Chalet de Maeko, Amaranthe, Sojiro, Edward.

Et hop ! Tous dans le bus direction je ne sais où. En fait, j’ai pas trop pris la peine de lire le programme. On m’a dit qu’il y avait une sortie et j’ai simplement sauté sur l’occasion. Pas pour me faire des potes, non, juste pour m’éclater à fond sans réfléchir au reste. La cerise sur le gâteau dans tout ça, c’est quand j’ai vu les personnes qui attendaient pour monter dans le bus. Pas moins de 8 gars de l’équipe des Cannonballs : Trevor, Dexter, Emeric, Sojiro, Edgard, Neil, Duncan, Maximilien. Si ça c’est pas la classe, je vous demande ce que c’est !
D’ailleurs dans le bus, on a réussi à mettre l’ambiance comme il fallait. Les chansons étaient gueulées, ceux qui avaient eu la bonne idée d’apporter des sucreries furent dévalisés. On se chambrait. On n’a pas arrêté une minute. On était même prêt à débuter une bataille d’eau lors de la pause. Bon, il y avait des petites imperfections à ce tableau d’équipe soudée. Le nippon est resté avec sa copine tout le long du trajet. À croire que mes conseils ont fonctionné, il va juste falloir que je le prévienne de prendre un peu ses distances. À être toujours collé l’un à l’autre ça va finir par casser. Ed’ numéro deux a dormi sur l’épaule d’une jolie blonde que je ne connais absolument pas. Trevor a plus souvent parlé avec son meilleur pote qu’à nous tous. Neil s’est assis plus devant avec une fille que je ne connais pas non plus. Et pleins d’autres petits détails que je ne perds pas de vue. Tant pis, on ne peut pas tout avoir non plus !

On finit par arriver. Le cadre est vraiment sympa. Les chalets ont l’air confortable et puis j’ai hâte de découvrir les activités proposées pour cette semaine et aussi la bouffe ! Ce que j’ai faim, c’est incroyable ! Il va falloir que j’aille faire un tour en cachette dans les cuisines. Je ne vais pas pouvoir attendre plus longtemps.
Du coup, j’essaye de retenir le numéro de mon chalet et pas le reste. C’est une perte de temps. De toute façon, tout ce que je vais y faire c’est dormir. Si en plus, il y a des longues discussions et des rigolades, pourquoi pas ! Mais ce n’est pas ce que je cherche en priorité. Je file en direction du chalet principal mais ne trouve absolument rien à manger. Tout ce que je vois ce sont des fourmis géantes s’agitant pour clôturer la décoration spectaculaire de la soirée Halloween.

Déçu, je retourne vers le chalet numéro un. J’ouvre la porte avec un grand sourire. Je ne prends pas le temps d’aller déposer ma valise sur mon lit car une fille est déjà là. Je souris. Une deuxième nous rejoint. On fait les présentations même si l’une des deux ne m’est pas inconnue. Amaranthe… La demoiselle à qui j’ai fait croire que j’étais français. Elle avait découvert le pot aux roses et j’avoue me sentir complètement ridicule maintenant. Surtout que ce soir, j’ai décidé je vais devoir revêtir un costume… J’espère qu’il y aura au moins une Catwoman, pourquoi Batman ne soit pas seul toute la soirée… L’espoir fait vivre. « Alors les filles, vous vous déguisez comment ce soir ?» Sojiro entre dans la pièce. Je suis content que ce soit lui mon colocataire de la semaine. On va pouvoir parler. Ma main tapote nerveusement la table en bois. Mes doigts s’abattent les uns après les autres sans que je puisse me stopper. Étrange moi qui ne suis pas de nature nerveuse…

