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 Mateo's Coming Out. [Dudu]

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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyJeu 13 Sep 2012 - 14:56


    Je n'aurais jamais pensé revivre ça un jour.

    J'avais déjà connu ça. La salle d'accouchement. Les horribles odeurs d'antiseptiques. La souffrance, les cris, les encouragements stupides des infirmières. Mais cette main posée dans la mienne, fraiche mais ferme, jamais.
    Je savais qu'Emeric était là contre son gré. Je savais aussi qu'il aurait préféré être partout ailleurs qu'ici. Mais le principal pour moi, c'était qu'il soit là. Certes, il n'était pas le meilleur ami qu'on puisse imaginer, pourtant, je me fichais pas mal de qui il était à cet instant. Il n'était pas un médecin qui faisait son job. Il était juste là, pour moi, avec moi. Que ça lui plaise ou non. Je ne lui avais pas demandé de poser sa main dans la mienne. Mais il l'avait fait, tout seul. Comme un grand. Sa réflexion me fit sourire, malgré moi. Je lui en devais une, je le savais, et il ne manquerait pas de me le rappeler. Je fis l'effort de ne pas répliquer, quoique cet effort ne fut pas bien rude. Mes contractions me rongeaient. La douleur que j'éprouvais n'avaient aucune pareille. Ce connard de Dieu, cette salope d'Eve qui avait bouffé la pomme, nous avait condamnées à souffrir en donnant la vie. Sale garce va, tout ça pour un putain de morceau de pomme. Elle s'était prise pour blanche neige ou quoi ? La colère dûe à la douleur gronda en moi comme un feu brûlant. Je voulais que ça s'arrête. Il fallait que ça s'arrête. Jusqu'ici, j'avais retenu mes cris, en me mordant la lèvre jusqu'au sang. Jetant un coup d'oeil à Emeric, je me rendis compte qu'il ne regardait pas vers moi, mais vers le coin opposé, pâle comme un mort. Oh, il flippait ? ça allait rester, ça. Je ne manquerais pas de lui rappeler comment il avait chié dans son froc, pour son premier accouchement. Je n'en menais pas large non plus, cela dit.

    Mon premier hurlement déchira ma gorge et résonna dans toute la salle. Un juron odieux s'échappa de ma bouche, tandis que je fusillais le médecin et la sage femme du regard. C'était de leur faute, ils faisaient exprès de me faire souffrir. Il faisaient exprès de me faire mariner, parce que j'avais voulu faire la belle en rejetant la péridurale. Mais maintenant je la voulais, bordel. Il me la fallait. Je ne voulais pas en chier comme ça, j'allais crever. Alors, je lâchais la main d'Emeric, et je me redressais, ruisselante de sueur, prenant appui sur mes mains. Le médecin me jeta un regard alarmé.

    "Allongez vous, mademoiselle, allongez-vous !

    - Donnez moi un calmant.
    - C'est trop tard, le travail est déjà comm..."


    Je l'attrapais violemment par le col. L'adrénaline montait à mon cerveau à une vitesse vertigineuse, tant ma colère et ma douleur contrôlaient la partie encore saine de mon esprit. Mon visage, déformé en une grimace de pure rage, se colla à quelques centimètres du sien.

    "T'as déjà eu à sortir un objet de la taille d'une pastèque par un trou de la taille d'un citron, enfoiré ?! JE ME FOUS DE TES DIPLOMES, EN ATTENDANT C'EST MOI QUI EN CHIE, ALORS DONNE MOI UN CALMANT OU JE T'ASSOMME !!"

    Je n'eus pas le temps de mettre ma menace à exécution. Les deux grosses mémères qui me servaient d'infirmière et de sage-femme me chopèrent un bras chacune, et me collèrent au matelas en me maintenant collée contre le lit. J'eus beau hurler, menacer, même tenter de mordre les doigts des deux grosses dondons, rien n'y fit. Le médecin replaça tranquillement son col, l'air détaché, mais je vis parfaitement qu'il avait eu les foies. Il avait une goutte de sueur qui coulait le long de ses tempes. Juste une. Il avait eu la frousse. Et j'en étais contente. Ce connard n'allait rien me donner, et j'allais en baver pendant un temps interminable. En plus, les deux bouboules me tenaient fermement, de manière à ce que je ne bouge pas. J'eus beau les insulter de tous les noms d'oiseau possible dans ma langue natale, elles ne bougèrent pas d'une oreille. Le visage fermé, elles firent signe au docteur de se mettre devant moi.

    Et les minutes les plus longues de ma vie commencèrent.

    Ce fut un calvaire. Un véritable calvaire. La douleur tiraillait tout mon ventre, et prenait forme partout dans mon corps. Je criais, hurlais, et poussais de toute mes forces, pour ôter cette petite chose de moi, pour ne plus avoir mal. Quelle conne j'avais été de refuser la péridurale !! Je m'en mordais les doigts à présent. Puis je me tournais vers Emeric. Nos regards se croisèrent un instant, et je songea qu'il avait compris qui j'étais réellement. Pour lui, n'étais-je sans doute qu'une vulgaire flingueuse de bas étage affublée d'une môme de deux ans que j'entendais pleurer en salle d'attente. Pour elle, je me forçais à fermer ma bouche. Je ne voulais pas qu'elle entende sa mère souffrir. Je savais qu'Emeric avait découvert une autre facette de moi, ce jour-là. Cette facette d'une femme capable de tout. Certains me disaient folle, d'autres affublée d'un génie aberrant. D'autres encore, me prenaient pour une diablesse incarnée. Mais moi je savais ce que j'étais. Un mec dans un corps de fille. Et pour arriver à mes fins, j'étais prête à tout. Je n'étais pas qu'une flingueuse. J'étais le génie du mal personnifié. Et quiconque s'attaquait à moi s'en mordait les doigts. Pour l'heure, je me concentrais sur ce qu'il m'arrivait. Je réalisais à cet instant, que j'allais être mère pour la seconde fois. Comme un électrochoc, cette nouvelle me frappa en un éclair.

    Et lorsque ses pleurs résonnèrent dans la pièce, la pression sur mes bras se détacha enfin.

    Lorsque l'infirmière posa un petit paquet de linge contre moi, mes mains se mirent à trembler. Neuf mois d'attente, de souffrance, pour le voir enfin arriver. J'avais envie de m'allumer une cigarette pour fêter ça. Neuf mois de jeûne, sans fête, sans alcool, sans sexe (presque) pour prendre soin de cet enfant. Le mieux ? Il était en bonne santé. La chance avait tourné en ma faveur. Mon fils. Les larmes dégringolèrent sur mes joues en sueur sans même que je m'en rende compte. J'avais souffert pour lui? J'avais perdu un ami. Un amant. Un homme que j'avais aimé d'un amour qui avait causé la mort de beaucoup de personnes, en particulier d'innocents. Un amour plein de menaces, de fax semblants, de mensonges et de moqueries. Mais ce temps était révolu. Cet enfant n'avait pas de père. Il était à moi, de moi. Sonata et lui n'étaient pas demi frères. Ils avaient la même mère, et pas de père. Plus de père. Je remerciais les médecins et infirmières d'un seul regard. Ils comprirent. Et lorsqu'ils enlevèrent mon bébé des bras pour l'emmener au loin, je pus enfin relâcher tous mes muscles, ma tension, ma douleur. Je me tournais une nouvelle fois vers Emeric. Attrapais sa main avec un sourire.

    "T'es un chic type, Em'. Merci pour tout."


