Ariel.

Age : 20 ans
Date et lieu de naissance : 23 Août 1992, dans la cabane au fond du jardin.
Classe : Senior Year
Confrérie : Lambda
Riche ou bourse d'étude ? Boubourse o/

Parler de moi n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. Vous êtes en face de moi, bon sang. Pourquoi ce besoin d'une description self-made ? Enfin. Faîtes pas cette tête-là, ça me plaît pas de vous voir si dépité... hm. Très bien comme vous voudrez.
Hm. Globalement, enfin, je veux dire, au niveau de la silhouette, je suis plutôt... petite. Bon, d'accord, très petite. Ben oui, vous le voyez bien, prenez pas cet air triomphant. C'est clair que, 1m62, à mon âge, c'est pas grand chose. J'ose même pas imaginer le résultat dans cinquante ans, après m'être tassée. Mais bon, en dépit de ma taille de naine, je pense avoir quand même une silhouette, disons, harmonieuse. C'est vrai, je ne suis ni maigre ni enrobée, et puis tant que je tiens sur mes jambes, tout va bien. Et puis, même si j'ai quelques centimètres à rattraper, je me débrouille quand même fort en sport. Hop, j'me faufile par là, et hop, une esquive rapide, mine de rien ce sont des choses dont je n'aurais pas pu profiter si j'avais été plus grande.
Ensuite. Niveau visage, j'ai de grands yeux. Ouais, j'aime bien mes yeux. Le mieux, c'est qu'ils sont couleur ambre, et ça c'est vraiment bizarre, donc c'est bien. Pour le reste, je vais pas épiloguer : des sourcils fins, puis un nez arrondi, prolongé par une bouche pas vraiment féminine. Elles rosissent souvent en hiver, à cause du froid.
Ah, d'ailleurs, je me dois de la préciser. Mon physique est, pour ainsi dire, plutôt androgyne. C'est pas vraiment voulu, mais il m'est arrivé que certaines personnes me prennent pour un garçon. Faut dire que la féminité, c'pas vraiiiiiment ma tasse de thé... exit maquillage et tout le bordel. Je préfère largement un bon vieux chapeau à tous ces apparats à froufrous pour tignasses de greluches.
Ah, en parlant de tignasse, la mienne est peut-être ce dont je prends le plus soin sur moi, paradoxalement au fait que je ne porte pas de maquillage. J'adore faire des expériences capillaires, et ça se ressent. Me balader avec une touffe en pétards ou une crête dégueulasse sur la tête, chez moi c'est monnaie courante. Pour ne pas m'étaler, retenez juste que je ne me coiffe jamais de la même manière deux jours de suite.
A part ça, que dire ? Mes seins ? J'en n'ai pas. Enfin, peu. Ils ont capté que j'étais pas une vraie fille, les bougres, alors ils ont refusé de pousser.
Niveau vestimentaire, c'est un peu la même histoire que mes cheveux. Quelque chose me plaît, hop, c'est parti. Je calcule pas vraiment ce genre de chose, ça reste de l'ordre de l'expérimental (je devais être une scientifique dans une autre vie). Certains disent que j'ai du goût. Je veux bien les croire, mais encore une fois, ce n'est pas le genre de choses auxquelles je fais attention. Parfois, il m'arrive de me regarder dans la glace (après avoir choisi mes vêtements comme à mon habitude – totalement au hasard), et de rire de mon reflet tellement la tenue paraît ridicule : ce sont ces jours-là où j'entendrais dans les couloirs du lycée : « Oh ! Regardez Ariel ! Comme elle est fringuée ! C'est hyper novateur, hyper original ! Ca sort vraiment des sentiers battus ! Quelle visionnaire ! »
Dans ces moments-là, je ris de bon cœur, mais seulement dans ma tête. Extérieurement, le même faux sourire froid et vide reste figé sur mon visage. Je n'affectionne pas vraiment le fait de me donner en spectacle, mais je ne voudrais pas briser toute l'admiration qu'ont ces chers petits à mon égard, non non.

