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 Quand la justice est amputée. [Maxine]

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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyMar 3 Sep 2013 - 15:32




Quand la justice est amputée.
Emeric & Maxine
 

Décembre 2011

Maxine était absolument incapable de dormir. Elle se sentait comme une gamine la veille de Noël. L'idée même de dormir l'excitait comme jamais. Alors elle essayait de se concentrer sur quelque-chose. N'importe quoi. La jeune Maxine était une hyper active que le sport permettait de contrôler. Pour autant il était difficile de faire une partie de tennis dans un avion. A la limite un cent mètres y'avait moyen vu la taille de l'appareil. Encore faudrait il que la nana aux airbags impressionnant se casse de l'allée centrale avec son chariot.

Pas de film, pas de bd.. rien ne pouvait distraire Maxine dans cet avion. Si seulement il pouvait y avoir quelque-chose à faire. Il y avait bien la brochure de la compagnie aérienne mais cela semblait naze. Tout le monde dormait autour d'elle et la petite blonde gigotait sur son siège à en user la corde. Et là, merci bon dieu, des turbulances ! Maxine en sentant la secousse sous son siège eut un grand sourire. Ah ! Enfin de l'action ! De l'adrénaline ! Le voyant de la ceinture s'alluma et la jeune fille l'attacha avec enthouasiasme. Hé même que son voisin c'était réveillé ! Cool ! Aller ! Aller ! Vite lui parler avant qu'il se rendorme !

La jeune blonde lui demanda quelle langue il parlait. Elle lui demanda calmement. Avec des mots simples. Une voix posée. Et pourtant il la regardait avec un air d'ahurissement pendant plusieurs secondes. Quoi ? Elle n'avait rien dit de compliqué comme fuligineux ! Et finalement il comprit la question et répondit qu'il parlait l'allemand et un peu l'afrikaans ! Un méga sourire s'afficha sur les lèvres de la blondinette. Ses grands parents, un peu racistes, ne le savaient pas mais Maxine parlait ausis un peu l'afrikaans avec ses amis d'Afrique du Sud. C'est pourquoi elle enchaina en afrikaans. Elle le parlait assez bien même si la syntaxe n'était pas parfaite :

- Génial ! Tu es allemand alors ? Comment ça se fait possible que tu parles l'afrikaans ? Moi je parla l'anglais et l'afrikaans grâce à mes amis.

La voix du copilote se fit alors entendre, tranchant les paroles de Maxine comme un silex bien affuté. Le voyage était terminé. Maxine était déçue de quitter son nouvel ami (oui oui !). Et la jeune fille quitta l'avion en suivant le reste de la deleguation de l'Afrique du Sud sans oublier le visage du jeune Allemand.

***

Maxine avait fait le mur. Encore. Les compétitions c'était génial mais la jeune fille n'en pouvait plus de cette surprotection, de toutes ces consignes, de tout ces ordres qui l'obligeaient à rester dans une malheureuse chambre d'hotel triste à mourir et toute seule en plus avec pour seule compagnie son ornithorynque en peluche. La jeune fille se baladait du haut de ses 13 ans, seules, dans les rues de New York en cette période de fête. Tout était illuminé, c'était franchement très joli et les yeux de Maxine s’émerveillaient devant les décorations et les gigantesques sapins devant les hotels. Elle était dans le quatier appelé Brooklyn d'après son coach et une bonne humeur y regnait. Cela sentait le pain d'épice partout. Il y avait encore beaucoup de monde dans les rues. Des jeunes qui faisaient la fête comme des petits vieux pleins de rhumatismes qui discutaient au pas de leur porte malgré l'heure tardive.

La jeune fille était bien trop occupée à regarder les facades des batiments illuminés pour faire attention à qui marchait sur le même trottoir qu'elle si bien qu'elle percuta quelqu'un après une petite demi heure de marche. Mais quel clampin ! Il savait pas faire attention lui !? La jeune fille releva la tête vers la personne qui lui était rentrée dedans. C'était elle ou il portait un pyjama ? Ils étaient vraiment amusants les américains.

Ce n'est qu'en croisant le regard gris et inexpressif de son voisin d'avion que la blondinette le reconnu. Il avait un sac de voyage sur l'épaule et semblait mort de froid et completement largué. Maxine fronça les sourcils avant de demander en afrikaans (elle avait bien comprit la leçon, l'anglais c'était pas son truc).

- Tout va bien ?




© Belzébuth
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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyMer 14 Aoû 2013 - 18:41



quand la justice est amputée



23:32.