    Je réclamais ensuite mon sac. En sortis mon téléphone. Composais le numéro, presque mécaniquement. Tout était fini, mais il me restait une dernière chose à faire, pour mettre un point final à cette aventure extraordinaire. Une sonnerie. Deux. Trois. Un éclat de voix, au bout du fil. Une voix que je n'avais pas entendu depuis des mois, et qui me marqua d'une nouvelle vague pleine de regrets. Il me manquait, c'était indéniable. Je pouvais me forcer à tout faire pour l'oublier, jamais je n'y parviendrais, jamais je ne m'y résoudrais. Aussi, ce fut d'une voix pleine de fatigue que résonnèrent ces mots à travers le répondeur téléphonique. Des mots soulagés, mais secs. Des mots d'adieux, après le bip sonore.

    "Bonjour, Lancelot. Mateo est né."

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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyMer 12 Sep 2012 - 13:05

Une vive pression se referma sur la main moite d’Emeric. Impulsive, sèche, elle bloqua brusquement sa course. Saisit, il se retourna machinalement. Dans sa poitrine, son cœur tambourinant se tordait sous l’anxiété. La mâchoire serrée, il scruta la forme écroulée de l’enfant qui avait glissé. Ses petits pieds s’étaient dérobés dans une flaque que tout homme amateur de cinéma était apte à reconnaître. Eva venait de perdre les eaux. La mine de l’étudiant se décomposa, partagée entre une part de terreur, d’impuissance et de répulsion. La mère, toujours attentive, prit le temps de redresser sa fille et s’afféra à lui sécher le corps. Ok mais là il fallait qu’ils mettent le turbo. Car si les films disaient vrais, l’accouchement était imminent et il n’était pas question qu’il se métamorphose en sage-femme dans les couloirs d’un hôpital. Ou même dans une salle, d’ailleurs. Ils devaient trouver un spécialiste, maintenant. Sévère, il s’était apprêté à presser la jeune femme. Toutefois sa main crispée et brulante abandonnant la sienne tandis qu’elle se pliait violemment en deux. Dans ses iris se consumait un feu grandissant de douleur. Elle suintait l’affliction. Mais, maternelle, elle se préoccupait avant tout de la bambine perdue. Ouais enfin l’heure n’était peut-être pas aux bons sentiments. Elle pourrait l’embrasser maintes et maintes fois quand tout serait terminé. L’Allemand balaya les couloirs d’un regard stressé. À quelques mètres, il repéra une infirmière. Parfait. Courte course. Il se planta devant elle, coupant court à sa conversation certainement moins capitale que le cas désespéré de son amie.

- Ich hab… ich… bitte schön…

Inspiration, expiration. Il secoua la tête. Il fallait qu’il se reprenne. Une phrase simple, précise, concise. Et apte à se faire comprendre, dans la mesure du possible.

- S’il-v… accoucher. Elle va accoucher !

Instantanément, le regard de la dame en blanc se tourna sur la silhouette prostrée d’Eva Esperanza et l’étincelle propre à celle du médecin analysant l’état d’urgence illumina ses pupilles. Habitées d’un vert émeraude éblouissant, elles fixaient intensément les deux filles. Dans d’autres circonstances, il aurait certainement jugé ses iris magnifique. Ici, il ne les trouvait que trop longs à la détente.

- V… !
- Elle a perdu les eaux ? Quand ça ?
- Les e… ? Oui, oui ! À l’instant. Mais vous attendez quoi là ?!
- Gardez votre calme, ce n’est que le début du travail monsieur, il n’y a pas de quoi s’inquiéter de la sorte.
- Ouais enfin s…
- On va s’en occuper. Mélanie ? Vas chercher une chaise, tu veux bien ? Dites-moi, elle est affiliée à notre hôpital la jeune maman ? Vous connaissez le nom de son gynécologue ?
- Hein ? Mais vous en avez de ces questions ! Qu’est-ce que vous voulez que j’en sache, moi ?

L’infirmière lui adressa un regard qui transpirait le mépris qu’elle pouvait adresser à un homme sans culture aucune et s’approcha de la demoiselle en difficulté. Emeric lui emboîta maladroitement le pas sans savoir véritablement où il devait se mettre. Quelques brèves questions et elle bipa le gynécologue. Derrière eux, la nommée Mélanie arrivait avec le moyen de transport de secours réservé à l’infirme. Ils l’y installèrent précautionneusement, l’emmenèrent dans une salle quelconque. Lui n’y connaissait rien, de toute manière. Il suivait bêtement, comme un pantin sans cervelle. La porte se referma. Ah. Il était seul, maintenant. Plus de Sonata, plus d’Eva, plus d’infirmières. Peu curieux de savoir ce qui se passait de l’autre côté, il glissa ses mains dans ses poches et jeta un regard sur le long corridor qui s’étendait devant lui. Ainsi, il eut juste le temps d’apercevoir un homme relativement jeune qui fonçait dans sa direction. Ah. Ouais, le gynéco’ en question. Entre les battants de la porte, la tête de la brune aux yeux verts apparut une seconde, mais ce n’était pas pour s’occuper de son sort malheureux de gamin paumé, loin de là. Elle ne lui adressa pas même un regard.

- Docteur Martins ? 9,7cm. Si j’étais vous je me presserais.
- Quoi ? Ça veut dire quoi ça, 9,7cm ?
- Assurez-vous qu’elle respecte bien ses exercices de respiration. Comme aux entrainements, dites-lui. Et surtout pas d’affolements.
- D’accord.

Comme elle était apparue, la sage-femme s’évanouit dans la pièce.

- Monsieur ?

Ah. Enfin on se remémorait son existence. Les bras sèchement croisés, les ongles enfoncés dans les muscles contractés de ses bras, l’étudiant posa ses yeux nerveux sur l’homme de savoir.

- Hm ?
- Vous êtes le père ?

Hein ? Quoi ? Mais non ! Absolument pas ! Est-ce qu’il avait une tête à copuler avec ce genre de fille bizarre aux cheveux rouges et déjà maman d’une môme de six ans à pas d’âge ? Certainement pas ! Toutefois l’autre ne lui laissait pas le temps de protester et lui refourgua un badge entre les mains, autoritaires.

- Euh…
- Votre amie ne va pas tarder à accoucher, il n’y en a pas pour longtemps. On va vous mettre en tenue pour vous faire entrer dans la salle d’accouchement.

QUOI ?! Non, non, non. Non, non, non, non. Non et encore non ! Il n’en était absolument pas question. Lui ? Entrer là-dedans ? Hahaha. Jamais. Oh non jamais ils ne le feraient entrer là-dedans. Il n’était pas une femme et il n’avait jamais mis personne enceinte, lui. Alors, pour tout l’or du monde (et dieu seul sait savait combien il affectionnait l’argent), il n’était pas question qu’il regarde une scène aussi écœurante. Parce que s’il entrait dans cette pièce, jamais plus il ne pourrait voir ni même concevoir le vagin d’Eva normalement. Un bébé allait sortir de là, merde ! Un bébé, pas une larve. Non un gros bébé joufflu.

- Allez, enfilez-ça.
- Hahaha. Il n’en est pas question. Moi ? Là-dedans ? Jamais. Vous êtes folle ou quoi ? Vous imaginez un peu ce qui va se passer derrière cette porte ?
- Et bien oui, un peu. Je suis sage-femme.
- Un bébé va sortir de son vagin, merde ! Je suis pas entré ici pour sortir traumatisé à vie. Comment vous voulez que je couche avec elle, après avoir vu ça, moi ?
- Je suis curieuse de savoir dans quelles couilles elle a pu trouver ses spermatozoïdes, votre copine.
- Bordel mais c’est pas ma cop… ! Laissez tomber.

