Wynwood University
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 Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy]

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MessageSujet: Re: Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy]   Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy] EmptyLun 20 Jan 2014 - 14:00



au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout



Il n’y avait plus de retour en arrière possible.

Le caoutchouc brûlant des quatre roues de la M5 oppressait à toute vitesse l’asphalte pollué des routes de Miami. Résolu, l’engin s’était élancé sur l’autoroute. Lentement, l’aiguille du compteur avait commencé sa course contre le kilométrage. Il n’y avait pas un murmure, dans le compartiment. Nul n’osait prendre le risque de se révolter contre le silence qui peu à peu les asphyxiait. Il le savait, pourtant ; leurs pieds s’étaient tant enlisés dans la fange qu’ils ne pouvaient plus s’en délivrer. Et dans ce macabre abîme, le dialogue seul lui apparaissait salutaire. C’était une question à laquelle il avait longuement réfléchi et la réponse lui était finalement apparue évidente. Sa Raison l’en avait convaincu. Dociles, ils échangeraient en adulte quelques mots, ces même mots qui, manquant, les avaient détruits, et lorsque leurs paroles s’envoleraient retrouver la dignité qu’ils avaient égarée, leurs chemins se sépareraient. Le rideau de fer se refermerait ainsi sur l’acte dernier, pour ne plus jamais s’ouvrir. Tout était terminé. À jamais et pour toujours, pour l’amour de la pondération. Sur la surface lisse de l’Idée toutefois s’était tracé le sillon d’une fissure. Dans le rétroviseur, l’étudiant pouvait deviner le tracé délicat de la silhouette qui l’avait si longtemps hanté, mais son regard perdu dans la monotonie du paysage citadin ne lui permettait de baigner encore dans l’ivresse séraphique de son visage céleste. Elle lui tournait le dos. Comme depuis près de six mois déjà, elle ne le regardait plus. Froissés, les iris azurés de l’étudiant retrouvèrent les formes hachées de la nationale. Son pied se crispa sur l’accélérateur. Pernicieuse, la brèche qui s’était lovée dans l’armature de l’Idée venait de s’agrandir. La mâchoire crispée, il déglutit, ravalant le nœud d’amertume qui grandissait dans le fond de son œsophage. Sous le voile accablant de leur mutisme, il devinait le murmure suave de son souffle fragile. À chaque expiration, il embrassait la vitre. Et dans un coin de sa mémoire, il pouvait savourer le souvenir de la salvatrice chaleur qui l’avait maintes fois envahi lorsque, contre sa peau, celui-ci s’était épanoui. Mais cette intimité n’était plus ; elle l’avait partagée. Derrière le masque éthéré de sa maîtresse n’apparaissait plus que l’infernal sarcasme du rire de Lucifer. Alors qu’elle était sagement installée à ses côtés, ses prunelles offertes à l’horizon, il en était certain, ne songeaient déjà plus qu’à leur amant. Ses doigts, ces doigts souillés par le corps galeux qu’ils avaient trop effleurés, se plantèrent durement dans le cuir du volant. Il devinait derrière chacun de ses soupirs l’insulte arrogante d’une provocation. Pour ne plus les entendre, il monta le volume de la radio. Mais il était trop tard. L’image de la jeune Soviétique perdue dans les bras d’un étranger s’était infiltrée dans son esprit et, comme le symbole d’une ultime défaite, resplendissait à son annulaire le joyau d’une alliance qu’il n’avait passée à son doigt. Lentement, l’Allemand se figea. Il prit une profonde inspiration destinée à oxygéner le fil altéré de sa conscience. Et lorsqu’il expira, l’Idée fissurée vola à jamais en éclats. Les pneus crissèrent sur le macadam. Brutalement, la voiture changea de direction. Avec plus de détermination, son pied écrasa l’accélérateur. La parole, c’était l’arme de l’âme vaincue. Il n’était pas à genoux. Elle ne l’avait pas vaincu. Elle ne méritait pas sa clémence. Evangeline Roseberry allait comprendre ce qu’était l’humiliation.

Emeric n’avait jamais conduit avec beaucoup de prudence. Rarement pourtant il lui était arrivé de faire preuve d’autant de rudesse au volant. L’aiguille du compteur s’était lancée dans un sprint effréné qu’il ne cherchait plus même à contrôler. Seules brisaient le rythme impétueux de sa course les voitures qu’il n’avait d’autre choix que de doubler. Et quand enfin le poids de sa jambe s’allégea sur la pédale, se fit pour assurer en un virage sévère leur sortie de l’autoroute. Il ralentit alors brusquement. Peu à peu se dessinait devant eux le tracé misérable de l’agglomération paupérisée de Miami. Ainsi s’éveilla de sa funèbre torpeur le timbre féminin de la jeune étudiante.

