Parfois l'on se trompe de porte ... ( pv Kaylee Standford ]

J’attendais donc avec impatience ses explications sur ce jeu en question, qu’il venait de me proposer, et s’il voulait le faire, il faudrait se dépêcher un peu pour au moins en profiter. En effet dans une trentaine de minutes le cours serait fini, et je ne le reverrais certainement plus, il n’est pas dans ma classe je vous rappelle. Quoi que… On ne sait jamais après tout, j’ai beaucoup de connaissances qui ne sont pas forcément de mes cours. Sait-on jamais. Quoi qu’il en soit je suis curieuse, et le discours monotone du prof avec ses formules écrites au tableau, qui ressemblent vaguement à du chinois pour moi me fatiguent. Le corps et l’esprit. Je préférais donc l’observer lui, attentivement, plutôt qu’autre chose. Qu’allait-il finalement me proposer ? De lancer des trucs à travers la salle de classe ? Tellement cliché et banal. De lancer un jeu par écrit ? Trop…Calme. Bon il ne sert pas à grand-chose de s’impatienter, attendons de voir ce qu’il en est réellement.

Enfin il prend la parole, esquivant les tirs de flèches du prof. L’heure du jeu à commencer. Ouvrons bien les oreilles et voyons si cette idée est plus intéressante. Bon déjà, c’est un défi, c’est encore mieux, et qu’on y gagne-t-on ? He bien de s’échapper de cette prison malodorante et parfaitement ennuyante, pour passer le reste de la journée au soleil, pour profiter enfin de nos vacances. Alléchant non ? « Attrape-moi si tu peux » que veut-il dire par là ? Et commençant à ranger ses affaires il me provoque, de petite fille sage, qui restera ici, à suivre le cours… et que ? Que quoi, le voilà parti comme une flèche, sans rien dire à personne, à part moi, bien entendu. Et c’est alors que forcement tout le monde se retourne vers moi, avec des têtes d’abrutis et d’ahuris. Eh ho, j’y suis pour rien moi !

« Hum… heu. » Dis-je gênée.

Je tournais ma tête vers la fenêtre qui était à ma gauche, et y voyait mon camarade, assis dans l’herbe, tout sourire. Il me provoquait toujours de l’extérieur. Simplement moi, les mecs de l’éducation me connaissent, je ne peux pas faire cela comme il vient de le faire. Mais je trouverais un moyen. Réfléchi Kaylee réfléchi. Rapidement je range toutes mes affaires et me lève brutalement, manquant de faire tomber ma chaise. Encore.

« On a une urgence désolé ! Un truc de fou m’sieur ! J’vous raconterais tout c’est promis ! »

Je lui avais balancé cela d’un air, complètement pas crédible, puisque je rigolais à moitié. Bon cela allais certainement m’attirer des problèmes et alors ? C’est du rattrapage, rien d’autre. Je courais dans le couloir, pour éviter que l’on me retienne de sortir moi aussi. Je l’entendais derrière moi hurler mon nom de famille dans le couloir, alors je redoublais ma vitesse de courses, arrivée dehors, je ne m’arrête pas, je cours dans la direction de William et l’attrapa par le bras pour qu’il se relève et me suive, sinon lui aussi va se faire attraper. « Dépêche, y’a pas le temps là ! » Après que je sois sure que nous n’étions plus poursuivit je m’arrête enfin, mon souffle haletant comme jamais.

« J’avoue elle est sympa ton idée. Alors c’est qui la petite fille sage ? T’a un truc à boire ? »

Lui demandai-je en reprenant ma respiration, et pendant que je m’asseyais en tailleur dans l’herbe que le soleil avait pris soin de réchauffer. Je sortais mes lunettes Ray Ban de mon sac pour les enfiler, voilà qui était beaucoup mieux.

