[FINI] #titregénialissimeàvenirmaispascesoirjen'aipaslamoindreidée.

○ Age : 19 YO
○ Date et lieu de naissance : Miami, 15 mai 1994
○ Classe : Senior Year (redoublement)
○ Confrérie : Alpha Psi
○ Riche ou boursed'étude ? Bourse

« Il tendit le dossier au proviseur du lycée. Ce n’était pas dans son habitude de demander une bourse. Encore moins dans un établissement de si haute renommée. Sur la couverture figurait une photo de Lula. Une simple photo d’identité qu’il avait obtenue après un long combat avec sa fille. Elle n’avait que 16 ans à l’époque mais c’est bien la dernière fois qu’elle accepta sous la contrainte de passer devant l’objectif. Ses cheveux étaient légèrement en bataille. Brins et ondulés on pouvait facilement constater qu’elle ne s’amusait pas à les lisser, les coiffer soigneusement ou même les brosser de longues minutes comme la plupart des filles de son âge. L’éclairage de la cabine rend sa peau encore plus claire qu’elle ne l’est naturellement. Contrairement à ses parents, elle n’a jamais eu une peau tannée par le soleil de Floride. Quelques taches de rousseur viennent clairsemer son visage. Ce qui la rattache le plus à son père, ce sont ses deux pupilles d’un azur extraordinaire. Le maquillage noir ne le fait ressortir qu’un peu plus. Mais il aimerait tellement que sa fille comprenne qu’elle est très bien au naturel. Sans maquillage. Juste son petit air taquin, son sourire, ses pommettes, son petit nez. Mais elle ne semble pas du même avis. M. Barnes se surprit même à être soulagé de n’avoir pas eu un rendez-vous avec sa fille. Sur la photo d’identité on ne peut que voir son visage. Le proviseur, sûrement habitué à voir des enfants de bonnes familles propres sur eux, aurait été décontenancé face à cette demoiselle aux tenues indécentes, aux vêtements troués, aux mains sales. Ce n’était pas que la famille Barnes n’avait pas d’argent pour habiller convenablement l’unique enfant de la famille. C’était simplement qu’un t-shirt rose acheté sans l’avis de Lucy n’allait jamais être porté. De même ses vêtements se retrouvaient régulièrement couverts de peintures sur à une inspiration trop débordante. Ou bien durant ses sorties nocturnes Lula ne faisait pas attention à ses gestes. Chutes, courses, tags, skate… Un cocktail ne résultant pas sur une garde-robe convenable.
»

« Ils vous diront que cette fille est brisée. Qu’elle n’est plus qu’une ruine. Qu’elle a vécu une vie de misère. Qu’elle est très triste. Et que son comportement excessif est compréhensible dans le fond. Ça se voit qu’elle n’est pas bien dans sa peau ! C’est complètement faux. Ma fille n’a pas de problèmes. Tout de moins… Elle a toujours été comme ça.
Il y a eu un brutal changement à ses douze ans. Sans raison. Elle est devenue brusquement agressive. La charmante petite fille aimante est devenue irritable et avait toujours quelque chose à nous rétorquer. Elle a commencé à s’enfermer dans sa chambre, à mettre la musique très fort. Elle ne sortait pas, ne nous laisser pas entrer, elle ne venait même pas manger avec nous. Au départ, on s’est dit que ce n’était que la crise de l’adolescence. Lula voulait nous tester. Comme tous les adolescents, non ? C’était vraiment compréhensible. Nous l’avons punie, sermonnée. On a même attendu que ça passe. Mais ça ne s’est jamais arrêté.
Aujourd’hui encore, elle passe son temps à la maison enfermée derrière cette porte. Et quand elle n’est pas là, elle traîne dans les rues. Je ne sais pas ce qui cloche dans l’éducation que nous lui avons apporté. Un jour, je suis entré dans sa chambre pour découvrir ce qu’elle y fait, ce qu’elle cache. Je sais que c’est mal. Mais il me fallait quelque chose. C’est là que j’ai pu découvrir jusqu’où s’étend sa personnalité. Les murs sont recouverts de photographies. Principalement des clichés en noir et blanc représentant des gens dans la rue. Il y avait cette expression sincère dans leurs visages. C’est comme si elle a su capter le moment parfait.
Et puis, il y avait tous ces dessins. Des tas de gribouillages, des tubes de peinture, de toiles… Elle nous a toujours caché ce talent. Je ne sais pourquoi.
Lula est une fille très mystérieuse. Mauvaise élève, elle nous a entraînés régulièrement dans le bureau du principal de son collège, lycée… Elle a un talent artistique phénoménal. Elle ne parle pas beaucoup mais son silence en dit souvent long sur ce qu’elle ressent. Lula passe de nombreuses nuits à traîner dans les rues, à boire, fumer. Elle a une vision du monde assez sombre mais parvient à dévoiler le meilleur de ce qu’il y a en nous quand elle peint, écrit, photographie. Je suis certain qu’elle n’a pas encore dévoilé toutes ses capacités. Il suffit qu’une personne décide de lui ouvrir les yeux…»