- Qu’est-ce que tu fous ? Où on va ?
- J’ai changé d’avis.

Réplique automatique, sa voix cinglante battit rudement l’atmosphère, aboyant à la fille de se taire. Il avait articulé ces mots-là comme si l’acte simple de lui répondre lui écorchait les lèvres. Son ton était sec et cassant, austère et injurieux, et s’il n’y avait dans ses propos nulle impolitesse, tout dans son expression souillait le portrait froissé de la Soviétique. Celle-ci s’était légèrement redressée sur son siège et le fixait de ses grands yeux ronds. Il serra la mâchoire. Derrière la haine qui lui transperçait le visage, il pouvait déceler l’omniprésence de la crainte. Virulente, la réflexion s’imposa à lui comme une véritable gifle, écrasant de son talon le peu d’égo qu’elle lui avait encore laissé. Evangeline se méfiait de lui. Elle ne lui faisait plus confiance. Nerveusement, il abattit la pédale de frein. La voiture s’immobilisa sur le bord du trottoir. Machinalement, il activa les signaux d’arrêt d’urgence. La clef libérée du contact, il se détacha de son siège et claqua derrière lui sa portière. D’un pas excédé, il fit le tour de l’automobile et dévoila le corps maudit de la sportive. Sévères, ses doigts se refermèrent autour de son bras. D’un geste brusque, il tira. Sous la pression, la fille n’eut d’autre choix que de sortir à l’air libre. Devant eux se dressait ce qui avait la réputation d’être une maison close maquillée sous les traits d’une vieille boîte de striptease. Ils s’en étaient déjà servis, avec Trevor, pour animer quelques épreuves dans la Confrérie, mais jamais il n’aurait imaginé s’en approcher dans de pareilles circonstances. La BMW verrouillée, il agrippa le col arrière de la veste en cuir de l’étudiante. Ensemble, ils s’y infiltrèrent. Les portes battantes claquèrent lourdement dans leur dos, vacarme sur lequel s’engagea leur ascension forcée à travers le corridor carrelé. Ils bifurquèrent à gauche, puis à droite, et se retrouvèrent bientôt en face à face avec une femme mûre installée à son bureau. Ses iris sombres dardèrent avec perplexité les deux invités.

- Bonsoir, qu’est-ce que je peux fai… commença-t-elle d’une voix presque mécanisée. Mais le garçon ne lui laissa pas le loisir d’achever sa phrase. Agressif, il envoya d’un mouvement la petite brune percuter le comptoir.
- Je crois que ça vous appartient.

Glaciale, sa voix fouetta d’irrespect l’ambiance feutrée. Gangrené par la haine, corrodé par la pugnacité, son timbre tremblait. Surprise, la secrétaire se contenta de lui adresser un regard perdu. Pour toute réponse, il glissa convulsivement sa main dans la poche de sa veste. Il en sortit son portefeuille. Maladroitement, il en fouilla les recoins avant d’en extraire une liasse de billets retirés de son compte en banque. Il serra les poings.

- Je viens payer pour les services que j’ai reçus.

Sa main s’arrêta sur l’épaule d’Evangeline qu’il contraint sans la moindre délicatesse de s’éloigner du bureau. Il se pencha au-dessus de celui-ci, fixant avec insistance les yeux ébahis de l’employée. Sur le ton de la confidence, il articula, acerbe :

- Croyez-moi, elle a très bien joué son travail. S’écartant, il leva un instant les bras au ciel pour reprendre sur un ton chantonnant qu’il voulait plus théâtral. Offrons aux putes le respect qu’elles méritent !

Il se retourna. À nouveau, il faisait face à la félonne. Sans retenue, il la déshabilla du regard avec une insistance vulgaire qu’il n’aurait auparavant jamais adoptée. Sourcils froncés, ses pupilles se durcirent. Il serra la mâchoire.

- Celui d’un fric aussi dégueulasse que leur chair gerbante souillée par le sperme de tous connards de la Terre. cracha-t-il. Un sourire écœuré accroché aux lèvres, il s’était approché. Alors Evangeline, combien tu veux ?

