Event Ouragan. | Équipe 3

Spoiler:

Avant d’ouvrir sa main pour constater à quoi ressemble mon misérable cadeau, elle plonge ses yeux dans les miens. Je tente un sourire. Rien d’autre ne compte. Il n’y a qu’elle et la pression que j’exerce sur son épaule pour la maintenir en vie. Un contact permanant. Qu’aurait-elle fait si je n’avais pas été là ? Aurait-elle eu quelqu’un pour la secourir ? Y aurait-il eu au moins le gars qui nous a enfermés. Peut-être pas. La vie est faite de moments que l’on ne décide pas et ça ne sert à rien d’imaginer la tournure des évènements si telle ou telle chose ne s’était pas produite. Je l’observe silencieusement. Tout est silencieux. Comme dans une bulle. Ou plutôt comme dans l’eau. Vous savez, vous n’entendez pas vraiment ce que se passe à l’extérieur. Comme une rumeur lointaine aux sonorités étranges. Je ne ferme pas les yeux dans l’eau. Et là aussi, je les garde grand ouvert. Je veux la voir, l’admirer, la contempler. Juste un dernier moment. Kaylee approche le collier de ses yeux et lit l’inscription. J’ai peur qu’elle trouve ça ridicule. Quand je l’avais vu dans la boutique, je n’ai pu passer à côté. Je devais l’acheter. Parce que c’est nous. On a commencé notre histoire ainsi. Une duchesse de laverie, kidnappée par un simple chevalier servant. Et c’est ainsi, qu’elle se transforme en magnifique princesse. C’est MA Princesse. N’ayons pas peur des majuscules. Je le pense réellement. Je ne pourrais donner ce surnom à personne d’autre. Kaylee aura cette place dans mon cœur. C’est fou à dire, mais je tiens plus qu’à elle que je ne l’avais imaginé. « C’est… juste magnifique… merci petit prince… » Sa main s’est refermée sur le morceau métallique et moi je souris timidement. Ça lui plait. Réellement. Elle est contente de ce collier ! Elle le trouve même magnifique. Je ne m’attendais pas à tant ! Et ça me rend heureux. Je ne l’ai pas déçue. Je lui ai fait plaisir. J’ai réussi à lui acheter un cadeau qui lui plait… Wouhou !
Ma belle s’approche de mon visage et tendrement dépose un petit baiser sur mes lèvres. Pas un truc torride ou quoi que ce soit. Un simple contact qui réussit à faire accélérer mon cœur. C’est tendre, plein d’affection, de bonheur.
Je la laisse faire. Je la laisse agir comme bon lui semble. Alors qu’elle s’amuse avec ses doigts, je lui murmure : « Je ne suis pas petit d’abord… » Comme un enfant boudeur. Je fais référence à sa dernière réflexion. Petit prince. Non mais oh !

On reste ainsi un bon moment. Je n’arrive pas à savoir à quelle vitesse passe le temps. C’est compliqué. J’entends par moment des sirènes mais je me dis qu’ils ne vont pas débarquer ici de si tôt. Nous ne devons pas constituer une urgence en somme… Nous ne sommes pas dans des débris, nous ne faisons pas de bruit. Et puis, je ne pense pas que les pompiers s’activent tant que ça. La tempête est peut-être passée, mais ils doivent être en ville, ils doivent sécuriser… Je ne savais plus.
J’ai même dû m’endormir à un moment, comme ça, contre Kaylee car un bruit me fait sursauter. « Y a quelqu’un ? » Je n’ai pas la force de répondre. La fatigue sans doute… La douleur aussi peut-être. Nous avons beaucoup enduré. Je ne sais pas si l’un de nous a répondu, dans tous les cas, la minute suivante, quelqu’un défonçait la porte. J’ai alors levé le bras pour montrer ou nous étions. Il y avait une soudaine lumière dans la pièce.

Deux pompiers vinrent constater les dégâts. On nous demanda un récapitulatif des blessures. Ils ne voulaient pas empirer les dommages. « Le garçon est tombé dans les vapes, moi ça va, il faut juste un ou deux points de sutures… Par contre je m’inquiète pour Kaylee. J’ai retiré un morceau de verre de son épaule, il est là… J’ai empêché l’hémorragie mais elle ne doit pas avoir assez de sang. » Je montre l’arme du crime qui est restée à côté de nous. Je me rends compte alors à quel point il y a du sang partout.

On est évacués et soignés. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Ou pas. Mes mains sont rouges. Complètement. Mes avant-bras aussi. Mon visage aussi. On m’a donné une couverture pour m’éviter d’avoir froid. Je n’ai toujours pas de réseau sur mon portable, l’électricité n’a pas non plus été remise en route. Le bruit des alarmes retentissent un peu partout. On entend des cris. On voit des ambulances partir vers l’hôpital. Et moi j’ai peur. Je suis seul. Je suppose qu’ils ont embarqué Kaylee. Je ne veux pas prendre de nouvelles de mes proches. Ça peut paraître bizarre. Tout le monde aurait fait le contraire. Mais moi je ne veux pas. J’ai trop peur de ne pas avoir de réponses. J’ai trop peur d’apprendre qu’ils ne sont plus là. Je n’aurais pas été là pour eux. Et peut-être qu’ils sont à l’hôpital, qu’ils veulent un dernier moment voir mon visage. Mais j’ai trop peur. Je ne veux affronter la mort encore une fois. Pas celle de mes proches. Tenir Kaylee, vouloir lui prouver une dernière fois à quel point je tiens à elle avant qu’elle parte… Je… Ce n’est pas moi. Je… Je me sens mal. J’ai l’impression de devenir fou. Alors je me pose contre un mur des couloirs du lycée et je reste ainsi. Mes yeux sont fixés sur le sang de la demoiselle qui commence à sécher sur mes mains.

