~ Kyle Adams (Fini ♫)

« Un style, une personne.

Pourquoi changer alors que je m'aime comme je suis ?
Pourquoi être la personne que quelqu'un d'autre voudrait que je sois ?
Pourquoi ne pas tout simplement m'aimer pour se que je suis ?

J'ai deux yeux. Deux yeux bruns lumineux avec cette étincelle qui les illumine. Et puis, il y a mon regard. Ce regard que les filles prennent plaisir à regarder, ce regard qui semble piteux et triste même si je suis joyeux ou amusé. Puis, il y a ma bouche, fabuleuses formes qui rendent mes deux lèvres pulpeuses et quelque peu rosées.



Mes cheveux. Des cheveux bruns éclatants, de la même couleur que mes yeux. Des cheveux toujours en bataille, comme si je venais de me lever. Puis, il y a la frange qui passe sur mon front. Cette frange que je dois toujours repousser, cette frange qui me faisait paraitre gay devant les autres mecs. Pourtant, c'est ma marque. La marque qui me différencie des autres et qui me démarque.



Et puis, y'a mon corps. Grand, svelte et mince. Bronzé, bien découpé et athlétique. Des bras, musclés, avec au bout de long doigts fins, parfait pour écrire. Puis, sur chaque poignet, une cicatrice, fine ligne qui marque mon passé. Et passons par mon ventre. Fin, on y voit des abdominaux. Et juste à la limite, il y a le tatouage. Le petit tatouage en forme de flamme couchée qui brûle mon bas-ventre. Finalement, il y a mes jambes. Jambes puissantes, fortes et rapides. Ces jambes qui me permettent de m'évader, de respirer à fond, de me calmer puis, de revenir sur Terre. Et puis, tout au bout, mes pieds. Solides et fermes, ils me plantent sur Terre et m'aident à y rester.



Pour terminer, mon style. Ce style, personnel, tiré de sentiments, de secrets et pensées, tous plus intimes les uns que les autres. Ce style, différent, nouveau. Un style que l'on ne peut copier. Un style incopiable. Des lunettes de soleil pour cacher la tristesse, une chemise à manches longues pour cacher des cicatrices, un jean taille basse pour passer pour un autre, pour ne pas se démarquer. Pourtant, sans succès, on me remarque.



Je suis qui je suis. On ne peut me changer. Je m'aime ♥ »

« Pourquoi est-ce que les gens me prennent pour un gay lorsque je dis que ma couleur préférée est le mauve ?

J'ai toujours été une personne. Cette personne en particulier que personne ne semblait aimer. Cette personne que l'on ne regardait pas sauf peut-être pour son physique. Cette personne qui semblait vide, sans vie et sans raison d'être. Je semblais perdu, dans mon monde. En bref, on croyait que j'étais ce que je n'étais pas. On croyait que je n'aimais pas les gens. On se trompait.



Je n'étais pas snob. Je ne l'ai jamais été. Pourtant, on ne me croyait guère. D'après tant de gens, j'étais un égoïste, je ne pensais qu'à moi. Mais ils étaient loin de la vérité. Je n'étais rien d'autre que timide, un garçon sans ami qui essayait de sans faire sans succès. Mon caractère n'était pas comme celui de tant d'autres. Je n'étais pas du genre à me présenter puis, à rigoler avec de nouveaux copains. Non, je restais dans mon coin, à attendre que les autres fassent le premier pas. Rarement, les gens s'approchaient. Comme si j'avais la peste. Plusieurs fois, les larmes coulaient, sans que je puisse les retenir. Froides et tristes.



Jusqu'à l'accident.



Terreur. Douleur. Peur. Jusqu'à ce que le bip sonore cesse de retentir. Puis, le cri. Ce cri déchirant qui signifiait que j'avais tout perdu. Ce cri qui semblait vouloir me dire que je n'étais plus rien, qu'elle n'était plus rien, qu'elle était partie. Ce cri qui me poussa dans la dépression et dans la drogue.



Jamais on ne m'avait vu plus laconique que cela. Jamais je n'avais été aussi sans émotion. Le deuil n'était pas possible. Malgré les hallucinogènes, rien n'y faisait. Tous les soirs, les larmes coulaient les souvenirs m'assaillaient. J'incarnais la tristesse, la mort. Les gens avaient peur de moi, me fuyaient. Jusqu'à ce que j'en aille assez.



Pour l'amour de ma petite soeur, j'ai tout arrêté. Pour l'amour de ma petite soeur, je suis devenu l'être qu'elle aimait, qu'elle appréciait. Pour l'amour de ma petite soeur, je suis revenu en force, le sourire aux lèvres, malgré les remords que j'avais. J'essayais d'être joyeux en repensant à ses sourires tendres, je rigolais pour me remémorer ses blagues. Je suis devenu aimable, prenant soin des deux chats errants qu'elle aimait tant. Je les ai même adoptés. J'étais agréable, à entendre et à voir, les immenses cernes bleus ayant finalement disparus. Je suis devenu l'être attachant, formidable et non l'être cynique qu'elle m'accusait d'être. J'ai changé de personnalité, redevenant l'enfant avec qui elle aimait jouer. Et tout ça, pour l'amour de ma petite soeur ♥

»