D’un pas, puis de deux. Vivement, ses doigts cramponnèrent la longue chevelure mordorée. Aussitôt, il abattit sa main vers le bas, lui arrachant un cri de surprise. Mais elle ne capitulait pas. Elle était toujours là, droite sur ses jambes trop fortes. Il insista, renforça la poigne de son châtiment. Tout ce qu’il voulait, c’était que l’immondice de son âme abdique devant le sabre de sa justice. Qu’elle succombe sous le poids de sa traitrise et posent les genoux à terre, devant lui. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle cède.

- C’est quoi, ton prix ?

Et elle céda. Ses jambes venaient de rompre. Il lâcha sa prise, satisfait. Mais soucieux de lui amputer tout droit à la réplique, il tendit alors sous son nez la liasse de devises qu’il empoignait toujours.

- Combien j’te dois pour tes services ? Délicats, ses doigts se refermèrent sur un premier billet. Pressé entre son pouce et son index, celui-ci grinça. Cinq dollars ? Cinq dollars, c’est ce que tu me demandes pour tes lèvres ? Prends-les !

Corrompu dans une valse fiévreuse, le morceau de papier s’envola virevolter un instant avant de s’écraser jalousement sur l’épaule féminine. Cet argent avec lequel il avait cru pouvoir façonner le nid d’un avenir radieux semblait désormais pervertir le décor d’un tableau à présent damné. Nerveux, il leva les yeux au ciel. Il haïssait ce démon auquel il s’était enchaîné. Profondément. Ses doigts s’emparèrent d’un nouveau billet.

- Vingt dollars ? Vingt dollars, c’est ce que valent tes jambes ? Alors prends ! Et dans un geste similaire, il s’écrasa aux pieds de l’adolescente. Il poursuivit son acte, suivant le flot de ses paroles. Vingt dollars pour tes doigts ? Prends ! Vingt pour tes cheveux ? Prends ! Vingt pour tes yeux ? Prends ! Vingt pour ta poitrine ? Prends ! Et ta virginité ? Elle m’a coûté combien, ta virginité ? Cinquante dollars ? Cent dollars ? Trois-cent ? Mais prends, prends tout ça si ça peut te faire plaisir ! ...Et ton petit jeu de salope, il a un prix, lui aussi ? Tu me demandes combien pour ta comédie, hm ? Tout travail mérite rémunération, n’est-ce pas ? Et celui-là, tu l’as plutôt bien géré. Tu m’as bien fait marcher, hein, connasse ? Tu m’as bien pris pour un con ! T’es fière de ta prestation ? Ça t’a amusée ? Tu t’es bien marée avec tes copines et cette pute de Matthews quand tu leur as expliqué par quel petit tour de manège tu me menais en bateau ? Dis-moi Evangeline, ça t’a plu, de mentir ? De palper sous tes mains la vulnérabilité d’une vérité ? T’as aimé la sentir, l’adrénaline, à chaque fois que tu m’as regardé dans les yeux ? Ça t’a fait jouir, de savoir que sous les apparences, tu étais celle qui dominait la situation ? Tu t’es sentie supérieure ? Mais quel goût ça te laisse sur les lèvres, maintenant ? Hein ? Quel goût ?

Un instant, il darda de ses pupilles mordantes celles de la fille avant de reprendre.

- Allez ! Disons cinq-cents dollars pour ton talent d’actrice ! Il ponctua ses mots par le lancer d’un nouveau billet, imita la manœuvre pour les suivants. Ou peut-être mille ? Mille-cent ? Mille-deux-cents ? Mille-cinq-cents ? Deux-mille ? Trois-mille ? Non ! Dix-mille !

Dans un geste vif, il lança au-dessus de leurs têtes la liasse de devises. Comme de vulgaires morceaux de papier, toutes s’éparpillèrent à travers la pièce.

- Dix-mille dollars pour m’avoir fait croire que tu m’aimais ! Avec tout cet argent, tu vas devenir une vraie chienne américaine. Mais c’est ce que tu veux, non ? C'est ce que t'es devenue ? Et puisque je dois comprendre, comme toi, que tout s’achète ici, je vais peut-être même pouvoir t’offrir le luxe d’une dignité ! Alors ? C’est assez d’argent, ça, dix-mille dollars ? Dis-moi, est-ce que c’est assez ? Diamants, émeraudes, rubis, saphirs... Est-ce que j’emploie enfin un langage en mesure de faire percuter les synapses du crane de crécerelle des trainées dans ton genre ? Il secoua la tête. L’argent, l’argent, l’argent ! Putain mais il n’y a que ça qui compte dans votre système de merde ! Il n’y a que ça qui compte pour toi ! Mais regarde-toi une seconde, sale pute ! T’es aussi gerbante que toutes les autres ! Dire que je pensais d’abord ressortir avec toi pour le simple plaisir de te baiser, j’aurais vraiment du me contenter d’ça. Si tu voulais juste que je te paye, il fallait me le dire tout de suite, hein. Je l’ai suffisamment palpée pour savoir que t’as une langue, merde ! Alors sers-t-en. Sers-t-en et réponds-moi !