Voilà, il l’avait enfilée sa blouse à la con. Bras serrés, il s’engouffra la tête haute dans la maigre entrée qu’elle maintenait ouverte. Mais son expression triomphale, il l’abandonna pour un teint plus livide que celui d’un mort à peine eut-il aperçut Eva. Beurk. On aurait dit qu’elle était installée sur une table de torture. Et l’odeur dégueulasse des antiseptiques collait parfaitement au tableau. Il s’approcha malgré lui et glissa timidement sa main dans la sienne. Comme dans les films. Mais son regard à lui restait rivé sur le coin opposé. Il tressaillit. Bon. Au moins, s’il s’évanouissait, il serait bien pris en charge.

Rire jaune.
S’il avait pu, il se serait aussi bouché les oreilles.

- Je te jure ma vieille, là, ton crétin de mec-fantôme et toi, vous m’en devez une belle.
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyVen 27 Juil 2012 - 17:44

    J'aurais aimé vivre ça, mais pas avec lui.

    Emeric, je l'appréciais. Pour sa grande gueule, pour son bagout, pour sa manière d'être. Le genre de jeunes hommes que les filles évitent, sachant parfaitement qu'elles vont souffrir. Moi ? Non. J'attirais ce genre de mecs comme un aimant. J'étais un challenge de plus. Une épreuve supplémentaire. J'étais la cible, la femme, l'ange et le démon personnifié. Pour l'heure, je ne faisais que songer à ma souffrance. Je savais que mon fils allait arriver vite. Je me donnais une heure, pas plus, sans doute. Avant qu'il arrive. Après trente heures d'attente pour Sonata, j'avais le sentiment que cette fois-ci, ce serait différent. Déjà, il y avait quelqu'un avec moi. Ce n'était pas, certes, le compagnon que je voulais, mais au moins, il y avait quelqu'un. Je savais que je lui en devais une bonne, et j'étais prête à passer l'éponge sur certaines choses pourvu qu'il reste avec moi. Seule, je ne le supporterais pas. Alors je me laissais guider, entraînée par l'agacement d'Emeric dû à ma proposition. J'étais pas certaine qu'il s'attendait à vivre ça en allant sur la plage, ce jour-là, le pépère. Peu importe. Il fallait quelqu'un, et j'étais prête à me coltiner toutes ses remarques, pourvu qu'il reste. Il se trompa une première fois. Les urgences, c'était pas là. Et alors qu'il discutait avec le psychologue qu'il avait pris pour un accoucheur, la honte me submergea. Les gouttelettes commencèrent à glisser lentement le long de mes cuisses. Emeric ne s'en aperçut pas. Il m'entraina au loin, direction les urgences. Je sentais que dans quelques instants, j'allais me retrouver mère, pour une seconde fois. Epaulée par un heu... "ami" ? Oui, un ami. Il n'y avait qu'un ami pour me soutenir. Car enfin, Emeric n'aurait eu aucun scrupule à relever la vitre de sa caisse, et se barrer. Mais il était resté. J'ignorais pourquoi, et je ne désirais pas le savoir. Le fait était qu'il était resté. C'était le plus important.

    Et puis Sonata dérapa et tomba. Dans ma course folle, je n'avais pas compris sur quoi elle avait glissé. Et puis je compris avec horreur. Ma fille avait glissé dans une flaque de liquide amniotique. J'avais perdu les eaux. D'un geste puissant de la main, je stoppais la course d'Emeric pour rattraper me fille, et l'essuyer avec ce qu'il restait de tissus sec sur ma robe. La douleur revint, plus lancinante encore, et m'obligea à me plier en deux, tant la douleur était insoutenable. Je lâchais la main d'Emeric, attrapais ma fille, qui commençait sérieusement à paniquer. Surmontant cahin caha ma douleur, je parvins à lui murmurer quelques mots à l'oreille.

    "ça va, Chica, maman a mal parce que ton petit frère arrive. Tu vas rester avec Emeric et les infirmiers, et quand tu me reverra dans un tout petit moment, Mateo sera là. D'accord ?

    - Si, mama."

    Je me relevais, pantelante. Je crus comprendre qu'Emeric avait appelé des infirmiers, à moins qu'ils soient venus d'eux mêmes. J'avais honte, de perdre les eaux comme ça, au beau milieu des urgences. Ma fille avait des taches sur ses vêtements, et les cheveux poisseux. Je demandais à une aide soignante de laver ma fille. Un minimum. On me transporta en fauteuil roulant jusqu'à la salle d'accouchement. ça sentait mauvais. Les relents de médicaments me donnaient la nausée. Ceux des désinfectants me piquaient le nez. Mais c'était le prix à payer, après tout. Je ne me formalisais pas. J'entendis des voix s'élever dans le couloir. Adressées à Emeric, sans nul doute.

    "Vous êtes le père ? Voici un badge. Votre amie ne va pas tarder à accoucher, il n'y en a pas pour longtemps. On va vous mettre en tenue pour vous faire entrer dans la salle d'accouchement."


    Je ne sus pas ce qu'il se passa ensuite, mais cette simple réflexion de la part du médecin me donna envie d'hurler de rire, ce qui ne fit qu'aggraver ma douleur. On me proposa la péridurale, je la refusais tout net. Je préfèrais en chier, et m'en rappeler. Il avait été conçu dans la douleur. Il naîtrait dans la douleur.

    Un tiraillement supplémentaire m'arracha à toute pensée. Je fis le vide autour de moi, me concentrais sur ma respiration. On m'installa pour l'accouchement, après quelques examens rapide. La souffrance était terrible. Comme si on m'arrachait les reins, en les tirant dans mon dos. Je me mordis les lèvres pour ne pas hurler. Je sentis une main dans la mienne.

    Mais trop préoccupée, je ne pus tourner la tête.
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyDim 22 Juil 2012 - 19:38

Il n’avait pas ralenti l’allure. La voiture avait continué sa course folle en direction de l’hôpital sans jamais freiner, ou presque. Et en trois-cent mètres de distance restante, Emeric effectua sans doute toutes les infractions qu’il n’avait pas encore commises. Quand enfin les pneus crissèrent sur le macadam d’un parking trop glauque que pour donner envie de s’y arrêter, il soupira de soulagement. Derrière, les deux petites femmes qu’il avait conduites devaient très certainement jouir de leur cœur encore battant. Lui, il était surtout rassuré de voir qu’il était arrivé à temps : le nouveau né n’avait pas pointé le bout de son nez sur ses sièges en cuir. En réalité, il ne savait pas même si c’était possible mais cela n’avait pas grande importance. Il n’avait jamais eu l’ambition de devenir gynécologue ou sage-femme, ni même papa. Nerveusement, l’étudiant se retourna pour river ses yeux bleus sur son amie. Il la jaugea d’un coup d’œil. Elle n’avait pas l’air bien, vraiment. Sur ses joues, les larmes avaient tracé leurs sillons et ses yeux rougis étaient gonflés par le poison lacrymal. Et ça, c’était sans parler de la tête atroce qu’elle tirait. Elle devait souffrir. Beaucoup souffrir. Mais c’était un choix qu’elle avait fait, en pleine conscience des conséquences. Et sa place à lui, ce n’était certainement pas celle du petit-ami qui venait tenir la main pour encourager et soulager la peine qu’elle avait souhaité s’infliger. C’était juste celle du type qui avait accepté de rendre service le temps d’un trajet. Il n’avait pas de larmes à sécher.

- Allez, file.

Se furent ses seuls mots d’encouragement. Il la contempla descendre de sa BMW, claque la portière. Au milieu des voitures à l’arrêt, elle s’était à son tour immobilisée. Son regard semblait rivé sur la masse immaculée qui se dessinait devant elle, incapable de trouver une alternative. Il plissa les yeux. Eva Esperanza semblait pétrifiée. Et ça, ça puait pour lui. Doucement, elle se retourna et son poing vint s’abattre que la vitre. Il leva les yeux au ciel, mine agacée. Mais malgré tout, il baissa la vitre. À ses oreilles résonnèrent alors les mots tremblant de l’hispanique. Avec maladresse, elle le suppliait. Elle le suppliait de l’accompagner, elle le suppliait de ne pas l’abandonner, elle le suppliait de ne pas la laisser seule. Seulement voilà. Elle n’était pas seule.

