Chalet de Hope, Alessandra , Edgard, Dylan.

Des vacances. L’idée me paraît si incroyable que j’ai sauté sur l’opportunité. Partir avec le lycée en montagne pour faire des activités sportives en pleine nature, ça semble parfait. Un bon bol d’air pur ! Je suis certaine que ça me fera du bien. Le seul malheur dans l’histoire, c’est les heures de bus pour se rendre à notre destination. J’appréhendais véritablement ce trajet comme un cauchemar. Envie de pipi, galère pour trouver une bonne place, bataille pour avoir celles du fonds, discussion d’un bout à l’autre, manque d’eau, jambes engourdies, mal du transport, lenteur, plus de batterie pour jouer à Angry Birds. J’imaginais tout ça comme un cauchemar épouvantable. Par chance, Edgard est également parti. Lui et moi, on est devenu pour ainsi dire meilleurs amis. Alors j’ai pu faire la conversation à quelqu’un. C’était déjà ça. Il n’y avait pas beaucoup d’autres personnes que je connaissais. J’ai reconnu Eva, ancienne membre du Music Club tombé à l’abandon. Cette dernière est devenue prof de musique. Cette annonce m’a quelque peu choqué mais après tout pourquoi pas ! Et puis, j’ai pu revoir Maximilien. Ça faisait si longtemps !

Nous finissons par arriver à destination. Quelques chalets en bois organisés en cerclé avec pour centre un chalet plus grand. Ça doit être là-bas que se dérouleront les repas et sûrement la fête de ce soir. Car oui, nous commençons par une fête. Et pas n’importe laquelle ! Halloween. J’adore cette soirée où tous les costumes sont permis. Porter un masque, j’y suis habituée. 365 jours de l’année je me déguise pour entrer dans ce costume fait sur mesure au doux nom d’Hope. Alors aujourd’hui, je pourrais devenir quelqu’un d’autre tout en laissant apparaître un peu plus de moi. Et ce, sans que personne ne s’en aperçoivent. Cette année, j’ai mûrement réfléchit à mon costume. J’ai chiné un peu partout pour trouver les objets les plus authentiques.

Je suis la plus chanceuse de toutes. Dans mon chalet se trouve Edgard ! Je ne vais pas être si dépaysée que ça, finalement ! Je partage ma chambre avec une demoiselle dont le nom ne me dit absolument rien et le deuxième garçon est lui aussi inconnu au bataillon.
Nous avons du temps pour nous avant la grande fête. Mais je ne sais pas quoi faire. Vais-je faire le tour du propriétaire ? Où est-ce que je commence à me préparer tout de suite ? J’ai tellement hâte d’enfiler mes vêtements que j’en tremble d’excitation. Finalement, je penche pour la préparation. Ma coiffure demande pas mal de boulot. Je boucle, je créé du volume, puis je me blanchis la peau. Quand arrive le moment du maquillage, un bruit dans mon dos me fait sursauter. Pourtant il n’y a rien… Mais tout recommence de plus belle quelques secondes plus tard. Le corps battant j’essaye de me calmer. «Faut vraiment que j'consulte… » C’est sans doute un bout de bois qui tape contre la toiture ! Pour penser à autre chose, je file vers ma valise. J’enfile tant bien que mal mes jupons, mon corset.

Revenant à la pièce principale du chalet, je demande : « Quelqu’un peut m’aider à l’attacher s’il vous plait ?» Je lance mon sourire le plus poli. Je ne veux pas m’imposer mais juste avoir un petit coup de main. Et après, promis, je n’embête plus personne jusqu’au début de la fête.

Un nouveau claquement me fait sursauter.

Un voyage à la montagne ? Décidément, j'avais de la chance. Pour ainsi dire, je venais à peine d'arriver, et voilà qu'ils organisaient une sortie. Je m'étais inscrite sans la moindre hésitation. Après tout, j'étais là pour étudier, certes, mais dans la vie d'une lycéenne, il y avait aussi les amis. Et dans la mesure où j'avais laissé derrière moi tous ceux à qui je tenais, ne me restait plus qu'à tout recommencer à zéro.

J'avais donc inscrit mon nom, sur la liste des participants à ce voyage en montagne. J'étais d'autant plus heureuse que j'allais pouvoir de nouveau entrer en contact avec la forêt. Voilà qui me plaisait. Depuis le temps que je n'avais pu jouir de longues promenades avec Baïkal, cela promettait d'être amusant. J'étais entrée dans le bus sans difficultés. Baïkal m'aidait à gravir les marches, et à m'assoir. Il avait sa place à côté de moi ; assis, docile, il ne bougea pas tout le long du trajet, sa grosse tête blanche posée sur mes cuisses. Je l'avais caressé assez nerveusement durant tout le trajet menant à la montagne. J'étais en terrain inconnu. Rien dans cet endroit, ni les voix, ni les bruits de pas, ni les odeurs ne me permettaient d'avoir un repère sérieux. Cela ne m'empêcha pas, cependant, d'étudier chaque mouvement, chaque conversation. Ma maîtrise de ma cécité était toute relative - il m'arrivait encore parfois de me cogner un peu partout - mais l'aide de Baïkal s'avérait précieuse, dans ces cas-là. Je comptais donc sur lui pour me guider, si j'avais besoin.