Très bien, très bien, si vous insistez... Je ne voudrais pas frustrer quelques voyeurs, hin hin... Bon, si je vous dis que je suis une geeentille fille, pleine de bonté et de reconnaissance envers les aînés, respectueuse des valeurs de l'Amérique et tout le bordel, ça vous va ?... Nan ?... Arf, je le savais que ça sonnait faux... c'est pas vraisemblable, ouiiiii, je sais. En même temps, avec une telle tronche, vous voulez que je sois quoi ? Un enfant de choeur ? Abrutis.
Donc. Non, je ne suis pas une gentille fille en général. Je suis "gentille" uniquement avec les personnes donc j'estime qu'elles le méritent, je vous le donne en mille : mes amis. Parce que oui, si je sais être tout à fait exécrable, détestable et dédaigneuse avec beaucoup, j'ai un sens aigu des valeurs amicales. Un ami, c'est une personne sur laquelle on peut compter dans les bons comme dans les mauvais jour. C'est la personne qu'on peut appeler à tout moment, même au milieu de la nuit, parce qu'on est dans la merde et qu'on a besoin de lui. Et un ami, après un tel appel, rapplique illico. Je suis de ces amies-là.
Par contre, l'amical, c'est bien le seul type de relationnel dans lequel je me démerde. parce que, niveau amours... j'aurais bien besoin de cours. Je m'explique : les rares fois où j'ai formé un couple avec quelqu'un, j'ai été une handicapée du quotidien. Donnez-moi quelqu'un à aimer, et je ne saurais absolument pas comment me comporter devant cette personne. Où dois-je l'embrasser le matin ? Comment la saluer ? Quels sont les gestes anodins à adopter ? Et si cette personne veut me tenir la main, je dois faire quoi ? Et quand est-ce que je dois dire "je t'aime" ? Bref. Vous avez compris, ce genre de chose, même si ça peut paraître anodin, ça me bloque, et ça conduit inévitablement à la rupture. On en vient donc au deuxième aspect (ou premier aspect, ça dépend dans quel sens vous prenez le cycle) de ma nullité amoureuse : la drague. Autant le dire tout de suite, je drague comme une brelle. Les rares fois où je tente, les garçons pensent que je déconne et les filles prennent peur.
... Quoi ? Je vous avait pas dit ? Heu, ben, voilà. Les filles aussi m'intéressent. Enfin, m'intéressent... c'est vite dit. En soi, personne ne m'intéresse. Personne ne m'attire. Je ne pense pas être bisexuelle, je dirait plutôt que je suis... asexuelle. Partant de ça, j'ai décidé d'être impartiale, et je donne leurs chances aux deux genres. Mais il arrive des fois que je me dise "tiens, untel ou unetelle est beau/belle, il ou elle dégage quelque chose"... Il n'y a aucune pensée sexuelle derrière ça, cette attirance que je ressens parfois relève plus du mystique que d'autre chose, je pense. Ce sont donc ces rares fois, où j'ai ressenti cette attraction étrange, qui se sont soldées par une approche des plus pathétiques. Aussi, maintenant, je ne tente plus rien. Je n'ai plus envie de m'occuper de ces histoires. Alors j'attends de voir ce qui voudra bien me tomber sur le coin de la gueule.

Ben, naturellement, voyons. C'est pas comme si je m'y attendais pas. Je ne vais même pas esquisser un seul signe de rebellion, même pas...
Mon enfance s'est plutôt pas mal passé. Enfin, pas bien des masses non plus. En fait, ma mère est morte en accouchant. ouais, faut dire que j'étais un beau bébé, elle a dû le sentir passer... mon père a pas supporté, et de toute façon il me voulait pas, alors il s'est jeté du toit de la clinique. A ce qu'il paraît, c'était des gens bien. j'aurais bien aimé les connaître.
Donc, me voilà larguée dans un orphelinat quelques jours après mon débarquement dans ce joli monde. Je n'ai pas mis longtemps avant d'être recueillie chez mes parents. Jacqueline et Robert Redd, voilà leurs noms. De braves gens. je leur dois la vie, réellement. Papa et Maman m'ont élevée jurant de toujours me dire la vérité, dès mon plus jeune âge. Aussi, je savais dès le début qu'ils n'étaient pas mes parents biologiques. Mais mon Papa et ma Maman, c'est bien eux.
C'est au début de mon adolescence que ça a commencé à tourner au vinaigre. J'ai découvert pour la première fois les joies de la vraie lecture, et accessoirement de la weed, et peu à peu j'ai ouvert les yeux. J'ai pris conscience du monde qui m'entourait, de ses vices, ses torts, ses problèmes, ses ténèbres, petit à petit. Et tout ça m'a très vite rendue assez associable, voire sauvage. La lucidité fait souffrir, mais à la longue elle est bénéfique et honorable. Je m'estime mille fois plus chanceuse et respectable, moi qui ait un regard lucide sur notre société, que ces groupies immondes sans aucune jugeote, nourries de programmes télé abrutissants et de cosmétiques à la truelle. Cependant, on ne peut pas leur en vouloir. Il est dans la nature de l'humain de se voiler la face et de se terrer dans l'ignorance : l'ignorance et l'abrutissement sont un voile, une coquille, qui protège quiconque s'y confine. "Heureux les simples d'esprit", dit le proverbe, et je vous assure, c'est on ne peut plus vrai.
Aussi, j'ai commencé à faire chier mes parents. Il me semble que l'émancipation est un processus logique de l'ouverture d'esprit, de la croissance et de l'apparition de l'opinion personnel... chez moi, ça s'est manifesté assez violemment. Mes parents en ont beaucoup souffert. Je ne m'en excuserai jamais assez auprès d'eux.
Nous habitions en Ecosse. Et puis mon père est tombé malade. Maman et moi, on savait qu'il ne lui restait plus longtemps. Alors on a décidé de réaliser son envie de toujours, et d'aller habiter en Amérique. Là-bas, j'ai commencé à fréquenter Wynwood. Je déteste ce bahut. les gens sont stéréotypés et détestables. Mais à ce moment-là, je faisais ça pour Papa.
Et puis Papa est mort. Avec lui, c'est une part de moi qui est morte. Je crois qu'à partir de là, j'ai vraiment commencé à faire des conneries, et à agir un peu en marge.
Mais c'est comme ça.
Maman m'a dit il n'y a pas si longtemps que, jeune, mon père avait un autre rêve totalement fou : il voulait avoir un petit garçon roux et l'appeler Poil de Carotte, comme le garçon du roman d'aventure. Ce n'est sûrmeent pas une coïncidence si aujourd'hui je suis rousse.