- Tu as déjà ta ga… avait-il commence à articuler en plantant ses iris dans les seines.

Mais confronté à cette expression de désespoir qui illuminait ses prunelles, il flancha. Juron. Il avança son engin jusqu’à une place correcte et coupa le contact. Le tout verrouillé, il s’avança jusqu’au corps souffreteux de la demoiselle aux cheveux de flammes. Cette après-midi, le soleil tapait dessus et faisait ressortir avec force leur puissance de consumation.

- Tu m’en dois ne bonne. lâcha-t-il finalement.

Pas un mot de plus. La démarche cadencée, il s’avança jusqu’au bâtiment qui les attendait, trainant à sa suite Eva par le poignet. Stress, angoisse, manque d’habitude. Comme un con, il avait raté l’allée des urgences et les avait fait entrer par la porte principale. Et c’est complètement paumé qu’il accosta la première femme en blanc (ou presque) qu’il croisa.

- Vous… vous ! Madame, cette fille va accoucher. Ou est-ce qu… ?
- Je suis la femme d’entretien moi, jeune homme. Si vous voulez vous adresser à des infirmières, allez plutôt vous renseigner auprès de la secrétaire, là-bas.

Du bout du doigt, elle désigna un petit bureau. Devant lui, une fille interminable. Emeric s’imaginait déjà moisir devant quand il croisa (bénédiction !) ce qui assurément devait être un médecin ; il avait un stéthoscope autour du cou. Le garçon accourut jusqu’à lui et réitéra sa prière.

- Monsieur, s’il-vous-plait, cette fille va accoucher et… !
- Et je doute que pour ça vous ayez besoin d’un psychiatre. trancha-t-il en tapotant sur l’enseigne où étaient inscrits son nom et sa profession. Qu’est-ce que vous faites ici ? Les urgences c’est de l’autre côté. On ne vous a jamais appris à lire ? Prenez-le couloir, là bas. Vous devriez trouver facilement.

Irrité, Emeric marmonna un merci à peine pensé et embarqua dés lors la fille pour le bon service.
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyMar 17 Juil 2012 - 12:30

    Je ne parlerai pas.

    Je ne dirais rien. Le lapsus traître a fait rire cet espèce d'abruti. Tant mieux, ou tant pis. Enfermée dans le piège vicieux de mes regrets, je me surprends à n'écouter qu'à peine les moqueries et les idioties à répétition, proférées par Emeric. Les intempestives tentatives de ne plus regarder en arrière sont devenues une sorte de honte que je masque par la colère et l'hystérie. Mais là, je fais tomber le masque. Le poids de mes regrets est trop fort pour que je puisse le masquer toute ma vie. Le téléphone sonne, je ne regarde pas qui c'est. Je raccroche machinalement, enlace un peu plus ma fille dans mes bras. Je t'enlace, perle de bonheur, dans la joie provocante d'une nouvelle tentative d'oublier, un peu, tout ça. D'oublier les étreintes, que je revis en rêve, des centaines, des milliers de fois. Chaque tentative pour oublier est vaine, superflue. Je n'oublierai jamais tout ce que j'ai vécu.

    Mais parfois, cela me fait veiller tard.

    Ce type roule comme un taré, et je sens ma colère monter en même temps que ma douleur lancinante. Mais je serre les dents, je ne dis rien. Sonata, terrorisée, ne bouge pas une seule oreille, et se colle contre mon vente douloureux. Mais c'est une souffrance que je suis prête à supporter, pour elle. J'accoucherai sans péridurale, comme je l'ai fait pour ma fille. Sonata, tu vas avoir un petit frère, le plus merveilleux que tu n'aies jamais eu. J'en ressens le frisson de bonheur à mesure que les minutes s'écoulent, persuadée que ce sont des minutes en moins de souffrance à ressentir avant l'arrivée de mon fils. Et du sien. Les embardées qu'Emeric fait sur la voie rapide me donne envie de le tuer. Je me contente d'enfoncer mes ongles dans les sièges en cuir de sa bagnole, et encourage ma fille à étaler la morve accumulée sur ses petites narines à force de pleurer, sur ses appuie-tête de petit enfoiré de bas étage. Ma petite vengeance perso. La morve séchée, ça part pas si facilement qu'on peut le croire.

    Mais je me contente de faire place à ma réflexion, de me poser les bonnes questions. Une fois que mon fils sera né, que vais-je faire ? Lui trouver un père ? Retrouver le père légitime, le supplier de revenir ? Cette dernière option est sertie d'un "non" irrévocable. Non, je me refuse à faire ça. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Alors je lui trouverai le meilleur des papas. Un type avec une bonne situation, un coeur tendre, un sens aigu de la famille pour mes enfants, et une grosse quéquette en option pour maman. Bref. Un papa idéal, quoi. Dans la voiture, je cogitais cette idée. Et puis j'enverrais un texto à Lancelot. Seulement pour lui dire que mon fils, son fils est né. Ensuite, je ne lui parlerai plus.

    L'hôpital. Après un dernier freinage poussif, nous arrivons à destination. Je descends de la voiture. Et la vison de ce centre fait couler mes larmes. Je me souviens, quand j'ai accouché de Sonata. Il n'y avait pas de Papa pour m'aider, me tenir la main, pas même un ami, une mère, pour murmurer les paroles encourageantes à la femme qui souffre. Il n'y avait personne. Et pour lui ? Non plus. Emeric va repartir, il ne descend pas de voiture. Mais je reste un instant figée devant cet endroit. Les larmes silencieuses courent sur mes joues. Il faut que quelqu'un vienne. Nous sommes liés, Emeric et moi, au même titre que Maeko, Jiro, et Gin. Surtout Gin. Mais ils ne sont pas là. Il n'y a que le pire. Lui. Alors, je tapote sur la vitre conducteur, qui s'ouvre sur un Allemand très agacé. Mais je m'en fous. Ma voix tremble légèrement.

    "Je... j'ai personne pour venir avec moi. Alors... enfin, si tu veux bien... Viens avec moi s'il te plait... Je t'en prie Emeric, s't'euplait..."


    Comme une enfant, je supplie. Jamais personne n'avait eu de supplications. Il est le premier, et j'espère, le seul. Car c'est la première et dernière fois que je fais ça.

    Long is the road...
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyVen 29 Juin 2012 - 12:53

Lancé dans sa course folle, le pouls d’Emeric ne trouvait plus le moyen de ralentir la cadence. Etouffé par la tension et par un stress grandissant, deux puissants catalyseurs, il n’avait de cesse de se précipiter sous sa cage thoracique trop comprimée. Ses doigts crispés se resserrèrent davantage sur son volant et ses chevilles rouillées maintenaient la pédale primordiale -celle qui leur permettait de se faire une place sur l’autoroute- enfoncée. Bande de droite, trop lente. Bande du milieu, trop lente. Bande de gauche, passable. Une seconde, il jeta un regard envieux à la bande d’arrêt d’urgence. Non, allez. Il ne fallait pas déconner non plus. S’enfonçant légèrement dans son siège, il prit une inspiration difficile, le regard rivé sur la route et les panneaux. L’hôpital, c’était où déjà ? Sortie 13 ? Pas celle là. 14 ? Toujours pas. Ah ! Sortie 15, c’était indiqué ! Brusquement, la voiture prit le tournant serré et se rua sur la route correspondante, se faufilant dangereusement entre les véhicules qui roulaient déjà à leur droite. Lancé sur la nationale, il accéléra. Lentement, elle s’était métamorphosée en route citadine, adoptant toutes les emmerdes qui leur étaient propres : feux rouges, deux-cent cinquante priorités la minute, stops, rues trop étroites, passages intempestifs pour piétons et piétons rebelles qui ne savaient pas marcher deux mètres de plus pour les regagner, limitations et…

- Oups.