« Ses pieds s’empressaient sur le trottoir. Il suivit la jeune fille jusqu’à ce club. Un néon éclairait la rue assombrie par la nuit. Elle tourna au loin dans une ruelle. Lorsqu’il tourna à son tour, elle n’était plus là. Disparue. Il chercha un instant avant de voir cette petite porte de service. Il ne mit pas longtemps à comprendre qu’elle donnait dans le fameux club devant ils étaient passés à l’instant. Que signifiait tout cela ? Perplexe, il hésita de longues minutes. Que faire ? Il fallait qu’il lui fasse confiance… Mais le point critique avait été franchi. La porte de la ruelle nécessitait une clé. Il ne lui restait plus qu’à entrer. L’ambiance calfeutrée du club le mis mal à l’aise. Où était-il tombé ?
« Bonjour mon cher monsieur, bienvenu au Burlesque ! » Ses yeux s’écarquillèrent. Burlesque ? Un strip-club quoi ! Il sentait la rage lui chauffer le visage. Comment sa fille pouvait s’être rendue dans un tel endroit ? Ce devait être une erreur. Il paya l’entrée et se promit de ne faire que le tour et de repartir dans la minute, Lula sous le bras.
Dans la pièce, la musique résonnait calmement. Des groupes de personnes amassés autour de tables rondes discutaient tout en gardant un œil sur la scène et un verre à la main. La lumière était tamisée, les murs peints de rouge. Aucune fenêtre. Toute l’attention était directement attirée sur la scène. « Mesdames et messieurs, nous savons que vous l’adorez. Voici la frêle, la douce, la pure, la féline, la magique, la taquine… Voicii… Ange ! » Un homme siffla. La musique démarra. En ombre chinoise, une silhouette se courba. Un corps de femme caché derrière un fin rideau. Impossible de voir son visage. La silhouette bougeait au rythme de la musique et lui ne voyait toujours pas le moindre signe de sa fille. La musique accéléra. Le rideau tomba. Il pivota. Elle était là. Lula était sur la scène en tenue légère. Bas résilles, corset, talons aiguilles… La colère, la honte, la rage, l’incompréhension virent envahir le quadragénaire. Il accouru sur la scène. « Lula !» Il la prit par le bras, l’entraîna vers la sortie tout en la recouvrant d’un manteau. « Lâche-moi ! » « Y a un prob..» « Elle est mineure. MINEURE ! Vous comprenez ? »

Rapidement, dans la précipitation et la panique, ils furent tous les deux dehors. « Lula ! Qu’est-ce que… Tu te fous de ma gueule là ? Depuis quand tu… Tu as franchi la limite ! Qu’est-ce qui te passe par la tête ? » Il criait et elle ne put retenir elle non plus son calme. « Quoi ? Ça t’intéresse ? DEPUIS QUAND EST-CE QUE MA VIE T’INTÉRESSE PAPA ? » Elle secouait la tête dans tous les sens, agitez les bras. Sa voix se cassa quand elle répéta : « Papa…» Une boule vint bloquer sa gorge. « Ça ne vous est jamais venu à l’esprit de me dire que je ne suis pas votre fille, merde ! » Elle se pinça les lèvres et shoota dans une cannette de soda vide abandonnée dans la rue. Elle avait été adoptée. Et ça, personne ne s’était donné la peine de lui annoncer. Même ses parents, si attentionnés, ne s’étaient pas douté un seul instant qu’elle en avait besoin, qu’elle l’avait deviné. A douze ans, en science… Elle avait étudié les groupes sanguins. Il fallait faire un arbre généalogique des groupes de la famille. Sa mère était AB, son père A et elle ? O. La professeur lui avait dit qu’elle s’était trompée, que c’était techniquement impossible… À moins que… Le doute fut confirmé lorsque plusieurs années après, elle réalisa un test de paternité.
« Je ne suis personne ! Personne ! » « C’est faux Lula ! On t’aime ! On t’a toujours aimé comme notre propre fille ! » « C’est pour ça que vous m’avez tout laissé faire ? Hein ? C’est pour ça que vous ne vous êtes jamais intéressée à ce que je suis ? À ce que je fais ? » Les larmes roulaient sur ses joues. Les personnes changeaient de trottoirs face à cette scène. « Lu… On ne…» Qui était-elle ? Depuis toute petite elle avait senti cette différence. Elle avait eu l’impression de ne pas être à sa place. Et si sa mère était une grande artiste ? Et si ses parents étaient morts ? Et si son don pour la peinture était dû à quelque chose ? Et si sa mère l’avait rejetée car elle n’était qu’un déchet issu d’une mauvaise fréquentation ? Et si elle n’était que le fruit d’un coup d’un soir ? Et si sa mère avait été obligée de l’abandonner ? Peut-être qu’elle est encore là, à Miami ou dans une autre ville. Peut-être qu’elle se demande ce qui vit sa fille, qu’elle la cherche et qu’elle l’aime au plus profond de son être. Alors oui, Lucy ou Lula comme tout le monde l’appelle avait eu une enfance parfaite. Oui, elle avait grandi dans un quartier banlieusard de Miami. Oui, elle avait eu ce dont elle avait besoin, des parents aimants, des amis d’enfance et un labrador. Mais elle n’en était pas pour autant heureuse. Sa vie ne lui ressemblait plus qu’à un tas de ruine. Un château de cartes effondré.

Ce jour-là fut une journée bien difficile pour la famille Barnes. D’une part Lula avouait à son père qu’elle savait la vérité. D’autre part, un peu plus tôt dans la journée, elle se fit renvoyer de son école car elle possédait trop d’absences injustifiées à son actif.
Comme pour se faire pardonner, son père chercha une nouvelle école. Il emprunta le carnet d’ébauche de Lula et le montra au proviseur. N’ayant pas un revenu pouvant couvrir les frais d’inscriptions, il ne fut pas difficile d’obtenir une bourse. Au moins, dans cette école tout serait fait pour que Lula aille convenablement en cours. Et peut-être que l’internat serait la solution formidable pour l’empêcher de sortir ou même de vendre son corps… »