Durant la pause, j'offris à mon chien un peu d'eau, que je bus à mon tour. ça faisait un bien fou, de quitter Miami. Je commençais enfin de nouveau à sentir l'odeur rassurante des arbres. Voilà des amis qui ne me trahiraient jamais.

Au second arrêt, je crus comprendre que nous étions arrivés. Je restais un peu en retrait. Je me contentais de demander mon chemin à une élève, pour savoir dans quel chalet je me trouvais. Et avec qui. Bien. Je retins les noms d'Edgard Callahan et Hope Blackwood. Le dernier nom ressemblait à... Dylan, ou quelque chose comme ça. En fait, je commençais à être mal à l'aise. Sans réellement comprendre pourquoi. Baïkal m'aida à entrer dans le chalet, d'où j'entendais déjà des éclats de voix.
« T’as pris ton appareil photo ? »

Je toquais timidement à la porte, puis entrais. Je souris en direction des voix. Il y avait deux personnes.

"Bonsoir. Puis-je me joindre à vous ?"

Je m'avançais légèrement, mais Baïkal semblait avoir la tête ailleurs, et malgré que je sois accrochée à son harnais par ma main gauche, je sentis un choc contre mes côtes. Une chaise. Je grimaçais de douleur, mais me redressais assez vite. A ma main, un sac en plastique.

"Euh... En fait, j'aurais un petit service à vous demander. S'il y a une fille ici, j'aimerais qu'elle m'aide à mettre mon costume, si possible... Sinon je risque de mettre beaucoup de temps, toute seule."

Un chuchottis attira mon attention. Parlaient-ils dans mon dos ? Le chuchottis s'amplifia, même si je ne compris pas ce qui se disait. Bon, peu importe. Peut-être n'étais-ce qu'un fruit de mon imagination. Avec un peu de chance.

Edgard est déjà en costume. Je dois avouer que nous faisons la paire tous les deux. Sortis tout droit des bouquins d’histoire, nous avons traversés les siècles pour hanter ces quelques chalets de montagnes. Attention ! On pourrait se révéler être des fantômes plus méchants qu’on en a l’air.
Mon ami vient se placer derrière moi pour m’aider. Je le laisse faire. De toute façon, j’ai confiance en lui. Ce n’est pas compliqué d’attacher tout ça sans pour autant me pincer la peau, m’étrangler, me tirer les cheveux ou je ne sais quoi d’autre !
Une fois l’opération terminée, le jeune homme me prend la main pour me faire tourner sur moi-même. Je me laisse prendre au jeu. Ma robe se gonfle, le paysage s’emmêle et un léger bourdonnement vient obstruer mon ouïe. Un bruit qui se fait de plus en plus aigüe, jusqu’à devenir insupportable. Mais tout se stoppe d’un coup quand Edgard me lance : « J’aime bien » Je lui réponds de mon plus sincère sourire et incline la tête. Une légère courbette. N’était-ce pas ainsi que ça se passait à l’époque ? Je n’en sais rien mais j’adore faire des références. Jouer les femmes prudes et bien élevées. Muettes dans cette cours qui leurs dicte comment agir mais qui peuvent se montrer fatales et déterminée. Oui, je sais je me fais beaucoup de films ! Mais je le vis bien… «Sorte dictione natura sed dictione.» Pardon ? Je regard mon ami en haussant un sourcil. Mais qu’est-ce qu’il me raconte ? «Proinde concepta rabie saeviore, quam desperatio » Et il continue en plus ! Si c’est une blague, je ne trouve pas ça tellement marrant. C’est quoi ? Du latin ? Peut-être veut-il jouer les nobles d’un autre pays. Oui… C’est sans doute ça. « Euh… J’aime pas l’idée. Désolée, je continue en normalement... » Je ne veux pas le vexer mais je ne pus m’étendre sur le sujet car quelqu’un frappa bruyamment à la porte. Je pivote sur moi-même et accueil avec le plus grand sourire la nouvelle arrivante. « Bonjour ! Entre, entre ! » Je retrouve immédiatement mon excitation. Cette fête va être géniale !
La jeune femme est accompagnée d’un chien. Je ne la connais pas et bizarrement, elle fonce droit dans une des chaises. « Euh... En fait, j'aurais un petit service à vous demander. S'il y a une fille ici, j'aimerais qu'elle m'aide à mettre mon costume, si possible... Sinon je risque de mettre beaucoup de temps, toute seule.» Un chien avec un harnais, une femme qui se prend des objets maladroitement, le besoin d’aide pour un costume. C’est moi, où ? Non… Elle doit simplement avoir une robe compliquée. Et puis au pire, ça change quoi ? « Oui ! Je peux t’aider. Je t’accompagne dans notre chambre ? J’ai choisi mon lit mais si tu veux qu’on échange pour telle ou telle raison… Y a pas de soucis. Moi c’est Hope ! » Et je parle beaucoup trop…

