Mathéo, Ô mon beau Mathéo...

« Comment est-ce que je me décrirais ? Mes cheveux sont bruns mi-longs et frisent un peu. J’ai les yeux paris: ils changent du bleu au vert. Un front sans imperfections. J’ai un nez qui est correct, comparé aux autres garçons. Une mâchoire carrée, une bouche normale et de belles dents blanches bien alignées. J’ai un visage mystérieux et sérieux. Quant à mon corps... Bah, il est parfaitement normal. Je ne vois pas pourquoi un autre garçon aurait à l’envier. Il plait aux filles, c’est certain: je suis petit et musclé. J’ai un peu de pilosité, mais ça ne fait pas de mal à personnes. Sauf que mon corps, hormis ma tête, il faut m’avoir dénudé pour savoir à quoi il ressemble. Quant à mon style vestimentaire, il est plutôt simple: tout ce qui est foncé, ça me va très bien. Ça s’ajoute à mon allure de beau ténébreux mystérieux qui fait craquer les belles demoiselles. Les autres mecs ne savent pas vraiment à qui ils ont affaire s’ils veulent s’en prendre à moi. J’ai beau être petit, ça ne veux rien dire ! »

« BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA BLA »

« Je suis né le 19 octobre 1993 à Ottawa. Je suis le fils de l’américain James McCann et de la canadienne Kim Blais. Après avoir vécu quatre années de ma vie dans la magnifique ville d’Ottawa, nous avons déménagé. Bonjour Miami ! Mon père, semble-t-il, s’ennuyait du soleil chaud de cette ville rayonnante. Pour ma part, j’avais toujours adoré les bienfaits de la neige. Mes parents décidèrent alors d’avoir un autre enfant. Ma petite soeur. Le monstre de la famille. Voyez-vous, j’ai toujours été l’enfant le plus calme des deux. Sauf que la famille s’est agrandi à cause de ce bébé pleurnichard qui m’empêchait de dormir la nuit. Bref, vous me comprenez certainement, si vous êtes l’ainé: l’état de guerre s’installa entre nous deux. Les repas étaient un enfer, mais vous vous en fichez. À l’école, j’avais de très bonnes notes. Pas trop le choix avec une mère enseignant au lycée. Bref, j’essayais toujours d’être le meilleur de la classe. Je l’étais. Mon enfance à Miami se passait comme sur des roulettes.

Puis, vint l’adolescence. Vous savez, cette période ou tous les enfants deviennent grands et commencent à comprendre les choses de la vie. À 14 ans déjà, je commençais à me renfermer sur moi-même. J’excellai toujours à l’école, même si je n’écoutais pas en cours et que je ne faisais pas mes devoirs. Mes parents se sont toujours demandés pourquoi je réussissait sans efforts. J’avais du talent, c’est tout. Dans tous les cours, j’étais le premier de la classe, comme toujours. Je n’avais pas beaucoup d’amis, mais ceux qui l’étaient le restaient. Je n’étais pas une personne très populaire, comparé à ma soeur. On m’invitait aux fêtes souvent parce que j’étais le type mystérieux dont on cherche à percer la carapace, quoi. Je n’ai pas vraiment eu la passe “face de pizza” et tout ça. J’étais plus mature que les autres adolescents de mon âge. J’ai touché pour la première fois au sexe lorsque j’avais 16 ans. Des trucs normaux pour un type normal. Je me considérait normal, même si j’avais plus de livres que d’amis. »

- Dites-moi quand tout ça a dérapé, demanda la psychologue.

« J’ai été une fois de trop été trop loin. J’avais commencé à consommer un peu de drogue. Une fois par semaine. Puis par deux jours. Bref, c’était amusant, avec les potes... Sauf que j’ai fait une overdose. Mes parents ne me comprenaient pas, ma soeur m’ignorait totalement. Ce n’est un secret pour personne que j’étais un drogué. Après cette overdose, j’ai recommencé. Pour oublier, pour m’amuser, quelle était la différence ? Je n’ai pas su m’arrêter. Mes parents m’ont pris en train de me shooter. La honte. Ils m’ont mis pendant un mois dans un centre de désintoxication. C’est l’horreur, là-bas. Tu as l’impression que tout le monde est dérangé. Je ne voulais pas faire partie de ces débiles. Je n’ai pas eu d’autres choix que celui de renoncer aux drogues. Je me limitais à la cigarette. J’ai sorti, j’ai rechuté, j’ai arrêté. Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, je n’y touche plus. Ça fait des mois que je n’ai rien touché. C’est dur, mais je progresse. »

- Très bien. Mais vous avez oublié....

« Oublié quoi, hein ? »

- ... Que vous avez envoyé un type à l’hôpital et passé près d’aller en prison.

« Ce n’était qu’un coup de chance. Ce type-là m’avait cherché. C’est lui qui avait commencé en me traitant de noms, pendant la pause, à l’école. Il m’harcelait depuis des jours et mes potes me disaient toujours de lui péter la gueule. Je remettais toujours ça à plus tard. Sauf qu’un jour, il m’a frappé. Je me suis défendu. »

- Avec un marteau.

« Tous les moyens sont bons pour se défendre. Et puis, le marteau, c’était pour mes cours d’art plastiques. Heureusement, je n’ai eu que quelques travaux communautaires à faire. On m’a évité la détention juvénile. Mes parents ne savent plus trop quoi faire de moi. Ils ont décidés de m’envoyer à Wynwood High School. Heureusement qu’ils avaient l’argent, car là-bas... Ouf, je vous le dis, ce n’est que des gosses de riches. J’essai de faire profil bas. On me connait déjà. Les rumeurs se répandent rapidement, vous savez. »

- D’accord. Ce sera tout pour aujourd’hui, merci d’avoir collaboré, Mathéo.