Maintenant que Kaylee a planté ses yeux dans les miens, je peux sentir sa main sur ma jambe. Elle me serre. Elle m’agrippe. Je suis son rocher. Je ne la laisserai pas tomber. Elle peut me faire souffrir. Elle peut planter ses ongles dans ma peau. Je ne dirais rien. Je la laisserai faire. Je veux qu’elle tienne le coup. Ce morceau de verre… Il aurait pu toucher son cœur. Et moi, j’aurais pu devenir aveugle avec un débris planté dans mon visage. On a eu de la chance. Malgré le fait que j’en sois sorti presque indemne, rien ne me dit que pour ma Princesse se sera la même chose. Dans combien de temps viendra-t-on nous sortir de là ? Elle peut se vider de son sang, si personne ne vient nous ouvrir. Je ne veux pas la voir partir sous mes yeux. Je m’y refuse catégoriquement. Oui, je ne la connais presque pas. Mais je m’en fous royalement ! Il y a des gens qui viennent s’incruster dans votre vie et qui prennent une place importante, sans vous demander votre avis. C’est comme ça. Kaylee fait partie de cette catégorie de personne. Ma Princesse. Ma douce et jolie princesse. Ses yeux sont ancrés dans les yeux. Je me rapproche un peu plus d’elle lorsqu’elle ouvre la bouche pour parler. J’aimerai l’en empêcher pour qu’elle garde des forces. Mais je n’arrive pas à la couper. Alors je maintiens la pression que j’exerce sur son épaule. Encore et toujours. Sa respiration est saccadée. Ses mots s’embourbent dans la douleur. Elle me demande ce qu’était mon cadeau. Je cherche un moyen de le décrire. Je me demande où je l’ai rangé. Dans la poche extérieure de mon sac… Il y est ! Oui ! C’est pas une blague. Je… Je l’ai mis là-bas parce que je me suis dit que je l’aurais toujours sur moi et qu’ainsi je pourrais lui offrir quand je la croiserai. Bon, je l’ai rarement croisée et en plus je n’y pensais plus vraiment. Je veux lui répondre mais la belle enchaine en me parlant de Cassie. Qu’est-ce qu’elle a fait encore celle-là ? Un cadeau… Un voyage… Avec moi ? J’en reste un peu bouche bée. Il faut croire que je me suis immiscé dans la vie de Kaylee comme elle l’a fait avec moi. Je souris. Je tiens toujours mon tee-shirt sur la blessure de la demoiselle. Cependant je lâche d’une main pour venir caresser doucement son visage.
Je sens la main de Kaylee passer dans mon dos. Ma peau mise à nue frissonne. Elle vient alors se poser contre moi. Sa tête, juste contre mon torse. Elle doit entendre les battements de mon cœur. « Serre-moi fort s’te plait. » J’obéis. Je n’ai ni la force, ni l’envie de dire non. J’y vais doucement pour ne pas lui faire de mal. Je l’entoure de mes bras et la serre. Elle est brûlante. Ça ne m’étonnerait pas qu’elle ait de la fièvre. Et ce n’est jamais bon signe. Je m’inquiète silencieusement pour elle. Je ne veux pas que ça finisse en tragédie. J’ai peur. Oui, voilà ce que je ressens à cet instant précis. J’ai peur. Je me dis que si je n’arrive pas à prendre soin de Kaylee alors qui puis-je garder sous mon aile ? Si je n’ai pas été assez fort pour la maintenir en vie, qui le sera pour ma petite sœur et mes meilleurs amis ? J’ai peur pour eux. J’ai peur pour Kaylee. Je m’en veux. J’aurais dû l’empêcher de courir. « Mon cadeau je te le donne en sortant, si tu me promets de tenir jusque-là. J’aimerai te le donne maintenant… Ça fait vraiment scène mélodramatique pourrie… Mais on y est habitués, non ? Genre dans la voiture la première fois… Tiens mon tee-shirt fort, ok ? Tu maintiens la pression. Je reviens.» Je m’écarte tout aussi lentement d’elle que je m’en étais approché. Je me lève. Je vais être malade en sortant. Je m’en fous. Mon vêtement est couvert de sang. Celui de l’étudiante. Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait un pincement au cœur. Je pousse le canapé et m’éloigne avec précaution de la cachette. Trouver mon sac ne fut pas facile. Il y avait pas mal de débris. Des choses en tout genre, bouquins, feuilles de papier, branche, boue… Je finis par mettre la main dessus. Je le prends et retourne vers mes camarades. Je me replace dans la cachette. « Ferme les yeux.» Je déballe le cadeau. Je reviens appuyer sur sa blessure pour stopper l’hémorragie. Je viens par la suite trouver sa main et je place le bien dans celle-ci. Je la referme et lui dit : « Tiens. » Je me penche pour déposer un bisou sur son front tandis que ses paupières s’ouvrent à nouveau.