Trop tard. Et ralentisseurs, dont un prototype venait d’éclater les pneus de sa bagnole puisqu’il y était passé à toute vitesse, secouant vulgairement ses passagers. La réaction d’Eva ne se fit pas attendre. Furieuse, surprise aussi, sans doute, elle beugla son mécontentement.

- Non mais t’en as pas marre de te plaindre ?! Je fais attention ! On s’est déjà pris un mur ou un piéton ? Non. J’ai déjà raté une route ? Non. Maintenant si t’aimes pas ma manière de conduire... et ben c’est tant pis pour toi.

De sa gorge s’échappa un petit rire étouffé.

- « Connard de Français »… Français… ! Alors celle-là c’est la première fois qu’on me la sort ! s’amusa-t-il en lançant un regard à la fille dans le rétroviseur. J’ai vraiment d’avoir une gueule de Français, sérieux ? Déjà j’suis pas un sale pète-cul égocentrique, ensuite j’cause pas américain avec leur accent de merde et leurs sonorités ridicules du type qui ne sera jamais capable que d’imiter sa langue. Et encore. J’… MERDE ! T’as pas fini de me distraire toi ?!

Distrait, il venait de rater la rue. Personne derrière eux. Il pila net, partit brusquement en marche arrière. Un mètre, deux mètre, trois mètre. Il braqua son volant vers la gauche, écrasa la plante de son pied sur l’accélérateur.

- HEY !

Coup violent de klaxon. Frein, volant, marche arrière, accélérateur. De peu, ils venaient de manquer de se prendre le pare-choc de la voiture prioritaire qui débouchait du carrefour.

- Connard. marmonna le germanique entre ses dents. On est presque arrivés.

[Trop belle ta réponse. ♥]
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyLun 25 Juin 2012 - 1:25


    En fait, je ne sais pas ce que je fais là.

    J'entends ta voix dans mes rêves, je vois ton visage dans mon corps, emportée dans le frisson de la honte, de la culpabilité naissante de te laisser, seulement, m'abandonner sans que je puisse me battre contre toi. En fait, je me débats contre cette haine qui ronge mon coeur alors que je te regarde partir, que je regarde cet oiseau t'emporter loin, trop loin de moi, dans un endroit dans lequel je ne pourrais jamais aller, là où tu as décidé de m'abandonner, comme ça, sans prévenir quelques mois à l'avance, sans me dire seulement que tu regrettes. Tu me rends dingue, dingue de la souffrance, dingue de ne rien pouvoir faire face à la pitoyable évidence, celle de te voir t'envoler encore une fois, loin de ce qui aurait pu me libérer d'un quelconque ennui mortel, positif, loin de cette consécration du geste de la main que je te fais, une dernière fois. Maintenant, je t'oublie, pour que ta peur soit mon arme, pour que ton chagrin soit mon bouclier, pour que je jubile à mon tour de te voir souffrir, dans ta prison mentale, dans ta peur, cette peur dont je me sers, alors que j'avais promis te protéger d'elle. Mais ce temps est révolu. Je n'ai plus peur de te faire du mal. Laisses moi savourer un instant ce moment où, prostrée, je regarde ton nom s'afficher, et mon sourire pauvre se dessiner alors que passivement je laisse la sonnerie résonner dans toute la maison. Et rien. Seulement, rien.

    Dans la salle de concert bondée de curieux, ma voix résonne, mais un siège vide continue d'être présent, là, face à moi, au premier rang. Ma voix murmure et hurle à la fois, change de son, d'attitude, de la violence à la douceur, tout ce que j'ai pu t'offrir se transmet aux autres à travers un chant puissant, à travers ce cri de détresse et d'espoir, que je te lance comme un appel au secours auquel tu ne répondra jamais. Je n'oublierai jamais, mais je peux toujours essayer. Laisses-moi seulement me plonger dans le fond de ma mélancolie pour n'en tirer plus que le meilleur de moi. Laisses-moi seulement devenir cette femme que j'étais, la femme forte, qui ne craignait rien ni personne. Laisses-moi être celle que j'aime à demeurer, celle qui hurle, se débat et combat avec une hargne d'homme, dans un corps frêle et abîmé de femme qui en a trop vu pour son âge si jeune. Laisses-moi être celle que j'étais avant tout, avant toi, avant vous, avant toutes ces souffrances et espoirs brisés. Laisses-moi te sourire une dernière fois avant de te gifler, avant de t'enfoncer une lame au travers du corps, pour ne plus jamais avoir à affronter ton regard. Laisses-moi regarder ton visage souffreteux, pour me donner l'impression fugace d'être la puissance, comparé àcette honte et cette douleur ressentie si longtemps par ta faute.

    Je te hais et je t'adule, je ne connais que la peine et les secrets qui brûlent, alors que l'image de toi s'estompe peu à peu, mais revient me frapper en plein visage lorsque je songe à cet être qui bouillonne de ta vie au creux de mes reins. Frappée par la douleur d'avoir loupé quelque chose dans ma vie. Non, hais-moi comme moi je te hais. Ce sera mieux pour tout le monde. Et nous pourrons enfin tourner la page. Celle d'une vie manquée, ponctuée de crachotements étouffées, hachée de doutes et de ressentiment. Hais-moi comme je t'aime. Et peut-être aurons-nous un peu plus de chance.

    Je ne crois plus en rien. Même pas en toi.


    Il crie, râle, grogne, mais je ne l'écoute plus. J'ai tellement mal que j'en hurlerais, mais je serre les dents, et enlace ma fille au fond de la voiture. Elle se calme finalement, serre son petit corps contre le mien, meurtri. Je l'écoute d'une oreille, seulement, mon cri s'étant perdu dans le méandres de pensées, aussi noires les unes que les autres. Je croyais que ça avait changé, tout ça. Je croyais sincèrement que c'était fini, que je ne souffrirais plus. Je croyais que j'allais oublier, et repartir de zéro, mais comment l'aurais-je pu, alors qu'allait apparaître dans ma vie un nouvel arrivant, que j'allais élever et aimer, dont le père avait pris la fuite ? C'était mon choix. Je m'en souviens. Il me pose une question, je ne réponds pas. Une main crispée s'est posée sur mon ventre douloureux, tandis que l'autre repose sur le dos fragile de l'enfant qui sèche longuement ses larmes. Ma tête dépose les armes contre la vitre de la voiture, et observe le ciel, réfléchit longuement aux conséquences des actes irréfléchis des huit mois passés à ronger son frein. J'ai la douloureuse impression qu'on va m'arracher les reins, et un gémissement étouffé s'échappe de ma bouche en guise de réponse à la question du "gentleman" conduisant devant moi. Un soupir, ensuite, une larme que je ne sens même pas couler de mes yeux. Mes cheveux cachent en partie mon visage face à Emeric. Je ne veux pas qu'il me voie. Ce jeune homme qui lui ressemble tellement. Je ne veux rien redevoir à des gens comme lui, à présent. Je ne cèderais plus. Un mot seulement, s'échappe de ma bouche, un mot prononcé doucement, mais assez fort pour couvrir les braillements de la radio.

    "...Merci."


    Je n'aurais jamais cru lui dire ça un jour. Mais il le faut bien. Il a raison. Pour une fois, il a raison.

    Je reprendrais le dessus, peut-être. C'est ce que je pensais avant que la voiture prenne un dos-d'âne à toute vitesse, et que ma tête cogne le plafond, me sortant de ma torpeur. Les mots s'échappent de ma bouche. Sans que je le veuille.

