[terminé] On fait la course? (PV Rose)

Malgré les tentatives de la jeune femme pour détourner l’attention d’Aiden de sa phobie, celui-ci semblait vraiment intéressé et il faisait preuve d’une empathie presque gênante, qui finit par vraiment mettre la jeune femme mal à l’aise.

« Et tu peux faire quelque chose contre ca ? » lui demanda-t-il.

Elle se mordilla la lèvre. Tout ça, c’était dans sa tête. Rose le savait très bien.

« C’est à dire que… oui, ça se soigne, mais tout dépend… du patient » lui répondit-elle, hésitante. « J’ai déjà essayé de faire des séances d’hypnose, pour… pour me convaincre que je n’avais aucune raison d’avoir peur de ça, mais cela n’a pas marché. Quand j’étais plus jeune, je suivais une thérapie, mais je n’en voyais pas vraiment l’intérêt, alors… ».

A nouveau, elle haussa les épaules, l’air de dire que ce n’était rien. Sauf que le Sigma Mu insista. Le côté parano de Rose fit une petite incursion dans son cerveau. Pourquoi est-ce qu’il te demande tout ça ? Qu’est-ce qu’il cherche à savoir, au juste ? Est-ce qu’il est de la police ? Mais rapidement, elle croisa son regard et ses doutes furent chassés aussi vite qu’ils étaient arrivés.

« Mais ca t'es venu comme ca, d'un coup ? »

« Je ne sais pas. Non, sans doute ? » répondit-elle, évasive. « On dit que les phobies sont causées par un traumatisme quelconque. Je… peut-être qu’un ancien camarade de classe a un jour pointé un poignard sur moi, qui sait, je ne m’en souviens pas trop ».

Elle laissa échapper un petit rire qui sonnait faux, et s’empressa de changer de sujet, annonçant qu’il était préférable de parler de lui, à présent. Elle lui demanda la première chose qui lui passait par l’esprit, à savoir s’il avait une petite amie. Le jeune homme sembla soulagé lorsqu’il entendit sa question, comme s’il s’était attendu à pire.

« Heu... Et bien... en fait... » commença-t-il en se massant la nuque d’un air gêné. « Non ».

Alors là, pour une surprise c’en était une, et de taille. Un beau garçon comme lui, célibataire ?! La blondinette sentit son cœur s’accélérer un peu. Aiden se tourna vers elle et leurs regards se croisèrent. Doucement, elle lui sourit, en priant pour ne pas rougir.

« Ma dernière relation s'est terminée brutalement, et j'ai franchement pas envie d'en parler... Alors si tu as des questions sur un autre sujet, je suis preneur » expliqua-t-il en souriant, mais clair sur ce qu’il voulait… ou pas.

Rose s’engueula mentalement d’être capable d’être aussi claire, quand elle n’avait pas envie de quelque chose. Le Sigma Mu s’assit sur une souche, et elle alla s’appuyer sur un arbre un face de lui, en observant avec attention son visage aux traits parfaits et virils. Elle le vit sortir une cigarette, ce qui la fit tiquer. Savait-il que la cigarette réduisait ses capacités respiratoires ? Enfin, elle n’était pas sa mère et supposait donc qu’il était assez grand pour se débrouiller tout seul et gérer sa vie comme bon lui semblait. Elle ne fit donc aucune remarque sur ce sujet.

« Oh, je vois » commenta-t-elle simplement d’un air désolé, avant d’enchainer : « Voyons voir, un autre sujet… et si tu me parlais de ta cuisine préférée ? »

Elle laissa échapper un petit rire, tandis que la conversation reprenait lentement son cours. Ils restèrent là un bon moment à discuter, tous les deux, avant de se décider à rentrer. En se quittant, ils n’échangèrent pas leurs numéros… mais à présent que Rose connaissait cet endroit, elle espérait bien l’y croiser un jour, au cours de l’été !