Rappelez-moi pourquoi je me suis inscrit à ce maudit voyage ? Moi qui ai les plus gros problèmes du monde à m’intégrer, moi qui n’arrive pas à aligner deux mots sans bégayer, moi qui ne peux pas approcher une fille sans perdre la moitié de mes capacités… Enfin bref, certainement parce que sur la liste j’y ai vu inscrit le nom d’Amaranthe… et que je n’ai pas forcement pensé au reste. Peut-être aussi parce que je n’ai jamais eu l’occasion de partir en Louisiane… Juste avant de partir j’avais laissé un bref mot à ma colocataire, je crois que nos relations s’améliorent avec le temps. Un tout petit peu…

Dans le bus, je m’étais assis dans les rangs de devant, pour éviter de me mêler à l’équipe de football du lycée presque au complet. Je veux pouvoir passer un week-end tranquille sans être la risée, la victime de ces derniers. Leurs chants, leurs cri primitif et j’en passe m’exaspérait à un tel point que je dû mettre mon casque audio a fond pour m’enfermer dans ma bulle une fois de plus. Après un premier arrêt, où tout le monde était descendu, j’étais allé remplir ma bouteille d’eau, en croisant le regard de Lexi de loin. Je ne pus m’empêcher de lui lancer un petit sourire sincère. Au fond, et même si notre petit manège était terminé, elle avait beaucoup fait pour moi. Je crois qu’elle aussi à réussit à surmonter certaines choses. Son ancienne confrérie par exemple.

De retour dans le bus, je bois quasiment d’un trait le contenu de ma bouteille petit format, tout en écoutant « somebody that use to know ». Je fini même par m’endormir. L’agitation du bus me fait ouvrir les paupières, nous sommes arrivés. Je colle mon front contre la vitre, pour admirer les chalets dans lesquels nous allons prendre place. Mon sac est ouvert, étrange, j’ai dû oublier de le fermer. Lors des distributions je croise les doigts pour être avec des gens que je connais, mais pitié, pas de pi sigma ou ni même de rho kappa, je n’y survivrais certainement pas. Je suis avec une certaine Hope, Alessandra et Edgard. Je ne l’ai connais absolument pas. C’est déjà une bonne chose non ?

Je suis l’un des premiers à entrer dans le chalet, je me confine dans ma chambre ou mon nom et celui de l’autre garçon est inscrit sur la porte. Pas que je veuille faire mon antisocial ou quoi, c’est juste que je ne me sens pas très bien, je mets ça sur le compte du trajet qui s’est avéré plus que long. Mes mains sont prises de spasmes par moment, je m’assois sur l’un des lits en essayant de les contrôler. Dans l’autre pièce j’entends un bruit de bois, comme quelque chose qu’on aurait fait tomber, je me relève, sans doute un peu trop vite, pour aller vérifier si tout va bien mais mes jambes en décident autrement, elles ne soutiennent plus mon poids et je tombe littéralement face contre terre.

« Hé ? Dylan, c’est ça ? J’peux te tenir compagnie ? »
Je relève la tête et vois le visage d’Edgard dans l’encolure de la porte. Je me remets debout trébuchant une fois de plus, me rattrapant cette fois de justesse à la poignée de la porte et fini par lui sauter presque dans les bras tout en lui ‘checkant’ la main pour finir par lui donner un petit coup de poing dans le ventre. Comme si nous étions les meilleurs amis du monde… Non mais qu’est-ce qui me prend ? Je ne le connais même pas. Je me recule, avec l’air le plus ahurit du monde, honteux et déstabilisé.

« Euh… Oui oui, pas de problème. Va y entre. »

Je lui tourne le dos en regardant à nouveau mes mains toujours prises de spasmes. Nervosité ? Un médicament m’aidera certainement à me calmer. Je fouille à l’intérieur de mon sac rapidement pendant que mon colocataire entre, et dépose ses bagages sur le deuxième lit. Je cherche, je cherche mais je ne les trouve pas. Ils sont où ces maudits cachets ?! Je crois que je vais devoir faire sans, je les ai sans doute oublié à l’internat. Tant pis, cela finira bien par passer non ? Je balance mon sac à l’autre bout de la chambre, qui ne manqua pas de s’écraser contre le mur avant de retomber lourdement par terre. Pourquoi j’ai fait ça ? Aucune idée, une envie soudaine. Je me retourne finalement pour faire face à Edgard, ignorant cet élan d’amitié que j’ai pu avoir pour lui un instant plus tôt.

