mer entre les gratte-ciels, entrailles de la ville. Aaron inspira profondément ; il ne comprenait pas comment il avait pu à ce point perdre le contrôle de sa vie. Pourquoi finissait-il toujours par se heurter à des obstacles si hauts, si infranchissables qu'il devait remettre en question son mode d'existence tout entier ? Tout dans cette ville le terrorisait : les personnes, cette faculté qu'elles avaient de le rendre vulnérable, de le rendre... humain. L'homme est un animal politique ; eh bien Aaron semblait lui aussi appartenir à la polis à présent, mais il le faisait en tentant sans cesse d'échapper à ses règles. Comment pouvait-il être heureux, lorsqu'il se revendiquait libre alors même qu'il s'était enfermé de lui-même dans une prison dorée ?
Tout aurait été tellement plus simple s'il n'avait pas pas répondu à cet appel, s'il n'était pas allé au commissariat, s'il n'avait pas été chercher celle qu'il avait quittée une première fois, et rejetée une seconde... Cherchait-il à ce point les ennuis ? Bon sang, qu'est-ce qui lui avait pris de croire une seule seconde que quelque chose de bon pouvait sortir de cette rencontre nocturne ? Il avait agi avec impulsivité, comme d'habitude ; mais les motifs de sa venue lui semblaient à présent bien véniels. Qu'avait-il espéré, au juste, lorsqu'il avait quitté son studio, quelques instants plus tôt ?


Agacé, Aaron demanda sèchement à Sienna d'arrêter de fredonner. Celle-ci, loin de se vexer, lui adressa au contraire un étrange sourire, avant de rétorquer :


- J'aimerais bien te voir essayer !


Cette simple réponse produisit un sentiment inexplicable chez Aaron. La jeune fille blaguait comme si elle n'avait pas conscience du gouffre qui les séparait à présent. Quelques années plus tôt, il aurait surenchéri dans le défi, peut-être même jusqu'à la pousser vraiment à l'eau, juste pour l'agacer. Elle l'aurait alors tiré à son tour dans la mer, et ils auraient passé des heures à rire, à parler de tout et de rien - à se taire, aussi.
Aaron secoua la tête pour en chasser ces images oniriques. La situation était tout autre à présent. Ils ne pouvaient pas simplement plaisanter, comme si rien ne s'était passé depuis qu'il l'avait quittée et qu'elle était revenue à Miami. Il l'avait blessée ; l'avait-elle déjà oublié ? Ou faisait-elle semblant ? Sans doute pas ; Sienna était bien trop honnête, bien trop authentique pour cela. Et peut-être que c'était là d'ailleurs sa plus grande qualité : elle ne baissait jamais les bras, sauf lorsqu'elle savait que la cause pour laquelle elle se battait était désespérée. Avait-elle donc jugé que son cas ne l'était pas encore ?

Aaron ne répondit donc pas, perdu dans le flot amer de ses pensées. Lorsqu'il s'aperçut que Sienna partait dans le mauvais sens, elle la ramena doucement dans la bonne direction, luttant pour garder son calme. Elle protesta faiblement, trop ivre pour réagir correctement, puis se tut tout à fait. Aaron réfléchissait, encore et toujours, égaré dans la confusion qu'il s'était lui-même imposée. Il n'avait pas conscience de la proximité qu'il avait infligée d'office à Sienna, et le fait de ne pas savoir où elle habitait ne semblait pas le déranger. En revanche, c'était tout le reste qui le dérangeait ; comment aurait-il pu agir calmement dans cette situation ? Rien, absolument rien dans cette soirée n'était normal. Une nuit normale, il n'aurait pas été appelé à quatre heures du matin par une ex complètement ivre pour qu'il la ramène chez elle ; il n'aurait pas aidé les flics à faire de la place dans leur cellule de dégrisement, et il n'aurait pas, mais alors sûrement pas songé une seule seconde à être aimable avec celle qu'il avait rejetée encore quelques semaines plus tôt. Alors que ces  pensées bouillonnaient en lui, il finit par dire à la jeune fille qu'elle ne devait pas croire qu'il faisait tout cela pour elle. Sa réaction fut brutale ; elle s'arrêta net, et répliqua :


- Juste pour ce que soit clair : si tu penses que j'avais envie de te voir, tu te fourres le doigt dans l’œil. J'ai autre chose à foutre de ma vie, crois-moi.


Aaron aurait probablement répondu d'une remarque acerbe (après tout, si elle n'avait pas envie de le voir, elle n'avait qu'à pas le faire appeler), si la voix de son interlocutrice n'avait pas vacillé à la fin. Quoi, il l'avait encore vexée ? A moins que ce ne soit l'alcool ? Dans tous les cas, il était indéniable qu'Aaron tentait, même inconsciemment, de la tenir à distance. Il pouvait bien prétendre ne pas vouloir la blesser, la vérité était toute autre : si le fait de la blesser était le prix à payer pour s'en débarrasser, il ferait ce qu'il jugerait nécessaire.
Oui mais voilà, c'était précisément là que se situait le problème : il ne suffisait pas de la blesser. Ç’avait été sa première tactique, lorsqu'elle l'avait accosté dans les rues de Miami : il lui avait craché au visage tout le dégoût que sa présence lui avait – sincèrement - inspiré. Et pourtant, il était là. Il était là, avec elle, au beau milieu de la nuit, et il ne savait plus que faire pour l'éloigner de lui une bonne fois pour toutes. Peut-être que la réponse était là : il ne le pouvait pas. La vie était un palimpseste, et Sienna resurgirait toujours sur son parchemin.

Mais il était encore trop tôt pour qu'Aaron raisonne ainsi. Avant qu'il ait pu répondre quoi que ce soit, Sienna sembla prise de folie, et s'exclama :


- Je ne sais pas où on est, Aaron !!  


Le jeune homme fronça imperceptiblement les sourcils. Il n'était pas dupe : Sienna ne parlait pas que de leur situation géographique ; ou alors, elle le faisait avec une ferveur telle que seul l'alcool pouvait en être la raison. Aaron entrouvrit la bouche, décontenancé. La franchise de la belle Alpha Psi l'avait toujours dérouté. Elle aurait pu aussi bien dire « Je ne sais pas où on en est, Aaron », et il aurait été d'accord ; car apparemment, les choses n'étaient pas aussi simples qu'il aurait voulu le croire.
Le Sigma Mu regarda Sienna tourner en rond d'un air absent. Il ne comprenait pas. Pourquoi s'agitait-elle ainsi, à présent ? Parlait-elle vraiment du fait qu'elle ne retrouvait pas son chemin, et avait-il à ce point surinterprété ce qu'elle voulait dire ? Pourquoi se posait-il seulement la question d'un éventuel double-sens de son propos, comme si elle avait pu envisager qu'une relation soit possible entre eux ? Et surtout, pourquoi se surprenait-il à l'espérer ?

Car au fond, c'était là la raison qui l'avait poussé à sortir de son studio en plein cœur de la nuit, sans réfléchir aux conséquences : ce qu'il avait espéré, c'était que Sienna continue à se battre pour lui. Qu'elle n'abandonne pas l'idée de retrouver la relation qu'ils avaient autrefois. Qui sait, peut-être qu'à force, à l'usure, il se serait laissé tenter à son tour et aurait cédé à ses avances...
C'était une pensée coupable, un désir interdit ; mais c'était peut-être cela, l'essence de la vie : de se rendre compte que tout ce qu'on a toujours voulu, que les principes auxquels on a obéi aveuglément des années durant, que l'étoile que l'on a suivie pour s'orienter ne sont que des illusions qu'une seule personne peut retourner et piétiner à son gré. Peut-être que c'était ce qui rendait l'humanité si forte, cette propension à se tromper, à chuter, se relever, tenter de parcourir sa route d'une autre manière, avec d'autres appuis, à envisager les choses autrement pour avoir peut-être une chance d'arriver au bout du chemin ; et puis recommencer.

