God bless us everyone ♪ (pv Esteban)

Je ne voulais pas m'imposer face à ses habitudes, aussi, je m'assis tranquillement sur une pierre pour le contempler et répondre à ses questions:

- Oui volontiers. Répondis-je dans un sourire.

Un peu de thé ne me ferait pas de mal et puis, l'on pourrait discuter tranquillement. C'était bien que les choses se passent ainsi, ça me faisait plaisir de voir que je ne perdais pas de temps à rencontrer des gens. Bon ok, c'était un vrai coup du sort, mais en même temps, c'était peut être un signe: le signe que j'allais finalement me sentir bien ici. Je pris à nouveau la parole :

- Oui, je suis nouvelle, je viens d'arriver. C'est très grand ici ! Dis moi, comment se passe la vie à Wynwood? Quels conseils pourrais-tu me donner? Les pièges à éviter et tout ça.

J'acceptais avec plaisir la petite tasse qu'il me tendis, c'était chaud et fumant et il était vrai que je me trouvais à l'ombre là, et que ça me ferait du bien un peu de chaleur. Je le pris entre mes mains et souffla un peu dessus, sans le goûter pour le moment. Je regardais cette Chapelle détruite puis également le jeune homme. Il était beau, brun, un petit sourire malin sur le visage. Il avait l'air vraiment gentil et c'est vrai que le peu que je connaissais de lui me prouvais que je n'avais pas tord.

Après un petit temps, je bus une première gorgée mais le thé était bien trop brûlant et je me mis à pleurer sous l'effet de la brûlure. Je toussa un peu et me mit à sourire:

- Je vais attendre encore un peu hein! Dis moi, ça fait longtemps que tu es à Wynwood?

E

ntre deux bougies qu’il allumait, Esteban jetait des petits coups d’œil à la jeune fille en souriant – il avait toujours eu le sourire facile – l’écoutant lui certifié que les bougies ne l’a gêné nullement, lui parlant du chien ... finalement il n’était pas à elle, et vu sa question, elle n’était pas de Wynwood non plus, elle venait surement juste d’arriver pour la nouvelle année, c’était assez fréquent ce mois ci. Enfin elle lui demanda ce qu’il faisait là. S’apprêtant à se lancer dans une longue et fastidieuse explication, l’étudiant britannique suivit le petit chien des yeux et opta pour la simplicité, la sagesse populaire ne disait elle pas qu’une image valait souvent mieux qu’un long discours ?

- Je viens pour ça, dit il en indiquant du menton – les mains toujours dans ses bougies – le petit chien illuminé par un rayon de soleil, le spectacle est vraiment magnifique surtout vers cinq heure …

Les yeux perdus dans le vague, Esteban repensait au jour où il avait découvert la chapelle. C’était un mardi … ou un mercredi peut être, peu importe ! Il sortait d’une conversation téléphonique houleuse, et trop énervé pour supportait d’aller s’enfermer dans une salle de classe surchauffé et remplit d’élèves aussi bavard qu’insupportable, il avait décidé de tous simplement sécher et d’aller faire un tour dans le parc histoire de tuer le temps, il avait marcher longtemps, courut un peu et s’était finalement fait rattraper par la pluie en fin d’après midi, ne sachant pas exactement ou il était – ce qui n’était pas étonnant quand on connaissait son légendaire sens de l’orientation – il avait cherché un endroit où s’abritait le temps que l’orage passe et c’est là qu’il l’avait trouvé. Un instant il n’y avait rien, et l’instant d’après il poussait une branche et apercevait la chapelle. Un Alice au masculin découvrant son « Wonderland ». Trempait jusqu’aux os, il avait attendu que la pluie se calme et quand enfin elle avait cessé, il n’avait pu qu’admirait la vue des rayons de soleil éclairant l’herbe humide et appréciait l’odeur de la terre mouillée. Finalement quand il était sorti, il s’était senti apaisé, juste quelques minutes il avait pu juste tout oublier, et depuis il revenait souvent – c’était devenu une sorte de rituel –. Sortant des brumes de ses souvenirs, le jeune Lord eut un rictus crispé et frotta ces cheveux d’embarras de s’être ainsi laisser allé à ses souvenirs pendant une minute alors qu’il était entrain de parler.

