Wynwood University
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

 

 Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]

Aller en bas 
AuteurMessage
Dylan S. Jenkins

Dylan S. Jenkins


Je suis: : Masculin
Nombre de rumeurs: : 693
Je suis âgé(e) de: : 30

Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyVen 28 Déc 2012 - 0:34

Pile en face du cimetière, tu vois ?





Lelio & Kaylee




En guise de réponse, dans un premier temps, j’ai le droit à un simple « pourquoi pas ». Je ne suis pas d’accord, cela ne répond pas à tout, cela pourrait, mais je suis plus exigeante que ça. Quand je pose des questions, j’aime avoir des réponses correctes, qui m’en apprennent plus, qui m’aide à comprendre. Je ne lui souris pas, je me contente de prendre l’une des bières qu’il me tend, avant de trinquer dans un petit bruit de verre et d’apporter le goulot à ma bouche. J’en bois une longue gorgée, comme si je ne m’étais pas désaltérée depuis deux jours entiers.

C’est simplement que… comprenez-moi, j’étais dans cette boutique de tatouage, presque tranquillement, sans rien demander à personne, et il a fallu que je tombe sur un prof, un de mes profs en plus ! Son comportement ressemblait à tout sauf aux autres, et je suis du genre curieuse, j’aime savoir à qui j’ai affaire en général, surtout quand celui-ci me donne des ordres. Je me rasseyais en silence sur les bancs, ramenant mes jambes sur ma poitrine, comme pour me protéger. C’est une position que je prends souvent en ce moment, que ce soit entouré ou non, chez moi ou dehors. Une sorte de reflexe. Et s’il ne veut clairement pas me répondre, ou m’adresser la parole, et bien je finirais tranquillement ma canette, et repartirais à mes petites affaires.

Mais les confessions viennent souvent quand on ne s’y attend pas ou plus forcément. Le son de sa voix me fais relever la tête doucement, je la tourne de fait en sorte à avoir Mr Anterspinas dans mon angle de vue, et écoute ce qu’il me dit. De ce que je comprends, il n’a pas choisi de lui-même d’être prof, on lui a imposé cela. C’est étrange, je n’avais jamais vue de pareilles situations avant. Ce qui finalement ne répond pas plus à mes questions mais en rajoute encore dans mon esprit. Je fronce légèrement les sourcils avant de reprendre une gorgée de bière. Son petit rire n’a aucun effet sur moi, je lui lance un bref sourire, pas franchement sincère en tout cas. Mais je n’ai rien d’autre en stock. Restant dans le silence, il enchaine une nouvelle fois pour me dire qu’il était dans la musique avant cela. Ce qui m’étonnne légèrement.

« Attendez… Vous avez quitté la musique pour cette vie ? On a toujours le choix dans la vie non ? S’occuper de jeunes… de nous, c’est pas franchement marrant si ? La musique c’est quand même vachement plus sympa. Enfin je ne suis personne pour juger vos choix après tout. »

Il vaut mieux que je me taise, je n’ai à juger rien ni personne, ce n’est pas mes affaires, ni ma vie. Un petit silence s’installe pendant un instant, je ne sais pas quoi dire de plus, je fixe l’horizon tout comme la personne qui m’accompagne. Derrière les grilles, tant de pierre tombales que ça me foutait encore plus le cafard. Je me résignais à baisser à nouveau la tête pour ne pas avoir à voir ce spectacle déprimant. Je finissais ma bière d’une traite, tirant une grimace discrète et me relevais pour en attraper une deuxième au pied du professeur. Debout devant lui, je pouvais voir son expression plus détendue que dans la boutique. Il avait raison, peut-être que c’était un bon plan finalement, même si je n’étais pas fan actuellement. Il me faudrait encore quelques gorgées pour l’admettre totalement.

