Wynwood University
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 De grès ou de force [Lula] [Abandonné]

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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyMar 26 Fév 2013 - 10:01

Shin s’était assise aux côtés de Lula. Ce geste ne signifiait pas juste qu’elles allaient travailler ensembles. C’était bien plus. Oui, bien plus que ça.

- Très bien. On va essayer, avait-elle dit.

Oui, elle allait essayer, la brune aussi. Toutes les deux, main dans la main, elles allaient tout faire pour que ça fonctionne. Avait-elle fait le bon choix ? Certainement. Et puis, si ce n’était pas le cas, elle pouvait toujours rebrousser chemin. Si vraiment elles n’arrivaient pas à s’entendre, il leur suffisait d’arrêter. Elle était prête à faire des efforts, de gros efforts même, s’il le fallait, pour peu que Lula en fasse aussi. Peut-être même que toute cette histoire allait se révéler bénéfique pour elle ? Au contact d’autres personnes, elle allait forcément apprendre à s’ouvrir un peu plus. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais les gens changent.

La jeune fille demanda à Lula dans quelle confrérie elle était. A son plus grand étonnement, elle se mit à lui sourire. La Coréenne sourit à son tour. Ce n’était pas arrivé depuis le début de leur conversation. Du moins, pas un vrai sourire. C’était rare chez elle de ne pas avoir ce sourire enfantin collé au visage, comme une seconde peau. Voilà qu’elle retrouvait son habitude de presque toujours. Son sourire était cependant timide, hésitant. Et puis, Lula lui donna un coup d’épaule en lui faisant un clin d’œil. Là, Shin était totalement stupéfaite.

- Devine ! Qui penses-tu que je suis ? Hormis ma grande gueule qui aurait pu me placer direct chez les Sigma Mu ...

Les Sigma Mu ? Oui, ça aurait été possible. La jeune fille semblait avoir un sacré caractère. Elle ne suivait qu’elle-même, elle faisait ce qu’elle voulait. Tout le contraire de la petite Alpha Psi. Faisait-elle vraiment partie de cette confrérie ? Shin ne connaissait personne qui y était, ou peut-être juste de vue et de nom. Elle ne savait donc pas si c’était le cas ou non. Enfin, c’était possible. Mais si elle le disait comme ça, c’était que ce n’était pas le cas. Lula poursuivit bien vite en mimant celle qui s’occupe de ses cheveux.

- Une Êta Iota ?

Oh ça non ! Elle en était certaine, la brune n’était pas chez ces filles-là. Ce n’était pas son genre de passer son temps devant un miroir à se faire belle pour un mec qui changera toutes les semaines. Elle n’était pas habillée comme un sac, mais elle n’était pas non plus en chemisette et jupe courte. Enfin, vu la saison, ça aurait été un peu plus difficile, mais Miami était une ville chaude. Il ne faisait pas vraiment froid là-bas. Non, définitivement, Lula et Êta Iota ce n’était pas compatible, du peu qu’elle savait d’elle. La jeune fille reprit rapidement, s’attaquant à une autre confrérie.

- Puisque William Shakespeare a dit ‘Le fou se croit sage et le sage se reconnait fou’ suis-je une Khi Omikron ?

Droite comme un « i », l’adolescente fixait la Coréenne. Non, elle ne devait pas être chez les Khi Omikron. Autrement, elles n’auraient pas eu à travailler ensemble. Cette remarque mentale n’était pas méchante. Elle constatait juste. Elle non plus n’était pas chez les Khi, parce qu’ils constituaient l’élite des élèves, les plus doués. Elle connaissait Ethan qui en faisait partie, ainsi que Timothy. Après, elle ne connaissait pas le premier garçon plus que ça, malgré qu’elle l’ait croisé plusieurs fois dans le couloir. Elle lui disait bonjour, lui parlait rapidement, lui offrant toujours ses sourires dont elle avait le secret. Pour le second, elle le connaissait un peu plus, mais leur amitié n’était pas basée sur de longues discussions. Plutôt sur le silence. Le silence calme, serein, entre deux amis.
Au fur et à mesure de son énumération, Lula montait le ton de ses paroles. Shin ne s’en rendait pas compte, mais les gens autour d’elles pouvaient profiter de la conversation. La jeune fille se mit à sourire. Et puis, la brune continua sur sa lancée, évoquant les autres confréries. Là, la châtain riait presque, contente qu’elle fasse de l’humour. Elle faisait des efforts. A elle d’en faire aussi. Dans quelle confrérie pouvait-elle bien être ? Elle avait vu qu’elle dessinait, mais peut-être était-ce un passe-temps ? Pourtant, elle avait entendu parler de l’arrivée d’une nouvelle tête chez les Alpha Psi. D’habitude, par peur de se tromper, Shin aurait laissé Lula parler jusqu’à lui dire où elle était. Mais là, elle prit sur elle.

- Et les Alpha Psi ? Demanda-t-elle en souriant. Tu dessines, et très bien. Tu as des tâches de peinture un peu partout sur ton jean. Je parie que tu aimes l’art !

En fait, elle venait à peine de s’en apercevoir. Maintenant, elle en était presque certaine. Mais quelle idiote ! Comment avait-elle pu ne pas voir ? C’était évident ! La peinture, surtout.

- Ferais-tu partie des Alpha Psi ? Reprit Shin avec une voix enjouée.

Si c’était ça, elles étaient dans la même confrérie. Peut-être un moyen de mieux s’entendre ? Elles avaient des points en commun, c’était sûr. Quoi que l’adolescente n’avait jamais fait que du dessin. Finalement, elles n’étaient pas si différentes que ça. Les profs ne les avaient vraiment pas choisies au hasard. Loin de là. Ils avaient calculé leur coup. Ce ne pouvait que fonctionner.
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyVen 22 Fév 2013 - 17:50


De grès ou de Force.
Shin and Lula ㄨ Bibliothèque

Je m’assois sur le banc est attend un instant. Je ne regarde pas dans la direction de Shin. Pas besoin d’influencer sa décision en l’observant du coin de l’œil, ça pourrait la mettre encore plus mal à l’aise. Je sors mon portable de ma poche et répond à un sms reçu un peu plus tôt. Un de mes potes connus dans les rues de Little Haïti me propose de sortir ce soir. Quand j’entends par sortir, c’est aller dans les rues et faire des graffitis. Je décline son invitation. Déjà parce que je préfère ça seule. C’est mon art et j’aime être seule dans la rue, sans yeux derrière mon dos pour guetter l’arrivée des forces de police. Et puis j’ai promis à mon père… Je dois rester sage. Je dois rester à l’internat… Je sais très bien que je n’arriverai pas à tenir plus de deux semaines mais bon, ça me donne bonne conscience de résister encore un peu.
Alors que je range mon portable dans ma poche, un mouvement à côté de moi me fait pivoter la tête. « Très bien. On va essayer. » Essayer ? Mais non, on va y arriver ma vieille ! Pourquoi je suis si sûre de moi ? Aucune idée… En fait, j’ai envie de la prendre un peu sous mon aile. J’ai envie que cette collaboration fonctionne à merveille. Je suis même prête à faire des efforts, à tenter de prendre des initiatives pour lancer des conversations et paraître plus joyeuse. Je vais écouter tout ce qu’elle me dit et je ne penserai pas à autre chose pendant ce temps. Je ne dessinerai pas pendant qu’elle m’adresse la parole et je lui accorderai mon attention. Bon… Ça non plus je ne dis pas que ça va tenir tout le temps. Ça sera sans doute insurmontable au début, mon naturel reviendra au galop. Mais qui sait, peut-être que c’est elle qui me fallait. Peut-être que c’est de Shin que mon père parlait quand il me disait que je trouverai mon équilibre à Wynwood. Je place beaucoup d’espoir sur elle, alors j’espère que je ne saurais pas déçue. Ma mission ? Essayer de lui faire prendre des décisions par elle-même. Essayer de l’entendre dire non. Essayer de la faire sortir de sa coquille. Je ne sais pas si elle le veut, si elle le peut, si elle en a conscience… Mais je pense qu’elle ne serait pas venue s’asseoir à côté de moi si dans le fond elle n’a pas une petite idée sur la question. Je suis sûre que ça va fonctionner… Je l’espère… De toute façon, il faut toujours être positif !
« T’es dans quelle confrérie, en fait ? » J’essaye tant bien que mal de lui sourire. Elle lance la conversation ! C’est pas un sujet super intéressant mais c’est déjà ça ! Je lui donne un petit coup d’épaule et lui fait un clin d’œil. « Devine ! Qui penses-tu que je suis ? Hormis ma grande gueule qui aurait pu me placer direct chez les Sigma Mu...» Je m’amuse à remettre mes cheveux en place et fais un bisou dans le vent. « Une Eta Iota ? »
Je reprends mon sérieux, me met bien droite sur le banc et tout en pivotant la tête vers la jeune asiatique poursuit : « Puisque William Shakespeare a dit ‘Le fou se croit sage et le sage se reconnait fou’ suis-je une Khi Omikron ? »
Je continue mon énumération en faisant de grands gestes et sans me gêner à parler un peu fort. Je vois du coin de l’œil que deux étudiants nous observent. J’attire volontairement l’attention sur nous. Manière radicale ? Oui. Mais c’est en captant l’attention qu’on attire la lumière. C’est en brisant les règles que l’on brise nos chaines. Si Shin veut se libérer c’est en allant contre sa nature qu’elle y arrivera. C’est en criant des mots invraisemblables dans un parc qu’elle apprendra à s’aimer et à avoir confiance en elle.







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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyMer 20 Fév 2013 - 22:59

- Tu veux vraiment baisser les bras maintenant ? Parce qu’on n’est pas pareilles ? Parce qu’on a pas la même façon de penser ou la même vie ? Ta vie est unique, tu rencontreras pas ta copie conforme, hein ! Et c’est pas les gens qui pensent exactement comme toi qui te feront évoluer …

Baisser les bras ? Oui, c’était à peu près ça. Elle fuyait. Elle fuyait, parce que c’était trop douloureux. Pas uniquement parce qu’elles étaient différentes. Parce qu’elles l’étaient, elle ne pouvait pas le nier. Mais en même temps … Shin prit cette remarque comme un reproche. Et Lula avait raison. Elle ne rencontrerait personne comme elle –en même temps tant mieux. Aucun autre élève de Wynwood n’avait vécu ce qu’elle avait vécu, oui. Elle était différente. Trop sage, trop gentille, trop souriante, trop timide. Trop tout ! Mais pas assez d’autre chose. Lula représentait le contraire. Peut-être pouvaient-elles s’entendre ?
Quelque chose dans la tête de la jeune fille lui criait qu’il fallait qu’elle essai. Elle devait faire face, au moins une fois. Elle ne pouvait pas continuer à s’en aller au moindre problème. Elle en avait pourtant pris l’habitude. Mais maintenant, c’était fini ! Elle était dans un nouvel établissement, elle avait l’opportunité de commencer quelque chose de nouveau. Y arriverait-elle ?

- Je sais que je ne suis pas facile à vivre, encore plus à la première rencontre mais … J’aurais jamais imaginé de te dire … Reste. Franchement … Je pense qu’on peut aller loin ensemble.

Shin fut totalement surprise, désarçonnée. Elle lui demandait … de rester ? Lula ? C’était bien étonnant. Mais elle n’avait pas tort. En essayant, elles y arriveraient certainement. Mais il fallait essayer. Plus elle parlait, plus elle arrivait à convaincre Shin qu’elle devait rester. Mais était-ce ce qu’elle voulait ? Quoi qu’elle fasse, elle cédait. Soit à sa peur, soit aux profs. Que faire ? Elle hésitait, encore. De toute façon, elle hésitait toujours. Dans tout ce qu’elle faisait. Quand elle faisait quelque chose, quand elle discutait avec quelqu’un. Elle réfléchissait toujours à sa ligne de conduite, et du coup, hésitait. Elle se posait trop de questions, et elle n’avait pas assez de réponses.
Elle lui aurait bien répondu quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Et puis, Lula se remit à parler, tout en désignant un banc.

- Je vais aller m’asseoir sur un banc, là-bas. Fais ce que tu veux. Je pense que tu me connais assez pour savoir que je me fous de ce que tu décides. Mais … Si jamais par hasard tu as envie de t’asseoir toi aussi, mon banc aura assez de place pour deux.

Façon bien étrange de procéder, il fallait bien l’avouer. Mais Shin apprécia la liberté de choix que Lula lui laissa. Partit. Ou s’asseoir avec elle. Et rester. La jeune fille la regarda aller vers le banc pour s’y installer. Elle ne bougea pas, toujours en train de réfléchir. Vraiment, elle ne savait pas. Etait-elle vraiment prête à faire cet effort ? Il était probable que les deux jeunes filles ne s’entendent pas sur bien d’autres sujets. Et après ? Si elle revenait maintenant, ça voulait dire qu’elle était capable de surmonter ces désaccords, et Lula aussi. Pourtant, leur collaboration commençait assez mal. Un quart d’heure et elles s’échangeaient presque des reproches sur leurs vies.

Dans un premier temps, Shin recula d’un pas, commençant à faire demi-tours. Ça ne servait à rien. A chaque fois qu’elle avait essayé, elle n’avait pas réussi. Pas avec elle, mais avec d’autres. Elle ne voulait plus se faire du mal comme ça. Elle retira les mains de ses poches tandis qu’elle avançait lentement. Très lentement. En fixant ses mains, elle vit encore cette bague de fiançailles. Elle la narguait dans tout ce qu’elle faisait. Elle ne pouvait plus vivre ni respirer sans l’apercevoir en coin ou la sentir. A chaque instant, elle lui rappelait qu’elle était prise au piège et qu’il n’y avait aucune sortie de secours. Mais bon sang, elle devait réagir !
Alors la Coréenne refit demi-tour. D’un pas pressé, elle suivit le chemin de Lula. Elle s’assit à côté d’elle. Elle ne s’était pas comportée de cette manière depuis quelques années, elle était complètement déstabilisée.

- Très bien. On va essayer.