Plus elle parlait avec Aiden, et plus Rose comprenait pourquoi son cousin l’appréciait. Le Sigma Mu ne jugeait pas les gens. En tout cas, elle ne se sentait pas jugée par lui, et elle doutait fort qu’il agisse avec elle différemment qu’avec les autres. C’est cette partie de sa personnalité qui avait du plaire à Dexter, puisqu’il cachait beaucoup de choses aux gens en général de peur d’être jugé, justement. Sous ses apparences de gros dur à cuir, Rose avait en réalité l’impression qu’elle trouverait un gros nounours, le genre de garçon adorable de qui on ne peut facilement plus se passer, si on le laisse s’approcher trop près de nous… si on lui ouvre les portes de notre cœur. La Rho Kappa n’était pas une éternelle romantique, bien au contraire… mais les émotions d’une jeune femme de 17 ans sont souvent incontrôlables. A cet âge, tout est plus fort. On n’a pas la maturité nécessaire pour relativiser. On s’emballe au moindre signe de la part du premier beau garçon qui croise notre route. Rose ne voulait pas faire partie de ces filles qui croient aux bonnes fées, aux licornes et à l’amour au premier regard. Pourtant, quelques fois… l’idée de se laisser aller au romantisme était tentante. Comme maintenant, alors qu’elle venait de se blottir contre son torse puissant, alors qu’ils étaient perdus au milieu de nulle part, seuls… mais non. Ce n’était pas une bonne idée, et heureusement Aiden la tira de ses rêvasseries.

« J'étais loin de me douter qu'il s'agissait de ça. En fait, je ne savais même pas que ça existait... Ça doit être difficile à vivre par moments... » lui dit-il.

Rose haussa les épaules et observa ses chaussures avec un intérêt tout nouveau. Elle n’aimait pas avouer ses faiblesses. Bien sûr qu’elle en avait, comme tout le monde. Mais c’était une fille fière, qui refusait qu’on la surprotège sous prétexte qu’elle avait l’air d’une petite fleur fragile. La Rose avait ses épines pour se défendre, malgré son apparente fragilité.

« Je pense que je déteste les cours juste pour ça. Les gens qui prennent note au stylo ne se doutent pas de l’état dans lequel ils me mettent, par moments » lui avoua-t-elle tout de même, en essayant de rire pour faire comme si ce n’était rien.

Son rire sonna horriblement mal à ses oreilles. On aurait dit un… un gloussement de dindonneau, elle n’était pas du tout crédible. Elle gratta le sol du bout de sa chaussure, avec l’envie furieuse de changer de sujet, sans savoir vraiment comment s’y prendre. Elle proposa donc simplement de reprendre tranquillement la balade.

« Tu es sûre que ça ira ? » s’inquiéta le beau brun.

« Oui, certaine… et puis, ça va, je ne suis pas toute seule ».

Aiden dégageait une aura vraiment agréable. Avec lui, la sportive se sentait en sécurité. Sa paranoïa ne l’empêchait même pas d’apprécier ce moment en sa compagnie… alors qu’elle aurait eu toutes les raisons de s’inquiéter ! Il l’avait emmenée dans une forêt perdue, sans doute pas très visitée. Il aurait très bien pu être un assassin, un violeur en série qui sait ! Peut-être que dans le coffre de sa voiture, il cachait une scie et un sac en plastique dans lequel il mettrait les morceaux de son corps, une fois découpés. Peut-être même qu’il irait jeter les dits morceaux dans les cages des animaux du zoo ! Était-ce possible de se faire dévorer la cuisse par un dromadaire ou un éléphant ? Sans doute pas, il choisirait plutôt les lions et les tigres. S’il avait été un psychopathe, évidemment… mais Rose n’y pensa pas. Elle se contentait de se remettre de ses émotions pour apprécier à nouveau la compagnie du Sigma Mu.

« Ça fait longtemps que tu vis avec ça ? » demanda le beau brun, alors qu’ils reprenaient tranquillement leur balade en s’enfonçant dans les bois.

