Here we Snow !

Ils venaient d'arriver. Une escorte de petits Wynwoodiens fraîchement débarqués dans les Rocheuses. Ça promettait d'être intéressant... Et mouvementé. Car vraiment, quoi de mieux qu'un voyage scolaire pour alimenter les ragots et mettre à jour les secrets, même les mieux gardés ?
Arrivés à Aspen, les lycéens s'étaient extasiés devant la beauté du lieu. Idem une fois arrivés au chalet. Quoiqu'il y eut toujours les irréductibles, éternels "rebelles", ou simplement râleurs qui n'en virent que l'aspect désuet et vieillot, ringard selon eux. La jeune Anglaise se contenta de sourire. Magnifique, oui, vraiment. Ce séjour s'annonçait plutôt agréable.

Lâchés dans le chalet, les jeunes se dispersèrent, pour aller - enfin ! - poser leurs affaires dans les chambres leur étant attribuées. Kim rassembla ses affaires, à savoir son sac, son snowboard -pas question de louer ! -, et les bottes allant avec, avant de faire comme tout le monde et de rejoindre la chambre qu'elle partageait avec d'autres personnes du voyage.
La demoiselle ne s'attarda pas dans sa chambre, une fois installée, et ses affaires rangées ; en effet, autant elle appréciait beaucoup Emma, autant Alex et Taylor... Ça risquait de faire très vite des étincelles ! Aussi, elle s'éclipsa très vite de la chambre commune, alors que les autres étaient encore en train de ranger leurs affaires.

N'ayant rien de particulier à faire en attendant le reste du groupe - sachant que pour elle, ranger ses affaires revenait à poser son sac sur son lit et sa planche à côté -, elle commença à déambuler dans les couloirs, les mains dans les poches et le sourire aux lèvres. Vraiment, elle était contente d'être ici. Un bon bol d'air frais pour se vider la tête de tous les soucis du quotidien, c'était idéal !
Au fur et à mesure de ses déambulations, elle commença à repérer tout ce qui pourrait s'avérer utile pendant le séjour - du type cuisine, balcons, porte ressemblant à un accès au toit...etc -, puis ses pas finirent par la mener jusqu'à une salle lumineuse et chaleureuse semblant être la salle commune.

La jeune fille s'avança dans la lumière du jour qu'amenaient d'immenses baies vitrées et sourit de plus belle. D'ici, on pouvait avoir une vue panoramique sur le paysage environnant. La montagne, la vallée le ciel... Kim s'approcha d'une vitre et se perdit dans la contemplation de l'extérieur un long moment.
Elle se détourna ensuite de là pour se rendre sur un des multiples canapés de la pièce, celui situé juste en face de la cheminée allumée pour s'y laisser tomber, en tailleur.

Il était grand temps de faire un petit tour dans le Chalet Wynwood ! Il avait laissé passer le gros de la troupe et se dirigeait d'un pas nonchalant vers le grand bâtiment. Celui ci avait d'ailleurs l'air spacieux et chic. Normal, pour un voyage organisé par un lycée aussi riche, après tout. Dante allait enfin connaître les personnes avec qui il allait partager son sommeil pendant la durée du voyage.

Le jeune homme se dirigea vers le panneau et sentit l'inquiétude monter petit à petit.

Chambre 2 :
- Brooke Mc Queen
- John Lazy
- Dante Burwin
- Calypso Skywalker

Bordel. Brooke la sainte-nitouche, John l'apprenti rebelle... En espérant que Calypso relèvera le niveau global. Dante ne la connaissait absolument pas, et il essaya de positiver en se disant qu'ainsi l'occasion se présenterait. Si elle aussi était tarée, il éviterait donc le plus possible de passer du temps dans cette foutue ménagerie qui lui servait de chambre.

C'était dommage, il avait repéré pas mal de personnes intéressantes dans le bus avec lesquelles il aurait certainement apprécié de séjourner. Manque de pot, elles étaient reléguées ailleurs. En parlant de personnes intéressantes, il repéra sur son chemin, assise sur un canapé proche de la cheminée la jolie Kim Turner. Kim Turner. Le combat quotidien de Dante pour lui faire prendre la route de la pureté !

