La perversité, c'est l'art de transformer le bien en mal [Trevor]

► Le jour où Trevor arriverait à comprendre cette fille n’était pas encore arrivé, et n’arriverait sans aucun doute jamais. Elle était bien trop tordue : « Ce que tu ne comprends pas c'est qu'être l'attraction du jour, j'aime pas ça, et tous ces regards sur nous, ça me mettait mal à l'aise, encore plus de savoir que tu ne les supportes pas ! ... Et oui je suis Mère Thérésa, mais... avec toi... J'y arrive pas !!! » cracha-t-elle, visiblement furieuse. Lui, de son côté, avait envie d’éclater de rire. Elle n’y arrivait pas ? C’était quoi cette excuse à la con ? Desi’ s’arrêta, l’obligeant à en faire de même. Elle lui fit face et lui lança : « Alors je vais partir, loin de toi, et espérer ne plus jamais te revoir un jour ! ». Une larme roula sur sa joue, et Tre’ crut que c’était parce qu’il l’avait énervée. Il ne comprit pas qu’elle était blessée par ses paroles. A vrai dire, il ne comprenait rien tout court, quand il s’agissait de l’attitude de cette nana. Elle essuya sa joue, avant de prendre la fuite. Une fois de plus.
Au début, il la regarda partir sans la suivre. C’est bon, il avait compris qu’elle n’avait plus envie de le voir, le message était assez clair. Sauf que, malheureusement pour elle, une réplique lui emplissait la bouche, ainsi qu’une question, et il fallait que ça sorte. Pas chiant pour un sous, le brun la rattrapa pour une fois de plus marcher à sa hauteur. « On peut vraiment pas discuter avec toi, c’est énervant » commença-t-il par dire sur un ton de reproche. « Si l’unique raison qui t’a fait prendre la fuite est l’attention qu’il y avait sur toi… sur toi, parce que t’étais une fille dans un bar gay, je te signale que c’est pas moi qu’ils regardaient… bref, si c’est la seule raison, okay, allons boire un café ailleurs et explique moi ENFIN pourquoi tu veux à tout prix être une Sainte ! C’est vrai quoi, c’est débile de se forcer. T’avais envie de rembarrer ce type, tu l’as fait, j’suis sûr qu’il l’a déjà oublié, et toi tu te prends la tête » poursuivit-il. « Ta vie serait plus facile si tu étais comme moi, Barbie, j’t’assure » crut-il bon d’ajouter, avec un sourire en coin qu’elle ne verrait que si elle daignait enfin lui faire face. C'était tellement... ironique !

Pourquoi cette brutalité, cette envie de tout casser quand elle était avec le Trevor ?! Il lui faisait ressortir son côté sombre de la Force et il lui était impossible de le contrôler. Elle avait essayé, mais ça devenait de plus en plus difficile. Elle se demandait bien ce qu'il pourrait l'empêcher de le revoir et d'être de nouveau bouillante comme une théière !! Elle voulait tracer, continuer son chemin, et ne plus jamais recroiser le chemin de ce sombre idiot. Mais il la cherchait encore, et cela marchait bien trop bien. Pourquoi cette envie d'avoir le dernier mot ?! C'était chiant à la fin ! Mais elle ne pourrait pas supporter le laisser à un homophobe ! Surtout quand ce dernier la traite du même nom.

« C’est quoi ton problème, Barbie ?! Tu te plains que j’suis un connard, et quand j’t’emmène dans un repère de gays, c’est toi qui agis comme une homophobe. Alors quoi, qu’est-c’que tu m’caches au juste ? Ton côté Mère Théresa, c’est quoi ? Une façade ? Un masque ? » Plus que jamais énervée, elle tourna de nouveau les talons, et lui lança « Ce que tu ne comprend pas c'est qu'être l'attraction du jour, j'aime pas ça, et tous ces regards sur nous, ça me mettait mal à l'aise, encore plus de savoir que tu ne les supporte pas ! ... Et oui je suis Mère Thérésa, mais ... avec toi ... J'y arrive pas !!! » Elle ne savait pas trop ce qu'elle disait, elle était bien trop remontée pour ça. Elle ne comprenait même pas comment il avait réussi à l'énerver et à la faire sourire de son éternel sourire. C'était un cas exceptionnel c'était certain. Et cela ne lui plaisait vraiment pas. Alors je vais partir, loin de toi, et espérer ne plus jamais te revoir un jour ! Une petite larme se hissa hors de son œil pour couler le long de sa joue, qu'elle s'empressa d'essuyer, ce qu'elle n'aurait peut-être pas du faire parce qu'elle ne voulait pas qu'il voit qu'il l'avait blessé. Elle tourna vite les talons et essaya de mettre le plus de distance entre elle et lui, tout en espérant qu'il ne la relance pas.