Entre ses petits doigts effilés, la jeune fille pinça un morceau de tissu coloré. La matière lisse qui le recouvrait n’évoquait au garçon rien de naturel. Il s’agissait très certainement de polyester. Sans doute était-ce donc la manche de son imperméable, de sa veste ou de… Les yeux azurés s’arrondirent un instant sous une mine soudainement inspirée. Son manteau ! C’était ça, un manteau. Alors qu’il acquiesçait, satisfait de savoir ce mystère résolu, sa voisine lui confirma l’information. Mais son timbre avait ce petit quelque chose de piquant qui lui froissait l’orgueil. Il lui semblait qu’ainsi, elle se permettait d’enfoncer le couteau dans une plaie ridicule et qu’elle affichait au monde entier l’étendue de son manque de culture. Même s’il s’était comporté un peu plus tôt avec elle comme avec une idiote, sa remarque à elle n’était pas vraiment fair-play, pour le coup. La mâchoire crispée sous la vexation, le garçon tourna la tête. Ce n’était pas qu’il était susceptible mais il n’avait jamais apprécié qu’on mette en évidence son ignorance. Ce n’est dés lors que lorsqu’arriva l’hôtesse de l’air qu’il s’autorisa à retrouver un peu de quiétude. Elle était élégante, dans son uniforme de travail, et c’est avec un léger pincement au cœur qu’il constata qu’un foulard lui cachait jalousement les premières côtes… et que ni lui, ni la fille n’avaient de questions. Il se contenta donc de suivre du regard les courbes rebondies qui soulignaient avec justesse sa taille de guêpe et quand elle disparut, il reporta à nouveau son attention sur le paysage monotone de l’aéroport. 23:48. L’avion décolla avec trois minutes de retard. Bercé par le grondement sourd de l’oiseau métallique, c’était désormais contre son propre esprit que luttait l’adolescent. Désespérément, il tentait de garder les yeux ouverts. Brûlés par le sommeil, il pouvait les entendre hurler à ses paupières d’enfin se clore. Et lorsqu’il céda enfin, ce fut rapidement à la léthargie elle-même qu’il s’opposa. Ainsi, chaque seconde qui s’écoulait se métamorphosait en un infernal supplice rythmé par les rapides piqués de son nez. 00:02. L’état de conscience du garçon flancha ; le douloureux appel de la torpeur avait eu raison de lui. Comme à chaque fois qu’il s’asseyait en passager dans un moyen de transport, il s’était endormi. Lentement, les couleurs vives du monde s’évanouirent pour l’univers grisâtre d’une nouvelle réalité.

26 décembre 2005, quelque part sur les routes de Namibie. Après quelques battements, deux billes bleutées se découvrirent des paupières qui les couvraient. L’instant d’après, dix doigts frêles s’y frottèrent afin d’en atténuer le picotement. Bâillement. Ballotté au rythme saccadé d’une route accidentée, les bras appuyés sur les rebords de la fenêtre de la jeep, un petit garçon fixait en silence la vaste étendue de sable rouge qui se dessinait devant lui. Au loin, roches et broussailles s’étaient unies dans un sinistre décor. La mer était loin désormais. D’entre ses lèvres closes s’échappa un soupir irrité. Les bras fermement croisés, il se laissa retomber sur son siège, la tête callée contre son dossier. Le nez plissé avec agacement, il jeta un rapide coup d’œil aux nombreuses caisses en carton qui le maintenait prisonnier entre les barreaux du changement. La conductrice, femme d’une trentaine d’années tout au plus, maintenait le volant serré entre ses doigts. De larges cernes encerclaient ses yeux verts éreintés mais le sourire qui dorait ses lèvres n’en était pas moins radieux. Un instant, elle quitta la route des yeux et tourna la tête en direction de son fils.

- Tu verras, mon cœur. Tu te plairas à Caprivi aussi. Tante Annie et tonton Heinrich sont très gentils puis tu t’y feras vite beaucoup d’amis.

Pour toute réaction, le garçon fixa à nouveau sa vitre des yeux, la mine désabusée. Le sourire qu’avait esquissé la femme se figea un temps en une expression d’extrême lassitude. Ses iris colorés glissèrent sur la route, accordant un dernier coup d’œil au rétroviseur.

- C’est ça, râle dans ton coin. marmonna-t-elle un ton trop bas pour que l’enfant ne l’entende.

D’un geste emprunt de frustration, elle monta sèchement le volume et accompagna de son timbre maladroit les chœurs qui rythmaient la chanson en cours.

- Aafrikaaa kukhaaala abangcweeele, eh aafrikaaa kukhaaala abangcweeele wena !

Indécises, ses mains avaient gauchement repris leur place sur le volant. Surplombant ses pommettes rigidifiées dans un sourire trop éclatant pour sonner vrai, une lueur traitre et presqu’indécelable illuminait de crainte son regard. Machinalement, elle serra les dents.

- Wh… quoi ? balbutia le garçon.

2:57. Sa tête avait percuté quelque chose de dur, l’invitant à subitement ouvrir ses yeux clos. Pantin des intempéries, il s’était cogné la tempe contre le sommet du crâne de sa voisine tandis qu’au même instant, une question franchissait la barrière de ses lèvres poupines. Surpris, l’Allemand s’était vivement redressé, frottant ses yeux engourdis d’un revers machinal de la main. Il secoua la tête, comme pour rafraichir son esprit encore esclave de son état de somnolence. Il plissa les paupières, dévisageant avec perplexité la mine suppliante qu’elle lui adressait. C’était quoi, qu’elle avait dit ? Ah ! Oui. La langue.