« Ce n’est pas un caprice. » Dis-je un peu raidit, toujours sur la défensive. « Ce sont les initiales de mon frère, et de moi-même. Pour me rappeler que rien ni personne ne pourra nous séparer. Il est ma force, qu’il soit auprès de moi, ou en pr… nulle part. La douleur de l’encre sous ma peau n’est rien comparée au fait qu’on l’a éloigné de moi, parce qu’au final, je crois n’avoir que lui. »

Je l’avais regardé dans les yeux dans un premier temps. Mais en prononçant ma dernière phrase, ma gorge s’était resserré, mes yeux commençaient à me piquer. Je détournais donc le regard, et ravalais mes larmes avec le plus de mal possible. Comme il me l’avait précisé, c’était donnant-donnant, je regardais ses poings. « Lonesome » Ceci m’intriguait. Décidément, ce prof avait tout pour me rendre plus curieuse que de raison.

« Solitaire. Vraiment ? C’est un peu triste. Dites-moi tout. Cette fois, c’est moi qui vous écoute. »

Et c’était vrai. Ô miracle, des jours que je n’avais prêté d’attention pour personne. Et voilà qu’un simple hasard remédiait à cela.





Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyLun 10 Déc 2012 - 0:25

"Quand on me pose une question qui commence par pourquoi, d'habitude je réponds : pourquoi pas ? Et ça répond à tout."

Un peu narquois, comme on se permet de l'être au moment de trinquer, sans plus, le professeur se cala contre la grille voisine et porta le goulot d'une première décapitée à ses lèvres, pour vérifier si le breuvage était de la fraîcheur qui convient. C'était moyen, mais acceptable, et après tout il ne s'agissait pas d'une invitation au restaurant. Ce serait pour une prochaine fois.

Mais il voyait bien que la demoiselle n'était pas d'humeur, et que ses petites fantaisies ne trouveraient pas grâce à ses yeux aussi facilement ; il lui devait bien une justification un peu plus précise de ses actes. Pas trop précise, ils ne se connaissaient pas si bien que ça... Mais au moins quelque chose de concret à se mettre sous la dent, car elle semblait se poser pas mal de questions à son sujet. D'ailleurs, il aurait été amusé de savoir ce qu'on pouvait bien raconter à son sujet. Si l'heure des confidences arrivait plus tôt que prévu, il ne serait pas mécontent. Exiger, en revanche, n'était pas tellement son genre.

"Je n'ai jamais vraiment eu de vie. Et soudain on me refile tous ces jeunes sur les bras, en me disant très sérieusement que j'en suis responsable. Disons que ça m'a fait un choc. J'ai une petite conscience qui m'a poussé, j'essaie de l'arroser de temps en temps. Curieux de voir si quelque chose finira par fleurir !"

Un petit rire, un silence, du type qui accompagne une prise de conscience, et un regard en coin à la jeune fille, pour voir si sa bière l'avait miraculeusement distraite de tout ça. Mais c'était peut-être un peu trop espérer. Il se laissa alors tenter par la première excuse valable qui lui vint à l'esprit :

"Désolé pour cet accès de lyrisme. J'écrivais des chansons, avant."

Ce qui était une sorte de gros mensonge, étant donné qu'il en écrivait toujours, mais il avait désormais une sorte de pudeur à l'annoncer, comme si ce n'était pas sérieux de la part d'un prof de se comporter comme un jeune étudiant romantique, en gribouillant dans la marge. Pourtant, le romantisme, ce n'était pas son style ; il avait écrit pour une femme, c'est vrai, mais pas ce type de chansons. Leur relation ne s'y prêtait guère. Il détourna les yeux de nouveau et se perdit dans la contemplation du grillage noir, et des piques qui le couronnaient à perte de vue. Une nouvelle gorgée un peu plus consistante vint rejoindre sa petite camarade, et il apprécia la vague euphorie qui accompagne l'engourdissement nerveux des premiers degrés d'alcool dans le sang. Il avait un métabolisme rapide, en partie à cause des traitements qu'il prenait. Il n'était pas ivre de manière très visible, en revanche il l'était très vite.

"Vous me devez toujours une explication pour ces lettres sur votre caprice du jour. Je sais que c'est personnel, alors vous pourrez me demander la signification d'un de mes tatouages en échange, si ça vous intéresse."