► « Va au diable Trevor ! ». Voilà qui était clair. Et s’il n’avait toujours pas compris le message, Desi’ se chargea d’enfoncer le clou en lui donnant des coups jusqu’à ce qu’il se décide à la lâcher. Son visage habituellement plutôt souriant – enfin, sauf quand ils étaient tous les deux, réflexion faite – était rouge de la rage que lui inspirait le brun. Il se contenta de hausser les épaules, en se disant qu’elle n’était vraiment pas drôle, comme fille. Et jamais contente. Il lui offrait sur un plateau d’argent ce qu’elle kiffait par-dessus tout, des petits homos en veux-tu en voilà, et Sainte-Nitouche trouvait encore le moyen de se plaindre. Elle n’était pas possible ! Et insupportable ! Desi’ semblait penser la même chose de lui, parce qu’elle se mit à courir pour s’éloigner rapidement. Il la regarda faire, sans chercher à la poursuivre. Après tout, il s’en moquait de cette blondasse, et l’école était dans l’autre direction, en prime.
Il tourna les talons pour rentrer quand il entendit qu’elle s’énervait, à l’autre bout de la rue. Il se retourna pour voir ce qu’il lui prenait et constata qu’elle venait de faire demi-tour. Ils s’affrontèrent du regard, chacun lançant des étincelles à l’autre avec l’espoir de le voir fondre sur le macadam. Et elle dut bien se résoudre à revenir vers lui. Fière, elle passa à côté de lui en l’ignorant ostensiblement. « Tsss » lança-t-il, énervé par son attitude. Le jeune homme cala ensuite son pas sur le sien et revint rapidement à sa hauteur, mains dans les poches. Il n’avait pas dit son dernier mot. « C’est quoi ton problème, Barbie ?! Tu te plains que j’suis un connard, et quand j’t’emmène dans un repère de gays, c’est toi qui agis comme une homophobe. Alors quoi, qu’est-c’que tu m’caches au juste ? Ton côté Mère Théresa, c’est quoi ? Une façade ? Un masque ? » lança-t-il d’un ton peut-être un peu trop agressif. Mais il en avait marre de se faire rabrouer par cette nana. Tre’ n’avait qu’une envie : lui clouer le bec. Oh, bien sûr, il aurait pu la laisser filer, mais elle l’énervait trop, et ça lui aurait fait mal au cul de ne pas avoir le dernier mot avec elle.

Une fois en dehors du bar, Desi' abandonna son sourire forcé pour devenir rouge de colère. Pourquoi ? Simplement parce que la situation, Trevor, tout, absolument tout l'avait énervé. Elle marchait d'un pas assez vif, loin de ce bar, mais ne se rendait pas encore compte que le lycée n'était pas vraiment dans cette direction, parce qu'elle n'avait pas du tout réfléchi à son orientation, bien trop pressée de mettre les voile loin de ce Trevor de malheur.
Et puis elle le sentit l'attraper par la taille. Elle sursauta et se retourna plus en colère que jamais.

« Hé alors, Barbie, j’pensais que tu kiffais les homos ? J’ai dit à c’pauvre gars que t’étais ma copine et que t’étais méga jalouse, tu m’en veux pas au moins, chérie ?
- Raaah !! Cria-t-elle tout en donnant des coups avec ses mains sur Trevor, pour se libérer de son emprise. Une vraie petite furie. Va au diable Trevor ! » Elle n'avait aucunement envie de lui répondre, mais il l'avait faite rougir avec ce qu'il lui avait dit. Un reflex. Heureusement qu'elle était déjà rouge de colère, sinon il en aurait davantage profité. Si seulement il ne l'avait pas embrassé la dernière fois, elle ne sentirait pas rougir de la sorte à chaque qu'il disait ou faisait ce genre de chose. Elle se mit alors à courir pour aller le plus loin de lui.

Sauf qu'elle se rendit compte cette fois-ci qu'elle n'était pas dans la bonne direction. Elle s'arrêta net, rouspéta encore un bon coup, et se retourna. Elle le fusilla du regard une dernière fois, avant de revenir dans sa direction et de passer à côté de lui tout en l'ignorant. Tout ce qu'elle voulait, c'était partir. Parce qu'elle sentait qu'il touchait bien trop ses points sensibles, que ça l'énervait, et qu'elle n'aimait rien de ça. Pourquoi avait-il ce don qui la déstabilisait tant et qui la faisait devenir la personne qu'elle refusait de devenir ?!