« Et heu… Elles sont sympa les filles ? Enfin tu… tu les as vues ? »

Je venais de passer pour une idiote, tout bonnement, et tout simplement.

En fait, j'enrageais intérieurement. Je croyais avoir dépassé le stade du chagrin, dû au fait que je ne verrais plus jamais rien. Mais comment pouvait-on seulement se "faire à l'idée" qu'on ne verrait plus jamais la lumière du jour, et ce jusqu'à la mort ? Ce n'était tout simplement pas concevable, pour moi. Malgré mes sourires, me restait cette amertume, que je m'efforçais de cacher dans un coin de ma tête. Amertume qui sortait du placard, lorsque comme à l'instant, je me heurtais à un obstacle, malgré mes efforts, malgré Baïkal qui prenait soin de moi. Mais Baïkal, ce soir-là, ne semblait pas disposé à m'aider, bien au contraire. En fait, il avait l'air un peu malade. Je le sentais, lorsque je passais ma main sur lui, et que j'entendais sa respiration. Il se passait quelque chose d'inhabituel. Très inhabituel. Mais pour l'heure, je songeais que ça pourrait attendre. Il fallait que je me familiarise avec cet endroit inconnu, encore une fois. Un endroit à la délicieuse odeur de bois et de sève.

Lorsque je trébuchais, j'entendis un pas de course, et un bruit de déplacement. Le jeune homme s'était précipité à mon secours, me demandant comment ça allait. D'un geste de la main, je lui fis signe que tout allait bien, malgré ma rage intérieure. J'étais en colère contre moi-même. Contre l'accident qui avait tué mes parents et volé ma vue. Contre moi, qui n'aurais pas dû chanter à ce moment là.

Lorsque je me cognais, je repensais à tout cela.

Toujours est-il que lorsque retentit la voix de la jeune fille, j'affichais une expression totalement bouche bée. Mais... QUOI ?

« Heu... Non ! Démerde toi. Démerde-toi pour aller dans la chambre, j'ai pas que ça à faire de t'accompagner. J’ai choisi mon lit, et je le garde, alors ne t'avise pas de me demander d'échanger sous prétexte que tu dois être devant la sortie ou que ton clébart doit pisser, j'en ai rien à foutre. Moi c’est Hope, et je t'emmerde. »

Elle avait une araignée au plafond, ou quoi ? Je lui avais demandé gentiment de m'aider à mettre mon costume, et elle m'envoyait ballader comme ça ? C'était à ne rien y comprendre. J'entendis à peine le jeune homme s'éclipser dans la chambre des garçons. Je restais seulement interloquée par la réponse. Je me contentais de bafouiller, sans bien comprendre.

"Bon... Ben... je vais dans la chambre alors... Je m'installerai sur le lit inoccupé t'en fais pas. Moi c'est Alessandra Esperanza, au fait."

La mine déçue, j'entrais dans la chambre, aidée de Baïkal. D'un geste sur les deux lits, je parvins à identifier lequel était inoccupé. Je m'assis dessus,et défis mon sac. J'étais déguisée en Sally, la poupée de tissus. Un film que j'avais adoré, quand j'étais petite. C'était l'occasion de ressortir ce joli costume. Alors que je sentais le tissus de la robe entre mes mains, une voix masculine me fit sursauter. Une voix que je n'avais pas encore entendu. De surprise je lâchais la robe.

"Joli costume ! J'espère que tu vas pas me déguiser en Jack, la honte. Tu me lâche quand au fait ? J'ai un rencard avec une cocker américaine gaulée comme une princesse."

Il n'y avait personne pour parler de cette manière. J'étais en train d'halluciner, seulement en train d'halluciner. Sentant la patte de Baïkal sur ma cuisse, je poussais un cri d'horreur.

"B... BAIKAL ?"
"Bah ouais, qui veux-tu que ça soit ? Allez, détache mon harnais, s't'euplait ! Démerde toi un peu toute seule !"
"J'... J'y crois pas..."
"Bon allez, Aless', tu me fatigues. T'as pas oublié la patée, au fait ? J'ai la dalle !"

BOUM !
Mes pieds venaient de se dérober sous moi. Le choc fut tellement perturbant que malgré le fait que je sois accrochée sur le côté du lit, je parvins à perdre l'équilibre, et tomber. En général, les gens disent "puis tout devint noir" J'entendais encore les échos de la voix canine de Baïkal à mon oreille. Mon chien venait de parler, et en plus il était vulgaire. Mon chien. Qui venait de me parler. J'étais en train d'halluciner, il n'y avait pas d'autre option. J'étais seulement en train de rêver. En tout cas, je me sentais partir. Mes yeux se fermèrent d'eux même, et je sombrais dans l'évanouissement le plus total.

Ma peur avait le dessus sur tout.

