Wynwood University
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 « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan

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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyMer 4 Sep 2013 - 13:48


Taylor ㄨ Nolan ㄨ  Salle de musculation.


Taylor semble soudainement emballer par le fait que je lise. Est-ce si incroyable que ça ? Je ne sais pas comment le prendre. Je lis… Je sais que ça peut sembler étranger. Je n’ai pas la tête d’un garçon intellectuel. Pour dire vrai, je ne le suis pas. Mais quand on passe deux années enfermé dans une pièce de 6m², on finit par trouver des occupations. J’ai commencé par faire beaucoup d’exercice de musculation et puis j’ai découvert que l’on avait une bibliothèque à disposition. Ce n’était pas quelque chose de grandiose mais j’ai pris un livre au hasard. C’était Le vieil Homme et la Mer d’Ernest Hemingway. C’était apparemment un classique de la littérature. Moi je n’y connaissais rien. Gamin, je séchais tous les cours. Quand je devais lire un texte, je ne le faisais pas. Je passais plus de temps à trainer dans les rues que dans une salle de classe. J’étais toujours fourré dehors. J’ai découvert, grâce à la littérature, un nouveau monde. Pas toujours beau mais c’était un autre monde. Un endroit où mes souffrances n’existaient pas. Un lieu où les héros ont du courage et de la force. Un endroit où la vie n’est pas toujours toute noire. J’ai trouvé dans la lecture un exutoire. Le dernier texte que j’ai lu est La Route. Alors à première vue, je lis des romans. Peut-être que ça question sous-entend qu’elle cherche à savoir si je considère les bandes dessinées comme des œuvres littéraires. Dans un sens, oui. Mais tout dépend de l’œuvre choisie. En fait, je ne m’y connais pas vraiment… Je me contente de lire des livres. J’essaye de rattraper mon retard en lisant ces classiques dont on nous parle en cours. Je veux avoir une certaine culture générale. Tout d’abord, pour prouver que je ne suis pas qu’un sportif stupide sorti d’un programme de soutien aux jeunes délinquants. Ensuite, je veux avoir un héritage. Je ne veux pas que, plus tard, mes enfants me posent des questions auxquelles je ne pourrais pas répondre. Je veux faire mieux que ma mère. Et finalement, ça me plait de pouvoir entrer dans l’imaginaire d’une autre personne que moi. J’ai vécu trop longtemps dans un monde terre à terre. On dit que les enfants ont un imaginaire très développé. Je ne me souviens pas ç’ait été mon cas. Dès la mort de la mère lorsque je n’avais que cinq ans, j’ai dû faire face aux dures réalités de la vie. Je n’ai pas eu d’enfance, en fait…

Avec toutes ses pensées, j’en oublie de répondre à Taylor. Je ne sais plus vraiment ça question. Je me demande même si elle veut véritablement une réponse. Elle enchaine donc en me disant : « Ça pourrait être sympa en effet ! Tu fais ça comme ça ou tu es « professionnel » ? » Je comprends donc qu’elle me parle du fait que je lui propose mes talents de coach. Si on peut dire que c’est un talent… J’ai déjà proposé mon aide à plusieurs personnes. Une jeune fille qui avait posté une annonce ne m’avait pas prise, préférant un autre Rho Kappa. Mais j’avais aidé un gars à se remettre en forme depuis un accident de voitures. Edward était devenu un ami au fil des séances. Mais c’est tout… Rien de professionnel. Si je pouvais faire ça en professionnel, ça m’arrangerait bien. Ça me ferait un revenu en plus.
Taylor cogne la porte de l’infirmerie. En attendant que quelqu’un ouvre, je me décide à lui répondre. « Non rien de professionnel… C’est plus du volontariat pour l’instant, rien de précis. Mais je pense que je vais tenter d’approfondir ça en septembre. » Mes yeux sont rivés sur la porte qui reste close. J’approche un peu mon visage de l’entrée de l’infirmerie et je tends l’oreille. Ma main se glisse sur la poignée et j’appuie doucement. La porte reste bloquée. « C’est fermé…» La demoiselle ne pourra pas être soignée par l’infirmier. Je crois avoir entendu qu’un nouveau gars était à ce poste. Je ne connais pas son nom. Je ne l’ai même jamais vu. Mais dans un sens, ça me parait normal. Nous sommes encore en vacances, ce n’est même pas sûr qu’il travaille en ce moment. Logique… Logique mais dommage. Je ne pense pas que Taylor ait besoin d’un quelconque traitement mais quand même ! Une petite vérification s’imposait. Au pire… Je peux toujours la détendre et lui faire penser à autre chose.

Je réfléchis un instant à ce que je pourrais faire. Je pivote sur moi-même et observe les couloirs vides. C’est étrange d’être dans ce lycée… Je me souviens de celui dans lequel j’aurais dû aller. Les couloirs étaient complètement délabrés. Un casier sur deux était fracturé. On se demande à cause de qui ! Ici… Ici c’est tout lisse, propre et calme. Je fais quelques pas sur le sol froid. Je souris et écarte le bras. « T’aimes Wynwood ? Tu connais bien ces couloirs ? » Je commence à danser la Macaréna en souriant. Je bouge mes épaules et mes mains en rythme avec un grand sourire sur les lèvres. J’enchaine en tournant un peu. « Si cet endroit est parfait, on a quand même le droit de faire ce qui nous sort par la tête, non ? » Je continue et essaye de distinguer un petit sourire sur le visage de la jolie blonde.
On dit que c’est en pensant à autre chose que les douleurs disparaissent. Je suis cette chose. Je n’ai jamais été très doué pour les conversations. Mais je peux faire tout ce qui est interdit ou mal vu dans cette école sans problème. Je n’ai aucun problème avec ça. Le ridicule ne tue pas. J’aime choquer les élèves de Wynwood. Je déteste danser mais la macaréna n’est pas la danse qui demande le plus de réflexion.

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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyVen 30 Aoû 2013 - 12:28

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.





Au fur et à mesure qu’ils approchaient de l’infirmerie de Wynwood, Taylor commençait à se sentir mieux. Elle n’aurait pas décidé de remonter sur le tapis de course pour autant, mais sa marche se faisait plus assurée et ses idées s’éclaircissaient. L’air frais lui faisait du bien, apparemment. Le fait de parler avec Nolan avait aussi focalisé son attention sur autre chose que sa nausée et sa colère envers elle-même. Il n’était sans doute pas spécialement intéressé par ce que la New-Yorkaise racontait, mais il avait la présence d’esprit de l’occuper en lui parlant, ce qui témoignait d’une certaine expérience dans le secours des personnes en détresse. Taylor se dit qu’en tant que sportif, ce n’était sans doute pas la première fois qu’il voyait quelqu’un d’assez mal en point. La jeune fille, elle, s’intéressait par contre vraiment à ce qu’il pouvait lui raconter. Elle n’avait pas vu grand monde de connu depuis son retour à Wynwood, et elle était avide de faire de nouvelles rencontres. Pendant de longues années, elle n’avait considéré les autres que comme des faire-valoir, des objets qui la mettaient en valeur. Son cercle de connaissance se restreignait à l’époque à des gens qui l’admiraient, que ce soit pour son physique, ou qui s’attachaient à elle pour son argent. Mais depuis quelques temps, elle aspirait à des relations plus vraies. Elle voulait connaitre les gens, vraiment, et fonder de belles amitiés. Bien sûr, elle connaissait de nombreuses filles chez les Eta Iota, mais elle devait bien se rendre à l’évidence : l’amitié n’était pas la valeur principale de sa confrérie, et c’était bien dommage. Peut-être que se lier avec des gens d’autres horizons que des demoiselles plus intéressées par le maquillage que la culture lui ferait du bien, aussi.