Une fois mon fou rire silencieux calmé, et l’interpellation du professeur je retourne à mes petits dessins, enfin ce sont plus des griffonnages maintenant, jetant de simples petits coups d’œil à mon voisin de table de temps à autre. Il a l’air de se contrefoutre totalement du fait qu’il se soit trompé de classe, je crois que j’aurais réagi un peu de la même manière. Quoi que je ne suis pas nouvelle moi, donc on m’aurait recalée direct. Et puis ce n’était pas comme si c’était un cours important, c’était de simple rattrapage, nous étions à la fin de l’année, je ne vois même pas pourquoi je suis ici au final, je ‘aurais pas dû venir, mais avec mes absences, je n’ai pas vraiment eu le choix. Redoublement, ou rattrapage. La solution était vite vue. Maintenant que Nate était revenu, je ne voulais pas le décevoir, lui montrer que je n’avais réellement rien foutu depuis que j’étais partie de la maison. Enfin bref, mon voisin de table poussa tout ce qui était dessus pour poser sa tête sur son sac. Le sac de cours, le meilleur oreiller du monde quand on est au lycée, je connais bien ça, combien de fois m’étais-je réveillée avec la trace de la fermeture éclair sur la joue ? Je sourie doucement, cette attitude me plait, bon pour le moment cela ne fait rien bouger, mais au moins, ce n’est pas un petit intello super pris par ses études qui va me faire la morale parce que je ne suis pas le cours. Mais quelques secondes seulement après il rouvre les yeux pour s’adresser à moi, j’arrête donc mon activité passionnante pour l’écouter. Un jeu ? Mais dites-moi, c’est parfait tout ça.

« Tu peux m’appeler Kaylee. Standford c’est pour les profs. T’a raison, les rattrapages… C’est juste la pire punition que tu puisses avoir en Juillet. Sinon c’est quoi ton je… »

Je n’ai pas eue le temps de pouvoir finir ma phrase, pour deux raisons, la première étant que celui-ci venait de laisser sortir un petit rire, non caché comme je le faisais si bien, je me penche un peu dans sa direction pour voir l’objet d’amusement, et remarque le gros lourdingue deux table devant nous qui s’empiffre toujours, en mettant partout, je fais un moue de dégout avec ma bouche, c’est juste répugnant. De deux, parce que le prof demande William au tableau. Le pauvre, il vient à peine d’arriver qu’il est déjà dans son collimateur. Encore heureux qu’il ne soit pas initialement dans cette classe. Je l’observe donc se lever et résoudre le problème en 2 minutes chrono, pour faire l’abrutie et mettre un petit brin d’ambiance, dans le dos du prof, j’applaudis doucement. Tout sourire. Ce qui m’aurait presque valu une chute d’enfer, puisque je me balançais sur ma chaise. Dans un grand fracas, celle-ci retombe sur ses quatre pieds. A son retour il me relance donc sur la question du jeu, pointant une touche d’humour, remarquant le silence de mort qui régnait dans la salle. Justement oui, revenons à cela. Je me tourne complètement vers lui, pour être en face, jetant des petits regards vers le tableau, pour éviter que le prof nous chope encore une fois et nous sépare, ce qui dans ce cas mettrait fin à tout bien avant que cela commence.

« J’allais te demander de développer, en général je suis toujours partante pour égayer ce genre d’ambiance… Avant que tu n’arrives j’étais à deux doigts de me tuer avec ce stylo. »

Avant que je n’eue le temps de lui répondre, il était en train de trifouiller téléphone, certainement comme moi tout à l’heure, pour faire passer l’heure plus vite, et soudain un son en sorti, assez fort pour que je puisse l’entendre, et notre bourreau aussi, ce qui nous offrait un magnifique regard de menace. Forcement j’étais toujours morte de rire, cela avait l’air d’être un sacré phénomène, il avait bien fait de se tromper de classe tiens. Les mains devant la bouche, et mes yeux allant discrètement entre le tableau et mon voisin, il me glissa à l’oreille une phrase qui m’acheva, qu’il ne l’aimait pas, avec un air je m’en foutiste. Vous avez déjà essayé de réprimer un fou rire récurant ? C’est juste de la torture.

« T’inquiète pas, il n’aime personne, je le soupçonne même d’être vieux garçon, dans le genre vivant toujours chez maman tu vois ? ... »

J’aurais pu rajouter, mais toi j’t’aime bien. Mais n’exagérons rien, je viens à peine de le rencontrer. Je n’ai encore jamais eu de mauvaises surprises avec les personnes que j’ai pu rencontrer ici. Alors je ne vois pas pourquoi cela changerais aujourd’hui. Surtout que les vacances arrivaient à grand pas, autant étoffer son carnet d’adresse non ?