- Che… Je parle d’habitude de l’allemand.
Et le lozi et l’oshiwambo.
- J’ai pas connaissance beaucoup de l’anglais. Mais je sais un peu de l’afrikaans si toi veux. précisa-t-il, désignant du menton le drapeau qu’il avait reconnu sur la tenue de sport. Bien sûr, il omit de préciser qu’il avait un inconsidérable mépris pour l’Afrique du Sud. Pourquoi tu veux savoir ci ?

Oui. Pourquoi ? Cette question avait quelque chose d’idiot. Et dans le fond, il en était certain, elle oublierait d’ici deux jours qui il était et la réponse qu’il y avait apporté. Alors quoi ? D’où lui venait cette ridicule manie de combler le silence par d’inutiles bavardages ? D’un coup d’œil, le blond jaugea son interlocutrice. Elle n’avait pas l’air méchante, pourtant. Ce n’était qu’une préadolescente sans doute encore un peu enfant dans sa tête. Il serra les dents, agacé à l’avance par ce qu’il allait faire, et tenta d’esquisser un semblant de sourire. Le rendu n’était pas très concluant et plus que victime d’une expression de joie, il semblait en train de grimacer. Qu’importe. Sa mère lui avait toujours dit et répété : « c’est l’intention qui compte ».

- Je veux dire… et toi ? Tu parles laquelle langue ?

Bien sûr, il oublierait sa réponse aussitôt qu’il aurait quitté l’avion. Mais si elle en appelait à l’hypocrisie… il essaierait d’être un peu -juste un peu- plus aimable.

***
- Ah non ! Non mon garcon, je ne prends plus de ça.
- Pardon ?
- J’ai bien compris votre petit stratagème, ne me prenez pas pour un imbécile.
- De quoi vous parlez ?
- Vos chèques ! Ils sont en bois.
- Je… non !
- Allez, filez sans faire d’histoire et je n’appellerais pas la police. Mais je ne veux plus de vous ici, dehors.
- Mais j’ai… je vais aller où comme ci ? J’ai pas de ailleurs pour aller !
- Rentrez chez vos parents, alors. Vous me semblez bien jeune pour trainer seul dans la rue.

Le garçon lança un regard accusateur au gérant du motel dans lequel il avait espéré élire un peu plus longtemps domicile. Il laissa s’échapper un reniflement agacé, remontant la lanière de son sac sur son épaule. Les lèvres pincées, il désigna d’un geste de la tête sa tenue.

- Je peux au moins me changer ?
- …Vous connaissez la sortie.

Voilà comme cinq jours après son arrivée aux États-Unis d'Amérique, le garçon se retrouva dehors, en pyjama, au beau milieu de la nuit. Lorsqu’il franchit la porte d’entrée, ses iris perdus se bousculèrent sur les passants et les insignes colorées qui le surplombaient. Il était vraiment dans la merde.

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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyMer 12 Juin 2013 - 22:02

Maxine L. Prescott a écrit:



Quand la justice est amputée.
Emeric & Maxine

Décembre 2011

Rouge, orange, bleutée, la petite flamme dansait sous le regard inquiet de la jeune Sud Africaine. Inquiet oui, parce que Maxine s'inquietait de la santé mentale du jeune homme. Et si elle était assise un côté d'un fou échappé de l'asile ? Maxine n'était absolument pas inquiète pour elle. A la base Maxine était déjà quelqu'un de bien insouciant, qui prenait la vie comme elle venait, qui cherchait à deceler chaque mystère. En voila un devant elle. La blondinette se saisit du petit objet et l'ausculta avec minutie. Mais rien ne l'aida. Surtout que le jeune homme ne tarda pas a râler et reprendre son bien alors que la jeune fille n'avait même pas finit de le regarder. La petite sportive prit une moue deçue. Elle n'aimait pas qu'on lui prenne ses jouets.

Et ensuite, ô miracle ! Il parla ! Enfin "parla". Parce que quand même, il y a parler et "parler". Elle était Sud Africaine, elle parlait anglais et comprenait l'Afrikaan et le "parlait". Genre, c'était pas parfait. Loin de là même. Elle ne conjuguait pas, n'accordait pas les adjectifs et ne gerait pas bien du tout les différents temps. Lui, bah c'était pareil pour l'anglais. Et en plus de ça il avait un accent à découper à la tronçonneuse. Bref, la langue de Shakespeare c'était pas son truc. Mais c'était quand même vaguement compréhensible quand on refaisait la traduction dans son cerveau. Compréhensible et pas très gentil. Parce que le ta gueule, Maxine n'eut pas besoin de le retraduire, elle avait très bien comprit. La jeune fille se rembrunit. Pas méchante pour un sou, Maxine ne se defendit pas de cette injure. Elle était juste dégoûtée de se faire remballer comme ça, aussi séchement alors qu'elle avait juste voulu être sympa avec un inconnu. Tant pis. Ca lui apprendra.