Nouveau haussement d’épaules. Elle savait avec précision depuis quand exactement elle avait développé cette phobie… quel événement l’avait déclenchée. Mais elle préférait le garder pour elle, la Rho Kappa estimait qu’Aiden en savait déjà assez et elle n’avait pas envie qu’il agisse différemment avec elle en apprenant d’autres détails sur ce problème.

« Un peu plus de 7 ans » répondit-elle, évasive. « Je ne sais plus trop ».

Elle mentait, et croisait les doigts pour que cela ne se voie pas. Mieux valait distraire son interlocuteur, et le meilleur moyen pour ce faire était sans doute de lui poser des questions.

« Mais parle-moi plutôt de toi, c’est plus intéressant que ma stupide phobie ! » lança-t-elle, un sourire faussement enjoué sur les lèvres.

Vite, trouver une question à lui poser, n’importe quoi… Ses yeux gris acier se posèrent sur le corps qu’elle devinait musclé et remontèrent jusqu’au visage d’Aiden. Son esprit cherchait vaguement l’inspiration… lorsqu’elle tomba sur la bouche du brun. Elle resta un instant en suspend, à l’observer… la seconde de trop. Se secouant, Rose sortit la première question qui lui venait.

« Euh, tu… tu as une petite amie, sinon ? »

Oui, c’était ce gros rocher… qui dans la tête de Rose et son imaginaire un peu trop développé, n’était pas un rocher mais l’incarnation d’un poignard. Seulement, elle aurait bien été incapable de donner la moindre explication au jeune homme, qui finit par le comprendre et s’approcher d’elle pour la soulever aussi facilement que s’il s’était s’agit d’une plume. Il émanait de son corps une chaleur rassurante, et Rose s’y blottit, tremblante, jusqu’à ce qu’Aiden la repose bien plus loin, là où elle ne pouvait plus voir ce qui lui avait fait peur. Le brun posa ses beaux yeux sur elle, il semblait inquiet. La blondinette lui rendit son regard, en reprenant peu à peu ses esprits.

« Merci Aiden… Je… je suis désolée » lui dit-elle d’une toute petite voix, furieuse contre elle-même de se laisser aller ainsi en public, des années après le drame qui avait bouleversé son enfance.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai cru que tu avais vu un fantôme. Cette pierre t'a rappelé des souvenirs ? Tu peux me parler tu sais... » lui dit-il d’une voix douce et rassurante.

Elle plongea ses yeux gris acier dans ceux du Sigma Mu. Il était un rebelle, c’est vrai… mais était-ce pour autant qu’il n’était pas digne de confiance ? Sans doute pas, et inexplicablement Rose avait envie de lui faire confiance et de se confier à lui.

« Je… en fait, je suis achmophobe » lui révéla-t-elle.

Puis, comme c’était un terme un peu technique, la jolie blonde essaya de l’expliquer plus en détails.

« Cela signifie que j’ai une peur… morbide des objets pointus. Je suis désolée, j’ai du te surprendre, je ne pensais pas qu’on croiserait un rocher pareil alors je ne t’ai pas prévenu ».

Doucement, elle reprenait des couleurs.

Et pourtant, cette phobie lui pourrissait complètement la vie depuis qu’elle l’avait développée, à cause d’un événement bien particulier. Un rocher pointu et à l’aspect tranchant la tétanisait, mais c’était encore pire lorsque la jolie blonde se retrouvait en cours et que ses camarades jouaient avec leurs crayons, tout simplement. Elle-même prenait note avec un mac book, mais le simple fait de voir un crayon dans la main de son ou sa voisine de classe la pétrifiait, si bien qu’elle ne s’asseyait qu’à coté des gens qui, comme elle, avaient un ordinateur. Aux repas, elle ne se servait que d’un couteau à bout rond, ou alors mangeait uniquement avec une fourchette. C’était toujours une véritable épreuve pour elle, dans la mesure où son stress l’empêchait de bien digérer. De même, Rose ne supportait pas que quelqu’un pointe son doigt sur elle, cela la ramenait à son enfance et au lieu de cela, elle voyait un poignard brandi vers elle. Inutile de parler des aiguilles : il était tout simplement hors de question pour elle de se faire faire une prise de sang.