Alors lorsque Sienna lui avait répondu qu'elle ne voulait pas le voir, il avait été, l'espace d'un très bref instant, déçu. C'était lui qui pouvait la rejeter ; elle, elle n'avait pas le droit de ne plus désirer être avec lui. Il n'aurait su l'expliquer, mais il ne supportait pas l'idée qu'elle puisse vivre ce qu'ils avaient vécu avec un autre. Comme s'il était... jaloux ? Non, ce n'était pas son genre. Y avait-il seulement un mot pour définir l'étrangeté de leur situation ?

Alors que Sienna s'engouffrait dans la rue qu'ils venaient de quitter, Aaron dit d'un ton placide :


- Arrête, Sienna.


Il y eut un court silence, durant lequel le jeune homme tenta d'ordonner ses pensées ; puis, comme à son habitude, il décida de ne plus réfléchir, et de laisser son instinct le guider. Il fit donc quelques pas vers l'Alpha Psi, qui se tenait dos à lui, et dit à mi-voix :


- Je ne sais pas où on est. Mais on est dans le même bateau...  


Il ne savait pas alors à quel point ses paroles étaient prémonitoires. Il s'était rendu à l'évidence, bien que douloureusement : il ne pouvait pas penser à sa vie actuelle sans penser à Sienna. Ils devaient affronter les épreuves ensemble, le temps qu'ils trouvent un moyen de se sortir de cette situation inconfortable. Peut-être était-ce aussi la fatigue qui le poussait à utiliser le pronom "on", comme s'ils avaient à présent une réalité. Peut-être qu'il partait trop loin, qu'il se laissait trop assujettir par des sentiments qui lui étaient encore ineffables ; car il n'avait même pas essayé de répondre à l'aspect prosaïque de la question de Sienna. Il savait très bien où ils étaient dans la ville, et comment retrouver son chemin ; mais il était quatre heures du matin et ils étaient là, ensemble : qu'est-ce qu'il fallait de plus pour qu'ils voient que les contingences matérielles n'étaient rien par rapport à ce qui les unissait ?
Amusant, de voir comme Aaron n'était plus qu'un serpent aglyphe face à cette grive désorientée. A entendre ses paroles, on aurait pu croire qu'il tentait de la rassurer. Et aurait-il pu dire le contraire ?

Il chercha les mots pour l'apaiser, ne les trouva pas ; il avança donc une main vers elle, se rétracta. Enfin, il tapota son épaule en disant :


- C'est un petit bonhomme vert, il est parti par là.


Il avait toujours été nul pour refaire les blagues ; cette tentative en était une nouvelle preuve. Mais au moins, il savait qu'elle se souviendrait.
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Dernière édition par Aaron Gray le Ven 9 Mai 2014 - 11:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyDim 15 Sep 2013 - 16:28


*Nothing good ever happens after midnight*

Without you there's no reason for my story


C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent dehors. Le froid les enveloppa aussitôt mais Sienna ne le remarqua qu'à peine, tout comme elle ne l'avait pas remarqué, la première fois qu'elle avait essayé de rentrer chez elle, quelques temps plus tôt, avant de se faire choper. Avec le degré auquel ses sens étaient émoussés il aurait fallut qu'il neige pour qu'elle prenne conscience de la température. Heureusement, ici à Miami, on en était pas encore tout à fait là. Avec un peu de chance, elle n'aurait même pas la gorge irritée le lendemain. D'accord, avec la façon dont elle venait de tousser, tout l'alcool qu'elle avait ingéré, les quelques joints qu'elle avait fumés et le nombre incroyable de conneries qu'elle avait gueulées tout au long de la soirée, c'était plutôt compromis. Mais l'espoir fait vivre, n'est-ce pas ? Histoire d'amenuiser encore ses chances, elle était maintenant entrain de fredonner tout en marchant. Aaron, qu'elle aurait préféré oublier même si elle avait toujours sa manche dans les mains, se rappela à elle en la menaçant pour qu'elle arrête. Elle tourna la tête vers lui avec un sourire mi-malicieux, mi-outré.

- J'aimerais bien te voir essayer !

L'alcool aggravait encore plus sa manière de répondre à ce genre « d'idées ». Elle en aurait bien courut d'elle-même à la flotte. Elle se rendait cependant compte qu'il y avait plusieurs problèmes qui se posaient. Tout d'abord, elle ne savait absolument pas où elle était et, forcément, encore moins dans quelle direction elle devait aller pour rejoindre la mer. Ensuite, elle commençait assez à dessoûler pour se demander pourquoi elle était si familière avec Aaron. Elle était de plus en plus consciente qu'elle s'en voudrait à mort quand elle aurait retrouvé tout à fait ses esprits et qu'elle en viendrait à souhaiter que cette soirée, par ailleurs si « amusante », ne se soit jamais déroulée. On dit que l'alcool révèle qui vous êtes vraiment. Etait-elle alors si désespérément accrochée à lui, est-ce que ça faisait partie de qui elle était ? Elle refusait de le croire. Il était vrai, cependant, qu'elle avait un peu du mal avec toute cette situation. Elle n'aurait jamais dû le revoir, il n'aurait dû avoir de réalité que dans ses souvenirs. Pourtant, ce n'était pas un souvenir qui était entrain de la ramener chez elle mais une vraie personne. Une personne qu'elle devrait bien réapprendre à connaître, si elle voulait s'en rapprocher. Ce qui aurait été envisageable s'il ne lui avait pas fait si mal quand elle l'avait accosté, quelques semaines plus tôt. Alors pourquoi avait-elle tant de mal à le laisser redevenir un inconnu ?

Il reprit la parole pour lui dire qu'elle marchait dans la mauvaise direction. Son esprit embrumé n'eut pas le temps de comprendre que d'un point de vue pratique ça signifiait qu'elle devait amorcer un demi-tour car, déjà, Aaron posait une main dans son dos pour la guider. Elle protesta d'un « hééééé » alcoolisé parce qu'il la prenait de court et parce qu'elle était persuadée qu'elle aurait fini par se rendre compte qu'elle était dans la mauvaise direction et changer de chemin par elle-même. Rien n'était pourtant moins sûr et s'il n'avait pas été là, elle se serait très certainement retrouvée complètement perdue dans le ghetto. Quoi qu'il en soit, elle fit moins la maligne quand il lui apparut qu'ils étaient très proches. Encore moins quand elle se rendit compte qu'elle n'avait pas envie de le repousser, des contacts d'une toute autre nature lui revenant en mémoire. Il était encore plus interpelant que ce soit lui qui soit venu, si naturellement, chercher ce contact. Il n'avait pas l'excuse d'évoluer en « mode sans échec » comme c'était le cas pour elle, limitée qu'elle était par son taux d’alcoolémie. Mode sans échec qui ne lui fournissait pas de marche à suivre pour une situation comme celle là. Elle résolut donc de continuer à marcher, sans rien dire de plus. Il ne semblait pas avoir pris conscience, lui, de leur proximité et elle se dit que le repousser ne ferait qu'attirer la chose à sa conscience. Le pire c'est que le croyait.

Alors qu'un silence commençait à s'installer, elle se força à faire plus attention aux noms des rues. Elle essayait de se repérer. Mine de rien, elle avait de moins en moins le droit d'utiliser l'excuse « je viens de débarquer » pour se perdre. Et elle se sentait un peu nulle de ne pas savoir où elle était. Fait qui commençait tout doucement à la stresser alors que la fraîcheur de l'air lui éclaircissait peu à peu les idées. C'était à en fondre en larmes : elle était tout aussi perdue émotionnellement que physiquement, dans cette rue. Du coup, comme dans une sorte de déplacement psychologique, retrouver son chemin devint quelque chose de primordial. Si elle pouvait résoudre ce problème là, elle en était persuadée, elle pourrait résoudre le reste. Il fallait qu'elle retrouve ce putain de chemin. C'est pourquoi, quand Aaron voulu « clarifier la situation », elle n'avait plus du tout envie de jouer. Elle s'arrêta net et s'éloigna de lui, sentant, cette fois, le froid s'insinuer dans son dos, là où il y avait précédemment eut la chaleur de sa main. Reprenant sa tournure de phrase, elle répondit :

- Juste pour ce que soit clair : si tu pense que j'avais envie de te voir, tu te fourres le doigt dans l'oeil. J'ai autre chose à foutre de ma vie, crois moi.