«
6 juin 1995

Les couloirs sont sombres, les murs blancs reflètent les ombres que sèment les différents objets posés sur le sombre parterre de marbre. Les néons jaunes éclairent l'allée que personne ne souhaite emprunter. Au loin résonne un cri. Un cri d'effort, rauque et fatigué mais, pourtant, plein d'amour. Un cri qu'on reconnaitrait parmi des dizaines. Ce simple cri qui fait toute la différence. Le cri qui ponctue l'effort final pour mettre au monde la personne attendue depuis neuf mois. Aujourd'hui, cette personne se nomme Kyle. Grands yeux bruns écarquillés par la stupeur, bouche aux lèvres pulpeuses et rosées en forme de O, longs cils bien alignés, cheveux bruns ondulant autour d'une tête ronde et hautes pommettes, tout pour plaire à Mme et M. Adams. Le nouveau-né dans les bras frêles de la dame de 28 ans, les deux parents ne peuvent qu'admirer leur garçon, qui pousse finalement des hurlements déchirants, prenant conscience qu'elle n'est plus dans le confort. Enroulée dans une serviette blanche qui est maintenant tachée, le bébé regarde de ces beaux yeux sa mère déposer un baiser sur son front avant de lui offrir un magnifique sourire. Puis, Kyle ferme les yeux et s'assoupie.



Je n'étais pas plus haut que trois pommes, j'en suis sûr, lorsque Keela est née. Une petite soeur. J'étais de 19 mois son aînée mais, bon. Cela importait peu pour elle. Elle était sublime avec ses allures de déesse grecque. Nous n'avions pas le même père mais, ça ne nous empêchait pas de nous aimer. Elle était ma soeur chérie. Moi, j'étais son petit frère d'amour. Mais, il faut s'avouer qu'elle était plus grande que moi. Pourtant, nous étions les deux meilleurs amis du monde et rien n'aurait pu nous séparer.



Nous n'étions qu'une famille de trois. Les deux pères étant partis, ma mère étant au chômage et moi et ma petite soeur étant trop jeune pour travailler, rien ne rentrait. L'argent que nous recevions venait du compte de notre grand-mère défunte. Avec la maigre somme d'argent, nous pouvions aller à l'école, s'acheter de la fourniture scolaire et manger. Puis, une fois de temps à autre, on recevait des vêtements. Mais, nous n'avions aucun item personnel et nous habitions dans un appartement décrépit. Mais, nous nous aimions et c'était se qui comptait.



Sportifs, nous étions sportifs. Avec son corps d'athlète et le mien, nous faisions équipe dans des compétitions, remportant quelques fois des prix et de l'argent. À tous les jours, nous partions nous entrainer avant de se rendre à l'école et nous revenions à la marche, gardant notre corps en forme. Nous étions complices et c'est ce que l'on voulait. Jusqu'à l'accident.



C'était ma première fois. La première fois que j'étais invité à une fête. J'ai sauté sur l'occasion pour m'y rendre, ne prenant guère conscience des risques. Je n'avais que 15 ans. Quinze longues années étaient déjà derrière moi. La pauvreté l'était aussi. Depuis que ma mère s'était trouvé un travail, tout allait bien. Nous habitions dans une nouvelle maison, nous avions une automobile et nous pouvions nous autoriser à dépenser un peu plus dans des vêtements. Pourtant, sortir signifiait boire pour elle et elle m'interdit donc de me rendre à cette fête. Disons que je n'étais pas le plus obéissant et que, bien évidemment, je ne l'ai pas écouter. Alors, une fois qu'elle fut partie à son boulot, j'ai pris la voiture, emmenant avec moi Keela, qui ne voulait surtout pas rester toute seule dans la grande demeure. Je pris le volant malgré le fait que je ne savais pas conduire, sachant seulement comment freiner et accélérer. Elle s'assoie à mes côtés sur le siège passager. Au premier arrêt, la voiture ne voulut pas freiner et une autre automobile nous fonça dedans. Puis, tout devint noir.



Je m'en sortis avec quelques ecchymoses. Pourtant, ce ne fut pas le cas pour ma petite soeur. Après seulement deux heures, son coeur, exténué par l'effort qu'il fournissait, cessa de battre. Le bip sonore se transforme en cri de douleur. Un être qui tombe à genoux, les yeux en larme, hurlant. Les images reviennent en flash jusqu'à ce que je ne vois que le néant. Suivis d'une dépression.



L'année de mes 16 ans fut la pire. Mon univers s'effondra. Ma vie ne dépendait plus que de la drogue. Je ne cessais jamais de fumer, j'en étais dépendant. J'étais devenu un monstre. J'étais devenu le monstre qu'elle ne voulait pas que je sois. Qu'elle ne voulait pas que je devienne. Pourtant, c'était ce que j'étais. Une bête incapable de se contrôler. Je n'avais plus aucune émotion, les seules que je ressentais étant la culpabilité. J'avais tué ma petite soeur.



Ce ne fut qu'après une longue année que je me repris en main. Culpabiliser ne servait à rien. Il fallait que je passe à autre chose. Ce fut grâce aux souvenirs que j'arrêtais tout. La drogue. La cigarette. Plus rien de mauvais. Je repensais souvent à ce que ma petite soeur attendait de moi et j'essayais de devenir la personne qu'elle aurait aimée que je sois. Courageux, aimable. Attentif, honnête. Doué, mignon. Je passais rapidement de junkie à pauvre gars. Malgré le fait que j'étais redevenu une personne que j'étais au tout début, on ne se rappelait que de la période sombre que j'avais eu. Mais, d'une façon ou d'une autre, c'est grâce à cette période que je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. C'est grâce à cette période que je suis là où je devrais être...



Je suis à Wynwood ♥ »