« Oui le sport est un peu le résumé de ma vie en ce moment… À l’université, dans ma conf…»

Taylor tiqua. Elle avait vu juste en pensant qu’il faisait plus vieux que lycéen. Il n’était pas surprenant qu’il soit déjà à l’université, finalement. Sa présence au gymnase n’avait elle non plus rien d’étonnante puisque les infrastructures couvraient aussi bien le lycée que l’université. Et puis, s’il était déjà dans l’enseignement supérieur, il y avait une bonne raison pour que Taylor ne le connaisse même pas de visu, puisqu’elle avait très peu d’amis s’y trouvant déjà. Quant à sa confrérie, il voulait sûrement parlé des Rho Kappa, qui réunissaient la plupart des grands sportifs de Wynwood. Taylor y connaissait également peu de gens, malgré une pratique sportive assez régulière pendant sa période à Miami.

« Le sport m’a aidé à traverser pas mal d’épreuve. Je m’y suis réfugié durant mes années en… En pensionnat. Ça et la littérature. Si tu veux des conseils d’exercices physiques… Hm… Je fais du coaching. Mais je ne doute pas que tu sois capable de te débrouiller toute seule… Vas-y plus doucement la prochaine fois, hein ! »

Taylor reporta son attention sur le jeune homme, le regardant alors qu’il parlait. Qu’il se confiait, en quelque sorte. Elle sentit son hésitation mais ne la releva pas. Après tout, s’il ne voulait pas parler de certaines choses, qui était-elle pour vouloir en savoir plus ? Ils se connaissaient à peine. Toutefois, elle fut plus surprise par son attrait pour la littérature. Elle avait rarement vu des sportifs être des férus de lecture. Encore une fois, elle avait grandi avec tellement de préjugés bien ancrés que ça en devenait gênant. Elle ne put toutefois contenir sa surprise.

« Oh, tu lis beaucoup ? Tu lis quoi ? Des romans ou autres chose ? »

Elle se rendit alors compte de toute l’absurdité de son éducation. Elle-même, en temps qu’Eta Iota, était sans doute cataloguée comme une fille bien mignonne mais un peu idiote, qui n’a d’intérêt que pour les fringues. Or, elle lisait également beaucoup de bouquins. Certes, pas des essais philosophiques, mais elle aimait les classiques, ceux qu’on étudie en classe et qui assomment les trois-quarts des élèves, et les romans policiers, ceux qui vous prennent aux tripes dès la première ligne et ne vous lâchent plus jusqu’à ce que vous aillez atteint la dernière page. Souriant intérieurement, elle se dit qu’elle avait décidément plusieurs points communs avec ce Nolan. Avant qu’il n’ait le temps de réponse, elle acquiesça à sa proposition.

« Ça pourrait être sympa en effet ! Tu fais ça comme ça ou tu es « professionnel » ? » demanda-t-elle, intéressée.

Cela ne pourrait que lui faire du bien de se faire conseiller et entrainer par quelqu’un qui s’y connait vraiment. Elle avait la ferme intention de reprendre le patin à glace prochainement, et ne voulait plus refaire la même erreur, en faire trop et que son corps ne résiste pas…

Tout à leur discussion, les deux jeunes gens étaient arrivés tout près de l’infirmerie, s’arrêtant devant la porte fermée. Les horaires d’ouverture n’étaient affichés nulle part et Taylor se décida à frapper à la porte, dans l’espoir que quelqu’un soit présent. Elle cogna deux fois contre le panneau de bois et attendit.


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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyLun 5 Aoû 2013 - 16:01


Taylor ㄨ Nolan ㄨ  Salle de musculation.


Je marche à ses côtés. Je veille à ce qu’elle ne tombe pas. Elle appelle ça de la générosité. Je ne sais pas si ça l’est… Je ne suis pas généreux. Je ne suis pas attentionné. Je ne suis pas un mec gentil. Je suis loin d’être parfait. Je sais juste que sur cette planète, on ne peut pas vivre seul. Il faut se serrer les coudes. C’est quand on est au fond du trou et que l’on prie pour que quelqu’un nous tende la main que l’on comprend le sens de la vie. On ne peut rester seul dans son coin. La vie se partage. Elle ne se vit pas que pour soi. Elle doit profiter à ceux qui nous entourent. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes des milliards sur Terre. Des milliards de cœur battant en rythme. On ne peut pas ignorer cette mélodie qui nous parvient aux oreilles. Car en l’ignorant, on n’oublie le nôtre… Et c’est le mort assurée. Peut-être pas physiquement mais mentalement…
Je me demande ce qui l’amène là, ce qui la met dans cet état. Ce n’est pas anodin. Il y a une cause et je ne souhaite pas que cet épisode se reproduise. Je lui fais la conversation. J’essaye de la distraire et de la comprendre en même temps. Elle a quelque chose d’intrigant. Elle me fait penser à Judy avec ses beaux cheveux blonds. Ma petite sœur, elle aussi, avait des yeux très clairs. J’étais peut-être petit mais j’avais l’impression qu’elle avait besoin de protection. C’était mon rôle… Elle n’avait que moi. Je devais la protéger. Et aujourd’hui, dans cette salle de musculation, Taylor n’avait que moi.

La demoiselle m’explique qu’elle était très sportive avant mais qu’elle a arrêté l’exercice pour une raison obscure. Elle n’explique pas mais je comprends qu’elle ne veut pas en parler et je le respecte. J’hoche la tête en guise d’affirmation ou plutôt de compréhension. Son corps lui a envoyé des signaux pour lui faire comprendre qu’il avait besoin d’y aller en douceur. Ça arrive souvent après des longues pauses. Et même des courtes… Ses frustrants mais il faut se rendre à l’évidence. On ne peut pas exiger à notre corps plus que ses propres capacités. Il faut reprendre doucement et augmenter progressivement pour retrouver les aptitudes perdues.
Le corps n’est pas une machine. Il ne peut pas nous obéir au doigt et à l’œil. On est parfois un peu trop gourmand. On estime bien trop. Il a ses moyens de contestations… Taylor en a fait les frais à l’instant.
« Et toi ? Tu m’as l’air d’être un grand sportif, si j’en crois ces biceps, je me trombe ? » Je souris légèrement et secoue la tête. Je suis plutôt habitué aux réflexions sur mon corps. Je sais que ça plait aux filles mais je n’en profite jamais. Je ne suis pas un coureur de jupons, je ne suis pas un Pi Sigma qui prend soin de son corps pour draguer des filles. « Oui le sport est un peu le résumé de ma vie en ce moment… À l’université, dans ma conf…» Je suis spécialisé en sport. J’ai proposé mes bras pour des heures de coaching à certains élèves. Je suis chez les Rho Kappa et on parle souvent de sport entre nous. Mais pas que… C’est une confrérie assez fêtarde par la même occasion. Je fais donc mon footing le matin, je fais du basket, de la boxe, je viens à la salle de musculation pour renforcer mon corps. Je préfère être catalogué comme le sportif plutôt que comme l’ex-taulard à qui on offre une chance.

« Le sport m’a aidé à traverser pas mal d’épreuve. Je m’y suis réfugié durant mes années en… En pensionnat. Ça et la littérature. » Je soupire. Pourquoi me suis-je senti obligé de lui mentir ? Pourquoi n’ai-je pas simplement parlé des deux années passées derrière les barreaux de la prison pour jeunes délinquants ? Peut-être parce que je sens que c’est une fille qui a une certaine éducation. J’ai l’impression qu’elle pourrait prendre peur en s’imaginant que je suis un dangereux criminel. C’est du passé. Je ne suis plus ce type faisant des braquages pour pouvoir se payer une nouvelle dose de crack. Je ne suis plus ce mec prêt à tout pour épater Anabella. Elle est loin de moi désormais. Je ne l’ai plus revue depuis deux ans. Je ne suis plus un mauvais garçon… Alors pourquoi mentir ? Peut-être parce que nous ne nous reverrons plus jamais après ce voyage jusqu’à l’infirmerie. Ça ne sert à rien de prendre le risque de l’effrayé. Et puis, je pourrais rester encore un peu anonyme. Ça ne peut pas me faire de mal de passer pour un mec normal… Il faut juste espérer que maintenant elle ne me pose aucune question sur ce faux pensionnat. Parce que je dois avouer que je n’y connais absolument rien dans le domaine. J’ai toujours été dans des écoles publiques avant d’arriver à Wynwood.