    "PUTAIN ! Tu peux pas conduire correctement, connard de français ?!"


    Merde. Détourner l'attention. Je me frotte la tête.

    "Je veux dire, fais attention S'IL TE PLAIT, parce que j'ai déjà l'impression qu'on m'arrache les reins, si tu pouvais éviter en plus de m’assommer... Je devrais pouvoir tenir jusqu'à l'hosto."


    T'inquiète pas pour le cuir de ta voiture, va. Je maîtrise.

[Ne t'inquiète pas si mon texte est plus long que le tien, écris moi comme celui d'avant, ce sera parfait ♥ dans tous les cas j'adorerai =3]
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyJeu 21 Juin 2012 - 12:06

Un hurlement puissant déchira le calme de la paisible journée d’été. La voix d’Eva, tremblante d’une haine naissante, ordonna à l’Allemand de lâcher la gamine qu’il tirait derrière lui. Sous la fureur, une once de ressentiment et d’hostilité infondés. Prouesse miraculeuse, la jeune mère alla jusqu’à se presser, trainant maladroitement son ventre lourd sur ses petites jambes fragiles. Et putain en plus elle prenait encore le temps de l’installer tranquillement ! Emeric secoua maigrement la tête, mine agacée. L’amour maternel rendait complètement cinglé. Et lorsque les pupilles animées par une rage dissonante se plantèrent dans les siennes, il leva ironiquement les mains en l’air, comme s’il avait été un innocent menacé.

- Calme tes nerfs, la tarée, j’l’ai pas battu ton moutard. cracha-t-il, agressif. J’essaye qu’on accélère parce que, tu vois, j’ai pas vraiment envie de me retrouvé sacré sage-femme malgré moi ! Alors si tu continues à beugler comme ça, je te jure que ta mandale tu vas avoir une excellente raison de la balancer et j’aurais vraiment aucun scrupule à t’abandonner sur le trottoir ! Reste à voir si un plouc sera assez con pour prendre dans sa bagnole une connasse qui t’emmerde quand t’essayes de lui rendre service. J’espère que je suis clair, moi aussi !

Une seconde, ils se regardèrent en chien de faïence. Celle d’après, ils se tournèrent le dos. L’un se rua à la place du conducteur. L’autre abaissa sa vitre. Ceinture de sécurité placée, la clé dans le contact, ils étaient prêts à démarrer. La voix pressante d’Eva se détacha derechef du silence.

- OH ! Laisse-moi le temps, merde !

BAM. Le pied de l’étudiant écrasa la pédale de la voiture. Les pneus crissèrent bruyamment sur le macadam et se jetèrent vivement sur la route dégagée. Son indexe s’abattit sur la radio. « … la situation en Lybie ne… ». Zap. « … coupe du mon… ». Zap. « …ever endiiiing stooooooryy… ». Zap. « …iefe brunnen muss man graben wenn man klares… ». Mieux. Le garçon monta le volume et tant pis pour les oreilles des deux filles.

- J’ai combien de minutes exactement pour débarquer à l’hosto’ avant que ça se corse ?

[Désolée ta réponse était géniale et la mienne est toute pourrie mais je suis malade et en même temps j’avais quand même envie d’avoir l’esprit reposé avec mes RPs à jour. Si tu sais pas répondre dis-moi mais j'ai essayé de simplement baquer les descriptions.]
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptyLun 18 Juin 2012 - 18:01


    Je voudrais que tu n'existe jamais.

    Je revois dans le désert d'une pensée qui n'existe plus, la chaleur étouffante du monde autour de moi. Je sais que tu n'es pas là, et il me suffirait d'un si simple claquement de doigts pour que tu arrives près de moi, et que tout recommence, comme avant. Mais rien ne sera plus jamais comme avant. J'ai regardé longtemps ma fenêtre en me demandant si c'était une bonne solution que de te parler. La réponse s'est avérée aussi claire que de l'eau de roche. Non. Non, je ne le ferais pas. J'en ai assez, des humiliations, de la douleur, des pleurs et de la colère que tu as généré. Ce matin, encore un appel. Encore un que j'ignore, transie de douleur, au fond de mon canapé. Les draps que nous avions utilisés, je ne les ais plus. Je les ais brûlés dans la cheminée, sans le moindre regret. J'ai jeté rageusement photographies, souvenirs, objets, me ramenant à toi comme un putain de boomerang vicelard. J'ai jeté aux oubliettes les souvenirs tendres ou douloureux qui me rattachaient à ton image, à ton visage, à ton sourire. A tes mots qui n'ont que trop résonné dans ma tête. Ton départ fut mon ultime déchirement, avant de ne plus jamais songer à toi. Pourtant, si je pouvais le tirer réellement, ce trait. Je ne peux pas. Dans mon corps s'agite un ange que tu m'as offert, un ange dont tu n'auras qu'une seule nouvelle : il est né. Le reste, tu ne le sauras que si tu défonces la porte de ma maison. Allongée, transie, ma main sur le ventre, je songe à tous ces moments que j'ai décidé de jeter, comme des chaussettes trouées par l'usure.

    Regarde-moi. Combien de fois te l'ais-je dit.

    Regarde-moi, je suis là. Je peux t'offrir ce que tu n'as jamais eu. Laisses-moi te montrer ce que je peux être, ce que je peux demeurer, la femme que je peux être pour toi. Je peux me soumettre à tous les exercices, me laisser aller à toutes les réflexions, réfléchir un instant à tout ce qui pourrait être important pour moi, pour les autres, pour nous. Pour vous, j'aurais pu crever. Regarde moi encore une fois, dis moi seulement si cela en vaut la peine. Regarde moi, suis-je si laide ? Regarde-moi, je ne vaux pas mieux que toi, je suis seulement une personne qui te veut, qui te voudra toute sa vie. Observe, apprend, des petits traits de mon visage à la courbe longue de mon corps. Regarde ce qui te tient à coeur, je ne suis pas un monstre, seulement le fantasme inavoué de ton cerveau, qui te commande de fuir. Tu as fui.

    Dégage.

    Il a plu longtemps sur mon coeur, alors que ton départ signifiait ma fin imminente. Il a plu longtemps sur mon âme alors que tu faisais tes valises, sans un regard en arrière. Les gouttelettes s'écrasaient sur mon visage, et sur le pavé trop lourd, sur les kilos de haine qui pesaient sur mes épaules. Il a plu sur la ville en furie, où j'ai vu et entendu trop d'énormités. Il a plu longtemps. Les larmes du ciel ont percé ma défense, elles ont ri de ton départ, ri de mon chagrin, ri de mes faiblesses. Tu t'es bien foutu de moi. Et la pluie continue de tomber sur un monde un peu trop petit pour nous deux. Nous aurions pu partir, tout quitter et nous retrouver, mais tu en as décidé autrement. Cela n'a que si peu d'importance. Je voudrais avoir à te le redire mais non. La seule chose que je voudrais t'envoyer reste enfermée dans mon rideau de pluie, à jamais prisonnière de mes sens et de mes alertes, point d'attache d'un monde révolu, perdu. Mis à l'écart du monde d'aujourd'hui, je ne suis qu'une créature qui ne te regarde plus, qui ne te parle plus, qui ne fait plus attention, ni à tes besoins, ni à tes envies. Je suis la Liberté. Je suis le monde dont tu n'as aucune idée. Et la pluie défile comme une arabesque ennemie, dessine des esquisses sur ton corps blessé, sur ton esprit meurtri par les années trop courtes. Ma promesse tient toujours. Au loin, je serais ta flamme, ton bonheur.