Bon. Nous voici dans un scénario catastrophe. Comme dans tous bons, ou mauvais, films catastrophe, on retrouve le mec qui gère la situation, les larmes, les cris, les blessés, les jolies filles, les imprévus, les grosses merdes, l’obscurité. En fait il ne nous manque que la musique. Putain comme je hais ce moment. J’espère que tous mes proches sont entre de bonnes mains. Et je dois être les bonnes mains pour ceux qui sont avec moi. Car si ici il n’y a pas d’entre aide, alors il n’y en aura nulle part. Je ne suis pas du genre religieux et tout mais je prie quand même. Je ne sais pas vraiment pourquoi. C’est venu tout seul. Kaylee appelle Scott alors que j’observe sa blessure. « Quoi Sc…» Merde. Merde ! Merde ! Il est tombé dans les pompes. Je lance un regard à Isabelle. Je lui demande de prendre les choses en main de son côté. Il a eu un malaise. Et soit c’est parce que c’est une fillette qui a peur du sang ou alors il lui arrive quelque chose de grave. Parce que ce n’est pas anodin de perdre connaissance. De plus c’est un joueur de football américain, il doit certainement savoir encaisser les coups et en donner. Ce n’est pas une fillette. Il lui est arrivé un truc. Ça ne me rassure pas vraiment mais je tente de garder mon calme. Comme toujours. Inspiration. Expiration. Inspiration…

« Une clope ? Tu crois que je vais sortir de notre cachette Princesse ? Non, on a déjà assez de deux blessés. Et j’en ai pas sur moi. » Le Princesse n’était pas nécessaire. Mais comme Kaylee vient de dire à Isy d’embrasser Scott, je me suis senti obligé. Comme ça. Pour donner une raison de plus à la blondinette de ne pas s’accrocher à moi et d’aller voir ailleurs. « Je suis content de t’avoir rencontré aussi ma belle mais tu sais quoi, tu feras la peau à un homme mort. Je le retrouve, je le tue.» Je dis ça tout aussi sérieusement que d’habitude. Mes meilleurs amis vous le diront, je peux annoncer une mort avec le plus grand calme du monde, sans aucun sentiment. Tout comme je peux annoncer le plus beau jour de ma vie, ou encore que si j’aie été un être humain normalement constitué, je serais au bord du suicide. Bref. Je sais séparer mes sentiments, mes sensations de mes mots et de mon apparence si j’en ai besoin. Ce n’est pas pour rien que régulièrement je me dis que je suis fait pour la manipulation et donc pour la politique.

Je place ma main sous la tête de Kaylee. « Quelqu’un a un vêtement en trop ou… Ouais, on va prendre ce que j’ai sous la main. Oubliez. On verra plus tard. » Je retire mon tee-shirt. Il servira de garrot. Je vais avoir froid. Mais je m’en fous. C’est pour le bien de ma princesse. « Ça va allait vite.» Et là, je procède à la mini opération. Je ne retire pas lentement le morceau de verre. Mais plutôt d’un coup sec et tentant de garder la même direction. J’avais mis la veste de Kaylee dans sa bouche. Comme ce qu’elle m’avait fait tout à l’heure. C’est un peu dégueulasse mais on fait avec les moyens du bord !
A peine eu-je dégagé le morceau, beaucoup de sang s’écoule de son corps. Je vois qu’elle est parcourue de douleur. Je sers la mâchoire. Je pose mon tee-shirt sur sa plaie et appuie fermement. « Tu tiens bon Kaylee. C’est un ordre ! J’ai encore pleins de choses à te faire découvrir. Je t’ai même pas offert ton cadeau d’anniversaire. Tu sais je n’avais pas simplement prévu une bouteille de lessive. Mais je savais pas comment te le donner, puis la soirée a passé. Tu avais toujours quelqu’un auprès de toi. Puis j’ai oublié et on s’est pas beaucoup parlé depuis… Je l’avais pas sûr moi. C’est rien d’exceptionnel. Mais j’en suis fière. Tu tiens. Tu oublies la douleur, ok ? Regarde mes yeux, rien que mes yeux. » Discours pourri. Juste pour lui faire penser à autre chose ? Pas seulement. C’est ce que j’ai sur le cœur.

Spoiler:

J’observe tout le monde en attendant une réponse. Mes yeux passent de Scott, à Isabelle et finalement à Kaylee. Je fais le relais. Je ne m’arrête pas, jusqu’à ce que chacun me dise un mot. Seulement ma Princesse prend rapidement la parole, elle annonce à Scott de prendre soin d’Isy. J’approuve en acquiesçant d’un geste de la tête. Isabelle est quelqu’un de fragile, je pense que l’épaule réconfortante du joueur de football sera nécessaire. Et s’il est blessé, le soigner occuperait les pensées de la demoiselle. Alors que je regarde ses deux derniers, Kaylee saute d’un bon et va vers son sac. Enfin je suppose que c’est ça. Par la suite, elle vient vers moi. Je l’observe avec interrogation. Elle vient alors vers moi et me tend sa veste.
« Serre ça avec des dents. Penche la tête et ferme les yeux, je vais te passer un peu d’eau et essayer de faire de mon mieux, fait-moi confiance, tu te souviens ? » « Non je… C’bon… » Je secoue négativement, mais je ne peux définitivement lui faire entendre raison. Alors j’obéis docilement. De toute façon, je ne peux pas rester ainsi indéfiniment. Je mets la veste dans ma bouche. Ce n’est pas agréable de mordre ainsi dans un morceau de tissu. Mais c’était nécessaire. Le flash du portable de la demoiselle m’éblouis. Je me vois obligé de fermer les yeux. De toute façon je ne pouvais pas voir en contrejour son visage. Je sens soudainement l’eau qui s’écrase sur ma peau. Je ne l’avais pas prévu et je sursaute de ce nouveau contact. Ça ne me fait pas mal, ce n’est pas de l’alcool non plus. Seulement je sens le moindre morceau de verre enfoncer dans ma peau. Alors, Kaylee commence à enlever chaque petit bout. Je mords encore plus fort la veste. La douleur est aigue. J’ai l’impression qu’elle me retire des lambeaux de peau. Je suis en feu mais je frissonne en même temps. J’ai mal. Terriblement. Horriblement. J’ai subit pas mal de choses depuis que je suis gamin, mais ça c’est encore différent. Ça dérangeant, douloureux. J’ai envie de gratter, de frotter mon visage et d’un autre côté, plus on y touche plus c’est douloureux. Je reste là, les paupières closes. « Vas-y Kaylee. N’aies pas peur. » Ce n’est qu’un murmure. Je ne pense même pas qu’elle ait pu entendre ce que j’ai dit à côté de la veste entre mes dents. Ma mâchoire est tellement crispée que c’est difficile d’articuler ses quelques mots d’encouragement. Je veux juste que ça se termine vite. Je ne veux pas qu’elle ait peur de me faire mal. Je veux qu’elle y aille franco. Je ne vais pas en mourir. J’aurais sans doute une vilaine cicatrice. Mais ça, c’est dans le pire des cas. Tout va bien se terminer. On est en sécurité. Pour l’instant… En pensant à Marissa, Cassie, Angie, le bébé et Duncan, j’arrive à tenir le coup. J’évite de pleurer. Mais me dire que je suis loin d’eux est encore plus atroce. Je ne sais pas s’ils vont bien. Je ne sais pas s’ils sont sains et saufs. Je ne connais même pas l’endroit où ils peuvent être. Je n’ai que mes espoirs et mes craintes. C’est tout ce qui me permet d’oublier la douleur sur mon visage. Car c’est encore pire de ne pas savoir si les êtres qui nous sont les plus chers, sont en vie ou non.

Ma Princesse s’est arrêtée, je ne m’en étais même pas rendu compte. Je me risque à ouvrir les yeux. Son portable est éteint. Je parie sur une batterie HS ! Elle s’est relevée, je retire son vêtement et ma main va chercher la sienne. Je ne peux pas parler sans avoir quelque peu mal. Alors je tiens juste à avoir son contact. La toucher doucement un instant. Mais dans le noir, tout est plus compliqué. De plus, alors que je n’étais qu’à une dizaine de centimètres d’elle, une fenêtre explose, nous faisant tous sursauter. Mon regard se dirige vers la source du bruit. Je reste fixé sur l’armoire. Kaylee nous dit d’aller nous planquer derrière le canapé ou dans un coin de la salle. Je n’ai pas saisi sa direction mais je pense que c’est la meilleure des choses à faire. Quitte à pousser le canapé dans le coin pour nous encercler. Ou plutôt nous trianguler vu la forme que ça fera… Enfin, bref ! Là n’est pas le plus important. Je me relève définitivement et me dirige vers la destination à la suite de mon amie. Seulement celle-ci fait l’erreur de courir. Elle va tomber. « Doucem…» Doucement. C’est trop tard. Kaylee a glissé et est lourdement tombée sur le sol. Je me précipite pour la sauver. En temps normal, je me serais moqué d’elle. Mais aujourd’hui, tout est différent. Nous vivons un cauchemar dans l’antre des enfers. Nous n’y survivrons peut-être pas alors… Ce n’est pas le moment de rire, et encore moins de sourire ! Je me précipite sur ma Princesse qui lance soudainement un cri de douleur. « Putain de merde !» J’ai tendance à être grossier tous les jours, alors en période de crises… Je vous laisse constater ! « Oh ! Putain Kaylee… » Mes yeux sont bloqués sur l’immense morceau de verre qui s’est logé dans son épaule. « J’ai pas prévu de faire médecine moi… Je… Je t’emmène dans le coin prévu. J’y vais doucement, ok ? » Je ne peux pas la prendre par l’épaule, ni la relever. Je me doute qu’à partir du moment où elle bougera le bras, un nouveau spasme de douleur l’envahira. Et je ne veux pas voir ça. Mon bras glisse sous son dos, tandis que l’autre passe sous ses genoux. « Prête ? » Je n’attends pas sa réponse et la soulève du sol. Elle a très mal. Je vais rapidement, mais sans courir, la déposer dans le coin de la salle. Là, j’attends que les autres nous rejoignent et je vais par la suite faire glisser le canapé pour qu’il nous bloque. Une vraie petite cabane pour enfant. « Je ne suis pas un pro en médecine. Si on l’enlève, on fait immédiatement un garrot. Mais on ne peut pas risquer qu’il se brise entre nos mains ou qu’un morceau reste à l’intérieur ou encore qu’on endommage un muscle. La dernière chose que je souhaite, c’est que tu ne puisses plus utiliser ton bras. On va garder notre calme, ok ?» Mon ton est très froid et posé. Ce n’est qu’une apparence que je me donne. Comme depuis le début, j’essaye de faire bonne figure pour rassurer les autres. Pas de panique. « Kaylee ça va ? Tu ne vas pas tourner de l’œil ? Parle-nous. Raconte-nous de la merde. Une petite blague ? » Distraire. Il faut que tout le monde se détende un peu. Moi pendant ce temps-là, je scrute la blessure et réfléchis à un moyen d’agir avec les moyens du bord.