Non pas qu'ils soient tous visibles en pleine lumière, ou qu'il compte sérieusement lui montrer les plus intimes d'entre eux ; mais elle avait déjà suffisamment à voir sur le peu de peau qui se trouvait découverte pour qu'il lui raconte de sacrés romans. Et ce qui l'intéressait surtout, c'était de voir quelle image retiendrait son attention. Les lettres "LONESOME" qui décoraient les jointures de ses doigts ? L'oiseau rouge et vert sur le dos de sa main gauche ? Les dragons, flammes et autres six-coups qui s'enroulaient autour de son bras droit ? Le collier d'épines et le sommet de la calligraphie qui marquaient ses clavicules, du peu qu'on en voyait par le col de son tee-shirt délavé ? Ou le crâne qui passait ses yeux globuleux au-dessus du col de son vieux perfecto élimé ?

Sur quoi se focaliserait cette jeune imagination, voilà ce qui pourrait l'amener à tirer des conclusions, ce qui le rendrait davantage conscient de la personnalité qu'il avait en face de lui, presque étincelante de défi sous le soleil argenté. Mais le défi, ça ne fait pas une personne. C'est à peine un éclat sur les mille facettes d'un diamant.
Revenir en haut Aller en bas
Dylan S. Jenkins

Dylan S. Jenkins


Je suis: : Masculin
Nombre de rumeurs: : 693
Je suis âgé(e) de: : 30

Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyDim 9 Déc 2012 - 17:37

Pile en face du cimetière, tu vois ?





Lelio & Kaylee




Je n’avais eu aucunes réponses. Ni pour ma question sur le fait de me voir à moitié nue, ni sur son avis de mon premier et tout nouveau tatouage. Ce qui créa en moi une sorte de frustration. Je n’aime pas les gens silencieux. Je n’aime pas non plus qu’on m’ignore à moitié, et encore moins quand cette même personne me donne des ordres, toujours dans le silence. Et pourtant, cette personne, je lui avais obéis, plus ou moins sans broncher en plus. C’est un exploit de ma part. De toute façon, il ne faut pas être devin pour deviner que quelque chose ne tourne pas rond chez moi en ce moment, ou alors être carrément aveugle. Ce que n’est pas mon professeur visiblement.

C’est seulement une fois dehors que j’endentais enfin le son de sa voix, s’adressant à moi, et ne manquant pas de me faire une ou deux remarques au passage. Se faire accompagner d’une amie ? Je haussais les épaules. Je n’ai pas besoin de me faire accompagner dans ce genre d’endroit, ni dans ce genre de situation. Je n’avais pas besoin d’une journée entre copine, ou elle aurait certainement filmé le moment où je me serais fait tatouer, pour finalement retrouver ma tronche sur Facebook. Certainement pas. Je n’avais plus envie de rire, plus envie de faire la fête, ou alors simplement pour me déchirer la tête comme jamais. Et puis des copines… je les comptes sur les doigts d’une main. Même mon étrange colocataire à l’internat s’est fait la malle.

C’était osé de lui proposer de rester tout de même avec moi pour boire un peu d’alcool, mais étrangement, je n’avais pas envie de rentrer immédiatement, ou d’aller dans un bar, seule, et puis je me rappelais ce qu’on m’avais dit dernièrement, de forcer le destin, de ne pas me noyer dans ma pseudo-dépression. Je n’y croyais absolument pas, au fait qu’il accepte, c’est donc à mon grand étonnement, et sous mes yeux qui s’ouvrèrent grand que Mr Anterspinas m’indiqua qu’il y avait un distributeur un peu plus loin, et que, comme je ne lui laissais pas le choix –ce dont je doutais un peu- il serais galant aujourd’hui. Un sourire aurait pu se dessiner sur mon visage. Mais non. Pas encore, c’était encore trop tôt, et mes zygomatique refusèrent de s’étirer.