« Je sais que c’est ridicule » lacha-t-elle alors, les yeux baissés sur ses chaussures. « Mais c’est plus fort que moi. Désolée, vraiment. Tu as été adorable Aiden… merci de m’avoir emmenée ».

Elle releva la tête vers lui et tenta un faible sourire, pas très convainquant, certes, mais maintenant que ce qu’elle considérait malgré elle comme un danger était écarté, ca allait mieux.

« Tu… tu veux reprendre la balade ? » proposa-t-elle, en priant pour ne pas croiser d’autres rochers de ce genre, même si c’était très improbable.

Il avait beaucoup d’endurance ? Ben voyons, est-ce que ce sont des propos à tenir devant une jeune fille ?! Heureusement qu’elle n’avait pas l’esprit mal placé, auquel cas Rose aurait sans aucun doute pu imaginer qu’Aiden lui proposait un plan cul. Bref, heureusement pour le Sigma Mu la jeune femme ne vit rien de pervers dans ses paroles, et donc le sujet vira sur les championnats qu’elle avait déjà faits. Il approuva le choix de la Rho Kappa d’arrêter les compétitions, ce qui surpris la blondinette mais lui fit plaisir. Rares étaient les gens qui l’avaient soutenue, lorsqu’elle avait manifesté son envie de stopper, surtout vu qu’elle était bien partie pour devenir l’une des meilleures de sa catégorie.

« Les compétitions, c'est particulier. Tout le monde n'est pas fait pour ca... Si ca ne te plaisait pas, personne n'avait le droit de te forcer. Il faut avant tout te faire plaisir » s’expliqua-t-il.

« C’est surtout qu’à l’époque, j’étais trop jeune pour savoir si je voulais réellement en faire pour moi, ou simplement pour répondre aux désirs de ma mère. Du coup, j’ai préféré arrêter... mais je n’exclus pas de reprendre un jour. J’aime la compétition, surtout quand je gagne » répondit-elle, en le taquinant encore un peu.

Un léger rire s’échappa de ses lèvres, mais il fut rapidement stoppé lorsqu’elle remarqua sur le chemin la présence d’une pierre taillée en pointe, plutôt haute et fine. On aurait dit un poignard. Un poignard comme… non, il ne fallait pas qu’elle pense à cela. Ce n’était qu’une foutue pierre ! Cependant, ce fut plus fort qu’elle. Rose s’arrêta net et voulut faire demi-tour, mais la main du beau brun dans la sienne la retint. Ce qui attira bien entendu l’attention du garçon.

« Quelque chose ne va pas ? » lui demanda-t-il, apparemment inquiet.

« Je… non, ca va » lui dit-elle d’une voix un peu tremblante.

Comme pour se contredire elle-même, Rose fit un pas de plus en arrière, elle ne voulait pas rester si près de cette chose. Ses yeux fixaient la pierre, sans pouvoir la lâcher, à la fois dégoutés et fascinés par ce spectacle. Aux yeux de n’importe qui, il s’agissait d’un caillou. Mais pour Rose, elle ne voyait que la forme de celui-ci, et il lui semblait sentir couler le sang le long de sa lame. Non… ce n’était qu’un caillou. Une stupide pierre ! Mais elle n’arrivait pas à s’en convaincre. Elle pensa à son père, et ses yeux se remplirent de larmes incontrôlées.

« Il faut qu’on avance, Aiden » lui dit-elle alors.

Sa voix était étrangement autoritaire. En réalité, elle n’arrivait plus à bouger le moindre muscle, et elle comptait sur lui pour l’entrainer à sa suite. Rose retenait ses larmes, et elle fit un effort monumental pour quitter un instant des yeux l’objet qui lui faisait peur à ce point. Elle croisa le regard du Sigma Mu.