Fébriles, ses doigts empoignèrent sèchement le col de sa veste. Vif, il la força à se redresser à sa hauteur.

- RÉPONDS !

Il avait hurlé. Et tout en s’époumonant, il l’avait à nouveau envoyée percuter le comptoir. Plus violemment, cette fois. Tétanisée, la secrétaire laissa s’échapper un cri. Entre ses lèvres moites, elle lui marmonnait de se calmer. Il ne l’entendait pas.

- Réponds-moi ! C’est pour ça que tu l’as épousé ? C’est pour ça que c’est lui que t’as choisi ? Parce qu’il est plus intéressant ? Parce qu’il a plus de fric que moi ? J’étais pas encore assez bien pour toi ? Après tous les efforts que j’ai fait, j’étais pas encore assez bien ? Tout ça, c’était pas suffisant ? Il t’en fallait plus ? Toujours plus ? Derechef, il s’approcha. Mais si ce n’est que ça que tu demandes, je paye ! D’accord ? Moi aussi, je paye ! Moi aussi je sais payer ! Dans un mouvement saccadé, il la força à enlever sa veste. Il la jeta par terre. Pour combien de temps tu m’appartiens, avec dix-mille dollars, hein ? C’est de combien, la durée de mon acte de propriété ? Ses doigts s’étaient emparés des boutons de sa chemise qu’il s’appliquait à déboutonner. Un, puis deux. Il y a bien de quoi m’offrir une dernière fois tes services, hein ? Alors ? C’est assez décent ici pour toi ?! Trois, quatre, cinq. Il arracha les derniers, contraignit la fille à se défaire de la chemise. Bloquée d’une part par le bureau, de l’autre par l’étudiant, seul un peu de dentelle couvrait la nudité de sa poitrine à présent. D’une main, l’Allemand immobilisa ses poignets. De l’autre, il pressa contre lui l'une de ses cuisses qu’il avait légèrement surélevée. Sa voix trancha, glaciale. Si c’est comme ça que tu voulais que j’te traite, ‘Eline, il suffisait de parler !

BANG !
Raides, ses doigts s’étaient agrippés à ses épaules dénudées. Après un pivot calculé, il l’avait brutalement plaquée contre le mur. Une main autour de chaque côté de sa tête, il jaugeait, immobile, l’intensité de son regard. Les dards givrés de ses iris perçants scrutaient dans un silence nouveau toute l’expressivité effervescente qui en émanait. Elle était tellement belle qu’il pouvait sentir ses intestins se tordre sous la nausée qui l’habitait. Mais pourquoi fallait-il qu’elle ait peur ?! Comprimées, ses dents crissèrent. Victimes d’une nervosité qu’il ne parvenait plus à contrôler, ses bras tremblaient, et son souffle saccadé hérissait le visage féminin sans constance. Il brûlait d’envie de hurler, de s’époumoner et de lui cracher à la figure tout le venin qu’elle lui avait insufflé. Mais au lieu de ça, il restait là, inerte, à la fixer sans dire un mot. Les sentiments qu’elle lui inspirait étaient si corrosifs qu’il ne parvenait à formuler quoi que ce soit. Elle, l’infidèle.

- Tu ne me fais plus confiance. finit-il par relever. Et tu m’as humilié.

Sa voix était sèche, presque titubante, et il avait pris soin d’articuler avec netteté chaque syllabe pour que la révélation lui martèle l’esprit comme ses actes avaient martelé le sien. Il n’y avait pas d’accablement, dans le timbre aiguisé qu’il avait employé. Seulement haine et amertume. C’est pourtant avec une précieuse délicatesse que la paume de sa main gauche effleura son visage de porcelaine.

- Tu m’as humilié. Pourquoi ?