En serviette de bain, Sojiro demande à sa copine si elle n’a pas pris du poids. J’hausse un sourcil et sans le vouloir, je souris. Je l’avais bien dit que ça finirait par causer problème ! Puis mon coéquipier me regarde. « Je crois que j’suis gay » Cette annonce me cause un choc et pourtant je vais prendre Sojiro dans mes bras. Je le sers fort. Situation, pas du tout viril. Pour ne rien arrangé, quand je m’écarte, j’embarque sa serviette en rigolant. Je n’avais pas du tout prévu de faire ça. Ce n’est pas vraiment drôle. Il risque de me haïr un petit moment. Mais… C’est comme si mes gestes se réalisaient avant que mon cerveau ne le décide. Et puis, il vient d’annoncer être homosexuel, ça vaut bien un petit rappel à l’ordre ! « Oups… Tiens. » Dis-je en lui balançant à la figure. « Un petit coup de froid t’as remis les idées en place ? » Et hop, je viens de rattraper le coup ! Du joli travail…

Halloween, Maeko avait toujours adoré cette fête. Premièrement, parce qu’elle n’avait aucun rapport avec sa religion et que donc, elle était moins ennuyeuse à ses yeux, mais surtout parce que s’ils ne faisaient que rarement l’effort d’être là pour noël ou son anniversaire, ses parents avaient quasiment toujours été présents pour Halloween. Cette année faisait exception, mais cela n’attristait pas vraiment la chinoise puisque cette année, elle ferait la fête avec Sojiro, ce qui était encore mieux dans son esprit. En effet, le nippon avec qui elle s’était récemment mise en couple avait accepté de venir, non sans se plaindre de devoir se déguiser, bien sûr, mais il l’avait tout de même accompagné. Elle avait passé le voyage assise à côté de lui, à écouter la même musique que lui, la tête posée sur son épaule, souriant au moins aussi bêtement que lui, aussi. Elle était descendue en même temps que lui à la pause et en avait également profité pour boire de l’eau.

La seule personne qu’elle connaissait dans leur chalet était Sojiro, ce qui lui allait très bien. En voyant Emeric et Eva monter dans le car, elle s’était déjà imaginée que son karma la placerait avec ses deux là dans les chalets et qu’elle allait passer la pire semaine possible. Au final, elle se retrouvait avec deux inconnus et son petit ami, elle gagnait au change. Le nippon avait insisté pour porter sa valise et il la déposa dans la chambre que la chinoise partagerait avec un Khi, Amaranthe si ses souvenir étaient bons. « Et v… voilà » lança-t-il, d‘une voix un peu étrange. « Tu vas bien ? » Demanda-t-elle. Mais elle n’obtint pas de réponse puisque le japonais se hâta de quitter la chambre. Tant pis.

Elle rejoignit ensuite la pièce commune que Sojiro avait déjà désertée pour la salle de bain. Elle alluma la télé mais n’eut pas à attendre bien longtemps pour voir la porte du chalet s’ouvrir à nouveau sur un grand type de l’équipe des Cannonballs. Edward qu’il s’appelait. Elle lui rendit son sourire et alla s’installer sur une chaise alors que la dernière occupante de leur chalet entrait à son tour. Les présentations terminées, Edward leur demanda comment elles allaient se déguiser. Incertaine, Maeko avait apporté plusieurs tenues, mais elle choisirait surement celle de sorcière, bien plus assortie à son caractère. Cependant, elle ne répondit pas à la question du garçon, puisqu’un hurlement à l’extérieur la fit sursauter. « Vous avez entendu ça ? » Questionna-t- elle, inquiète, alors que la porte de la salle de bain s’ouvrait.

Sojiro réapparut dans la pièce, une serviette autour de la taille et chantonnant la fin de l’hymne américain. C’était si irréalise que Maeko dut se retourner pour vérifier que c’était bien lui. Et en effet, aussi improbable que cela puisse paraître, c’était bien lui et il la regardait d’un air effrayé. « T’aurais pas des brocolis ? » Entendit-elle à la place de cette phrase qui l’aurait surement mise hors d’elle. « Comment ? » Répondit-elle simplement avec de grands yeux surpris. Mais le nippon ne répondit pas, il se contenta de se tourner vers Edward pour lui faire une confidence. « Je crois que j’suis gay ». Fit-il alors, faisant élargir un peu plus les yeux de la chinoise. « Comment !? » Répéta-t-elle plus fort. La scène était déjà trop choquante pour elle, mais la réaction d’Edward augmenta cette sensation d’un cran, en effet, il alla prendre Sojiro dans ses bras. Si, si, vous avez bien entendu. Mais le pire arriva surement lorsqu’en s’écartant, il tira sur la serviette qui entourait jusque là le nippon et l’embarqua en riant. Les yeux fixés sur son petit ami, nu comme un ver, Maeko arqua un sourcil. « Euh… ? » articula-t-elle seulement.

