Can I borrow your brain ? [PV Dylan]

Can I borrow your brain ?

J’ai chaud. Tellement que je sens une goutte de sueur rouler dans ma nuque. Si je me suis planté, qui sais ce qu’il va pouvoir m’arriver ? Être recalé ? Avoir des cours supplémentaire ? Où que sais-je encore… Je n’ai qu’une hâte, qu’il arrête de regarder ce tableau de la sorte et qu’il me dise clairement de quoi il en retourne. Je peux sentir battre mon cœur à travers mon tee-shirt. Je me rongerais bien les ongles, mais on va encore me prendre pour une gonzesses… et puis des ongles… il faut dire qu’il ne m’en reste plus beaucoup. Plus stressé de la vie ? Tu meurs.

Le fait qu’il d’approche du tableau tout en murmurant doucement ne me calme pourtant pas. JE crois que je vais faire un malaise. Juste pour ça, vous dites ? Vous me connaissez mal. Je crois que sous la pression, je serais même capable de l’agresser. De lui mettre la tête dans ce maudit tableau et de m’enfuir au Guatemala pour qu’on ne me retrouve jamais. Et puis vint, enfin, le verdict. Le vrai. Pitié pas celui avec un humour sordide de professeur, sinon je vous jure que je vais me mettre à pleurer.

A mon grand soulagement, il semble plutôt d’accord avec mon raisonnement. Et pour reprendre ses propres mots, il m’annonce être agréablement surpris. Une vague de chaleur envahit mon visage, et un sourire bêta s’étire sur mes lèvres. Je suis tellement heureux, que je ne me concentre même pas sur la suite de sa phrase. Je suis comme sur un petit nuage en fait. Finalement, je crois que moi aussi j’ai mon petit égo à nourrir. Il se stop net, se retourne alors vers moi, avec un visage un peu plus fermé pour me demander si j’ai appris ça seul ou non, puisque lui n’en n’a encore pas parlé. Je toussote légèrement avant de prendre la parole. « Je… J’ai p-pris des c-cours com-complémen-mentaire quand j’étu-tudais p-par corresp-pondance. » Dis-je alors modestement. Je ne suis pas fier de dire que j’ai dû être déscolarisé plusieurs mois.

Ensuite, il se mit à me parler de mon avenir, de la façon dont je m’exprime, de mon manque de confiance en moi. Je n’appréciais pas trop qu’on me balance mes défauts de fabrication en pleine figure de la sorte, même si c’était sans doute pour la bonne cause, puisqu’il me glissa tout de même un petit compliment pour terminer son speech. Je regardais à nouveau le sol sans rien dire. Ma gorge était nouée. Je savais que si je ne redoublais pas d’efforts pour aller mieux, mon avenir serais compromis. « J-je ne s-sais p-pas ce que j-je vais f-faire ap-après le lycée enc-encore Mon-monsieur. » Dis-je d’une voix presque inaudible.

Après un long silence je décidais de tenter le tout pour le tout. Me confier.  « V-vous s-savez… Je… En-enfin… C’est p-pas d-de ma f-faute… Si… si j-je suis p-parti p-p-plusieurs m-mois, c-c’était pour soigner… ça. Par-parfois je p-pense que l-le lycée n’est pas une bo-bonne chose p-pour moi. Les gens em-empirent mon état… C’est pa-pas faci-cile d’être un Khi de n-nos jours. »


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Can I borrow your brain ?

Le regard fusillant de mon professeur au moment où je me suis posté devant le rétroprojecteur aurait dû me faire tilt. Me faire prendre mes jambes à mon cou et rentrer à ma confrérie sans embêter davantage ce dernier. Mes relations sociales sont déjà assez compliquée comme cela, il ne manquerait plus que je me mette mes profs à dos maintenant. Surtout quand ce dernier touche à une matière qui me passionne particulièrement. Je ne veux pas être un poids, un boulet, pour qui que ce soir, alors en général j’essaie de me faire le plus petit possible. Mais grâce à ma « particularité » c’est souvent en vain. Parfois j’aimerais être invisible.