Les paupières closes, il inspira profondément. Il pouvait sentir contre chaque cellule de sa main la chaleur de sa peau séraphique mêlée à des larmes qu’elle n’aurait jamais du verser. Aérien, son pouce parcourut la pureté de sa joue et survola d’une étreinte ses lèvres serrées. Irrégulier, provocateur, son souffle chaud embrasait à chaque expiration le bout de ses doigts. Les lèvres pincées, le garçon rouvrit ses yeux noyés dans l’hésitation. Sa conscience le lui hurlait. Il devait résister. Au creux de sa cage thoracique, son cœur qui s’était emballé cognait lourdement contre son sternum, tordu par le contact lascif de ce corps dont il était longtemps resté privé. Il se serra un peu plus contre elle. Mais il devait garder la tête froide. Il fallait qu’il résiste, pour son honneur. Doucement pourtant, il avait rapproché son visage de sa nuque. Dans une valse mortuaire, il embrassa avec légèreté le creux de son épaule dénudée. Obscène, l’essence délicieuse dont elle s’était parfumée lui flatta les narines. Il inspira profondément. Bon Dieu, il devait résister alors pourquoi n’y arrivait-il pas ?!
Décidée, sa main droite se faufila dans une caresse tourmentée contre sa poitrine affolée, d’abord, puis sous la naissance de ses reins. La gauche quant à elle avait abandonné son visage pour s’emmêler entre ses mèches colorées. Fébrile, sa bouche accentua l’intensité de son indécent toucher, remonta jusqu’à son oreille, glissa sur le coin de sa mâchoire. Il plaqua fiévreusement ses lèvres contre les siennes.

- Je t’aime, ‘Eline. Dans un baiser forcé, il l’embrassa une fois. Deux fois, trois fois, quatre fois.
Pour la première fois depuis leur rencontre, ces mots qu’il s’était toujours appliqué à retenir avaient franchi la barrière de ses lèvres. Et pour la première fois depuis des années déjà, il les articula avec sincérité. Je t’aime tellement…

Peut-être. Mais la réalité était qu’elle ne l’aimait pas. La vérité froide, la vérité terne, la vérité blessante. La vérité telle qu’il la détestait. Autour de ses cheveux cuivrés et de sa peau versatile, ses doigts se crispèrent lentement. Funambule abandonné sur un fil qui tanguait entre colère et passion, il se laissait balloter selon les humeurs de son vertige. Bestial, il s’écarta brutalement du serpent et de son arbre aux péchés, comme l’on tentait vivement de se sevrer d’un désir démesuré. Haineux, ses doigts étaient revenus sur ses épaules qu’il claqua à nouveau sévèrement sur les briques glacées. La caresse s’était mutée en sinistre étau. Et aussi violemment qu’il avait fait volte-face, il se mit à hurler :

- Alors pourquoi ? Pourquoi ? Dis-moi : pourquoi ?! Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu as honte ? T’as honte de ce que t’es ? Honte d'être une pute ? Un vulgaire morceau de porc qu'on baise et jette à merci ? Ou alors t’as peur de moi ? T’as plus confiance en moi ? Pourquoi ? J’avais rien fait, putain ! Pour une fois, j’avais rien fait ! Rien ! Rien du tout ! Les dents serrées, il marqua une courte pause, le temps de reprendre son souffle. Sous l’oppression toujours plus désagréable de la crispation, ses ongles s’étaient enfoncés sous sa peau. Pourquoi tu m’as fait ça ? Bon dieu Evangeline… DIS-MOI POURQUOI TU NE T’ES PAS CONTENTÉE DE CE QUE JE T’AVAIS DONNÉ ?!!

Derrière son comptoir, la secrétaire avait disparu.

Dans ce macabre abîme, la haine seule lui était apparue salutaire. C’était une question à laquelle il avait longuement réfléchi et la réponse lui était finalement apparue évidente. Sa Passion l’en avait convaincu. Amer, il lui exposerait maladroitement quelques mots, ces même mots qui, manquant, les avaient détruits, et lorsque ses paroles s’écraserait sur sa face pour retrouver la dignité qu’elle lui avait volé, leurs chemins se sépareraient. Le rideau de fer se refermerait ainsi sur l’acte dernier, pour ne plus jamais s’ouvrir. Tout était terminé. À jamais et pour toujours, pour l’amour de la vengeance.


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MessageSujet: Re: Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy]   Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy] EmptyMer 17 Juil 2013 - 23:54





Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy] Tumblr_inline_mi12f1m1jV1r8s4tu Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy] Tumblr_mnqdpiV3Vk1r0tptno3_250

Emeric & Evy
Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade.


Ils n’étaient pas toujours d’accord, en fait ils n’étaient jamais d’accord sur rien, ils se bagarraient tout le temps et ils se testaient mutuellement mais en dépit de leurs différences ils avaient une chose très importante en commun, ils étaient fou l’un de l’autre.