« Maintenant ».

Les explications, s’il en voulait, ca serait pour plus tard.

Aiden n’était pas le genre de type à se prendre la tête et Rose l’avait tout de suite compris. Il répondit à sa question avec un naturel presque déconcertant. Heureusement que l’adolescente avait quitté le milieu de la mode rapidement, sans quoi elle n’aurait sans doute pas été capable de se mettre à la hauteur du brun et de lui répondre comme il le faisait.

« Je ne reste jamais enfermé bien longtemps, alors en 4 ans de vie ici, j'ai eu le temps de découvrir des tas d'endroits de ce genre, par hasard, en courant ou en me promenant... Et par curiosité aussi, j'imagine. Je suis un sentier, puis un autre... Et j'en découvre tous les jours un peu plus ».

La sportive eut envie de lui demander s’il n’avait pas peur de se perdre ou de faire des rencontres dangereuses, mais elle connaissait déjà la réponse. C’était un SM, il ne devait avoir peur de rien. Il ne fallait pas confondre avec elle, qui était parano et redoutait le pedobear avec la même intensité qu’un enfant peut attendre Noel. C’était sans aucun doute pour cela qu’elle ne courrait que dans un parc ou sur le terrain de sport, deux endroits qui lui étaient familiers. Peuplé, pour le premier, ce qui avait tendance à la rassurer. Depuis la mort de son père, Rose avait peur de beaucoup de choses. Un traumatisme qui remontait à son enfance, donc. Bref, elle préféra changer de sujet pour demander à Aiden s’il emmenait toujours les demoiselles ici. Contre toute attente, sa phrase fit rire le beau brun. Rose le trouva encore plus beau et attirant à cet instant et une petite voix lui murmura qu’elle assistait à un spectacle unique en son genre. Comme si elle avait l’impression que ce garçon ne riait pas souvent, et qu’il fallait en profiter et savourer les rares moments où cela arrivait.

« Ha ha ! Non... C'est pas du tout ce que tu imagines. Je cours quasiment toujours seul. Et en même temps, ca se comprend, parce qu'à part toi, aucune fille n'arriverait à tenir le rythme... » lui répondit-il.

La jeune femme lui sourit, flattée.

« Si tu veux on pourrait se retrouver ici de temps en temps pour courir ensemble ? » enchaina-t-il.

Rose sourit un peu plus, troublée par sa proposition. Elle masqua cela grâce à une petite note d’humour, en espérant que le Sigma Mu le prenne bien.

« Hm, ca dépend… tu penses que tu pourras tenir la distance ? » répondit-elle, taquine.

Elle lui fit un clin d’œil, sans se départir de son grand sourire. Ils arrivèrent ensuite à l’entrée d’un sentier, en foret. Aiden marqua son intention de s’y engouffrer. Il y entra premier et se tourna ensuite vers Rose, qui l’observait, pas sure d’elle.

« Fait attention à ne pas te torde la cheville championne ! » la mit-il en garde.

Il lui tendit alors la main, parce que le sentier descendait plutôt sèchement. Elle l’observa une seconde, puis le sentier. En général, elle essayait d’éviter ce genre d’endroit, surtout quand elle se retrouvait quasi seule avec un presque inconnu. C’est un ami de Dexter, se raisonna-t-elle. Résolue, la Rho Kappa posa sa main sur celle du brun pour le suivre. Un léger picotement lui parcouru la peau quand celle-ci entra en contact avec celle du rebelle, mais elle préféra l’ignorer.

« Au fait, tu fais des championnats ? » demanda ensuite le jeune homme, tandis qu’ils s’enfonçaient un peu dans la foret.

« Plus maintenant, je coure juste pour le plaisir. Mais il m’est arrivé d’en faire, quand j’étais plus jeune. Je n’aimais pas particulièrement ca… j’avais l’impression de courir uniquement pour satisfaire les rêves de gloire de ma mère, alors j’ai arrêté » répondit-elle en toute franchise.