Il se réjouit de sa présence et se dit qu'il pourrait bien commencer son voyage en passant un peu de temps avec elle. Elle était l'une des rares personnes qu'il adorait malgré ses mauvais côtés qui d'habitude repoussent beaucoup plus que ça le jeune homme. Il s'approcha d'elle et lança d'un ton enjoué :

« Hey, Kim ! Je vois que tu n'as pas encore de bouteille de vodka à la main ou de clope dans le bec, t'es malade, ma pauvre ? »

Il savait qu'elle réagirait au quart de tour mais il adorait ça. Il ne savait pas réellement si elle l'appréciait autant que lui pouvait l'appréciait mais au fond, il s'en fichait. Sur sa lancée, il renchérit :

« A moins bien sûr que tu ne te sois enfin décidée à écouter mes précieux conseils, mais je pense qu'il y a autant de chances pour que ça se produise que la statue de la Liberté vienne skier avec nous. L'espoir fait vivre... Bref ! Tu vas bien ? Tu sais, j'étais content d'apprendre que tu participais au voyage, au moins je ne serai pas en manque de personnes à torturer... Et plus sérieusement, tu t'es inscrite pourquoi, toi ? »

Les yeux plongés dans les flammes dansant dans la vieille cheminée aux allures rustique, Kim aurait pu paraître ailleurs, facile à surprendre, mais au contraire, elle était tout à fait consciente, aussi, lorsqu'elle entendit des pas résonner dans son dos, elle regarda dans le reflet de la vitre en face d'elle qui s'approchait, et lorsqu'elle vit Dante, elle sourit.

Dante Burwin. Elle l'aimait bien ce garçon. Enfin sauf quand il essayait de la remettre dans le droit chemin, comme il disait... Ce qu'il faisait quasiment en permanence. Bon ceci dit, elle tentait elle de la faire sortir de ce qu'il appelait le droit chemin. Donc match nul. En résumé, elle l'aimait vraiment bien. Même quand il la charriait.

- Hey, Kim ! Je vois que tu n'as pas encore de bouteille de vodka à la main ou de clope dans le bec, t'es malade, ma pauvre ? À moins bien sûr que tu ne te sois enfin décidée à écouter mes précieux conseils, mais je pense qu'il y a autant de chances pour que ça se produise que la statue de la Liberté vienne skier avec nous. L'espoir fait vivre..., avait-il d'ailleurs lancé.

La jeune fille sourit. Évidemment. Que pouvait-il lui reprocher d'autre que ce qu'il appelait sa "dépravation" ? Sortant son tabac à rouler, une feuille et un filtre, elle lui lança un regard amusé.

- La statue de la Liberté non, mais j'ai ouï dire qu'on croiserait Kennedy ! le taquina-t-elle. Tiens, justement puisqu'on en parle... !, ajouta-t-elle en lui montrant la paquet de tabac, Heureusement que tu es là pour me le rappeler, que ferais-je sans toi ?

Elle s'affaira à préparer sa cigarette, et une fois ce fait, elle se leva, alors que le jeune homme ajoutait :

- Bref ! Tu vas bien ? Tu sais, j'étais content d'apprendre que tu participais au voyage, au moins je ne serai pas en manque de personnes à torturer... Et plus sérieusement, tu t'es inscrite pourquoi, toi ?

Encore une fois elle sourit. " De personnes à torturer"... Bien sûr, il pensait toujours qu'il aurait le dessus. Enfin. Au moins ils allaient certainement bien s'amuser durant ce voyage. Comme toujours au final.

- Bien sûr, et la statue de la Liberté skie avec nous ! Je t'avoue que je ne sais pas trop... Ça faisait longtemps que je n'étais plus montée sur une planche de snowboard, alors je me suis dit que c'était l'occasion !

Puis, l'attrapant par la main, elle ajouta :

- On sort ?

Ne lui laissant même pas la possibilité de répondre oui ou non, elle l'entraîna jusqu'à une baie vitrée donnant sur un balcon, ouvrit celle-ci et le poussa gentiment dehors, repoussant la porte derrière elle. D'humeur taquine, elle se saisit dans son dos d'une petit monticule de neige, le tassa et lui envoya dessus. Ce après quoi, mine de rien, elle alluma tranquillement sa cigarette et afficha un air innocent, même si elle savait pertinemment qu'il n'était pas plausible.