Elle espérait qu’elle n’aurait pas à le regretter. Ça lui était arrivé rarement, mais à chaque fois, ça avait été douloureux. En restant, elle gardait cet espoir qu’elle allait pouvoir aider Lula à s’en sortir. Qu’elle allait pouvoir s’en sortir elle-même. Peut-être était-ce bien, finalement ? Mais encore une fois, elles n’étaient pas là pour devenir les meilleures amies du monde. Elles devaient juste se parler, pour pouvoir travailler au mieux. La discussion avait viré à autre chose. C’était déboussolant.
Après un petit silence, elle était perdue dans ses pensées. Elle devait se reprendre en main. Elle ne devait plus se laisser faire, elle devait décider de sa vie toute seule. Elle allait commencer par parler avec son père, pour lui dire qu’elle trouvait son idée arbitraire et stupide. Oui, elle allait lui dire ce qu’elle pensait. Et s’il ne l’écoutait pas, elle se battrait. C’était juste que … en ce moment, il était totalement injoignable. Quoi qu’elle fasse, elle n’arrivait pas à l’avoir. Shin sortit de ses pensées et fixa Lula, à côté d’elle. Une question lui traversa la tête, question essentielle pour apprendre à connaître un minimum une personne.

- Tu es dans quelle confrérie, en fait ?

Elle changeait du tout au tout. Mais bon. C’était sa façon à elle de gérer l’émotion causée par cette discussion. Elle croisa les jambes d’un geste qui se voulait décontracté. Elle avait choisi de surmonter. Pour une fois dans sa vie, elle avait choisi de sa battre. Certes, ce n’était pas un combat très dur, mais c’était le premier depuis bien longtemps.
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyMer 20 Fév 2013 - 15:42


De grès ou de Force.
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J’aime le danger. J’aime me sentir à deux doigts du précipice, le cœur battant, l’adrénaline envahissant mon être. J’aime faire ce que l’on n’attend pas de moi. Et pourtant… Je déteste aller sur des terrains glissants comme celui-ci. Pourquoi ? Peut-être parce que je m’y sens beaucoup plus vulnérable. Cette façade de moi est habituellement cachée derrière l’armure que je me suis forgée. Mes faiblesses ne peuvent être vues de personne. Je sais que c’est mon point : ma famille, mes origines. J’ai dû mal à traverser un parc sans m’attarder aux jeux d’enfants. Ils sont là, surveillés par leurs mères, ils ne se doutent pas de la complexité de la vie. Ils sont heureux dans leur petit nid douillet, ils gassouillent, ils grandissent. Un jour ils sortiront du nid, ils battront des ailes et après quelques essais infructueux, ils parviendront à s’envoler. Parce que dans le fond ils y ont été habitués depuis leur naissance. Ils étaient alors prêts à le faire, ils avaient toutes les cartes en main. Pas moi… J’ai été lâchée trop jeune et trop vieille à la fois… C’était le mauvais moment. Mon corps changeait, je me posais des tas de questions, j’apprenais ce qu’était la vie etc… J’avais deux parents que j’aimais plus que tout. Je passais du temps en cuisine avec ma mère et je réclamais toujours des câlins à mon père. J’étais très proche de lui. C’était mon idole, mon dieu. Et puis tout a basculé durant ce fameux cours de biologie. Faire un arbre généalogique des groupes sanguins… J’avais fait toutes les recherches moi-même, j’avais présenté parfaitement. Je n’avais voulu rien montrer à mes parents pour ramener une semaine plus tard un projet abouti affublé d’un A+. Mais rien ne s’est passé comme prévu. La professeure m’a dit que je m’étais trompée. Que ce n’était pas possible. Mon groupe sanguin est rare, il ne correspond pas à ceux de mes parents. En rigolant elle a dit que j’avais dû être échangée à la naissance ou bien que mon petit cerveau de génie s’était trompé… Ce n’était pas possible. Les cartes de donneurs de sang de mes deux parents ne pouvaient être fausses. Mon carnet de santé ne pouvait être faux non plus…
Je n’en ai jamais parlé à mes parents. Pourquoi ? J’étais une petite fille assez curieuse et j’étais fan de Sherlock Holmes. Pour moi, ce mystère m’appartenait, j’étais la seule à pouvoir le résoudre. Alors j’ai mené ma petite enquête. Grâce à internet, il est possible de faire des tests de paternité sans avoir à aller dans un laboratoire et rendre des comptes. De l’argent, des cheveux et le tour est joué.

J’ai été trahie par les deux personnes que j’aimais. Ils ne se sont jamais posé la question, pour eux je ne devais pas le savoir. Pourtant, je ne leur en aurais pas voulu ! Si seulement ils avaient pris le temps d’en discuter avec moi, de m’expliquer pourquoi, de me donner des renseignements sur ma mère biologique. On aurait certainement eu une vie assez normale. Mais ils n’ont rien dit. Alors j’ai commencé à leur lancer des pics. Je leur en ai voulu. Chaque journée passée sans révélation était pire que la veille. J’ai commencé à m’enfermer dans ma chambre. Puis tout est allé de mal en pis. J’ai fait le mur, j’ai passé des nuits à boire, j’ai envoyé des cailloux sur des flics, j’ai volé. J’ai crié ma rage de toutes les façons possibles. Ça me faisait du bien sur le moment mais comme avec la drogue, il m’en fallait toujours plus. Quand je voyais que mes parents restaient les bras ballants, je devenais encore plus folle.

Alors je sais que ce n’est pas nécessairement la bonne façon d’agir. J’aurais dû me poser sur le canapé du salon et leur poser la question, droit dans les yeux. Ça aurait été la manière la plus simple, la plus mature. Mais je sais pas… J’ai jamais osé… J’ai toujours eu peur de voir leurs regards changés… Parce que prononcer ses mots en face d’eux, c’était avoué cette réalité inacceptable. Je ne suis personne. Je n’ai pas d’identité. Ce n’est pas pour rien que tout le monde m’appelle pour mon surnom…
Mes yeux pivotent vers Shin. Elle a raison, des parents aiment toujours leurs enfants. Ils le montrent simplement d’une manière différente. Mais considérant que ma mère biologique a préféré me laisser dans les bras d’inconnus… M’aime-t-elle ? Sait-elle comment je m’appelle ? A-t-elle regretté de m’avoir abandonné ? Me cherche-t-elle ? A-t-elle une vie heureuse ?

« Laisse tomber, Lula. Perler de ça ne nous aidera pas. Tu as tes convictions, j’ai les miennes. Tu as ta vie, j’ai la mienne. Elles sont trop différentes pour qu’on puisse s’entendre ne serait-ce qu’une heure. Demain… Demain, j’irais voir ma prof pour le lui dire.» Je la vois ralentir. Ses mots ont résonné en moi comme une violente gifle. Je continue d’avancer avant de remarquer que je suis seule, avant de percuter qu’elle a vraiment décidé de tout abandonner. Je pivote pour lui faire face. Je l’observe un instant. J’ouvre la bouche sans savoir quoi dire.

Quoi ? Quoi ?! Elle veut vraiment tout abandonner ? Elle veut vraiment partir comme ça et dire à sa prof que nous n’étions simplement pas compatibles. Elle se retrouvera avec quelqu’un d’autre mieux que moi, plus gentil que moi, plus discret. Et je gueulerai, on me laissera abandonner le programme sur quoi je recevrais un coup de téléphone de mon père me demandant d’être plus docile.
Oui, je ne voulais pas de ça. Oui je lui ai dit clairement que je ne sympathiserai pas avec elle, je lui ai montré mes crocs dès le début. Mais c’est comme ça avec moi, faut parvenir à percer un petit trou dans ma coquille et on finit par m’adoucir. Cette fille… Shin… Je lui ai dit des choses que je n’avais encore jamais livré. Nous sommes certes différentes mais nous nous complétons à merveille. J’ai envie de m’accrocher à elle car je sais qu’elle peut parvenir à me calmer. Elle, son petit air d’asiatique gentil… C’est vrai avec leurs regards on dirait qu’ils rigolent tout le temps ! Et je sais que j’arriverai à la débrider un peu. Elle ne peut pas partir comme ça ! Pas maintenant…
« Tu veux vraiment baisser les bras maintenant ? Parce qu’on n’est pas pareilles ? Parce qu’on a pas la même façon de penser ou la même vie ? Ta vie est unique, tu rencontreras pas ta copie conforme, hein ! Et c’est pas les gens qui pensent exactement comme toi qui te feront évoluer…» Il faut s’ouvrir au monde. Il faut parler aux inconnus, regarder autour de soi, contempler ce que la nature nous a donné. Il ne faut pas rester sur ses acquis. La vie sans challenge ne rime à rien ! « Je sais que je ne suis pas facile à vivre, encore plus à la première rencontre mais… J’aurais jamais imaginé de te dire… Reste. Franchement… Je pense qu’on peut aller loin ensemble. » Dans le fond, si elle part, elle dira son premier « non ». Elle prendra sa propre décision. Ce n’est pas plus mal. Mais parallèlement, elle acceptera l’échec. Elle lâchera les armes face à un combat trop difficile selon elle.

« Je vais aller m’asseoir sur un banc, là-bas. Fais ce que tu veux. Je pense que tu me connais assez pour savoir que je me fous de ce que tu décides. Mais… Si jamais par hasard tu as envie de t’asseoir toi aussi, mon banc aura assez de place pour deux. » Ce qui est dit et dit. Maintenant c’est à elle de jouer, à elle de prendre sa propre décision. Je lui tourne le dos pour prendre chemin vers le banc que j’avais désigné.






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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyMer 20 Fév 2013 - 12:40

Aux dernières paroles de Shin, Lula ralentit. La jeune fille s’en rendit compte immédiatement et la vit qui la fixait, pour enfin regarder ailleurs. Alors, sa remarque avait fait mouche ? Les deux jeunes filles avançaient toujours vers le parc tandis que le silence s’installait. Allait-elle lui répondre ? Un instant, la petite châtain en douta. Lula n’était pas du genre à raconter sa vie, elle l’avait déjà deviné. Mais elle non plus. Elle ne parlait pas de ce qui lui était personnel à ceux qu’elle ne connaissait pas. Pourtant … Pourtant, Lula l’avait un peu poussée dans ses retranchements. Mais contre toute attente, la brune lui répond.

- En fait … Non mes parents ne m’ont jamais rien imposé. Ils m’ont toujours tout laissé faire. Alors j’en faisais toujours plus. Je voulais tester leur autorité … Je voulais qu’ils me recadrent … Parce que dans le fond ça m’aurait prouvé qu’ils m’aimaient vraiment.

Le silence retomba. La jeune fille à côté d’elle secoua la tête. Comme si elle se souvenait de quelque chose. Elle avait vraiment touché une corde sensible. Mais après tout, c’était elle qui avait lancé le sujet. Shin n’en aurait jamais parlé d’elle-même. C’était donc un juste retour des choses. Elle tenta de comprendre tout ce qu’impliquait ce que Lula lui avait révélé. Mais ça ne servait pas à grand-chose. Elle ne la connaissait pas plus que ça, elle ne savait pas le contexte de ce qu’elle lui disait. Elle avait tout fait ? Sans que ses parents ne l’en empêche, ne la punissent. Elles étaient l’opposé l’une de l’autre. Vraiment. Elle s’en était déjà rendu compte, mais là, elle mesurait le fossé qui les séparait.
Après un autre silence, court, Lula reprit la parole.

- Tu crois vraiment que je ne suis jamais passée par un truc désagréable en espérant que le meilleur est à venir ? Le meilleur ne vient jamais. Il y a toujours quelque chose pour te décevoir, pour te briser, te ridiculiser, ruiner tes plans, ta vie, ton avenir… Et quand ce n’est pas quelqu’un que tu aimes, ce sont tes propres actions. Alors oui, je suis mes envies tout en sachant que je gâche ma vie. Mais dans le fond, ce n’est pas ça mon envie principale ? Gâcher ma vie avant tout …

Shin comprit un peu mieux son point de vue. Elles ne voyaient pas la vie de la même manière. Elles n’avaient certainement pas vécu les mêmes choses. Lula pensait-elle vraiment ce qu’elle disait ? Pensait-elle vraiment qu’il n’y avait pas de meilleur, que personne ne pouvait le lui apporter ? La petite asiatique avait beau être timide, dans sa tête, les gens avaient forcément un bon côté. Un côté refoulé pour beaucoup, certes, mais qui, parfois, pouvait refaire surface. Et là, l’adolescente en face d’elle lui affirmait le contraire. Oui, les gens gâchaient toujours tout. Elle-même elle avait gâché des moments de sa vie à cause d’actes qu’elle regrettait. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait les moments d’amitié, les moments de pardon. Les moments d’humanité. Shin n’eut pas le temps de répondre que Lula ajouta une dernière remarque à son discours.

- Bienvenue dans l’univers tordu de Lula Barnes !

La jeune fille l’observa en coin. Elles avançaient toujours. Lula avait étendu ses bras, levant son visage vers le ciel. Jamais elle n’aurait pu la faire parler d’elle ainsi. A croire qu’elle aussi avait explosé, fatiguée de ne rien dire. Shin regrettait un peu de s’être emportée. Ce n’était pas dans sa nature, et elle n’aimait pas pousser les gens à faire ce qu’ils ne voulaient pas faire. Mais là … Ca avait été plus fort qu’elle, elle n’avait pas su se maîtriser. Elle prit une grande inspiration pour dire ce qu’elle pensait. Mais qu’est-ce qu’elle pensait ? Pas grand-chose. Elle ne voyait que la vie qu’elle avait ratée, et qu’elle s’entêtait à gâcher elle aussi. Différentes, mais finalement pas tant que ça. Elles avaient aussi des points communs.

- Les parents aiment toujours leurs enfants, c’est pour ça qu’ils font des erreurs avec eux. Les tiens ne t’ont pas fixé de limites, les miens m’ont étouffée avec ! Et maintenant ?!

Non, ça ne servait à rien de continuer. Tout se mélangeait dans sa tête, et elle savait que son discours à elle était ridicule. Qu’était-elle sur le point de dire ? Elle ne le savait même plus. L’avait-elle déjà su ? Elle aurait voulu crier qu’il fallait se battre, qu’elle ne l’avait pas fait jusqu’à présent. Mais s’effacer face aux avis des autres était un choix, et plus vraiment une contrainte. Peut-être une peur, mais on peut toujours dépasser nos peur. Lula, elle, avait dû se battre étant plus jeune pour gagner l’attention de ses parents. Avait-elle mené le combat au bon endroit ? Shin retint ses larmes. Ça lui faisait mal d’être confrontée à sa vie comme ça.

- Laisse tomber, Lula. Parler de ça ne nous aidera pas. Tu as tes convictions, j’ai les miennes. Tu as ta vie, j’ai la mienne. Elles sont trop différentes pour qu’on puisse s’entendre ne serait-ce qu’une heure. Demain … Demain, j’irai voir ma prof pour le lui dire.