► Quand il disait que c’était suspect ! Le mec, un blond avec un pantalon trop serré, s’approcha de leur table et sourit. Avant même qu’il ait eu le temps de dire quoi que ce soit, Desi lui coupa l’herbe sous le pied pour dire que Tre’ n’était pas intéressé. Le blond haussa un sourcil, de même que Trevor. Mais probablement pas pour la même raison. Les gens commençaient à vraiment les regarder bizarrement, et apparemment cela mettait Desideria très mal à l’aise. Elle se tortillait sur sa chaise, lançait des regards à droite, à gauche. Finalement, elle attrapa son verre et le but d’un coup, avant de le faire claquer sur la table. Elle se leva avec distinction, comme si ce qu’elle faisait était tout à fait normal, et lâcha : « Tu sais quoi ? Je crois que je vais rentrer. Fais un peu plus connaissance avec ton nouvel ami, qui sait, peut-être que l'aimera bien ! ». Et bam, elle tourna les talons, non sans oublier de lui faire un clin d’œil, et se cassa, purement et simplement. Le blond lança un regard interrogateur à Trevor, qui haussa les épaules. « Ma copine est méga jalouse » fit-il, en guise d’explication. A son tour, il vida d’une traite sa boisson et se leva, pour filer rejoindre la blonde sans demander son reste.
Une fois dans la rue, il tourna la tête dans tous les sens pour voir où elle avait filé. Il la repéra et se lança à sa poursuite. Quand il fut à sa hauteur, il l’attrapa par la taille et lui lança un sourire qui voulait tout dire. Tre’ était bien content d’être dehors, surtout que ce n’était même pas de son initiative, mais de celle de mère Thérésa en personne, qui n’avait visiblement pas supporté la présence d’un nombre effrayant d’homos autour d’elle. Qu’est-ce que ça pouvait bien cacher ?! « Hé alors, Barbie, j’pensais que tu kiffais les homos ? » lança-t-il, rieur. Il s’attendait à être repoussé par la demoiselle, qui ne devait pas apprécier le contact avec lui qu’elle détestait. Pour en rajouter une couche, il ajouta : « J’ai dit à c’pauvre gars que t’étais ma copine et que t’étais méga jalouse, tu m’en veux pas au moins, chérie ? ». Son ton était bien mielleux, à la limite de le faire vomir lui-même tellement il en faisait des tonnes.

Desi regretta aussitôt ses paroles. Pourquoi avait-elle dit ça ? Pour l'avait-elle appelé ainsi ? Elle aurait du se douter qu'il allait lui en faire une remarque tournant à son avantage. Mais elle était trop contente pour y faire attention. C'était ironique bien sûr, mais elle le regrettait. « Totalement ! » Lui répondit-elle faisant comme si tout allait pour le meilleur des mondes. D'ailleurs, elle commençait à se sentir assez mal à l'aise de se faire épier de la sorte. Ils étaient la grosse tâche de chocolat sur une belle chemise blanche. Non pas qu'elle n'aime pas attirer l'attention, mais là c'était limite insupportable. Elle sirotait tout de même son diabolo, espérant qu'ils s'habituent à leur présence, mais rien n'y faisait. Même qu'un jeune homme s'approcha d'eux.

« Désolée, il est pas intéressée. » Jalouse ? Non, du tout (a). C'était juste qu'elle commençait à en avoir marre de tous ces regards braquaient sur eux. Il était peut-être temps pour eux de prendre la porte. Oui elle en avait envie. Peut-être pas autant que Trevor, mais quand même. Il allait se foutre d'elle, c'était certain, et c'est pour cela qu'elle hésitait. Mais à présent qu'elle avait dit ça à ce total inconnu gay, elle se sentait mal et ne voulait plus qu'une chose. Partir. Finalement, elle n'avait même plus envie de se battre avec le brun, elle avait eu assez d'émotion en une journée. Elle se contenta de se lever et de lui dire « Tu sais quoi ? Je crois que je vais rentrer. Fais un peu plus connaissance avec ton nouvel ami, qui sait, peut-être que l'aimera bien ! » Lui dit-elle en lui faisant un petit clin d'oeil. Sacré revirement de situation. Mais elle n'en pouvait plus. Elle prit son sac, vida son verre d'une traite et se dirigea vers la sortie. Qui aurait cru que ce serait Desi' la tolérante, celle qui aimaient bien les homosexuels qui partirait la première ?!