    L'appel dure longtemps. Le nom s'affiche, mais je ne veux pas le regarder. Je t'ai effacé de ma vie. Alors je regarde l'écran briller, le téléphone vibrer. Mais le répondeur reste le même. Tu es bien ici, alors que tu pourrais être ailleurs. Je ne suis pas là, alors oublie-moi. Je t'en supplie. Oublie moi.

    Oublie ton fils.


    ***


    Il panique, je le vois dans ses yeux. Il est agacé aussi. Il m'observe, regarde ma fille avec agacement, soupire, râle et finalement se lève, et attrape nos affaires. Le soulagement me prends. Certes, la compagnie n'est pas la meilleure qui soit, mais au moins, je ne suis pas toute seule. Sa voiture est tout près, et je sens que la délivrance est proche. Du mieux que je peux, je retiens mes grognements de douleur, pour ne pas paraître trop faible face à Emeric. Ce type est désagréable, frimeur et macho. Il lui ressemble tellement que cela me donne la nausée. J'ai à peine le temps de me tourner que je voix ce connard attraper violemment Sonata et filer vers la voiture. Ma fille se tortille, le frottement rèche de la peau d'Emeric brûlant son petit bras fragile. Ses pleurs me donnent envie de coller à ce faux jeton un bon pain dans la gueule. Nom de dieu. Pas lui. Je ne veux pas qu'il s'approche d'elle.

    "NE LA TOUCHE PAS !"


    Mon cri de rage résonne sur la plage, tandis que je presse le pas pour arriver à sa hauteur. Malgré la douleur, je prends sur moi et arrache ma fille aux bras de ce type qui n'est plus rien qu'un souvenir douloureux, immortalisé par une gueule d'ange et un regard suffisant. Mon dieu, je voudrais ne pas avoir à revivre ça. Pas une seconde fois. Sa voiture atteinte, je place doucement ma fille à l'arrière, l'attache solidement puis monte devant. Je jette à Emeric un regard de colère pure.

    "La prochaine fois que tu la touches comme ça, tu prends une mandale dans la tête, tu as compris ?"


    Il sait que je suis sérieuse. C'est parce que je suis sérieuse que j'ai des liens avec lui aujourd'hui. Profil bas. J'ouvre la vitre, en veillant à ce que Sonata n'ait pas trop d'air.

    "Bon, tu démarre oui ou merde ?!"


    Qu'il gueule seulement. Il ne va rien comprendre.
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MessageSujet: Re: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptySam 16 Juin 2012 - 20:03

Poc. Poc. Poc.

Le ciel est gris, ce matin, et sous le chant des gouttes qui battent les fenêtres résonnent inlassablement les mémoires d’un l’hiver perdu. Pays oublié du soleil, qui se rappelle encore de l’été ? Pas toi. C’est un souvenir englouti, l’image trouble de visages déformés par l’histoire. L’été est le vestige d’une terre embrasée par les flammes de l’enfer. Un vestige que tu ne pourras plus aimer, jamais. Mais cela n’a pas d’importance. Quand arrive le mauvais temps, tu n’es pas comme eux. Toi, tu te rappelles, et un sourire imperceptible éclaire alors ton visage fatigué d’un peu de vie. Tu le sais. Sur le coin de ton piano, elles te regardent, toutes les quatre. Elles regardent ta main tremblante s’appuyer sur la vitre et courir après la pluie. Elles regardent tes yeux perdus entre les nuages noirs, à la recherche d’un mirage ou d’un peu d’espoir. Elles regardent s’écouler tes nuits et tes jours dans cette chambre trop grande, aujourd’hui. Elles te regardent mais elles ne te parlent plus. Alors tu fermes tes yeux sur le monde et tu te souviens. Tu te souviens de la mélodie de sa voix, de la candeur de son rire, de son éclatante beauté et de la pureté de ses mots. Eva, Sonata, Delia, Kity. Tu penses à l’hiver et tu te souviens d’elles. Tu te revois marcher à leurs côtés, bravant la tempête, et vos rires se mêlent librement aux vents glaciaux. L’écho résonne, traverse les rues, puissante mélodie. Et tu te rappelles le son de leurs talons qui claquent sur le macadam de leurs quartiers, en novembre. Et tu te rappelles ce qui est vrai, d’un décembre brulant avec elles. Et tu te rappelles que tu n’as plus peur, dans leurs bras. Mais les mémoires sont une erreur à oublier et tu sais que tu dois t’écarter de ce chemin pour avancer. Avancer… Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres pincées. Si seulement tu pouvais te réveiller. Sa voix est tout ce que tu entends, ce matin.

L’appel de l’hiver…

Tes doigts se referment sur le téléphone. Ils tremblent. Peur, désespoir ou malédiction ? Tu ne sais pas. Et tu ne veux pas savoir. Toi, tu veux simplement écouter sa voix te mentir, qu’elle te berce d’illusions. Maladroitement, tu composes le numéro et les sonneries s’envolent, encore une fois. Pour seule oreille, un répondeur. Ta tête trop lourde percute doucement le tabouret en cuir et une larme effrayée roule sur ta joue. Tu as déjà essayé vingt-sept fois. Tu sais qu’elle ne répondra pas. Une rafale s’engouffre entre les vitres et le cadre glisse. Contre le plancher, le verre se brise. Elle ne te voit plus. Ce matin d’hiver, tu n’as pas réussi à jouer, tu n’as pas réussi à la joindre. Alors tu sais qu’en réalité, c’est l’été.

***
L’été… Emeric leva la tête vers le ciel, inondant son visage de lumière et de chaleur. La caresse des rayons possédait les vertus d’un réconfort sans pareil. Il sourit, découvrant allègrement l’émail de ses dents. Oh oui, l’été, il adorait ça. Tournant sur lui-même, il se laissa tomber en arrière. Aussitôt, l’eau amortit sa chute et son corps s’y enfonça comme dans un bain de mousse. Les yeux mi-clos, il se laissa bercer par le remous des vagues. Au loin, un bras s’agita. Pour lui, peut-être. Peut-être pas. Il était trop bien pour se redresser alors il répondit de manière similaire et oublia aussitôt. Il n’y avait pas beaucoup de monde sur la page, cette après-midi, et y régnait un silence apaisant d’une bienfaisance indétrônable. Ou presque. Son ventre gronda, appel indéniable de la famine. Soupir. Bon, d’accord. Il allait s’acheter une glace. Reprenant appui sur ses pieds, s’étirant paresseusement, le garçon prit la route de la plage, tranquille. Et… euh ? C’était Eva, la fille, là ? Celle qui trottinait dans l’eau, complètement vêtue ? Il s’approcha un peu. Ah. Bah oui. Enfin ce qui y ressemblait parce qu’elle tirait franchement une tête de constipée. Elle avait bouffé un sale truc ou… ?

- J'vais accoucher.
- HEIN ?!

Et tandis qu’elle enchaina son explication, lui n’entendit que ces mots-là : moutard dans tes pans, perte des eaux dans ta bagnole et migraine insupportable. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours qu’il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment ?! L’envie de refuser lui brulait les lèvres mais la souffrance qui soulignait les traits de son acolyte avait quelque chose de pitoyable. Et puis ce mot, qu’elle avait articulé. S’il-te-plait. Ou un truc qui y ressemblait. Elle avait formulé ça comme une demande toutefois il savait qu’en réalité, ça n’en était pas une. Le choix, il ne lui était pas donné.

- Dépêche.

Accélérant le pas, l’Allemand fila récupérer ce qui trainait sur la plage. Serviettes, vêtements et… Ses doigts se refermèrent nerveusement autour du bras de la gamine.