« Si tu veux des conseils d’exercices physiques… Hm… Je fais du coaching. Mais je ne doute pas que tu sois capable de te débrouiller toute seule… Vas-y plus doucement la prochaine fois, hein ! » Je lui souris alors que nous approchons doucement mais sûrement de l’infirmerie. Je ne sais absolument pas ce que je vais faire une fois Taylor entre de bonne main. D’ailleurs, y a-t-il l’infirmier aujourd’hui ? Nous sommes en vacances. Quel jour n’est-il pas là déjà ? Je n’arrive plus à m’en souvenir. Un doute s’insère en moi. Je ne dis rien et continue d’avancer tranquillement au rythme de la jeune fille.

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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptySam 3 Aoû 2013 - 20:49

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.





A la seconde où elle avait prononcé son nom complet, Taylor remarqua que quelque chose, un détail dans l’atmosphère, avait changé. C’était un petit rien du tout qui suffisait à la faire tiquer, du moins intérieurement. Elle n’était peut-être pas en parfait état physiquement mais elle avait toujours su repérer la gêne des gens, leur inconfort. Elle se demanda cependant ce qu’elle avait bien pu dire de mal. A part avoir ajouté son nom de famille à la présentation succincte qu’elle avait fait d’elle, elle ne voyait pas vraiment ce qui pouvait clocher. Elle avait pris la manie quelques années auparavant de toujours ajouter son nom lorsqu’elle s’introduisait à quelqu’un. Pour s’y habituer. Son nom n’avait pas une signification, il ne lui donnait pas l’aura d’une fille issue d’une famille réputée, dont le nom se prononce avec envie, toujours associé à des images de richesse, de luxe. C’était plutôt l’inverse. Elle savait qu’ici, à Wynwood, elle ne serait pas reconnue pour son nom, contrairement à certains, comme elle l’avait vite remarqué. L’établissement accueillait des rejetons de familles influentes un peu partout dans le monde. Héritiers royaux, fils ou filles de patrons d’entreprises multinationales, d’acteurs renommés et autres politiciens. Certains s’en cachaient pour construire leur propre réputation, d’autres n’hésitaient pas à user du faux pouvoir que cela leur conférait. Dans un lycée comme Wynwood où les apparences priment sur presque tout, le nom de famille était quelque chose de très important. Pour Taylor aussi, mais cela avait un tout autre sens puisqu’elle se retenait de serrer les dents à chaque fois qu’elle articulait les deux syllabes du sien. Malgré son intuition, elle décida de ne pas réagir au léger changement d’attitude de Nolan, et se concentra plutôt sur ses pas, encore incertains.

« C’est peut-être parce que je ne fais justement pas partie de tous ces fils à papa… », ajouta cependant le garçon.

Taylor sut alors qu’elle avait vu juste, en quelque sorte. Cette remarque laissait transparaitre l’amertume de Nolan face aux élèves de Wynwood, majoritairement issus de la haute société, ou du moins de milieux plutôt favorisés ce qui, à en croire le ton de sa voix, n’était pas son cas. Personne ne pouvait nier que le jeune homme ne ressemblait pas le moins du monde, déjà physiquement, à la majorité des autres garçons du lycée. Bien sûr, ce n’étaient que des apparences et il aurait tout aussi bien pu être issu d’une famille puissante comme tous ici, mais en effet, sa façon d’agir n’avait rien à voir. Si Taylor savait que quelques personnes tout à fait dignes de confiance et généreuses se cachaient parmi les clients du lycée, car oui, les jeunes ici étaient plus des clients que des élèves, elle était consciente que nombre d’entre eux n’étaient intéressés que par leur joli petit nombril. Il avait certainement raison de les traiter de « fils à papa », même si la jeune Américaine sentit dans cette formulation qu’elle était, par certains côtés, visée elle aussi. Après tout, elle faisait partie de ce monde, qu’elle le veuille ou non. Avant qu’elle n’ait eu le temps de relever la remarque, Nolan enchaina.

« On y va ? Et puis tu sais, c’est pas rare les gens comme moi. C’est juste qu’on est bien cachés. »

Peut-être avait-il raison, au fond. Mais les vrais sont ceux qui osent le montrer. Garder enfouies sa générosité et sa bonne volonté, toutes immenses qu’elles soient, ne sert strictement à rien. Bien sûr, il y a les timides, il y a ceux qui ont vécu des choses horribles dans leur vie, auxquels on ne peut reprocher de ne pas donner ce qui leur a toujours été refusé. Mais il y a ceux qui ont tout pour être heureux, comme beaucoup, ici, et qui ne savent pas donner en retour. Et il y en a plus qu’on ne le pense. Les vrais bons cœurs sont rares, de l’avis de la New Yorkaise.
Toujours un peu hésitante sur ses jambes, elle essaya de se détendre pour fluidifier sa marche et s’autorisa à lâcher ses pieds des yeux quelques secondes pour répondre à Nolan en le regardant.

« Justement, être généreux et se planquer, au fond ce n’est pas vraiment l’être je pense, si ? Enfin, les gens ont peut-être leurs raisons… »

Elle laissa sa phrase en suspens et se reconcentra sur sa marche toujours mal assurée. Au bout d’un moment, les deux jeunes gens se retrouvèrent à l’air libre, rafraichit par l’orage qui avait éclaté un peu plus tôt. Une légère bise avait remplacé les vents violents et Taylor sourit. Elle se sentait de mieux en mieux, même si elle pensait toujours utile de faire un tour à l’infirmerie. Nolan continua de l’interroger. Peut-être voulait-il en savoir plus sur elle, ou peut-être tenait-il simplement à s’assurer qu’elle restait alerte et n’allait pas s’évanouir à moitié une nouvelle fois.

« Tu fais du sport régulièrement ou c’était juste une petite folie ce matin ? »

Vu ce qu’il lui était arrivé, il n’était pas surprenant que le jeune homme pense qu’elle n’était pas une habituée du sport. Plus exactement, elle ne l’était plus, et c’était bien cela qui la chagrinait. Tentant un sourire d’excuse, elle répondit.

« Disons que j’avais l’habitude de faire beaucoup de sport. J’ai été obligée d’arrêter plusieurs mois à cause de ... enfin bref, je pense que mon corps n’est pas trop d’accord pour reprendre l’exercice tout de suite… »

Sa voix était un peu dépitée, comme si elle reprochait à son propre corps de ne pas obéir à la moindre de ses volontés. Elle savait que les mois d’arrêt avaient diminué ses capacités physiques, elle n’était juste pas tout à fait prête à accepter cette vérité. Ne voulant pas s’apitoyer sur son sort, elle s’intéressa à son tour au garçon.

« Et toi ? Tu m’as l’air d’être un grand sportif, si j’en crois ces biceps, je me trompe ? », lança-t-elle avec un sourire amusé.


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Dernière édition par Taylor A. Lacey le Ven 30 Aoû 2013 - 12:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyLun 29 Juil 2013 - 22:07


Taylor ㄨ Nolan ㄨ Salle de musculation.