Son ton avait d'abord été froid mais sa voix s'était mise à trembler vers la fin de sa phrase. Rapidement, le tremblement gagna le reste de son corps par salves plus ou moins fortes. Elle ne pensait déjà plus à la possible méchanceté de sa phrase : elle était entièrement déstabilisée, submergée par une soudaine vague d'angoisse. Elle ne savait pas où elle était. Elle ne savait pas où elle en était dans sa vie, bordel. Elle était perdue. Sans plus de pré-avis, totalement hystérique, elle ajouta :

- Je ne sais pas où on est, Aaron !!

Elle avait cette façon de le faire sonner comme si c'était la chose la plus importante du monde. Peut-être parce qu'elle ne parlait pas seulement de la rue dans laquelle ils se trouvaient. Elle ne se l'avouait que difficilement mais elle ne savait pas non plus où ils en était d'un point de vue relationnel. Ça aurait dû être simple pourtant, ça aurait dû être tout ce qu'il y avait de plus évident : ils n'en étaient nul part parce qu'il ne voulait plus d'elle, qu'il l'avait blessée et qu'elle devait maintenant le détester. Mais elle ne s'y connaissait pas en haine. Il restait, oui, qu'elle aurait pu tout simplement agir comme s'il n'existait pas. Jusqu'ici, elle n'y était pas arrivée. Parce qu'elle n'aurait pas dû laisser le policier l'appeler. Elle n'aurait pas du agir si familièrement avec lui. Elle n'aurait pas du le laisser la toucher. Elle n'aurait même pas du s'emporter comme ça. Pourtant elle l'avait fait.

Toujours tremblante, elle se mit à faire les cents pas dans la rue. Comme si elle l'avait fait exprès, sa façon de marcher était symptomatique de ce qu'elle ressentait : elle s'éloignait de lui, rapidement, se rendait compte qu'elle ne reconnaissait absolument pas la rue vers laquelle elle s'engageait puis revenait vers lui, presque plus rapidement mais frustrée, énervée même, de ne pas avoir trouvé le bon chemin. Ce n'était pas en se mettant dans cet état qu'elle trouverait la solution à son problème mais elle n'arrivait pas à se calmer. Aussi, elle avait le sentiment que si elle arrêtait de marcher, elle se mettrait à pleurer parce que ses nerfs lâcheraient complètement. A un moment, elle commença à dire « Je crois que... » avec une note d'espoir dans la voix, comme si elle avait trouvé le chemin. Mais elle se rendit compte rapidement que, si ça lui disait quelque chose par là, c'était parce que c'était de là qu'ils venaient.



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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptySam 14 Sep 2013 - 17:44

After Midnight
Sienna & Aaron




La vision du visage de Sienna fit à Aaron l'effet d'un électrochoc : regard turbide, maquillage diffus qui cernait ses yeux d'un halo grisâtre, la jeune fille était à mille lieux de la sylphide qui accostait encore Aaron quelques semaines plus tôt. Et pourtant, même ainsi, elle dénotait dans ce cloaque glacial, telle l'inconnue du New York Interior d'Edward Hopper, beauté fragile piégée entre quatre murs. Mais cela importait peu : Aaron ne voulait pas d'elle, il le lui avait montré d'une manière quasi-cruelle, et elle ne devait pas se méprendre sur sa venue : elle était motivée par l'égoïsme et un intérêt strictement pragmatique. C'est donc avec une nonchalance teintée de fiel que le Sigma Mu pénétra dans la cage où était prostrée la colombe aptère. Il n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu se retrouver là. La vie à Miami n'était pas faite pour elle, il le savait ; la ville était bien trop grande, bien trop menaçante – bien trop dangereuse pour elle. Mais ne l'était-elle pas pour lui aussi ? Ils appartenaient tous deux à la route, à la province, et pas à cet enfant du Léviathan fait pour annihiler tout germe d'individualité. Aaron avait les épaules pour assumer ce fardeau, mais le pouvait-elle ? Wynwood High School était l'épicentre du vice mondain, où chacun semblait vouer un culte à Mammon en se baignant dans le stupre. Sienna était forte, mais le serait-elle assez pour résister aux influences néfastes des riches étudiants de la capitale de Floride ? Visiblement, ce n'était pas le cas. Avec un peu de chance, cet incident lui ferait comprendre qu'elle n'avait pas sa place ici.


- T'es venu.


N'avait-elle pas entendu sa remarque acide ? Il l'insultait, et elle, elle semblait se réjouir de sa venue. Mais au vu de son sourire stupide, ce n'était pas la reconnaissance qui l'animait ; elle avait l'air simplement amusée de l'avoir fait se déplacer. Il s'était levé pour rien ; si elle était capable de tendre un piège à cette heure de la nuit, elle était bien capable de rentrer chez elle toute seule. L'irritation d'Aaron ne cessait de grandir ; qu'est-ce qu'elle croyait au juste ? Qu'il était à son service ? Le rôle du chevalier servant qui tue le dragon pour sauver la princesse, très peu pour lui. Il l'aurait laissée pourrir ici s'il avait eu le choix - et vlan dans ta face, Chrétien de Troyes.
Sienna fut alors prise d'une quinte de toux et se replia sur elle-même, tandis qu'Aaron fronçait imperceptiblement les sourcils. Il n'avait pas imaginé la voir ainsi lorsqu'il avait traversé le quartier pour venir la rejoindre. Comme si pour lui, Sienna serait toujours la Sienna des souvenirs qu'il avait fini par idéaliser avec le temps, sans toutefois souhaiter qu'ils deviennent autre chose que de simples souvenirs. Une question lui traversa alors l'esprit, fulgurante : Sienna avait-elle changé ? Curieusement, il n'avait jamais ne serait-ce qu'envisagé cette possibilité. Comment la jeune fille aurait-elle pu changer, alors même qu'il était parvenu à immortaliser son image dans son esprit ? Elle aurait dû demeurer toujours la même, et pourtant, elle avait emménagé à Miami, et maintenant elle était en train de tousser comme une ivrogne sur le banc d'une stupide cellule, dans un stupide commissariat de banlieue. Il y avait quelque chose qui échappait à Aaron, mais il ne comprenait pas encore que ce qui lui manquait, c'était d'assumer sa propre responsabilité dans la sublimation de sa survivance.

Pour l'instant, tout ce qu'il voyait, c'était une fille débraillée en train de cracher ses poumons et de se moquer ouvertement de lui. Comme pour lui faire regretter de l'avoir appelé, le jeune homme fit une blague de mauvais goût sur la cellule de dégrisement. La réponse de son interlocutrice ne tarda pas :


- Ce que t'es con.


Un sourire vint subrepticement étirer les lèvres d'Aaron. Les piques qu'ils s'échangeaient auraient pu être celles de deux vieux amis, identiques à celles qu'ils s'adressaient autrefois. Mais son visage retrouva bientôt sa froideur : il y avait quelque chose de plus mordant dans leurs paroles, de plus vrai : il ne se moquait pas d'elle pour la titiller, la faire réagir, mais bien pour la tourner en ridicule comme il le faisait cyniquement pour tout le monde. Alors cette phrase bénigne, « ce que t'es con », revêtait un habit plus sombre. Oui, en ce moment, il se sentait vraiment con de s'être déplacé, comme si cette rencontre allait lui apporter quoi que ce soit. Les flics ne lui accorderaient aucune faveur, et ce n'était certainement pas de Sienna qu'il allait tirer quoi que ce soit de positif : leur relation était un échec indescriptible. Aaron ne répondit pas à cela, interceptant le regard noir du policier qui les attendait, et suggéra de s'en aller – rester ici ne leur servirait de toute façon à rien, et il souhaitait simplement de débarrasser rapidement de l'Alpha Psi –, adressant pour la forme une remarque sarcastique au geôlier, qu'il nomma pour l'occasion « Cerbère ».