C’est alors que ses yeux se posèrent sur une roche, un peu plus loin… une roche étrangement pointue. Le pouls de la blondinette se mit à battre plus vite, elle sentit la sueur perler à son front et sa main se crispa sur celle d’Aiden, tandis que tout son corps se paralysait sur place. Fébrile, Rose essaya de faire un pas en arrière, mais la main du brun dans la sienne l’en empêcha.

Aiden alluma le moteur de sa voiture et démarra, sans attacher sa ceinture – ce que Rose ne remarqua même pas. Cette fois, elle était tout à fait détendue, ce qui lui fit du bien. L’effet de la douche, peut-être ? Malgré la vitesse du garçon sur la route, la Rho Kappa avait l’impression qu’il savait ce qu’il faisait, si bien qu’elle ne paniqua même pas une seule seconde, fait assez rare pour être observé.

« Je vais te montrer un coin où je vais souvent... Je compte sur ta discrétion pour garder ça pour toi bien sûr... » lui dit-il.

A cette idée d’endroit un peu secret, le cœur de Rose se mit à battre la chamade d’excitation. Elle adorait l’idée de partager un secret avec le Sigma Mu, même si elle le connaissait à peine.

« Promis ! » lui répondit-elle, un grand sourire aux lèvres.

La jolie sportive ne s’attendait pas à ce qu’Aiden ralentisse, quand il quitta la route principale pour un espèce de chemin de terre peu praticable. Elle avait essayé de mémoriser le chemin pour venir, mais ce chemin, jamais elle n’arriverait à le retrouver !

« C’est un 4x4, ta voiture ! » s’exclama Rose, impressionnée, tandis que le beau brun garait son véhicule.

Il coupa le moteur et annonça que c’était ici. Il n’y avait rien, si ce n’est la nature à perte de vue. Rose sortit de la voiture et laissa ses grands yeux clairs errer sur le paysage qui s’offrait à sa vue.

« Pas mal, hein ? » demanda-t-il quand la jeune femme vint à sa hauteur.

« Magnifique… » répondit-elle, subjuguée par la vue.

Pour venir, ils avaient quitté la ville pour s’engager dans des chemins qui montaient, ils étaient donc à présent bien en hauteur pour admirer tout Miami. Aiden semblait fier de sa trouvaille, cela s’entendait dans sa voix.

« Et le soir, quand le soleil se couche, ça vaut le détour... » ajouta le brun, un sourire aux lèvres.

Rose sourit. Elle s’imagina la scène. Elle. Aiden. Un magnifique coucher de soleil. Ses pommettes se teintèrent de rose et elle détourna légèrement son visage pour ne pas qu’il remarque son trouble.

« Je viens souvent courir ici, je longe ce chemin, puis ça découle sur un sentier qui fait tout le tour pour redescendre vers la ville... Mais je préfère toujours remonter avant. Il y a une partie à l'ombre des arbres, et tout un passage le long de la mer... C'est vraiment agréable de courir dans un cadre comme celui-là. En tout, il doit bien y avoir une vingtaine de kilomètres... » poursuivit-il.

La jolie blonde s’avança vers le sentier en question, dans l’idée d’aller s’y balader. Elle se retourna vers le Sigma Mu et lui fit un sourire, comme pour l’inviter à la suivre. Ils se mirent tous les deux en route, marchant d’un pas tranquille. A présent, ils ne faisaient plus la course. Rose marchait légèrement devant lui, exposant ainsi son dos dénudé à la vue du garçon, sans s’en douter. Elle se tourna vers lui, sans cesser de marcher, et lui posa une question qui lui brûlait les lèvres.

« Comment as-tu découvert cet endroit ? ».

Puis elle ajouta, espiègle : « Tu emmènes toujours les demoiselles ici ? Avec une vue pareille, elles doivent toutes te tomber dans les bras ».