Taylor… Voici le nom de la jolie blondinette. Et comme pour se justifier, elle rajoute son nom de famille. Que pense-t-elle ? Que je vais le reconnaître ? Je ne vois pas l’utilité de cette précision. C’est comme dire que c’est un gâteau au chocolat mais fait avec du cacao venant du Congo. C’est bien de le savoir mais quand on n’y connait rien, ça ne nous est pas d’une très grande utilité. Personnellement je n’ai aucun lien avec le réseau mondain de la ville. Je ne connais pas non plus les personnes populaires de l’école et encore moins les noms des familles richissimes du pays, voire même du monde. Qu’elle s’appelle Taylor Lacey, Clark ou Dupont ne change rien pour moi. Elle reste une demoiselle en détresse que je me dois d’aider. Aider son prochain… Voilà ce que nous sommes censés faire. On ne va pas intervenir parce que la personne est riche ou non. Ce n’est pas un déterminant important. On ne choisit pas de tendre la main à quelqu’un tombé simplement parce que celui-ci n’est pas brun, grand et ne mange pas de chocolat… Et dans le cas contraire, on devrait alors laisser la personne écraser au sol ? Non… C’est ridicule.
Je sais très bien que mes propos se contredisent parce que j’ai juré de ne jamais aider un gay de ma vie… Je tiens des propos homophobes et je l’assume. Je ne supporte pas de voir un couple d’hommes se tenir par la main. C’est répugnant, contre-nature et dérangeant. Je sais que je viens de faire un joli discours sur la tolérance… Mais je ne suis pas parfait, j’ai des limites. Et voici la mienne. Ce n’est pas la pire, si ?

La fameuse Taylor Lacey décide de se lever. Je reste attentif à ses mouvements et tend les mains dans sa direction, par réflexe. Je la scrute. Je ne veux pas qu’elle retombe ou même qu’elle fasse une rechute. Ses paupières s’ouvrent délicatement. Je crois que je ne remarque qu’à cet instant la couleur de ses yeux. C’est un bleu, très clair presque gris. Ils sont particuliers et captivants. Elle bat des cils et ne dit rien. Je reste là. J’attends de voir la suite. La jolie blonde cherche sans doute à retrouver toute sa stabilité avant d’annoncer le verdict. Maintenant debout sur ses deux jambes, je peux constater qu’elle est plutôt grande pour une fille. Elle doit sans doute faire une dizaine de centimètres de moins que moi. Je n’ose même pas l’imaginer avec une de ces paires de talons hauts. Elle ferait facilement ma taille… En plus, je suis pratiquement certain que c’est le genre de fille à aimer en porter. Ils doivent lui donner une allure de princesse, de mannequin… Grande, svelte, jolie… Elle a tout pour plaire même si je ne suis pas en train d’envisager de la draguer. Tout d’abord parce que je ne veux pas profiter de son état de faiblesse. De plus, je ne suis pas ce genre de mecs. Je ne saute pas sur tout ce qui bouge. J’ai assez de respect envers les femmes pour savoir ce que courtiser veut dire. Je dois même avouer que ça ne m’intéresse pas de fréquenter des femmes simplement pour en faire une liste de conquêtes sans visage, sans cœur, sans sentiments…

« Je crois que je devrais pouvoir marcher jusqu’à l’infirmerie. Tu es vraiment gentil de m’accompagner, même si toi tu trouves ça normal, moi je trouve ça génial. Ici les gens s’occupent d’eux et d’eux seulement. C’est assez rare les gens comme toi tu sais ! » Un léger sourire fait son apparition sur mon visage. Les gens comme moi… C’est clair que l’on n’est pas des millions à être issu d’un programme de réinsertion pour montrer que l’école ouvre ses portes à des milieux plus défavorisés. Je suis même le seul. Le cobaye… Ça n’a pas été simple d’intégrer l’école. Il voulait un cas désespéré mais qui pourrait réussir. Je pense que l’administration voulait faire preuve de charité. Et puis comme ça, avec moi sous la main, ils ont trouvé un coupable parfait pour tous les délits commis dans l’enceinte du lycée. Si ce n’est pas parfait ça !

« C’est peut-être parce que je ne fais justement pas partie de tous ces fils à papa… » En disant cela, je ne pense pas une seconde que ça puisse l’attendre. À vrai dire, il est clair qu’elle vient d’une famille dont elle est fière, sinon elle n’aurait jamais précisé son nom de famille. Elle est bien trop parfaite pour venir de la rue comme moi. Mais ce n’est pas vraiment une critique, plus une constatation remplie de lassitude. Lequel de ces mecs auraient aperçu Taylor tomber ? Lequel aurait daigné ne serait-ce que lui accorder un regard ? On dit toujours que nous sommes dangereux, méchants, qu’il ne faut pas trainer dans nos quartiers… Mais je peux vous assurer que je me sens mieux dans la rue que dans une salle comme celle-ci, pleine d’ingrat et de personnes hautaines. Ils pensent vivre en hauteur, à l’abri et être indétrônable. Ils se plantent royalement ! Du jour au lendemain, ils peuvent tout perdre… À ce moment-là, quand leurs amis leur tourneront le dos, ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer !
« On y va ? Et puis tu sais, c’est pas rare les gens comme moi. C’est juste qu’on est bien cachés. » Je souris. Je pense sincèrement que sommeille en chacun de nous cette part attentive. Il suffit de bien la trouver… Y a des cas désespéré aussi. Comme M. Colloway. Ça a été l’une de mes familles d’accueil, celle qui est partie aux États-Unis juste après m’avoir accueilli. Il était simplement insupportable. L’argent, les bières et sa petite personne étaient ces seuls centres d’intérêt. Il ne parlait que de rendement. Il voulait que l’on travaille tous les soirs pour payer les factures nous aussi.

J’avance un peu vers la sortie de la salle de musculation toujours en compagnie de Taylor. Je ne la lâche pour ainsi dire pas des yeux. J’hésite même à lui proposer de se tenir à mon épaule mais j’ai peur que ça fasse trop. Alors je reste là, calme et attentif. Il faut que je fasse la conversation. C’est ce que l’on a appris durant les cours de sauvetage en mer. Il faut parler au maximum avec la victime pour la garder consciente et maintenir un lien entre elle et la réalité. Ça permet également de savoir dans quel état elle se trouve. Du coup, je me lance : « Tu fais du sport régulièrement ou c’était juste une petite folie ce matin ? » C’est un bon commencement, non ? Et ça peut expliquer pourquoi elle était à deux doigts de tourner de l’œil.

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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptySam 27 Juil 2013 - 10:47

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.





Pour une fois, l’expression populaire selon laquelle les apparences sont trompeuses se révélait toute à fait correcte. Ce jeune homme, à première vue un dur à cuire qui n’avait sans doute rien à faire qu’une petite fille-à-papa comme Taylor ne se sente pas bien, était pourtant la seule personne à se préoccuper d’elle dans la pièce, alors même que d’autres personnes, vers qui l’Américaine se serait sans doute plus volontiers tournée si elle avait eu le choix n’avait pas bougé le petit doigt ni levé la moitié d’un sourcil pour elle. Avec ses nombreux tatouages apposés sur le bras et son corps marqué par l’effort physique intense, le garçon ressemblait plus à un ex-taulard repenti qu’à un sauveteur de jeunes demoiselles en détresse. Comme quoi, il faut parfois se méfier des apparences.

Taylor avait par ailleurs longtemps vécu pour les apparences. Belle jeune fille de la jeunesse dorée new-yorkaise, elle n’avait pas hésité à se plier aux exigences et excentricités qu’impliquaient ce statut, d’autant plus que l’indépendance dont elle avait profité très tôt dans son adolescence enlevait toutes les barrières du raisonnable qu’elle aurait pu connaître. Pensée par nombre de ses amies comme une fêtarde, aimant à garçon et amatrice de cocktails bien dosés. Il lui avait fallu du temps pour se rendre compte qu’elle était bien loin d’être celle qu’on faisait d’elle. Du temps et un déménagement de près de 1800 kilomètres. Bien sûr, elle ne se refusait pas à sortir de temps en temps et appréciait jusqu’à un certain point la compagnie d’amies enthousiasmées par l’idée de chasser de l’homme dans un bar, mais elle ne faisait plus vraiment partie de cette catégorie, quoi qu’en laisse penser sa réputation. Ce garçon, dont elle ignorait le nom pour peu de temps encore, faisait sans doute lui aussi partie des gens que l’on juge bien vite sur son apparence, sans toujours prendre le temps de comprendre qui il était.