Elle se défilait, elle en avait conscience. Elle le savait. Elle en avait honte. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. En fait, non : elle ne voulait pas faire autrement. Elle ne voulait pas en dire plus, elle savait qu’elle avait tort. Elle, elle était une marionnette dans la vie des gens qui l’entouraient. La bague à son doigt l’attestait. Lula suivait ses envies. Et pourtant, toutes deux payaient les frais de leurs choix. Mais toutes deux sur des chemins différents. Shin s’arrêta de marcher. Elles étaient arrivées devant le parc.
Ce jour-là, elle ne se reconnaissait plus.



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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyLun 18 Fév 2013 - 22:07


De grès ou de Force.
Shin and Lula ㄨ Bibliothèque

Je sens un changement de rythme dans la marche de ma camarade. Elle disparaît derrière mon épaule avant d’avancer jusqu’à mon niveau. Je ne dis rien, je continue mon chemin l’air de rien. Et puis si je ne l’avais pas vu revenir si rapidement, je me serais peut-être retournée pour voir ce qu’il se passait. Mais je savais que ça ne se passerait pas ainsi. Shin serait revenue obligatoirement, pour rajouter au moins un mot, une excuse.
Lorsqu’elle revient à mon niveau, elle me répond. Elle m’annonce que c’est ça famille qui a joué un jeu dans son arrivée à Miami. Je me demande bien où elle pouvait habiter avant d’aménager ici. J’écoute tout ce qu’elle dit. L’air de rien j’enregistre tous les détails. Pourquoi ? Parce qu’il y a quelque chose chez Shin qui attise ma curiosité. J’ai envie de la secouer, de la réveiller et aussi de lui épargner des désillusions. Parce qu’elle semble si douce, si gentille, si innocente, si naïve... J’ai peur qu’elle se fasse avoir un jour. Le monde est cruel. Ici-bas c’est chacun pour soi ! Œil pour œil, dent pour dent. Il n’y a pas de place pour des valeurs telles que l’entraide, la solidarité, la gentillesse, l’amour d’autrui, le partage… Nous sommes tous dans la même galère mais c’est seul que nous combattons pour notre vie. Car nous n’en avons qu’une et elle ne peut pas se partager. Notre naissance, notre mort, nos actes… Ils n’appartiennent qu’à nous et ne peuvent pas être la propriété d’autrui. Alors oui, on peut croire le contraire, on peut croire en l’âme humaine et lui faire confiance. Mais c’est se laisser aveugler face à la triste réalité. Tout le monde ment, trahit, détruit, brûle, blesse… L’Homme n’est pas une création parfaite. Nous sommes faits pour faire le mal. Et ce sont les plus faibles qui se retrouvent les premiers touchés. Ce sont ceux qui croient encore à un avenir prometteur qui se font désabusés…

Shin a également reçu une bourse. Je comprends bien pourquoi les professeurs tenaient à ce que l’on lie un binôme d’entraide. Dans le fond on est complémentaires et nous avons quelques points communs. Je pense qu’ils ont deviné que moi et un fils de bourge ça n’aurait pas collé…« … Parfois on est amené à faire des choix qui ne nous plaisent pas forcément, mais crois-moi, je ne regrette plus d’être ici. » Je la sens honnête sur ce coup là. Pas dans le sens où elle aurait pu me mentir et raconter des bobards… C’est plutôt que j’ai l’impression qu’elle pense sincèrement ce qu’elle dit, du plus profond d’elle-même. J’ai lancé une conversation bien plus intéressante que prévu. J’en apprends soudainement plus sur cette jeune fille. Elle semble avoir trouvé sa place dans ce lycée. Peut-être a-t-elle rencontré les bonnes personnes. Mais comment peut-elle être sûre de son coup ?
L’asiatique continue en me donnant des détails sur son arrivée dans la ville. Des problèmes financiers ? Vraiment ? Si on m’avait dit que j’aurais rencontré des personnes dans ce genre de situation à Wynwood, je ne l’aurais jamais cru ! Évidemment, il y a ici des boursiers. Mais il ne faut pas se voiler la face, nous ne sommes pas majoritaire ! Quand elle finit sa phrase pas « si tu veux tout savoir » j’ai envie de la couper pour lui dire que je ne suis pas le genre de personne qui cherche à tout savoir. Pourtant je retiens ce commentaire. En fait, je me moque de savoir si c’est à cause de telle ou telle chose qu’elle est ici. C’était plus le pourquoi qui m’intéressait. Apprendre des détails sur sa famille… Disons que c’est un petit bonus. Ça m’aide à en savoir plus sur sa personnalité. J’espère simplement qu’elle ne s’attend pas à ce que j’en fasse autant en retour. Je ne lui ai pas demandé de me livrer tout ce qu’elle a sur le cœur !

« Et toi, tes parents ne t’ont jamais rien imposé ? Tu ne t’es jamais dit qu’il fallait passer par quelque chose de moins agréable pour arriver à quelque chose de plus agréable ? Ou tu suis toujours tes envies, même si tu sais que tu gâches ta vie ?!» C’est à mon tour de ralentir le rythme. Ma tête pivote vers la sienne et je l’observe un instant avant d’aller fixer l’horizon. Je descends les marches du lycée et continue mon chemin vers l’herbe du parc. Un silence s’installe doucement.
Elle a touché là où ça fait mal. Derrière ses petits airs d’ange pur et naïf, elle est une redoutable observatrice. Comment a-t-elle pu comprendre tout ça. Je n’en pas jamais à personne. Disons que c’est mon jardin secret. Surtout que je ne suis pas le genre de personne à se confier à une inconnue rencontrée 15 minutes plus tôt. Mais je me sens obligée de lui répondre. Parce qu’elle a touché pile là où ça fait mal. Parce que je ne veux pas me laisser abattre par cette petite asiatique. Parce que je suis plus forte que tout ça. « En fait… Non mes parents ne m’ont jamais rien imposé. Ils m’ont toujours tout laissé faire. Alors j’en faisais toujours plus. Je voulais tester leur autorité… Je voulais qu’ils me recadrent… Parce que dans le fond ça m’aurait prouvé qu’ils m’aimaient vraiment. » Je secoue la tête. J’ai fait le mur, j’ai consommé de l’alcool très jeune, j’ai testé pas mal de drogue, j’ai trainé dans les quartiers les plus sensibles de la ville, j’ai séché les cours, j’ai tagué sur des murs et me suis faite arrêtée par la police, j’ai dansé dans un club où les filles ne sont pas des bonnes sœurs… J’ai tout fait. Je montais d’un cran à chaque fois. Pourtant… Jamais. Non, jamais ils ne m’ont engueulé. Alors oui il y avait quelques menaces. Pourtant rien… Je voulais juste qu’ils jouent leur rôle de parents. Mais ils ne l’ont jamais fait… Ce qui prouve bien qu’ils ne m’ont jamais considéré comme leur fille. Je suis adoptée. Ils n’ont jamais été foutu de me l’avouer ! Tout ce que je réclamais c’était un peu d’amour et d’attention. Pour eux, c’était une crise de l’adolescence un peu plus difficile que les autres. Moi, je voulais juste qu’ils me remarquent, qu’ils comprennent. A douze ans j’ai découvert que j’ai été abandonnée par ma mère. Elle ne voulait pas de moi. Et mes parents adoptifs, ils ont fait quoi ? Rien. Même pas un geste, pas un mot… Je ne suis personne. Personne ne tient à moi.

« Tu crois vraiment que je ne suis jamais passée par un truc désagréable en espérant que le meilleur est à venir ? Le meilleur ne vient jamais. Il y a toujours quelque chose pour te décevoir, pour te briser, te ridiculiser, ruiner tes plans, ta vie, ton avenir… Et quand ce n’est pas quelqu’un que tu aimes, ce sont tes propres actions. Alors oui, je suis mes envies tout en sachant que je gâche ma vie. Mais dans le fond, ce n’est pas ça mon envie principale ? Gâcher ma vie avant tout…» Je m’arrête et laisse mes paroles en suspens un instant. Vu tout ce que je viens de déballer, Shin aura le droit de tirer toutes les conclusions hâtives qu’elle souhaite. Tant pis… J’ai dit ce que je ne voulais pas dire. Je me suis lancée dans le pire des sujets. Mais il fallait que je réponde. Je ne pouvais pas laisser ça en plan…

Pour détendre l’atmosphère je conclue en disant : « Bienvenue dans l’univers tordu de Lula Barnes ! » Mes bras s’ouvrent en grand et je clame cette phrase tout en levant ma tête vers le ciel. Trop de sérieux, tue le sérieux. Je joue les petites comiques pour me sortir de cette situation gênante. Je préfère m’éloigner rapidement du sujet. J’ai montré mes faiblesses à cette demoiselle sans le vouloir. Autant reprendre mes esprits au plus vite.





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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 17 Fév 2013 - 17:02

- On a qu’à faire un tour dans le parc, on trouvera bien un banc ou une table à laquelle s’asseoir. D’accord ?

Lula dépassa Shin, se dirigeant vers la sortie. Elle, elle savait ce qu’elle voulait. Enfin, Shin aussi savait ce qu’elle voulait. Elle ne voulait juste pas la même chose que les autres. Et ça commençait à devenir problématique. La jeune fille la suivie du regard avant de lui emboîter le pas sans dire un mot. Plus le temps passait, plus elle comprenait qu’elle ennuyait Lula. Elles avaient des caractères vraiment différents, et la brune ne semblait pas vraiment comprendre que si elle agissait ainsi, ce n’était pas de sa faute. Elle ne l’avait pas dit, certes, mais l’asiatique le voyait à sa manière d’agir avec elle.
Mais quoi ? Elle avait été élevée comme ça ! Et puis, c’était dans sa nature d’être gentille, même si elle était timide. Lula, elle, était solitaire. Elle le sentait. Elle n’aimait pas les gens. Peut-être était-ce les gens qui ne l’aimaient pas ? Et malgré tout, elle était intriguée. Elle avait envie de l’aider à s’ouvrir aux autres. Mais elle savait que ce n’était même pas la peine d’essayer. Et zut, ça ne la concernait même pas. Son rôle ici, c’était de l’aider dans ses cours, et de se faire aider en retour. Rien de plus. Faire connaissance, si elle voulait. Mais c’était tout.

- Alors comme ça t’es nouvelle ici … Moi aussi. Je suis arrivée il y a une semaine. C’est mon lycée de la dernière chance, j’ai été virée de l’ancien et … Enfin voilà quoi, il faut parfois essayer de se faire une place même aux endroits les plus improbables. Wynwood … Jamais je n’aurais imaginé que j’aurais pu être une des élèves de ce lycée de bourges … Au fait, tu y là pourquoi ? Tes parents ont décidé pour toi ou … ?

La petite châtain emmagasina les informations une à une. Lula aussi n’était pas là depuis très longtemps. Après tout, elle aurait pu le deviner toute seule. Le lycée de la dernière chance ? Est-ce que ça irait mieux ici ? Wynwood semblait, en apparence, être un établissement assez strict. Mais en réalité, il ne l’était pas autant qu’elle l’aurait pensé. Alors oui, peut-être que c’était là la dernière chance de la jeune fille. Il lui restait à la saisir, et c’était parfois ce qui s’avérait le plus difficile. Elles avaient toutes deux débouché sur l’extérieur, à proximité du parc. Shin ne s’y était jamais arrêtée, y passant seulement. Elle prit quelques secondes pour le détailler avant que la seconde partie de la tirade de Lula ne l’atteigne comme une onde de choc. Ses parents … Non, pour une fois, elle n’avait pas tant subit la décision. Elle comprenait. Et puis, où qu’elle aille, s’il y avait du monde, elle n’était pas à l’aise. Alors Wynwood ou ailleurs …
Shin s’était arrêtée net. Et puis, elle s’avança de nouveau, pour arriver au niveau de Lula. Elle allait lui répondre sincèrement, sans se dégonfler. Sans bégayer, ni rougir, ni avoir honte de ce qu’elle pensait. Elle savait qu’elle pouvait le faire.

- Miami est également notre dernière chance, à ma famille et à moi. Quant à Wynwood … Nous avons simplement choisi le lycée le plus approprié à mes études. Et celui qui nous coûterait le moins cher, sachant que j’ai décroché une bourse. Si c’est ce que tu sous-entendais, mes parents ne m’ont pas imposé ma présence ici, ou pas comme tu le penses. Parfois, on est amené à faire des choix qui ne nous plaisent pas forcément, mais crois-moi, je ne regrette plus d’être ici.

Ça lui venait du cœur. Pourquoi parlait-elle de ce qu’elle ressentait ? Pourquoi ne regrettait-elle « plus » d’avoir atterri à Wynwood ? Elle n’avait pas la réponse à toutes ses questions. Au départ, elle se sentait mal. Elle s’était sentie mal avant son départ, durant le trajet, dans son petit logement de substitution. Et puis … Et puis, elle avait rencontré des gens. Elle avait même revu de vieux amis, comme Jared. Son souvenir la fit sourire. Certes, elle se retrouvée coincée, fiancée à cet ami d’enfance. Mais ils allaient trouver une solution, elle en était sûre.

- Sinon, je suis arrivée ici il y a près de deux semaines, pendant les vacances de Noël. C’est un problème financier qui nous a poussés à changer de ville, si tu veux tout savoir. Et toi, tes parents ne t’ont jamais rien imposé ? Tu ne t’es jamais dit qu’il fallait passer par quelque chose de moins agréable pour arriver à quelque chose de plus agréable ? Ou tu suis toujours tes envies, même si tu sais que tu gâches ta vie ?!