J’étais mariée. La phrase interdite. Je ne lui avais pas encore dit, trop peur de sa réaction, trop faible pour assumer. J’étais une merde de lui avoir fait ça. Et je le savais. Mon regard survolait la salle de classe vide, il n’y avait que moi, mon stylo et mon exam de maths dans lequel je n’avais encore écrit aucune réponse. Les autres avaient déjà fini, mais moi, j’étais bien évidemment trop occupée à avoir des remords, foutu karma. Je n’arrivais pas à réfléchir, ma tête était un champ de tir libre, martyrisé, shooté, détruit par l’arme de la solitude. J’avais besoin d’air. Mon pouce, devenu rouge, cause de la pression incessante que j’exerçais sur le bout du stylo lâcha celui-ci. J’arrangeai les feuilles vierges et me levais pour aller les déposer sur le bureau du professeur puis, sans perdre une seule minute m’éclipsai de la salle étouffante pour me retrouver sur un couloir tout aussi vide. Je jetais un rapide coup d’œil sur ma montre, dix-huit heures trente, déjà. Je descendis doucement les escaliers, d’habitude là j’aurais surement appelé Kaylee ou Maeko, on serait allée boire un verre et j’aurais pu dire adieu à tous mes soucis; sauf qu’il n’y avait plus de Kiki et de Mawa et que ma vie se résumait à me lever le matin, venir en cours, rentrer le soir et déprimer. Des fois je passais faire un coucou à Hope, on discutait un peu, mais je ne voulais pas lui raconter tous mes problèmes, c’était ma protégée, pas le contraire. Ce qui était d’Émeric, depuis le mariage quand on se voyait c'était pour bouder chacun dans son coin, il avait sans doute deviné quelque chose. Ce qui était du côté de Nathan je n'avais plus de ses nouvelles et c'était sans doute mieux comme ça. Je me retrouvais donc seule, mais sans doute je le méritais.


Sortie de l’établissement je m’étais rendue sur le parking, à la recherche de la voiture de mon père. Ne la trouvant pas je composais son numéro sur mon téléphone pour lui demander où il était, aucune réponse. Mes mains se perdirent dans mes cheveux et un grand soupir s’échappa de ma bouche. J’étais coincée, putain de saloperie de merde. J’en avais marre. Marre de ce pays, marre de ces gens, marre de moi, marre de cette hypocrisie dans laquelle je me baignais. Les lames s’enfonçaient dans ma peau, le long de mes joues, s’implantaient dans ma poitrine. Je voulais leur crier mon désespoir mais je n’arrivais même pas à parler. Et j’avais trouvé qu’une seule solution, toujours la même, le sourire.

Mes yeux mouillés erraient dans le parking, ils s'arrêtèrent à sa vu. Emeric. Eh merde. Depuis combien de temps était-il là ? Mon regard croisa le sien mais en une fraction de seconde nous détournâmes chacun le nôtre. Je m'avançais lentement, hésitante, je ne savais pas quoi faire. Les talons de mes chaussures frappaient sourdement sur le sol. Mes paupières se fermaient deux fois plus vite. Ma respiration accélérait de plus en plus. Mon coeur battait à cent à l'heure. Mes ongles s'accrochaient à la peau de mon bras. Ma main se posa sur la poignée de la porte de sa voiture, je lui jetais un rapide coup d'oeil mais il ne me porta aucune attention.

-Bon, ok.

Je soupirais et ouvris la porte, m'assis sur le siège à côté de lui et la claqua violemment. Nos lèvres se touchèrent froidement et rapidement, la clef se tourna, le moteur s'alluma et le pied d'Émeric se posa sur l'accélérateur. Je posais mon coude contre la fenêtre et ennuyée commençais à regarder à l'extérieur. Les rues étaient blindées, sans doute à cause d'un carnaval ou je ne sais quoi. Pendant l'instant d'une seconde je pensais même qu'Émeric allait me faire surprise et essayer de raviver la flamme devenue si faible de notre couple mais celui-ci tourna dans une petite ruelle déserte et inconnue à première vue. Les maisons étaient à moitié décomposées, des morceaux de brique longeaient la route et à chaque coin de rue il y avait un dealer ou une pute. Mon coeur se resserra et je commençais à imaginer toutes les choses les plus dégueulasses qu'Émeric prévoyait sans doutes de me faire. Peut-être me livrer chez un psychopathe collecteur d'organes, ou encore me tuer derrière une maison abandonnée. Je le regardais méfiante et lâchais d'une voix étouffée quelques mots.

-Qu'est-ce que tu fous ? Où on va ?