- C'est tout.

Conclue-t-elle en répétant les mots du jeune homme sur un ton penaud. La blondinette tourna alors la tête pour jeter un coup d'oeil au reste de l'équipe. Ils étaient tous installés et une hotesse de l'air se présentait au milieu de l'allée pour donner les consignes avant le décollage. Il ajouta qu'il ne savait pas que ce que c'était un manteau. Maxine retourna la tête vers lui et arcqua un sourcil. Il savait forcément ce que c'était mais il ne connaissait pas le mot anglais. Alors, bonne âme, la petite blonde attrapa la manche du sien, sur son siège et la montra a l'étranger en lui expliquant :

- C'est ça, un manteau.

Pas un mot de plus. Après tout il avait dit qu'elle parlait trop non ? Alors elle appliquait les consignes à la lettre et se taisait. Ce fut long. Très long. La jeune blonde écouta l'hotesse de l'air donner les consignes, écouta dans toutes les langues même, puis elle lu le petit panneau sur le dos du siège devant elle. Puis elle lu la brochure de la compagnie aérienne dans le petit filet. Puis elle compta le nombre de tâches blanches qu'elle avait sous les ongles. Puis les taches de rousseur de sa voisine de gauche un peu plus loin.. La blondinette tenu plus de deux heures sans lâcher un sol mot à qui que ce soit. Surtout pas au jeune homme au briquet.

Puis elle n'y tint plus. Se taire, c'était trop dur. Une horrible souffrance. S'auto-catalyser comme ça c'était absolument impossible pour Maxy et c'était déjà un petit miracle qu'elle ait tenu si longtemps. Le trajet allait bientôt se terminer mais la blondinette ne put absolument pas se taire plus longtemps. Alors elle parla. Mais avant de parler, grande amélioration, elle réfléchit a ce qu'elle allait pouvoir dire. Bien sûr, ce serait une question. Parce que pour lancer les conversation il n'y avait rien de mieux que les questions. Et en plus elle était curieuse d'en savoir plus sur le jeune homme. Seulement.. quelle question ? Des centaines se bousculaient dans la tête de Maxine en passant de tu as quel âge à pourquoi tu as du noir sous l'oreille. Puis finalement :

- Tu parles qu'elle langue toi ?


La jeune fille avait choisit des mots simples, elle avait bien articulé et elle avait parlé lentement pour qu'il comprenne. Elle tourna la tête vers lui et lui lança un regard suppliant. Elle voulait qu'il réponde, qu'il soit gentil avec elle et tout. Après tout, il ne restait plus beaucoup de trajet. Donc plus beaucoup de temps à la supporter. Il pouvait bien faire un petit effort non ? Aller..

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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptySam 25 Mai 2013 - 13:32



quand la justice est amputée



C’était une évidence. Le regard interloqué de son interlocutrice trahissait avec candeur tout le désarroi dont elle s’était éprise. Ses yeux ronds dévisageaient la flamme rougeoyante avec une stupéfaction non dissimulée tandis que s’y reflétaient ses teintes animées, décuplant l’expression de ses émotions. Innocentes, les étincelles dansaient devant le visage poupin et l’ombrageaient de prétention. Quant au sien, il devait se noircir des taches sombres de la disgrâce. La mâchoire crispée du garçon se serra davantage. Les mots étaient de verres et le dialogue demeurait de sourd. Comme d’habitude. Mais alors pourquoi s’évertuait-elle à se faire comprendre ? Pourquoi se fatiguer à maintenir la conversation avec un mur ? Ne lui avait-il suffisamment illustré qu’il n’avait rien d’autre à lui offrir que l’animosité ? La voix fluette avait traversé la barrière de ses lèvres fines, encore. « Tu n’as pas de coat parce que tu as un lighter ? », avait-elle dit. Et les mots tombèrent comme la sentence qui s’abat sur le ridicule. Comment avait-il pu oublier qu’un briquet se disait lighter alors qu’il s’agissait de l’un des seuls mots qu’il s’était appliqué à apprendre ? Pauvre con. Pauvre conne, aussi. Parce que sa question était un peu idiote. C’était plutôt évident qu’il ne comprenait pas ce qu’elle baragouinait dans sa langue maudite. Très simplement, le garçon leva les yeux au ciel tandis que, d’une pression, son index appuya sur le couvercle destiné à faire disparaître la flamme. Sans manière, la jeune fille s’empara alors de la petite pièce métallique. Instantanément, les sourcils masculins se froncèrent, embrumés de méfiance. Mais son réflexe de récupérer brutalement son bien fut un instant freiné par la question étrange qu’elle articula ensuite.

- Tu sais parler ?

Les sourcils froncés se haussèrent et la tête blonde se pencha machinalement sur le côté. Dépité, il la secoua faiblement, les rétines arquées sur le plafond écarlate.