« Puisque vous insistez. Je vous attends dans le parc, juste là. »

Celui qui entoure le cimetière. Rien de plus déprimant en soi. Mais je n’ai franchement pas envie de faire des kilomètres à pied, juste pour pouvoir boire une ou deux bière. Pourquoi ne l’accompagnais-je pas non plus ? Parce qu’il était parti si vite, manquant de se faire renverser au passage, que je n’avais pas non plus l’envie de lui courir après. Je traversais la route à mon tour, sans forcément regarder non plus avant, j’entendais un crissement de pneu dû à un freinage un peu sec. Le conducteur me montra son joli majeur avec de repartir en trombe. Je posais mon sac et mes affaires sur l’un des bancs du parc, et même sous le soleil de Floride, la vue était absolument… triste. Pendant un instant, je me demandais ce que je faisais là, je m’étais même relevée pour partir, laissant tout en plan, mais en me retournant je voyais déjà mon prof revenir, plusieurs bouteilles en main.

« Je pensais que c’était une blague… mais maintenant que la boisson est là, ça change tout. »

Je me rasseyais en tailleur, les yeux rivé sur mon téléphone, et son fond d’écran mettant en scène Nathan et une grimace du diable. Je me résignais à le rangeait. Ressasser les vieux démons n’aidait pas, en rien. Je me retournais pour le regarder droit dans les yeux. Une question me brulait les lèvres.

« Quel genre de prof êtes-vous ? J’veux dire, mis à part tout ce qu’on entend dans les couloirs sur les autres… vous me paraissez quand même vachement plus détendu que les autres. Alors pourquoi m’avoir fait sortir de la boutique ? Pourquoi avoir accepté ça ? »





Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyVen 7 Déc 2012 - 22:33

Il l'avait repérée, il l'avait approchée, mais jamais encore il ne lui avait parlé. C'étaient les premières observations qu'il pouvait faire à son sujet dans cet important domaine. Avant tout : elle n'était pas grossière. Elle aurait eu toutes les raisons de l'être, et elle n'avait pas saisi cette perche : pas de jurons, pas d'insultes. Elle s'exprimait, mécontentement compris. C'était un bon point quoique le fait qu'elle ne se soit pas défendue de manière plus virulent soit un peu inquiétant.

Pour sa part il se contenta, tout à ses observations, de hocher la tête à sa remarque indignée : non, ça ne le dérangeait pas de la voir nue. Il avait vu pire, ce n'est pas ça qui allait le déstabiliser. D'ailleurs, elle avait sans doute fait pire également, et ce n'était pas ça qui allait l'indigner réellement ; car quelques minutes plus tard ils quittaient la boutique ensemble, aux sons d'un vieux refrain sans véritable signification, ânonné par une guitariste alcoolique sur une station de l'arrière-pays. Elle passa le seuil la première, établissant un rituel de dominance qui fit légèrement froncer le sourcil au professeur ; et ils retrouvèrent la lumière du soleil, qui le fit cligner des yeux un instant.

"Si vous étiez grande, vous auriez eu la présence d'esprit de vous faire accompagner d'une amie. Quant au résultat, je ne juge pas les sigles dont j'ignore la signification. Il y a un distributeur près de l'arrêt de bus..."

Pour ceux qui sortaient du cimetière avec le besoin de s'étourdir un peu, probablement... Enfin, les sodas et autres cocktails rafraîchissants étaient quand même les plus nombreux, mais quelques canettes un peu plus alcoolisées montraient timidement le bout de leur nez sur les derniers rangs du bas.

"Et comme vous ne me laissez pas le choix, pour aujourd'hui je serai galant."

Une pièce de monnaie sauta dans sa main, et il se lança dans la traversée de la voie comme précédemment. Un moteur se faisait entendre au loin, mais il dédaigna de jeter un regard dans cette direction, comptant bien avoir le temps de faire le trajet, ou voir l'importun s'arrêter pour épargner son existence.

Il songeait surtout à ce petit défaut qui tenait, chez lui, à une maladresse linguistique : il lui fallait un peu de temps pour digérer les paroles de ses interlocuteurs, et il leur répondait tout d'un bloc, d'une manière qui leur semblait parfois incohérente. Enfin, ses élèves le comprenaient ; autant dire que toute personne capable de faire un effort le comprendrait également. Alors qu'il arrivait à cette conclusion, le camion passa juste derrière lui et il sentit le courant d'air le frôler. Il y a vraiment des gens qui n'ont pas de manières.