Dans une semaine, l'event sera clôturé.

Spoiler:

Tout ce passe comme j’ai pu l’espérer. Ils acceptent tous de venir à mon aide. Je ne sais pas si c’est l’idée la plus intelligente du siècle, mais voilà, il faut agir. Et ça ne sera pas une petite armoire qui nous protègera !
Kaylee est la première à parler, elle annonce avoir peur de mon idée. Oui, je sais ça peut paraître fou. Mais nous nous cachons toujours dans les pièces sans fenêtres et nous fermons toutes les ouvertures des maisons. Des planches de bois, des volets, du scotch, des sacs de sable. Nous mettons tout. Il vaut mieux en même plus que pas assez. Évidemment on fait ça avant que la tempête soit au-dessus de notre tête. Mais mieux vaut tard que jamais, non ? Scott vient appuyer mon idée et il donne son casque de foot à Kaylee. Ok. C’est un footballeur. Je ne sais pas si je vais réussir à l’aimer celui-là ! Au moins il protège les filles. Je regarde Isabelle et tente de la rassurer par un simple contact visuel. J’ai pris soin des deux jumeaux, je sais rassurer en cas de crise. C’est ce que l’on apprend quand on joue le pilier de la famille. « Isy, tu te mettras derrière, étant donné que tu n’as pas de protection. Vous êtes prêts ? » J’attends qu’ils soient tous en place. Tout le monde accroché. Et puis là…

Tout s’envole. Le sol, le ciel, la pluie, le vent, tout ce mélange. Un bruit insupportable envahit le foyer. On se croirait en pleine guerre. Je sens qu’ils me retiennent. Et sans eux je serais passé par-dessus la fenêtre ! Je me penche pour attraper le volet droit. Là, dans un sifflement un morceau de bois passe au-dessus de ma tête et s’engouffre dans la pièce. Je m’attaque au volet droit. Le gauche s’est rabattu. J’ai l’impression qu’ils vont céder avant que je n’ai le temps de les refermer. J’utilise énormément de force pour résister à la pression qu’exerce la pluie et le vent sur moi. Derrière l’équipe des trois lycéens luttent pour me garder avec eux tout en se protégeant. Je finis par réussir ma mission.
Sans laisser le temps de se reposer, je m’attaque à la deuxième ouverture de la pièce. Ainsi en plusieurs longues minutes nous nous enfermons dans ce foyer sans lumière. Nous sommes entièrement dans le noir. La dernière action m’a prise moins de temps. J’ai attrapé le coup de main. Cependant je me sens complètement lessivé. Il fait froid. Le sol est trempé et nous aussi par la même occasion. Les meubles sont dans un désordre innommable. Je m’écroule les genoux sur le parquet. « Maintenant, occupons-nous de placer les meubles devant les fenêtres. Enfin, on va se débrouille pour en mettre un maximum. » Malgré la fatigue qui envahit mes membres, je prête un coup de main. Nous n’y voyons vraiment pas clair. Simplement le filet de lumière qui s’échappe du dessous de la porte et nos portables quand ils ne finissent pas par s’éteindre. Mes pupilles se sont habituées à toute cette obscurité.

Nous avons enfin fini. Je m’écrase au sol. Je suis couché. Le bruit est toujours infernal et j’ai peur que ça ne tienne pas, mais je ne le montre pas. Le plus important c’est qu’ils pensent tous que j’ai eu la bonne idée. Que nous sommes sauvés. Il faut leur faire croire que moi-même j’y crois. Sinon c’est la crise de panique assuré. Je sens comme une brulure proche de mon œil. Je l’avais remarqué tout à l’heure mais j’étais trop occupé pour m’y attarder trop longtemps. Ma main vient alors gratter le haut de ma joue. C’est à ce moment qu’une douleur aigue envahit mon être. Je porte ma main à mes yeux pour déceler une goutte de sang. Je ne vois rien. Seulement ma main est largement plus sombre que l’autre. « Merde ! » Chaque mot me lance une nouvelle vague de douleur. Mes doigts viennent alors doucement frôler ma peau. Je constate qu’il y a des morceaux de je ne sais quoi enfoncés dans ma chair. C’est plus gros que du bois… Et aussi douloureux que du verre. Des éclats de verres. Une ouverture béante sur mon visage partant de mon front jusqu’à ma joue. Ce devait être fait par un éclat de verre. Quand j’ai ouvert une fenêtre, il a dû s’écraser contre moi et m’a laissé quelques souvenirs. Je vais avoir besoin d’aide. Il faut qu’on me retire ça.

Seulement, si je m’en aperçois que maintenant, je ne dois pas être le seul à être blessé. « Bon c’est l’heure des constats. Fini la précipitation, on peut se calmer… Vous allez tous bien ? » A chaque fois que ma bouche forme une syllabe, je réprime une grimace de douleur. Les autres avant moi. C’est le principal.

Spoiler:

Je ne pense pas que l’on va pouvoir compter sur les filles. Les deux ont l’air bouleversées. Y a même pas un cas pire que l’autre. Personne n’a vécu un évènement pareil. Je suis le seul. Personne ne vient de Miami ou quoi ? Ça m’étonne. Mais au fond, plus rien ne devrait me surprendre dans ce lycée de riche. Lycée reconnu partout dans le monde.
Je fixe mon regard sur Scott. Ce n’est pas un ami mais si lui aussi pète un câble, on est foutus ! Vraiment. Et ce n’est pas pour exagérer que je dis ça !

Je ne l’aime pas spécialement. Enfin, je ne le connais pas. Mais il a pas l’air mauvais comme type. Il s’approche de moi et me dit qu’il est plus habitué aux tempêtes de neige. Mais il vient d’où ce type ? Du Nord certainement… Je le vois bien petit New-Yorkais tranquille qui va faire de la patinoire à Central Park. Mais ce n’est pas le moment pour l’analyser. On a mieux à faire ! Ensuite, Scott finit sa phrase en répétant exactement ce que je pensais. Je l’ai pas déjà dit ça ? Enfin, bref… Je ne vais pas lui en vouloir pour ça ! J’ai largement mieux à faire !

Dehors c’est comme la nuit. On est définitivement sous l’ouragan. Ou plutôt dedans. Bref. Ce n’est pas le moment de se laisser battre ! C’est même le dernier moment pour agir !
Scott me montre la bibliothèque. J’acquiesce et on pousse tous les deux le lourd meuble. « On a que deux fenêtres à cacher au final. Regardons si y a des volets ! » Je m’exécute d’un côté et je suppose que Scott fait la même de l’autre. On sera plongé encore plus dans le noir mais on sera un minimum protégés. Je scrute le mur. Y a bien des vieux volets. C’est l’avantage de ce bâtiment ancien ! Le foyer est une des pièces qui existaient déjà à l’ouverture du lycée en 1770… Ils ont été changé depuis le temps. Mais ils donnent du charme à la bâtisse vu de l’extérieur. « Attention je vais ouvrir la fenêtre ! Pour fermer les volets. Scott, je pense que je vais avoir besoin de toi. Ou bien d’une fille, si vous vous sentez capable de me retenir. On va devoir faire gaffe à ne rien se prendre dans les yeux. Y a toutes sortes de choses qui peuvent voler… Et puis aussi un souffle d’air pourrait nous emporter… Bref. Va falloir qu’on se tienne tous. Et on fera ça pour toutes les fenêtres. Ensuite on mettra les tables et tout. D’accord ?» Je regarde chaque personne l’une après l’autre. Les filles se sont parlées, je les ai interrompues. On aura tout le temps de taper la discute plus tard. J’ai dû me montrer ferme car plus personne ne parle.

On va être trempés. On va risquer nos vies. Mais au moins on sera plus en sécurité.

Isabelle était un peu paniquée mais ce n’était rien à côté de Kaylee. Jude pris les opérations en main. Isy ne put s’empêcher de répondre à Jude : « Pour moi aussi c’est la première fois que je vis un ouragan… ». La jeune fille jeta un coup d’œil aux deux jeunes hommes qui s’affairaient à boucher les fenêtres. La petite blonde s’approcha de Kaylee. Elle savait que son amie était claustrophobe. Isabelle força Kaylee à la regarder dans les yeux. Elle devait être calme et inspirer ce calme à son amie.

-Il ne faut pas paniquer… On va tous s’en sortir indemne, tu comprends ? Mais il faut d’abord se calmer. Inspire profondément et expire…, dit-elle en respirant profondément comme elle l’avait demandé à la Sigma Mu. Elle se tourna quelques instants vers les garçons : Si vous avez besoin de moi pour vous aider à soulever ou à déplacer quelque chose, n’hésitez pas même si je doute de vous être utile…

Le vent était toujours plus fort et Isy était très inquiète concernant la résistance de la vitre. Elle se doutait des dégâts que pouvait créer une vitre en mille morceaux éparpillés à toute vitesse par un vent puissant. Isabelle prit les mains de son amie Kaylee entre les siennes. Isabelle avait autant besoin que Kaylee d’être rassurée. Cependant, Isy savait que, dès que les fenêtres seraient protégées, Isy n’aurait plus rien à craindre et pourrait enfin se détendre. Elle avait tellement peur que Scott ou Jude ou encore Kaylee soient blessés par des débris de verre provenant d’une fenêtre brisée. En effet, Isy se fichait bien qu’elle soit blessée tant que ses amis ne l’étaient pas. Elle massait tendrement et amicalement les mains de Kaylee autant pour se calmer que pour l’apaiser. Le sourire de la blondinette était un peu absent : elle souriait pour rassurer Kaylee mais ses pensées étaient obsédées par son inquiétude pour la santé de ses amis.

Spoiler:

Ma vie bouge pas mal en ce moment. Et j’ai une putain d’envie de décompresser un peu. Il n’arrête pas de parler d’un ouragan aux infos. C’est pas nouveau. On y a le droit régulièrement. Il faut arrêter de croire qu’il fait toujours beau à Miami. Le principal a clairement fait comprendre qu’il n’y avait rien à craindre et que les systèmes d’alertes sont au point. Je le crois. Il suffit d’être bien organisé et tout se passera comme il le faut. Organisation et calme. Ce sont les maitres mots. Je ne comprends pas les gens qui paniquent pour rien. Aujourd’hui, certains élèves de ma classe ne sont même pas venus ! Alors que techniquement la tempête devrait arriver dans deux jours sur Miami. Je dis tempête parce que je pense que c’est un petit ouragan. Il aura rapidement perdu son envergure gigantesque et catastrophique ! Quoi que… Cette nuit tout à changer. Enfin, j’ai l’impression que les choses ce sont précipitée. Je reconnais les signes. Mais ce ne sont peut-être que les prémices. Je ne m’inquiète pas. Enfin j’essaye. J’envoie un message à Cassie. Elle est restée chez elle ce midi. J’irais peut-être la rejoindre ce soir. Il faut que je demande à Marissa si elle veut venir. On pourrait se faire une soirée tous les trois. Je ne sais pas trop si les filles s’entendent bien. Ce serait le moment de tester !

Je regarde ma montre. 13h16. J’ai déjà fini de manger. Mon prof est absent. Je ne reprends pas les cours avant une bonne demi-heure. Que faire ? J’ai envie de décompressé. Je l’ai déjà dit ça. Quoi de mieux que de se poser dans un fauteuil au foyer ? Je vais pouvoir respirer, enfin ! Trier toutes mes pensées, les classer, les ranger, en effacer certaines. Il faut que j’y voie clair. C’est le minimum pour prévoir des coups à l’avance. Car oui, je n’agis pas sans y avoir réfléchit. Enfin, dans presque tous les cas. Ces derniers temps, je me suis retrouvé face à des situations imprévues. Ce qui a eu le don de tout faire foirer.

Je ne regarde pas trop les gens qui sont dans le foyer. J’entends des voix. Je m’en fous. Il pourrait y avoir mon meilleur ami, je ne le ferais pas. Mes écouteurs sont dans mes oreilles. Ma musique crache un doux son qui m’embarque dans mon propre univers. Je m’assois sur le rebord de la fenêtre et observe la pluie qui tombe. Les palmiers s’agitent. Encore et encore. On dirait qu’ils vont plier sous le poids du vent. Moi, je suis calme. Même si intérieurement, je suis certainement pire que l’ouragan qui fonce sur nous. Il y a des signes qui ne trompent pas. Il doit déjà être au-dessus de nos têtes. J’attends tout de même d’entendre l’alerte. J’envoie un sms à ma petite sœur pour la prévenir de l’endroit où je suis. Je veux en faire de même pour Duncan et Angie mais ça ne s’envoie pas. Comme si soudainement il n’y avait plus de réseau. J’enlève un des écouteurs. Il y a un mec qui parle fort dans le foyer. Il agite des clés fièrement. «Pauvre con…» C’est ridicule d’agir ainsi ! J’ai l’impression de faire face à un gamin. Je crois qu’il a entendu ma réflexion. Il claque la porte et je n’y fais plus attention. Qu’il aille faire joujou ailleurs !

Moi je suis trop occupé. Des visages viennent envahir mon esprit. Je suis obligé de penser à Marissa. Je me demande ce qu’elle fait. Je n’ai pas eu de réponses à mon message. J’espère qu’elle n’est pas dehors à cette heure-ci. Je devrais aller la chercher. Je me lève. Mon regard est toujours plongé sur la vitre. Le spectacle est terrifiant. Tout à empirer en quelques minutes. Je me retourne il faut que je retrouve ma sœur. Cette obsession vient envahir mon cœur. Ça me bouffe.
Ce n’est qu’une fois que je me retourne vers les personnes présentes que je me rends compte que je ne suis pas seul. Je lance un « salut » neutre. Je n’ai pas envie de parler. Je veux ma sœur. Il y a Kaylee. J’aime ma princesse. Elle est géniale cette fille. Elle fait partie de ces choses que je n’avais pas planifiées dans ma vie. Elle m’avait fait vivre un moment à part. Je ne regrette pas d’avoir lâché prise ce jour-là. Il y a aussi Isabelle. Je ne sais pas trop comment me comporter avec elle. Je pense qu’elle est trop jeune pour moi. Elle a encore beaucoup de choses à apprendre. Je l’apprécie mais nous n’avons pas grandis à la même vitesse. Nos trois années d’écart devaient y jouer beaucoup. Elle était tombée sous mon charme trop rapidement. J’ai peur de la blesser. Pas physiquement, hein ! Mais Isy semble fragile. Je ne pense pas qu’elle est assez d’expériences pour comprendre ce qui se passe réellement. Et y a ce mec. Celui qui l’avait accompagné à la fête de Kaylee. Les 18 ans sur la plage… J’arrive plus à me souvenir de son prénom. Sean ? Carter ? Y a un S… Je crois. Je sais plus. Je n’y ai pas vraiment réfléchis.

Le monde bascule dans l’obscurité. Après mon portable qui ne me sert plus à rien, c’est la lumière qui quitte notre petit monde. Bon. A croire qu’ils s’étaient trompés aux informations. Faut vraiment que je trouve ma sœur.
« Oh ! Non ! C’est fermé ! » « Quoi ?» Isabelle essaye d’ouvrir la porte sans y parvenir. Elle retourne s’asseoir sur le canapé. Moi je n’abandonne pas aussi vite. Je m’approche de la porte. Je teste la poigné. Elle est bloquée. Je la tourne dans tous les sens. Je frappe sur la porte. « On est enfermés… Mais quelle grosse blague, quoi !» Mon poing frappe une dernière fois sur le bois. Il s’écrase avec rage. Qui a fait ça ? Je ne comprends pas pourquoi on se retrouve enfermé dans une pièce ouverte à tous les élèves et à n’importe quel moment. Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Le vent brisera le verres des fenêtres rapidement si nous ne faisons rien. Nous serons alors confrontés à la pluie, aux rafales dangereuses… Des matériaux en tout genre pénétreront dans la pièce. Ce qui risque d’être dangereux. Ça ne sert à rien d’essayer de s’acharner sur la porte. En effet se sont des vieux model en bois massifs. Et même deux gars de l’équipe de foot ne seraient parvenus à la faire sortir de ses gongs. Alors moi et Scott… On n’a pas l’envergure ! Scott ! C’est ça son nom ! Wow ! C’est revenu d’un coup… Je suis plutôt fier de moi sur ce coup-là.
Ma main glisse lentement contre le bois, je respire un grand coup et me retourne vers mes trois compères. « Bon on va pas s’énerver… Vous êtes habitués, non ? On va commencer par bouger toutes les fenêtres, ok ?» Je ne veux pas m’imposer comme chef mais y a des moments où il faut agir.

Après le déjeuner, Isabelle était sortie de la cafétéria pour aller se détendre dans le foyer. Elle s’était installée dans un fauteuil. Son sac était posé contre ce fauteuil. Isy avait mis ses écouteurs de MP3 dans les oreilles et lança la musique si bien qu’elle ne remarqua pas les allers et venues. Elle griffonnait dans son carnet à dessin. Au rythme de son crayon, se traçait le portrait d’un jeune homme. Ce jeune homme sorti tout droit de l’imagination de la jeune femme ressemblait à la fois étrangement à Scott, un ami de Sateen qui l’aidait avec ses cours et surtout le garçon avec lequel elle avait échangé son premier baiser, et à Jude, un autre jeune homme qui lui donnait des cours de natation et qui récemment l’avait sauvée de la noyade. D’ailleurs Isy avait aussi embrassé Jude. Ca devait être sous le coup de l’émotion même si Isabelle savait très bien que Jude l’attirait. Cette romance étrange se traduisait dans ce portrait mêlant les traits des garçons qui attiraient Isabelle. Elle était tiraillée. Elle ne savait plus quoi faire. Lequel devait-elle choisir ? Lequel aimait-elle ? Devait-elle écouter son cœur ou sa raison ? Selon les deux, la blondinette devait écouter son cœur mais elle avait quand même du mal car son cœur lui disait d’aller avec les deux.

D’ailleurs, elle remarqua que les deux jeunes hommes étaient entrés dans le foyer avec Kaylee. Elle rangea hâtivement son carnet. Elle ne voulait pas qu’ils voient ce qu’elle dessinait. La jeune fille ôta ensuite ses écouteurs de ses oreilles et remis son MP3 dans son sac. Un autre étudiant arriva avec les clefs de la salle. Isabelle lui aurait bien dit que c’était stupide mais une autre fille, une brune de Senior Year, lui dit que c’était totalement stupide avant de s’en aller. Suite à ça, le voleur reparti. Isabelle n’y avait pas fait attention mais la porte était dorénavant fermée à clef. Isabelle échangea quelques politesses avec ses amis puis la lumière commença à vaciller alors que dehors, un vacarme retentissait. La jeune femme n’était pas vraiment habituée aux ouragans. Elle se leva et tenta vainement d’ouvrir la porte. « Oh ! Non ! C’est fermé ! », dit-elle à ses amis. Isy avait peur, c’était le premier ouragan qu’elle affrontait. Elle retourna alors vers ses amis, s’asseya dans le canapé. Que faire ? Il y avait-il des « précautions » à prendre ? Isabelle ne dit rien, elle était trop occupée à s’empêcher de hurler de terreur. A l’intérieur, la blonde était totalement chamboulée, c’était le chaos en elle. Elle se retrouvait enfermée dans une pièce avec Scott, Jude et Kaylee. Il allait y avoir de l’explication dans l’air. Isabelle n’osait pas imaginer ce qu’il se passerait. Elle avait déjà vu comment pouvait réagir Jude quand elle avait été poussée à l’eau par Trevor et elle avait un peu peur que les deux garçons se battent alors qu’un cataclysme s’abattait sur Miami.