C’était dit. Et regretté presque aussitôt. Elle s’étonnait elle-même. Elle n’avait plu été directe dans ses paroles depuis … Depuis très longtemps. Mais ça lui fit du bien. Elle n’avait pas à craindre des représailles, parce que Lula l’avait lancée sur ce terrain-là. Si la jeune fille n’était pas contente, elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même. En quelques secondes, elle était passée des remords à la satisfaction. Elle respira l’air du parc. C’était vrai que l’extérieur était quand même plus agréable que l’intérieur. Elle avait un nez assez fin, et les odeurs de peinture, de papier, de tout ce qui se trouvait dans les couloirs et les salles de classes arrivaient parfois à lui donner le tournis. Là, elle avait juste mal au crâne, et la douleur se calmait déjà peu à peu. Ce n’était qu’une migraine passagère. La jeune fille mit ses mains dans ses poches, afin de les protéger un minimum. Qu’allait lui répondre Lula ?
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptySam 16 Fév 2013 - 23:37


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La jeune asiatique approuve mon idée et accepte que l’on sorte de ce maudit endroit. Elle me lance l’excuse de la migraine. L’odeur des livres donne mal au crâne ? Je ne savais pas. J’ai l’impression d’être l’un de ces mecs trompés par leurs nanas car celles-ci prétendent avoir mal à la tête et ne pas être dans de bonnes conditions pour un câlin. Quelle blague ! Mais bon… Je ne vais pas me plaindre, au moins Shin accepte de sortir. Elle ne reste pas bloquée sur sa chaise à me dire qu’elle ne bougera pas tant que nous ne travaillons pas un minimum. Au pire, ça change quoi ? Soit je sors avec elle et on respire l’air pollué de Miami ou bien je me retrouve seule et peut vaquer à mes occupations tandis qu’elle culpabilise. Je ne suis pas la pire dans l’histoire… Je ne suis pas celle à plaindre. Non, je suis la méchante qui ne pense qu’à elle avant tout. Et alors ? Qui d’autre pensera à mon bonheur si je ne le fais pas avant tout ? Je suis seule sur cette foutue planète. Personne ne s’intéresse à moi pour ce que je suis. J’avoue, je ne fais rien pour aider, mais quand même ! Je suis seule et tant mieux. Comme ça, je ne serais jamais déçue. Je savais à l’avance que cette idée de nos professeurs allait être un désastre. Je ne me suis pas faite d’illusions. Shin quant à elle… Elle a dû rêvasser, comme toutes les adolescentes de notre âge. Elle s’est imaginé comme dans l’un des clips des chansons de Taylor Swift. Elle va à la bibliothèque, rigole avec une inconnue et finit par une bataille de polochon en criant que nous sommes les meilleures amies du monde. Mais que dalle ! Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Ce n’est pas en un claquement de doigts que la magie opère. Personne n’a le droit d’atteindre mon cœur. Je n’approche personne. Je ne souris à personne. Je ne rigole avec personne. Je ne suis hypocrite avec personne. Comme ça, c’est beaucoup plus simple ! Il n’y a jamais de complications !

Je récupère alors mon sac et suit l’autre demoiselle vers la sortie. Je l’observe de dos. Les démarches peuvent parfois en dire long sur les personnes. La tête vers le ciel, les yeux rivés au sol, les mains dans les poches, le regard au loin ; tous ces signes peuvent révéler une personnalité. Mais je dois avouer que malgré mes talents d’observatrices, je n’arrive pas à tout deviner. Et puis, je n’ai pas vraiment besoin de m’acharner sur Shin pour comprendre qui elle est. Son être entier transpire la gentillesse, la naïveté, la pureté et l’incrédulité.
Je la rejoins alors qu’elle fait une pause. C’est alors qu’elle me demande où je souhaite aller. Quoi ? Elle veut que je décide pour nous deux ? Comme c’est étrange ! Je n’aurais jamais cru possible que cette asiatique soit incapable de prendre des décisions par elle-même. Ça m’agace. J’ai envie de la secouer, de lui crier d’être une femme et d’arrêter de subir les autres sans rien dire. Parfois, il est bon d’hausser le ton. Parfois c’est même très bien d’imposer ses idées. On apprend à argumenter, à tenir tête, à attirer l’attention, à convaincre un auditoire. Comment fera-t-elle plus tard ? Elle aura bien un petit job dans une entreprise. Comment peut-elle convaincre un patron de l’embaucher ? Elle lui dira « non mais faites comme vous voulez… Vous n’êtes pas obligé de me prendre… » Et quand elle voudra une augmentation ? Elle restera toujours simple secrétaire sous les ordres d’un patron maniacodépressif voilà tout. Ou bien choisira-t-elle la voie que lui ont réservé ses parents. Un mariage dans les pures traditions et une vie de femme au foyer bien rangée. Elle s’occupera des enfants et quand son chéri rentrera à la maison elle lui obéira au doigt et à l’œil. Il veut sortir avec ses copains ce soir, très bien. Il veut faire l’amour tout de suite alors qu’elle est fatiguée, très bien. Il veut partir à la montagne plutôt qu’à la mer, très bien. Il décide de la tromper avec sa secrétaire, très bien. Il la quitte pour une fille de 20 ans de moins, très bien. Non mais merde quoi ! J’ai envie de lui cracher au visage, de lui foutre une gifle, de lui crier dessus. Réveille-toi ma vieille ! Je t’en supplie ! Il en va de l’honneur de toutes les femmes de cette planète ! Ne rentre pas dans le moule que l’on t’a construit dès ton enfance. Créé-en toi un de toute pièce ! N’attends pas que l’on te donne des ordres pour agir. Il n’y a que toi et toi seule qui peut décider de ton avenir, pas les autres.

« On a qu’à faire un tour dans le parc, on trouvera bien un banc ou une table à laquelle s’asseoir. D’accord ? » Je la regarde. J’aimerais bien lui offrir un gentil sourire tout mignon, tout doux, tout compatissant. Sauf que je ne souris pas. Je n’aime pas ça. Je ne connais pas ça. Je commence à marcher pour aller vers la sortie du bâtiment. Je ne le connais pas, mais j’ai quelques repères. Les portes se ressemblent toutes et pourtant mon œil d’artiste arrive à trouver des différences. Je suis comme attirée par le soleil rayonnant de l’extérieur. Le bruit du vent dans le parc m’appelle. Je n’ai qu’une envie, sortir de ce lycée. « Bon… » Faut bien commencer par quelque chose. Je sais que ce n’est pas Shin qui va se lancer d’elle-même dans un grand discours personnel. Moi non plus d’ailleurs… « Alors comme ça t’es nouvelle ici… Moi aussi. Je suis arrivée il y a une semaine. C’est mon lycée de la dernière chance, j’ai été virée de l’ancien et… Enfin voilà quoi, il faut parfois essayer de se faire une place même aux endroits les plus improbables. Wynwood… Jamais je n’aurais imaginé que j’aurais pu être une des élèves de ce lycée de bourges… Au fait, tu y là pourquoi ? Tes parents ont décidé pour toi ou… ?» Bon et bien voilà, le sujet est lancé. Il ne reste plus qu’à voir si ça va coller. J’ai de sérieux doutes mais bon il faut bien tenter quelques choses. Déjà qu’elle est mal dans sa peau, je ne vais pas enfoncer le clou. Je sais que je suis méchante mais bon… Il faut bien que je fasse une BA de temps à autre.





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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 10 Fév 2013 - 16:08

- Attends, je vais t’écrire mon numéro de téléphone … Et puis … On a qu’à sortir et parler un peu ? Non parce que …

A l’observer, Shin voyait bien qu’elle n’était pas à l’aise dans cette bibliothèque. La jeune fille comprenait. Elle, elle se sentait mal quand elle était entourée de monde qu’elle ne connaissait pas. Par contre, les bibliothèques, pas de problème. Le calme régnait, en général, et elle n’avait plus à craindre les regards des autres. On venait ici pour travailler, faire des recherches, lire, écrire. Mais pas pour épier, juger les autres. Du moins, elle le voyait comme ça. Il y avait de nombreux autres endroits pour faire des rencontres, des amis, ou des ennemis. Ici, au milieu des livres, elle était confinée, rassurée. Elle se sentait bien, elle se sentait protégée. Ce qui l’entourait représentait la connaissance, parfois la sagesse. Quand elle posait le regard sur ces livres qui n’attendaient que d’être lus. Elle avait cet étrange sentiment qu’ils savaient beaucoup de chose. Si elle ne partageait pas l’aversion de Lula pour l’endroit, elle comprenait. Chacun ses préférences.
La jeune asiatique la regarda griffonner son numéro sur la feuille où elle avait commencé à dessiner. Encore une fois, ce regard lui sembla familier. Mais pourquoi ? A qui était-il ? Un élève ? Une personne connue ? Elle n’était pas assez près pour le voir, et elle le voyait à l’envers. Elle aussi aurait bien esquissé quelque chose, mais elle n’en avait pas le temps. Ni le modèle. Et puis, pas là, pas maintenant, pas devant quelqu’un. Shin suivit le regard de Lula. Elle ne semblait vraiment pas très à bien. Elle sourit gentiment, et observa la feuille que Lula lui tendait. Elle prit le numéro de téléphone en note sur la feuille qu’elle avait déjà utilisée. Elle le rentrerait dans son portable plus tard.

Encore une fois, la jeune fille fut frappée par la beauté de l’alliance qu’elle avait au doigt. Si elle refusait de se marier avec Jared, elle devait avouer que le bijou était vraiment sublime. Une fois de plus, la famille Hope avait montré l’étendue de sa richesse. Ça l’agaçait de se retrouver coincée dans tout ce qu’elle vivait. Elle ne choisissait pas réellement ce qu’elle faisait. Sa vie était dirigée par les autres. Ses parents. Ses profs. Peut-être même les élèves autour d’elle. Elle était trop gentille, trop timide pour montrer qui elle était vraiment. Pour la première fois depuis qu’elle avait quitté son pays, Shin fut frappée par sa découverte. Elle avait besoin de sortir de cette prison, où elle risquait de perdre son âme. Un instant, elle se mit à admirer la brune en face d’elle. Elle, elle ne se souciait pas du regard des autres. Elle ne se souciait pas des conséquences, ou alors si peu. Elle vivait pour elle.
Lula reprit la parole, la coupant dans ses pensées, même si elle n’avait pas été « absente » à proprement parler.

- Je crois que j’ai la phobie de bibliothèque. J’ai l’impression que c’est la prison du savoir. J’pense que tu l’as remarqué, je suis du genre à tenir à la liberté.

Elle l’avait remarqué, oui. La jeune fille confirmait donc son impression. Bon, là, plus le choix. Elles allaient sortir de là pour pouvoir travailler ensemble. Autant choisir un endroit qui convenait aux deux jeunes filles. Shin réfléchit rapidement. Où pouvaient-elles bien aller ? Elle ne connaissait pas beaucoup les lieux alentours, elle ne savait donc pas s’ils étaient fréquentés ou non. Mais pour l’instant, elle devait ranger ses affaires et répondre. Elle n’en eut pas le temps que Lula reprit la parole.

- On sort un peu ? Histoire de prévoir notre programme ...

Elle aussi avait commencé à ranger ses affaires. Le sourire de Shin se fana, simplement parce qu’elle était concentrée. Avant de finir de ranger, elle écrit son numéro dans on con de sa feuille, qu’elle déchira et tandis à son interlocutrice. Après quoi elle glissa délicatement la feuille dans sa pochette, alors qu’elle n’avait aucune importance particulière. Avant de refermer son sac, son cerveau réagit sur ce qu’elle avait vu. Elle n’avait pas vidé sa pochette, et celle dernière contenait toujours les dessins qu’Ethan lui avait laissés. Elle n’avait pas eu le temps de les passer au peigne fin –ou le courage, peut-être. Elle se promit de le faire dans la journée tout en rangeant sa chaise à son tour.

- Bonne idée. Allons prendre l’air, l’odeur des livres peut donner mal au crâne.

Elle disait la vérité, la migraine la frappait depuis quelques minutes. Ou alors, c’était la fatigue, l’absurdité de la situation, le mal-être de son arrivée ici, le recul qu’elle tentait de prendre sur sa vie. En fait, son cerveau tournait juste trop vite, et elle ne le comprenait pas, elle n’arrivait pas à le suivre. Sans attendre de réponse, pour une fois, Shin s’avança vers la sortie, sans vérifier si Lula la suivait. Une fois devant les portes, elle les passa en soupirant. Elle s’arrêta et attendit la jeune fille, juste derrière elle.

- Où veux-tu aller ? Je ne suis pas là depuis très longtemps, et je ne connais pas bien les environs.

Elle avait l’impression d’être une gourde face à elle. C’était quoi ces répliques ?! Digne d’une enfant de douze ans ! Mais elle ne pouvait pas faire mieux, parce que la jeune fille l’intimidait. En fait, tout le monde l’intimidait. Alors provoquer une confrontation entre elles deux n’arrangeait pas les choses. Elles étaient si différentes. Lula était … Lula faisait ce qu’elle voulait, ou presque. Elle disait ce qu’elle voulait. Cette pensée tournait en rond dans sa tête. Elle allait faire des efforts. Elle allait briser cette coquille qui devenait de plus en plus épaisse, elle allait s’en débarrasser. Elle avait enfin une nouvelle chance, avec des gens qu’elle ne connaissait pas. Elle ne devait pas la laisser passer. Mais quand elle revêtit une nouvelle fois son sourire, celui-ci était timide, hésitant, contrairement à ses pensées.



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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyVen 8 Fév 2013 - 21:30


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La jeune étudiante me répond que ce n’est pas qu’elle n’est pas capable de désobéir aux ordres mais qu’elle a été élevée ainsi. Pour moi, ça sonne un peu pareil. On lui a dit et répété qu’il ne fallait pas agir ainsi. Ses parents, ses enseignants, ses voisins, ses amis, son gouvernement, son pays, tous chantaient la même chanson. Tu ne le feras pas. Dès toute petite, ça a été ainsi. Tu te comporteras ainsi et c’est en obéissant que tu entreras dans le moule. Alors, dès son plus jeune âge elle l’a fait. Elle n’a jamais résisté. Sans doute a-t-elle fait une ou deux poussées deux colères mais rien de plus. On l’a punie, on lui a fait la leçon et elle a retrouvé le moule. Alors étant éduquée de cette manière, elle n’est pas capable de faire autrement. Ce n’est pas possible. Parce que c’est l’inconnu. Demandait à un adolescent chinois qui a été élevé dans la pure tradition de ne parler plus qu’anglais du jour au lendemain. Il ne peut pas. Il en a peut-être envie mais ce n’est pas dans ses capacités. Notre éducation fait ce que nous sommes. Si mes parents adoptifs ne m’avaient pas laissé tout faire, je n’aurais jamais poussé les limites plus. Je serais sans doute une fille plus sage, plus posée. Nous ne choisissons pas nous même ce que nous sommes. Nous croyons nous construire par nos propres moyens mais c’est faux. Il y a beaucoup d’autres acteurs.