Enfin, ça lui allait bien de faire une remarque pareille, même en son for intérieur... D'ici peu, ils seraient peut-être en train de picoler dans le cimetière, de déchiffrer en rigolant des inscriptions tombales, voire de pisser derrière un mausolée. On fait difficilement plus détaché.
Revenir en haut Aller en bas
Dylan S. Jenkins

Dylan S. Jenkins


Je suis: : Masculin
Nombre de rumeurs: : 693
Je suis âgé(e) de: : 30

Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyVen 7 Déc 2012 - 16:48

Pile en face du cimetière, tu vois ?





Lelio & Kaylee




Le sourire malsain du tatoueur ne me rassurais pas le moins du monde. Et pourtant je restais là, devant lui, les bras ballants, lui laissant le libre arbitre pour se rincer l’œil, et lui faire s’imaginer tout un tas de trucs sans doute immonde. Non mais à quoi je joue moi en ce moment ? Tout ce que je fais, ou pense, ce n’est pas moi. Enfin si… mais pas celle que je connais. Comme si tout mon côté sombre, et bien enfoui avais décidé de se réveiller soudainement, et de me faire faire tout un tas de conneries. Bien entendu, j’en faisais avant, comme toutes personnes de mon âge, mais j’avais au moins une once de remords. Que maintenant… plus du tout. Comme si, toutes ces histoires m’avaient renforcée, me faisais sentir invincible. Comme si plus rien ne pouvais m’atteindre. Même pas un gros balourd de dessinateur à l’encre, visiblement avide de chair fraiche.

Et puis le rideau qui séparait les deux pièces s’ouvrit doucement dans un bruit métallique. Je me retournais vivement, en prenant soin de remettre mes bras le haut de mon corps. Sait-on jamais. Sauvée par le gong, ou au contraire nouvel emmerdement ? Je n’en savais absolument rien, mais ce dont j’étais certaine, c’était que mon prof de cinéma était là, dans l’encolure de la porte, et visiblement pas très heureux de me voir assise à moitié nue ici. Je roulais des yeux en regardant le plafond, dans un soupir bruyant pendant qu’une bataille de regards se déclenchait entre les deux hommes. Merde quoi, son autorité c’est uniquement au lycée, pas dans ce genre d’endroit. Ensuite ils échangèrent quelque mots, pas bien amical, vu le ton employé. Répondre à une question par une autre question. Typique de la gêne.

« Laisse-tomber. Pour tes photos tu peux… Et bien m’oublier par exemple ? Le spectacle est fini. » J’attrape mon tee-shirt et avant de l’enfiler m’adresse cette fois à mon professeur. « Et vous ? Ça ne vous dérange pas d’entrer alors que je suis à moitié à poil ? »

Mes sourcils sont froncés, moi non plus je ne suis pas contente. Et pourtant, sans doute qu’un jour je le remercierais. Ou pas. Mais visiblement, en réponse à ce que je lui avais demandé, non cela ne le dérangeait pas. Il me fit un signe pour me dire de me lever, et de le suivre, sans pour autant sortir de la pièce. Je le regarde un instant, la bouche à moitié ouverte, et un air dubitatif sur la tronche, avant de me résigner finalement. J’attrape mon sac et ma veste d’un coup sec, pour me pointer toute pile devant mon professeur. Un petit sourire en coin je lui tourne le dos et relève mes cheveux pour qu’il admire le dessin brulant réalisé il n’y a même pas quelques minutes.

« Alors Mr Anterspinas, puisqu’on ne peut plus sécher sans tomber sur un de nos profs même dans les quartiers les plus pourris… Vous qui êtes un artiste… je peux avoir un avis ? Déchire non ? »
La provocation, une nouvelle tendance que je sais su apprendre à la perfection depuis que j’ai quitté le nid familial. J’attache mes cheveux grossièrement avec une simple barrette pour éviter que cela ne frotte contre le dessin, et force le passage, me collant légèrement au professeur pour sortir de la salle en première. Quand on est galant on laisse passer des dames. Une fois dehors, sur le trottoir, juste devant la boutique, je m’allume une cigarette, et tire longuement dessus. Là, tout de suite, je n’ai qu’une envie, courir jusqu’à la prison, et aller voir Nate pour lui montrer ce que je viens de faire. Mais en attendant son procès, je n’ai pas, plus le droit de lui rendre visite. Alors je vais devoir me résigner à rentrer à l’appartement, est depuis quelques jours si désespérant. A moins que…