- … Enfin bref ! J’aime bien venir ici pour me détendre, comme je te le disais il n’y a jamais personne, alors j’allume des bougies parfumés, et parfois je lis un bouquin ...

S’asseyant sur une espèce de pierre – peut être un bout de mur – Esteban sortit de son sac un thermos et deux tasses.

- Tu es nouvelle n’es ce pas ? Je ne t'ai jamais vu à Wynwood. Pour le chien, je ne sais pas trop, mais j’ai peur que ce ne soit pas possible, avança t’il avec une grimace désolé, Du thé ? Demanda-t-il une tasse fumante à la main.

En y repensant, il avait plus un petit air de chapelier fou que d’Alice. Il était là dans son « Wonderland » coincé à l’heure du thé à en proposer à une inconnue – qui avait tout d’une Alice soit dit en passant –, le lapin blanc s’était transformé en petit chien, il ne manquait plus que le Loir et le Lièvre de Mars et on aurait pu réécrire le roman de Lewis Carroll ...

Un jeune homme avait fait son entrée dans la Chapelle. Un sac à dos sur lui. Il fut surprit de me voir là, parmi ce décors invraisemblable. Il tenta tout d'abord d'approcher le petit chiot, sans véritablement réussir, puis me lança comme quoi la petite bête ne l'aimait pas.

-Ca n'est pas mon chien! M'empressais-je de répondre.Je viens de le trouver sur le chemin, je l'ai trouvé adorable, mais je ne pense pas pouvoir l'emmener à l'intérieur de l'école, si?

J'étais sorti de mon bordel de déchets pour m'avancer vers lui. Etait-ce peut-être son endroit? Où l'endroit où il avait pris l'habitude d'aller régulièrement? En tout cas, il avait été étonné de me voir là et surtout ça semblait rare à ses yeux. Il me demanda si ça le dérangeait ou non qu'il sorte des bougies:

-Oh non! Bien au contraire! Ne t'occupe pas de moi, ne changes pas tes habitudes!

Je me recula un peu, nouant mes mains l'une à l'autre devant moi, regarda un peu autour de moi et surtout le jeune homme. Il avait un très beau visage. Ses mains firent sortir des grandes bougies blanches et il en disposa un peu partout dans la Chapelle. La jeune femme se demanda ce à quoi ça rimait. La couleur dans bougies la rassurait déjà quant à ses intentions. Ca n'était pas malveillant.

-Dis moi, je peux te poser une question? Pourquoi fais-tu tout cela? Si ce n'est pas trop indiscret...

Organisait-il une messe en secret? Venait-il se recueillir? Il y avait tant de possibilités en fait... Je m'avança un peu, tout en lui laissant un paramètre d'intimité, comme un cercle sacré, à ne pas franchir, rompre, souillé de ma présence, dont il n'en avait pas l'habitude.

Tout d'un coup le petit chiot se mit à courir et à venir bruyamment dans la Chapelle. Il courra dans l'allée et chercha à rejoindre une petite lumière solaire, qui passait par un tout petit trou, laissant aux yeux de tous, un fil lumineux, doux et frais, qui traversait la Chapelle. Le petit animal vint se mettre juste en dessous, comme s'il s'agissait de la main de Dieu qui le caressait. Comme Sa Voix qui lui murmurait, comme une Bienveillance qui le protégeait.