Shin continue en parlant de sa petite vie. Je pose mon regard sur elle et l’observe plus attentivement. Il y a une sorte de lassitude dans le son de sa voix. J’ai l’impression qu’elle aimerait se révolter. Peut-être n’a-t-elle pas le courage d’aller contre sa nature. Je la comprends, dans le fond. Ça fait peur d’aller dans l’inconnu. On risque souvent gros. On entre en territoire hostile. On perd nos repères et souvent on se retrouve seul face à soi-même. Face au reste du monde. De notre monde… De ceux qui font notre vie. C’est dur de faire le pas. Mais Shin semble si oppressée que je suis certaine que cela ne pourrait que lui faire du bien. Peut-être ne verrait-elle que le mal au début. Mais une fois ce cap passé, elle pourra enfin respirer librement.
Enfin je dis ça mais peut-être que j’ai faux sur toute la ligne. Et puis de quoi je me mêle ? Je n’ai jamais été capable d’affronter mes problèmes. Au contraire, je me suis plongée dans un univers parallèle, je me suis vengée sans essayer de comprendre. Alors… Autant dire que je ne suis pas la meilleure pour donner des conseils ou critiquer.
Pourtant quand mes yeux suivent ceux de l’asiatique, j’aperçois l’anneau à son doigt. On pourrait jurer que c’est une alliance. Shin continue de parler mais je suis obnubilée par cette bague. Vraiment ? Elle serait déjà mariée ? En couple ? Fiancée ? Ou peut-être est-ce une espère de bague de virginité… Ou même une bague offerte par sa meilleure amie pour symboliser un amour immense. Mais… Franchement ? Pourquoi est-elle si lasse ?
La brunette prend alors une nouvelle dimension à mes yeux. Elle cache quelque chose. Elle semble avoir une histoire plus profonde. J’ai beau dire à tout le monde que je me fous de tout. Je crierai même que je me moque complètement d’elle. Que sa vie n’appartient qu’à elle, qu’elle peut faire ce qu’elle veut mais… Mais j’avoue être envahi par une espèce de vague étrange. Un sentiment horrible que l’on appelle curiosité.

Mon regard retourne au visage de la demoiselle. Elle me fait part de sa peur et me balance en pleine figure ce que je lui ai dit plus tôt. Je n’ai pas envie d’une amie. Je n’ai pas envie de bavarder pour ne rien dire. Et elle, elle ne peut pas mentir, elle ne peut pas aller contre l’ordre des professeurs. Alors si nous devons faire des compromis, ça passera par un peu de blabla. Je ne peux pas apprendre dans des conditions strictes, trop organisées. Je la sors de la bibliothèque et elle me tire quelques mots. C’est plutôt un deal acceptable pour chacune d’entre nous. Ça ne me coûtera pas grand-chose.
Je meurs d’envie de reprendre mon crayon de papier pour compléter mon dessin. Ma main me démange. Mon crayon m’attire, les défauts me reviennent en mémoire. Si je pose les yeux sur l’esquisse, ne serait-ce que quelques secondes, je ne pourrais pas m’empêcher de le terminer. Or, Shin me parle. Ce ne serait pas poli. Depuis quand me soucis-je de cela ? Jamais. C’est juste que… Je l’écoute me parler. Je regarde les formes de ses lèvres quand elle articule un mot. J’hoche la tête à ce qu’elle me dit. Je souris presque. Presque ! Je ne souris pas totalement. Mais je ne fais pas la gueule non plus.

« Attends, je vais t’écrire mon numéro de téléphone… Et puis… On a qu’à sortir et parler un peu ? Non parce que…»
Je regarde autour de moi. Je les hais. Tous. Je hais les bibliothèques. Pour de multiples raisons. Les perspectives sont brisées par les rayonnages. Les jeux de lumières pourraient être intéressants mais il y a une sorte d’austérité qui me donne froid dans le dos. Il y a aussi cette idée qui me rappelle que l’on peut y mettre le feu à tout moment. Et puis, parce que je ne suis pas une intellectuelle. Je n’ai donc rien à faire ici. Je ne suis pas à ma place. Et ça… Ça me rend malade. Ça vient me frapper comme la dure réalité de ma vie. J’ai été adoptée. On m’a placée à un endroit presque par hasard. Et si c’était mieux ailleurs ?

Pour m’éviter ce genre de penser j’attrape mon crayon de papier et note mon numéro de portable sur la feuille où j’ai griffonné. Par la suite, je la détache du bloc note et la tourne vers la jeune asiatique afin qu’elle puisse prendre note. « Je crois que j’ai la phobie de bibliothèque. J’ai l’impression que c’est la prison du savoir. J’pense que tu l’as remarqué, je suis du genre à tenir à la liberté. » Je souris à cette pensée. J’ai dû lui faire une sacrée impression ! Je ferme ma trousse et range mes affaires. Je pousse ma chaise. « On sort un peu ? Histoire de prévoir notre programme..»




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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 3 Fév 2013 - 9:39

Tout au long de cette conversation, Lula fixait soit Shin, soit sa feuille, au début immaculée. Et puis, la jeune fille se mit à dessiner. Sans lui répondre. Comme si l’important, à ce moment-là, était cette feuille, ce crayon, et sa main. Shin comprenait parfaitement ce sentiment, ce besoin de faire apparaître, petit à petit, quelque chose. La châtain voyait bien que le monde dans lequel elle était venait de s’effacer pour Lula. Et puis, même sans le voir, elle pouvait le deviner. C’était pareil pour elle, ou presque.

Mais Shin continua de lui parler, parce qu’elles devaient régler leur problème. Que faire maintenant ? Travailler avec quelqu’un qui ne voulait pas était assurément une très mauvaise idée. Et puis, si le « partenariat » ne lui plaisait déjà pas à elle, c’était mauvais signe. Et pourtant, dans d’autres circonstances, elle aurait pu apprendre beaucoup de choses sur l’autre jeune fille, ou sur une autre personne. Mais voilà, la situation était bien là. La jeune asiatique baisse les yeux sur la feuille une nouvelle fois. Elle reconnait deux yeux, un regard. Mais pas plus. Et puis, elle ne cherchait pas spécialement à reconnaître quelque chose.

Enfin, Lula semble sortir de ses pensées pour reprendre la parole.

- Écoute. J’ai pas envie que tu te sentes coupable d’aller contre les conseils des profs. On peut faire les cours, si tu te sens pas capable de leur mentir, d’aller contre leur décision…

Le ton s’était fait plus gentil, sans que Shin ne sache pourquoi. Elle aurait voulu répondre, mais n’en eut pas le temps.

- Parfait. Mais j’pense qu’il vaut mieux qu’on y aille doucement …

La jeune fille en face d’elle parcourut la pièce du regard. Cherchait-elle quelque chose ? Quelqu’un ? Certainement pas, pas ici. Elle reprit à nouveau la parole.

- Je vais pas me lancer dans des explications de textes comme ça, je vais pas faire des calculs pendant une heure avec une inconnue. Et pas ici.

Elle avait raison, encore une fois. Pour travailler avec une personne, il faut savoir où on veut aller et comment. Et pour ça, il faut se connaître un minimum. Sur ce point, les dernières paroles de Lula rejoignirent les pensées de Shin.

- On sort, on apprend un minimum à se connaître et on se donne rendez-vous dans le parc, au foyer, dans une cafèt, un bar en bord de plage… Personnellement c’est à cause de ce genre d’endroit qui me donne envie de brûler mes cahiers.

La Coréenne réfléchit à ses mots. Oui, elle pensait à peu près la même chose. Mais ne lui avait-elle pas dit, dès le départ, qu’elle ne cherchait pas une amie ? Certes, il n’était ici pas question de ça, mais de faire connaissance. Ce qui était déjà un effort à faire que la jeune fille ne désirait pas forcément. Shin, elle, ne voyait rien à y redire. Alors, elle répondit à toutes ses tirades.

- C’est pas que je ne suis pas capable de leur cacher la vérité mais … J’ai toujours appris à obéir. Dans ma vie, jamais, pas une seule fois, je n’ai pu dire non aux ordres qu’on me donnait, parce que j’ai été élevée comme ça. Là d’où je viens, on respecte l’avis de ses parents et de ceux qui nous sont plus vieux ou plus sages.

La jeune fille repensa à son enfance, en Corée. Elle n’avait pas été malheureuse, ni mal traitée pour avoir dit non un jour. Mais on lui avait appris à ne jamais refuser, sauf si ça la mettait en danger, ou mettait un proche an danger. Et puis, dernièrement … Elle se retrouvait avec cette foutue bague de fiançailles, frappée du blasons des Hope, et un mariage à organiser. Parce qu’elle ne pouvait tout simplement dire non à sa famille. Peut-être qu’en réalité, elle ne le voulait pas ? Peut-être qu’elle était trop lâche pour affronter les autres ? A cet instant, Shin se fit pitié. Depuis sa naissance, elle était manipulée par son entourage. Elle était un pantin, sans âme propre ni personnalité. Elle suivait, comme un mouton. Et les dernières années n’avaient pas amélioré les choses. Plus jeune, elle ne refusait rien, mais elle disait quand même quand elle n’était pas d’accord. Maintenant, elle ne le disait plus. Elle avait peur de le dire. La jeune fille châtain inspira un bon coup, tenant de cacher les larmes qui menaçaient. Elle décida d’en dire beaucoup sur elle, trop peut-être, mais Lula devait comprendre qu’elle ne pouvait pas prendre elle-même cette décision.

- Je crois que ça commence à m’enfermer dans une vie dont je ne veux pas … Souffla-t-elle en triturant la bague qu’elle avait au doigt, sans vraiment y faire attention. Mais je ne peux pas dire, moi-même, que je refuse leur idée. Désolée …

Elle refit une pause. Elle remit ses idées en place quelques secondes pour pouvoir finir la conversation.

- Apprendre à se connaître ? Je croyais que tu ne voulais pas de ça ? Si vraiment ça te gène, allons-y toutes les deux. Je … je crois que je peux essayer de faire un effort. C’est juste que … refuser me fait peur …

Encore une fois, elle en avait trop dit. Mais elle en avait besoin. Néanmoins, elle s’arrêta là dans les confidences. Elle ne devait pas aller plus loin, pou sinon, elle aurait des problèmes. Et puis, franchement, elle le savait, Lula s’en fichait. Elle reposa son regard une nouvelle fois sur le dessin. Il lui apparut plus familier, comme si son cerveau reconnaissait un détail. Mais il n’arrivait pas à mettre un mot ou nom dessus. Ce regard, pourtant … Peut-être était-ce un élève qu’elles avaient toutes les deux croisé dans un couloir ? Shin soupira. Elles n’étaient pas sorties de leurs ennuis. Elle venaient même d’y entrer.

- Tu n’aimes pas les bibliothèques ? Je comprends tout à fait, même si ça ne me dérange pas d’être ici. Alors, remontons.

Elle n’aimait pas parler trop longtemps. Elle aimait faire des pauses. Respirer calmement. Réfléchir à chaque mot qu’elle allait prononcer. A comment elle allait les prononcer. Son éducation avait été faite dans ce sens-là.

- Pour ce qui est des cours … Je propose que l’une appelle l’autre au moment où elle en a besoin. Comme ça, nous ne sommes pas obligées de prévoir des rencontres régulières. A la carte. Quand j’ai un devoir à rendre, que je n’y arrive pas, que je n’ai pas compris le cours. Quand je récupère ma copie avec une mauvaise note, pour comprendre ce qui n’allait. Je sais pas moi …

Ou jamais. Oui, elles pouvaient ne jamais se voir. Elles pouvaient dire que ça ne fonctionnait pas. Elles pouvaient dire qu’elles ne voulaient pas essayer. Au fond d’elle, Shin en avait envie. Elle brûlait de leur avouer qu’elle trouvait ça idiot. Au fond d’elle. Et jamais elle n’aurait le cran de le faire, parce qu’elle était faible, soumise aux autres.
Un dernier coup d’œil à ce dessin qui la déstabilisait, un sourire bien involontaire, et elle fixait de nouveau Lula et ses grands yeux cerclés de noir. Elles étaient du même avis, mais elles allaient quand même faire le contraire. Peut-être parce qu’elles en avaient besoin ? Parce que sa présence ici, même si ça la rendait mal-à-l’aise, était quelque chose d’important à ses yeux ?



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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptySam 2 Fév 2013 - 19:46


De grès ou de Force.
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Je m’arrête un instant pour regarder Shin droit dans les yeux. Elle m’a répondu très clairement que ce n’était pas mon aide qui changerait quelque chose au problème. Eh bien voilà, la question est réglée. Elle n’a pas besoin de moi et vice versa. C’est si clair que je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas déjà en train de remballer ses affaires. Ce serait beaucoup plus simple. On s’accorde sur le fait de mentir aux professeurs en leur racontant que notre collaboration est parfaite. Pendant ce temps, on fait nos petites affaires chacune de notre côté et le tour est joué.
Je l’observe et je ne comprends pas pourquoi elle ne s’en va pas avec un sourire. Pourquoi reste-t-elle clouée à sa chaise avec le rouge envahissant ses joues ? Croit-elle vraiment que je vais me vexer face à cette réponse ? C’est qu’elle ne me connait définitivement pas. Au contraire je préfère une fille qui dit spontanément ce qu’elle pense plutôt qu’une hypocrite qui offre des sourires et des compliments à tout bout de champs.
Elle admet finalement que je n’ai pas tort sur le fait qu’ils ne nous changeront pas. Personnellement je n’ai jamais obéit aux ordres. Je n’ai jamais courbé le dos face à quelqu’un de plus puissant. Et je ne suis jamais rentrée dans un moule pour plaire à telle ou telle personne. Je suis comme je suis. Je me suis construite. Sans l’avis de mes parents. Sans le regard de ma mère biologique. Je suis à l’image de ce que j’ai voulu être. Peut-être qu’un jour je déciderai pour X raison de changer, d’être quelqu’un d’autre. Plus sage, plus sereine, moins colérique. Mais ce jour n’est pas arrivé. Ce n’est pas cette stupide école qui va déclencher en moi une soudaine révélation. Mais évidemment il fallait que la petite asiatique trouve une excuse à cette école. Elle me dit qu’ils se sentent obligés de nous aider pour ne pas que l’on se plaigne. Des âmes charitables ? Ou des dictateurs voulant faire taire le peuple en leur offrant un peu de pain. Je me sens plus comme le peuple que l’on censure. On essaye de me faire oublier que je suis ici de force. Et quand je voudrais me révolter, on me montrera la porte du doigt. Comme on faisait miroiter l’idée d’aller dans un camp de travail. Tu restes sage et discipliné sinon on t’envoie dans ton pire cauchemar. Dans mon cas, on me virerait de cette école et je pourrais dire adieu à mes projets artistiques. Alors voilà… Je vais me taire. Je vais rester dans l’ombre… Je ne me révolterai pas contre cette administration stupide mais je n’en penserai pas moins. Ils sont en train de faire naître un cyclone en moi. Je vais tenter de le contenir. Mais le jour où il explosera… J’espère que personne ne sera là pour voir le carnage.