- Eh, rendis-moi ça ! s’insurgea-t-il alors, refermant, peut-être un peu agressif, ses doigts sur le métal. Comme elle un peu plus tôt, il s’était exprimé en anglais, mais le sien était mauvais et ponctué d’un accent rude et émacié. Evidèmment que je sais c’est comment que on parla. Et toi ? Ton parents t’ont apprise à fermer ton grande gueule, parfois ? Si j’avais pas répondu c’est que j’étais pas envie de répondre à toi, c’est tout.

Minutieusement, l’adolescent glissa le briquet dans la poche de son pantalon, les lèvres pincées. Il laissa brièvement s’échapper un soupir. En fin de compte, peut-être aurait-il mieux fait de la laisser croire qu’il était muet. Pour sûr, elle n’aurait plus tenté de communiquer avec lui. Quoi que. Aux vues du personnage, elle devait-être le genre d’allumées prêtes à tenter de communiquer par le langage des signes sans pourtant rien y connaître.

- De toute manière, je sais même pas c’était quoi, un… mahtéo. Mhantro. Truc. Machin. Bref. Tu parles trop. acheva-t-il sur un ton accusateur.

Au même moment, l’hôtesse de l’air s’arrêta devant eux.

- Un problème ?
- Non, aucun.

En l’espace d’une seconde, l’expression agacée du garçon s’était évanouie et il adressait désormais un sourire aimable à la jeune femme. Elle le lui rendit avant d’acquiescer sagement.

- Bien. Attachez vos ceintures et mettez-vous à l’aise, nous allons décoller dans quelques instants. Plus tard je reviendrai vers vous pour un éventuel repas. Des questions ?


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Dernière édition par Emeric Kürschner le Lun 12 Aoû 2013 - 13:17, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyJeu 16 Mai 2013 - 14:04




Quand la justice est amputée.
Emeric & Maxine

Décembre 2011

Ma petite Maxine ne se rendait même pas compte du haut de ses treize ans que son voisin de siège était un tantinet étrange. Elle ne voyait pas ses mains sales, elle ne voyait pas son pull grisâtre, trop grand, pas plus qu'elle ne voyait son pantalon usé, élimé. Elle tout ce qu'elle voyait c'était un garçon qui semblait s'ennuyer, avoir froid et qui avait approximativement son âge ce qui était cool. Elle allait passer les deux prochaines semaines en compagnie de grands, d'adultes, et franchement devoir supporter les regards condescendants des grands c'était pas cool toute une semaine, si elle pouvait passer le voyage dans l'avion avec quelqu'un qui lui ressemblait ça serait génial !

Voulant être gentille elle lui avait proposé un mouchoir parmi le paquet qu'elle lui tendait. Encore un qui avait malheureusement succombé au froid hivernal européen. La blondinette ne voyait absolument pas comment elle même aurait pu tomber malade. Ses coach la surcouvait comme si elle était en sucre. Sur le coup elle avait trouvé ça cool mais l'indépendance lui manquait. Déjà là elle sentait le regard des dirigeants sur le groupe d'escrimeurs. Néanmoins, il semblait pas remaqruer la gentilesse de la petite blode parce qu'il regarda le paquet comme si elle lui offrait une pomme empoisonnée. Il avait trop regardé des disney lui hein. Il ne refusa même pas. Il se contenta de lui tourner le dos pour regarder dans le hublot.

Maxine, déçue et ne comprenant pas ce qui pouvait le repousser haussa les épaules et prit place. Elle avait retiré ses affaires du siège et les balança au dessus, dans les petits creux juste au dessus de son siège. Elle se laissa tomber dans son siège et pendant approximativement cinq secondes elle ne fit rien. Puis elle n'y tint pu et retenta une approche. Elle posa plusieurs questions qui la taraudait depuis plusieurs minutes. Si elle avait espérait que le jeune homme se fonde en un sourire ravi et lui explique toute sa vie, la jeune fille fut loin du compte. De nouveau il la regarda avec agacement. Elle hésita entre bouder dans son coin, faire l'idiote comme lui, ou alors continuer à l'interroger. Elle lui posa une dernière question qui sembla le perturber. Et finalement il fouilla dans sa poche et lui tendit un briquet. La jeune fille eut un regard surprit en voyant la flamme danser sous ses yeux. Elle était pas sûr que ce soit autorisé dans un avion. Et puis elle voyait pas pourquoi il lui montrait ça. La petite blonde tenta quand même :

- Tu n'as pas de manteau parce que tu as un briquet ?..

Elle se sentait idiote a proposer ça. Ca n'avait aucun sens. Personne ne faisait de feu pour se réchauffer au XXIe siècle n'est ce pas ? La jeune fille tendit les doigts vers le petit objet argenté et le prit entre ses doigts. La différence entre les petites mains fines et blanches de Maxine et celles plus grandes et sales du ejuen homme ne lui sauta même pas aux yeux même si elle était évidente. Une autre question lui vint..

- Tu sais parler ?

