Juliette S. Shake ~ Tout simplement.

« Juliette ne se trouve pas particulièrement belle ni attirante. Pourtant, beaucoup de monde prêche le contraire. Avec ses longs cheveux blonds comme le soleil, ses yeux émeraude et sa peau claire, on dit qu'elle rivalise de beauté avec les anges du Paradis. Lorsque l'on dit cela d'elle, ses lèvres fines mais pulpeuses et roses forment un sourire qui fait remonter ses pommettes. Ses dents blanches et parfaitement alignées sont ainsi dévoilées. Bien évidemment, la jeune fille ne trouve pas que son visage puisse être l'égal des femmes peintes sur les tableaux angéliques de la Renaissance. Ni même ses courbes, d'ailleurs. Loin d'être maigre, elle a les formes où il faut : une poitrine généreuse, des hanches et un fessier fournis. Juliette ne trouve pas que son corps est parfait. Elle se trouve un peu trop petite ; mesurant 1m65, elle rêve que sa croissance se continue pour enfin atteindre la taille de sa grande soeur, qui a bien plus de cinq centimètres de plus. On a beau lui assurer qu'elle est plus que parfaite, Juliette trouve toujours un petit défaut pour les contredire : des mains d'enfants, un point de beauté qui gâche telle partie, une cicatrice amochant une autre... De ce fait, la jeune fille porte souvent des jeans et des t-shirts simples. Elle ne porte que rarement des jupes ou autres petits tops serrés. »

« Lorsque l'on voit Juliette pour la première fois, on voit tout de suite que c'est une jeune fille timide. Pourtant sociale, il lui arrive d'avoir du mal à approcher les inconnus. Une fois qu'on la connaît bien, on se rend compte que loin d'être coincée, elle est une personne sympathique, à l'écoute d'autrui et très intelligente. Ce dernier point est normal, puisqu'elle aime passer son temps à lire toute sorte d'ouvrages. Juliette a soif de connaissances mais aussi d'évasion. Elle aime ainsi voyager et faire de nouvelles expériences, du moment que ces derniers ne soient pas extrêmes. Bien que spontanée, la jeune fille préfère le calme et la sérénité. De temps en temps, il se peut qu'elle se renferme sur elle-même ; cela serait sûrement du à un cumul de sentiments négatifs. Et une fois qu'elle ne peut contenir ses émotions, Juliette peut se révéler très mauvaises. Mais malgré tout, elle reste quelqu'un de gentil et d'adorable. Une vraie sainte. »

« La naissance de Juliette S. Shake remonte à la fin de l'été 1995. A Londres, la capitale de l'Angleterre, une famille noble eut la joie d'accueillir une petite fille en parfaite santé parmi eux. Les parents, qui avaient déjà eu une première fille, furent comblés de donner une petite soeur à cette dernière. Dans leur modeste mais luxueux manoir, ils pensaient donner à leurs enfants une vie remplie de bonheur. Evidemment, étant assez riches, ils ne manqueraient jamais de rien. Durant les dix premières années de Juliette, tout semblait exactement comme l'avait prédit les parents. Malheureusement, ces derniers furent victimes d'un terrible accident. Rentrant d'une réception tardive, leur véhicule percuta une autre voiture. Privées de leurs parents, les deux filles furent placées sous la tutelle de leur oncle et de leur mégère de tante. Ravie de pouvoir toucher à la fortune familiale, elle délaissa totalement les enfants pour prendre soin de sa petite personne. Quelques années plus tard, alors que Juliette allait sur ses quinze ans, la famille fut à nouveau victime d'un drame. La mégère de tante fut retrouvée inerte dans la cuisine.

Flash Back ON

Une tempête soufflait dehors. Le vent hurlait contre les volets, la pluie battait sur les carreaux. Ce vacarme combiné au tonnerre qui grondait empêchait Juliette de dormir. Se retournant sans cesse dans son lit, l'adolescente ne parvenait pas du tout à fermer l'oeil. Depuis sa tendre enfance, elle détestait l'orage. Dès qu'un éclair éblouissant le ciel, elle se bouchait les oreilles et se cachait sous sa couette. Ce soir ne faisait pas exception aux autres. Tremblant, la jeune fille pria pour que la tempête cesse.

Hélas, les Dieux n'entendirent pas ses paroles. L'orage approchait et le vent soufflait de plus belle. Juliette était presque certaine que les fenêtres pourtant bien verrouillées allait s'ouvrir sous la force. Afin d'être sûre, elle se leva et vérifia que les volets étaient bien en place ; les verrous des vitres étaient fermement fermés. Un coup de tonnerre la fit sursauter. Elle cria comme une petite fille et sortit de sa chambre en courant.