« La statue de la Liberté non, mais j'ai ouï dire qu'on croiserait Kennedy ! le taquina-t-elle. Tiens, justement puisqu'on en parle... ! Heureusement que tu es là pour me le rappeler, que ferais-je sans toi ? »

La saloperie... Elle sortit outrageusement son foutu paquet de tabac et se roula sa cigarette cancérigène devant ses yeux en le narguant. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait attrapé le paquet en question pour lui vider sur son petit crâne d'impertinente, mais il la respectait assez pour éviter ce genre d'écart.

« Ça faisait longtemps que je n'étais plus montée sur une planche de snowboard, alors je me suis dit que c'était l'occasion ! - On sort ? »

Elle l'avait attrapé par la main comme on emmène un enfant de six ans chez le dentiste. Il aurait pu résisté mais il n'en avait pas réellement envie après tout. Il se retrouva sur un des nombreux balcons du chalet et fut saisi en un instant par la morsure du froid qui contrastait avec la douce chaleur du bâtiment. Il fut frappé également par les dents acérées de la grosse boule de neige qui venait de s'écraser dans son dos et qui, en explosant, avait propulsé des petits morceaux de neige sur sa peau.

Il se retourna en sursaut, avec un air méchant et vit Kim qui fumait nonchalamment sa petite cigarette. Dante se baissa et créa lui aussi sa petite boule de neige. Il mima le lancer sur Kim qui se protégea par réflexe et la brisa dans sa main, juste assez pour que la jeune fille pense qu'il n'avait plus rien. Il s'approcha d'elle et lui plaça sadiquement le petit morceau glacé qui restait dans son cou. Il s'amusa de la voir se contorsionner et il donna une pichenette dans sa cigarette au passage. Il adora également voir le court mais jouissif vol du tabac avant qu'il aille s'éteindre définitivement dans l'impitoyable étendue blanche.

« Oh... Une cigarette gâchée, Kim ! Au prix que ça coûte, tu devrais faire un petit peu attention ! Allez, remercie moi. Je viens de te donner cinq minutes de vie supplémentaire. »

Il n'avait pas souvent le loisir de remporter des victoires si franches sur les cigarettes de son amie et cette petite scène venait de le mettre en joie pour la journée. Regonflé à bloc, il lui demanda d'un ton enjoué :

« Bref ! T'as prévu quoi ? A part bien sûr l'éventualité de tenter de me noyer dans la neige... Je suis bouillant d'impatience ! »

Bien évidemment, à peine l'idée avait-elle effleuré l'esprit de Kim, que la jeune fille s'était attendue à ce que son ami riposte à son attaque neigeuse. Ce qu'il fit. Bien sûr. S'y étant préparée moralement, la demoiselle avait écarté la riposte sans difficulté aucune. Un sourire étira le coin de sa lèvre, comme une petite victoire. Elle avait alors repris son activité de fumette nonchalamment.
C'était sans compter l'esprit machiavélique du garçon. Elle le connaissait plutôt bien pourtant. Elle aurait dû se douter qu'il ne se contenterait pas de cette ridicule boule de neige. Mais le temps qu'elle s'en rende compte, le mal était déjà fait, et elle se tortillait déjà comme une anguille dans le but d'expulser le plus vite possible le bout de neige de sous ses vêtements.

Mais évidemment Dante ne se contenta pas de ça. Il profita de cette inattention pour faire valser sa cigarette par dessus la balustrade. Une fois le problème de la neige résolu, elle se pencha au dessus du balcon. Évidemment c'était vain, sachant pertinemment qu'elle ne pouvait à présent plus la récupérer, mais simple réflexe - animalier ? -, la curiosité la poussait à chercher la défunte cigarette du regard.
Se retournant ensuite lentement vers le lycéen, elle lui adressa un regard meurtrier. Regard qui sembla d'ailleurs gonfler sa fierté et son égo. Bien sûr, il devait considérer cela comme une victoire contre la cigarette, et devait même certainement penser qu'il la découragerait de fumer pour le moment. Mais alors qu'il s'apprêtait à lancer sa réplique narquoise, la jeune fille sortit à nouveau son paquet de tabac de sa poche.

- Oh... Une cigarette gâchée, Kim ! Au prix que ça coûte, tu devrais faire un petit peu attention ! Allez, remercie moi. Je viens de te donner cinq minutes de vie supplémentaire.
- Ha ! Ha !, rétorqua-t-elle d'un ton agacé, portant à sa bouche sa cigarette qu'elle venait de terminer de préparer, et l'allumant.
- Bref ! T'as prévu quoi ? A part bien sûr l'éventualité de tenter de me noyer dans la neige... Je suis bouillant d'impatience ! avait-il ajouté, probablement très fier de lui.