« Vous n’avez pas des choses à faire ici ? Je suis grande, je sais me débrouiller vous savez, pas besoin de me suivre. Et je ne retournerais pas au lycée aujourd’hui. Désolé de vous décevoir. J’ai une pharmacie à trouver.» Je tape dans un caillou trainant sur le goudron, et relève la tête. « On dit de vous que vous êtes plutôt cool, une bière ? »




Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyMer 5 Déc 2012 - 18:02


Allez, un petit coup d'oeil de l'autre côté du rideau... ça ne peut pas être aussi dangereux qu'un miroir, si ? Mais ce qu'il y vit ne lui plut guère, et il prit soin de faire résonner la tringle métallique en venant s'encadrer dans la porte, bras croisés, et l'air quelque peu désapprobateur.

"Toc toc. Ce serait pour un X, comme Xavier. Parce que je suis professeur."

Elle le savait, de toute façon. Ils s'étaient croisés, il l'avait suivie des yeux, la discrétion n'était pas son fort, et elle lui avait rendu son regard une ou deux fois. On le prenait parfois pour un intervenant, ou même un élève attardé, mais le type qui fait entrer les élèves dans la salle pendant deux ans d'affilée, ça ne peut être qu'un prof, pas besoin d'être Sherlock. Même s'il s'habille comme un punk la semaine et comme un mafieux le week-end ; c'est quand même le type qui file des devoirs et qui encadre les sorties. La figure d'autorité, qu'on y croie ou pas. Là, il se moquait bien de sa voir si elle y croyait.

L'apostrophe était adressée au grand benêt mal rasé, qui du coup devait déjà sentir planer sur sa nuque la menace d'un contrôle sanitaire pas piqué des vers. Un petit copain jaloux, ça se castagne ; un prof, c'est oui monsieur. Une sorte de flic en miniature... Ajoutons tout de même à cela que Lelio Anterspinas n'enseignait pas le cinéma pour rien, et qu'il savait lancer son regard noir comme tout bon barbier sanglant d'Hollywood. Il y eut un silence embarrassé, et quiconque n'a jamais vu un grizzli embarrassé n'a pas une idée précise de la chose. Négligemment, l'invité inattendu se permit d'ajouter, avec un petit coup de pouce en direction du rideau.

"Il n'était pas verrouillé, alors je suis entré. Je dérange, peut-être ?"

"C'est quoi cet accent ? Italien ? Grec ?"

"Pourquoi, il faut choisir ?"

Lelio aurait peut-être dû faire de la prison mais il avait toujours réussi à esquiver ; ce n'était pas une raison pour ne pas en apprendre les codes, on ne sait jamais. Le passé a de longues jambes, et de longs bras... Pas de défi à la baston pour l'instant : des questions, toujours des questions. La situation était désamorcée, à moins que la demoiselle ne mette de l'huile sur le feu. Tsss... ce n'était pas un endroit pour elle. Malgré lui, le professeur jeta un coup d'oeil au travail réalisé, et sa première pensée fut que le contrôle sanitaire interviendrait peut-être trop tôt.

Elle ne semblait pas du genre à se faire contrôler pour une septicémie si une grosse fièvre la clouait au lit un jour ou deux... En tout cas, ce n'est pas ce qu'on racontait d'elle en haut lieu. Et si ce grizzli humain avait trouvé spirituel de la découper en morceaux pour l'enterrer dans un coin du cimetière, qui serait allé la chercher ? Elle lui rappelait quelqu'un. Ce quelqu'un, vu d'où il était aujourd'hui, avait pris beaucoup trop de risques. Suivre le même chemin n'était pas une bonne solution. Il fit un petit signe à la jeune fille : ils partaient, la fête avait assez duré.
Revenir en haut Aller en bas
Dylan S. Jenkins

Dylan S. Jenkins


Je suis: : Masculin
Nombre de rumeurs: : 693
Je suis âgé(e) de: : 30

Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyMer 5 Déc 2012 - 16:07

Pile en face du cimetière, tu vois ?