Je me redressais et commençais à la fusiller du regard. Mon coeur était en train de transpercer la chaire de ma poitrine, non par amour mais par haine et par peur. J'essayais de lire sur des vieilles pancartes où on pouvait bien se trouver mais l'écriture était illisible. Tout à coup Émeric s'arrêta devant une maison aux allures gores et effrayantes. Mon regard se posa sur une plaque près de la porte et mes yeux manquèrent de quitter mes orbites quand je lu ce qu'il y avait écrit dessus. C'était officiel, je le détestais.

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MessageSujet: Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy]   Au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout. [Evy] EmptyJeu 9 Mai 2013 - 16:03



au milieu d'un monde qui s'écroule, on veut mourir debout



À l’origine, pourtant, il n’avait jamais s’agit que d’un jeu. Un jeu d’enfants perdus, éblouis par les intriques de leurs ancêtres. Mais il se souvenait de tout. Il n’avait rien oublié des pages jaunies du journal ancien, des articles déchirés et des photos poussiéreuses. Il n’avait rien effacé de leurs cris, de leurs rires et de leurs pleurs, pas plus que du sang et de leurs révoltes. Non. Et il se souvenait encore de leurs visages, à tous, et de leurs paupières plissées sous le sable mordant et la pluie battante des plages de Lüderitz. Ils étaient forts. Dix êtres fiers, prêts à braver la tempête et les vents contraires dont ils dessinaient malgré eux le souffle né entre les lèvres de leurs parents. Entre ses doigts glacés par l’hiver, une vieille photographie. Mais aujourd’hui se souvenait-il encore de ses couleurs ? Comme les ténèbres s’étaient abattues sur leur monde, le sépia demeurait le linceul d’une vie abandonnée. Quant aux nuages, ils embrumaient chaque jour davantage ses souvenirs voilés. Soupir. Dans son poing fermé, il écrasa l’image froissée. De tout cela, il ne restait plus rien. Lourdement, la tête blonde d’un conducteur percuta le cuir laqué de son repose-tête. Chatouillés par ses paupières lourdes, ses yeux caressaient du regard la vitre récemment nettoyée de sa M5. Derrière le muret façonné de pierres, les étudiants enchainaient sans riposte la routine qu’ils s’étaient lentement construite. Allongés sur la pelouse fraichement coupée, les narines titillées par l’odeur du gazon, ils laissaient au soleil le loisir de noircir leur peau moisie par le confort. Au loin, quelques filles riaient de la dégaine renfermée d’une misérable. Des âmes damnées, consumées par le matérialisme et les faux-semblants. Et lui ? Il en était devenu l’esclave. Comme celles d’innombrables brebis, ses doigts étaient sèchement enchaînés au monde nouveau qui était le sien. Mais quel était le prix à payer pour un homme que la facilité avait balayé sur le terrain de l’adaptation ? L’oubli, sans droit à l’objection. Il n’y avait jamais eu de place pour les pions dans l’histoire. Entre les fades regards d’esprits éteints brillaient pourtant parfois la flamme inespérée d’un nom salvateur, destiné peut-être un jour à se voir octroyer une mémoire, consacré au moins à l’appel du changement, pour le meilleur comme pour le pire. Et dans ses prunelles vermeilles, il l’avait lu, le scripte de cet étrange potentiel. Et c’est ce qui avait fait la différence, comme pour les autres. Toutefois, derrière son épiderme pâle, elle avait ce calme avantage de vivre isolée de l’éveil redoutable des consciences. Ou peut-être n’avait-il en réalité que trop teinté son portrait d’idéalistes paillettes. Madame Claude et Gerda Munsinger, il n’avait jamais su les différencier.