Sans vraiment savoir ce que je fais, je reste donc posté, les yeux rivés sur ce tableau. Comme si plus rien n’avais d’importance autour de moi. Je suis concentré au possible, mes yeux allant de droite à gauche, photographiant les calculs les uns après les autres. Fascination absolue. Les yeux aussi grands ouverts que les miens, on dirait presque un gamin devant un sapin de noël bourré de cadeaux. C’est seulement après quelques minutes que j’entends une voix lointaine résonner dans mon esprit. Comme un réveil brutal je dirige mon regard vers Monsieur Swennson. Certaines fois, je demande à ce que l’on me répète la phrase que l’on m’a adressé, mais je fais des efforts, cette fois je m’en souviens. Je hoche la tête en signe d’affirmation, un sourire timide aux lèvres. « Oui… C’est bi-bien ça Mon-monsieur. » Je ne peux pas cacher le plaisir que cela me procure de savoir que l’on fait un minimum attention à moi.

« Dans ce cas, vu que mon tableau à l’air de vous plaire… » Mes yeux s’ouvrent grand à nouveau. Mais de gêne cette fois. Je savais que je n’aurais pas dû rester là, peut-être que j’ai vu quelque chose que je n’aurais pas dû. Je vais me faire saquer maintenant c’est certain. « N-n-n- … J-j-j-j-je… » Bredouillais-je. Je cligne fort des yeux pour tenter de me concentrer. Cette fois, je crois que je n’y arriverais pas. Je crois même que mes joues sont devenues tout à coup rouge écarlate. Mais sans montrer un quelconque agacement, il se lève pour alors ré-allumer l’écran de son ordinateur qui affiche maintenant le problème de base. Je fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas où en veut-il en venir. « Voyez-vous quelque chose qui vous interpelle ? »

Ma bouche s’entre-ouvre. Je reste quelques secondes sans bouger, ni rien dire. Je suis un vrai paranoïaque par moment. Je me voyais déjà enfermé dans son coffre de voiture parce que je venais de découvrir un super plan secret. Dylan, Wynwood c’est pas la CIA non plus hein… Mr Swenson se pose contre son bureau, en attendant visiblement que je prenne sa relève. C’est une occasion à ne pas laisser passer. Je secoue la tête pour vider à nouveau mon esprit et m’approche timidement du tableau après avoir déposé mon sac sur une table. Machinalement, j’attrape un feutre rouge de ma main gauche et commence à le tapoter. C’est quelque chose qui m’aide à me concentrer réellement. Et quelques longues minutes de reflexion intenses, je pense savoir de quoi il s’agit. Je gribouille quelques chiffres au bas du tableau, me mordille légèrement la lèvre, donne un dernier coup d’œil aux inscriptions, efface quelques chiffres, et finalement modifie une des équations, sans pour autant effacer celle qui était déjà inscrite, marque des flèches reliant cette équation à une autre, et en mordant ma lèvre, je me retourne alors vers mon prof.

« J-je crois qu-que c’est ça. C’est c-ce calcul qu-qui bloquait to-tota-talement la vitesse de fu-fusion. Parce qu-que si le to-total est négatif, la fu-fusion ne pourra pas être co-correctement éta-tablie. » Je ne crois d’ailleurs pas. J’en suis certain. J’attends donc son verdict, comme un condamné à mort. Regardant parfois mes chaussures, parfois le tableau, mais jamais son regard à lui. Et une question se pose alors dans ma tête. Pourquoi diable, est-ce à moi qu’il a demandé de l’aide, si c’est bien d’aide dont il s’agit. Peut-être était-ce finalement uniquement un test destiné à voir une fois de plus ce que je valais…



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Can I borrow your brain ?