Lelio & Kaylee




05 décembre 2012 – 15.54 PM
Je me suis levée du mauvais pied. Encore et pour changer. Regarder mon téléphone qui affichait l’heure avancé de la journée n’a pas apaisé mon agacement non plus. Je n’ai plus la notion du temps, ni des jours. Ce que je sais, c’est que ce mois de Décembre n’a jamais avancé aussi vite que cette année alors que je voudrais arrêter le temps. Mais pourtant il faut se lever, il faut que je m’active ne serais-ce qu’un peu. Je cherche un vieux jean troué, un tee-shirt avec les inscriptions de ma confrérie et file à la douche. Je ne prends pas la peine de me coiffer, laissant mes cheveux blonds en bataille tomber en cascade sur mes épaules. Une touche de noir sous les yeux, et le tour est jouée.

Après ça, je me rends dans le salon, presque vide depuis que je dois tout déménager. Heureusement que Jude m’a aidée, toute seule, jamais je n’y serais arrivé. Il a été génial avec moi… comme toujours finalement. Je reste un moment au milieu de la pièce. Je tourne en rond depuis plusieurs jours, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas où donner de la tête. Je décide de faire un peu de tri dans les affaires qui m’appartiennent, un pétard à la bouche. Ce sont d’ailleurs les derniers cartons à remplir. Et puis je tombe sur les cadeaux que mes amis m’ont offerts à mon dernier anniversaire. Il y a ce petit coupon, un peu chiffonné, je ne me souviens pas de ça. C’est un bon pour un tatouage, je ne me souviens même plus qui me l’avais offert. Ce que je sais c’est que ça m’avais donné une idée.

Sans réfléchir, j’avais enfilé une veste en cuir, pris mon sac dans lequel se trouvait le coupon en question, et avais claqué la porte, laissant ce que j’étais en train de faire derrière moi. Mon téléphone en main, je regardais le GPS m’indiquer l’adresse du salon de tatouage. C’était loin, et dans un quartier mal famé, mais je n’en avais que faire. Je n’avais plus peur de rien, et avec la touche que je me payais, je doutais qu’on vienne m’emmerder aujourd’hui. Le point de mon téléphone s’arrête. Je relève la tête, et remarque dans un premier temps que je me trouve en face d’un cimetière. « Charmant. » Je tourne sur moi-même pour faire un tour d’horizon. Voilà, je me disais bien aussi. C’est en face. Sans jeter un coup d’œil à la vitrine je m’engouffre dans le salon de tatouage ou un mec de deux fois ma taille en largeur et en hauteur m’accueille.

« Tu t’es perdue ma jolie ? Le coiffeur c’est pas ici.»
« T’es tatoueur ou conseiller capillaire ? Bref. J’ai ça. » Je lui tends le coupon. « Un N et un K entrelacé dans le dos c’possible ou je dois aller à la concurrence ? »

Je vous avais prévenu. Je suis de mauvais poil. Mais mon attitude semble plaire au tatoueur en question. Après s’être mis d’accord sur l’endroit à encrer et sur le modèle de lettrine, il me fait signe de le suivre dans l’arrière-boutique. Sans faire d’histoires, je retire ma veste et mon tee-shirt. Je baisse les bretelles de mon soutien-gorge pour que cela ne le gêne pas, puisque le dessin sera placé en haut de la colonne vertébrale. Il sort ses instruments, et commence son travail. La première piqure m’a faite serrer des dents un instants mais cela m’a fait comme l’effet d’un soulagement. Vous savez, quand vous souffrez à l’intérieur, parfois la douleur physique soulage. C’est un peu masochiste comme raisonnement, mais tellement vrai.