► Son air sadique en disait long sur le pied qu’elle prenait face au renversement de la situation. Et lui… hé bien, il se demandait vraiment pourquoi il avait eu cette idée stupide. A la base, c’était pour emmerder Desideria et se foutre encore plus des gays. Mais ce qu’il n’avait (évidemment) pas prévu, c’était que le gays, et bien, étaient beaucoup plus nombreux que lui, ici. Ils avaient la majorité, et du coup, si Tre’ avait voulu se moquer… il se serait fait jeter dehors. Par un des sorteurs. Bon, si ce n’était que ça. Mais il avait un peu peur qu’ils lui fassent subir… autre chose… avant. BRRRR. A cette pensée, il frissonna de dégoût. « Toujours ! Je vais bien voir comment tu te débrouilles en terre hostile ! » répondit la blonde à sa question. Elle prit le verre que le sportif lui tendait, et il s’assit sur le tabouret en face d’elle. Il n’aimait pas ça. Ne pas pouvoir surveiller ses arrières, c’était, comment dire… ? Stressant. Oui, voilà, stressant. « Alors tu as toujours envie de critiquer certaines personnes avec moi, ici ? En sachant que tu es en minorité mon petit macho !
- Ton petit macho ? C’est nouveau… mais j’adore appartenir à une Sainte-Nitouche comme toi, Barbie. J’t’accompagn’rai p’t’être au Paradis, qui sait… ? » la nargua-t-il. « Et pour te répondre… non, je n’en ai plus tellement envie. J’crois que j’ai encore fait l’imbécile en t’emmenant ici. J’espère que tu kiffes » répondit-il avec sincérité. Pourquoi lui mentir ? Elle constaterait de toute façon très rapidement qu’il n’était pas du tout dans son élément, au milieu des homosexuels. Il but une gorgée de son soda, tout en déployant son regard un peu partout, en mode furtif, pour voir si personne ne comptait l’attaquer. Tiens, lui là, derrière Desi’, il approchait un peu trop, c’était carrément suspect !

Finalement, la blonde prenait goût au renversement de situation du brun. Elle qui pensait que c’était une mauvaise idée au départ, voilà qu’elle trouvait ça des plus amusant. Il allait sûrement péter un câble et s’enfuir en courant. Au moins elle serait débarrassé de lui, même si pour le coup, elle le trouvait amusant. Surtout quand il se faisait draguer par un autre mec et qu’il semblait tétanisé. Elle regarda autour d’elle et remarqua tous ces hommes, pour la plupart des gringalets qui semblaient tous plus chétifs les uns que les autres. L’opposé de son Aleksei. Au moins elle ne risquait pas de rencontrer un concurrent de taille ici. Même Trevor n’était pas à la hauteur, loin de là.
Il revint en toute hâte vers elle, même si au final il semblait toujours aussi mal à l’aise.

« Choix stratégique ?

- Toujours ! Je vais bien voir comment tu te débrouilles en terre hostile ! » Lui répondis-je avec un petit sourire sadique en coin.

Elle prit son verre et le remercia vite fait. Après tout, il lui devait bien ça. Surtout que c’était lui qui avait eu l’idée de venir se gueuler dessus ici. Même si au final ce n’était peut-être pas le meilleur endroit pour ce genre de chose. « Alors tu as toujours envie de critiquer certaines personnes avec moi, ici ? En sachant que tu es en minorité mon petit macho ! » Elle se mot à boire une petite gorgée de son diabolo avec sa paille tout en fixant Trevor. Elle était à l’affut, à l’affut de savoir comment il allait faire pour se débrouiller, et combien de temps il allait tenir sans penser à s’enfuir à toute vitesse.