Il fait beau, il fait chaud, les beaux jours sont de retour, et l’été avec. Qui dit été, dit fin d’année. Et qui dit fin d’année, dit examens, et donc étudiant en état de nervosité bien avancé et à la limite de la dépression post-examinatoire. Sauf bien sûr chez les Khis. Les groupes d’étude se forment, nous nous serrons les coudes quel que soit notre classe, notre niveau, nos difficultés ou les matières où nous excellons. Bon nombre d’étudiants, en ce jour ensoleillé, sont en train de bronzer sur la plage, en sirotant un Mojito bien frais, mais moi je suis bien mieux dans cette bibliothèque presque vide, au calme, avec l’odeur des bouquins que je respire. J’aime cette odeur, elle m’aide à me concentrer, savoir quel sont mes objectifs.

Et pourquoi suis-je –encore- à la bibliothèque ? Tout simplement parce que j’avais un devoir à rendre au professeur Swensson. Un retard étonnant, mais justifié cela dit. Le jour du rendu, je devais me rendre à un rendez-vous important concernant ma réintégration au lycée. Je n’avais donc pas pu finaliser ce devoir comme j’en avais eu envie. Je réfléchi une dernière fois sur comment conclure ma théorie, Stylo en bouche, les yeux rivé sur la fenêtre entre-ouverte qui laisse passer une fine et douce brise. Comme une révélation, mon stylo ne cesse alors de noircir ma feuille de ma calligraphie étonnement lisible pour un garçon. Et… C’est terminé ! Je me relis une dernière fois en souriant. Je dois bien avouer que je suis assez fier de moi sur ce coup. En même temps… Les sciences et moi…

J’enfile rapidement mon sac en bandoulière et me presse vers le bâtiment des sciences & chimie. Je suis tout de même un peu sur la réserve. Je ne sais trop quoi penser de ce professeur au look atypique. Je pense qu’il ne m’a jamais eu clairement dans son collimateur, en même temps… Il n’y a franchement pas de quoi. Mais il y a quelque chose qui me met mal à l’aise. Je n’en ai pas peur, et je n’ai rien à me reprocher, mais tout de même. J’arrive devant la porte de sa classe, je ne sais pas s’il est là. J’aurais pu passer directement en salle des professeurs et demander à ce qu’on lui dépose mon devoir, mais je préfère le lui donner en main propre. Je serais plus rassuré, de plus, j’aime quand les choses écrite de mes mains soient vérifiées devant moi.

Toc-Toc-Toc. J’ouvre la porte sans qu’on m’invite à le faire, mais de toute façon je n’en ai pas pour longtemps. J’entre-ouvre la porte en passant ma tête dans le battant comme pour vérifier si je ne dérangeais pas. Visiblement non. « Bon-Bonjour Monsieur S-s-s… Sw-sw… Swensson. » J’ai cru que je n’allais jamais réussir à le dire son foutu nom. « Je… Je vous apporte m-mon devoir co-comme prévu. » Dis-je en levant mes feuilles parfaitement agrafées à la hauteur de mon visage. Je m’avance jusqu’au bureau, et dépose doucement ma thèse. Et je m’aperçois soudainement que je cache quelque chose, une lumière pour être plus exact. Je me retourne, et m’aperçois que je suis devant le rétroprojecteur, et donc, que je l’empêche de projeter sur le tableau. « Oups… Dé-désolé… »

Mr Swensson à l’air plutôt tracassé, par un je ne sais quoi d’ailleurs. Je vais peut-être m’en aller, de peur de prendre des foudres qui ne me sont pas destinés. Vous savez ce qu’on dit. On n’est jamais trop prudent face à un prof de mauvaise humeur. Et pourtant, je reste là, fasciné par ce qui s’est affiché au tableau depuis que je me suis décalé. Mes yeux sont grand ouverts, et parcourent ligne par ligne, équations par équations, notes par notes. Ce que je peux dire, c’est que quelque chose bloque quelque part.


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