Edgard nous prévient avant de s’éloigner qu’il sera là en cas de soucis. Je lui souris. Que peut-il nous arriver de grave dans ce chalet ? Certes c’est la soirée d’Halloween mais il n’y a rien qui cloche ici. Le cadre est agréable, je ne pense pas qu’un des étudiants est un psychopathe en puissance ou encore que l’une d’entre nous va faire un arrêt cardiaque dans la minute. Peut-être qu’on aura du mal à mettre ce fameux costume mais c’est un truc de filles. On pourra se débrouiller !

Une fois le garçon disparu dans sa chambre, la brunette me répondre : « Non… Mais… C’était pour être polie… Tu crois que j’ai besoin de ton aide ? Je sais me débrouiller seule moi… Moi, Alessandra Esperanza, blondasse. » Ok ! Sympa. Très sympa… C’est parce qu’Edgard est parti qu’elle montre les crocs comme ça ? En plus elle a l’air faussement gênée. Ou… Non ! Elle joue la déçue en me regardant. Elle doit me trouver pathétique, elle ne m’aime pas… Elle devait vouloir se retrouver avec sa meilleure copine et est dégoûtée d’être avec moi. Génial ! Je me sens vraiment à mon aise maintenant. Je suis là, les bras ballants au milieu de cette salle commune. Je ne sais définitivement plus comment agir. Je me sens nulle. J’ai envie d’appeler Edgard à la rescousse. Juste pour qu’il me prenne dans ses bras et me dise qu’elle n’en vaut pas la peine. Mais je me ressaisi, je prends mon courage à deux mains et me dirige vers la chambre des filles.

La porte n’est pas bien fermée mais j’entends une voix à l’intérieure. Celle de la jeune fille. Elle semble en pleine conversation. Au téléphone sans doute car il n’y a personne avec elle à part son chien… C’est plus fort que moi ! Je me poste contre le mur et écoute ce qu’elle dit. Je sais que ce n’est pas bien mais ce fut comme un réflexe… Réflexe qui s’est enclenché quand j’ai entendu ça : « C’est bien elle. Pearl Ella Newell.» Entendre mon vrai nom me mets toujours sur mes gardes. Personne autre que mes proches ne le sait. Personne sauf un psy et des flics qui s’intéressent à un dossier parmi tant d’autres. Mon cœur s’accélère. Je continue mon écoute, les mains tremblantes. « Mon plan fonctionne… Je suis dans la même chambre qu’elle… Quels sont vos ordres ? »
Je fais quoi moi, maintenant ? Entre mon envie de prendre mes jambes à mon cou et celle de lui fracasser le crâne avec la lampe de chevet, je suis complètement paumée. Il y a un bruit sourd dans la chambre qui me fait sursauter. Comme si quelque chose était tombé. Un corps ? Une arme ? Un piège ?

Je fais demi-tour et part frapper à la porte des garçons. « Ed ! Ed ! Edgard ! Je peux entrer ? Vite. S’il te plait ! » Je frappe je ne sais combien de fois à la porte. Mes mains trembles, mon cœur va exploser, je vois trouble, je n’arrive plus à réfléchir, j’ai du mal à trouver mon souffle. Je suis morte de peur. Il n’y a que lui qui peut m’aider.

Mon colocataire se présente tout de même à moi, non sans un étonnement, autant que moi d’ailleurs. Vu son gabarit, il aurait très bien pu me repousser, m’envoyer valser à l’autre bout de la chambre simplement en me poussant à une main, comme la plupart des mecs de l’équipe que je connais. Il m’a l’air tout de même bien plus sympathique que les autres, moins con. Mais si je continuais à faire n’importe quoi, quelque chose me dit que cette prétendue entente n’allait pas durer. Je préférais rester debout, appuyé contre une commode, histoire de me dégourdir les jambes dans lesquelles j’avais cette sensation de Fourmies.

Les murs n’étant pas très, très épais, je pouvais entendre les filles discuter entre elles. C’est d’ailleurs comme cela que j’en suis venu à lui poser cette question. Moi et ma peur chronique espéraient réellement qu’elles seraient… douces et compréhensives. Pas du genre femme de footballeur. Mais le jeune homme semblait être complètement déconcerté tout à coup. Il hésita un moment avant de m’en dire plus. Pourtant ma question n’avais rien de déplacé… enfin je ne pense pas, je voulais juste savoir… peut-être ne les connaissait-il tout simplement pas, ou peut-être qu’il me voyait comme une éventuelle menace, qu’il voulait les garder pour lui tout seul. T’inquiète mon gars… ça risque pas… pensais-je.

Première possibilité écartée, puisqu’il m’informa que la première se prénommais Hope, qu’elle était sa meilleure amie et qu’elle était gentille. Hope… c’est joli comme prénom, significatif en plus de ça, L’espoir… je souriais gentiment, j’étais rassuré, par contre, je n’ai pas trop fait attention à ce qu’il m’a dit sur le deuxième, enfin si j’ai bien réussi à attraper le train en route, elle serait aveugle. Nouveau spasme incontrôlable, dans mon cou cette fois, qui m’oblige à tourner la tête sur le côté. Mais c’est quoi ça ? Je masse ma nuque et secoue la tête. Je crois que je me préocupe plus de ce qui se passe dans mes muscles que ma question finalement.