L'Alpha Psi ne répondit pas immédiatement et se contenta de lui lancer un de ces regards dont elle avait le secret. Le genre de regard qu'on est incapable de soutenir, mais en même temps incapable de quitter des yeux. Le type de regard qui laissait croire que la jeune fille pouvait pénétrer au plus profond de vous et découvrir même vos secrets les mieux garder, simplement en plongeant ses yeux dans les votres.
Puis déviant lentement les yeux, elle tira une bouffée de fumée sur sa cigarette, et s'approcha près, très près de son visage, un sourire en coin accroché sur le bord de sa lèvre.

- Te noyer dans la neige ? susurra-t-elle. Non, vraiment ça manquerait d'originalité.

Puis, sans crier gare, elle recracha la fumée qu'elle avait aspiré quelques secondes auparavant directement sur le visage du jeune homme, sachant pertinemment qu'il ne supportait pas ça. Elle profita ensuite du fait qu'il aie fermé les yeux pour se protéger de ladite fumée pour s'éloigner rapidement de lui, ne sachant pas comment il allait réagir. Toujours sur ses gardes, elle se remit alors à fumer tranquillement, et lui lança d'un ton moqueur :

- Maintenant, peut-être que je vais te noyer dans la neige, qui sait ?

Evidemment, après un petit regard méchant, Kim ralluma tout aussi nonchalamment une autre de ses foutues cigarettes. Dante savait que celle ci, il ne pourrait pas la jeter et qu'il serait obligé de la voir se consumer lentement, les millimètres de papier assassins brûlant inexorablement...

« Te noyer dans la neige ? Non, vraiment ça manquerait d'originalité. »

En disant ces quelques mots, la jeune fille le regardait droit dans les yeux. Dante accordait énormément d'importance aux yeux. Un regard pouvait avoir un pouvoir absolument extraordinaire de part le magnétisme qu'il émettait. Il savait que le sien pouvait parfois intimider, voire gêner, et il adorait en jouer. Mais celui de Kim était particulièrement envoûtant. Il adorait tenter de le soutenir longuement tout en sachant qu'il était pratiquement insupportable.

Insupportable. Drôle d'adjectif pour un regard. Mais celui de cette fichue garce était magique. Dante pensa soudain qu'il était peut être le seul au monde à pouvoir être déstabilisé par ce genre de regard. Après tout, un allumeur habituel se contenterait de lui foutre une main aux fesses, de l'embrasser façon Hollywood et aux oubliettes, les yeux magiques de la jolie jeune fille !

Elle s'approcha tout près de lui, et lui souffla à la fois longuement et soudainement l'intégralité de la fumée nauséabonde de tabac en plein visage. Dante se retint de tousser autant qu'il put mais l'odeur lui était très désagréable. Après tout, c'était de bonne guerre et le jeune homme se prit au jeu au lieu de lui en vouloir.

Pendant son instant d'inattention où il tenta tant bien que mal de reprendre ses esprits, elle s'était éloignée rapidement, à pas de loup, de l'autre côté du balcon. Il fallait trouver une riposte. Mais pas tout de suite. Il attendit patiemment et en silence qu'elle ait fini sa cigarette, en regardant fixement l'horizon neigeux. Puis lorsqu'elle la jeta par dessus la balustrade, il s'approcha à son tour en silence derrière elle.

Elle se retourna, et à son tour il la regarda dans les yeux. A son tour il voulait prendre le contrôle de la magnifique union de leurs deux regards. Sans la quitter des yeux, il lui prit doucement ses deux petites mains dans les siennes, et centimètre par centimètre, il effaça sadiquement l'horrible distance qui séparait leurs deux visages. Il effleura enfin les lèvres de Kim avec les siennes mais lui souffla dans l'oreille, d'un ton qui se voulait sarcastique :

« Oh, Kim. Quel dommage que cette fichue odeur de tabac émane avec autant de force de ta petite personne... »

Puis il recula son visage, aussi lentement qu'il l'avait approché quelques secondes plutôt, et lui lacha les mains. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle allait faire. Il n'avait qu'une seule certitude. Lui effleurer les lèvres sans l'embrasser avait été une torture bien pire que tous les paquets de cigarettes du monde fumés autour de lui.