« Alors qu’est-ce qu’on fait ? On s’en va, et on fait croire qu’on a au moins essayé ? » Question à laquelle j’ai tenté de répondre bien plus tôt qu’elle. Il semblerait qu’elle est un train de retard. J’essaye d’observer ses traits pour y découvrir une quelconque décision déjà prise à l’avance. Veut-elle réellement mon avis ? Je ne pense pas… J’ai plus l’impression qu’elle a peur de chacun des mots qui pourrait sortir de ma bouche.
Mon crayon de papier toujours entre les doigts, mes yeux quittent son visage pour retourner à ma feuille. J’ai besoin de dessiner. Ça m’aide à me concentrer et donc à réfléchir. Ainsi, j’ai l’impression de pouvoir classer mes pensées et mettre au clair certaines idées. Je trouve des solutions, fabrique des plans, des scénarios. Le tout en dessinant quelque chose par réflexe, sans vraiment m’en rendre compte. Comme si mon corps était dans un univers et mes pensées dans un autre, parallèle. J’arrive à être connectée à la réalité grâce à ma main s’activant et à cette image qui se construit en face de mes yeux. Pendant ce temps, il se passe tout un tas de truc à l’intérieur de ma pauvre petite tête.

Bref. Shin me balance encore des excuses pour Wynwood. J’aimerais que ses mots soient simplement remplacés par « Blabla blabla Bla blablabla » mais c’est trop demandé ! Je lève les yeux au ciel. Pendant ce temps, elle commence à griffonner à son tour sur ses feuilles. Je l’observe faire sans rien dire. La brunette lève à nouveau les yeux vers moi. J’ai l’impression de faire face à une biche ou un enfant égaré… Elle attend ma réponse c’est ça ? Que veut-elle entendre ? Avec toutes ses excuses données envers le lycée, j’ai l’impression qu’elle ne s’en remettrait pas d’enfreindre un de leurs ordres. Cette fille ne doit pas être une habituée de la révolte. Elle semble être une petite fille sage et bien élevée. Une douce demoiselle qui a dû mal à dire non, qui se laisse trop souvent marché sur les pieds, qui voudrait que ça ne soit pas ainsi mais qui arrive rarement à faire l’inverse. Je me pince les lèvres et soupirs. Mes yeux se baissent vers mon bloque note. La feuille à petits carreaux est traversée par de multiples coups de crayon. On y distingue la forme d’un regard. Des traits trop secs, des angles faits sans précision. Malgré d’énormes imperfections dues à la rapidité, on peut facilement reconnaître le regarde de Shin. J’ai mis quelques secondes avant de m’en apercevoir. Mais les traits sont typiquement asiatiques. Et je n’ai jamais eu de model de ce genre… Ses pupilles sombres ressortent dans l’ensemble. Il y a cette petite lumière. Sans m’apercevoir j’ai commencé à dessiner la demoiselle se trouvant en face de moi. Je l’ai regardée droit dans les yeux. Je l’ai observée. Au début c’était simplement pour faire la conversation, voir dans son regard si elle pensait réellement ce qu’elle disait. Mais mon univers parallèle a encore frappé. J’ai dessiné son regard sans m’en apercevoir. En fait, il est apparu d’un seul coup. Il s’est formé progressivement. Je suis incapable de dire à quel moment ma main à décider que ce serait ses yeux à elle que je dessinerai plutôt qu’une vulgaire forme comme Shin l’avait fait sur sa feuille.

Je pose mon crayon. Je ne pense pas qu’elle fera le rapprochement. Elle voit le dessin à l’envers et les traits sont grossiers… Elle ne s’apercevra sans doute de rien… « Euhm…» Il faut tout de même que je lui réponde. « Écoute. J’ai pas envie que tu te sentes coupable d’aller contre les conseils des profs. On peut faire les cours, si tu te sens pas capable de leur mentir, d’aller contre leur décision… Parfait. Mais j’pense qu’il vaut mieux qu’on y aille doucement…» J’observe un instant la pièce et rajoute. « Je vais pas me lancer dans des explications de textes comme ça, je vais pas faire des calculs pendant une heure avec une inconnue. Et pas ici. » Je hais les bibliothèques. Personne ne parle. Tout le monde est absorbé dans son propre univers. Il n’y a que des murmures, de la poussière et du papier qui pourrait brûler à une vitesse incroyable. Je me suis toujours sentie mal dans ce genre de pièce. J’ai l’impression qu’un complot si prépare et que l’on a qu’à fermer la porte à clé après avoir jeté une allumette pour commettre un massacre. « On sort, on apprend un minimum à se connaître et on se donne rendez-vous dans le parc, au foyer, dans une cafèt, un bar en bord de plage… Personnellement c’est à cause de ce genre d’endroit qui me donne envie de brûler mes cahiers.»


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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyMar 29 Jan 2013 - 20:12

Shin observa Lula un instant. Elle agitait son crayon au-dessus de sa feuille, comme prise d'une envie soudaine et irrépressible. Elle, quand elle faisait ça, c'était quand elle avait envie de dessiner un truc. Ce geste anodin piqua sa curiosité. Était-ce le cas pour elle ? Ou une habitude, ou un geste qui trahissait une toute autre envie ? Elle n'en savait rien, et n'en saurait certainement jamais rien. Elle n'allait pas lui demander. Même si elle en avait envie, tout au fond d'elle. En fait, elle voulait juste savoir. Ce n'était pas un truc qui l'intéressait nécessairement, ou qui lui serait vital dans sa vie. Mais juste pour savoir qu'elle n'était pas la seule. Bien sûr, il y avait aussi Ethan, mais c'était différent. De ce qu'elle avait vu, ce n'était pas une passion, mais juste une sorte de "don".

La jeune fille lui demanda pourquoi elle avait été envoyée ici avec elle. Et elle vit au silence qui suivit sa question qu'elle n'avait pas du beaucoup lui plaire. Comment l'avait-elle interprétée ? Elle avait, tout compte fait, bien fait de préciser le sens de sa demande. Si elle paraissait décontractée, elle était vraiment nerveuse. Elle avait peur, à chaque instant, d'une réaction un peu violente qui pourrait lui causer du tord. Lula, en face d'elle, n'avait pas l'air très patiente, ni très gentille d'ailleurs. Le moindre faux pas, et elle se retrouvait seule, dans cette bibliothèque, rouge de honte et de gêne.

Après un instant de doute, elle la vit clairement réfléchir. Dans un coin de sa tête, elle nota l'effort. Si être ici semblait l'énerver au plus haut point, elle avait tout de même un but précis. Si c'était juste pour maintenir ses notes, ou les remonter, elle ne se serait pas déplacée. Elle avait besoin de ces notes pour un objectif bien défini. Du reste, Shin était à Wynwood pour s'assurer un avenir, et pas par pur plaisir. Elle aurait bien pu choisir un autre établissement, moins coûteux, et pour lequel elle n'aurait pas besoin d'une bourse. Mais ce lycée était une bonne porte d'accès. Dans ses couloirs, se croisaient héritiers et génies. Parfois même, ils étaient les deux. Et elle dans tout ça ? Elle n'était pas à sa place. Il n'y avait plus d'empire à hériter, plus d'argent, et elle n'avait pas de capacités innées. Tout ce qu'elle possédait, le peu qu'elle avait, elle l'avait mérité grâce à son travail.

Le jeune Coréenne observa celle qui se tenait en face d'elle. Et elle, qui était-elle dans tout ça ? Une riche ? Une surdouée ? Les deux ? Aucun des deux ? Peut-être même quelque chose de bien différent, comme un talent caché. Elle, elle avait le dessin, et personne ne le savait. Enfin, du moins, cette capacité ne jouait pas en sa faveur dans ses bulletins de notes et ses appréciations.

- Voyons voir ... Je gère plutôt bien tout ce qui est rédaction. Tout ce qui est scientifique ... J'en ai une mauvaise expérience.

Shin mit rapidement en parallèle ses capacités et celles de sa co-équipière. Les profs n'avaient pas fait leur choix totalement par hasard. Peut-être même qu'ils avaient déjà formé d'autres duos ? Et si c'était possible d'échanger ? Si Lula voulait se trouver avec quelqu'un de plus ... plus "proche" de ce qu'elle était. Même si elle-même avait qu'elle ne venait pas trouver une amitié, c'était plus facile de travailler avec une personne qui ne lui tapait pas sur les nerfs. La jeune châtain répondit donc à sa question.

- C'était donc volontaire. Moi, je m'en sors pas trop mal en Sciences, et tout ce qui est de la rédaction, je galère un peu plus. Il me faut y passer des heures pour avoir une note convenable.

Un instant, elle s'arrêta. Elle en avait trop dit. Enfin, c'était comme si elle faisait la conversation. Ce qu'elle ne voulait pas faire. C'était une simple habitude de politesse. Ne pas se montrer trop froide avec les autres. Surtout qu'elle ne disait rien de personnel, rien qui ne touchait vraiment à sa vie. Là, elle n'avait pas peur.
Lula soupira juste après sa réponse et faillit la couper. Heureusement qu'elle avait eu à peine le temps de répondre.


- C’est ridicule. C'est n'importe quoi d'obliger des élèves à s'entraider ... Ils pensent vraiment que la solution nous sautera aux yeux ?

Shin réfléchit rapidement. Elle avait totalement raison. La jeune fille brune continua.

- Personnellement, et sans vouloir être méchante, ce n'est pas ton aide qui m'aidera.

Et ce n'est pas ta présence qui va m'aider à décompresser !

Sur le coup, la pensée de la jeune asiatique n'était pas très gentille. Mais c'était vrai. Elle n'avait pas besoin d'une présence imposée. Si elle voulait voir du monde, elle pouvait le faire. Mais elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Elle n'arrivait pas à être naturelle plus de trois minutes, même si pour l'instant, elle y parvenait à peu près bien. Malgré que son ton n'était pas accusateur, le rouge lui monta immédiatement aux joues.

- Avec ou sans toi, je serai la même ... Ils ne vont pas me changer en un claquement de doigt.
- Tu as raison ...
Admit Shin. Mais je crois que c'est dans leurs habitudes. Peut-être pour que les élèves en difficulté ne puissent pas se plaindre de ne pas être aidés. Peut-être pour se rassurer, et se faire croire qu'ils ne sont pas responsables de leur échec. Je ne sais pas.

Etonnée par son audace, Shin eut un hoquet de surprise. Elle regretta ses paroles, sans les regretter vraiment. Ça ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas elle. Si on lui donnait un ordre, elle obéissait. Et voilà qu'elle donnait son avis, avis contraire qui plus est, sur ce qu'il se passait.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? On s'en va, et on fait croire qu'on a au moins essayé ?

Question plus posée pour elle-même que pour Lula. Elle aussi se demandait quelle conduite adopter. Si la jeune fille s'en aller, elle ne la retiendrait pas. Mais si elle restait, elle ne s'en irait pas. Elle suivrait son avis et son comportement.

- Ils n'ont pas fait ça pour nous poser problème, je pense. Ils pensaient aider. Peut-être qu'il y a une autre solution. Je ne sais pas, moi ...

L'adolescente attrapa de nouveau son stylo et gribouilla un truc rapidement, plus pour concentrer son esprit sur autre chose. Ce n'était pas des mots, ni des formes. C'était rien. Rien que de l'encre, en train de couvrir sa feuille. Et puis, elle fixa Lula dans les yeux. Oui, elle se surprenait elle-même. Elle avait peur des gens. Mais là, ses paroles allaient la fixer. Soit elle continuerait de voir la jeune fille, soit elle abandonnerait cette idée. Un souci en moins. Pas qu'elle était un vrai problème, mais au moins, seule, elle n'aurait plus à se poser toutes ses questions. Au final, elle était quand même fière d'elle. Elle avait osé. Osé dire, osé penser. À croire que ses premières rencontres l'avaient un peu débloquée. Mais elle n'allait pas crier victoire tout de suite. Ce n'était peut-être que provisoire. Elle pouvait faire une « rechute ». Il lui fallait rester prudente, et avec elle, et avec les autres qui l'entouraient.
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 27 Jan 2013 - 19:21


De grès ou de Force.
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Si j’avais un pari à faire, je dirais qu’elle a des petits problèmes avec la langue de Shakespeare. Elle n’est pas d’origine américaine, pas difficile de le deviner. C’est sans doute cliché mais les fautes d’orthographes doivent s’enchaîner sur ses copies. De plus, son accent est fortement ressorti quand elle a répondu à ma mise en garde. Alors comme ça, on essaye de me tenir tête ? C’est plutôt une bonne chose. Au moins nous sommes bien d’accord. Pas de discussion, pas de rires, pas d’hypocrisie. Si j’ai l’opportunité, je partirai pile à l’heure voir peut-être même un peu en avance. Et je ne partirai pas en lui faisant une longue embrassade digne de deux bonnes copines. Elle a sa vie, j’ai la même. Nous nous en sortirons très bien ainsi. Je ne veux pas lui offrir de faux espoirs. Je suis une pétasse. Je bois beaucoup, je fume beaucoup. Je provoque les gars qui m’entourent et je me retrouve souvent dans des mauvaises positions. Je suis loin d’être la bonne copine à qui on peut parler de tout, en particulier du garçon sur lequel on craque secrètement. Je ne vais pas faire une soirée pyjamas. Je ne discuterai pas de la pluie et du beau temps. Et jamais, au grand jamais, je ne passerai une après-midi shopping !

J’agite la mine de mon crayon de papier au-dessus de ma feuille. Je meurs d’envie de gribouiller quelque chose. Une caricature de la demoiselle ? Ou peut-être simplement un portrait. Je n’ai jamais eu l’occasion de dessiner un visage asiatique en prenant appui sur quelqu’un se trouvant en face de moi. Mais… Je ne suis pas là pour ça ! Je m’oblige à ne pas commencer. Si je pose mon crayon sur la feuille, que je fais un trait, je ne pourrais plus m’arrêter. Il ne faut surtout pas. Je dois travailler.