« Ha… La pauvre, ça ne doit pas… être marrant tous les jours… »

Non, sans blague ? Edgard rattrape le coup en m’informant qu’elle est accompagnée d’un chien, il insiste sur le fait que c’est un gros chien, et qu’il reste près d’elle quasiment tout le temps. Comment soit-il que je n’en suis pas fan… il essaye de me faire peur c’est ça ? De faire en sorte que je n’approche pas cette fille ? Ma deuxième hypothèse commence donc à se révéler vraie dans mon esprit. Suite à ça, mon bras s’élance sur la commode et fais valser tout ce qui s’y trouvais, pendant qu’il changeait de sujet pour me demander en quoi j’allais me déguiser ce soir. Tout ce que j’avais trouvé c’était un costume de Batman et un de militaire. J’hésitais donc encore.

« Mais… mais bordel ! Hum… par... pardon. » Je me baissais pour ramasser rapidement les objets au sol. « Certainement en… super héros, ou en militaire, je sais… paaaas –nouveau spasme et filet de bave discret- trop. »

L’une des filles s’exclama assez fort, je tournais la tête en direction du mur, puis soudainement, de nombreux coups frappèrent à la porte de notre chambre. C’était l’une, ou l’autre qui appelaient Edgard, et cela avait l’air urgent. Regard inquiet en direction du jeune homme. J’étais le plus prêt de a porte, alors je l’ouvrais en grand, non sans un peu de recul quand celle-ci s’engouffra dans l’antre masculin. Elle était grande, blonde et un visage fin. Une jolie fille, le genre que je ne pourrais jamais approcher. Ou pas. Ce week end est fait pour essaye de m’ouvrir, alors je tente de la calmer.

« Du… du calme heu… mademoiselle. Qu… qu’est-ce-qui se… passe ? »

Je la prends dans mes bras, et coince ma tête dans son cou. Mes bras ne veulent pas la laisser partir. Je prends une grande bouffé de son parfum, mes mains parcourent les lacets de son corset. Mais que suis-je en train de faire là ? Il faut que je la lâche immédiatement, elle va m’en coller une et je ne vais sans doute rien comprendre. Enfin, je l’aurais bien mérité celle-là ! Mais... mais, je n’arrive pas à contrôler ce que je fais, ma langue sors de ma bouche et viens se coller dans son cou, pour la lécher jusque sur sa joue. Je suis complétement paniqué, et mon étreinte ne se desserre pourtant pas.

« Ed…Edgard, aide-moi ! Je suis… désolé…»

Entre deux spasmes, et entre deux pertes de contrôle j’avais indiqué à mon colocataire que j’hésitais encore pour mon déguisement. Il n’avait pas l’air d’être super à l’aise avec moi, et pour tout vous dire, je ne l’étais pas non plus. Pas à cause de lui, mais à cause de ce truc qui me fait peter les plombs sans raisons. Docilement à terre, et juste avant que sa meilleure amie n’arrive, il me donna son avis. Le super héros seraient une meilleure idée d’après lui. Je souris doucement et en prend note quelque part dans ma tête. J’avais simplement un peu peur que cela fasse complétement ridicule… m’enfin.

Et puis ce fut le drame. La tête caché dans les cheveux blond de la jeune fille, mon étreinte, mes doigts qui ne s’arrêtaient de caresser son corset. Il fallait qu’on m’aide ! Et pourtant, malgré ma panique, la jeune femme ne me repoussait pas, elle semblait même se calmer ! Je le sentais à son rythme cardiaque battant sur ma poitrine. Mais ça c’était jusqu’au moment où ma langue vienne parcourir le cou de la jeune femme. Sous les yeux de son meilleur ami, qui ne semblait déjà pas vraiment me porter dans son cœur. A son tour il exclama son étonnement en me tirant par le pull en arrière. Je lâchais Hope, et regardais mes mains encore tremblante. « C’est quoi ton problème ! ». Si je le savais très cher… crois moi que je te le dirais… Je baisse la tête, honteux de mon geste. Je n’arrive même plus à articuler correctement.

« Je m’excuse… je, je… ne sais pas ce qu’il… » M’a pris.

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase, Edgard attrape Hope pour l’emmener en dehors de la chambre, prenant bien soin de fermer la porte derrière eux, dans un dernier regard assassin. Je crois que j’aurais amplement préféré me prendre une bonne grosse gifle. Je tente de ma calmer en m’appuyant le dos contre la porte. Mes mains viennent cacher mon visage. Ce voyage commence vraiment très mal, je n’aurais pas dû venir, je le savais. « Crétin d’intello… » Puis-je entendre à travers la porte. Ma mâchoire se serre, et j’envoie un violent coup de pied dans une chaise, qui se fracasse sous le choc. J’attrape ma valise et la vide entièrement, retournant le matelas de mon lit par la même occasion. Non mais… ça rime à quoi tout ça ? Je n’ai jamais été violent.