► Desi le regarda d’un air étonné. Elle ne connaissait visiblement pas cet endroit. Ça allait être d’autant plus rigolo ! Mais il faudrait qu’il arrive à se contenir, évidemment. Ce n’était pas gagné mais, s’il ne se faisait pas aborder trop ouvertement, Tre’ était sûr de pouvoir le faire. Les adolescents pénétrèrent dans le bar, et Tre’ faillit faire demi-tour : si certains n’avaient pas l’air gay, la majorité était des tantouzes assumées. Desi’ lui asséna un petit coup de la paume de la main à l’arrière du crâne. « Espèce d'idiot ! Si on se fait virer à coup de bâtons faudra pas venir te plaindre ! » fit-elle. Cependant, elle ne l’obligea pas à partir. Tre’ le regretta presque quand il vit quelques regards de chacals s’attarder sur lui. Berk. « Tu me prends un diabolo grenadine ?! Moi je vais nous trouver une table ! » fit alors sa camarade, avant de s’éloigner. Le brun se mordilla la lèvre, avant de se diriger droit vers le bar. La personne derrière celui-ci était une femme, au soulagement du brun. Vieille, vulgaire et ridée, mais femme tout de même. « Bonjour ! » fit-il, avec le plus d’enthousiasme possible. « Allons donc, un p’tit hétéro !
- Haha, ça s’voit tant qu’ça ?
- C’est pas grave chéri, on n’interdit l’accès à personne ici. Qu’est-c’que j’te sers mon canard ?
- Un diabolo grenadine et un soda, merci » fit-il en souriant. Crispé un peu, tout de même. « Hééé, salut toi ! » fit alors un type à sa droite, ce qui fit dresser les poils de Tre’ le long de son échine. Pitié, pas ça ! Il jeta un regard au type, beau gosse mais bon, ça restait un mec, hein. Mais c’était cool de se dire qu’il ne se faisait pas draguer par les tho… hein ?! Mais non, c’était pas cool ! Il fit un hochement de tête et récupéra à la hâte ses boissons, les paya et s’enfuit, la queue entre les jambes, vers la table choisie par la blonde Barbie. Celle en plein milieu du jeu de quilles, évidemment. « Choix stratégique ? » questionna-t-il, en lui tendant sa boisson. Son sourire extatique l’exaspérait déjà ! Mais quelle idée il avait eue de venir ici, aussi !

Desi ne savait toujours pas comment elle allait faire pour ne pas le trucider. Parce que passer plus de dix minutes avec lui - excepté quand ils ne parlent pas et encore ... - c'était juste insupportable. Elle savait très bien pourquoi elle avait réussi à ne pas trop s'énerver au cinéma, tout simplement parce qu'il y avait eu le petit Killian pour la stopper inconsciemment. C'était lui qui l'avait fait rester aussi, et certainement pas l'idiot qui le gardait. Et qui voulait l'embarquer dans un bar à rhum ! Il voulait la faire boire ou quoi ? Jamais elle ne buvait. C'est pour les désespérés l'alcool. Elle préférait passer une bonne soirée, à s'amuser, à aller en boîte à la rigueur, puisque Kali la booster de ce côté là et que finalement elle aimait bien. Mais sans alcool non. Elle avait bien trop peur de perdre le contrôle d'elle-même et c'est une idée qui l'effraie vraiment. A part la vodka. La vraie. La russe. Mais elle n'en avait plus. Et pas en soirée. Un alcool qui ne se gaspille pas pour se bourrer la gueule bêtement. Mais pour la saveur.

Elle fut assez ravie quand il décida de changer d'avis. Il l'embarqua un peu trop brusquement. Elle ne s'y était pas attendu et avait failli tomber, encore. A croire qu'il était doué pour la faire tomber. Mais heureusement, cette fois-ci elle avait réussi à se retenir, et l'avait suivi. Enfin, elle n'avait pas vraiment le choix vu qu'il la tenait par la main. Si elle ne le détestait pas autant, elle pourrait croire qu'il s'intéressait à elle, avec la façon dont il agissait, c'était un peu suspect. Aussi, quand ils arrivèrent devant le fameux endroit où il voulait l'emmener, elle resta perplexe un instant. C'était quoi cette énorme moustache ?!! Elle lui faisait limite peur. Il y a vraiment des cas dans cette ville. Comment pouvait-on inventer ce genre de chose ?!

« Je crois qu'on va bien s'marrer. On entre ?
- Hein ?! ... Heu oui. » Elle était tellement étonnée que ce genre d'endroit puisse exister qu'elle avait à peine entendu le Trevor lui demander s'ils rentraient. Elle se demandait ce qui pouvait tant lui plaire dans ce bar ... Jusqu'à ce qu'elle passe la porte et ne voit que des gays. Elle souffla de nouveau de désespoir et donna une tape à l'arrière de la tête de Trevor « Espèce d'idiot ! Si on se fait virer à coup de bâtons faudra pas venir te plaindre ! » Mais quelque part elle trouvait l'idée sympathique et était curieuse de voir comment ils allaient tous réagir face à une personne aussi infecte que Tre'. « Tu me prends un diabolo grenadine ?! Moi je vais nous trouver une table ! » Elle se dirigea alors droit vers le milieu de la pièce, en plein milieu de tous les couples gays qu'il y avait, et affiché un sourire ravi.