Au début, elle avait l'idée d'aller dans le lit de sa grande soeur. Mais Jennsen devait dormir à poings fermés. Elle, l'orage, le vent, la pluie ne la dérangeaient pas du tout. Elle serait furieuse si Juliette déboulait dans sa chambre. Alors, qu'elle s'apprêtait à renoncer et à retourner se cacher sous ses couvertures, l'adolescente entendit du bruit provenant du rée-de-chaussée. Ce devait être son oncle, qui n'arrivait pas lui non plus à trouver le sommeil par une nuit pareille - c'était déjà arrivé.

Juliette descendit alors et vit de la lumière dans la cuisine. Son oncle mangeait souvent quand il était angoissé. Son ventre rebondi en disait long sur son état. Ses nerfs à vif, la tempête l'avait peut-être poussé à se servir un deuxième dessert. Souriant à cette pensée, la jeune fille entra dans la pièce. La première qu'elle remarqua était que la porte du frigo était grande ouverte. Sur le plan de travail, des pommes coupées en tranches gisaient en désordre. Debout, sa tante la regardait étonnée, un couteau à la main.

- Que fiche-tu debout, petite sotte ? lança la mégère.

- J'étais simplement venue voir si le lapin blanc n'était pas dans le coin répliqua Juliette.

Sa tante ne l'avait jamais aimée, elle ne savait pas pourquoi d'ailleurs. Parce qu'elle était jeune, jolie ? Et riche. Haussant les épaules, la jeune fille s'avança vers le frigo et attrapa un yaourt à la pêche. Voir les fruits sur le plan de travail lui avait donné un petit creux. Prenant une cuiller dans un tiroir, Juliette entreprit d'ouvrir son pot.

- Ne serais-je jamais tranquille, dans cette maison ? Retourne te coucher.

Juliette se tourna vers sa tante, la cuiller à mi-chemin entre le pot et sa bouche. C'était toujours pareil. La mégère exagérait toujours lorsqu'elle parlait. Comme si Juliette et Jennsen la dérangeaient ! Les deux jeunes filles étaient le plus souvent à l'école, à la bibliothèque ou en sortie. Se détournant, l'adolescente ignora la remarque de sa tante et prit quelques cuillerées de yaourt.

- On ne t'a pas appris la politesse ? Réponds et obéis aux adultes, petite.

Haussant les sourcils et levant les yeux au ciel, la jeune fille continua d'ignorer la mégère et termina son yaourt. Depuis cinq ans, sa vie était un calvaire. Son oncle était gentil mais elle se demandait pourquoi il avait épousé une femme pareille. Elle était avide de son argent, mais il ne s'en rendait pas compte. Et depuis que les parents de Juliette et Jennsen étaient morts, la tante en profitait. D'ailleurs, la jeune fille commençait à en avoir marre.

- Tu n'es pas ma mère, alors je ne t'écouterai pas.

D'habitude calme et posée, Juliette aimait rendre sa tante folle de rage. Elle n'aimait pas qu'on remette son autorité en doute. La mégère devint rouge comme une pivoine et fit mine d'avancer vers sa nièce par alliance. Juliette tourna la tête vers elle. Soudain, elle ne put plus supporter la vue de sa tante. Celle-ci avançait, brandissant un doigt vers l'adolescente, sa bouche proférant des paroles qu'elle n'entendait même pas. Elle les connaissait par coeur. Mais son regard était dirigé vers un objet en particulier : le couteau que tenait encore la mégère dans l'autre main.

Juliette ouvrit de grands yeux et cria. Devant elle, sa tante gisait sur le carrelage, son sang s'échappant d'une blessure mortelle. Les éclairs semblaient être plus nombreux, comme dans un film d'horreur au moment crucial. Le vent fit ouvrir la fenêtre de la cuisine, laissant entrer un courant d'air glacé mêlé de pluie piquante.

Flash Back OFF

On ne savait pas ce qu'il s'était passé. La version officielle était le suicide et beaucoup de gens s'en tenaient à cette version. De toute façon, la tante parlait sans cesse d'en finir avec cette situation. Avec ses amies mégères, elle parlait du calvaire qu'elle vivait avec les deux jeunes filles, qui faisaient tout pour lui rendre la vie impossible. Elle se plaignait aussi de son mari, qui ne la satisfaisait plus. C'était absurde. Tout le monde avait eu de la peine en apprenant la mort de la mégère. L'oncle de Juliette était effondré, car il avait aimé sa femme. Durant quelques mois, la vie semblait s'être arrêtée. L'adolescente faisait comme si rien ne s'était passé mais souvent, la nuit, elle revivait la scène. Elle parlait avec sa tante et la découvrait l'instant d'après baignant dans son sang. Alors, lasse de cette situation, elle décida de déménager. Elle trouva un lycée aux Etats-Unis et, après avoir dit au revoir à sa famille anglaise, Juliette s'envola vers sa nouvelle contrée... »