J’ai besoin d’air, il faut que je sorte d’ici, d’une manière ou d’une autre. Je sens que je ne vais pas pouvoir tenir tout le week-end entier. Sans trop faire de bruit, je m’avance vers la salle commune en sautillant, pourquoi ? Aucune idée. J’entends des chuchotements mais je n’y fait pas vraiment attention. Je passe devant la chambre des filles, entre-ouverte, ma main vient donner un coup de poing dedans, l’ouvrant complètement. J’y jette en bref coup d’œil avant de continuer ma route. Euh… attendez. Je fais deux pas en arrière pour vérifier une nouvelle fois, ce doit être l’autre fille dont m’a parlé Edgard, et elle est à terre, son chien lui caressant doucement la main avec son museau. Panique, une fois de plus. Je dois prévenir quelqu’un ! Je cours jusqu'à la salle commune.

« Y’a… y’a… la fille ! Elle est… par terre ! J’ai… j’ai rien fait j’vous jure ! je… je voulais juste… sortir du chalet ! Putain putain putain ! Elle a… besoin d’aide !! »

Je fais plein de gestes approximatifs avec mes bras, je suis complétement en panique. Mon cœur s’accélère de plus en plus. J’ai chaud. Trop chaud. J’enlève mon pull et mon tee-shirt, le lançant sur la demoiselle blonde. Je détache également ma ceinture en cuir et la fait claquer dans l’air, comme un cow-boy. Plus tard, il faudra m’expliquer pourquoi je me retrouve torse-nu et sans ceinture… Faisant signe aux deux jeunes gens de me suivre, je me hâte vers la chambre des filles, perdant mon pantalon en route. Il est maintenant presque sous mes fesses. Je m’accroupie vers la jeune fille pour lui tapoter la joue doucement… Sauf que la dernière petit claque se transforme en une énorme, une qui claque bien. Plus communément appelé gifle. Je me recule d’un bond, atterrissant sur les fesses.

« J’voulais pas… » Te faire mal. « Allez réveille-toi… ! S’il-te-plait…. »

Je ne me souvenais plus de grand chose, quand j'ouvris les yeux.

Je me rappelais être rentrée dans le chalet. D'avoir senti la douce odeur du bois. D'avoir parlé à une fille qui m'avait proprement envoyée boulet. Et puis au moment de mettre mon costume... L'impensable s'était produit. En fait, j'étais une vraie cartésienne. Pas vraiment du genre à croire à toutes ces choses étranges qui étaient sensées se passer autour de nous. Tout ce qui paraissait "étrange" avait pour moi une explication, toujours. Aussi, il y avait forcément une explication...

Au fait que mon propre chien venait de me parler.

J'avais eu une hallucination, tout simplement. J'entendais des choses que je ne devrais pas. Voilà. C'était ça. Mais mon ouïe était maintenant le sens le plus puissant que j'avais, pour me repérer. Comment faire si elle ne marchait plus ? Comment me mouvoir, comment bouger ? Pas avec Baïkal. Pas s'il continuait à parler. Dans le noir total de ma perte de conscience, je percevais de légers coups, à présent. Mais provoqués par quoi ? Par qui ? Il fallait que je me réveille. Je sentais la langue baveuse de Baïkal sur ma main. Il ne parlait plus. Et puis...

SBAF.

La puissance de la gifle m'arracha à mon rêve éveillé aussi rapidement que j'étais tombée dans mes pommes. Me levant en sursaut, je poussais un cri perçant, cherchant la lumière autour de moi. Mais de lumière il n'y avait plus depuis longtemps. Je n'avais aucun repère. J'avais peur, très peur. Comme au premier jour. Comme le jour où je sus que je n'allais plus jamais voir le soleil se lever derrière les collines de la villa familiale. Qui m'avait mis cette gifle ? Il avait frappé fort en tout cas. Ma joue me brûlait. Je passais une main dessus, terrifiée. Mais qui, qui faisait cela ? Une voix résonna alors, une voix pas très sûre d'elle, une voix de jeune homme. J'entendis une sorte d'excuse marmonnée, mais j'entendis à peine ce qu'il disait. Parce que ça venait de recommencer.

Bon sang, ça recommençait !

"Ah ben dis-donc, j'ai cru que tu te réveillerais jamais ? Bon, alors, ces croquettes ? J'ai faim moi ! Et dis à l'autre empaillé là, que la prochaine fois qu'il te tape, j'en fais un kebab !
- Je... Je... Mais...
- Ah c'est pas tout ça, mais bon, la vie de chien, c'est pas uniquement te servir de canne, mémère ! Faudrait que tu me lâches un peu plus souvent, tu vois. Pour que je puisse me dégourdir les pattes.
- B...
- Ah et puis j'aime pas les Royal Canin. Je veux des Friskies, comme la pub à la télé, tu comprends ? Oh, tu réponds ??? ALESSANDRAAAAAAAAAAA !!!!
- ... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!"