► Desi se dégagea de lui avec un peu moins de violence que ce qu'il ne l'aurait espéré, mais son dégage à moitié hurlé, à moitié sifflé entre ses dents, le fit sourire de satisfaction. « Figures-toi que plus je marche, mieux ma cheville se porte ! » répondit-elle à la question du jeune homme à propos de sa cheville. Il ne l'aurait pas avoué, mais il était content de le savoir. Après tout, c'était un peu à cause de lui, du coup il préférait savoir que ça allait mieux plutôt que d'apprendre qu'elle ne pourrait plus jamais marcher ou une connerie dans le genre, hein. Il se contenta de la regarder et de lui lancer un « Peuh ! » plein de dédain, comme s'il n'en avait rien à fiche du tout. Il tournèrent à gauche après la rue du cimetière, suite à quoi Desideria lança « Et sinon, l'homophobe il veut aller boire son café où ?! » à Trevor, qui éclata de rire. Décidément, il adorait cette fille. « J'en sais rien, qu'est-c'que tu penses du... Bar à Rhum ? » proposa-t-il à tout hasard. Mais il se fit finalement la réflexion qu'il était peut-être un peu tôt pour trainer là-bas, du coup il se ravisa. C'est alors qu'une idée lumineuse lui traversa l'esprit : le Moustache Club !!! Un grand sourire étira ses lèvres et il se tourna vers la blonde platine, avant de lui saisir la main et de faire demi-tour : le bar auquel il pensait était de l'autre côté, à à peine quelques minutes à pied. « Non en fait j'ai mieux ! Viens là, toi » fit-il, et ils changèrent donc de cap. En quelques minutes, ils arrivèrent devant une devanture étrange. La vitre était noire avec une immense moustache blanche dessus, et au dessus de la porte était inscrit le nom du bar. « Je crois qu'on va bien s'marrer. On entre ? » fit-il alors, après avoir observé la devanture. Il n'y avait jamais mis les pieds, pour une simple et bonne raison : le Moustache Club* était un bar gay ! Très satisfait de son idée, le jeune homme poussa la porte, paré à faire chier Desideria en étant atroce avec tout ce qui entrait dans ce bar.

Avec lui, elle allait vraiment péter un plomb ! Si ce n'était pas déjà fait ! C'était tout de même bizarre avec lui. Elle sentait qu'il n'était pas si mauvais que ça, mais ne pouvait tout de même pas l'encadrer. Elle avait abandonné l'idée de comprendre ses sentiments depuis bien longtemps. Elle l'aime pas, un point c'est tout. Il n'y a pas à chercher de midi à quatorze heure. Encore plus quand il rétorque qu'il est toujours calme et serein. Ce n'est pas du tout l'impression qu'il lui avait donné avant qu'ils se calment tous les deux lorsqu'elle s'était foulé la cheville.

En parlant de ça, voilà qu'il l'avait remis sur le tapis. Mais pas de façon la plus simple au monde, non ! Il avait fallu qu'il passe son bras autour de ses épaules ! Il voulait vraiment la mettre en rogne c'était certain. Cela risquait d'arriver bien plus vite que prévu. Elle n'est pas du tout du genre colérique, mais là, elle ne tiendrait pas très longtemps et son sang froid allait bien vite prendre la fuite. Dégage ! cri-t-elle presque un peu trop fort mais entre ses dents, tout en se dégageant de l'emprise de Trevor. « Alors, poupée, ça va mieux la cheville, vu comme tu galopes ?! » Sa cheville s'était très bien rétablie, bien qu'elle lui faisait mal de temps en temps, si elle marchait trop longtemps, bien qu'on lui avait dit que la marche était le meilleur des remèdes. « Figures-toi que plus je marche, mieux ma cheville se porte ! » Elle s'était arrêtée dans la rue, le pointant avec sa rose, comme si elle le menaçait. Il allait rire, elle le sentait. C'était comme si, plus elle criait, plus il riait. Et ça l'énervait davantage. Un sacré cercle vicieux. Mais il faudrait bien qu'elle arrive à se calmer à un moment donné. « Et sinon, l'homophobe il veut aller boire son café où ?! »