Tori J. Patterson

« Cher Journal,
Pourquoi est-ce que les regards se tournent toujours vers moi lorsque je passe ? Pourquoi les regards masculins ne cessent de mâter ma poitrine généreuse ? Pourquoi les regards féminins se font assassins lorsqu'elles surprennent leur petit copain à me décrocher un sourire aguicheur ? Pourquoi est-ce à moi que ça arrive ? J'ai des courbes généreuses, ça oui mais, pourquoi est-ce qu'on me regarde seulement pour mon physique ? Pourquoi n'essayent-ils pas d'en savoir un peu plus sur moi, mentalement et non physiquement. J'ai de beaux yeux bleus que certains compareraient à l'océan. Calme, gris-clair et qui reflète. D'autres ne se gênent pas à les comparer aux nuages. Toujours sur le point d'éclater, de jeter des éclairs. J'ai une peau laiteuse, banche et je ne bronze pas. Mes cheveux tombent en boucles légères et brunes sur mes épaules. Ça me fait un voile et j'aime bien m'y retirer lorsque les larmes me viennent aux yeux. En bref, mon visage, et se qui l'entoure, est parfait. Mes parents se permettent de me le rappeler maintes fois mais d'autres, ma beauté lugubre les effraie. Si l'on descend plus bas, on rencontre ma poitrine des plus généreuse. On me taquinait gentiment au primaire, en disant que c'était de la chirurgie plastique. Mais, en vieillissant, ces gentilles blagues sont devenues méchantes et blessantes, tels des couteaux. Bien sûr, les courbes de mes hanches sont tout aussi généreuses et immanquable. Je m'accroche souvent au un et à l’autre. J'ai de belles jambes, longues et athlétiques. Elle me servait bien quand j'étais plus jeune, lorsque je faisais de l'athlétisme mais, maintenant, elles n'attirent que les regards malicieux là où il ne faut pas. D'après, le seul défaut sur mon corps de ''déesse'', se sont mes pieds. Quand on y regarde de loin, ils ne sont pas si pires. Mais, à bien y regarder, on voit qu'ils sont disproportionnés. Mon corps est peut-être parfait aux yeux des gens mais, souvent on m'a demandé de changer de style. Trop garçon-manqué pour certains, trop laide pour certaines ou trop ''pas trop beau mais, t'es belle quand même''.J'ai un style bien à moi. Gothique, sans le gros maquillage noir. Une simple ligne de khôl au dessus et en dessous est suffisant. Sans oublier le regard brûlant et le rouge à lèvres rouge cerise. Un jean plus une ample chemise peut me suffire. Je me fous complètement de la mode. Pour moi, rien n'est plus beau que son propre style.
Merci de ton écoute. »

« Cher Journal,
Hier, en revenant de l'école (après un renvoi terrible), ma mère a lâchée sa colère, pensant que je n'étais plus là :
- Charles ! Il faut faire quelque chose ! Elle a encore été renvoyée ! Je ne peux pas y croire. Elle avait l'air si doux sous ses traits angéliques. Maintenant, regarde-là ! Ce n'est qu'une égoïste qui gaspille notre argent. Ça fait plus de 100 000 dollars qu'on dépense pour elle. Cette forte tête n'a rien à faire dans notre maison. As-tu entendu ce que la directrice a dit : Méchante, agressive, impulsive, dangereuse, égoïste et effrayante. Il faut faire quelque chose...
Bien sûr, je n'ai pas voulu entendre la suite. Je suis partie, les larmes aux yeux, ne pouvant croire que ma mère voulait se débarrasser de moi. Peut-être suis-je méchante et agressive mais, j'ai mes qualités. Je peux me montrer très compréhensible (si l'envie me prend) et être attentive et attentionnée. Malgré tout, je suis souvent à crans. Il faut se dire la vérité : Je me suis mise pas mal de gens à dos. Mon maquillage sombre leurs fait peur et ils m'insultent. Il fallait bien que je me rebelle. Bien sûr, j'ai lâché un ricanement qui a fait peur à plus d'un. Mon caractère de lion enragé enfermé dans une cage a ressorti. J'ai attaqué et je me suis battue. Je suis une battante et personne ne semble le croire. Est-ce si difficile de croire qu'une jeune fille de 17 ans aux traits angéliques soit capable de se battre ? Bon, il faut de même avouer que je peux me montrer un peu salope et conne mais, ça, sa ne regarde que moi.
Merci de ton attention ! »

« Cher Journal,
j'ai une histoire tellement banale. Je suis née un vendredi 13, 13 février 1995. Mon vrai père, je ne l'ai jamais connue. Ma mère a trompé tellement de mecs que je suis sûre qu'elle ne se rappelle plus du nom du premier. Je suis née en Californie, sur la cote, là où le soleil brille tout le temps. Par contre, je reste blanche, blanche comme la neige, sans bronzer, sans bouton, sans imperfection. Lorsque je suis née, on me raconta plus tard que l'on blaguait sur le fait que j'étais un vampire, avec mon teint mât et mes dents pointus. Pourtant, j'aurai bien aimé. J'ai grandi. Au fil des années, j'ai vu mes beau-pères se succèder, les un après les autres. De même pour mes demi-soeurs et mes demi-frères. J'ai aussi deux petites soeurs, pas du même père, et trois frères, deux plus jeunes et un plus vieux, encore une fois, pas du même père. Quand ma mère a finalement épousé un homme riche, de 20 ans son ainé, mon comportement s'était mis à changer. Elle mit ça sur le compte du nouveau père mais, c'était tout autre chose. J'ai continuer de grandir et j'ai finalement quitter le primaire. J'avais tant d'amis qui me tenait à coeur et j'avais déjà perdue ma virginité mais, ça, c'est une tout autre histoire. Lors de mon arrivée au secondaire, j'avais une semaine de retard. J'avais eu une grave maladie et j'avais failli y laisser ma vie. Pourtant, je crus que j'allais recevoir la sympathie de mes amies et que j'allais vite en trouver de nouvelles aussi. Pourtant, personne ne vint. En classe, tout le monde s'éloignait de moi. J'étais seule et même les profs ne semblaient pas vouloir s'approcher de moi. Ce fut seulement un mois après que je compris. Des rumeurs circulaient déjà. Je devins encore plus agressive que je ne l'étais déjà. Lorsqu'un gars me cracha dessus, ce fut trop. J'attaquais, les griffes sorties. Je n'avais que 12 ans et déjà, je savais me battre. Je lui ramenais une raclée. On annonça par la suite mon renvoi et ce fut le premier d'une longue série. Finalement, à 17 ans, j'ai fais le tour de toutes les écoles de la Californie. Mon dernier recours est WHS. Ma mère m'y a envoyé sans regret, plutôt fière de se débarrasser de cette ordure que je suis.
Merci de ton écoute !»