Le temps est une illusion. |Terminée|

☝Age : 17 ans.
☝Date et lieu de naissance : 23 Septembre 1994, Seattle.
☝Classe : Senior Year
☝Confrérie : Sigma Mu
☝Riche ou boursed'étude ? Riche

« Ce qui me caractérise le plus ? Mes cheveux. Je les ai eu bruns, châtains, roux. Aujourd'hui, ils sont blonds délavés. Parfois un mélange entre bouclés et crêpus, parfois lisses, ils sont toujours incoiffables. Indomptables. La plupart du temps, ils forment une boule autour de mon crâne, comme une auréole autour du visage d'un saint.
Tiens, en parlant de visage. Le mien est fin et plutôt pointu, si on oublie mes joues de petite fille. Elles me donnent un air plus candide, plus innocente que je le suis. Mes grands yeux bleus, légèrement globuleux je l'avoue, participent à cette impression de candeur. Ma petite taille aussi, d'ailleurs. Ma taille fine, mes petits seins, mes jambes courtes, mes mains délicates, ma peau blanche.
En me voyant, on me donnerait le bon dieu sans confession.
Enfin, tout dépend de ma tenue. Quand je ne suis pas maquillée, et habillée en jean et t-shirt.
Mais quand je me promène les lèvres rouges, les paupières bleues, un anneau dans le nez, ça change. Mes robes, collants résilles, talons et chapeaux ne font pas l'unanimité. Mais je m'en fiche. Je suis à l'aise dans n'importe quelle tenue, et c'est ce qui m'importe. »

« Le temps passe, les saisons s'enchaînent, et nous ne pouvons rien faire contre ça.

Je n'aime pas cette sensation atroce que tout m'échappe, je la connais trop pour l'apprécier. Je ne me sens bien, je ne me sens moi, que quand j'ai le contrôle de tout ce qui m'entoure. En langage vulgaire, je suis une control freak. Dans mon langage... Je ne sais pas. Ce que je suis, qui je suis.
Tout ce que je sais, c'est que je n'aime pas l'inconnu. Je n'aime pas le noir, le fond de la mer, l'imprévu, les surprises. J'ai peur de ce que je n'ai pas voulu, ce que je n'ai pas décidé, ce qu'on m'impose.
J'aime rire, pleurer, aimer, haïr, j'aime vivre, tant que je l'ai choisi. L'autorité m'exaspère, la liberté me fait peur. "Carpe diem" n'est pas ma devise. J'ai trop peur du temps, de la perte du temps, pour profiter. Je suis perpétuellement angoissée, et mon antidote est le rire.
Quoi de mieux que le rire pour lutter contre ses peurs les plus profondes? Je m'accroche au rire comme à une bouée de sauvetage. J'aime la musique d'un rire sincère, la brillance d'un regard heureux, l'éclat d'un sourire.
Je ne supporte pas assez de perdre du temps pour faire des choses qui ne me plaisent pas. Si je n'aime pas quelqu'un ou quelque chose, je le dis. Si j'aime, si je suis triste, si j'ai peur, si je suis heureuse, si je veux voir des gens, si je veux être seule, je le dis. Je n'ai pas peur de blesser les gens, je m'en fiche. Le temps guérira leurs blessures.
Il me manque 13 ans de ma vie. Je ne rattraperai jamais ce temps perdu; et je ne supporterai pas de perdre une seconde de plus. »

« Mon certificat de naissance dit que je suis née le 23 Septembre 1994, je suis donc censée avoir 17ans.

En réalité, je n'en ai que 4. Dont je me souvienne, en tous cas. Je n'ai aucun souvenir de ma vie avant le 23 Septembre 2007, jour où je me suis reveillée à moitié nue sur le pas d'une porte inconnue. La vieille femme qui m'a recueillie, et que j'appelle aujourd'hui grand-mère, m'a nommée Autumn. Simplement parce que je suis arrivée dans sa vie le premier jour de l'automne, et qu'elle n'a pas beaucoup d'imagination. Elle a aussi décrété que mon anniversaire serait le 23 Septembre, premier jour de ma nouvelle vie.

Pendant les 4 dernières années, j'ai essayé de me reconstruire, de tout réapprendre. Je ne savais plus lire, écrire, réfléchir. Couper ma viande était impossible, me coiffer était un cauchemar. En plus de ces difficultés qui me semblaient à l'époque insurmontables, j'avais régulièrement des trous de mémoire. Je me levais le matin, et il me fallait plusieurs heures pour me souvenir d'où j'étais, qui j'étais. Avec le temps, ces pertes de mémoire se sont estompées, mais je vis toujours dans la crainte de tout reperdre. De me réveiller de nouveau devant une porte que je connais pas, nue à l'extérieur et à l'intérieur. « Tabula rasa », comme on dirait. Alors j'ai pris l'habitude, plusieurs fois par semaines, de noter tout ce que je sais sur moi, sur les autres, sur ma vie. Pour contrer la peur, en quelque sorte. Les carnets dans lesquels se trouvent le récit de ma vie sont mes biens les plus précieux.

Je ne sais toujours rien de mon ancienne vie. Je n'ai que quelques vagues « souvenirs », qui se présentent sous forme de rêve. Je suis enfant, dans les bras d'une belle femme que j'appelle « Mère Lucy ». J'ai deux autres mères, Mary et Katy. Autour de nous, il y a beaucoup d'autres enfants, qui sont tous mes frères et sœurs. Les adolescents sont mes oncles et mes tantes. Je dois leur obéir. Si je ne le fais pas, ils m'enverront voir mon Père, notre Père à tous. Je ne peux rien faire sans leur consentement, et une profonde angoisse m'envahit. Je me réveille toujours au même moment, quand j'entre dans une grande pièce blanche, au fond de laquelle se dresse une silhouette d'homme. Mère Mary me tient par la main et je peux la voir pleurer.

Abigaël, ma « grand-mère », m'a tout de suite adoptée et m'a offert un foyer, une famille. C'est elle qui a insisté pour payer mon entrée à WHS. Selon elle, j'avais droit à une nouvelle vie, un nouveau départ, plus prometteur que le premier. Et elle pense que WHS pourra m'offrir cette chance. »