- Oui, t'as raison, il doit mourir de faim, même.


Aaron haussa un sourcil interrogatif. Était-ce état avancé d'ébriété de la jeune fille qui lui faisait perdre tout sens de l'humour ? Il ne savait pas si elle essayait juste de plomber sa vanne, ou si elle parlait en fait d'autre chose. En tout cas, elle se leva brutalement, ce qui n'eut pas l'air d'être très agréable pour elle, et Aaron échangea un regard déconcerté avec le policier, qui se contenta de hausser les épaules, l'air de dire « Démerde-toi mon gars, c'est plus mon problème maintenant ». Le jeune homme soupira, songeant qu'il n'aurait jamais dû décrocher ce téléphone ; il se retrouvait coincé avec une fille tellement ivre qu'on aurait dit un... enfant. Et vu son comportement totalement erratique, il avait le pressentiment que la ramener chez elle ne serait pas une partie de plaisir.

Le Sigma Mu tressaillit lorsqu'il sentit Sienna agripper sa manche de chemise. Il se retourna vers elle avec un regard furibond, mais n'eut pas le temps de lui dire de le lâcher qu'elle le tirait déjà vers la sortie. Aaron poussa un nouveau soupir, foudroyant le flic du regard, alors que celui-ci n'essayait même pas de réprimer son amusement. Tous deux sortirent du commissariat, prenant la vague de froid de plein fouet. Sienna produisait des sons inintelligibles, auxquels Aaron répondit, agacé :


- Eh, le panda, arrête ça ou je te fais dessoûler dans la mer.


Il fallait qu'il se contrôle ; s'ils se prenaient la tête maintenant, ils n'arriveraient jamais à destination – et ce foutu brandy resterait à vie dans son verre. Aaron inspira donc profondément, et, au bout de quelques mètres, prit un ton facticement aimable pour dire :


- Sienna, je sais pas où t'habites, mais à moins que ce soit dans le ghetto, il faut partir dans l'autre sens...


Le jeune homme mit donc une main dans le dos de Sienna pour lui faire faire demi-tour, faisant de son mieux pour ne pas la pousser brutalement, même si ce n'était pas l'envie qui manquait. Il était à cet instant précis bien trop préoccupé par la situation pour réaliser qu'il était proche de Sienna, que seule une mince épaisseur de tissu séparait sa main de sa peau opaline, qu'il avait si souvent parcourue auparavant. Il ne se rendit pas compte qu'encore une fois, c'était physiquement qu'il s'était exprimé en sa présence, venant naturellement à la rencontre de son corps lorsque des mots auraient pu suffire, mû par la même attraction magnétique qu'autrefois, comme s'il était impossible que leur relation soit autre qu'un échange tactile. C'était bien sûr bien plus que cela, mais cette composante en était essentielle. Enfin, pour l'heure, l'idée même d'une ombre de sentiment envers Sienna était inconcevable pour Aaron.

Le Sigma Mu ferma les yeux un bref instant, comme pour prendre la mesure de la situation. Toute cette histoire était surréaliste ; ils étaient là, à marcher au beau milieu de la nuit, comme ils l'auraient fait il y a des années. Et pourtant, rien n'était comme avant : ils n'étaient plus que des étrangers l'un pour l'autre, et rien ne saurait changer cela – ou du moins, il espérait que ce serait le cas. Par-dessus tout, il ne comprenait pas ce qui avait pu pousser Sienna à l'appeler, lui, « Macaron », la personne qui l'avait peut-être le plus blessée. Il ne voulait pas d'elle dans sa vie, alors pourquoi insistait-elle ? Agissait-elle par désir de vengeance ? Car dans ce cas, il ne comprenait pas sa vindicte ; si elle voulait l'humilier, il avait cent moyens plus efficaces que celui-là. Il devait y avoir une autre explication, mais Aaron avait beau chercher, il ne voyait pas ce qui avait pu pousser la jeune fille à renoncer ainsi à sa dignité. Serrant les dents, le Sigma Mu rouvrit les yeux, alors que la colère lui montait aux lèvres :


- Juste pour que ce soit clair : si tu crois que je suis venu pour toi, tu te fourres le doigt dans l’œil. J'ai autre chose à foutre à 4h du mat', crois-moi.


Curieusement, le ton qu'il avait adopté n'était pas si virulent que cela. Plus que de la rage, c'était l'agacement qui l'animait. Il était simplement contrarié d'avoir dû se lever la nuit, contrarié de devoir traîner une gamine à son domicile, contrarié d'être pris pour un idiot. Mais la haïssait-il tant que cela ? Non. Et c'était bien là que se trouvait la tragédie : s'il ne pouvait la détester, il pourrait bien réapprendre un jour à l'aimer.

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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyMer 11 Sep 2013 - 20:30


*Nothing good ever happens after midnight*

Without you there's no reason for my story


De là où elle était, Sienna pouvait voir que le flic était en grande discussion au téléphone. Complètement passive, abrutie par les relents d'alcool, elle regardait tout ça avec de la brume dans les yeux, un petit sourire niais flottant sur ses lèvres. Malheureusement, elle n'entendait pas ce qui se disait. Peut-être que si elle avait été plus fraiche, elle aurait pu tendre l'oreille. En l’occurrence, c'était plutôt comme si elle avait laissé la télé allumé dans le salon, elle entendait qu'il y avait du son, des intonations de dialogue, mais impossible de comprendre. Alors que personne ne faisait attention à elle un petit rire de saoule s'échappa de sa gorge. Venant pleinement de se rendre compte de ce qu'elle avait fait, elle imaginait la tête d'Aaron alors qu'il devait avoir les traits chiffonnés, les cheveux en batailles, les yeux fous. Avait-il été réveillé alors qu'il était plongé dans un sommeil profond, réparateur ? Certainement. Et c'était bien fait pour lui. Elle pria pour qu'il soit vraiment tard. Tant qu'à faire, autant profiter à fond de cette vengeance non voulue. Il était trop tard pour revenir en arrière, de toute façon. S'il venait vraiment la chercher jusqu'au poste, il devrait s'habiller et affronter la fraîcheur de la nuit. Le genre de truc qui vous empêche bien de vous rendormir après. La pensée la fit bailler et elle se frotta les yeux, oubliant qu'elle était maquillée, aggravant encore son cas. Ensuite, elle se cala contre le mur et ferma les yeux. « Ne t'endors pas », lui soufflait sa conscience. Malgré ça, elle se sentit lentement glisser dans les limbes.

C'est le moment que le policier choisit pour hurler le nom d'Aaron a travers tout le commissariat. Sienna sursauta puis grimaça, elle avait assez mal à la tête comme ça, pas besoin d'en rajouter. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer entre ces deux là ? Ramenée à la réalité par le cri, elle se redressa, tâcha d'être un peu plus alerte. Sans trop de résultats. Restait qu'elle était à présent curieuse. Pour la première fois, elle se demanda s'il viendrait. Jusqu'ici, elle avait réussit à donner assez de réalité à la situation pour se rendre compte que c'était lui à l'autre bout du fil, avec le policier. Maintenant elle comprenait enfin qu'il y avait une chance qu'il se matérialise devant elle, d'un instant à l'autre. Enfin ça, c'était s'il venait. Parce qu'il semblait que le flic avait du mal à lui faire entendre raison. D'ailleurs, serait-ce suivre la raison que de venir ? Elle n'avait pas la réponse à cette question, qui nécessiterait qu'elle se concentre plus qu'elle ne le pouvait en ce moment, mais elle penchait quand même pour la négative. Néanmoins, elle se rendit compte que là, assise sur son banc en cellule de dégrisement, elle l'attendait. Et pas comme quand on se rend compte qu'on ne peut qu'attendre une fatalité, plutôt comme si elle avait envie de le voir. Pourtant, elle n'aurait pas dû. Avec la façon dont ils s'étaient quittés, l'autre jour, elle aurait dû vouloir ne plus jamais le revoir, tourner la page, à défaut de réussir à l'oublier. Ses yeux se fermèrent à nouveaux alors qu'un sourire inexplicable venait éclairer ses traits.