Depuis quelques jours j’avais pris mes marques chez mon frère, il avait pris un appartement à deux chambres, dont une spécialement pour moi, j’avais donc prévenu mon colocataire que je ne serais pas à la chambre pendant une petite semaine. Ce qu’il comprit bien évidemment. Nous avions tellement de temps à rattraper tous les deux que le fait de rester chez lui était presque inévitable. C’était encore un peu le bordel avec toutes les fringues à ranger, les peintures à finir mais on s’en sortait comme des chefs. Avoir deux endroits où vivre était plutôt compliqué au final, parce que je n’avais jamais ce dont j’avais besoin à un endroit, et inversement. Quoi qu’il en soit, ce matin j’avais cours, et je n’entendais pas mon réveil sonner, comme d’habitude, je suis une vraie marmotte, et je n’avais pas spécialement envie d’y aller non plus. Mais ce fut la voix de Nathan dans la chambre voisine qui me réveilla : « Kaaaaaaaaay ! Éteint moi ce truc sinon c’est moi qui viens te lever ! ». Ce qu’il peut-être grognon le matin… Obéissant aux ordres de l’homme de la maison, et machinalement j’éteignais le bruit horrible du réveil, avant de poser doucement un pied à terre. Je déteste me réveiller tôt. Et encore moins pour aller en cours. Sans aucune motivation, je file à la douche, me coiffe, un peu de maquillage, je change mon pansement sur l’épaule toute seule, cela à bien cicatrisé, bien que je ne peux toujours pas bouger mon bras correctement. Plus besoin de porter cette écharpe ignoble. J’attrape mon sac en quatrième vitesse pour ne pas être en retard, pas une fois de plus. En passant devant la porte de Nate, je l’ouvre doucement et saute sur son lit pour lui faire un gros câlin « J’vais en couuurs, grogne pas comme ça tu sais que je t’aime ! » « Kay’ putain ! Allez fille demi-portion ! Moi aussi j’t’aime. »

Une fois arrivée en cours, c’était la routine habituelle, je me mettais dans le fond, pour éviter les tirs de mon professeur, ce vieux con. Il m’a dans le collimateur depuis un bon moment. Je sortais mon livre de Maths, histoire de me faire bien voir, sans pour autant suivre le cours, je me contentais de faire de petits dessins sur les contours de mes feuilles, les formules aux tableaux ne m’aidais finalement pas réellement. Je n’arrêtais pas de regarder mon portable sous la table, priant pour que l’heure passe plus vite. Si Aiden était là, tout aurais été plus simple, mais ce matin il était absent, cela ne m’étonne qu’à moitié finalement, ce garçon n’est pas dans ma confrérie pour rien, comme pour moi, les cours, c’est pas son truc. Allez plus qu’une grosse demi-heure. Je tape doucement ma tête contre mon bouquin. C’est infernal comme cela peut-être interminable ces heures cours. Surtout les premières. Et puis soudain la porte s’ouvrir, c’est comme si on avait entendu mes prières, et que quelque chose rendrais cette heure plus intéressante. Ou pas. Tout le monde s’arrête de parler et relève la tête, y compris le prof. Bien fait. Je ne peux m’empêcher de sourire doucement. Certainement un nouveau, comme il le précise. En toute honnêteté il avoue s’être perdu, ce qui a le don de me faire rigoler, brisant le silence glacial de la salle. Ne sachant pas où se placer, je l’observe prendre place à côté du gros lourdingue de la classe. Pauvre petit, il va en chier deux fois plus que moi, interrompant à nouveau le cours, il a dû comprendre que ce n’était pas le bon plan, là où il se dirige non plus remarque. Alors je suis lance un petit « Pssssst » lui montrant ma chaise vide. Au moins je me sentirais moins seule.

Une fois à mes côtés, je retourne à mes petits dessins, avant qu’il ne me coupe dans mon élan pour me demander si on est en maths ou en français. Je le regarde dubitative, en plus d’être à la bourre, il est vraiment perdu. Je lui montre d’un signe de tête le tableau et la couverture de mon livre. Ce qui répondra certainement à sa question. Il m’a l’air sympathique, et n’a pas l’air de se prendre la tête, finalement ce cours risque de prendre une toute autre tournure. Mais je ne trouve pas normal qu’il ne sache même pas où nous en sommes.

« Attend file-moi ton emploi du temps. » Je lui prends des mains pour vérifier quelque chose, comme si j’avais un pressentiment, en effet, Senior Year B. Je retiens un fou rire qui semble vouloir sortir du fond de ma gorge, non pas pour se moquer de lui, mais je trouve la situation plutôt marrante. « T’es en B. C’est pour ça, ici on est en A. De toute façon c’est trop tard, t’a qu’à finir le cours, on s’en fout. »

Lui dis-je, éclaircissant donc le problème. Tout sourire. Et puis je voyais un total intérêt personnel à ce qu’il reste finalement. En espérant simplement que ce n’était pas un intello de première. Sans quoi il ne resterait plus qu’a essayé de m’étouffer en avalant un stylo.

« Un problème Standford ? »« Aucun monsieur. »

Ponctuai-je en tournant la tête vers mon camarde pour lui donner un petit clin d’œil.