L

a journée avait été particulièrement chaude ce jour là, le ciel parfaitement bleu, la brise inexistante comme trop souvent à Miami. Cloitré depuis que le soleil avait entreprit sa couse dans le ciel, Esteban daigna enfin délaisser la fraicheur des salles climatisés de Wynwood pour prendre un bon bol d’air frais dans les jardins de l’internat. Il savait déjà ou il comptait aller, depuis que les vacances d’été avaient commencé il avait ses petites habitudes, et celle-ci était l’une de ses préférés : Faire un tour à la chapelle. Pas qu’il soit pratiquant, il avait beau avoir était élevé dans une famille pratiquante et avoir reçu la meilleur éducation qu’il soit dans le domaine – l'archevêque de Cantorbéry était un grand ami de la famille – il n’était même pas croyant. Il avait pourtant appris à apprécier la tranquillité des lieux de culte, et cette chapelle plus qu’une autre offrait toute la tranquillité que l’on pouvait souhaiter, à dire vrai il n’y avait jamais croisé personne, même pas un homme de foi. Ce qui n’était pas particulièrement étonnant au regard de l’état de la dite chapelle, il ne fallait pas être devin pour se rendre compte que les lieux avait été abandonné depuis longtemps, la poussière et parfois la mousse recouvrait tout, des bancs – pour la plupart cassés – à l’autel, des débris jonchaient le sol, surement des restes du toit effondré suite à un orage violent, du lierre poussé partout sur les murs de pierre … Malgré tout cela, Esteban adorait cet endroit, il y faisait toujours frais, le chant des oiseaux résonnait délicieusement sur la pierre, et si vous aviez un peu de chance, vers 17 heures, le soleil emplissait les lieux d’une douce lumière qui rendait les lieux féériques. Le jeune homme n’avait jamais été un grand adepte de la nature, mais le spectacle de cette nature reprenant peu à peu ces droits sur les pierres froides de la chapelle sous la lumière rosé du soir naissant avait le don de l’apaiser et il ressortait toujours serein de ces petits moments de détente. Il n’avait d’ailleurs jamais parlé de cet endroit à quiconque même pas à Taylor ! C’était en quelque sorte son petit secret. Un secret agréable à tenir, qui te réchauffe doucement le cœur comme un jardin secret, pas comme ces secrets qui t’empoissonnent l’existence et qu’Esteban ne connaissait que trop bien …

Il devait être environ 16 heures quand il arriva en vu des lieux, un sourire d’anticipation et de joie tranquille fleurit sur ces lèvres, les deux mains plongés dans son sac à la recherche des bougies qu’il avait prit soin d’emporter avec lui cette fois-ci, il passa l’entré sans remarquer le sac qui y gisait et ce n’est qu’une fois au milieu de la chapelle qu’il releva les yeux et remarqua enfin la présence d’une autre personne. Bougies en main, fronçant les sourcils, la bouche légèrement – et un peu stupidement il faut l’avouer – ouverte sous la surprise, Esteban détailla la jeune fille devant lui : Petite, mince sans être frêle, les cheveux très blond voir carrément blancs – dut à une coloration ? – des yeux clairs, d’une couleur indéterminé à cette distance et une expression de frayeur ou de surprise – il ne savait pas trop – peinte sur son visage … C’est un piercing qu’elle avait au nez ? Interrompant son observation – et fermant sa bouche par la même occasion – l’étudiant focalisa son attention sur le petit chiot qui aboyait dans sa direction. Souriant et s’accroupissant sur le sol froid, il finit signe au petit chien de s’approcher, agitant dans sa main tendu un gâteau qu’il venait de trouver dans la poche de son short mais celui-ci l’ignora complètement et préféra s’éloigner en direction du mur gauche de la chapelle. Se relevant en soupirant, Esteban sourit à la jeune fille devant lui.

Ton chien n’a pas l’air de vraiment beaucoup m’aimer.

Haussant les épaules comme pour dire que cela n’avait pas d’importance, il mordit dans le gâteau délaissé par l’animal. Détournant son regard d’elle, il reprit sa tache première c’est-à-dire sortir de son sac les quelques bougies qu’il avait apporté, allumant l’une d’elles avec une allumette.

Il n’y a jamais personne ici en fait, enfin je n’y ai jamais vu personne jusqu’à aujourd’hui, expliqua le jeune homme comme pour s’excuser d’être là. Je viens souvent ici … ça ne te gène pas que j’allume des bougies au moins ? Demanda il en se tourna vers la jeune fille en quête d’une réponse de sa part.