Shin me demande alors pourquoi je suis ici. Je lève les yeux vers elle. Pourquoi je suis ici ? C’est clair, non ? Tout a été dit, je suis ici de force pour ne pas louper mon année. Pour ne pas être à nouveau renvoyée de mon lycée. Parce qu’ici malgré un climat que je déteste, je n’ai pas à vivre avec mes parents. Je n’aurais plus à voir ses menteurs ! Et même si ma chambre me manque, que mon petit univers me manque… Je suis loin d’eux. Je peux respirer. Je peux essayer de chercher ma mère biologique. Voilà pourquoi je suis ici. Et si elle compte me faire parler. Si elle veut savoir les raisons qui m’ont menée à Wynwood en particulier, elle peut aller voir ailleurs. N’ai-je pas été assez claire ? Je ne veux pas faire causette !
Heureusement, elle se rattrape en me précisant sa question. Je n’aime pas vraiment la tournure de sa phrase. J’ai l’impression qu’elle me fait passer pour la nul. Parce que tu avais des problèmes… Oui, et elle aussi ! Je resserre mon crayon de papier et serre les dents. Je la vois préparer soigneusement les deux colonnes.

En fait, je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. En quoi suis-je douée ? Si je me base sur le peu de cours où je suis allée cette année, les résultats ne sont pas favorables dans une matière en particulier. Mais j’essaye de me souvenir des résultats du test d’admission pour ce lycée. « Voyons voir… Je gère plutôt bien tout ce qui est rédaction. Tout ce qui est scientifique…J’en ai une mauvaise expérience. » Du coup je me bloque, du coup je fais exprès de ne pas comprendre par conséquent j’ai des mauvaises notes. Tout ça à cause d’une mauvaise expérience au collège. J’aurais pu me laisser dans une grande carrière de scientifique, histoire de découvrir ma véritable origine biologique. J’aurais pu essayer de me plonger plus sur le sujet pour comprendre les tests de paternité. Mais tout était possible sur internet. Et le choc produit par la nouvelle m’a tellement secouée que je ne pouvais plus rien écouter à propos de conception. Ma haine pour la matière est devenue plus en plus importante jusqu’à s’étaler aux sciences en générales. « Et toi ? » Je ne lui laisse pas le temps de répondre et soupire. « Je trouve ça ridicule…» Sans m’en rendre compte, j’ai commencé à agiter mon crayon de papier sur la feuille à petits carreaux. « C’est n’importe quoi d’obliger des élèves à s’entraider… Ils pensent vraiment que la solution nous sautera aux yeux ? Personnellement, et sans vouloir être méchante, ce n’est pas ton aide qui m’aidera…» Pour la première fois depuis notre rencontre, ma voix s’est faite un peu plus douce. Mon intonation est désabusée mais je ne l’accuse pas. Ce n’est pas à elle que j’en veux mais à cette administration ridicule. « Avec ou sans toi, je serais la même… Ils ne vont pas me changer en un claquement de doigt. » Je mime le geste de la main gauche, tandis que la droite s’agite au-dessus de la feuille.





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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 27 Jan 2013 - 15:22

- Je suis Shin. Je crois qu’on va devoir travailler ensemble.

La jeune fille en face d’elle ne lui rendit pas son sourire. Ce qui ne faisait que confirmer un peu plus sa première impression d’elle. Elle sembla la scruter. Que pouvait-elle bien penser ? A en voir son visage, elle n’était pas heureuse d’être là. Et Shin pouvait presque lire une grimace dans ses yeux. D’ailleurs, de plus près, elle voyait des tâches de rousseurs décorer son visage, le mettant encore plus en valeur.

- Déjà, appelle-moi Lula.

Lula ? Mais la prof lui avait dit que son nom était Lucy. Peut-être qu’elle n’aimait pas, ou que c’était un surnom venant de ses amis et auquel elle était particulièrement attachée. Après-tout, elle, elle s’appelait bien Shin-Moon mais ne donnait que la première partie de son prénom. Elle comprenait cette référence. Avant de lui répondre, elle hésita. Lui sourire ou ne pas lui sourire ? C’était dans sa nature, mais si elle n’appréciait pas ce geste, peut-être valait-il mieux éviter. Mais sans qu’elle ne s’en rende compte, ses lèvres s’étirèrent tout de même.

- Lula … On m’avait dit que tu t’appelais Lucy, autant pour moi.

Ça ressemblait à des excuses, mais ce n’était pas des excuses. Enfin, pas exactement. Elle faisait juste remarquer que son but n’était pas de l’agacer. Elle faillit faire la remarque quant à son prénom à elle, que les profs usaient dans son intégralité, mais elle se ravisa. Lula se dirigeait déjà vers la table qu’elle venait de quitter. D’accord. Elle avait raison. Elle n’était pas très aimable. Mais en même temps, elle comprenait. Elle était affublée d’une petite timide au visage enfantin pour lui faire réviser ses cours. Ce n’était pas agréable. Surtout si elle détestait les cours. Alors pour intégrer Wynwood ?

Shin la suivit sans un mot de plus et se rassit à sa place. Elle la vit poser ses mains à plat sur la table. Tout ça ne présageait rien de bon. Elle calqua son comportement et observa, encore une fois, ses mains. Elle n’y avait pas prêté attention plus tôt, mais un détail lui revint. Ce genre de détail qu’on n’oublie pas. Une bague de fiançailles, par exemple. Et en plus, elle ne pouvait pas la cacher, c’était une directive des Hope. Elle aurait mieux fait de ne pas la porter. C’était trop tard.

- Que les choses soient claires, Shin. Je suis ici parce que l’on m’y a forcée. C’est ma première semaine. Je ne peux pas me permettre d’être virée de cet établissement aussi. Mais … Mais je ne suis pas ici pour me faire une amie, d’accord ?

Le ton n’était pas amical. Mais alors pas du tout. Elle ne l’avait pas menacée non plus, mais ses paroles firent un drôle d’effet à la jeune fille. Oui, elle aussi était forcée. Elles étaient donc toutes les deux dans le même bateau. Mais ça, ça n’était visiblement pas venu à l’esprit de Lula. A l’intérieur d’elle-même, Shin aurait voulu lui crier ce qu’elle pensait. Mais à l’extérieur, elle restait stoïque, avec toujours son demi-sourire idiot flanqué au visage. Elle n’y pouvait rien. Malgré elle, elle se mit à rougir. Comme si c’était elle qui avait fait quelque chose de mal. Parce que d’après ses paroles, Lula pensait que Shin venait pour se faire une copine, travailler, rigoler. Mais loin de là. Elle se plongea dans son sac tout en répondant, sans employer de ton particulier. Ni agressif, ni gentil. Et là, on entendit son accent, plus prononcé que quand elle s’était présentée.

- Je n’ai pas non plus eu le choix sur ma présence ici. Tout comme toi, il est hors de question de changer d’établissement, j’ai besoin de rester à Wynwood. Je suis là pour travailler avec quelqu’un, c’est tout.

Après ça, elle vit la brune sortir quelques affaires de son sac. Une trousse, un bloc-notes. De ce qu’elle pouvait voir, ce que Lula possédait était comme personnalisé. Elle avait donc sa propre personnalité, et elle pliait ce qui était standard à ce qu’elle aimait. Elle remarqua le dessin d’oiseau, remarquablement fait. C’était la deuxième fois qu’elle tombait sur quelqu’un qui dessinait, ici. A croire que l’établissement regroupait l’élite, ceux qui savaient s’en sortir avec leurs dix doigts. Elle se sentit ridicule face à elle. Elle pensait être particulière au moins sur ce point-là, mais ce n’était pas le cas. Elle soupira discrètement.

- Bon … On commence par où ?

Elle tenait déjà de quoi écrire. Shin voyait bien que c’était une corvée pour elle. Elle passa outre toutes ses conclusions et réfléchit à la réponse qu’elle allait donner. Elle n’avait rien préparé de spécial, juste emporté ses cours. Il fallait déjà savoir dans quelles matières chacune avait le plus de lacunes.

- Pourquoi es-tu ici ? Demanda-t-elle. Je veux dire, pour quel domaine ? Ma prof m’a demandé de travailler avec toi parce que tu avais du mal. On doit donc savoir en quoi. Après, on avisera. Et aussi, quels sont tes points forts ?

Rapidement, Shin griffonna sur une feuille qu’elle venait de sortir. Elle y inscrivit leurs deux noms, et des colonnes pour les matières où elles s’en sortaient et celles où elles avaient du mal. Elle ne savait pas quoi écrire pour elle. Elle s’en sortait partout, ou ne s’en sortait pas, tout dépendait du point de vue. Elle travaillait. Elle avait de bons résultats. Parfois de mauvais. L’étudiante moyenne qui faisait tout pour conserver sa bourse.
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 27 Jan 2013 - 12:16


De grès ou de Force.
Shin and Lula ㄨ Bibliothèque

J’ai cette horrible impression de ne pas être à ma place. Cette sensation me suit depuis mon enfance. Elle me colle à la peau dans les moindres recoins, à chaque instant. Elle est comme mon ombre. C’est cette petite voix qui me souffle que je ne suis pas là où je devrais être. Cette petite voix toujours qui m’a fait comprendre que j’étais adoptée. Je n’ai rien à faire dans cette bibliothèque. Je ne suis pas une élève modèle. Les profs disent toujours que j’ai les capacités mais que je n’arrive pas à les exploiter. C’est sans doute ça. Je sais que je peux calculer les chances qu’ont dans les vies les personnes étant à l’université comparé aux étudiants en échec scolaire. Je suis tout à faire capable de disserter pendant des heures pour savoir si la liberté est entravée par notre corps ou l’inverse. Mais à quoi bon ? Ma liberté à moi est censurée par cette administration qui veut faire de moi une gentille fille. Je ne le suis pas. J’ai déjà dansé en sous-vêtements devant un public averti. Je suis déjà descendu au bord de l’autoroute pour une taguer un de mes dessins.

Inspiration. Expiration… Mes yeux parcourent la pièce. Il y a la blonde au chignon de tout à l’heure. Un gars en train d’écrire, il est entouré de tas de livres et semble dans un autre monde. À ma droite se trouve la responsable de l’endroit. Enfin… C’est ce que je suppose. Il y a un petit groupe qui discute dans le fond. On dirait qu’ils sont en plein conspiration… Je cherche celle qui pourrait être ma collaboratrice. Je ne vois toujours pas quand mes yeux se posent sur une petite asiatique qui était en train de m’observer. Elle baisse rapidement le regard. Quoi ? Qu’est-ce que t’as ? Ma présence te pose un problème miss ? Je secoue la tête à la limite de l’explosion. Chaque seconde passée dans cet endroit me rend un peu plus sur les nerfs. Je suis au bord de la rupture.
Comme pour enfoncer le clou un peu plus profondément, la gamine de tout à l’heure se dirige vers moi. Que va-t-elle me dire ? Que la bibliothèque est réservée aux élèves voulant travailler ? Ce sera génial ! J’aurais enfin mon excuse pour partir. Ou peut-être veut-elle venir me donner un coup de main. L’âme charitable, j’entends déjà sa petite voix aigüe me demander quel genre de livres je cherche. Rien. Je ne cherche rien. Je ne veux rien à par sortir au plus vite d’ici. Où est donc passé cette fille ? Où est l’élève en difficulté ?

«Excuse-moi.» Mon regard azuré pivote vers l’asiatique. Sa voix est presque comme ce que j’avais imaginé. Un brin moins aigüe peut-être… J’hausse un sourcil à attend de voir ce qu’elle a à me dire. Je suis curieuse de savoir comment elle va tourner sa phrase. Et ainsi comment je vais pouvoir la dévorer. « Tu es bien Lucy Barnes ? » Ok. Un point pour Mademoiselle l’agaçante petite asiatique. Elle connaît mon nom. Je ne réagis pas. Elle m’offre un sourire et je n’en fais pas de même. Ce serait donc elle la fille avec qui je dois collaborer ? C’est une blague ? Les profs se sont vraiment foutus de ma gueule ! Ils me collent la gentille petite fille parfaite. Une petite poupée de porcelaine qui ne se maquille presque pas et s’habille dans des couleurs clairs pour refléter sa pureté. Naïve, enfantine, candide. Et en plus de ça elle a des difficultés en cours… Une vraie plaie inutile.
Elle me donne son nom. Tant mieux, je ne le connaissais pas. Shin… Je ne prendrai pas le temps de le retenir non plus. À quoi bon ? « Déjà, appelle-moi Lula. » Je dégaine mon premier sourire. Je déteste mon prénom. Alors c’est Lula… Je ne sais absolument pas comment s’est venu mais tout le monde m’appelle désormais comme ça. Lula, pas Lucy.

Je fais un pas vers la table à laquelle elle était assise un peu plus tôt. Je laisse tomber mon sac sur le bois. Je m’assois sur la chaise en face de celle de Shin. J’attends qu’elle en face de même. Mes deux paumes posées à plat sur le vieux chêne de la table, je lui annonce : « Que les choses soient claires, Shin. Je suis ici parce que l’on m’y a forcée. C’est ma première semaine. Je ne peux pas me permettre d’être virée de cet établissement aussi. Mais… Mais je ne suis pas ici pour me faire une amie, d’accord ? » Voilà, comme ça pas de surprise, pas de mystère. Elle n’aura pas à se forcer. Elle n’aura pas à faire comme si nous nous ressemblons ou même que nous avons des points communs. A priori, entre elle et moins, il y a un grand et large fossé. N’essayons pas en vain de le traverser. J’attrape la fermeture éclair de mon sac. Je l’ouvre et en sors une trousse et un bloc note. Toutes mes affaires sont personnalisées. La toile rouge de mon sac à dos est décorée au marqueur noir. De même pour ma trousse. Quand à mon bloc note, la couverture orange est recouverte d’un dessin représentant un oiseau. Je l’ouvre sans prêter plus d’attention à l’autre demoiselle. Un crayon de papier dans la main, je suis prête à écrire. « Bon… On commence par où ? »





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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptyDim 27 Jan 2013 - 8:53

Chimie, nomenclature. Une chose que Shin aimait bien, mais qui, sur le coup, ne lui donnait pas du tout envie. Elle, ce qu’elle voulait, c’était s’échapper. Elle voulait sortir du bâtiment, elle voulait courir, elle voulait crier. Elle voulait faire tout un tas de choses. Oui, elle voulait tout faire. Tout, sauf attendre une fille avec qui elle n’allait certainement pas s’entendre. Mais la réalité était bien différente. Elle était quand même là. Obligée d’attendre. Si étudier ne la dérangeait pas d’ordinaire, elle n’aimait pas travailler avec les autres. Enfin, travailler en présence des autres, oui, mais échanger sur les cours avec les autres, non.