Elle n'était même pas sûre de l'avoir entendu parler depuis qu'elle était arrivée dans l'avion. Il était peut être muet. Peut être qu'il savait parler avec les mains. Ouah ! Ca serait trop cool ! Elle trouvait ça dément de parler avec les mains. Y'avait presque personne qui comprenait c'était un peu comme un méga code secret ! La jeune fille après sa question niaise regarda de plus près le briquet rectangulaire. Il était vieux mais élégant. Rien a voir avec les briquets bic que son père avait dans le tiroir de la cuisine a la maison. Un portrait y était gravé d'un côté et des mots qu'elle ne comprenait pas de l'autre. Elle arqua un sourcil, c'était quoi comme langue ça ?..


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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyMer 15 Mai 2013 - 20:36



quand la justice est amputée



La mâchoire de l’adolescent se contracta. À sa gauche, la voix claire et délicate de la fillette s’était détachée du bourdonnement étouffé qu’émettaient les passagers. Et si elle dénotait une touche de sympathie, elle était également accordée à cette note altière et suprême qui trahissait amèrement son statut. Malgré son jeune âge évident, il en était certain : la demoiselle avait reçu une éducation. Maladroits, les iris azurés glissèrent sur la main tendue en sa direction. Entre ses doigts fins, elle lui proposait un paquet de mouchoirs. Sourcils froncés, la tête blonde bascula sur le côté, interloquées. Coutume particulière pour un pays particulier ? Pourquoi lui tendait-elle un mouchoir, exactement ? Il ne lui avait rien demandé et il n’avait pas même l’air d’en avoir besoin. Derrière son large sourire se cachait de la pitié, peut-être ? Ou du mépris ? L’air renfrogné, la mine agacée, il pinça le bout de ses lèvres entre ses dents. Sous la laine effritée de son pull trop grand, il croisa nerveusement les bras. Il n’avait jamais aimé qu’on lui fasse la charité. La demoiselle était de ceux que la civilisation considérait comme naturellement supérieure, agente du système injuste d’un monde injuste. Sans ajouter un mot, les épaules d’Emeric se rivèrent sur le côté opposé et son regard se perdit dans la nuit sombre que lui présentait le hublot. Il n’avait pas répondu à sa proposition. Il n’en avait jamais eu l’intention. Il savait que pour les personnes de sa trempe, ce n’était qu’une réflexion de pure formalité. Avec mépris, il leva les yeux au ciel, frictionnant prestement ses mains jointes et souffla dedans dans l’espoir de les réchauffer. Heureusement, l’avion ne tarderait pas à démarrer et sans doute le chauffage serait-il rallumé. Et elle, sa charmante voisine ? Brillante représentante de la société, elle plaquerait un casque contre ses oreilles, allumerait son iPod, monterait le volume et lui foutrait la paix. Merveilleux.

Une fois de plus, le garçon ne put réprimer un bâillement tandis que ses pupilles fatiguées vagabondaient sur la vitre ronde. L’éclatante lumière des lampes y reflétait sournoisement l’image de la bourgeoise et c’était ainsi qu’il lui était permis d’observer discrètement la jeune adolescente. Emmitouflée dans ses vêtements de sport, elle arborait comme de nombreux autres passagers qu’il avait vu défiler six couleurs qu’il connaissait bien. Le rouge, le bleu, le blanc, le jaune, le noir et le vert. Il laissa s’échapper un soupir arrogant. Sa voisine était originaire d’Afrique du Sud, le pays de la ségrégation mais surtout de la traitrise. Bientôt, elle se tourna vers lui. Dans le cadre translucide, il pouvait deviner le tracé de ses deux prunelles durement plantées sur sa silhouette. Les yeux plissés, l’Allemand serra la mâchoire. Il patienta. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Brusquement, il se retourna face à l’anglophone.

- C’… commença-t-il sèchement.

Trop tard. Elle l’avait devancé, articulant toute une interminable série de questions. Les sourcils tantôt droits et sévères se haussèrent, contribuant à arrondir la forme des yeux masculins. Ses bras glissèrent dans les manches tombantes de son pull avant qu’il ne s’y frotte brièvement le nez. La mine abasourdie, il cligna plusieurs fois des yeux. Il secoua la tête. Mais… cette fille était complètement assommante ! Véritable symbole de la gente féminine, elle demeurait à la fois trop curieuse et trop bavarde. Ses questions ? Il n’était pas question qu’il y réponde. Si prendre les gens pour des journaux intimes ambulants l’amusait, ce n’était certainement pas son cas. La vie était tellement plus simple quand les hommes ne se mêlaient que de leurs affaires. Celles des autres ne l’intéressaient pas. Quant aux siennes, elles ne la regardaient pas. L’équilibre était ainsi parfaitement maintenu et rien ni personne ne pourrait l’entrainer à la dérive. Seul un détail, donc, l’avait interloqué : sa dernière requête. Derechef, ses yeux se plissèrent tandis que sa bouche se muait en une mine définitivement perturbée. Extérieurement, il avait juste l’air d’un idiot. Intérieurement, il pestait pour n’avoir jamais pris au sérieux ses leçons d’anglais. Est-ce qu’il n’avait pas quoi ? Un « coat » ? Qu’est-ce que c’était déjà que cette chose ? Il pencha la tête sur le côté. Allez, un peu de mémoire. Pour sûr, il l’avait déjà entendu. Soupir irrité. Pourquoi les seules images qu’il lui restait de la pratique de cette langue maudite n’étaient que celles de lui, arguant qu’elle ne servait à rien ? Il avait bien l’air con, maintenant, et cette bonne vieille Miss Hayes devait apprécier sa revanche. Bon, puisque la sorcière ne lui serait d’aucune utilité, réfléchir méthodiquement. Que pouvait-on demander dans un avion ? Un paquet de mouchoirs ? Non, elle lui en avait tendu hein. Un tampon ? Brr, c’était dégueulasse et il n’avait pas vraiment la tête de l’emploi. Alors… ?