- Allez, magne-toi lardon, c’est pas l’moment de taquiner les crabes. Et lâche ça, PUTAIN ! Lâche ça je te dis ! Tu vas dégueulasser ma bagnole ! Eva ? EVA ! T’arrives oui ou merde ?!! Et toi BORDEL arrête de chialer tu m’casses les tympans !!
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MessageSujet: Mateo's Coming Out. [Dudu]   Mateo's Coming Out. [Dudu] EmptySam 16 Juin 2012 - 15:35


    Rêve glacé, changement de main, impression de déjà vu.

    Je ne rêvais dans l'instant que d'une seule chose : Un Magnum. Habituée aux flingues, dans l'instant je pensais seulement à ces confiseries atrocement calorifiques, chocolatées à souhait, dont l'enrobage me faisait fondre, mais me donnait aussi envie de pleurer, quand je songeais aux kilos que j'allais encore prendre. Finalement, je m'étais laissée faire, et avec des pas assurés et une main providentielles, j'avais tiré de mon Maudit congélateur cette putain de glace qui allait me faire grossir, avant de me caler bien confortablement.

    Une émission de faits divers passait à la télévision. Le genre de trucs qui endort les mamies, et qui fait pisser de contentement les moutards de treize ans en soif de nouvelles croustillantes, accidents, meurtres, ce genre de choses. Cependant, je ne regardais cette émission que parce que quand on mangeait un magnum, c'était devant une émission de télé bien débile. J'aimais bien ce genre d'après midi, pendant que ma fille faisait sa sieste. Mon ventre me pesait, et le repos était devenu primordial, surtout depuis mon petit voyage à Vegas.

    Si je m'étais attendue à ça.

    "A présent, notre nouveau fait divers : l'accident mortel de la banque de Miami ! Nos reporters sont repartis sur les traces du meurtre d'une jeune lycéenne, tuée d'une balle dans le coeur au cours d'un braquage. Retour sur cet incident effroyable qui a paralysé Miami d'effroi et de chagrin. Des images choc, et des témoignages poignants, l'histoire prenante d'une lycéenne perdant la vie au profit de celle d'une enfant de deux ans et demie."

    Et l'horreur me frappa en pleine figure, alors que les images de la banque me revenaient en pleine figure. Les hommes masqués entrant dans la banque. Les caméras de surveillance étant allumées, je revis la scène de loin, mes coups, ma souffrance, et même les pleurs de ma fille. Ma glace me tomba des mains, et je me mis à fixer ce petit écran avec un ébahissement hors norme. Mon visage avait été flouté, mais comment ne pas me reconnaitre, avec ces vêtements, et la couleur anormale de mes cheveux ? Je vis les témoins s'allonger les uns les autres, d'autres victimes du braquage, la famille de Kity. Chacun disait la même chose. Les présentateurs me faisaient froid dans le dos. Oui, je me rappelais de ce coup de téléphone, une femme me demandant si j’acceptais une interview de cette émission au sujet de l'accident. Je leur avais raccroché au nez. Mais ils l'avaient faite. Mon dieu, ils l'avaient faite.

    "... L'enfant a été attrapée par un des hommes... de loin, j'ai vu cette étrange femme braquer un pistolet, et ouvrir le feu sur la petite blonde... C'était un cauchemar pour moi. Un cauchemar."
    "...notre fille a été tuée... Par cette femme... Elle n'a pas été inquiétée, et notre fille est morte..."

    Les sanglots, la peur, la douleur, la terreur. Et j'observais mon geste, passé au ralenti par cette émission maudite, le corps tombant de Kity, moi me jetant sur elle. Mon cri de douleur. Les pleurs de Sonata. Par réflexe, je baissais le son, pour que ma fille ne se réveille pas. Les souvenirs de mon meurtre me prirent à la gorge. Tuer ne me dérangeait plus, mais Kity avait été l'innocence et la pureté même. Comment avais-je seulement pu tuer une fille qui ne représentait qu'un obstacle entre Lancelot et moi ? Ma main se posa sur mon ventre. Il fallait que je sorte. Il fallait que je voie autre chose que ce crime qui défilait sous mes yeux, un crime que je croyais oublié, mais qui allait me poursuivre et me trahir pour le restant de ma vie. L'horreur s'empara de moi, et me frappa de plein fouet, comme si on venait de me donner un coup de couteau entre les omoplates.

    "Mama, on sort ?"

    La petite voix fluette de Sonata résonna à mon oreille comme la mélodie de la libération. J'éteignais vivement la télévision, et m'approchais d'elle. Je la pris tendrement dans mes bras, caressais ses cheveux. Elle répondit à mon étreinte, souriant de toutes ses dents, comme une enfant qui n'avait pas vu dans sa courte vie un nombre trop grand de catastrophes et de peines. Je lui donnais un baiser sur la joue, et me levais pour attraper la laisse de Requiem. Un chien, ça sort aussi. Puis me ravisais. Non, finalement, nous irions à la plage, et un chien, ce n'était jamais bien vu. Après lui avoir adressé une dernière caresse sur la tête, j'habillais ma fille, et en avant. Voiture, parking, plage.

    Je vêtis Sonata d'un maillot de bain noir uni, avant d'allonger mon corps de baleine sur une serviette de la même couleur. D'un oeil, je surveillais ma fille qui s'était décidée à s'enterrer vivante dans le sable. Mon dieu, il allait falloir la passer au karsher en rentrant ce soir. Jetant un coup d'oeil autour de moi, je ne reconnus personne. A moins que...

    Eh si. Ce con à la lune. Toujours le même.

    Emeric se tenait non loin de moi. Dans l'eau, il enchainait les nages, s'ébattait dans l'eau. Je ne connaissais que trop peu ce personnage, mais ils faisaient partie de la race des hommes que je ne supportais pas. Les prétentieux dragueurs. Lancelot en était un. Et j'étais tombée sous son charme, comme une idiote. Hors de question de faire la même chose, cette fois-ci. Je lui adressais un discret signe de main, avant de reprendre l'observation de ma fille jouant dans le sable. J'appréciais ces moments calmes avec ma fille. Nous étions en semaine, et les gens étaient peu nombreux sur la plage, malgré la chaleur étouffante. Je songeais un instant à tous ceux qui travaillaient pendant que nous étions tranquillement à prendre un bain de soleil. Oui, travailler.

    Je ne m'étais pas rendue compte que le mot me faisait un clin d'oeil vicelard, alors que j'y songeais.

    La douleur me rongea le ventre sans prévenir. Assise sur ma serviette, un brusque sursaut me jeta par terre. Je connaissais cette douleur, je savais ce que cela représentait. C'était un peu tôt. Mais j'avais affaire à un pressé apparemment. Il me fallait de l'aide, j'avais Sonata, et je ne connaissais plus le chemin de l'hôpital. Un bus prendrait trop de temps, un taxi serait trop difficile à attraper, il fallait que je trouve quelqu'un pour m'aider.

    Mon regard se porta immédiatement sur Emeric, qui nageait sans se douter un seul instant qu'il allait devoir être avec sa sbire au cours de son accouchement. Je m'avançais vers lui en pressant le pas, et entrais dans l'eau, totalement habillée.

    "Emeric ! EMERIC ! Amène toi, j'ai besoin de ton aide !"

    Je le vis s'approcher avec une certaine nonchalance. J'ignorais s'il m'avait entendue ou s'il sortait de l'eau seulement pour se sécher, toujours est-il qu'il arrive près de moi. Le souffle court, la douleur tiraillant chaque partie de mon corps, je me mis à haleter avec difficulté. Je n'avais jamais pris de cours de respiration, et je me rendis compte que dans l'instant, j'en aurais bien eu besoin. Quelle conne de radasse je pouvais être, parfois.

    "J'vais accoucher. J'peux pas laisser Sonata toute seule, et j'ai aucun moyen d'y aller. Donne moi un coup de main, s't'euplait."

    Mon dieu. Je ne disais jamais s'il te plait. J'étais vraiment tombée bien bas.

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