Celle-ci, néanmoins...
Une bourrasque d’air chaud envahit l’allée morne qui reliait l’école aux parkings, animant d’une incandescente énergie la chevelure embrasée d’Evangeline Rosebery. La souplesse rétive de ses mouvements noyait son visage dans l’océan farouche de son capillaire mais les formes qu’il adoptait ne trahissaient pas moins l’élégance de son expression séraphique. Assurément, l’homme qui, n’était-ce que l’espace d’un instant, n’avait pas envié ces mèches téméraires des caresses qu’elles pouvaient lui octroyer n’avait sans doute rien d’un homme. Lentement, le garçon laissa son regard tomber sur la poussière. Soulevée par le vent en un nuage tourbillonnant, elle s’écrasa, vile, sur la peau de l’écolière. Le tableau semblait féérique mais, sali par l’impureté, que devenait le plus blanc des chérubins sinon Asmodée lui-même ? Un doigt mal assuré effleura le tracé chiffonné de la photographie. La mâchoire serrée, l’Allemand ferma les yeux. Sous les paupières closes de l’homme paisiblement endormi se mêlèrent alors les images embrumées de rêves extravagants. Résultat abracadabrant d’un organe mystérieux, visages oubliés ou caresses inespérées s’éveillèrent avec une unique vraisemblance. Entrelacés, ils plongeaient l’esprit du rêveur dans un bain de pétales satinés et libérait l’essence d’un parfum d’automne. Les teintes pastels qui couvraient sa vue d’or n’avaient rien d’obscur. Elles étaient le reflet de cette mirobolante poésie qui semblait s’être saisie du règne des rois d’autrefois. Le reflet d’un monde de douceur et de simplicité aujourd’hui libéré des fils trop tendus de leurs bras de pantin. Au loin, un sourire paisible agrémentait le visage rayonnant d’une femme. Sous les imposants rayons du soleil couchant, la luminosité de ses traits dorés partageaient la belle incandescence. Et comme l’astre l’était par l’océan, il semblait apaisé par l’étendue ébène de son regard pailleté. Envoutante, la tendresse des vagues enveloppait allègrement leurs chevilles tendues, agrémentant leur geste d’un souffle harmonieux. Scellés par les eaux, scellés par un baiser. Pourtant ils étaient calmes, tous les deux. Un calme serein, presqu’intangible, mais que l’on savait au fond de nous façonné dans la porcelaine. La faiblesse éthérée des plumes séraphiques d’un ange. Sursaut. Brusquement, une ombre couvrit les yeux désormais plissés de la silhouette, les tâchant de noir tandis que sa peau sombre prenait la teinte cadavérique des morts. Les éclats scintillants du soleil s’étaient noyés dans le voile Nyx, réveillant ainsi la houle endormie. Le cœur battant, les amants baissèrent la tête tandis qu’une brûlure lancinante leur déchirait les jambes. La caresse de l’eau fraiche s’était métamorphosée en l’étau d’un métal en ébullition et deux mains intangibles semblaient désormais les tirer vers le fond, fixant la plante de leurs pieds sur une plage couverte d’aiguilles. Effrayé, le garçon leva les yeux vers le ciel. Souillé par les ténèbres, il plongeait la terre dans un monde aveugle. Devant lui, la douceur entêtée du visage de Sahraan s’était métamorphosé en la lascive expression de Karla. A présent, seul le sifflement inquiétant du vent et le remous agressif des vagues imposaient à son esprit l’incommensurable vérité. Pris de panique, il ferma les yeux. Simultanément, il sentit l’eau le submerger et un millier de lames glacées se plantèrent dans sa chair. Une gifle, son dos et sa tête percutant brutalement un mur. Ses paupières se rouvrirent brusquement.

BAM ! En un claquement sec, la porte de la place passager s’était refermée tandis qu’Emeric Kürschner s’était brutalement cogné contre le mur de la réalité. Ses grands yeux ronds encore parsemé d’une frayeur onirique fixaient nerveusement le plafond sombre de sa voiture. Quant à son cœur, il tambourinait inlassablement les parois de sa cage thoracique. Sur le siège voisin, la petite soviétique s’installait tranquillement, à l’abri de toute préoccupation. Peut-être articulait-elle quelques phrases, peut-être pas. Mais lui n’était guère en mesure de les comprendre. Lourdement, ses poings fermés vinrent frotter ses iris piquants. L’instant d’après, ses yeux plissés dévisagèrent le visage souriant inondé de lumière et de chaleur. Sous ses prunelles pétillantes et ses pommettes relevée, le fin tracé de ses lèvres s’était voluptueusement étiré en un sourire. Mais avait-elle seulement conscience qu’il avait appris à gratter son hypocrite fraicheur ? Savait-elle qu’il avait compris que derrière s’était révélée sa véritable composition faite de vers et de charogne ? L’espace d’un battement, leurs lèvres se lièrent froidement. Un baiser d’amertume pour des lèvres de traitres. Elle ne savait rien. Elle ne savait pas que lui savait.

- Ta ceinture. la rappela-t-il à l’ordre. Et derrière ces deux mots, c’étaient toutes les insultes du monde qui fusaient et souillaient la sale petite chienne qu'elle était. Sèchement, le cliquetis de l'ouverture automatique des portes annonça leur fermeture.


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Dernière édition par Emeric Kürschner le Lun 26 Aoû 2013 - 15:16, édité 3 fois
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