Hallelujiah ! La révélation. Tout s’éclairait à présent. La main de l’adolescent glissa dans la poche de son pantalon usé. Machinalement, il en tira une petite boîte en métal ornée de gravures masquées par ses doigts sales. Il la tendit devant le visage poupin et son index claqua le dessus mobile vers le bas. Après un cliquetis caractéristique, une petite flamme rougeoyante s’en échappa.


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MessageSujet: Re: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyVen 10 Mai 2013 - 21:07




Quand la justice est amputée.
Emeric & Maxine

Décembre 2011

L'excitation du voyage, de la compétition qui approchait, l'émulation de tout les athlètes chauffés à blanc pour la compétition tout cela était terrible pour les nerfs de la petite blondinette aux grands yeux bleus. Mais la motivation, tout ça, c'était cool, mais ça ne compensait pas tout à fait le froid glacial de l'Europe en hiver. Passer du mode short tong, au mond jogging et parka fourrée c'était pas le grand kiff de la petite Maxy qui, emmitouflée dans son bonnet et son écharpe blanche, luttait contre le vent frigorifique tandis qu'elle marchait pour atteindre l'escalier qui la menait à l'avion. Son coach essayait tant de bien de mal de protéger son escrimeuse prodige du froid de l'hiver européen. Monter dans l'avion fut un grand soulagement pour la jeune Sud Africaine habituée au climat chaud et orageux de Pretoria.

La correspondance entre l'Afrique du Sud et New York se faisait en Espagne et une fois dans l'avion la jeune fille eut l'agréable sensation d'avoir enfin passé la fin du voyage. La jeune fille chercha son siège des yeux et se rendit compte que.. oh non elle était séparée de toute l'équipe. La jeune fille bouda un instant, mais juste un instant, le temps de retirer son bonnet et de découvrir qu'elle aurait quand même un voisin. Un voisin de siège carrément mignon. Toute la délégation Sud Africaine s'installa dans l'avion et Maxy ne fit pas exception mais resta un instant debout pour retirer son echarpe et son parka, elle portait par dessous le même jogging que tout les autres athlètes aux couleurs de son pays. Elle rassembla ses cheveux blonds sur son épaule et s'installa à côté du garçon qui.. éternua. La blondinette grimaça. Avec ce temps, pas étonnant qu'il soit malade s'il il ne portait que ce pull trop grand pour lui. La jeune fille l'entendit dire quelque-chose, qu'elle ne comprit absolument pas. Insouciante, la blondinette ne demanda pas la traduction et lorsqu'il éternua une deuxième fois contre la votre se cognant le nez le jeune fille sentit un sourire naitre sur ses lèvres. Pas moqueur, non, Maxy n'était pas moqueuse, mais amusée. Elle fouilla dans ses poches de son jogging et en sortit un paquet de mouchoir :

- Tu en veux un ?

Demanda-t-elle en anglais. Elle lui tendit le paquet, craignant qu'il se mette à saigner du nez. Elle, quand elle se cognait le nez, elle saignait du nez. C'est bien pour ça qu'elle ne jouait pas au rugby à des postes trop exposés. Souvent, elle jouait neuf ou ailière et ainsi, en sortant les ballons et en courant pour éviter les autres, elle ne risquait pas de mauvais coups. Mais le sport de Maxy, c'était l'escrime. Et c'était bien pour ça qu'elle était à des milliers de kilomètres de chez elle. Elle participait au championnat du monde d'escrime et elle était la plus jeune de la délégation, une vraie cadette parmi quelques juniors et tout les seniors sélectionnés. C'était la première fois que Maxine passait les sélections pour la plus grande fierté de son père, lui aussi sportif de très haut niveau. Et même si c'était la première fois, son coach mettait de grands espoirs en elle, alors qu'elle n'avait que treize ans. Après quelques secondes de silence, Maxy n'y tint plus. Ne rien faire, ne rien dire, c'était pas son truc, c'était chiant. Alors elle se tourna vers son voisin de siège et se lança :

- Je m'appelles Maxine ! Et toi ? Tu viens d'où ? Tu vas a New York aussi ? Pour quoi faire ?