Combien de temps resta t'elle comme ça, à attendre ? Impossible à dire. Dans ces moments là les secondes vous semblent des heures et les heures des secondes. Elle l'entendit vaguement raconter un truc au policier qui lui répondit de la fermer. Bien que pour susciter une telle réaction, il avait dû dire une connerie, le sourire de Sienna s'élargit. Officiellement, c'était parce qu'elle aimait entendre quelqu'un remettre l'arrogant en place. Officieusement, elle était heureuse qu'il soit venu, oublieuse de leur dernière conversation. Elle n'ouvrit les yeux que quand elle entendit la grille s'ouvrir. A sa vue, son estomac se serra. C'était une chose d'imaginer qu'il viendrait, c'en était une autre de le voir. N'osant rien dire tout de suite, elle l'observa entrer sans se presser dans la cellule. Elle tenta de cacher son air victorieux, qui ne fut même pas dissipé par la remarque agréable qu'il lui lança d'emblée.

- T'es venu.

Lui dit elle, le sourire dans la voix, comme si elle n'avait pas entendu ce qu'il venait de dire. L'alcool lui avait-il fait oublier le mal qu'Aaron lui avait fait, en plus de lui faire déclarer une évidence ? Non. Mais elle avait toujours eu l'alcool joyeux et elle avait une raison d'être joyeuse : elle avait gagné, elle l'avait fait bouger en pleine nuit, jusqu'ici. Elle, celle qu'il avait juré ne jamais revoir. Elle avait gagné. Un rire monta le long de sa gorge mais... ha non, c'était une toux. Elle voulut porter ses mains à sa bouche mais c'était comme si tout son corps réagissait à cette simple commande et elle se recroquevilla sur elle-même, le temps que sa toux s'en aille, c'est-à-dire pas plus de deux secondes. Se redressant, elle put voir qu'il observait la cellule. A peu de choses près, il avait la tête de celui qui visite un appartement à vendre. Ou peut-être qu'elle voyait ce qu'elle voulait voir, c'était possible aussi. Quand il voulut savoir si elle avait refait la déco', elle soupira et pensa à haute voix :

- Ce que t'es con.

Le ton qu'elle avait employé lui fit penser à l'époque où quand il disait ce genre de choses, c'était pour la faire rire et non pour chercher à la blesser. Sans le savoir, il trouva ensuite exactement les mots qu'il fallait pour la faire bouger : lui parler d'un chien qui avait faim. Parce que son chien avait faim, lui aussi. Comme montée sur ressort, elle se leva d'un bond, oubliant qu'elle donnait ainsi l'impression de lui obéir à la seconde.

- Oui, t'a raison, il doit mourir de faim, même.

Lui répondit-elle, une fois que le sol cessa de tanguer, avec tout le sérieux dont elle était capable. Elle ne se rendit pas compte qu'il ne devait rien comprendre à ce qu'elle disait. Après tout, il ne l'avait jamais vue avec son chien. Un animal qui avait des airs de Cerbère, en plus. Parce que si, à ses yeux, il était resté aussi mignon que quand il était chiot, il était surtout devenu immense et un brin effrayant. Ce qui était sans compter qu'il était un peu en surpoids puisqu'elle avait pris de mauvaises habitudes avec lui, comme lui filer les croutes de ses tartines, lui laisser lécher la cuillère quand elle avait finit de cuisiner, ce genre de choses.

Attrapant Aaron par la manche de sa chemise, Sienna se dirigea vers la sortie de l'« enfer », ouvrant la voie avec assurance et autorité bien qu'elle ne marchât pas droit. Son ticket de sortie en main, elle fut à deux doigts de fredonner tout doucement «  On y va, on y va, on y va, ...  », ne laissant s'échapper qu'une note ou deux. Juste de quoi rythmer sa marche, il fallait qu'ils se dépêchent de rentrer. Enfin, qu'elle se dépêche de rentrer. Ce que le Sigma Mu décidait de faire une fois qu'ils seraient dehors, ce n'était pas trop ses affaires. Même s'il n'était pas sûr qu'elle se rappelle qu'il arriverait un temps où elle devrait le lâcher.



©BlackSun
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MessageSujet: Re: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyDim 8 Sep 2013 - 20:58

After Midnight
Sienna & Aaron



Aaron émit un sonore « Aaah » de soulagement en se jetant sur son canapé. Bon sang, il n'avait jamais autant aimé cette saloperie. Tissu poisseux, maculé de taches de whisky et fleurant bon le moisi, le sofa avait des contours aléatoires et une assise trouée, mais cela importait peu. Il était chez lui. Et ça, ça n'avait pas de prix.

Le jeune homme ôta ses chaussures sans en défaire les lacets et les jeta l'une après l'autre avec dédain. La seconde vint frapper un cadre suspendu au mur d'en face, que le propriétaire avait gracieusement laissé à Aaron lorsqu'il avait emménagé.


- Je t'avais jamais aimé toi... marmonna Aaron avec une esquisse de sourire sardonique en regardant les débris de verre et de bois qui formaient la dépouille de la victime.


Le jeune homme s'enfonça encore un peu plus dans le vieux canapé et ferma les yeux. Bon sang ce qu'il était bon d'être chez soi. Son studio avait beau être étriqué et miteux, ce soir-là il aurait refusé de le vendre pour un million de dollars. Aaron grimaça en étirant les bras : il avait les muscles endoloris, car il avait passé la journée à porter du nouveau matériel dans sa salle de spectacle, et les meubles de grande illusion n'avaient malheureusement pas le poids d'un paquet de cartes ou d'un lapin. Ou alors, un très très gros lapin.

Être chez soi... c'était une sensation étrange et nouvelle à chaque fois pour Aaron, de se surprendre à aimer retrouver le même lieu chaque soir. Savoir que quelque chose lui appartenait, même temporairement, et qu'en partant le matin, il ne laissait rien derrière lui qu'il ne reverrait pas. C'était... rassurant. Et inquiétant à la fois, par conséquent, puisque cela signifiait qu'il commençait à s'attacher à son mode de vie sédentaire. Mais qu'importe : pour l'heure, il se contentait d'apprécier la tranquillité relative que lui conféraient ces quatre murs décrépis et ce lino vétuste que cachait une épaisse couche de crasse et de poussière.
Le Sigma Mu attrapa le verre à dents qui lui servait de récipient pour à peu près tout et n'importe quoi, et se servit une rasade d'armagnac. Ça, c'était une vision qu'il aimait. Mais il ne fallait pas gâcher son plaisir par une trop grande précipitation ; Aaron lança un dernier regard concupiscent au précieux nectar avant de s'emparer du livre qui reposait sur sa table basse, le célèbre Prince de Machiavel. Après une semaine aussi éprouvante, il ne pouvait que savourer cette quiétude retrouvée.

Car il avait eu une sacrée dose d'emmerdes, cette semaine-là. Alors que les vacances d'été touchaient à leur fin, il avait dû lutter avec son propriétaire pour garder son logement une année de plus, et le directeur du théâtre où il se produisait l'avait forcé à rembourser jusqu'au dernier centime de ce qu'il avait perdu depuis le fiasco de la quasi-noyade de son assistante Johan. Il avait donc travaillé avec acharnement, jour après jour, nuit après nuit, pour voir renouveler son contrat, et c'était sans compter les entraînements avec Johan, l'invention de nouveaux tours, et la recherche d'emploi pour l'année à venir. C'était littéralement éreinté qu'il était sorti de ces deux mois de pseudo-répit, et ce soir-là, il n'allait rien faire. Rien - du - tout. On lui avait bien proposé de sortir, de se bourrer la gueule, de profiter pleinement de ce dernier samedi soir tranquille avant la reprise des cours le lundi, mais il avait décliné sans une seconde d'hésitation. Il allait simplement siroter son brandy, et le monde aurait l'extrême obligeance de disparaître pendant ces quelques instants de félicité.

Après seulement quelques pages d'une lecture déjà flottante, les paupières d'Aaron se firent lourdes et il sombra rapidement dans une exquise torpeur, suivie d'un profond sommeil, tandis que son armagnac le toisait d'un air goguenard. C'était un sommeil sans rêves, comme s'il était un de ces jouets électroniques que l'on recharge une fois que la batterie est vide.


- BRRRRRRRRRR !
- Mmh... grogna Aaron sans ouvrir les yeux.
- BRRRRRRRRRR !
- Arrête putain... marmonna-t-il en enfonçant la tête dans le canapé.
- BRRRRRRRRRR !


Le jeune homme ouvrit péniblement les yeux pour attraper le téléphone qui vibrait sur sa table basse. C'était un numéro masqué ; un canular, sans doute. Il appuya sur le bouton rouge pour couper court à la plaisanterie et tenta de retrouver les bras de Morphée.


- BRRRRRRRRRR !
- Raaaaah, merde !


Aaron s'empara du téléphone et cracha « Allô ? ».


- BRRRRRRRRRR !


Merde, il avait oublié de décrocher. Agacé, le Sigma Mu pressa le bouton vert et beugla :


- QUOI ?
- Bonsoir Monsieur Gray, commissariat de police de Miami, désolé de vous déranger à une heure aussi tardive.

Le jeune homme se redressa brusquement. La police ? Merde, qu'est-ce qu'il avait fait ? S'était-il garé à un emplacement interdit ? Mais non, il n'avait pas de voiture. Il aurait donc en plus volé une voiture ? Encore dans un semi-sommeil, Aaron tenta brièvement d'analyser la situation : il y avait mille raisons qui pouvaient motiver la police à l'interroger ce soir-là. Quoiqu'après réflexion, les policiers ne l'appelaient pas « Monsieur Gray », d'ordinaire. Et ils n'étaient pas « désolés de le déranger à une heure aussi tardive ». Quelle heure était-il, d'ailleurs ?
Aaron jeta un coup d’œil furtif à sa montre. 3h58. Merde, il avait dormi sacrément tard. Enfin, il ne voyait pas comment la police avait pu s'en rendre compte. Et puis merde, il pouvait bien dormir toute la journée s'il le voulait, qu'est-ce que ça pouvait leur foutre ? A moins que... attends, il était 3h58 du matin ?!
Un simple regard à la fenêtre confirma son hypothèse. Putain, ces enfoirés de poulets l'appelaient à 4h du mat' ! Seule la curiosité l'empêcha de raccrocher, tandis que son interlocuteur poursuivait :


- Il y a quelqu'un ici qui a besoin de vous.


La bouche pâteuse, le jeune homme répliqua :


- Quoi, vous pouvez plus vous passer de moi maintenant ?
- Je ne parlais pas de mes collègues. Il y a une jeune fille en cellule de dégrisement qui a besoin que vous la rameniez chez elle.
- Vous avez plus de place pour vos putes, alors vous essayez de les refiler aux autres ?
- Une pute du nom de Sienna Cassady, ça vous dit quelque chose ?


Aaron demeura silencieux une seconde, pris de stupeur : qu'est-ce que Sienna foutait au commissariat ?


- Attendez, vous êtes en train de me dire que Sienna est une p...
- Vous connaissez Sienna ? l'interrompit son interlocuteur.
Silence.
- …non.


Aaron pouvait presque voir le sourire jubilatoire de son interlocuteur à travers le combiné. Merde, il s'était grillé tout seul.


- Mademoiselle Cassady s'est fort heureusement contentée de boire plus que de raison, et il faut qu'elle rentre chez elle maintenant.
- Ouais, j'imagine. Comme le policier n'ajoutait rien, attendant visiblement sa réponse, Aaron reprit la parole : Vous devez vous sentir sacrément seul, pour me raconter votre journée comme ça.
- Monsieur Gray, vous savez très bien que ce n'est pas pour cela que je vous appelle.
- Non mais c'est vrai, est-ce que je vous raconte les emmerdes qui me sont arrivées au boulot, moi ?
- Monsieur Gray, je n'ai pas le temps d'écouter vos...
- L'autre jour par exemple, il y a un vieux qui a vomi dans son assiette pendant que...
- AARON ! rugit le policier.


Merde, d'habitude ça marchait, la diversion. Il changeait de sujet, il rendait le policier dingue, et ce dernier finissait par abandonner tellement il n'en pouvait plus de parler dans le vide. Celui-là avait l'air nettement plus combatif.


- Quoi, c'est plus « Monsieur » maintenant ? rétorqua Aaron avec un sourire narquois.
- Aaron, tu sais très bien que t'es la dernière personne qu'on aime appeler ici, mais cette fille a demandé à ce que tu viennes la chercher, alors tu vas te comporter comme un gentleman et tu vas la ramener chez elle.
- Bah oui, et puis ensuite je vais lui offrir le thé en lui demandant des nouvelles de sa grand-mère. Sienna est comme vous : elle préférerait appeler Al Capone plutôt que de me parler, ajouta-t-il d'un ton grinçant.
- Eh bah il faut croire que parler à un mort l'intéresse moins, puisque c'est vous qu'elle a demandé.

Aaron fronça les sourcils : quelque chose ne tournait pas rond.

- Attendez, Sienna m'a vraiment demandé ?
- Combien de fois est-ce que je vais devoir te le répéter ? Maintenant tu ramènes tes fesses ici, et t'arrêtes de faire ta mijaurée.

Le sang d'Aaron ne fit qu'un tour :

- Mais... allez vous faire foutre putain, je lui dois rien à cette gonzesse ! Je sais pas ce qui a pu lui faire croire que je viendrais, mais c'est même pas la peine d'y penser !
- Bon, assez plaisanté : tu viens au poste, sinon j'obtiens un mandat avant midi et on fait une perquisition chez toi dans l'après-midi. Et quelque chose me dit qu'on va pas aimer ce qu'on y trouvera, Macaron.
- …..vendu.


Aaron raccrocha en grinçant des dents. Connards de flics. Le Sigma Mu n'était pas fou : il savait que son studio était bourré de preuves de différents délits qu'il avait commis : vol de vélo, dégradation de son appartement alors qu'il n'était pas propriétaire, sans parler des résidus de drogue que ses potes avaient dû semer un peu partout. Et le policier ne bluffait pas : il n'aurait aucun problème à obtenir un mandat pour entrer chez lui, au vu des multiples infractions qu'il avait déjà commises depuis son arrivée à Miami, et qui lui avaient valu cette réputation de gros emmerdeur dans à peu près tous les commissariats de la ville. Parce qu'il était un peu le nouvel Arsène Lupin : toujours en train de faire quelque chose d'interdit quand l'autorité avait le dos tourné, mais il trouvait toujours le moyen de s'en sortir indemne, avec de beaux discours et une ou deux pirouettes. Là, les flics avaient besoin de lui, et cela ne pouvait que lui servir ; peut-être qu'ils seraient un peu plus indulgents la prochaine fois qu'il péterait une vitre, par exemple.

Le jeune homme passa une main sur son visage tout en attrapant ses chaussures de l'autre. Il les enfila distraitement en jetant un œil à son verre d'eau-de-vie.


- Ça va pas marcher entre nous... lui adressa-t-il avant de se lever en soupirant.


Sienna le ferait vraiment chier jusqu'au bout. Mais pour l'instant, il n'était pas en mesure de penser aux raisons qui l'avaient poussée à l'appeler, ou à la manière dont elle s'était retrouvée au poste. Aaron se saisit de ses clés et sortit de son appartement.
Une fois dans la rue, il s'aperçut qu'il ne savait pas dans quel commissariat se trouvait Sienna. Eh merde. Irrité, le jeune homme décida de marcher jusqu'au poste le plus proche, qu'il connaissait comme sa poche ; si l'Alpha Psi ne s'y trouvait pas, il leur dirait merde et rentrerait chez lui. Il ne faisait pas de baby-sitting.


Aaron pressa le pas. Sienna était certes la dernière personne qu'il avait envie de voir à cette heure de la nuit, mais plus tôt il arriverait, plus tôt il pourrait se recoucher. D'ailleurs, la curiosité commençait à s'insinuer dans son esprit : Sienna, bourrée ? Il devait voir ça ! Certes, il l'avait déjà vue bien éméchée, mais de là à se retrouver au poste... Bon, légalement, elle n'avait pas le droit de boire. Mais dans tous les cas, il l'avait connue plus maligne que ça. A tous les coups, naïve comme elle était, elle avait cru que le policier était un strip-teaser. Cette pensée fit sourire Aaron, qui accéléra encore un peu. Il avait beau être en Floride, les nuits n'étaient pas si chaudes que ça, et il n'était qu'en chemise et en jean, n'ayant pas pris le temps de se couvrir après le coup de fil fatidique.

Enfin, Aaron arriva devant le commissariat. Un doute le saisit brusquement : et si c'était un traquenard ? Que les flics avaient simplement trouvé un moyen de l'attirer au poste, pour mieux l'interroger ensuite ? Il se disait bien que c'était trop gros, cette histoire d'alcool !
Il venait de tourner les talons lorsqu'une voix l'interpella.

- Aaron ! Ne t'avise pas de faire demi-tour, sinon je respecterai ma promesse de tout à l'heure.

Le Sigma Mu serra les dents, pesant le pour et le contre avant de finalement se retourner.


- Montre-la-moi, qu'on en finisse.


La familiarité avec les forces de l'ordre était un dogme que le jeune homme respectait religieusement. Et ils le lui rendaient bien. Il salua ironiquement Dean, qui tenait le « guichet » ce soir-là, puis celui qu'on surnommait Le Faucon, parce qu'il repérait un délit à 10 km à la ronde. Voyant une prostituée assise sur une chaise, menottée, Aaron lui lança :


- Putain Sienna, t'as changé depuis l'autre jour, tu serais l'exemple parfait pour une campagne sur les méfaits de l'alcool !


Le policier qui le suivait se contenta d'attraper le haut de sa chemise et de le pousser autoritairement jusqu'à la cellule de dégrisement. Arrivé devant les barreaux, Aaron croisa les bras, penchant légèrement la tête sur le côté, songeur. Sienna était assise sur le banc, et elle n'avait pas l'air très fraîche.


- Je crois que la date de péremption est passée, chuchota Aaron au policier.
- Raah, ferme-la Gray, et emmène la demoiselle, on a perdu assez de temps comme ça.

Sur ce, il ouvrit la grille et Aaron put entrer. Il le fit sans se presser, profitant pleinement de cet instant qu'il savait unique. Il allait pouvoir narguer Sienna à vie, avec cette histoire. Enfin, c'était sans compter le fait qu'il s'était promis de ne plus jamais la revoir.
L'assurance du jeune homme vacilla un peu alors qu'il s'approchait d'elle, et son visage retrouva son sérieux. Il n'avait pas pris le temps de réfléchir à la situation ; l'altercation qu'il avait eue avec Sienna quelques jours plus tôt était si violente qu'il lui semblait évident qu'elle ne chercherait jamais à le revoir. Et pourtant, elle l'avait fait appeler... Elle était soit vraiment masochiste, soit vraiment bourrée. A moins qu'elle ait juste souhaité emmerder Aaron à 4h du matin. Oui, c'était le plus plausible.
Le Sigma Mu se demanda alors pourquoi il était venu. Bien sûr, en façade, c'était uniquement pour s'attirer les faveurs des policiers, et éviter une perquisition. Mais s'il avait vraiment décidé de ne jamais la revoir, il ne serait pas venu, et tant pis pour les flics. La vérité, c'était qu'une partie, une toute petite partie de lui voulait la revoir, curieuse de savoir comment leur nouvelle rencontre allait se dérouler. Il ne croyait pas au destin, ce n'était pas une sorte de marionnettiste tout-puissant qui l'avait guidé ici, mais la coïncidence était pour le moins frappante.

Aaron s'approcha, et son premier réflexe fut de dire :


- Putain, tu schlingues !


Pas de doute, elle avait bu, et pas que de la bière. Quelle ironie, que celui qui venait de la jeter soit aussi celui qui devait la « sauver »... Ce n'était pas très malin de la part des flics, d'ailleurs, de mettre la jeune fille entre les mains d'Aaron Gray. Toute cette affaire sentait le désespoir à plein nez.

Le jeune homme pivota sur lui-même, promenant son regard sur l'environnement carcéral dans lequel il se trouvait avec un soupçon de dégoût : il ne fallait vraiment pas qu'il se retrouve là.


- C'est sympa chez toi Sienna, t'as refait la déco ? s'enquit-il d'un ton narquois.


Devant l'air réprobateur du geôlier, Aaron haussa les yeux au ciel et reprit :


- Allez, magne-toi, Cerbère a faim.


Cette nuit promettait d'être... divertissante. Quel dommage qu'il n'ait pu certifier que Sienna serait en mesure de s'en souvenir le lendemain.


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Dernière édition par Aaron Gray le Ven 9 Mai 2014 - 11:20, édité 4 fois
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MessageSujet: Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !]   Nothing good ever happens after midnight [Aaron] [Terminé !] EmptyDim 8 Sep 2013 - 17:22


*Nothing good ever happens after midnight*

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- Mademoiselle, est-ce que vous avez quelqu'un à appeler pour venir vous chercher ?

Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il lui voulait ? Et puis d'abord, elle était où là ?! Les yeux mi-clos à cause la lumière ambiante, elle gémit légèrement. Elle avait mal à la tête. Le monde était embrumé. Il faudrait qu'elle ouvre tout à fait les yeux pour avoir plus de précisions sur le monde qui l'entourait. Mais elle n'en avait pas envie. Surtout que, de façon purement instinctive, elle sentait qu'elle n'aimerait pas ce qu'elle verrait. Mais, par tous les Dieux, pourquoi ?

La dernière chose dont elle se souvenait avec certitude c'était d'être allé à une soirée. Avec un thème complètement fou du genre « L'école va reprendre dans pas longtemps, on rate rien si on meurt ce soir ». Ben tiens. Qu'est-ce qui lui avait pris de se laisser trainer là-bas ? Ça sentait le coup fourré à des kilomètres, elle aurait dû faire plus attention. Elle avait simplement suivit ses amis. En fait, il faut avouer qu'elle ne s'attendait pas à quelque chose de cette envergure. La soirée se passait dans une villa magnifique, immense. Elle était organisée par des jeunes d'à peu prés son âge, certainement plus jeunes encore. Du coup elle ne s'était pas attendue à autant de moyens. Open-Bar, évidemment. Mine de rien, c'est fou comme quand c'est gratuit, on boit beaucoup plus. L'ambiance était démente, il y avait de l'alcool du sol au plafond. Plus les heures passaient plus, ils buvaient. Sienna se rappelait s'être demandé plusieurs fois sur la soirée comment c'était possible que son verre soit encore remplis. Mais elle avait juste envie de s'amuser ce soir alors ce genre d'interrogations se terminaient rapidement, chassées par un haussement d'épaule. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire, d'où ça venait ?