J'avais hurlé. Je ne pouvais pas concevoir que mon chien était en train de me parler. D'un geste, je m'agrippais à l'inconnu de toutes mes forces, de ce que je présumais être un bras. Les mains accrochées contre lui, j'avais poussé ce hurlement de terreur. Pour une jeune fille qui ne croyait en rien, entendre son chien parler, c'était un peu trop, quand même. Beaucoup trop, même.

"E...Ecoute, toi, là... Je suis en train d'halluciner... Mon chien est en train de parler... Je suis en train d'halluciner... AIDEZ MOI S'IL VOUS PLAIT !!"

J'étais paniquée. Et je sentais que je n'étais pas la seule, dans cette maison.
Je fondis en larmes devant le jeune homme, sans savoir s'il y avait quelqu'un d'autre que nous deux dans la pièce. Mais le "Aidez-moi" s'adressait à tous.

Mais que se passait-il ?!

Et puis ses yeux se rouvrirent. Je pensais qu’elle allait me frapper à son tour, me hurler tout un tas d’insultes pour la gifle mémorable que je venais de lui coller, mais elle ne fit rien de tout ça, et je lui en étais reconnaissant. Je n’avais pas fait exprès, je n’ai pas dû sentir ma force, d’ailleurs je ne sens plus grand-chose… tout du moins je ne contrôle plus ce que je fais, et pour une raison encore inconnue. J’étais tellement tétanisé par tout ce qui se passait depuis notre arrivé que malgré son réveil je n’osais pas bouger de là où je suis, j’étais en nage, j’avais la tête qui tournais, et toujours des spasmes dans les muscles par moment.

La jeune fille se mis soudain à hurler, pas un cri insignifiant, un cri qui me glaça littéralement le sang, j’en avais même sursauté. Si elle ne s’était pas jetée sur moi, je crois que j’aurais fini par hurler avec elle. Mes bras se mirent autour de sa taille, l’enlaçant complètement, sans doute pour la rassurer de ce qui lui faisant tant peur. Je crois que je n’ai jamais eu autant de filles dans mes bras dans la même journée… Quelque chose ne tournais pas rond aujourd’hui, c’était sûr et certain. Ce que j’espérais à cet instant, c’était que si Edgard ou même son amie arrivaient dans la pièce, ils ne croient pas que… enfin vous voyez, je veux dire, la situation portait à confusion.

Edgard arriva à ce moment-là justement. Je me tournais vers lui, le visage complétement paniqué à mon tour, j’aurais voulu lui demander de l’aide, une fois de plus, mais je n’en eu pas le temps, la jeune fille que je tenais dans mes bras se mis à pleurer tout à coup en m’expliquant qu’elle hallucinait, et que son chien lui parlais. Pardon ? Je la serrais un peu plus fort contre mon torse tout en caressant doucement ses cheveux. Il fallait absolument qu’elle se calme, sinon je ne vais pas tarder à devenir fou. Qu’est-ce que c’était que ce voyage pourri ? Je ne savais absolument pas quoi lui dire, à part quelques ‘chuuut’ au creux de son oreille pour qu’elle s’arrête de pleurer. C’est Edgard qui pris les devants pour lui expliquer que son chien n’avais même pas aboyé. Un de mes bras lâcha la demoiselle pour faire un signe à Edgard, celui de faire tournoyer mon doigt autour de ma tempe.

Il me demanda ensuite si je n’avais pas fait exprès d’enlever mes vêtements. Tiens j’avais presque oublié ce petit détail. Et puis sa meilleure amie débarqua dans la pièce avec la furtivité d’un félin, un vase à la main, comme si elle nous menaçait avec, pour finalement nous demander ce qu’il se passait. D’un seul geste je repoussais la demoiselle aveugle de mon étreinte et levais mes mains au-dessus de ma tête, comme un criminel en plein flagrant délit, me mettant à genoux et rampant jusqu'à eux dans cette position.

« J’vous jure, je… je sais pas ! j’ai pas fait exprès… je comprends rien ! C’est quoi tout ce… bordel ? Lâche ce truc… dans ta main s’il-te-plait… tu m’fait peur là. »

En réalité, je crois que j’étais à deux doigts de pleurer à mon tour. Mes yeux s’embuaient petit à petit de larmes que je retenais plus fort que jamais. Il ne fallait pas que je craque, pas ici, pas devant eux. Je me serais contre la jambe de la jeune fille aveugle et tout levant la tête pour la regarder, la gorge serrée je lui dis :

« Dit leur toi que… j’ai rien fait ! J’ai pas voulu… » Tout ça.