L’exercice était simple : elle avait des molécules en formules topologiques. Elle devait les nommer. La jeune fille préféra passer par la formule développée pour y arriver, c’était plus simple à ses yeux. Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, et elle échangea. Le nom de la molécule, pour arriver à sa formule topologique. C’était assez simple à condition de connaître ses groupes caractéristiques et tout le reste. Ce qui était assez barbant. Pourquoi avait-il fallut leur donner des noms aussi barbares ? Shin ne comprenait toujours pas cette lubie qu’avaient les scientifiques à nommer les choses avec des mots longs et compliqués. Cette remarque s’appliquait en Biologie, en Physique, en Chimie. Enfin, dans les matières des Sciences, quoi. Il n’y avait bien qu’eux pour faire ça !

La Coréenne soupira. Rapidement, elle rangea son cours et réfléchit à ce qu’elle pouvait faire. Elle avait un peu d’avance sur son rendez-vous, elle avait donc le temps. Mais elle en profita quand même pour jeter un coup d’œil sur les gens qui entraient en sortaient. Quel genre de fille était cette Lucy ? Shin s’imaginait bien la rebelle aux cheveux longs, de la drogue dans la poche, en train de se demander où elle était. Ou alors, la blonde décolorée plus intéressée par l’effet qu’elle faisait au mec que par ses études. Mais peu importait de comment elle était. Si elle devait maintenir sa bourse, et qu’elle avait besoin d’aide pour le faire, elle devait avoir du mal en cours. Et la jeune fille n’imaginais pas quelqu’un avoir du mal en cours tout en les travaillant. Donc, elle en conclut, peut-être un peu trop rapidement, que ladite Lucy ne devait pas être une dingue des cours.

Shin chercha dans ses souvenirs la description physique qu’on lui avait faite de la jeune fille. Cheveux bruns, indisciplinés. La prof ne s’était pas étendue à donner un jugement sur son physique. Elle lui avait simplement dit « Tu verras, tu la reconnaîtras, elle est différente ». Et maintenant, elle devait se débrouiller avec ça. Sachant qu’elle n’aimait pas spécialement dévisager ou détailler les gens, ça allait être difficile. La jeune fille inspira calmement. Elle allait faire un effort. Elle allait se sociabiliser. L’autre non plus ne devait pas être heureuse d’être là, autrement, les profs ne seraient pas obligés de leur imposer la collaboration.

Après de longues minutes fixer le vide, elle vit enfin apparaître une jeune fille qui correspondait à celle qu’elle recherchait. Ses mains sur crispèrent l’une sur l’autre. Discrètement, elle l’observa afin de déterminer si c’était réellement elle. Un jean troué, tâché, des bras dénudés par une saison pareille, des chaussures tout à fait différentes de ce que les jeunes de leur âge portaient. Ses cheveux étaient tenus, mais Shin voyait bien qu’ils étaient foncés. Elle s’était maquillées, n’hésitant pas à utiliser pas mal de noir. Pas le style dont la jeune fille était fan. C’était un peu trop voyant. Mais au fond d’elle-même, la jeune châtain se réprimanda. Elle ne devait pas juger sur le physique. Elle s’était déjà permis un truc du genre suite à des conclusions certainement fausses. Elle inspira encore.

Elle espérait de tout son cœur qu’elle n’était pas tombée sur une mal-aimable qui allait lui faire payer pour la mauvaise idée de leurs profs respectifs. Elle n’avait pas l’intention d’être emmerdée pour ça. Seulement, elle savait que si cette idée la prenait, elle ne ferait rien. Elle ne voulait plus se confronter à ces fortes têtes. Elle ne pouvait plus l’ouvrir quand c’était trop « dangereux ». alors elle resta là, quelques instant, à la regarder tout en veillant à ce qu’elle ne la remarque pas.

Au moment où leurs regards s’accrochèrent, Shin sentit son cœur battre plus fort, plus vite. Elle l’évita rapidement, priant pour qu’il n’y ait pas d’animosité dans ses prunelles. Au final, elle prit son courage à deux mains. Elle se leva, laissant ses affaires sur la table qu’elle avait investie. Elle les surveillait du coin de l’œil tout en s’avançant vers celle qu’elle considérait comme étant Lucy.

- Excuse-moi. Dit-elle poliment tout en s’efforçant de paraître sûre d’elle. Tu es bien Lucy Barnes ?

Elle lui fit un sourire, qu’elle tenta moins timide que ce dont elle avait l’habitude. Elle avait certainement l’air ridicule. Elle ajouta tout de même quelque chose.

- Je suis Shin. Je crois qu’on va devoir travailler ensemble.
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MessageSujet: Re: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptySam 26 Jan 2013 - 21:28


De grès ou de Force.
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Pitié, sauvez-moi. J’inspire un grand coup. J’expire. J’ai envie de vomir. Cet endroit me donne la nausée. Comment mon père a-t-il pu oser me faire ça ? Je l’entends encore me dire que là-bas j’y trouverais tout ce dont j’ai besoin. Qu’un professeur d’art plastique de l’université avait vu mes dessins et qu’il était prêt à m’offrir une place dans le cursus l’année prochaine. Mais pour cela il fallait que je sois diplômée. Et de préférence avec de bon résultat. Quoi de mieux qu’une école à la pointe ? J’ai passé des tests, je les ai réussis haut la main. Ce n’est pas tant que c’est compliqué, j’ai simplement horreur d’être enfermée entre quatre murs. J’ai l’impression que l’on essaye de me rendre dingue en m’assommant de notions, de documents, de mots, d’exercices. Alors je deviens vraiment folle. Souvent je manque de concentration. Je finis par gribouiller un dessin sur ma feuille plutôt que de répondre aux questions. C’est à la fin de l’heure que le professeur me dit que c’était un test et que ça comptait pour la moyenne du trimestre. Alors, oui, je me dis que finalement ça ne sert à rien d’y aller ! Pourquoi rester assise des heures dans un endroit étouffant et louper sa vie ? Comment est-ce que je peux accepter que l’on m’utilise comme un objet bien dressé ? Je ne suis pas un objet. On ne m’utilise pas. On ne me fait pas faire ce dont je n’ai pas envie.
Pourtant c’est bien l’unique chose qu’il me reste à faire si je veux suivre les cours des plus grands professionnel. Je me ferais peut-être repérée. Je pourrais espérer être exposée et ainsi commencer une vraie vie. Il ne me reste plus que ça à faire… Plus que ça… Malgré moi, malgré mes préjugés, malgré mon manque d’envie. Je dois me faire violence et accepter d’être enfermée 24h sur 24 dans cet internat d’excellence.

J’inspire une nouvelle fois. Je ferme les yeux pour me donner un peu plus de force. Je ne leur laisserai pas la chance de me changer. Cet endroit est peut-être bondé de gosses de riches, bien habillés et remplis de préjugés, je me moquerai de ce qu’ils diront. Rien, ni personne ne m’atteindra.
Mon pied franchi l’entrée de l’établissement. Ma deuxième chaussure prend le relais. Ainsi, je pénètre à l’intérieur. J’ai un rendez-vous. Je secoue la tête en pensant à ce que je m’apprête à faire. Ils veulent vraiment que je demande de l’aide à quelqu’un d’autre ? Que je me montre toute docile pour l’aider à faire ce dont elle a besoin. Que j’accepte ses conseils ? Qu’est-ce qu’elle va m’apprendre ? Je revois le professeur, l’air grave, me dire que j’ai quelques lacunes à rattraper. Il se met alors à m’expliquer qu’il a pensé à une entraide entre élèves en difficulté. Tu m’aides en maths, je t’aide en anglais. Quelle blague ! J’ai à nouveau la nausée. Je sais à l’avance que je vais faire face à une élève hypocrite, naïve, pleine de douceur, mielleuse et terriblement agaçante. Je sens que dès la première seconde j’aurais envie de la baffer. Mais attention ! Nous sommes dans un établissement de renom ! Gare à la personne qui osera se montrer vulgaire et qui aura un comportement déplacé. Youlala ! Qu’est-ce que j’ai peur !
Je glisse les mains dans les poches de mon jean. La toile bleue est tâchée et surtout trouée un peu partout. Je m’en moque complètement. Je porte une veste laissant mes bras dénudés. Pour une fois, j’ai fait un effort. Je me suis attachée les cheveux. C’est incroyable, n’est-ce pas ?

Un sourire presque diabolique vient s’affiche sur mon visage. Plus j’approche de la fameuse salle, plus mon ventre se tord. Jamais je n’aurais cru faire ça un jour. Comment en suis-je arrivée là ?
Mes yeux se plissent et je distingue le nom de la pièce. Bibliothèque. Nous y voilà. Le moment est venu… Affronte tes peurs Lula. Tu peux y arriver… Tu peux être sociale… Tu peux ne pas arracher les cheveux de cette fille… Tu ne peux pas lui casser deux dents non plus. Il suffit simplement de ravaler ta fierté. Tu ne vas pas te faire une amie, pas besoin de faire la conversation. Tu l’envoies bouler si elle te fait trop chier, tu lui fais clairement comprendre que ça ne t’intéresse pas d’être ici avec elle et puis voilà… Le tour est joué !
Ma main vient resserrer la bretelle de mon sac à dos. J’entre dans la pièce. L’odeur de vieux livres, la poussière, le silence, les rayonnages coupant la lumière. Je cherche des yeux mon innocente victime. Elle n’a pas choisi. Pourtant je suis sûre qu’elle est ici. Impatiente ? J’espère qu’elle n’est pas l’une de ces filles pleines de bons sentiments.

Ça fait à peine dix secondes que je suis dans la pièce et j’ai déjà envie de sortir. Pense à ton avenir, Lula… Ton avenir en dépend.
Je dénote dans l’environnement. Tout le monde est en train de lire, certains ont des lunettes. Une fille, les cheveux tirés en arrière dans un chignon lève la tête de son bouquin est me regarde. Ses lèvres sont rosées et brillante grâce à un de ces gloss à paillette. Elle porte un petit chemisier bleu et a une peau tamisée par le soleil. Il hausse les épaules, soupire et se replonge dans sa lecture. J’ai eu l’impression d’être jugée. C’est la première fois de la journée et ce ne sera sans doute pas la dernière !
Mes yeux encerclés de noir parcourent la pièce. Je cherche cette fameuse personne. Le seul problème dans tout ça ? Je ne connais pas son nom. On a dû me le dire mais… J’y prêtais plus vraiment attention. Je sais juste que c’est une fille et qu’elle doit être aussi en dernière année… Voilà tout. Du coup, je reste en plein milieu de l’entrée, les mains enfouies à nouveau dans mes poches. Je fais quoi ?


La tenue




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MessageSujet: De grès ou de force [Lula] [Abandonné]   De grès ou de force [Lula] [Abandonné] EmptySam 26 Jan 2013 - 16:29

Shin passa ses mains sur son pull, le baissant un peu plus sur son jean. Elle avait entrouvert son manteau après être entrée dans le bâtiment, car il y faisait bon. Comme son vêtement était remonté, elle se devait donc de le remettre à sa place. La jeune fille se détailla du regard rapidement, du moins ce qu’elle put. Jean bleu clair, avec un pull totalement blanc. Elle portait une petite paire de bottines noires, avec de légers talons, de deux centimètres. Son manteau foncé contrastait avec sa tenue assez lumineuse. Un sourire se dessina sur son visage. Elle avait fait un effort de présentation, car elle faisait moins « garçonne » que d’habitude. Elle était contente d’elle. De plus, elle avait pris le soin de boucler légèrement ses cheveux mi- courts mi- longs. Comme à son habitude, elle était assez peu maquillée, c’est-à-dire un peu de mascara et d’eye-liner, sans qu’ils ne soient trop foncés. Finalement, la Coréenne observa longuement ses ongles. Elle les avait ornés d’un magnifique bleu clair, et y avait ajouté des arabesques chocolat. Elle était fière de ce qu’elle en avait fait. C’était presque la première fois qu’elle s’essayait à ce genre de décoration elle-même, et elle trouvait que c’était assez difficile. Bon, puisqu’il faut y aller … La jeune fille repensa rapidement à la raison de sa présence ici. La veille, sa professeure de mathématiques avait demandé à la voir à la fin du cours. Elles avaient alors discuté de sa bourse, et des conditions de son maintien. En effet, Shin avait dû travailler d’arrache-pied pour obtenir les moyens nécessaires à son intégration à Wynwood. Sans être une surdouée, elle avait de bonnes notes. Mais elle passait beaucoup de temps sur ses cours pour arriver à un tel résultat. La femme avait évoqué ses potentielles futures difficultés si elle continuait à ne faire que travailler. L’adolescente s’était défendue, mais elle n’avait rien voulu entendre. Alors voilà, la prof lui avait parlé d’une autre élève. Lucy Barnes. Elle aussi devait sa présence dans l’établissement à une bourse. Elle lui avait proposé de travailler avec elle, et au début, Shin avait refusé. Elle avait peur de faire de nouvelles rencontres. Mais au final, elle n’avait pas eu le choix. Sa collaboration avec l’autre jeune fille lui était totalement imposée. Elles n’avaient pas les mêmes domaines de prédilection, et c’était ce qui, selon la prof, allait les aidait. Ce jour-là, elle se rendait donc à la bibliothèque, comme la femme le lui avait demandé. Lucy devait l’y attendre. Elle ne savait pas du tout quel genre de personne elle était, et elle espérait vraiment ne pas tomber sur quelqu’un d’impulsif ou de violent. Avec elle, elle avait emporté un sac en bandoulière, contenant des feuilles, ses cours, son carnet à croquis qu’elle gardait toujours, et une pochette avec d’autres dessins. Bien évidemment, elle possédait une trousse, et en avait ajouté une deuxième pour tout ce dont elle avait besoin en dessin. Shin s’installa rapidement à une table et commença par sortir sa chimie. Elle verrait ce que l’autre étudiante voulait voir, et en l’attendant, elle en profitait pour s’avancer. Le calme régnait, la bibliothèque étant presque vide. En souriant, elle se plongea dans le travail qui l’attendait.


Dernière édition par Shin Bae le Lun 20 Mai 2013 - 15:54, édité 1 fois
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