Après une bonne heure et demi de souffrance, il m’indique que je peux me relever, et me tend un petit miroir pour que j’admire le travail, je me relève donc, les bras croisés sur ma poitrine à moitié nue. Premier sourire depuis plus d’une semaine. La cloche de l’entrée retenti mais je n’y prête pas attention. « Ça te plait ? » « A fond. » Je ne remarque pas son regard qui se place sur mon corps. « Tu sais que t’a un physique parfait pour des photos ? » « Quoi ? » « Je suis sérieux, regarde. J’vais pas te faire de mal. » Il déplace mes bras pour avoir une vue complète du haut de mon corps. Une petite voix résonne dans ma tête pour me dire de me rhabiller et de me tirer immédiatement. Mais pour une raison que j’ignore, je reste plantée devant lui. « On regarde mais on touche pas, compris ? C’est quoi ton délire là ? »



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] EmptyMer 5 Déc 2012 - 9:37

Buck Devil, de l'Atelier Piercing, dans ce vieux quartier légèrement moisi où le professeur Anterspinas aimait passer ses fins de soirées, lui avait conseillé la veille un nouveau salon de tatouage qui venait d'ouvrir, une sorte de programme de réinsertion des anciens prisonniers ; il fallait encourager le retour à la vie active de ces pauvres gens, et quoi de mieux que de se changer en homme-sandwich à vie, en arborant l'un de leurs tatouages ? Un de plus ou de moins, pour le prof', comme l'appelaient les autres petits nains, ça ne ferait guère de différence et c'était pour la bonne cause. Anterspinas avait acquiescé ; au bout du troisième martini, sa tendance à acquiescer augmentait significativement. Et comme Buck Devil est un vieux motard velu, mais Jamie Dear est un jeune loustic branché, toute la bande s'était rassemblée autour d'un Iphone dernier cri sur lequel ils avaient regardé, dans une admiration éthylique, se dessiner le trajet pour atteindre ce fameux salon de tatouage.

"Pile en face du cimetière, tu vois ?"

Par chance, une ligne de bus s'y rendait. En véritable voyageur aux semelles de vent, Anterspinas utilisait les transports en commun. Il savait d'ailleurs mieux conduire un tracteur ou une navette marine qu'une jolie smart avec direction assistée, sur une route hérissée de panneaux divers et de règlements variés, dont il ne connaissait pas un traître mot. De toute façon, l'édifice était facile à localiser. D'un côté de la route, les hautes grilles noires, les tombes et autres cryptes familiales à perte de vue, et quelques arbres pour faire bonne mesure et loger ces messieurs les corbeaux... De l'autre, cette grosse enseigne métallique probablement forgée au fond d'une décharge lors d'un autre programme de réinsertion. La vitrine affichait des créations encore sanguinolentes. Au moins, c'était réaliste et sans chichis. Un petit sourire apparut sur le visage du professeur, qui traversa la route sans regarder à droite ni à gauche.

En tant que fumeur, il n'était gêné que par l'odeur du mauvais tabac. C'est ce qui lui sauta au nez lorsqu'il entra dans la boutique, annonçant involontairement sa présence par le coup que donnait la porte dans la vieille cloche de vache prévue à cet effet. Il s'approcha de ce qui semblait être la caisse, jeta un regard morne au poster de fille nue et absolument pas tatouée qui surplombait sans raison apparente cette partie du magasin, et posa sur le comptoir le modèle de ce qu'il souhaitait ajouter à sa petite collection. Rien de trop compliqué, un beau gros "X" gothique imprimé d'après google images. Il hésitait encore pour l'emplacement, mais le cowboy qui tenait ce bouge pourrait certainement le conseiller - et lui offrir une bière, peut-être, pour faire passer cette odeur persistance ; à moins que sa bière soit aussi mauvaise que son tabac.

L'arrière-boutique était fermée d'un rideau, comme chez les arracheurs de dents qui sévissaient avant l'invention du cabinet de dentiste, doté de portes insonorisées. Si personne ne bougeait d'ici quelques secondes, il irait jeter un oeil derrière ce sympathique rideau, qui lui aurait rappelé sa grand-mère et ses mites, s'il avait eu l'honneur de les connaître.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty
MessageSujet: Re: Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]   Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Pile en face du cimetière, tu vois ? [PV Kayleen]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Wynwood University :: Corbeille :: ARCHIVES AVANT 2023 :: Rps à archiver :: RPs abandonnés-
Sauter vers: