Un souvenir indélébile. | Leelah & Jude

Elle me fait comprendre que si je la dérangeais vraiment, elle m’aurait déjà fait sortir. Cette fille doit avoir un caractère bien trempé. Sa réponse me plait. J’aurais sans doute fait la même chose. J’aurais viré la personne mais pour un tatouage… Ça ne m’aurait déranger en rien. Juste un regard en plus pour voir mon futur projet. Voir avant tout le monde. D’ailleurs les gens, ou plutôt les filles, me demande souvent combien j’en ai et pourquoi je fais ça. Question compliquée. Aujourd’hui j’augmente le chiffre. Saturne. A jamais sur mon avant bras. Et toc !
Mademoiselle sourit. Joli sourire. Jolies dents. C’est le genre de filles qui sait faire ça sur demande. Un truc bien commercial pour plaire à tout le monde. Je ne suis pas n’importe qui ! Mais elle ne le sait pas encore. Il faut que je trouve un truc pour percer sa coquille de miss Parfaite. Je préfère nettement les gens quand j’ai effacé la couverture des apparences. Même si pour cela je dois donner un petit bout de moi. Un minuscule morceau. Bref. Le tatouage commença. Le bruit envahissait la pièce. J’adorais ça. Je jette un œil sur la nuque de la jeune fille puis sur son visage. Histoire de déceler une quelconque émotion. Serait-elle impressionnée si je joue au gentleman ? Je sais ce que je vais faire ! Mais autant garder cette idée pour moi… On verra si ça marche. C’est lors d’une pause, que la demoiselle se présenta. Leelah. Mmh… Pas trop mal comme prénom. Ça sort de l’ordinaire. J’aurais sans doute était déçu par un Ashley, Mary, Lily, Lena et autre… La compagnie des prénoms que l’on entend tout le temps ! Bon, mes parents n’ont pas été originaux. De toute façon ils n’ont jamais rien fait comme il le faut ! On appellera notre premier garçon comme son père ! On lui donnera tout de même un autre prénom, histoire qu’on ne les confonde pas trop quand il reprendra l’entreprise. Plutôt crever ! On ne m’appelle pas Lukas. Je ne veux pas être associé à mon père. J’accepte tout. Même le lude de Marissa. Quoi que… Elle, c’est différent. Elle peut me nommer de n’importe quelle façon, je sais que je ne pourrais pas la contredire ou lui faire de remarque. Mais revenons à nos moutons. La jolie Leelah se fait toujours tatouer. Ça ne prendra pas longtemps. «Ce n’est pas ton premier, c’est ça ?» Simple intuition. Ou bien j’ai cru distinguer un motif ici. Pas sûr. Je préfère prendre des pincettes. Et puis, je fais un peu la conversation. Mademoiselle Leelah pensera à autre chose que ce que vit sa peau. Attentionné ? Légèrement. Tim est concentré. Pourtant il arrive à lancer : «Jude est un très bon modèle. J’ai toujours la photo de son torse dans mes photos pour les nouveaux clients. Ça fait sensation !» Il va bientôt me demander de montrer… Shit. Bon. Après, ça ne me dérangerait pas trop. Si c’est pour une jolie fille. Au bout de quelques minutes, il fait une nouvelle pause. Je ne sais pas si c’est parce qu’il a terminé ou non. Mais je crois bien que si. Génial ! Ça va être à moi. Un petit café en attendant ? Non. Je suis déjà trop exciter. Je vais payer le Destin de Leelah. Je vais essayer. Histoire d’être gentil et de lui montrer que je vaux le coup. Pourquoi ? Elle m’intrigue. Je ne crois pas au destin. Elle se le tatoue en grec. En grec quoi ! Qui parle cette langue déjà ? Et puis… Non. Ça serait mal venu de lui faire ce cadeau. C’est un peu trop personnel. Bon. Je verrais bien. «C'est fini ? Pas trop de bobos ?»

Le garçon était donc entré avec eux alors que le tatoueur préparait son attirail afin de la tatouer. Il avait demandé à Leelah la signification de son tatouage puis, lui avait quand même demandé l'autorisation pour venir dans la pièce, bien que ça soit déjà fait. Leelah lui lança alors:

- Je ne trouve pas ta présence désagréable et si c'était le cas, je te l'aurai déjà fait savoir

Et hop, un aussi jolie sourire que le siens tout à l'heure. Haha et oui, les poupées barbies peuvent être de redoutables bêtes féroces, car on ne s'attend jamais à ce qu'elles nous mordent, mais quand elles le font, elles ne se loupent que très rarement. Leelah était plutôt calme, alors que le bruit commença à retentir et que le tatoueur lui signala qu'il allait commencer. L'aiguille approcha et bientôt, s'encra dans sa peau, pour toujours. C'était un endroit avec très peu de chair et donc, sensible, mais bon, le résultat allait être extra, peu importe la douleur, ce n'est qu'un ressenti physique sur la douleur psychologique de toute une vie par exemple... là, c'est du concret, c'est en quelque sorte palpable, tandis que la douleur mentale n'a aucune preuve, mis à part la dernière. La jeune femme avait la tête penchée, si bien qu'elle ne voyait pas vraiment ce qu'il se passait autour d'elle, en tout cas, vis à vis de Jude, qui devait d'ailleurs avoir une magnifique vue sur sa nouvelle poitrine! Haha, veinard! L'adolescente ne parla pas le long du tatouage, ça ne prit que quelques minutes, le tatoueur fit une petite pause, épongeant un peu le surplus d'encre, puis Leelah en profita alors pour répondre à Jude:

- Et moi c'est Leelah

Elle lui tendit sa main, un sourire franc sur les lèvres. Il avait l'air moins con que tout à l'heure, c'était déjà ça, non mais généralement, dans les moments de stress, de peur ou d'angoisse, les gens sont soit: en train de se tirer dans les pattes, soit: en train de se serrer les coudes, c'est peut être ce qu'il se passait entre eux à ce moment précis? C'était plutôt agréable oui.

Je rêve où cette fille vient de me proposer de passer avant elle ? C’est un piège, non ? C’est le genre de phrase hypocrite que disent les femmes et que l’on est obligé de refuser. Comme « mais non regarde ton match de foot, ça ne me dérange pas du tout de louper l’épisode inédit de ma série préféré. Surtout que c’est le dernier. » ou encore « Amuse-toi sur ta console, je vais aller faire la vaisselle. Je n’ai absolument pas besoin que tu viennes m’aider ». Si on accepter la proposition on passe pour des goujats qui ne connaissent rien aux bonnes manières. Et si on refuse et que l’on fait ce qui nous est implicitement demandé, on aura plusieurs réflexions qui nous rappelleront bien ce que l’on a perdu aux changes. Donc merde quoi ! Les femmes… Elles savent définitivement nous rendre fous et nous avoir dans leur poche. « Non, c’est bon, je peux attendre. »

Oh ! Un sourire ! Cette fille a définitivement l’air trop parfaite pour être gentille… Je la vois bien dans le rôle de la garce manipulatrice un peu folle sur les bords. Et je dois avouer que cette idée me plait. Je suis sûre que son physique est son arme préférée avec le choix des mots. Elle m’intrigue. Mais revenons à Tom. C’est à lui que je confis ma peau. Je ne peux pas le laisser de côté pour les beaux yeux d’une fille ! «Dis-moi, Chris et sa copine, ils sont plus ensemble ? J’ai cru le voir y a deux jours dans un bar mais j’étais occupé. Il va bien ?» «Ba t’sais ça l’a un peu perturbé. Enfin, t’vois le genre ? C’était un peu sa muse… Là il est juste bien malade, ça arrange pas les choses…» La blonde et le tatoueur entrent dans la salle. Moi, j’attends sur le pas de la porte.
«Et pour finir, j’voulais te d… Bah entre ! Qu’est ce que tu attends ?» Euh… L’accord d’une inconnue ? Au cas où elle veut se faire un tatouage sur la fesse gauche. Jolie fesse gauche… Elle s’assoit sur le fauteuil médical et relève immédiatement sa chevelure. La nuque… Endroit commun, n’est-ce pas ? Je ne lui en veux pas finalement. Je suis sûr qu’elle saura me surprendre pour le dessin.

Je m’assois à mon tour sur une chaise, que je prends soin de retourner. Mes bras se posèrent ainsi sur le dossier. «Qu'est-ce que ça signifie? C'est quelle langue ça?» «C'est du Grec ancien, ça signifie Destin. Parce que depuis que je suis arrivée dans cette ville, j'ai l'impression qu'il est partout où se posent mes pieds.» Mmh… Ça peut aller. Au moins ce n’était pas un oiseau ! Mais j’espère qu’elle est grec ou que cette langue signifie quelque chose pour elle, parce que dans le cas inverse pourquoi n’avoir pas pris une autre langue ? Moi, c’était du français. Le monde tourne, c’est tout. On peut s’accrocher et tourner avec, ou se lever pour protester et se faire éjecter. Bon je n’avais pas l’intégralité, beaucoup trop long. Mais c’était également symbolique. Comme elle, j’avais ma petite histoire. Pour chacun de mes tatouages en fait… Je crois que c’est une nécessité. On ne fait pas un tatouage comme ça au hasard pour s’amuser ou même céder à une envie. Non, c’est un acte qui relève du symbole. Quelque chose que l’on veut et que l’on doit garder avec nous à jamais, dans notre mémoire principalement. Mais la présence du tatouage nous aide à nous souvenir.
Après, ce n’est que ma vision. Je souris à l’inconnue. «C’est beau. Imprononçable mais joli !»

Le tatoueur commença mon tatouage. Ma tête se pose alors sur mes avants bras et je regarde le tatouage. Une idée me venait à l’esprit plus le temps passait dans cette salle. «Au fait, Jolie Fleur comme t’a si bien surnommée Tom, maintenant qu’on partage cette ambiance un peu… Enfin, tu vois ? Je m’appelle Jude. Ça te dérange pas que je sois là ? Parce que je peux retourner dehors. Je ne vais pas te cacher la vérité, ça me ferait un peu chier, mais je respecte toujours la volonté d’autrui. » Et hop un petit sourire sincère et charmant. Tom était concentré, pas la peine de lui parler. Alors autant faire la conversation avec la demoiselle, histoire qu’elle pense à autre chose et n’ait pas trop mal. Je suis un ange, pas vrai ?

Leelah venait de se faire interrompre par le jeune homme qui la fixait tout à l'heure. Il était venu la prévenir que le tatoueur serait en retard et qu'au lieu de passer en même temps, ils devraient passer l'un après l'autre. La jeune femme, même si elle était impatiente de faire son tatouage, ne broncha pas. Elle pouvait encore attendre un petit peu après tout. Le tatoueur ne tarda d'ailleurs pas à faire son entrée près d'eux. Elle ne l'avait jamais rencontré mais Leelah aima particulièrement le surnom charmant qu'il venait de lui donner, c'est alors avec un sourire aux lèvres qu'elle le suivit, accompagné par l'autre garçon. Elle se tourna alors vers lui et lui demanda:

- Tu voulais peut être passer en premier? Même si je n'en ai pas pour longtemps, ça m'dérange pas d'attendre à nouveau.

Leelah - Gentille - Inconnu. Waow. C'est là qu'on voyait quand même les progrès de la jeune femme depuis Miami. Enfin, parfois, car il y a quand même certains plans sur lesquels elle ne semblerait jamais changer. Mais pour aujourd'hui, elle semblait s'être adoucit et sans même s'en rendre véritablement compte. Leelah attendit la réponse du jeune homme et vu que ce dernier n'accepta pas, elle lui sourit et s'avança vers le local. Tom et lui discutaient, et étant donné que nous étions cet inconnu et moi, dehors, ensemble, il a sûrement du croire que nous étions ensemble, comme un couple ou deux frères et soeurs ou deux amis. Il laissa donc cet inconnu rentrer avec nous. Ca ne me dérangeait pas, j'aimais qu'on me regarde, donc tant mieux même! Je m'assis donc sur le siège médical et releva bien ma chevelure blonde pour libérer mon cou. J'étais venue la semaine passée avec mon dessin, afin que le tatoueur soit prêt pour me le faire sur la peau ensuite. Il sortit donc mon papier et le regarda attentivement avant de me demander:

- Qu'est-ce que ça signifie? C'est quelle langue ça?
- C'est du Grec ancien, ça signifie Destin. Parce que depuis que je suis arrivée dans cette ville, j'ai l'impression qu'il est partout où se posent mes pieds.

Je lui souris alors, tandis qu'il souriait également puis jeta un coup d'oeil à l'inconnu. Il semblait sûrement trouver ça futil et oui, ça changeait des aigles sur les épaules et des femmes nues. Chacun son délire, je me tatouais simplement le mot qui résumait ma vie actuellement. Le destin était partout. Tout autour de moi et j'y croyais plus que jamais. Ne serait-ce que pour Jeff....

Évidemment. J’aurais dû me douter qu’elle serait partie fumée. La parfaite petite fille riche qui veut se distinguer du groupe pour mieux attirer les regards. Je ne rigole pas d’elle, hein ! Chacun vit sa vie comme il en a envie. Mais y a des façons plus exaltantes à mes yeux… Elle allait se faire quoi ? Un signe chinois derrière l’oreille ? Un oiseau ou une plume dans la nuque ? Pour symboliser sa tendresse et son amour pour l’homme de sa vie… Et dans deux ans, elle allait dépenser une fortune pour l’enlever. Quelle blague ! Bon. Je juge peut-être trop vite. Ce n’est pas parce qu’elle est blonde, qu’elle porte des talons et qu’elle met des robes roses que c’est une pétasse. Même si là, tout de suite, la mettrait bien dans le lot des bimbos du lycée ou dans celui des filles qui rêvent de faire le buzz pour devenir célèbre. Soit quelque chose de peut valorisant à mes yeux. Mais je n’aime pas rester sur des mauvaises impressions. J’ai toujours aimé avoir les preuves de ce que j’avance. Si cette fille est stupide autant que je le sache tout de suite. Je pourrais m’amuser de ça… Une distraction comme une autre en cette matinée d’attente. « Hé ! Toi, là ! » Le pseudo secrétaire m’avait coupé dans mes pensées. « Ouais ? » « Chris est malade aujourd’hui. Il devait faire le tatoo de la demoiselle dehors. » « Et ? » C’est pas mon problème si elle ne peut pas accéder tout de suite à son caprice d’adolescente. Ça lui fera les pieds d’attendre quelques jours de plus. Je suis sûr que son « papa » n’a jamais lui faire ce coup là ! Pauvre petite fille triste, elle va se mettre à pleurer ! «Et Tom vous fera passer l’un après l’autre dans dix minutes.» « Je vois… » « Du coup, si tu pouvais prévenir la demoiselle pour savoir si ça la dérange pas. Sinon je verrais pour lui mettre un nouveau rendez-vous. Allô ?» « Ouais… J’pense qu’on a pas le choix… ». A peine avais-je répondu et ce même un peu avant, le téléphone sonnait. Blasé. J’étais complètement blasé. Parce que connaissant Tom et ses « honneur aux femmes » je passerai en deuxième… Je n’étais pas prêt de passer. Grosse blague ! Mais ce que je redoute le plus, c’est de passer le message à la demoiselle dehors.
Je me lève alors du fauteuil pour sortir de la boutique. Je regarde la jeune fille. Elle paraissait cassée, le genre d’étincelle que l’on obtient en vivant de nombreuses expériences. Mais elle n’était certainement pas plus vieille que moi. L’âge de ma petite sœur peut-être… Et imaginer sa petite sœur fumer et se faire un tatouage. Ça fait mal, croyez-moi ! Je pouvais faire ce que je voulais du moment qu’elle restait ce petit ange pur et parfait. Protecteur, moi ? Juste pour elle.
J’ouvre enfin la bouche pour lui annoncer : «Ton tatoueur est malade, du coup on passera seulement quand Tom sera là. Le connaissant on en a au moins pour dix minutes. » Que dire de plus ? Je ne la connais pas. Elle fume, moment de détente, et je débarque comme ça. J’aime faire chier mais il me faut un minimum pour bosser ! Je suis pas un petit géni non plus !

Les voitures défilent, mes mains se faufilent dans les poches de mon jean. Quand je remarque un automobiliste particulier. Il se gare rapidement et vient à grand pas. Tom. Chauve, son bouc, sa sorte de béret et ses tatouages. Une fois près de moi, il me sert la main et par pure politesse je lui souris.« Ça va, toi ? Désolé pour le retard, Chris a eu quelques problèmes et j’étais là pour lui. Comme un bon pote, quoi ! » Il se tourna vers la fille et ajouta : «Enchantée jolie fleur. Prête ? »
Il entra dans la boutique. J’allais attendre. Non.Non.Non. Si j’avais des seins…

Cette chanson était celle qui passait en boucle sur l'autoradio de l'adolescente. Sa BMW rose avait enfin été réparée et elle s'en trouvait plus qu'heureuse de pouvoir de nouveau rouler avec. Quand elle repensa à l'accident, elle ne pu s'empêcher d'avoir une pensée pour Alecto, elle espérait avoir rapidement de ses nouvelles tout de même. L'adolescente avait mis sa musique assez fort, ses lunettes de soleil sur le nez et ses longs cheveux blonds qui s'envolaient dans le vent lui donnait une allure de diva. Cela allait faire plus d'un mois qu'elle était arrivée à Miami et pourtant, elle sentait qu'elle avait commencé à changer au fond d'elle. Qu'elle avait commencé à prendre conscience qu'elle ne devait pas forcément se soucier uniquement de sa petite personne, que les autres avaient une importance primordiale et que c'était sans doute à défaut de connaître ça, qu'elle n'avait pas pu trouver une stabilité à Los Angeles. Leelah n'avait pas su se reconstruire après Alicia, mais aujourd'hui, elle savait qu'elle avait les cartes en mains pour pouvoir se reconstruire, enfin. C'est d'ailleurs après tout ce qu'il s'était produit ces derniers temps et notamment son arrivée à Miami et les nombreuses rencontres qu'elle y avait faîtes, que Leelah s'était mise en tête de se faire tatouer un petit mot, sur l'avant bras. Pas grand chose, pour expliquer beaucoup. Juste un mot. Qu'elle avait choisit d'écrire en Grec, pour sa signification particulière, liée à une aventure vécu il y a peu de temps avec Jasper.

Δεστιν

Leelah avait choisit l'endroit, dans le cou. Elle avait donc prit rendez-vous chez le meilleur tatoueur, réputé, de Miami. Leelah avait déjà pas mal de tatouage : poignet, bras et j'en passe. Elle connaissait donc le fonctionnement d'une séance. Après environ trente minutes depuis l'école, la jeune femme arriva en ville. Elle réussit à sa garer dans le vieux port de Miami, continuant alors sa route à pied. L'adolescente portait, en cette sublime journée chaude, une robe rose assez moulante, ainsi que des chaussures à talons noirs. Beaucoup aurait pu croire qu'une telle tenue ne servait qu'à de grandes soirées, mais pour Leelah, c'était différent. Là où beaucoup se sente à l'aise dans un jeans troué et un tee-shirt dégueulasse et trop grand, elle, c'était des tenues chics et élégantes. Chacun ses goûts, même si voir une personne aussi ingrate et non respectueuse de son apparence la perturbait grandement et la faisait même rire. Leelah restait superficielle, c'était comme ça. Elle accordait trop d'importance à l'apparence pour laisser une personne ne pas en avoir. Leelah arriva enfin à la boutique, elle entra à l'intérieur, regardant directement en direction du comptoir. Elle salua rapidement le mec qui se trouvait là et lui annonça son nom pour son rendez-vous. L'homme lui répondit qu'il y avait un peu de retard. Rien que ça. Merde.

Leelah se tourna alors pour regarder la pièce. Il y avait un jeune homme, assis, qui la regardait de haut en bas, comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas son univers. A parce que toi, avec tes cheveux gras et ton look de clochard tu y es peut être? Sûrement. Mais la jeune femme préféra ne pas soutenir son regard et tourner les talons pour aller fumer une clope dans la rue. Le regard des gens était quelque chose d'assez troublant, elle le désirait plus que tout, mais dès qu'on la regardait autrement qu'avec du désir ou de l'envie, elle s'énervait. Il y avait eu trop d'efforts pour obtenir ce corps parfait, elle se devait qu'il plaise à tout le monde.

Leelah & Jude

Un nouveau petit tatouage. Celui résumerait bien ma vie en ce moment. Celui qui me suivrait pour tout le reste de ma vie. Ce n’est pas un choix que l’on prend à la légère. Mon choix était arrêté depuis un moment et ce n’était pas la première fois que je prenais un rendez-vous. Le tatoueur, je le connaissais bien. On avait pas mal parlé, il m’avait fait souffrir mais c’était oublié depuis longtemps. Mon choix pour cette fois-ci était plutôt simple et discret. Ça changeait de d’habitude. Le seul souci était que pour un tout petit tatouage il y avait beaucoup de remplissage. Et ça… C’est chiant et plus douloureux. Mais ce n’est pas ça qui me fait peur. Je ne suis pas un mec qui grimace quand on lui annonce un problème. Moi je fonce, j’assume. Ce n’est ni la peine, ni les reproches et encore moi l’appréhension qui m’arrêteront. C’est peut-être pour ça que j’ai choisis saturne. Le plomb, le noir… Ce côté sombre auquel la planète est associée. Cette partie d’obscurité qui dicte mes faits et gestes. Saturne c’est le caractère froid, morose, triste. On me décrit souvent comme ça. A première vu. Enfin pour le côté triste c’est surtout les profs. Ils adorent me voir sourire en classe. Je ne me souviens même pas quand j’ai pu le faire… Enfin, je ne leur ferais certainement jamais ce plaisir là. Ou peut-être à la remise des diplômes, un large rictus exagéré tourné vers mon principal adoré… Oui. Ça c’est une bonne idée.
Saturne ; la vie, les changements, les sciences et les édifices… C’était vraiment ce que je voulais. J’envoyai un message à Cassie pour lui dire que je partais pour mon rendez-vous, tout en roulant. Je n’allais pas spécialement vite. C’est les automobilistes qui sont lents, que voulez-vous ? Les gens ne sont pas pressés, ils oublient leur clignotant, ils freinent trois heures avant un feu vert, ils chantent ce que la radio fait résonner dans leurs voitures. Tous les mêmes. Une population de masse dans laquelle quelques rares personnes se démarquent. Je me sentais incompris alors que je me garais. Bon évidement j’ai ma clique. Duncan, Cassie, Angie, Olafur et moi nous étions éclatés toutes la soirée. Ils dormaient presque tous en cette fin de matinée. Quelle bande de larves ceux là ! Mais je les aime quand même.

Mes pas connaissent le chemin par cœur. Au bout de la rue à droite puis quelques pas pour arriver face à cette boutique cachée. J’entre chez mon tatoueur favoris et un mec que je ne connais pas est derrière le petit comptoir.«Salut ! J’ai rendez-vous à 11h.» Le mec me regarde, regarde le carnet où étaient écrits, à la main, les noms des clients. Il relève la tête pour me dire :«Mmh. Chris et Tim ont du retard aujourd’hui. Ça te dérange pas d’attendre là ?» Il me montre les fauteuils en cuir. Je n’avais que ça à faire de toute façon… J’aurais pu fumer en attendant mais ce ne serait pas raisonnable. Je tiens à vous rassurer, les cigarettes c’est pas pour moi. Je suis pas un de ces mecs qui a essayé quand il était gamin, pour faire comme tout le monde et qui n’a jamais arrêté. Non, eux ils sont faibles. Je ne fais pas comme tout le monde. Je ne suis pas comme tout le monde. Bref. Je vais m’asseoir à l’endroit indiqué. Mon portable dans la main, je vais m’occuper sur internet. C’était toujours bien pour passer le temps. Aller sur un réseau social, voir les débilités que les gens de mon âge racontent, bailler, attendre…

C’est à ce moment qu’une fille est entrée. Elle s’était trompée de rue ou bien ?