Le silence était retombé sur le petit balcon du chalet. Aussi subitement et surprenant qu'une nappe de brouillard s'abattant sur une route. Dante avait cessé de parler et semblait avoir les yeux dans le vide, tandis que la demoiselle terminait nonchalamment d'entretenir son futur cancer des poumons, surveillant tout de même le garçon du coin de l'œil, une cigarette gâchée suffisant amplement à son budget. Cependant, elle n'en voulait pas au jeune homme, car c'était de bonne guerre. Un espèce de conflit mutuel qui alimentait leur amitié.

Ne désirant pas briser ce silence qui s'était installé, elle ne dit rien. D'ailleurs, même si elle n'avait pas tenu à préserver ce silence, elle n'aurait certainement pas prononcé un mot ; parler pour ne rien dire ne faisait pas partie des activités qu'elle jugeait intéressantes.
Une fois sa cigarette terminée, elle se débarrassa du mégot. Et c'est le moment que choisit Dante pour rompre le silence. Enfin rompre le silence n'est pas forcément le terme approprié, puisque c'est justement en silence qu'il attrapa les mains de la jeune fille. Surprise de ce contact auquel elle ne s'attendait pas, Kim releva la tête, et tomba dans le regard du garçon. Un beau regard soit dit en passant. Quelque chose qu'elle aimait bien chez lui d'ailleurs, cette capacité à manipuler les gens avec celui-ci, tout comme elle. Mais un manipulateur ne tombe pas dans ses propres pièges n'est-ce pas ? Aussi Kim afficha-t-elle un sourire, plutôt que de perdre ses moyens comme n'importe quelle fille l'aurait fait face au lycéen. Juste un sourire. Cet insupportable sourire en coin qui montrait qu'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait, malgré tout ce que l'on pourrait croire.

C'est pourquoi la demoiselle soutint le regard du jeune homme jusqu'au bout, ce sourire inlassablement accroché à ses lèvres. Et inexorablement, la distance entre eux diminuait. Et inexorablement, l'Alpha Psi vit arriver la vengeance de son ami. Laissant juste leurs lèvres s'effleurer, Dante prit ensuite le parti de s'éloigner lentement, très lentement, et de la narguer verbalement.
Grossière erreur.
La jeune fille laissa échapper un minuscule rire, et décida de reprendre le contrôle. Ne quittant toujours pas ses yeux du regard, elle fit un pas très lent vers lui, ce qui en plus de leur visage, rapprocha leurs deux corps. Désormais à quelques millimètres à peine du garçon, elle glissa doucement ses bras autour de sa nuque, prenant bien soin de laisser ses doigts effleurer la peau du jeune homme. Puis, tout aussi lentement qu'il l'avait fait lui auparavant, elle approcha son visage du sien. Proche. Très proche. De plus en plus proche...
Au dernier moment, elle fit bifurquer sa bouche vers l'oreille du garçon, ses lèvres l'effleurant à chaque mot chuchoté :

- En effet, quel dommage... Toi qui en mourrait d'envie...

Puis, aussi brusquement qu'elle lui avait soufflé la fumée au visage, mais non moins sensuellement, elle s'écarta. Après lui avoir laissé entrevoir un sourire espiègle, la jeune fille tourna le dos au lycéen, et tira la porte vitrée, avant de se faufiler à l'intérieur. Là, elle ne l'attendit pas, supposant qu'il finirait par la suivre - à moins de vouloir mourir d'hypothermie par simple fierté -, et se dirigea vers le canapé, dans lequel elle s'enfonça avec contentement, ses pieds encore chaussés appuyés sur la table basse disposée en face.

En fait, Dante ne mit pas très longtemps à comprendre ce que Kim allait faire pour lui rendre la pareille. Il lui suffit juste de la voir s’approcher de lui pour comprendre qu’elle ferait exactement la même chose. Il faudrait donc subir l’épreuve du faux baiser deux fois de suite. Cette fois, la manœuvre serait un peu plus corsée, l’adrénaline du premier toujours présente dans les veines du jeune homme. Il aurait pu la repousser avant même qu’elle ne puisse débuter son petit manège de garce, mais il attendit, immobile, comme une vulgaire statue sur une fontaine publique.

Figé, il la laissa approcher, il sentit ses bras se refermer sensuellement autour de son cou, il décompta chaque dixième de seconde, et chaque millimètre qu’elle effaçait lentement de son doux visage. Puis elle l’imita, banalement. Il aurait préféré quelque chose de plus original, plutôt qu’elle se contente juste de le copier. Pourtant, c’était réellement suffisant pour le rendre nerveux. Nervosité qu’il tenta de cacher, malgré les quelques mots provocateurs et la proximité.