« Oups… Tiens. » Fit alors Edward en balançant la serviette à la tête de japonais. Et là, ce fut le paroxysme de l’incompréhension pour Maeko qui entendit la phrase la plus choquante de sa vie. « Tu dois avoir un peu froid ça te donne pas des idées salaces ? » D’un bond, la chinoise se leva, au bord de la crise d’angoisse, elle observa Edward avec une expression entre l’effarement et l’incompréhension. « Il se passe quoi dans vos vie là, les mecs ? C’est quoi ce bordel ? » Demanda-t-elle, énervée, alors que derrière elle, elle crut entendre un ricanement. « Pourquoi tu ris, toi, ça n’a rien de… » Avait-elle commencé à hurler en se retournant… Sauf que derrière elle, il n’y avait personne. « Mais qu’est-ce que… Je… Euh… Pardon. » Bafouilla-t-elle, décontenancée, en retournant lentement s’asseoir sa main plaquée sur front, sans bien comprendre ce qu’il venait de se passer.

Je trouve ma propre attitude étrange. J’essaye de masquer tout ça sous le compte de la plaisanterie mais Sojiro commence sérieusement à me faire flipper. Un excès de douches entre homme après l’entraînement ? Parce que son comportement devient légèrement, juste légèrement, déviant. Et celui de sa copine va de pair avec. Elle commence rapidement à monter dans les tours, à tel point qu’elle finit par se retourner en engueulant un fantôme. Ok. Je me disais que leur couple aller exploser mais ça devient de plus en plus clair. Elle est sur les nerfs. Sojiro divague sur sa sexualité. Ça ne doit pas être terrible au plumard en ce moment ! Vous avez besoin d’une thérapie ? Tonton Bird est là pour vous ! Il vous apportera ce dont vous avez besoin… Pardon je divague… Et pourquoi cette pensée m’excite-t-elle ? Ça gonfle dans mon pantalon alors que je donnerai tout pour ne pas être ici avec deux amoureux et une fille qui m’a ruiné mon pari. Même si j’avoue la trouver mignonne… Et encore, si ce serait elle qui provoquerait ça, ok, pourquoi pas ! Mais là… Il n’y a rien de très… Attirant. Sexy. Émoustillant. Il faut que je me calme. Vraiment.

La française décide de partir. Je ferais bien d’en faire de même. Quitter ce chalet histoire de prendre l’air ou m’enfermer dans la salle de bain, au choix. Alors que j’élabore une stratégie pour partir le plus discrètement possible, Amaranthe tombe lourdement au sol. Ma tête pivote vers son corps étendu contre le planché. Il lui prend quoi à celle-là ? J’essaye de voir dans quoi ont pu s’emmêler ses pieds mais ne trouve rien. Elle tente de se relever pour partir de nouveau mais se retrouve encore une fois le nez contre le sol. Et je peux approuver qu’il n’y avait rien.