« Au fait ton prénom c’est… » « Nolan »

Sans répondre, Taylor hocha la tête pour montrer qu’elle avait bien entendu. Elle se sentait encore légèrement nauséeuse et hésitait toujours à faire une nouvelle tentative pour se lever, de peur que celle-ci ne tourne court et qu’elle se retrouve avec un beau bleu au derrière pour cause de retour brutal vers son point de départ.

« C’est normal ce que j’ai fait… Je n’allais pas te laisser faire un malaise toute seule. Tu… Tu es sûre que tu ne veux pas aller à l’infirmerie. Promis, après je te laisserai si je suis de trop. Mais je n’ai pas envie de partir et de me dire que tu as peut-être fait une rechute ou je ne sais pas quoi… Je ne veux rien avoir sur la conscience ! »

Avec un sourire, Taylor hocha à nouveau la tête. De toute évidence, il était écrit sur son visage blême qu’elle avait besoin de voir quelqu’un, de prendre un petit cachet ou de s’allonger dans un bon lit pour se remettre sur pied. Si elle n’avait pas osé lui demander, ce Nolan était suffisamment perspicace pour l’avoir compris de lui-même et elle lui en était profondément reconnaissante.  Il trouvait peut-être ces gestes normaux, et il avait peut-être raison, mais Taylor ne cessait de penser que personne d’autre dans la pièce n’avait bougé, et qu’elle serait sans doute bien plus mal en point s’il n’avait pas été là. Elle leva les yeux vers lui avec ce qu’elle espérait être un sourire reconnaissant sur le visage. Elle ne savait plus trop bien si ses expressions faciales reflétaient sa pensée, c’était assez troublant.

« Et toi ? Ton prénom c’est… ? », demanda Nolan.
« Taylor », lâcha-t-elle d’une petite voix, « Taylor Lacey »

Elle ferma les yeux quelques secondes. Il fallait qu’elle se lève, elle n’avait pas le choix si elle voulait arriver jusqu’à l’infirmerie. Elle respira profondément. Une fois. Deux fois. Elle rouvrit les yeux. Doucement, elle se mit debout en s’aidant de ses bras. Le sol autour d’elle se remit à tanguer, mais c’était moins violent que la dernière fois et elle réussit à rester debout en s’appuyant sur la machine de course à côté d’elle. Elle sourit à nouveau, essayant d’avoir l’air convaincante.

« Je crois que je devrais pouvoir marcher jusqu’à l’infirmerie. Tu es vraiment gentil de m’accompagner, même si toi tu trouves ça normal, moi je trouve ça génial. Ici, les gens s’occupent d’eux et d’eux seulement. C’est assez rare les gens comme toi tu sais ! »


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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyMer 24 Juil 2013 - 22:10


Taylor ㄨ Nolan ㄨ  Salle de musculation.


Plus je l’observe, plus j’ai l’impression que le malaise est passé. Mais je reste sur mes gardes. Il ne faut jamais se fier aux apparences. Le corps est traite, il est parfois plus faible qu’on ne le pense. Mes yeux scrutent la demoiselle à la recherche d’un quelconque problème. J’ai toujours eu cette âme protectrice en moi. Je m’en fais toujours plus pour les autres que pour moi. C’est sans doute parce que dès mon plus jeune âge, on m’a séparé de ma petite sœur. Je pense souvent à Judy. Je l’imagine. J’aurais aimé être à ses côtés et grandir avec elle. J’ose espérer qu’elle a été adoptée par une parfaite petite famille canadienne, qu’elle a grandi dans la forêt et qu’elle a su se débrouiller. Je l’imagine à l’école avec des amies et peut-être de nouveaux frères et sœurs.
Je ne peux pas m’empêcher de me dire que cette blondinette devant mes yeux, c’est peut-être ma petite sœur. Je ne connais pas son âge mais elle doit s’approcher des dix-huit ans. L’âge qu’a ma petite sœur… Je sais qu’il y a peu de chance pour que ma sœur soit désormais en Floride dans le même établissement privé que moi alors que nous sommes tous les deux nés au Canada. Une de mes familles d’accueil a déménagé à Miami alors que j’étais chez eux… Mais Judy… Pourquoi serait-elle là ? Il n’y a aucune raison. Pourtant je continue de voir en chaque jeune fille, une part de ma petite sœur perdue. Je suis persuadé que j’aurais été là pour ma sœur alors je suis là aussi pour cette jeune fille. Je ne veux pas la laisser seule dans son coin. Je ne veux pas prendre ce risque. Tout le monde doit pouvoir compter sur ceux qui l’entourent. J’aurais aimé pouvoir en dire autant durant ma jeunesse.

La demoiselle boit à nouveau une gorgée d’eau puis me répond. « Ça va un peu mieux, merci beaucoup en tout cas, tu es très gentil. » « De rien.» dis-je en hochant la tête sans pour autant décoller de ma place. Je ne suis pas gentil, je suis normal. Qui n’aurait pas fait ça ? Elle était mal en point. Dès la première seconde où mon regard s’est posé sur elle, je l’ai su. Ce fut instinctif, pas gentil. Cependant, je ne la reprends pas. Je ne suis pas l’exemple même du mec gentil et parfait. Je ne suis pas un prince charmant. Mais ne lui avouons pas ce détail maintenant… Je pense qu’elle a déjà assez traversé d’épreuve pour aujourd’hui. Un malaise ça suffit. On ne va pas lui rajouté un ex-taulard sur les bras !
Elle me tend à nouveau ma bouteille. « Merci encore de ton aide, je pense que ça va aller maintenant. Au fait, ton prénom c’est…» « Nolan. » Comme un robot, je réponds automatiquement à sa question. Je me rends compte que je ne sais rien d’elle. Je ne connais pas son nom, son prénom, son âge, sa vie, ce qu’elle fait ici, si elle est malade… Est-ce bien important ? Au poste de secours, on m’a appris à demander un maximum au patient. Il ne faut pas lui donner quelque chose qui risquerait d’aggraver son état. De plus, maintenir une conversation est un bon moyen pour garder le malade éveillé.

« C’est normal ce que j’ai fait… Je n’allais pas te laisser faire un malaise toute seule. Tu… Tu es sûre que tu ne veux pas aller à l’infirmerie. Promis, après je te laisserai si je suis de trop. Mais je n’ai pas envie de partir et de me dire que tu as peut-être fait une rechute ou je ne sais pas quoi… Je ne veux rien avoir sur la conscience ! » J’ajoute cette dernière phrase avec un grand sourire. J’essaye de dédramatiser la situation et de me montrer sympa. Dit sur un autre ton, ma phrase pourrait prendre une autre tournure. Ce n’est pas une histoire de karma, je ne veux pas faire ma bonne action. Comprenez-moi ! J’ai juste besoin d’être sûr de son état de santé. Je ne veux pas apprendre plus tard, qu’une étudiante de Wynwood a fait un grave malaise et qu’elle a dû être emmenée d’urgence à l’hôpital. Je sais que j’exagère sans doute un peu la situation. Mais on ne sait jamais… J’ai déjà assez de remords en moi. Je suis bien assez rongé de l’intérieur pour ajouter quelque chose d’autre à ma liste.

« Et toi ? Ton prénom c’est… ? » Je laisse également ma phrase en suspens. J’ai toujours eu du mal à faire les présentations sans avoir préalablement bu de l’alcool. J’attends de voir ses réponses. Acceptera-t-elle que je l’accompagne jusqu’à l’infirmerie. Me jugera-t-elle de trop ? Je me suis sans doute un peu trop imposé… On verra bien !
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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyMar 23 Juil 2013 - 18:26

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.