Abigael était arrivé à l'école il y avait quelques heures de cela. C'est Gabi, sa soeur aînée, qui l'avait emmené à Miami. Elles avaient passé une bonne partie de la journée ensemble, tout d'abord à la plage, puis un restaurant et pour finir, faire quelques boutiques. Elles n'avaient pas pu acheté grand chose en vu des prix extrêmement élevés. Sa soeur l'avait ensuite déposée à son école. Elles avaient fait un rapide tour du campus avant que Gabi ne reparte. Il lui fallait faire la route jusqu'à New York, car elle y vivait désormais. Les deux soeurs avaient passé un long moment à se dire au revoir, avant qu'Abi ne se retrouve seule. La voiture s'éloignait et elle, restait ici. Elle était au centre de l'allée centrale extérieure, les gens, pour la plupart des élèves, allaient et venaient, passant d'un côté comme de l'autre, tandis qu'elle ne savait où regarder. Elle ne savait pas où aller, elle ne se sentait pas vraiment à l'aise. Elle ne connaissait pas du tout Miami et n'était pas partit de chez elle depuis ses onze ans. Elle avait beaucoup de mal et pour elle, c'était une épreuve plus qu'une étape. La jeune femme empoigna alors les lanières de son sac et se mit en route, marchant vers l'école. Il faisait un temps sublime, le soleil frappait encore fort, malgré les seize heures révolues. Il n'y avait que très peu de nuages, très peu de vent également. Les températures étaient élevées et elle n'y était pas vraiment habituée. Ses pieds, bercés dans ses baskets, commençaient à lui montrer qu'elle avait chaud. Elle sentit la chaleur lui parcourir le corps et la soif asséchée sa gorge. La jeune femme portait un jeans qui maintenant, lui collait à la peu. Un petit tee-shirt gris, simple, qui remontait assez pour qu'on puisse voir un peu son ventre. Elle saisit alors de sa main libre, le médaillon qui pendait sur sa poitrine. Une croix en bois, offert par son père pour l'aider lors de son traumatisme. Pour lui apprendre qu'elle ne serait jamais seule. Qu'elle ne serait jamais loin de tout, sans rien ni personne. Qu'il fallait toujours garder la foi.

La jeune femme vit ensuite un petit chien courir devant elle, sortant des arbustes de la gauche de l'allée, pour se cacher dans ceux de droite. Un petit animal qui ne devait pas être très vieux, en réalité, il semblait être encore un chiot. De couleur marron clair, aux poils longs, il venait de titiller l'intérêt de la jeune femme. Elle emporta son sac avec elle et s'approcha des arbustes, s'accroupissant alors, elle tenta de l'amadouer afin de l'approcher. Le petit chiot était en train de renifler un peu plus loin, elle s'en approcha et tendis la main vers lui. N'avançant pas, elle regarda ses poches, si elle y trouvait un petit quelque chose à lui donner à manger. Yes! Une barre de céréales qu'elle n'avait pas dévoré sur la route! Elle l'ouvrit et tendis un bout au petit animal. Il avança vers elle, intéressé, puis il fut tellement proche qu'elle pu l'attraper. Elle sourit et commença à lui parler doucement, le caressant par la même occasion. Il n'avait pas de collier et pas de tatouage, il devait avoir grand faim. La jeune fille marcha alors en face et ne tarda pas à découvrir un petit chemin. Là, elle tourna la tête à droite et vit l'allée centrale au loin. Puis à gauche et cru voir quelque chose de très intéressant. Oui! C'était bien ça! Une chapelle! La jeune femme marcha alors en direction de l'endroit, son sac toujours près d'elle, le chiot contre sa poitrine. Après une ou deux minutes, elle se trouvait en face du petit bâtiment. C'étai désert, un peu entretenue, mais on voyait que peu de gens s'y rendait. Malheureusement. La jeune femme s'approcha et laissa la liberté au petit chiot, qui resta à ses côtés. Elle ouvrit la porte et observa les lieux. L'endroit avait du subir une terrible épreuve, le toît s'était effondré et la Chapelle semblait dévasté. Une vision peu réjouissante pour la jeune femme. Les bancs étaient cassée pour la plupart, l'autel dans un sal état, Jesus et sa Croix étaient pourtant, encore là, à moitié penché, prêt à tomber au sol. La jeune femme se fraya un chemin, laissant son sac à l'entrée de la Chapelle. Les débris jonchaient le sol, tout était sal et cassé. Ca devait faire un moment qu'elle se trouvait dans cet état là. Appartenait-elle à l'école? Si oui, Abi voudrait s'occuper de ça. Elle souhaiterait voir s'il était possible de la rénover. Avoir découvert ce chiot, cette Chapelle, était pour elle, un signe de Dieu. Il l'aida et lui montrait sa présence, dans sa foi. Alors qu'elle s'était beaucoup rapproché de Jesus et sa Croix, elle tendis la main pour frôler cette oeuvre, la sculpture était abîmé, il faudrait la rénover.

C'est à cet instant qu'elle entendit un bruit derrière elle, elle se retourna alors vivement, effrayé par cette apparition