Il ne sut jamais s’il avait réussi sa mission puisqu’elle ouvrit la porte vitrée qui donnait vers l’intérieur, et se faufila dans la pièce avant de la refermer derrière elle. Il hésita à la suivre, mais il fallait avouer qu’il n’avait pas trop le choix. Il n’y avait pas d’autres issues et s’il devait attendre qu’elle parte pour rentrer, il allait crever de froid. Elle aurait parfaitement été capable de s’attarder le plus longtemps possible pour l’embêter. Comme lui aurait été parfaitement capable de le faire dans la situation inverse, en réalité.

Il resta planté là quelques secondes et se décida à la suivre. Elle s’était affalée dans le canapé de la pièce, et avait grossièrement posé ses grosses chaussures encore pleines de neige sur la pauvre table basse. Comportement typiquement masculin, d’ailleurs. Dante avait pour habitude de remarquer des détails qui ne choquaient personne, et la situation le prouvait encore. Il ne savait pas trop quoi dire, ni trop quoi faire, mais la narguer restait une solution de secours assez appréciable. Dans un premier temps pour prouver qu’elle ne l’avait pas vaincu par ses petites frasques, puis pour tenter de la faire enrager, un de ses passe-temps favoris.

Il se dirigea de son pas nonchalant en face d’elle, et esquissa un sourire narquois. Puis, avec toute la condescendance du monde contemporain, il lui lança, lentement :

« Kim, tu m’étonneras toujours par ton incivilité. Te jeter de toute ta MASSE sur ce pauvre canapé qui, contrairement à moi, ne t’empêche même pas de te ruiner les poumons, ça me révolte. Tu n’as aucune pitié non plus pour cette pauvre table basse à qui tu imposes non seulement la présence de tes grosses chaussures tout à fait répugnantes, mais aussi de la neige glaciale qu’elles contiennent. »

Puis il s’assit sur le morceau de la table basse encore inoccupé, et, toujours avec le même sourire, continua :

« Tu es immonde, comme fille. Mais je te dis juste ça car je sais que tu le prendras comme un compliment… »

Un seul regard jeté furtivement du coin de l'œil vers le garçon permit à la jeune fille de voir à quel point il semblait déçu. Déçu de la "vengeance", du rebond de balle qu'elle lui avait offert. L'Alpha Psi sourit, satisfaite. Elle imaginait parfaitement ce que pouvait se dire le garçon. Il devait s'attendre à autre chose, tout simplement. Autre chose que ce que lui avait fait. Et c'était justement ce qui avait poussé Kim à ne presque rien changer. L'obliger à endurer une deuxième fois son action à double tranchant lui avait semblé tout à fait approprié. D'autant que le jeune homme avait désormais certainement la frustration de ne pas savoir ce qu'elle aurait pu faire autrement...

Comme elle s'y attendait, Dante l'avait suivie dans le salon - certainement un peu contraint. Elle lui jeta un regard amusé et sourit. Sourire qu'il affichait aussi, narquoisement. Comme d'habitude, aucun des deux ne voulait perdre face à l'autre. Ils avaient tous deux leurs convictions, et tous deux cherchaient, par tous les moyens possibles à convaincre l'autre de changer d'avis. Moyens parmi lesquels semblait figurer la séduction - arme favorite de la jeune fille. Aussi Dante ne perdit pas son temps. À peine arrivé dans le salon, en face d'elle, avait-il recommencé les remarques narquoises.

Le voyant s'assoir en face d'elle, sur la table, à quelques minuscules centimètres des ses pieds, exactement au moment où il lui reprochait, après un long monologue de reproches à ses yeux sans fondement, de les avoir posés sur la table chaussés, elle lui lança un regard amusé. Sans bouger du canapé - le tout fait juste avec ses pieds -, la jeune fille retira ses chaussures et les balança avec précision sur le garçon, le frappant au torse, l'une atterrissant à côté de lui sur la table, et l'autre tombant pile sur ses cuisses.

- Immonde, ça tu l'as dit !

Un sourire espiègle accroché à son visage, la jeune fille tira ses pieds vers elle, sur le canapé et se rassit en tailleur, un regard provocateur figé en direction de Dante.