Puis étrangement, elle posa tout haut la question qu'elle se posait dans sa tête depuis plusieurs secondes :

- Tu as pas de manteau ?

© Belzébuth
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MessageSujet: Quand la justice est amputée. [Maxine]   Quand la justice est amputée. [Maxine] EmptyMer 8 Mai 2013 - 1:15



quand la justice est amputée



Déjà.

Il faisait nuit, quand il rouvrit les yeux. Le paysage ocre et sa poudre de paillettes finement déposée par les rayons du soleil s’étaient éteints quand s’étaient closes ses paupières. Et maintenant, il n’y avait plus rien. Plus rien d’autre que les méandres de souvenirs presqu’effacés et les couleurs ternies de vieilles photographies. Derrière la vitre se dessinait l’étendue urbanisée d’une piste d’atterrissage et sur le macadam se reflétait sinistrement les épais halos de lumière qui dessinaient son pourtour. Il frissonna. Il ne savait pas depuis combien de temps l’avion s’était arrêté. Par contre, il savait qu’il faisait froid. Horriblement froid. Maladroitement, il remonta ses jambes contre son torse et les enveloppa du pull trop large qui couvrait ses épaules. Les fibres usées émirent un craquement étouffé avant de s’élargirent davantage. Machinalement, son front s’appuya sur la petite lucarne et il rentra ses bras à l’intérieur de ses manches. Dans l’étouffant silence régnant, il pouvait entendre sa mère gronder. Elle n’avait jamais supporté cette manie qu’il avait de déformer ses vêtements. Alors elle criait. « Un pull, un beau pull ! Tu sais seulement quel est le prix d’un pull à l’heure actuelle ? C’est toi qui va te payer le nouveau que je vais devoir te racheter, peut-être ?! Ce gamin va finir par me tuer… Et tiens-toi convenablement ! Je ne t’ai pas éduqué comme ça. ». Un bâillement lui décrocha la mâchoire. Tant pis. Ce soir, elle n’était pas là pour lui faire la morale.

Dix, peut-être vingt minutes s’écoulèrent quand de bruyants éclats de voix lui firent plisser les yeux. Il tourna la tête, animé par la maigre curiosité de détailler la tête des passants. Ils se pressaient nerveusement devant lui pour rejoindre une place sans même lui adresser un regard. Ils riaient, hurlaient, parlaient parfois. Et lui, il était invisible. Invisible pour les hommes, invisible pour le monde. Ses yeux bleutés glissèrent derechef sur la vitre où s’était dessiné un nuage de buée. Son souffle l’avait longtemps perlé d’humidité. Gauche, il libéra l’une de ses mains et s’appliqua à y tracer du bout d’un ongle sale quelques traits rendus maladroits par la fatigue et l’air glacial qui s’engouffrait dans le petit corridor. Dans son dos, l’animation des nouveaux passagers se faisait peu à peu plus calme et bientôt, seuls les rares retardataires franchissaient encore l’escalier métallique. À nouveau, sa mâchoire se contracta en un interminable bâillement et… il se raidit brusquement. Sur le siège voisin jusqu’alors déserté, un indésirable s’installait. Sous sa poitrine, son cœur s’emballa en une désagréable chamade. Presqu’aussitôt, sa main s’écrasa violemment sur la vitre, détruisant d’un mouvement le visage qu’il s’était appliqué à retracer avant de regagner son double sous la laine grisâtre. Son souffle saccadé s’articulait difficilement dans ses narines brûlées par la fraicheur européenne mais il pouvait la sentir. L’indésirable était une fille. Une fille riche. L’essence âcre d’un parfum hivernal dont il ne reconnaissait pas les attributs lui chatouillait injustement le nez. Alors, il ne put se retenir. Il éternua.

- Pardon. articula-t-il en allemand d’une petite voix, plus par manie que par politesse.

En essayant de ne pas se faire remarquer, il s’efforça à ramener ses pupilles vers elle sans tourner la tête. Ainsi, il pouvait l’analyser sans qu’elle ne le remarque. Mais à peine l’eut-il aperçu qu’il détourna le regard. Un peu trop sèchement puisque dans son mouvement brusque, il se ramassa la vitre en plein le nez, à peu près comme l’avait frappée son élégance.

- Aoutch ! murmura-t-il agacé.

Ses mains avaient retrouvé l’air ambiant et s’étaient plaquées sur son visage endolori, plus peut-être pour cacher son image jusqu’à ce qu’elle l’oublie que pour endosser le coup. Il le savait. Le contraste entre eux était salement frappant. Quand elle resplendissait dans ses vêtements chics et pailletés de richesse, il avait l’allure d’une loque. Il serra la mâchoire. Alors il voulait qu’elle disparaisse, elle et son regard jugeur. Les bourgeoises, il ne les aimait pas.


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