Normalement, en bon gentleman, je serais allé l’aider. Mais pas ce soir. Je me contente de rester bêtement debout. Juste là, dos à la porte, je contemple la scène. Mes pieds semblent scellés au sol. Du coup, c’est Sojiro qui prend l’initiative. Il a bien noué la serviette autour de son corps. Je ne sais toujours pas ce qu’il m’a pris tout à l’heure ! « Suce-moi, pétasse » Mes yeux s’écarquillent. D’abord il dit à sa petite copine qu’elle a grossie, ensuite il annonce être gay, puis il dit qu’il va me violer (chose que j’ai encore du mal à conceptualiser, à accepter et à comprendre) et finalement il ordonne à une autre fille de lui faire une gâterie. Il a de sérieux problèmes et en tant que coach ça me préoccupe. Elle lui a fait quoi cette asiatique ? C’est elle qui le rend bizarre ? Un excès de câlin et de bisous dans le bus ? Une relation trop platonique ? Un gag ? Oui ça doit être ça… Une caméra cachée ! Et même cette explication me semble fausse. Sojiro est bien trop spécial, trop renfermé pour exploser ainsi même si c’est pour un jeu…

Et je ne sais pas comment c’est arrivé, quelle connexion s’est faite dans mon cerveau, mais mon corps à commencer à bouger sans que je le veuille. Pas de simples mouvements, pas quelques pas… Non ! Ça aurait été bien trop normal… J’ai commencé à danser. Danser d’une manière plutôt inédite. J’ai chaud et je finis même par enlever mon t-shirt. Je vous jure. Tout cela n’est absolument pas prémédité ou voulu ! Promis. Jamais je n’aurais fait ça normalement… Mais… Ce soir ce semble pas être normal. Pitié qu’il n’y ait aucune caméra qui filme !
Je finis par m’approcher des trois autres pour danser bien plus près d’eux. « Arrêtez moi ! »

Après la scène d’ouverture pour film porno gay qui sembla déstabiliser tout le monde, y compris les deux garçons acteurs de la scène. Sojiro hurlait des trucs étranges avec un timbre et une attitude en totale contradiction avec ses paroles et Edward avait des comportements un peu atypiques également. Seule Amaranthe paraissait à peu près normale. A ce détail près qu’elle ne tenait pas sur ses jambes, mais vraiment pas du tout. Pour preuve, suite aux événements improbables, elle s’était levée, certainement pour quitter la pièce, quand elle s’écrasa soudain au sol, sans raison. « Ça va ? » Demanda Maeko alors qu’Amaranthe demandait de l’aide pour finalement se rétracter et de se relever seule…. Pour tomber à nouveau.

« Ok, je crois que je suis déjà raide ! » Annonça-t-elle. Bon, d’accord, cette fille avait des problèmes aussi. Mais elle était toujours mois louche que Sojiro et son histoire de brocolis qu’elle n’avait toujours pas comprise. Ce fut le nippon d’ailleurs, qui alla aider Amaranthe à se relever pendant qu’Edward restait littéralement figé sur place et que Maeko se retournait à nouveau, croyant une fois de plus avoir entendu quelqu’un crier. Elle s’apprêtait à demander à ses camarades s’ils avaient entendu eux aussi mais Sojiro parla avant elle, s’adressant à la khi. « Secoue-toi, bonasse ! » Entendit la chinoise dans la bouche de son petit-ami. Elle s’approcha d’eux et, sourcil froncés, observa Sojiro. « Laisse-là tranquille, si elle n’a pas envie ! Qu’est-ce qu’il t’arrive d’un coup ? »

Et là, elle se tourna vers Edward et se figea instantanément, sous le choc. Il était en train de… Euh… Danser ? Si on peut appeler ça comme ça. Maeko, elle, aurait plus dit se secouer comme un fou. Mais attention pas le fou, genre « oui, je m’amuse à faire l’idiot », non, non comme un vrai dément prêt à être interné. Pire encore, il commençait à enlever ses vêtements, son tee-shirt en l’occurrence.

« Rejoignez-moi ! » Fit alors le fou furieux en s’approchant dangereusement d'eux.

Les yeux écarquillés Maeko recula derrière Amaranthe. « Je n’ai pas envie de...Euh... Danser ? ...Merci.» répondit-elle avec inquiétude. Une bande de malades mentaux, voilà ce qu’ils étaient. Surtout les deux garçons ; Sojiro avait de tout évidence perdu la plupart de ses neurones sous la douche et l’autre… Euh bien, l’autre, elle ne l’avait jamais vu auparavant mais il commençait clairement à lui faire peur.