Assise presque à même le sol, Taylor releva la tête de ses mains. Les objets autour d’elle ne tenaient plus en place, ou du moins en avait-elle l’impression. Les machines de musculation qui emplissaient la salle tanguaient devant ses yeux, et elle se prit à se demander comment faisaient les gens les utilisant pour y rester bien accrochés. Sa faible lucidité lui fit remarquer que cette pensée était complètement idiote et que le problème venait très certainement d’elle. L’aspect inconfortable de la machine sur laquelle elle s‘était effondrée se rappela à elle en même temps que le jeune homme qui lui faisait face. Elle comprit qu’elle avait complètement perdu pied de la réalité pendant quelques secondes, sans toutefois s’évanouir. Elle se souvint de sa faiblesse, sa défaillance physique et les larmes vinrent à nouveau lui piquer les yeux. Le garçon qui s’était inquiété pour elle – ou du moins en avait-elle l’impression, peut-être même l’envie – s’agenouilla devant elle en lui tendant sa bouteille d’eau afin qu’elle s’hydrate. Elle avait en effet laissé la sienne au dortoir et probablement oublié de boire depuis plusieurs heures, ce qui ne pardonnait pas compte tenu de la chaleur étouffante qui avait écrasé la ville depuis son retour. Alors que le jeune homme se relevait, Taylor avala prudemment quelques gorgées, comme si elle avait peur que ce liquide glacé lui brûle la gorge, la rende malade. Ce geste tout à fait banal l’ancra un peu plus dans la réalité et elle se redressa. Le monde avait cessé de tournoyer autour d’elle, le sol ne semblait plus être en mousse sous ses pieds.

Il était encore trop tôt pour qu’elle se relève mais elle se sentait un peu mieux désormais. La fenêtre ouverte par le garçon – dont elle ignorait toujours le nom car elle avait laissé ses bonnes manières aux vestiaires – laissa entrer un grand courant d’air frais qui vint lui caresser le visage. Elle se rendit alors compte qu’elle étouffait. Elle était sans doute toute rouge et couverte de sueur alors qu’elle n’avait fait presque aucun effort. Son cœur battait lui aussi à tout rompre, et même si sa vitesse cardiaque était quelque peu redescendu, elle restait largement au-dessus de son rythme normal et cela commençait à l’inquiéter. Peut-être avait-elle vu trop grand, trop tôt et que son cœur déshabitué à l’effort n’avait pas changé le changement brutal. Mais elle avait à peine 17 ans, son corps devait pouvoir s’adapter facilement. Elle n’y comprenait rien.

« Ça va, ça se passe ? », lui demanda le garçon en s’approchant à nouveau d’elle, alors qu’elle tentait de prendre son pouls à hauteur de son poignet.
Arrêtant immédiatement de compter – de toutes façons elle était déjà embrouillée entre les secondes et les battements – elle leva les yeux sur lui. Il n’avait pas l’air spécialement inquiet, mais tout de même près à réagir au quart de tour si quelque chose arrivait. Cela réconforta Taylor. Même s’il restait un inconnu pour elle, elle se sentait moins seule dans sa défaillance, et cela l’aidait. Elle avala une dernière gorgée de l’eau du garçon.
« Ça va un peu mieux, merci beaucoup en tous cas, tu es très gentil. »
Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire d’autre. Elle avait sans doute besoin d’aller voir l’infirmière du lycée mais elle ne voulait pas abuser de sa gentillesse et lui demander de l’accompagner. Elle décida de rester là quelques instants encore puis de se lever et d’y aller par elle-même, quel que soit le temps qu’elle mettrait à traverser le parc du lycée jusqu’au bâtiment de l’infirmerie. Après tout, elle ne pouvait pas se perdre et le risque de s’évanouir semblait s’estomper à chaque seconde. Elle tendit la bouteille d’eau au garçon.

« Merci encore de ton aide, je pense que ça va aller maintenant. » lui dit-elle avant que son éducation ne se rappelle à elle. « Au fait, ton prénom c’est… ? »

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Dernière édition par Taylor A. Lacey le Sam 27 Juil 2013 - 10:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyJeu 11 Juil 2013 - 11:35


Taylor ㄨ Nolan ㄨ Salle de musculation.


La demoiselle hoche doucement la tête répondant ainsi à ma question. Elle va bien… Pourtant elle semble encore à bout de souffle et presque livide. Je n’ai pas besoin de me mêler de ses affaires. Après tout, ce n’est pas à moi que revient la responsabilité de tous les étudiants de Wynwood. Mais j’ai l’impression que mon poste de secouriste volontaire déteint sur moi dans la vie de tous les jours. A la base, j’ai fait ça pour faire plaisir à mon contrôleur judiciaire. Histoire de mettre sur mon dossier que je me porte volontaire pour aider la collectivité et que je suis intégré à mon environnement. C’était une nécessité pour que le programme réussisse, pour que je reste à Wynwood. Cependant, j’ai commencé à aimer ce rôle. Nous marchons sur la plage pour avertir les baigneurs des dangers. Nous surveillons, nous aidons. Parfois, nous sommes obligés d’hausser le ton ou d’aller chercher des personnes parties trop loin du rivage. J’ai accumulé pas mal de connaissance sur le sujet. Régulièrement nous sommes obligés de faire des entraînements. Je sais désormais faire des massages cardiaques, du bouche-à-bouche. J’ai pas mal de réflexe. Et là, c’est sur la petite blonde que mon radar s’est fixé. Je sais que je ne devrais pas intervenir et l’embêter. Je sais aussi que je dois plus lui faire peur qu’autre chose. Je ne suis pas vraiment le mec parfait et riche que l’on croise régulièrement à l’internat. Je ne suis pas un Pi Sigma séducteur, parfaitement coiffé avec une garde-robe plus complète que celle d’une fille. Je n’ai qu’un seul costard. Je n’ai eu qu’une seule histoire d’amour sérieuse. Mon bras gauche en entièrement tatoué. Je fréquente des bars où cette demoiselle n’a sans doute jamais mis les pieds… C’est sûr que je ne dois pas être vraiment rassurant de prime abord. D’où mon sourire décontracté… Si au moins il peut la rassurer un minimum, j’aurais réussi !

« Ça peut aller, désolée de t’avoir dérange, je… oula ! » Elle a tenté de se relever mais immédiatement son corps est rappelé vers le sol. Par réflexe je m’avance un peu plus vers elle. Je la trouve pâle. Je pense que son corps tente de lui faire comprendre qu’il n’est pas prêt pour un effort aujourd’hui. Manque de glucide ? Sans doute. Elle pourrait très bien être le genre de filles qui se prive de tout pour perdre un peu de poids et qui vient faire du sport pour en perdre encore plus. Sauf que le corps finit par dire stop. Je l’observe un instant pour voir si elle reprend ses esprits ou si elle ne va pas tomber dans les vapes d’une minute à l’autre. « En fait je vais attendre encore un peu, ça va passer… » C’est une sage décision. J’observe autour de nous. Il faudrait ouvrir une fenêtre pour lui faire un peu d’air.

Je tends à la blondinette ma bouteille d’eau. « Bois un peu, ça va te faire du bien. Je vais aller ouvrir une fenêtre, histoire que tu ne fasses pas un malaise. Ok ? » Je me suis agenouillé à sa hauteur. J’observe un instant son visage. Je me relève presque immédiatement et me dirige vers la fenêtre la plus proche de nous. Je l’ouvre. Il a commencé à pleuvoir. Les gouttes d’eau tombent de plus en plus vite sur l’herbe du parc. Il va sans doute y avoir un orage. Tant mieux ! L’air va se rafraichir. C’est déjà le cas. Un coup de vent pénètre dans la salle de musculation. Je retourne voir la blondinette. « Ça va ? Ça se passe ? » Je ne veux pas faire mon chieur en lui proposant de l’emmener à l’infirmerie. Les filles de ce lycée sont des véritables princesses. Quand elles décident quelque chose, il est rare de pouvoir les faire changer d’avis. Je ne peux pas la forcer d’accepter mon aide. Je ne peux pas non plus la laisser seule, au bord de l’évanouissement.
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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyLun 8 Juil 2013 - 18:07

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.





Dans sa détresse, Taylor ne remarquait plus les mouvements autour d'elle. Elle était complètement obnubilée par son propre échec, concentrée sur ce qu'elle ne pouvait pas atteindre, peut-être parce qu'elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Les poings serrés, le front frôlant ses genoux collés, elle se maudissait intérieurement. Être une fille forte, mentalement et physiquement était tout ce qu'elle avait toujours voulu. Elle avait essayé de nombreux moyens, et malgré de furtives impressions de puissances obtenues à l'époque où elle était entourée d'une cour et respectée des autres pour sa popularité, la seule chose qu'elle avait réellement accompli jusqu'à présent était un contrôle total sur son physique. Ne plus avoir au moins ça la ravageait. Cela pouvait paraitre ridicule de l'extérieur mais pour Taylor, c'était très important.

Une voix masculine légèrement moqueuse l'arracha de ses pensées. « C’est comme ça que les sages étudiantes de Wynwood parlent maintenant ? » Taylor leva les yeux. Le jeune homme qui se tenait en face d'elle semblait sortir d'un effort assez intense, mais il n'était pas pour autant marqué par la fatigue, l'épuisement, contrairement à elle. Il était plutôt grand, d'aspect assez négligé, en témoignaient sa barbe de trois jours et ses cheveux légèrement en bataille. Sa voix, quelque peu moqueuse, n'était pas teintée de mesquinerie, et Taylor osa un faible sourire. Sans répondre, elle examina le jeune homme de plus près pendant quelques secondes. Son corps comptait de nombreux tatouages, il était plutôt grand et assez musclé. Il ne lui semblait pas l'avoir déjà vu l'année passée mais elle pouvait se tromper, vu la taille du campus à Wynwood, ce ne serait pas très étonnant, même pour elle qui avait la réputation de connaître beaucoup d'étudiants. En vérité, elle côtoyait surtout des Pi Sigmas, et il n'avait absolument pas l'air d'en faire partie, quoique les choix de confréries réservent parfois des surprises. Avant qu'elle ne puisse répondre à sa boutade, le jeune inconnu reprit la parole. Sans doute avait elle laissé passer une seconde de trop. « Ça va ? Besoin d’aide ? », demanda-t-il.

Sa voix avait abandonné toute trace de moquerie, et s'il ne semblait pas plus inquiet que cela, il avait tout de même retrouvé un ton sérieux. Un léger sourire flottant encore sur les lèvres, Taylor hocha vaguement la tête. Néanmoins, son pouls peinait à retrouver une allure normale et sa respiration restait rapide pour quelqu'un ayant stoppé son effort depuis plusieurs minutes. Elle essaya tout de même de se montrer forte et répondit. « Ça peut aller, désolée de t'avoir dérangé, je... oula ! » Elle avait tenté de se lever en parlant, et le sol s'était mis a tanguer sous ses pieds, alors même qu'elle n'avait pas fait un pas. La seconde suivante, elle se retrouva brutalement rassise à l'endroit exact qu'elle venait de quitter. Enfin, d'essayer de quitter. Sa tête lui tournait et elle se sentait presque nauséuse. Mortifiée, elle leva les yeux à nouveau. « En fait je vais attendre encore un peu, ça devrait passer...»

Une telle faiblesse était ridicule. Elle avait à peine couru cinq minutes et n'était même plus capable de se tenir debout sans que le monde ne se mette à tourner. Décidément, cette journée s'annonçait bien mal...

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Dernière édition par Taylor A. Lacey le Sam 3 Aoû 2013 - 20:45, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyJeu 4 Juil 2013 - 11:49


Taylor ㄨ Nolan ㄨ  Salle de musculation.


Je laisse une dose d’air entrer dans mes poumons. Mes paupières se ferment au même moment. Le silence a envahi le campus.  Les vacances ont cet étrange effet de me rendre plus serein. Pas parce que je peux partir aux  quatre coins de la planète avec mes parents. Je n’ai pas de parents. Et puis je n’ai pas le droit de quitter la Floride sans avoir une voiture de police à mes trousses et de mettre fin à ma liberté surveillée… Non, si j’aime les vacances c’est pour ce calme. Une bonne partie des élèves quittent l’internat pendant ces deux mois. Il en reste quand même mais c’est beaucoup plus calme. On peut se promener dans les parcs sans être bousculé. On peut passer dans les couloirs sans prendre le risque d’entendre la sonnerie stridente de la fin des cours, sans vivre l’affreux moment où tous les étudiants se précipitent dans les couloirs.
J’aime pouvoir me promener à Wynwood sans sentir des regards rivés sur moi. Ici tout le monde parle de tout le monde. Il n’y a pas un instant sans murmure, sans critique. Tout le monde est sur ses gardes comme si nous cherchions tous à défendre quelque chose. Mais quoi ? Je n’arrive pas à percer le secret de cette école. Pourtant je suis certain qu’elle en a un. Les élèves sont bien trop méfiants pour être normaux.

Sur ces bonnes pensées, j’inspire à nouveau. J’ouvre les yeux et commence à courir. Je dois être l’un des seuls à oser faire son footing alors que le temps est si couvert. Même pas peur. Ce n’est pas trois gouttes d’eau qui vont me faire peur !
Mes foulées s’enchainent. Je contrôle avec minutie ma respiration. J’aime courir. C’est l’une des choses dont je peux me passer désormais. C’est un peu une drogue. Si je ne cours pas au moins trois fois par semaine, j’ai l’impression d’avoir loupé quelque chose. Ça me manque. Ça me démange. C’est plutôt insupportable. Un peu comme la clope. Si on ne fume pas, ça nous rend dingue. On est presque prêt à tout pour une autre clope. Ça nous met sur les nerfs. Ça commence à me faire la même chose avec la course. Ça me fait tellement de bien que je ne peux plus m’en passer. Ce sont mes instants à moi. Mon petit plaisir. C’est l’un des rares moments où je me sens vraiment libre. Je suis moi-même. Personne ne pourra me juger. Je suis là, dans ma bulle et personne ne peut m’atteindre.

Je cours ainsi pendant une bonne demi-heure. Ce n’est pas beaucoup mais j’ai envie de me réserver un peu d’énergie pour aller à la salle de musculation. Pour moi les vacances ça rime avec silence, boulot et sport !
En petites foulées, j’arrive jusqu’à la salle de musculation du lycée. Elle est vraiment bien équipée. C’est là qu’on peut deviner que cet établissement scolaire n’est pas public. Et qui reçoit une masse d’argent assez conséquente. Comment font-ils pour avoir autant de fric ? Les parents n’ont peur de rien ? Ils sont vraiment prêts à placer autant d’argent pour l’avenir de leurs enfants ? Ça me dépasse… Moi qui n’est connu ma mère que jusqu’à mes cinq ans, je n’arrive pas à comprendre. J’ai été baladé de famille d’accueil en famille d’accueil. Je n’ai pas connu cette chose qu’on appelle l’instinct maternel. Ma mère était tellement droguée qu’elle ne ressentait rien pour moi et ma sœur. Plus grand, on a jamais vraiment dépensé quoi que ce soit pour moi. La vie et le bonheur ne se résument pas seulement avec l’argent… C’est juste qu’aucune personne n’ait été capable de me souhaiter le meilleur. Personne n’a tout mis en place pour ma réussite. J’ai l’impression d’avoir été un poids toute ma vie. Personne ne veut que je réussisse. Je suis juste un élément de la société qui sert à faire gonfler les statistiques. Je suis un cobaye. Si je suis à Wynwood c’est simplement en tant que cobaye. Je leur sers d’expérience. Je suis simplement là pour qu’ils soient bien vus. Je suis là pour montrer que Wynwood accepte aussi des ex-tolards et que grâce à cette merveilleuse école j’ai réussi à me faire une place dans cette société qui ne voulait pas de moi à la base.

Je soupire. Je hais vraiment tout ça. Cette ambiance pesant qui règne au-dessus de ma tête. J’ai cette épée de Damoclès qui peut s’abattre sur moi à tout moment. Je suis en sursis. A tout écart, je peux retomber à la case départ. Je dois sans cesse être sur mes gardes. Et j’en peux ! Sincèrement, ça me rend fou ! J’observe les quelques étudiants présents dans la salle. Eux, ils ne se soucient de rien. Ils sont là pour faire du sport. Se vident-ils la tête ? Peut-être… Ont-ils de graves problèmes ? Peut-être… Mais doivent-ils eux aussi rendre des comptes chaque semaine sur leur conduite ? Ont-ils cette peur de voir la liberté leur échapper des doigts ? Ont-ils conscience de leur chance ? Doivent-ils cumuler deux petits boulots pour pouvoir sortir le soir ? Sont-ils surveillés à la loupe ? Je sais très bien qu’il existe sans doute des cas pire que moi. Je ne me plains pas ! Je sais que j’ai eu une chance. Je suis sorti. J’ai une école. Je passe en troisième année. J’arriverai peut-être à avoir un boulot… Mais j’en ai juste marre de me sentir exclu. J’ai l’impression d’être différents d’eux tous. J’ai l’impression que jamais je ne pourrais faire partie de leur groupe si soudé.

Je passe au distributeur me prendre une bouteille d’eau. J’aperçois mon reflet dans un des miroirs. Mon short de boxe  rouge à glisser de mes hanches. Je le remonte avant d’avoir un air un peu moins débrayé. Mon marcel noir ne permet pas à mes tatouages d’être cachés. En fait, c’est un peu fait exprès. Comme une provocation. Je suis fier d’eux. Ils me représentent et font de moi ce que je suis. On n’est pas des millions à être tatoués à Wynwood. Ça fait un peu de nous une petite communauté.
Je passe ma main dans mes cheveux qui commencent à être un peu long. Tout comme ma barbe. Qui dit vacances, dit léger laisser aller.
J’avance entre les machines. Je bois quelques gorgées de ma bouteille lorsque j’entends : « Putain de corps de… ! » L’exclamation me fait sourire. Je baisse les yeux et remarque une jeune fille assise sur le bord d’un tapis roulant. « C’est comme ça que les sages étudiantes de Wynwood parlent maintenant ? » dis-je tout en souriant. Pour moi une fille, comme cette jolie blonde, c’est le cliché parfait de l’étudiante modèle. Le petit short moulant, le haut parfaitement assorti et la jolie crinière blonde bien dressée… Comment imaginer cette fille chez les ‘rebelles’ ? Je l’imagine déjà avec tout son fric, ses bonnes manières, ses bonnes notes, ses tenues parfaitement assemblées, ses sourires et ses dents blanches… Je l’imagine très bien courir pour aller de boutiques en boutiques lors des soldes, un peu moins faire du jogging matin et soir. Mais s’il y a une chose que je sais, c’est que les préjugés ne sont jamais bons. Ils sont ce qui me pousse aujourd’hui à me sentir exclu. Alors je ne vais pas les laisser s’emparer de mon corps. « Ça va ? Besoin d’aide ? » Finis-je tout de même par lui demander. On ne sait jamais, peut-être que ce juron était la réponse à une douleur.

Et puis de quoi je me mêle moi ? Elle a peut-être pas envie de parler à qui que ce soit ! J’avale une nouvelle gorgée d’eau. Je me promets d’attendre sa réponse et de partir par la suite.

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MessageSujet: « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan   « Running is the greatest metaphor for life...» 》 PV Nolan EmptyLun 1 Juil 2013 - 8:59

Course contre soi-même
Nolan B. Pierce

Running is the greatest metaphor for life, because you get out of it what you put into it. — Oprah Winfrey.



Habillée du petit short de sport moulant et d'un débardeur assorti, Taylor sortit de sa chambre en petites foulées. Elle n'avait pas fait de sport depuis bien longtemps et avait besoin de se défouler, même si elle redoutait de ne pouvoir accomplir tout ce qu'elle désirait. Ne pas se bouger pendant plusieurs mois, ça fait perdre de l'endurance, fatalement. Le ciel étant bizarrement obscurci par de gros nuages menaçants, elle ne voulait pas prendre le risque d'aller courir dans le parc de Wynwood pour se faire tremper par un orage et opta donc pour la salle de sport du gymnase. Celle-ci abritait de nombreux tapis roulants propices à la cours en salle mais aussi des appareils de musculation qu'elle testerait peut-être par la suite. Taylor avait décidé que son retour à Wynwood rimerait avec beaucoup plus de sport pour se maintenir en forme, mais aussi un retour au patinage artistique, qu'elle avait abandonné lâchement l'année passée. Pour cela, elle devait d'abord se remettre en forme, retrouver sa silhouette de patineuse si particulière, fine mais musclée à la fois.
Arrivée à la salle de sport consacrée, elle fut heureuse de voir qu'il n'y avait que peu de gens, et qu'elle ne connaissait personne. Elle n'avait pas honte d'être vue en pleine action sportive, mais elle n'aimait pas se montrer non plus. Peut-être était-ce les résidus de son ancienne volonté de faire croire qu'elle avait un corps bien fait sans efforts. Désormais, elle pensait n'en avoir rien à faire, mais les vieilles habitudes sont difficiles à faire partir. Elle se dirigea vers le tapis de course qu'elle utilisait habituellement l'année passée, disposa ses bouteilles d'eau et sa barre énergétique de façon minutieuse sur le côté puis grimpa sur l'engin. Son corps n'étant plus trop habitué à un effort intense et long, elle décida de partir sur une course à 10 kilomètres-heure, pour une durée qu'elle jugerait selon son état. Elle savait que le tapis de course était un objet traitre sur lequel on ressent moins bien la fatigue qu'en extérieur et ne voulait pas viser trop haut trop tôt.
Après s'être équipée de son iPod et avoir sélectionné une liste de musiques rythmées et entrainantes pour l'aider dans sa course, elle démarra. Tout de suite, ce fut très dur, ses muscles étaient raidis par un arrêt trop long, sa respiration ne suivait pas bien l'effort et elle avait du mal à prendre le rythme du tapis. Serrant les dents et fermant les yeux, elle essaya d'ajuster sa course mais rien n'y faisait. C'était comme si elle se heurtait à une vitre de verre qui l'empêchait de faire de son mieux. Ou peut-être que 'son mieux' était bien plus bas qu'elle ne l'avait envisagé. De rage, elle diminua progressivement la vitesse de la machine jusqu'à s'arrêter. Elle avait à peine couru cinq minutes, mais son souffle était court, son coeur battait à tout rompre et sa vision était trouble. De peur de s'effondrer, elle s'assit sur l'engin pour reprendre ses esprits. Sans vraiment faire attention aux mouvements autour d'elle, elle poussa un juron.

« Putain de corps de...! »

Restons un minimum poli, tout de même. Serrant les dents, Taylor retint ses larmes, toujours assis sur le tapis de course, la tête enfouie entre les mains.





(Désolée c'est court et pas génial mais j'ai eu du mal à l'écrire, j'espère que ça ira...)


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Dernière édition par Taylor A. Lacey le Lun 8 Juil 2013 - 18:08, édité 3 fois
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