La maison, du moins le rez-de-chaussé, fut rapidement saccagé. Entre les cadavres de bouteilles, les corps inconscients et les canapés renversés, on aurait dit un véritable squat. En fait, pour ce qu'elle en savait, c'était peut-être vraiment ça. Qu'est-ce qui lui disait que les jeunes qui avaient organisés la soirée étaient les propriétaires de la maison ?! Encore une fois, elle décida que ce n'était pas important. Elle sentait bien que les choses étaient en train de lui échapper, qu'il fallait que se ressaisisse. Mais elle n'en avait pas envie. Tout d'abord parce qu'elle ne voulait pas être une trouble-fête mais aussi parce qu'elle ne pouvait pas rester concentrée sur ses pensées plus d'une seconde. Il y avait toujours quelqu'un pour crier quelque chose du style « Regarde Sienna, je voooolleeee » et la faire se tordre de rire alors qu'au final, ce n'était pas si drôle que ça. Alors voilà, elle avait laissé la situation lui échapper.

Un sourire absent apparut sur son visage alors qu'un fou rire s'échappait de sa gorge. Des souvenirs de la soirée défilaient devant ses yeux. Ils étaient ouverts mais elle ne voyait toujours pas où elle était, elle voyait la soirée. Et elle n'entendait pas la personne qui lui parlait. Ses oreilles bourdonnaient encore avec la musique de la fête. Qu'est-ce qui c'était passé ensuite ? Vers 2 heure du matin, une de ses amies avait été malade. Elle-même, avait elle été malade ? Elle ne s'en rappelait pas. Par contre elle s'entendait encore distinctement dire qu'il fallait raccompagner cette fille chez elle, alors qu'elle était traversée par un éclair de lucidité. Ou parlait elle d'elle-même ? Etait-elle celle qui voulait rentrer chez elle ? C'était beaucoup trop confus pour qu'elle soit certaine. Ce qui était sûr c'était que quelques secondes (heures?) plus tard, elle s'était retrouvée dans la rue à marcher absolument pas droit dans une direction inconnue, qu'elle espérait être celle de chez elle.

Elle avait du marcher pendant longtemps parce que ses jambes tremblaient un peu et elle avait froid. Ce tremblement était énervant. Surtout parce qu'elle ne pouvait pas l'arrêter. Elle avait beau se concentrer dessus, il ne voulait pas s'en aller. Pourtant, elle n'était pas debout, elle était assise. Oui, elle pouvait nettement sentir qu'elle était assise, maintenant qu'elle y pensait. Ses bras aussi tremblaient légèrement. Mais ça, elle n'en était pas sûre. Elle ne pouvait pas assez se concentrer pour en être sûre. Elle se décida enfin à ouvrir tout à fait les yeux et à focaliser devant elle. Des barreaux. Elle fronça les sourcils. Elle était en prison ? Comment c'était possible ça ? Pendant un instant, elle se crut dans un film. Elle n'aurait pas su dire quel film même si les mots « Let's Go To Prison » résonnaient dans sa tête et la faisait rire faiblement. Elle ouvrit la bouche pour expliquer son hilarité à ses amis. Ils devaient l'avoir vu ce film, ils devaient voir de quoi elle parlait, c'était vraiment dingue, immanquable, génial. Mais elle ne trouva pas les mots. Ni les amis. C'est finalement ça qui la fit porter encore plus attention à l'endroit où elle était. Parce que perdue ET seule, ça commençait à faire beaucoup.

Ce n'était pas dans une prison qu'elle se trouvait mais dans une cellule de dégrisement.

- Ha ben voilà, on dirait que vous êtes de retour parmi nous !

Celui qui venait de parler ? Un policier bien sûr. Il devait être là depuis longtemps. Un petit air impatient flottait sur son visage. Oui décidément, ça devait faire un moment qu'il la regardait, semblant attendre quelque chose d'elle. Ses souvenirs les plus récents lui revinrent rapidement. Ils s'étaient fait prendre dans la rue pour « Etat d'ébriété manifeste sur la voie publique » ou un truc du genre. C'était à peu prés là que le trou noir commençait. Depuis quand était-elle là ? Depuis combien de temps était-elle dans le cirage ? Sûrement un long moment parce qu’apparemment, des proches étaient déjà venu chercher les autres. Ça expliquait pourquoi ils n'étaient plus là, en tout cas.

-  Bon mademoiselle, j'ai pas toute la vie, qui voulez vous appeler ? A moins que vous ne préfériez rester ici jusqu'au matin...

Attendez, attendez. Elle se redressa en sursaut. Il fallait qu'elle rentre chez elle ! Macaron était tout seul depuis bien trop longtemps. Quelle heure était il ? Est-ce qu'elle avait seulement pensé à le nourrir avant de partir ? Il allait mourir de faim, elle était persuadée que le pauvre chien allait mourir de faim. Alors il fallait absolument qu'elle rentre. L'adrénaline que cet impératif lui procura, lui donna la force nécessaire pour qu'elle se lève. Elle fit deux pas puis sentit qu'on la retenait par le bras. Il faut dire qu'elle avait complètement ignoré la question. Elle ne l'avait même pas entendue en fait. Elle posa un regard hagard sur lui et lui dit, comme s'il allait tout comprendre d'un coup et la laisser partir :

 - Macaron !

Elle avait un air entendu. C'était pourtant clair non ? Elle devait rentrer pour nourrir Macaron. Alors pourquoi est-ce que c'était le désarroi qu'elle voyait dans les yeux de son interlocuteur ?

- Pardon ? C'est un surnom ça non ? Le surnom de qui ?

Prise de court, elle répondit du tac au tac :

 - Aaron.

Puis porta sa main à ses lèvres. Trop tard. Le policier eut une réaction étrange. Il sourit. Un sourire presque diabolique.

- Aaron Gray ?

Sienna fronça les sourcils, ne répondit pas. Ce qui se passait était à nouveau entrain de lui échapper. Est-ce que c'était Gray, le nom de famille d'Aaron ? Elle n'en savait rien. A vrai dire, elle ne savait même pas si elle l'avait su un jour. Possiblement que non. Mais, hé ho là, pourquoi est-ce qu'elle était entrain de se poser des questions sur Aaron ? Ha oui, parce qu'elle avait, sans le vouloir réellement, prononcé son nom. Elle ouvrit la bouche pour réparer son erreur et dire au policier qu'elle ne voulait pas qu'il appelle Aaron. Surtout qu'elle n'était même pas sûre que le flic et elle aient le même visage en tête en prononçant ce nom. Qu'est-ce qu'elle ferait si elle voyait débarquer un inconnu ? En fait non, la vraie question c'était : que ferait-elle si c'était réellement son Aaron qui débarquait ? Avec la façon dont ils s'étaient quittés la dernière fois, elle n'avait pas envie de le revoir. Pas maintenant en tout cas, pas dans cet état. Mais carrément jamais ! Qu'est-ce qui lui prenait ? Raaah.

Seulement, une fois qu'elle eut ouvert la bouche, elle se rendit compte qu'elle était à présent toute seule dans la cellule de dégrisement. Le policier était partit à l'autre bout de la salle, tapant un numéro sur le téléphone. Comment est-ce qu'il connaissait le numéro d'Aaron ? Elle n'en avait aucune idée. Peut-être grâce à son dossier, mais elle ne fut pas capable de formuler une pensée si cohérente. Elle aurait dû crier pour l'arrêter mais elle fut prise d'une grande flemme. Ou peut-être qu'elle avait envie de le voir, au final. En tout cas, il n'allait pas être content. Il devait vraiment être très tard. Ou très tôt, question de point de vue.  



©BlackSun


Dernière édition par Sienna Cassady le Mar 31 Déc 2013 - 15:15, édité 1 fois
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